Ernakulam

Cet article sur Ernakulam s’adresse à tous ceux qui restent plus d’une demi-journée dans la ville et qui veulent explorer ses environs. En effet, j’avais déjà évoqué dans un premier article les incontournables de la ville coloniale avec son Palais et le quartier juif. Dans un second article, je me suis intéressée à Fort Cochin et autour du Fort. Il est temps maintenant de déborder du quartier historique et de s’intéresser à tout ce qui fait le charme de cette énorme métropole.

Il est temps maintenant de déborder du quartier historique et de s’intéresser à tout ce qui fait le charme de cette énorme métropole.

Ernakulam correspond à la bande de terre continentale agglomérée aux vieux quartiers de Fort Cochin, sis sur une presqu’ile lagunaire. Moins touristique, cette zone abrite les bâtiments administratifs, universités, centres commerciaux. C’est aussi un grand quartier marchand. On y trouve donc sans surprise de grands temples, comme celui de Shiva et des marchés bien fournis. Globalement, si l’on veut passer une journée à Ernakulam, voici des idées de balades :

Marchés supermarchés et temples

 Le temple de Shiva non loin de l’embarcadère impressionne pour la ferveur de ses fidèles. Il faut s’y rendre le matin ou le soir pour profiter des célébrations colorées. On peut y accéder par le Durbar, un bâtiment colonial dont le nom évoque la cour royale. Tout autour, se pressent de petits restaurants végétariens.

temple de Shiva Ernakulam

Entre le débarcadère et le métro, Market road la bien nommée regroupe une grande partie des petits commerces. Les ruelles adjacentes donnent des airs de souk à ce quartier extrêmement animé. Certainement plus populaire mais aussi plus authentique que Fort Cochin, Ernakulam abonde en marchés et magasins très bien achalandés.

Le marché aux légumes n’est plus que l’ombre de ce qu’il était. La végétation luxuriante du Kerala permet en effet de se régaler de fruits et légumes en avance par rapport au Tamil Nadu. En revanche, les ruelles commerçantes continuent à offrir toutes sortes de marchandises bon marché et organisées par spécialités. le quartier abrite une communauté musulmane et s’endort le vendredi lorsque les fidèles se rendent dans les différentes mosquées.

La Promenade

Le long de la lagune, elle s’étend entre le débarcadère de ferries pour Fort Cochin et le quartier commerçant de Market Road. Les jardins joliment dessinés donnent des allures européennes à ce long ruban vert très apprécié par les locaux en soirée et le week-end. De là, on peut se diriger vers le ferry qui dessert Fort Cochin. On peut également se rendre vers le métro et au-delà vers la ville moderne. Sans charme, cette partie de Ernakulam fait penser aux villes d’extrême orient par son animation, ses grands et petits commerces, et même, chose rare dans le sud, ses gigantesques grands magasins comme le Lulu mall, un must pour ceux qui arrivent de Chennai en manque d’hypermarché.

Par le métro, on atteint la gare (Ernakulam Junction) mais aussi le quartier plutôt huppé d’Aluva. De la station de métro, des autobus flambant neufs permettent de relier l’aéroport au-delà des embouteillages. Ce quartier résidentiel, s’étend le long de la rivière Periyar et offre de jolies vues sur les berges et les ponts.

Aluva, les bords de la rivière Periyar

fresque Kochi es a feeling

Musée du folklore

Il se situe au sud du quartier Thevara, à la pointe de la bande de terre que constitue Ernakulam. Bien que privé, ce musée du folklore offre une foultitude d’objets à découvrir, voire à acheter, on s’y perd un peu. C’est un peu chaotique mais tellement fourni, que l’on y trouve toujours son bonheur.

