Park Town

Park Town s’adresse aux nostalgiques d’une Chennai coloniale. L’histoire anglaise de Madras commence à Fort St George en 1639. A la forteresse s’ajoute rapidement Georgetown.

 Qualifiée à l’époque de ville noire, elle suit un plan en damier.  Cette « ville ouverte » accueille les locaux mais aussi tous les étrangers. On la connait aujourd’hui sous le nom de « Parry’s Corner ». Rapidement la colonie britannique s’étend et va conquérir les territoires arborés à l’ouest de la forteresse, bientôt transformés en parcs bordés d’édifices administratifs.

Une colline disparue

Cette zone, située à l’ouest du fort, se caractérise à l’époque du Raj par une colline boisée, Hog Hill. Les Britanniques conserveront d’ailleurs des espaces verts dans ce nouveau quartier. Deux grands parcs, Town Park et People’s Park en assurent la fraicheur.

Ce quartier jouxte le village de Periamet. Ce nom signifie village douane, autrement dit le lieu où l’on taxait les marchandises qui rentraient en ville. Le long du chemin qui menait à Poonamallee aujourd’hui connue sous le nom de EVR salai, on arrasa la colline pour y construire Memorial hall. Cet édifice en piteux état affecte une forme de temple grec. Juché sur un podium, il commémore la fin de la révolte des Cipayes et le passage de la Compagnie des Indes orientales à la couronne britannique.

Dans sa continuité (en fait en traversant la rue), on tombe sur le grand bâtiment des chemins de fer du sud de 1922. Celui-ci adopte un style néo dravidien intéressant. Pour une fois, le Raj semble faire cas des spécificités architecturales régionales. La grande bâtisse de granit ne comporte pas d’arches. Elle s’inspire en revanche des temples du Tamil Nadu. On ne peut en dire autant de la gare centrale.

 construite sur le modèle néogothique des grandes gares londoniennes. On retrouve les lignes victoriennes dans cet édifice de 1896 surmonté d’une grande tour emblématique en 1959. La gare s’ouvrait sur le grand hôpital.

Chennai a semble-t-il toujours été la capitale médicale du sud de l’Inde. Sur le côté, aujourd’hui occupé par une grande dalle moderne très plaisante, se trouvait à l’époque coloniale le grand marché Moore dont les bâtiments indo-sarracéniques ont malheureusement disparu.

Que reste-t-il de Park Town

Aujourd’hui le terme de Park Town désigne un quartier. A l’époque du Raj il s’agissait d’un parc dans une zone planifiée. En revanche, le Victoria Public Hall conçu pour être un lieu de spectacle subit une rénovation complète. Les fenêtres en arc de cercle d’inspiration néo-romane contrastent quelques peu avec la tour aux accents gothique mais l’ensemble est plutôt convaincant. Elle fait face au Ramaswamy Choultry .

 qui hébergeait les voyageurs Hindous. En revanche, le Siddique Sarai blanc accueillait lui les musulmans. Des boutiquiers occupent aujourd’hui la dentelle Moghole. Le reste du terre-plein autrefois occupé par le parc de la ville qui a donné son nom au quartier a malheureusement disparu, avalé par la pression immobilière.

Néanmoins, l’énorme Ripon building bâtiment de la corporation de Chennai (mairie) subsiste et projette son énorme vaisseau blanc illuminé le soir. Cette tarte à la crème s’inspire lointainement de la magnifique basilique de Palladio. Mais surdimensionnée, elle n’en a ni la grâce ni l’élégance. Devant l’on distingue des statues, presque à l’angle de la rue Sydenham, dont celle noire du gouverneur qui a donné son nom à l’édifice. Les illuminations nocturnes donnent cependant une certaine grandeur au lieu.

People’s Park

Ce quartier s’est construit à l’emplacement d’une forteresse avancée à l’extérieur de fort st George. Comme George Town, il a été planifié. Ces projets d’urbanisme sont aujourd’hui perdus dans la ville moderne. La circulation, les destructions et reconstructions sauvages font en effet oublier la volonté d’une avenue de parade à la sortie de la gare bordée de rues plus commerçantes.

Ainsi le long de Sydenham, se succèdent les façades de maisons de la fin du XIXème siècle ornées de balcons, de toits terrasses (dit toit Madras même s’il s’agit essentiellement de toits terrasses ornés de balustrade). Le People’s Park a été englouti lors de la construction du stade Nehru. Il en reste une maigre bande de jardin. Même le zoo a été repoussé hors des limites de la ville pour faire face à la folie constructive. Les musulmans se rassemblent autour de la petite mosquée et ont fait de cette zone le cœur palpitant du commerce du cuir à Chennai.

Stars de Mumbai

Rishi Kapoor mural dans Bandra

Nombre d’opérateurs offrent des tours de Bollywood pour rencontrer les stars de Mumbai. C’est d’actualité au lendemain des cérémonies des Césars et des Oscars. Sans forcément passer par une agence, voici de quoi régaler le cinéphile qui est en vous. Ici nul besoin de prendre un tour des studios, le plus souvent décevant. En effet, la visite des studios montre le plus souvent des émissions du petit écran et ne vous donne guère l’occasion de croiser la vedette de vos rêves. Or, il est facile de se promener à la recherche de ces stars de Mumbai.

Les cinémas historiques.

Mumbai ou plus précisément Bollywood reste la capitale du cinéma en Inde. Bien que talonnée par les cinémas télougou (Telangana et Andhra Pradesh) et Malayalam (Kerala), Bollywood reste la référence en matière de cinéma indien. D’abord parce que c’est dans le port que les frères lumières ont pour la première fois exposé leur invention, très précisément à l’ancien hôtel Watson Esplanade.

Cinema eros

Il y a ensuite les cinémas anciens, l’Eros, le Metro ou le Regal, de véritables merveilles art deco. Ceux qu’on appelle les talkies parce qu’y est apparu le cinéma parlant ne se limitent pas au centre historique. Ainsi le G7, très années 1970, à Bandra est le premier multiplex de Mumbai. Il compte 7 écrans et a ouvert en 1972 le long des rails de chemin de fer.