Musée du folklore

Le musée lui-même est une recréation architecturale à partir de maisons traditionnelles en bois. Sa structure avec ses toits quasi en pagode emblématiques du Kerala, et ses décorations, valent la visite. Des petits panneaux permettent de se repérer à minima.

marionettes au musée du folklore Ernakulam

Sortis de cet étonnant capharnaüm, on peut se faire conduire en tuk tuk un peu plus au nord vers la promenade ou carrément les plages ou les lagunes.

tablette de cuivre ancienne musée Folklore

Plus au nord d’Ernakulam

C’est aussi depuis Ernakulam que l’on accède à la zone des plages. Attention néanmoins à la foule des fins de semaine et à l’extrême chaleur. La longue bande de terre qui fait face à la mer accueille d’immenses plages dont certaines sont considérées comme parmi les plus belles du pays. Parmi celles-ci, Cherai Beach.

Sur la ligne de métro, Il existe encore une foultitude de musées et galeries selon les gouts de chacun. Parmi ceux-ci s’imposent le musée du Kerala et le Hill Palace.

Enfin, les quartiers nord desservis par la ligne de métro ouvrent sur les backwaters. Cette zone lagunaire est souvent plus à l’intérieur des terres que du côté d’Allepey et offre de merveilleux paysages.

poster de Jesus sur les murs de Cochin

Cochin

Cochin vit depuis des siècles dans le parfum des épices. Comptoir portugais dès le XVIe siècle, puis ville hollandaise avant d’être anglaise, la plus grande ville du Kerala avec son demi-million d’habitants, se compose de quartiers très différents. Monde ancien et moderne s’y côtoient.  Dès l’aéroport, alimenté à l’énergie solaire, la modernité de Cochin s’affiche.  La ville est en effet la capitale économique de cet Etat étonnamment riche pour l’Inde. Pour autant, les touristes se concentrent essentiellement dans le quartier ancien, dit Fort Cochin. Ceux-ci sont, contrairement au reste de l’Inde, en grande partie occidentaux. Ils arpentent les rues piétonnes bordées de maisons coloniales et de jolies boutiques.

Le quartier historique de Cochin s’articule autour du Fort, du Palais hollandais et de la synagogue Pardesi. Cette semaine, je vous emmène à la découverte de ces deux magnifiques monuments.

Le Palais de Mattancherry, ou Palais hollandais

Le Palais hollandais, construit pour la famille royale de Cochin, abrite le plus bel ensemble de fresques du Kerala. Bâti par les Portugais en 1557, le Palais Mattancherry fut rénové par les Hollandais en 1663. On peut maintenant y prendre des photos.

Le palais aux magnifiques boiseries se compose de deux étages. Dans les premières pièces, de fantastiques fresques mettent en scène des thèmes inspirés des épopées indiennes Ramayana et Mahabharata . Elles représentent aussi les images des dieux hindous et notamment de Krishna. Puis, une succession de salles évoque la vie des dynasties locales. Étonnement pour l’Inde, le Palais offre un bel exemple de muséographie.

A la fin du périple, d’autres peintures murales illustrent le poème épique Kumarasambhavam de Kalidasa. Un petit temple dédié à la divinité Palayannur Bhagwati se situe dans la cour centrale du palais.

Des vêtements de cérémonie utilisés par la royauté, des turbans, des armes de l’époque, des palanquins, des pièces de monnaie, des timbres et des dessins donnent un aperçu du mode de vie des familles royales dans le Sud de l’Inde. Ce palais est un must pour la qualité des fresques et des charpentes.

Tous les jours de la semaine de 10 h 00 à 17 h 00, excepté le vendredi. 

Jew Town

Si la tradition chrétienne est restée particulièrement forte au Kerala, Cochin s’enorgueillit, ou plutôt s’enorgueillissait, d’une petite communauté juive, réfugiée ici probablement lors de la destruction du temple en 70. La plus vieille synagogue d’Inde est une petite merveille Les six autres synagogues de la ville ne sont pas visitables et à peine reconnaissables dans les rues commerçantes de cette bruissante cité. Même s’il ne reste plus qu’une maigrelette famille juive, le temple bien entretenu, attire de nombreux visiteurs.