Promenade des stars dans Bandra

Outre les cinémas, vous pouvez vous passionner pour les objets du 7eme art. Dans ce cas, direction le Chor Bazar où vous trouverez des boutiques spécialisées en décor ou en affiches de cinéma.

Sur les traces des stars de Mumbai

M Kapoor statufié dans Bandra

On peut également se livrer à une promenade le long du Walk of Fame, inspiré par celui de Hollywood. Sa construction correspond à la volonté d’immortaliser les héros légendaires de Bollywood.  Dilip Kumar, Dev Anand, Rajesh Khanna, Raj Khanna, Shammi Kapoor and Yash Chopra apparaissent ainsi statufiés. Sur le Bandstrand de Bandra on peut voir leurs 6 évocations. S’y ajoutent des plaques de laiton  portant la signature ou l’empreinte d’une centaine de stars..

statue de cinema dans Bandra

Si l’on préfère les vivants, leurs adresses sont recensées et l’on peut s’amuser à regarder leurs maisons, a l’abri dans de grands et beaux immeubles bien gardés. Ils ne sont pas toujours faciles à repérer, en dehors de la demeure de SRK, Mannat. La façade néoclassique reliée à un immeuble moderne se repère de loin grâce à la foule de groupies qui s’y presse continuellement.

Mannat maison de SRK

A elle seule, elle assure la notoriété du Band Strand, la jolie promenade le long de la mer le long de la mer d’Arabie. Celle-ci relie l’église st Andrew au vieux fort. C’est derrière ce fort que commence le récent Sea Link . Il date de 2000 et relie Bandra à Worli. Il sert de toile de fond à bien des films bollywoodiens. Ce fantastique ouvrage d’art est devenu l’une des merveilles contemporaines de la ville.

groupies devant Mannat, la maison de SRK

C’est aussi à Bandra, que l’on trouve des boutiques et cafés fréquentés par les célébrités. Ils se situent autour de Carter Rd notamment et de jogger’s Park ou encore du côté de Palli Hill.

Mumbai

Je vous propose aujourd’hui de partir à la découverte de Mumbai. Cette énorme cité de plus de 20 Millions d’habitants ne se découvre pas en un seul jour. Aussi je consacrerai une petite série avec des choix tout personnels pour vous faciliter la visite.

Victoria Station Mumbai

Si vous n’avez qu’un seul jour à consacrer à Mumbai, autant ne pas manquer l’essentiel. Le centre historique abonde en lieux remarquables, pour la plupart inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette zone, au sud de l’immense mégalopole, s’explore à pied ce qui vous évitera de chercher un taxi et rester des heures coincées dans l’effroyable circulation.

 Gateway of India et Taj

Gateway of India

Le bâtiment victorien de l’hôtel Taj et l’arche symbolisent une occupation coloniale révolue. La grosse porte commémorait à l’origine l’arrivée, en 1911, du prince de Galles, futur George V. Elle correspond aujourd’hui pour les Indiens au départ définitif des colons, en 1948. La foule est compacte le soir dans l’enclos qui entoure le monument, joyeux pastiche de l’arc de triomphe, d’une maison mauresque et d’influences Gujarati. De la pointe, on aperçoit la façade néogothique de l’ancien Yacht club établi en 1846, construit 35 plus tard et aujourd’hui occupé par le centre de recherche atomique. Bien que gâchée par la tour disgracieuse qui sert d’annexe à l’hôtel Taj, la meilleure vue est celle du ferry que l’on peut emprunter pour se rendre à Elephanta Island.

L'Hotel Taj

Oval Maidan

bâtimentsnéogothiques sur l'oval Maidan

La promenade architecturale sur l’Oval Maidan est un vrai musée à ciel ouvert. Construit sur une partie du Champ de Mars ou Esplanade, il reliait la zone du fort à celle de Church Gate et de la mer.

On découvre sur le côté Est de cette immense terre-plein herbeux, assez similaire au circus maximus de Rome, une succession extraordinaire de bâtiments néo gothiques. La Cour de Justice et l’Université illustrent l’inventivité et la diversité victorienne. Il y a là un véritable précis à faire frémir de joie John Ruskin, grand amateur des pierres de Venise.  Des escaliers en colimaçon tirés tout droit du Bovolo voisinent avec des vitraux typiques des cours de justice londoniennes ou des grandes universités britanniques. Au centre le grand clocher, Rajabaj Tower n’est pas sans évoquer les campaniles italiens ou les clochers gothiques de nos contrées.. L’homogénéité de ces bâtiments publics victoriens explique leur classement au patrimoine mondial de l’Unesco.

bâtiment de l'université de Mumbai, parfaite réplique du Bovolo de Venise
beffroi de l'Université de mumbai

L’autre côté du Maidan est occupé par des immeubles art déco. J’en reparlerai prochainement. Non loin du Maidan, la fontaine de Flore marque l’emplacement des murailles britanniques.

Horniman Circle

Horniman Circle Mumbai décrit un crescent très britannique

Du Maidan, on rejoint facilement à pied le port avec son impressionnante façade. On passe alors devant l’Eglise st Andrew et l’Oriental Building. On atteint enfin le superbe Horniman Circle. Celui-ci nous ramène dans le Londres de la fin du XIXème siècle. Avec ses immeubles qui suivent la courbe de la place arrondie, elle rappelle les plus belles créations urbanistiques anglaises.

société asiatique, facade néoclassique. Mumbai

La référence anglaise est poussée au bout avec le jardin central fermé d’une grille. Cette jolie place donne d’un coté sur l’ancien hôtel de ville, aujourd’hui société asiatique de Mumbai conçue à la base comme société littéraire. Ce bâtiment néo-classique juché sur un socle d’une trentaine de marches, affecte le style d’un temple grec. De l’autre côté de la place, la Cathédrale Saint Thomas propose, elle, un bel exemple néogothique. Elle s’inspire assez nettement de Ste Margaret, dans le quartier de Westminster à Londres.

Victoria terminus

Gare de Mumbai intérieur

Dans la même veine victorienne, la gare Chhatrapati Shivaji Maharaj Terminus, ex Victoria Terminus est un véritable chef d’œuvre. Ce bâtiment à l’ossature métallique ressemble à une cathédrale gothique. Le contraste avec la cohue le long des quais de cette énorme bâtiment industriel est saisissant. Le pastiche extérieur est incroyable. L’architecte n’a pas hésité à mêler la façade de Sainte Marie des fleurs à Florence à celle de Saint Pancras à Londres. Un joyeux mélange des genres rendu splendide grâce aux illuminations vespérales.

victoria terminus, le soir, Mumbai

Ouest du Sikkim

Aujourd’hui, je vous emmène dans l’Ouest du Sikkim, le domaine de la haute montagne et surtout des grands monastères tibétains. Je vous propose de suivre cette route de pèlerinage (à pied ou en voiture).

Pelling

On arrive dans l’ouest du Sikkim par la grosse ville du coin Geyzing pour monter. Pelling, consiste en une rue qui serpente le long de la montagne. Des hôtels la bordent avec une vue fantastique sur le Khangchendzonga. Déjà nombreux, ceux-ci se multiplient à une vitesse effarante pour faire face à la marée touristique.

Autour de Pelling

Les agences locales vantent un certain nombre d’excursions aux alentours. Cascades diverses et impressionnantes, pont suspendu Singshore, lac sacré Khechepheri (2 000 m), « lac où les vœux se réalisent ». Partout, des sentiers permettent de jouir des vues fantastiques. On vous fait également passer par le petit village de Darap habité par la communauté quasi autochtone des lImboos.

Néanmoins, le plus intéressant à Pelling réside dans les ruines de la ville de Rabandtse, Seconde capitale du Royaume du Sikkim au 17ème siècle. On y accède par le sanctuaire des oiseaux. On passe le long de cages abritant des spécimens multicolores puis on monte 10 mn le long d’un sentier forestier agréable pour déboucher sur un site au panorama extraordinaire. Car toute la région de Pelling rend hommage au majestueux Khangchendzonga. Il convient souvent de se lever avec le soleil pour l’admirer. Cependant, les sites sont grandioses même si le temps n’est pas toujours (souvent) clair. Des chortens imbriqués dans les structures palatiales attestent de liens étroits de la dynastie avec le bouddhisme.

Ces liens apparaissent un peu plus loin au monastère de de Pemayangtse . Fondé en 1705 à plus de 2000 mètres d’altitude, le « sanctuaire du sublime et parfait lotus » abrite des fresques et statues superbes dont celle de Padmasambhava, initiateur du bouddhisme tibétain .  La richesse du lieu tient au privilège des moines de Pemayangtse d’accomplir les cérémonies royales.

A voir dans Pelling

Les autorités ont récemment construit un « skywalk » destiné à devenir une attraction touristique. Il permet de rejoindre la grande statue du Chenrezig. Je ne cherche pas ici à éviter de m’acquitter du droit d’entrée mis il est dommage que la construction de la route terriblement pentue pour mener au skywalk ou du téléphérique occultent le véritable centre d’intérêt. En effet juste derrière les guichets, se niche un petit sentier. Il mène au monastère de Sanga Choeling, accroché au sommet d’une aiguille surplombant la région. Avant  la construction du téléphérique (qui part de l’ancien héliport) il fallait marcher. Une pente bien raide menait du stade de foot au monastère par une grimpette de 45mn. Mais quelle récompense à l’arrivée avec ce monastère paisible et sa vue somptueuse sur le Khangchendzonga.

Tashiding

Sur la route vers Yuksom, toujours dans l’Ouest du Sikkim, perché au sommet d’une colline, le monastère de Tashiding est l’un des plus sacrés du Sikkim. Une bonne montée à pied permet d’y accéder. Des drapeaux de prière longent le chemin et les escaliers. On débouche alors sur un hameau et une grille entrouverte qui donne accès à l’enclos sacré. C’était certainement un lieu déjà hautement religieux (Bön) avant l’introduction du bouddhisme dans la région.

Edifié en 1716, au sommet d’une colline, et entouré par plusieurs monastères importants et grottes sacrées, c’est un lieu de pèlerinage majeur. Il se trouverait à l’emplacement où, selon les textes bouddhiques, Padmasambhava (Guru Rimpoche), a béni la terre sacrée du Sikkim. Son enclos   de 41 chortens est unique. Parmi tous ces chortens (stupas locales) blancs, un grand reliquaire doré se détache ; il aurait le pouvoir de purifier l’âme du fidèle qui l’observe.

Yuksom

Le nom de la ville de Yuksom signifie « lieu de rencontre des trois lamas ». A 1700 m d’altitude,tout à l’Ouest du Sikkim, elle fut la toute première capitale, du Sikkim. C’est une petite ville à une rue, base pour les treks vers le parc du Khangchendzonga. Elle ressemble à une ville du far west.

 Cette rue principale bordée de troquets un peu miteux et de logements chez l’habitant des plus sommaires décrit une courbe pour monter vers le lac Kathok et sur la gauche un joli portail qui annonce le site ancien Norbugang. On y voit le trône du couronnement, un simple banc de pierre où eut lieu le couronnement du premier roi du Sikkim, désigné par trois moines. Autour de l’enclos historique, de petites maisons de bois donnent un charme bucolique seulement tempéré par l’abondance de sangsues.

La route principale rejoint la maison du parc du Khangchendzonga puis serpente. Si Yuksom se trouve près du camp de base, il n’y a pas de vue directe sur le plus haut sommet d’Inde. On peut quitter la route à deux reprises pour rejoindre par des sentiers pentus le monastère de Dub-di, le plus ancien du Sikkim. On l’atteint au bout d’un petit quart d’heure de montée. Toujours en activité, ce monastère sylvestre est d’un calme absolu. Ici aussi l’impression de bout du monde est totale.

Plus loin sur la route, un autre chemin monte vers le monastère de Hunghri. La montée est plus rude  (45mn) mais le paysage et le calme des lieux sont à la hauteur de l’effort.

Kalimpong

 Considéré comme district depuis 2017 seulement, Kalimpong a vu sa population et son activité décupler ces dernières années. Constructions et jolis petits cafés se multiplient.