En fait, Le quartier juif de Cochin correspond essentiellement à une jolie rue commerçante, parallèle au Palais. Les magasins y sont aujourd’hui tenus par des musulmans. Les touristes fourmillent dans ce petit bout de rue extrêmement commerçant. On y vend de tout et les jolis cafés attirent les occidentaux. C’est aussi dans ce quartier que vous trouverez des magasin d’antiquités. Au fond de l’impasse, close par la tour de l’Horloge, se trouve la synagogue Pardesi, édifiée en 1568 et agrandie en 1760.  A droite du cul de sac, le temple hindou qui jouxte le Palais est pratiquement rénové. Sur la gauche s’ouvre la synagogue.

La synagogue Pardesi

Paradesi signifie « étranger » dans de nombreuses langues indiennes. Le terme fait allusion aux Juifs blancs, les premiers colons de Cochin, un mélange de Juifs de Cranganore (au Nord de Cochin, aujourd’hui Kodungallur), du Moyen-Orient et d’Europe. En 1524, ceux-ci trouvèrent un bienfaiteur en la personne du Raja de Cochin. Ce seigneur leur donna  en effet la terre sur laquelle ils bâtirent leur lieu de culte en 1568. Il leur fournit même le bois de construction. Cette synagogue contribua fortement à asseoir la présence juive au Kerala.

L’entrée de la synagogue s’effectue par un vestibule. Il donne sur un petit musée consacré à l’histoire de la communauté et de son temple. On accède alors à une courette sur laquelle s’ouvre la salle de prière. On y entre pieds nus, Inde oblige. Elle est remarquable pour ses énormes lustres belges du XXe siècle mais surtout pour son extraordinaire pavement. Les centaines de carreaux chinois de faïence bleue, rapportés de Canton au XVIIIe siècles sont tous uniques et peints à la main.

Au centre, se détache la chaire. Au fond de la salle, l’arche renfermant les rouleaux de la Torah, deux couronnes d’or présentées à la communauté juive et les plaques de cuivre du IVe siècle. Enfin, au mur, une charte gravée en mayalam décrit les privilèges octroyés à la communauté juive. Le texte est écrit en kannadiyezhuthu, écriture spéculaire ou en miroir.

tous les jours, de 10/12h, et de 15  à 17 heures, sauf les vendredis, samedis et jours de fêtes juives.10rp se déchausser, se couvrir les jambes et les épaules.

Le quartier musulman

Traditionnellement plus pauvre, et plus populaire ce quartier est lui aussi en voie de réhabilitation. Les ordures commencent à être ramassées (c’est un frémissement), les maisons en ruine à être rénovées, en tous cas pour le plus belles. Les échoppes traditionnelles sont peu à peu repeintes. Dans ce quartier, on peut manger de la nourriture typique de Cochin. On y teste les parathas au bœuf impensables dans le reste de l’Inde, les Milk shakes à l’avocat ou les puttu. Il s’agit de roulés de farine de riz et coco traditionnels au petit dejeuner.

Synagogue de Cochin

Trivandrum

A Trivandrum, hors du grand temple d’or et du Palais royal, évoqués la semaine dernière, s’étend une ville fort agréable quoiqu’injustement méconnue. Après avoir visité le Palais et admiré la Gopuram de loin, je vous propose cette semaine de découvrir les beautés cachées de la vraie capitale du Kerala. Je parle de vraie capitale car ce Trivandrum bis se propose d’explorer la capitale administrative et politique du Kerala. Cochin, plus grande et mieux reliée, joue, elle, le rôle de capitale économique.

le Napier Museum, belle construction indo sarracénique avec des relants Arts and Crafts

Le quartier du marché Cherai

Avec ses grands trottoirs ombragés, ses larges avenues, Trivandrum est une ville où il fait bon…marcher ! C’est suffisamment rare en Inde pour être souligné. Le côté provincial et la petite taille font que malgré les embouteillages on n’a pas l’impression d’être pris dans le vacarme habituel aux grosses cités indiennes.

Alors, on quitte le quartier du fort et du temple avec son flot de pèlerins, de marchands de tout et n’importe quoi pour se diriger vers la zone du marché Chelai. A priori le plus ancien du Kerala. Il s’agit d’un dédale de ruelles à l’abri de la circulation automobile. On y trouve toute sorte d’objets du quotidien, nappes criardes, bassines, plats, poubelles et chiens errants en prime. De petites cantines proposent les spécialités locales puttu (rouleau de farine de riz et coco), kadala (purée épaisse et noire de pois chiches) et hakka appam (beignets de bananes) idiyappam (sortes de nouilles très fines de farine de riz).

Balade Le long de MG Road

Comme toute ville indienne, Trivandrum est traversée par une grande artère MG (pour Mahatma Gandhi) Road bordée de tous les grands bâtiments ici administratifs davantage que commerciaux. En quittant le temple d’or, ou en venant du marché, on rejoint le terminus de nombreux bus en face du fort.

En remontant vers le nord, on atteint le temple Pazhavangaadi Sree Maha Ganapathy. On peut le visiter. Même s’il semble relativement récent, son activité y est fort authentique, colorée et réjouissante. Si l’on tourne le dos au temple vers la droite on gagne la gare victorienne.

Plus loin sur la MG road, commence le quartier administratif. On monte vers le Nord et le quartier de Palayam. On peut prendre un transport jusqu’au secrétariat général du Kerala, un bâtiment colonial entouré d’un jardin et d’une grille ouvragée. Un peu plus au nord, se dresse la cathédrale syrienne orthodoxe St Georges, jolie oasis de paix dans une rue à la circulation dense.

L’Université du Kerala à Trivandrum

En face de l’église, commencent les magnifiques constructions de l’Université du Kerala. On distingue d’abord Les façades donnant sur MG Road, un peu décaties au-fond d’un grand jardin. Il vaut la peine de les contourner pour admirer tout ce quartier universitaire en voie de restauration. Leur architecture éclectique en est variée et intéressante. On peut emprunter la rue dr NS Warrior ce qui permet de parvenir au siège du Parti communiste (AKG centre).

En effet, le Kerala est depuis l’indépendance un état resté fidèle au communisme. Avec celui-ci s’affirme l’importance de l’éducation et des droits de la femme. On atteint alors un quartier colonial avec de bien élégants édifices. Les bâtiments de l’université, la bibliothèque avec de jolis cafés comme le bookmark se succèdent le long de grandes allées arborées en cercle.

On revient alors sur la grande avenue Mahathma Gandhi pour déboucher au marché Connemara. Le nom se réfère au gouverneur Lord Connemara qui a donné son nom à la bibliothèque du musée de Chennai.. Moins connu que le marché  Cherai dans le centre-ville, il regroupe sous une halle britannique une série d’étals.

Bâtiments coloniaux

 Juste en face, une mosquée et un temple à Ganapathi illustrent une nouvelle fois le climat de tolérance affiché dans la région.  On traverse pour atteindre la Cathédrale St Joseph, une belle tarte à la crème néogothique sur un modèle britannique à clocher carré. Elle fait face au stade des Nairs cette caste de guerrier particulière au Kerala.

On dépasse l’Assemblée législative, édifice ancien et moderne puis le stade pour tourner à droite. C’est un quartier sympa avec grandes avenus aérées, de grands trottoirs ombragés. On atteint alors un immense et magnifique parc en face du musée d’Histoire. Dans ce grand parc, on peut se diriger vers le zoo ou vers la fantastique construction indo-saracénique du Musée Napier, une vraie réussite architecturale. Malgré la structure de brique, elle arbore des détails Queen Anne (les oriels) et des toits que William Morris et le mouvement anglais Arts and Crafts n’auraient pas rejetés.