A l’origine, il s’agissait d’un petit village de montagne sur la route du Tibet. Dépendant du Royaume du Bhoutan, il fut vite annexé par les Britanniques en 1865. Dans la foulée, des missionnaires écossais s’y installèrent.

On retrouve le même schéma à Kurseong nichée dans ses collines à thé parsemées de pins. Mais si Kurseong se destinait à la culture du thé, Kalimpong s’orientait davantage vers les fleurs. On trouve encore de nombreuses pépinières d’orchidées, glaïeuls, roses ou gerberas autour de la ville.

Située à plus de 1500m de hauteur, les deux stations attiraient les planteurs britanniques fatigués par l’écrasante chaleur des plaines du sud et de la capitale du Raj, Calcutta. Aujourd’hui à nouveau, les deux villes attirent la bonne bourgeoisie citadine en quête d’un peu d’air frais.

L’empreinte britannique

On retrouve la trace britannique notamment dans les églises protestantes et dans de nombreuses villas.

 Les hauteurs de Kalimpong correspondent encore aux jolis quartiers prisés par les colons. Certains d’entre eux habitaient Morgan’s House ou Crookety dans les années 1930. Ces deux belles villas art déco se sont transformées en hôtels boutique et sont inaccessibles au pékin moyen. Morgan’s House jouxte d’ailleurs le golf, autre héritage anglais. Malgré la profusion de ces cottages au charme suranné, voire d’hôtels remontant à l’empire tels le Sterling ou plus chic, le Elgin, il s’avère difficile voire impossible d’accompagner le thé local d’un scone, quel dommage !

Plus intéressant encore, de l’autre côté de la ville, dr Graham’s home est devenu une école. On peut se faire déposer tout en haut de Deolo Hill. Un parc très agréable occupe le sommet de la colline. On y trouve également un Science center, un jardin botanique et un technology center. De là, on peut redescendre à travers les constructions de ce phalanstère construit par le missionnaire écossais et philanthrope. Le dr Graham, voulait donner la chance d’une éducation aux enfants métis Les nombreux bâtiments qui entourent l’église commémorant sa femme Katherine, servent aujourd’hui d’école huppée.

L’église McFarlane atteste également du culte protestant et domine de sa haute silhouette néogothique bleue le centre de la ville.

Kalimpong, ville de montagne

C’est que le centre de Kalimpong lui reste attaché à ses racines tibéto népalaises. Le marché montre que Kalimpong fait maintenant partie du Bengale et de l’Inde. L’atmosphère agitée, la saleté, la circulation nous rappellent que nous avons laissé derrière nous la frontière du Sikkim (à Rangpo).

Néanmoins, les pulls et bonnet mais aussi les stands de fromage parlent d’une région montagneuse.  On trouve des drapeaux de prière, des thangka (image) bouddhistes, les objets en argent, des couteaux Lepcha, des Khukaris (armes) népalais, des masques bouddhistes tibétains  Le churpi s’y vend. Il s’agit d’un fromage de yak tellement dur qu’il convient de le garder des heures dans la bouche pour espérer l’amollir. Mais on trouve également une curieuse spécialité locale bienvenue pour les Français le fromage de Kalimpong Introduit par un jésuite suisse. On peut notamment l’acheter chez Larks et dans les magasins alentours. L’épicier, un monsieur âgé, pèse avec émotion le fromage introduit dans la boutique par son grand-père.

Une forte empreinte tibétaine

L’héritage tibéto-népalais survit néanmoins essentiellement dans les lieux religieux. Kalimpong compte certes des églises, des temples hindouistes (comme le spectaculaire Mangal Dham). Cependant, les monastères bouddhistes restent les plus spectaculaires dans la ville. On peut attaquer par le Monastère Durpin dan un très beau paysage dominant le Kanchenjunga On y voit des petits bonzes sortant de cours pour admirer les matchs de foot. Ces mêmes petits bonzes se pressent sur les bancs du grand monastère école Sakya.

Non loin de celui-ci, le magnifique Tharpa Choeling Monastery se visite. Outre les cellules, le temple lui-même et la fantastique statue de bouddha domine la ville, un petit musée expose des objets du quotidien, des photographies et autres thangka. Le Thongsa est le plus ancien de la région il date de 1692.

On peut compléter la visite de cette agréable ville en passant devant la maison du Bhoutan, résidence temporaire de la reine du Bhoutan en Inde et se rendre dans la Neora Valley Park pour des marches magnifiques.

Enfin peu connu mais tout à fait extraordinaire le Musée Lepcha, se niche derrière un petit chorten. Il y a ici une sorte de concurrence entre le temple aménagé en musée (du chorten) relativement documenté et le petit musée privé au 1er étage d’une maison en mauvais état et offrant des dortoirs aux enfants lepchas pauvres. Le propriétaire des lieux, fils du fondateur, vous explique la vision de son père et leur lutte pour préserver un témoignage de ce peuple autochtone au Sikkim mais trop méconnu.

Darjeeling

Le nom de Darjeeling fait rêver. On imagine des champs et des tasses de thé, un train pittoresque, des paysages de sommets enneigés. Puis on commence à se documenter et l’on ressort perplexe. Car Darjeeling est aujourd’hui la base arrière de Calcutta. La foule et la saleté semblent s’y bousculer.

Les commentaires abondent sur l’incurie et les effroyables embouteillages. Cependant depuis 2022, la ville a changé vers le mieux ! Des arrêtés municipaux interdisent les ordures et le ramassage s’organise peu à peu. Reste le problème des encombrements difficiles à résoudre dans une ville qui qui s’étire sur une crête et le long d’une route  étroite et pentue. Pourtant, Darjeeling a gardé un charme anglais tout en restant résolument népalaise.

Capitale du thé anglais

Le petit hameau se transforma en une sorte de ville frontière dans les années 1840. Il accueillait alors des européens en rupture de ban, des indépendantistes tibétains. S’y trouvaient également des Chinois, des espions, et des Anglais prêts à y introduire des graines chinoises de thé. Le Docteur Campbell fut le premier à les planter dans son jardin. Depuis, près de 90 plantations se disputent l’appellation Darjeeling. Certaines se visitent avec plus ou moins d’intérêt. On peut également déguster les prestigieuses feuilles récoltées à différents stades de l’année dans les nombreux et ravissantes maisons de thé.