Juste de l’autre côté du parc son aborde la colline surmontée par, Kanakakunnu Palace. Au Sommet d’un joli parc public ce palais offre une atmosphère royal, celle de la dynastie Travancore . Des spectacles ont lieu ans ce jardin.

Cette promenade n’est qu’un exemple pour passer une jolie journée dans la bien agréable capitale du Kerala. De nombreux temples et jolis lieux ponctuent la ville et offrent de belles découvertes alors n’hésitez pas et venez visiter cette ville si méconnue.

Thiruvananthapuram

Thiruvananthapuram fait peur en raison de son nom imprononçable quoique simplifié par les Anglais en Trivandrum. La ville (puram) du seigneur (Thiru) Ananda échappe souvent aux circuits touristiques. C’est dommage, car c’est une superbe découverte.

 Dommage également que la ville soit peu documentée sur les sites touristiques en français voire en anglais. De ce fait il n’est pas évident de construire un itinéraire ni de savoir que visiter. Encore une fois c’est dommage parce qu’il y a beaucoup plus à voir que le grand temple inaccessible aux non hindous et la plage voisine de Kovalam. Alors par où commencer ?

Le quartier du fort et du grand temple

Evidemment ce quartier ancien et grouillant est le must-see à Thiruvananthapuram. On descend du bus, du tuk tuk ou du taxi près de la porte du fort et de là on suit la foule jusqu’à la Gopuram de ce fantastique temple interdit aux étrangers.

Cette tour d’accès est monochrome contrairement à ses consœurs tamoules. On peut l’approcher, gravir les escaliers, en admirer la toiture et… rebrousser chemin. Car comme pratiquement tous les temples du sud consacrés à Vishnu, le Sree Padmanabhaswamy n’est pas accessible aux non-hindous. Et un clergé pas toujours charmant se précipite pour vous rappeler à l’ordre si vous tentez de vous glisser dans la foule ou de dégainer votre appareil photo. Même si les Indiens eux ne se privent pas de se faire tirer le portrait devant la divine Gopuram.

Je trouve d’ailleurs surprenant que tous les guides, blogs, sites touristiques sur Thiruvananthapuram parlent du temple alors que les étrangers ne peuvent y accéder. En revanche, silence sur le reste de la ville comme si elle ne comptait pas.

Joyau du sud

Il est vrai que le temple d’or est l’un des plus sacré du pays. Surtout de nombreuses légendes le créditent d’une richesse phénoménale. L’Etat fédéral est venu enquêter sur des dysfonctionnements dans sa gestion en 2011 et y a découvert un trésor estimé entre 14 et 15 Milliards d’euros dans 5 des 8 chambres des pièces souterraines du temple. Il se constitue d’or, argent diamants, bijoux, statues, monnaies et autres donations des fidèles accumulées au cours des siècles.  Les autres chambres n’ont pas été ouvertes, la sculpture de cobra qui monte la garde portant malheur selon les fidèles. Elles sont néanmoins sous haute garde. Une bataille féroce s’est engagée entre les différents propriétaires  potentiels des lieux.

Outre le côté trésor de conte de fée, l’architecture du temple est remarquable. On peut noter (de l’extérieur) une fusion d’éléments keralais et dravidiens. Les boiseries merveilleusement travaillées sont typiques de l’artisanat du Kerala. Au contraire, le travail stuqué de la Gopuram s’apparente à ce que l’on trouve dans les différents états voisins du sud de l’Inde.

Le Palais Royal de Thiruvananthapuram, un joyau dans le joyau

Le long du temple les bâtiments aux belles toitures de bois ouvragé mènent au Palais royal. Kuthira Maliga C’est l’occasion d’admirer l’habileté, très reconnue dans toute l’Inde, des charpentiers du Kerala. De manière unique dans le pays, la région jouit d’une double mousson et donc d’une abondance de bois comme le tek.