Autre témoignage colonial, les nombreux cottages et l’architecture religieuse, comme l’église st André. Des banques, bâtiments administratifs, horloge rappellent aussi la présence britannique. Tout comme les pâtisseries emblématiques Glennary and Kernegen. Le thé s’y sert dans de ravissantes théières en argent sans lait (réservé à l’Assam) et s’y accompagne de petits gâteaux et sandwichs.

Le joli jardin botannique Lloyds constitue  une autre délicieuse pause anglaise . La grande serre et les parterres ne sont pas sans rappeler Kew Garden en petit.

Encore un souvenir anglais bien plaisant et peu commun dans une ville indienne. Darjeeling est une ville où il fait bon marcher. Des trottoirs bordent les rues et une magnifique promenade depuis la place principale le Chowrasta et le plateau piétonnier autour de la rue Nehru offre des vues fantastiques sur le Kandchenzunga, troisième sommet du monde et plus haut sommet indien. Cela vaut le coup d’y aller tôt le matin (vers 6h) pour contempler les locaux en plein jogging, exercices physiques voire séance de zumba face aux cimes enneigées.

Darjeeling,Ville himalayenne

Malgré l’héritage anglais, Darjeeling reste à 80% népalaise. On y mange des momos le long des marchés animés qui bordent les rues en pente raide. Les magasins vendent bottes et gros pulls et les riverains arborent des bonnets tricotés. Bâtie le long de crêtes entre 1 800 et 2 800 mètres d’altitude, la ville est toute en étages. Ses ruelles se rejoignent par des escaliers abrupts. Dans la ville basse, non loin de la gare, le marché Chau est énorme mais calme, comparé aux autres villes indiennes.

La ville haute reste plus élégante. Elle était jadis réservée aux plus belles demeures britanniques. On y trouve les jolies promenades et les bons hôtels. Au sommet de la ville, le Mahakal temple présente un étonnant syncrétisme de traditions bouddhistes et hindoues avec ses drapeaux tibétains ornant le sanctuaire de Shiva.

Le centre de réfugiés tibétains, crée en 1959 permet à de nombreux Tibétains exilés de vivre dans le respect de leur culture. On y trouve aujourd’hui une école, un hôpital, un gompa. Un centre commercialise des objets d’artisanat. Pour compléter ce panorama tibétain, le musée se trouve derrière l’Horloge, dans le centre de la ville.

Une manière amusante de se rendre à Darjeeling ou d’en partir consiste à emprunter le petit train de l’Himalaya instauré en 1878 par les ingénieurs britanniques. Néanmoins il roule à 12km et il vous faudra plus de 7h pour relier Siliguri à 70km. Mieux vaut opter pour un petit trajet dans ce pittoresque train (Ghoom ou Kurseong) et en admirer les prouesses constructives.

Que voir quand on ne vient que quelques jours

Les touristes se rendent en procession au lever du soleil sur Tiger Hill. Les locaux eux profitent des vues du Chowrasta. Les tours opérateurs et taxis offrent des boucles avec plusieurs arrêts. Celle proposant le magnifique lever de soleil sur Tiger Hill (à 14km de Darjeeling et 2600m d’altitude) opère entre 3.30 et 6,30 du matin et vous permet de vous rendre au monastère de Ghoom où se situe également la fameuse boucle ferroviaire destinée à affronter un dénivelé impressionnant.

Si vous préférez échapper à ces circuits quasi obligatoires et à la foule et que marcher ne vous rebute pas, en dehors de Tiger Hill et Ghoom, tout peut se faire à pied. A commencer par le fantastique zoo et l’institut de l’Himalaya. Ce dernier retrace les différentes expéditions himalayennes au travers de coupures de presse, photos, échantillons et matériel utilisé au fil des années pour les ascensions, et notamment les expéditions vers l’Everest. Fondé en 1954, un an après la première ascension de l’Everest, il évoque les hommes et leurs aventures. Cours d’escalade, films et démonstrations complètent le parcours.

Le zoo lui vise à protéger et assurer la survie des espèces. On y voit donc uniquement des espèces himalayennes et elles sont particulièrement bien nourries et ont un pelage magnifique. Parmi les stars, le panda roux et l’ours de l’Himalaya mais aussi le tigre du Bengale.

Bengalore bis

La semaine passée je vous ai emmené à travers les jardins de Bengalore. Cette fois ci je voudrais vous montrer les monuments de la ville même s’ils ne sont pas aussi réputés que les Palais du Rajasthan. Une fois de plus, cette liste n’est pas exhaustive et correspond à mes goûts et mes coups de cœur.

Le palais de Tipi Sultan

Bien que moins impressionnant que le palais du même Tipi Sultan dans la campagne de Shrirangapattana, son palais d’été vaut la peine . Bengalore n’était en effet pas une ville au XVIème siècle mais jouissait déjà de températures clémentes dues à son altitude sur le plateau du Dekkan. Complètement symétrique, construit en bois, le Palais donne une belle idée du raffinement de ce sultan. Les peintures ont quasi disparu. Cependant ce bâtiment indo-islamique aux grosses colonnes de tek conserve un air de noblesse.

Le fort et le marché

Tout près du Palais de Tipi Sultan, on peut se rendre à pied vers le fort. C’est l’un des agréments de Bengalore que de pouvoir emprunter les larges trottoirs pavés sous des températures supportables pour se rendre d’un lieu à l’autre. La ville a réalisé un véritable travail de restauration et a balisé joliment les lieux importants. En l’occurrence, il existe même un circuit pour relier le palais, le fort et les édifices d’intérêt. Du fort, il ne reste que quelques murs et la base d’une tour, dont on suppute qu’ils ont été reconstruits. Que subsiste-t-il vraiment de la construction du XVIe s mystère. Le fort se trouve dans un jardinet, heureuse oasis dans une rue assez bruyante. En face, on voit la belle façade palladienne d’un Institut pour jeunes filles et l’hôpital pour enfant en pierre de style néoclassique, lui aussi derrière un jardin.

 En continuant la rue, la circulation s’intensifie pour devenir folle. On atteint alors le marché. Une structure ancienne coexiste avec une sorte de halle moderniste débordante de couleurs et d’odeurs. Le marché aux fleurs au centre des allées est particulièrement spectaculaire.

Les bâtiments officiels

La majeure partie des bâtiments officiels entoure le parc Cubbon.

 Vidhan Soudha, le Parlement, est un énorme bâtiment de pierre à coupole. Il emprunte à l’architecture sarracénique (les coupoles), à la grandiloquence coloniale. Il rappelle aussi, par ses piliers, l’héritage dravidien.

St Marks Cathedral de style néogothique a conservé beaucoup du charme de l’époque coloniale. Un jardinet l’entoure et mène à Church street à travers un magasin de meubles et une galerie . C’est l’une des zones commerciales animées de la ville.

 Attara Kacheri (cour de justice) est un énorme ensemble de structures néoclassiques peinturlurées en rouge pour imiter la brique coloniale.

On retrouve le même style de l’autre côté du parc dans les musées. Ces palais coloniaux abritent la galerie de peinture et le Musée public. Actuellement en restauration, il vaut mieux en vérifier l’ouverture au public. Sur la même rue, à quelques mètres, le musée de l’industrie et des technologies attire des foules.

Le Mayo hall, lui, se dresse derrière un hôpital non loin de Brigade et Church street. Si vous avez 10mn à tuer dans le quartier, ou si vous passez devant vous pouvez y jeter un œil. Mais cela ne vaut pas le coup de faire un détour pour vous y rendre. Pareil pour l’emporium Cauvery, vanté comme le grand magasin local. S’y vendent des objets d’artisanat du coin comme on en trouve dans les aéroports, les gares.

Le Palais de Bengalore

Bien que fort connu et vanté, le Palais de Bengalore ne me parait pas indispensable à visiter loin s’en faut. En effet, l’entrée est chère et en guise de palais, vous verrez une maison Tudor peinte de manière criarde et décorée d’objets façon foire du trône au début du XXe siècle. Néanmoins, le jardin est agréable on se croirait en Angleterre. Si vous êtes véhiculés cela peut valoir le coup de venir voir le palais de l’extérieur.

Bengalore

Pourquoi aller à Bengalore ? Après tout c’est une énorme ville pas particulièrement connue pour ses beautés. Plusieurs raisons peuvent cependant vous pousser à un voyage vers la capitale du Karnataka.

D’abord vous pouvez y aller pour affaires, puisque elle connait l’expansion la plus rapide d’Inde. Elle est aussi moderne et attractive. Cette semaine je vous propose quelques lieux dans cette ville rafraichissante, eh oui.

Une ville pour se rafraichir

 Si vous habitez Chennai, Bengalore présente bien des atouts. Située à 1000m d’altitude il y fait plus frais que dans la capitale du Tamil Nadu. Et 10 degrés en plein été ce n’est pas rien, croyez moi.

Et puis si Bengalore n’est pas la ville la plus spectaculaire du pays, elle jouit de jolis lieux, d’agréables restaurants et bars, de grandes avenues et surtout, fait rare en Inde, quasi inconnu dans le sud du pays, il y a de nombreux parcs aérés et joliment dessinés. En outre on peut s’y déplacer à pied car il y a des trottoirs. Le métro est pratique et permet d’éviter les rues complètement congestionnées par une circulation démentielle.

Le surnom de ville jardin n’est pas usurpé. Du grand poumon vert Cubbon park, au jardin botanique, en passant par une multitude d’espaces verts, la capitale du Karnataka soigne sa chlorophylle.

Cubbon Park

Bien sûr on commence par cet immense parc de 300 acres au cœur de la ville. Bien dessiné, entretenu, on y trouve même des poubelles et des bancs. Venant de Chennai, c’est déjà un exploit. On n’y sent même pas les remugles nauséabonds des égouts ou des pissotières en pleine nature. Des statues et édicules ponctuent les pelouses. Des animaux s’ébattent en liberté, petits écureuils indiens et, moins plaisant, serpents. Attention donc de ne pas partir folâtrer pied nu dans les bosquets… De nombreux chemins mènent à l’aquarium et, en lisière du parc, aux grands musées de la ville. Il s’agit du musée du Gouvernement, de la Galerie nationale et du musée des arts et techniques. Les deux premiers occupent un beau bâtiment néoclassique peint en rouge.

Jardin Botanique de Bengalore, le Lal Bagh

Un tout petit peu plus petit (240 acres) et excentré ce magnifique parc occupe une belle demi-journée voire plus. Moyennant un léger droit d’entrée, on profite de belles allées ombragées d’arbres majestueux. Inutile de se préoccuper de l’horloge florale en dépit de ce que racontent les guides. En revanche l’énorme arbre à coton reste impressionnant. Les serres n’ont conservé que leur toiture mais donnent à imaginer ce qu’était une serre victorienne. Les jardins à thème, qu’ils s’agissent de celui des lotus, des bonsaïs ou de la roseraie offrent de jolis arrêts. Un templounet en guise de tour posé au sommet des monticules rocheux (Lalbagh rock) marque l’un des points cardinaux. Il limitait la ville ancienne. De là on jouit d’une jolie vue sur cette cité qui n’en finit plus de grandir et sur les gratte ciels. On peut encore faire le tour du lac et admirer les palmier royaux alentours.

Ulssor Lake

Vous l’avez compris, en arrivant de Chennai, profiter de la verdure est déjà un programme à part entière. Pour autant tous les parcs ne se valent pas. Celui-ci offre une promenade circulaire pas désagréable pour peu qu’on ait le nez bouché. Sinon l’odeur en est tout de suite moins dépaysante. Pour autant de jolis cafés l’entourent.

Des cafés pour se rafraichir

Le sud de Ulssor lac propose donc de jolies adresses. Un peu plus loin, les cafés se pressent dans le quadrilatère Church street, MGR rd et Brigade. Je ne dis pas ici que l’on ne trouve pas de jolis lieux à Chennai. Mais nulle part l’on n’y ressent l’impression d’être ailleurs. Vous pouvez certes m’objecter qu’on ne vas pas en Inde pour se sentir ailleurs. Pourtant lorsqu’on y réside cela peut parfois faire du bien de se croire ailleurs…Sur Church street les pizzeria et bars se succèdent. Le long de Brigade on trouve plutôt des magasins de vêtements. MGR est moins joli mais il faut bien regarder car de nombreuses terrasses surmontent les immeubles qui font face au métro.

Moins rafraichissant, mais si vous avez besoin d’une cure de shopping vous pouvez compléter votre virée sur Brigade street par un bain du côté de Commercial Road. Vous y trouverez toutes les grandes marques internationales et nationales. Seule une vache perdue pourra vous rappeler que vous vous trouvez encore en Inde.

Singapour

Singapour représente une destination facile au départ de Chennai. Avec 2h30 de décalage horaire, 4h20 de vol, on débarque directement au 23e siècle. Ce changement d’échelle et de monde est idéal pour un séjour totalement dépaysant. Singapour est en effet l’une des villes les plus propres, l’une des mieux organisées au monde. Mais aussi l’une de plus onéreuses.

Dès l’aéroport Changi, on entre dans la modernité et la beauté avec le « Jewel », un centre commercial sur le thème de la nature. Ce complexe grandiose né de l’imagination fertile de l’architecte Moshe Safdie s’articule autour du Rain Vortex,  une cascade intérieure haute de 7 étages entourée de passages en hauteur. D’emblée le ton est donné dans cette ville cosmopolite aux multiples racines et soucieuse de mettre en scène la luxuriante nature locale.

Construite sur des iles à l’extrême sud de la péninsule malaise, Singapour est en effet un lieu de confluences culturelles et commerciales, à la hauteur de l’Equateur. On y circule entre des parcs admirablement paysagés, des immeubles aux architectures avant-gardistes au creux desquels se nichent quelques petites enclaves préservées.

La ville jardin

Ce qui frappe en arrivant de Chennai est la beauté et la multitude des espaces verts ainsi que la propreté. Si vous ne passez qu’une journée dans la ville monde de Singapour, les jardins de la Baie sont incontournables,

Gardens by the bay

Cet immense parc admirablement dessiné est globalement gratuit . Il faut compter une bonne demi-journée pour parcourir les différents jardins thématiques et découvrir les supertree Grove, les jardins « Tulipmania » ou « Orchid Extravaganza. »  Ou déambuler au milieu de la chaine animalière sculptée par les formidables Marc et Gillie rencontrés  à Londres.

Les 12 super trees ( super arbres) se trouvent dans une sorte de clairière. Ils jouent le rôle de méga capteurs solaires. L’énergie ainsi recueillie sert à alimenter le parc. Il est possible d’acheter un billet pour marcher en hauteur d’un arbre à l’autre. Le soir un fantastique son et lumière, gratuit, y prend place.

La Forêt de nuages est, elle, payante et onéreuse. Elle recrée en intérieur l’environnement humide tropical. On fait le tour du dôme sur un sentier en haut des arbres et autour d’une cascade.

Marina Bay

La promenade qui relie les 3 jardins en bord de baie – Bay South, Bay East and Bay Central – permet d’admirer Marina Bay. Plus que de jardins on devrait parler ici de promenade plantée. On y voit la fameuse statue fontaine du Merlion, mi poisson mi lion, l’emblème de Singapour. Elle date de 1972. Le poisson représente le village de pécheurs originel alors que le lion évoque le nom de la ville qui signifie « la ville du lion » en malais.

 De là, on voit clairement l’immense complexe Marina bay Sands . A défaut de loger dans le luxueux hôtel et de profiter de la spectaculaire piscine infinie on peut se contenter du centre commercial dessiné aussi par Moshe Safdie, avec son casino, son centre de convention, et son musée des arts et sciences, tous logés dans les 3 tours de 57 étages.

Singapour, la cosmopolite

Kampong Glam, le quartier malais

Au début du 19e Kampong Glam était un quartier musulman. Y habitaient le Sultan de Johore (au sud de la Malaisie) ainsi que des communautés arabes et javanaises. Le petit souk est devenu un quartier vibrant et multiethnique avec de nombreux cafés, restaurants et boutiques d’artisanat blotties dans des petites bâtisses art deco. Il faut se perdre dans la jolie Haji Lane piétonnière. Quelques monuments culturels parsèment le quartier comme la Mosquée du Sultan, Malay Heritage Centre et le Vintage Camera Museum avec sa jolie façade.

Quartier chinois

Thian Hock Keng Temple, ou Tianfu Temple est le temple bouddhiste le plus ancien de Singapour. Construit dans le style traditionnel de Chine du sud sans clou et bien restauré, c’est un régal avec ses sculptures de dragons et phénix et ses toits en pagodes étagés. Les photos y sont interdites.

Aujourd’hui, près des trois quarts des habitants de Singapour sont d’origine chinoise. Mais les premiers colons sont arrivés dans la cité Etat au début du XIXe siècle. C’est ici qu’ils se sont installés, près de la rive au sud de la rivière. Même si ce quartier porte le surnom de Chinatown, à l’image de cet état insulaire, c’est un endroit particulièrement cosmopolite. Il abrite par exemple deux mosquées. La mosquée Al Abrar et la mosquée Jamae jouxtent le temple hindou Sri Mariamman. Celui-ci est très coloré et consacré à la déesse Kali. On voit aussi entre les marchés et magasins chinois, des temples taoïstes et bouddhistes.

Little india

Il s’agit probablement de l’endroit le plus coloré de la ville, avec ses maisons bigarrées comme la fameuse Tan Teng Niah House (maison d’un marchand chinois). Le Tekka Centre, grand marché couvert de fruits légumes viandes et poissons rappelle l’Inde du sud. Tout comme les arcades commerçantes et l’Indian Heritage Centre. On se croirait à Chennai. On y voit des temples hindous et des monastères bouddhistes comme Le Sakya Muni Buddha Gaya. Dans ce petit monastère surnommé le « temple des 1000 lumières » se trouve une statue de Bouddha de 300 tonnes et de 15 mètres de haut.

Le Sri Srinivasa Perumal Temple est lui consacré à Vishnu. Son imposante Gopuram de 20m de haut est décorée de nombreuses sculptures des incarnations de Vishnu.

Vous voilà munis pour une première journée dans cette étonnante cité état. Je vous retrouve la semaine prochaine pour compléter cette première approche des incontournables de Singapour.

Art Deco Chennai

On trouve l’art Deco dans de nombreux lieux à Chennai. Il a investi les quartiers lotis dans les années 1940 ou 50. A la différence des autres styles architecturaux, néogothique, indo sarracénique voire palladien, il n’est pas inspiré par les Anglais.

L’art Deco à Chennai, un developpement tardif

Contrairement à la France, son berceau entre les deux guerres, l’art Deco touche l’Inde et Chennai en particulier tardivement. Il aborde dans les ports, Chennai, Bombay et Calcutta seulement dans les années 1940. Il vient alors des Etats Unis et emprunte au continent américain des symboles ou formes inconnues en Europe. Ainsi la rose iribe, motif typiquement parisien des années 1920 ne s’y voit pas. En revanche les images plus géométriques, inspirées par l’automobile, empruntent largement à l’iconographie américaine, comme les triglyphes.

Les lignes modernes s’intègrent dans des quartiers nouveaux en attente d’urbanisation. Souvent, la maison est construite mais dans l’attente d’infrastructures qui peinent à arriver. Routes, parcs voire système d’adduction d’eau tardent le plus souvent.

L’art Deco se manifeste à Chennai par des lignes simples et géométriques. Mais aussi des escaliers, des piliers, des porte à faux  et des grilles. On le trouve  dans les quartiers de Royapettah, Mount Road ou Thyagaraja Nagar, Bose Road, Parry’s corner, CIT Colony, Gandhinagar,Mylapore. Il vise la modernité dans les espaces , comme les salles de bain ou cuisines souvent rejetées vers le fond. Cette modernité concerne aussi les matériaux utilisés, béton armé, motifs préfabriqués, grandes vitres. Elle est à l’origine de formes et motifs. Comme des formes de paquebot, sobres bandeaux de couleur unie, porte à faux, bâtiments d’angle arrondis.

Bien que tard venu, l’Art Deco se développe sur une bonne vingtaine d’années à Chennai. Il finit par toucher une clientèle de plus en plus populaire et par « indianiser » les motifs. Aux parapets et piliers géométriques va s’ajouter le motif local du soleil levant dans le jalis. Le jalis, cette dentelle de pierre, remonte, elle, à l’architecture moghole.

Une clientèle privée à la composition familiale particulière

L’une des premières constructions art Deco de Chennai  est l’horloge de Royapettah. Elle date des années 1920.

En général, l’art Deco à Chennai concerne davantage les résidences privées que les édifices publics. En dehors de quelques rares sièges manufactures, banques ou assurances, il s’adresse essentiellement à une clientèle privée. Il est pourtant apparu tout d’abord dans les théâtres et cinémas. Mais ceux-ci ont souvent disparu.

En revanche, la clientèle aisée des années 1940 se faisait construire des maisons sur des parcelles dans des faubourgs ou quartiers récemment annexés. Le modèle constructif correspond le plus souvent au bungalow. Cette maison individuelle s’inspire de la maison précoloniale traditionnelle du Bengale d’où son nom. Popularisée par les militaires pour son caractère pratique, elle se dresse en général au centre d’une parcelle. A la base, il s’agit d’une maison de plain-pied. Elle sera souvent rehaussée voire agrandie avec le temps. Elle s’orne assez régulièrement d’un toit terrasse, d’un porche ou d’une loggia

A Chennai, l’art Deco s’adapte aux contingences locales dans les quartiers nouveaux marqués par la croissance urbaine. Il correspond également à un modèle familial particulier. Contrairement à la cellule nucléaire occidentale, le noyau indien repose sur la « famille jointe ». Les grand parents coexistent avec les enfants, frères et sœurs et petits enfants. Des maisonnées complexes s’articulent souvent autour d’une grande cuisine et d’une grande pièce commune. Chaque génération bénéficie ensuite de son espace. 

L’Art Deco en danger à Chennai

Dans les années de gloire, l’art Deco exprimait une défiance face a la couronne britannique. Peu courant en Angleterre en effet, il tranchait courageusement avec l’esthétique établie par les architectes de la couronne. Les bâtiments coloniaux affectaient en effet les styles palladien, néo gothiques ou encore indosarracénique . Lors de mes visites londoniennes, j’avais rendu compte d’une rare construction art Deco dans la capitale britannique. L’art Deco, venu en Inde par le truchement des Etats Unis, reflétait en revanche les aspirations indépendantistes des « freedom fighter ».

Aujourd’hui hélas, un grand pourcentage de ce magnifique patrimoine se détériore. Les propriétaires historiques sont soit morts, soit trop âgés pour entretenir leurs demeures. Souvent issus de familles huppées, les enfants sont souvent partis faire leurs études au loin. Emigrés en Grande Bretagne ou aux Etats-Unis, ils n’en sont pas toujours revenus. Les maisons ne sont plus toujours entretenues et se voient souvent soumises à des destins malheureux. Dans le meilleur des cas, celui où la famille est restée à peu près au complet, elle a jugé plus simple de détruire la vieille demeure art Déco pour lui préférer un immeuble familial où chaque génération occupe un étage.

Certaines maisons, en ruine, sont démantelées et offertes à des promoteurs immobiliers peu soucieux de préservation. D’autres, décrépies, finissent par s’écrouler complètement. D’autres encore, ont subi de tels agrandissements ou restaurations abusives qu’elles n’ ont rien conservé de leur gloire passée. Malgré les efforts de quelques propriétaires ou d’associations, rares sont les joyaux art Deco à nous parvenir en bon état. Il faut souvent traquer le pilier qui indique la limite de la propriété d’antan, le parapet, ou la tour centrale verticale parfois rhabillée, voire  le nom gravé du premier propriétaire pour se souvenir de ces splendeurs passées.