Construit en 1840 par le Maharaja Swathi Thirunal Rama Varma, le palais reflète l’architecture typique de la région avec ses toits débordants à forte pente, ses vérandas à colonnes et ses cours intérieures. Le travail d’ébénisterie y est remarquable. Les 122 sculptures et gravures équines lui ont donné le nom de demeure des 122 chevaux.  C’est aujourd’hui un Musée et il offre une idée de la dynastie royale Travancore qui habite non loin de là le palais Kowdiar construit pour la sœur du roi. Car dans cette famille matrilinéaire, c’est la sœur qui règne…

On peut passer du temps au palais pas forcément au musée qui exhibe des photographies passées de tableaux de qualité variées. Celles fanées de la ville à l’époque de l’indépendance ne sont pas inintéressantes en ce qu’elles montrent une bourgade perdue dans les forêts. Les photocopies colorisées de divinités ne me paraissent en revanche pas incontournables. Vous l’aurez compris, je conseille vivement la visite du palais, moins celle du musée dans le palais.

Le Palais est lui passionnant, on déambule dans une vingtaine de pièces des 80 constituant les habitations royales de la dynastie Travancore.

Entre l’extérieur du temple avec son réservoir et le Palais, il y a de quoi occuper une grosse demi-journée. Mais il vous reste beaucoup encore à explorer à Trivandrum. Alors retrouvons nous la semaine prochaine !

Kerala

Le Kerala est certainement la zone la plus touristique d’Inde avec le Rajasthan et ce à juste titre !

Car ici les beautés naturelles d’une région tropicale à la végétation luxuriante éclipsent les constructions humaines. Alors pour une fois, laissons de côté les villes et notamment Cochin pour nous balader en montagne, à la mer ou en campagne avec quelques suggestions maison. Voici donc quelques belles balades dans l’arrière-pays.

backwaters Kerala copyright Catherine HubertGirod @ visiterGenève

Les Backwaters

Ce que l’on appelle Backwaters ne se limite pas à Allepey. En fait, toute la côte du Kerala est lagunaire. La mangrove qui pousse sur les lacs et rivières donne un aspect foisonnant à cette multitude de cours d’eau naturels et creusés. On les parcourt en bateau plus ou moins gros.

Nombre de tours opérateurs offrent des balades au long cours sur de gros bateaux. On peut leur préférer un tour plus court (3h) en shikaram, un bateau local à fond plat avec table de massage. Il semble plus compliqué (et hasardeux) de s’embarquer sur une pirogue. Mais plus le bateau est petit plus vous avez une chance de parcourir les canaux les plus étroits et les plus dépaysants. Vous verrez ainsi de près les enfants revenant de l’école en pirogue. Pour les plus aventureux et les moins riches, vous pouvez également emprunter les ferries locaux. Si vous supportez les gaz d’échappement, le bruit et la promiscuité vous êtes bons pour un bain de vie vraiment locale. Si Allepey vous parait trop grand vous pouvez partir pour votre exploration lacustre de Kumarakom, plus tranquille avec sa réserve d’oiseaux.

Vous pouvez compléter votre tour des backwaters en poussant jusqu’à Munroe Islands. Tous ces lieux feront l’objet d’articles plus approfondis dans les prochaines semaines.

Les belles plages du Kerala

Un long ruban doré s’étend depuis Cochin et on peut le suivre en train jusqu’à Trivandrum ou le contraire, en s’arrêtant en chemin.

Kovalam  est une belle station balnéaire du Kerala, situé à 17 km de Trivandrum. C’est le paradis des traitements ayurvédiques et yogiques en tous genres. La station attire une clientèle européenne plus si jeune.

Les touristes indiens et les familles fréquentent en majorité la plage de Panasam, tandis que Black Beach, qui tient son nom du sable noir qui la compose, attire davantage la jeunesse étrangère. Plus au nord, à environ 7 km de la ville, se trouve la superbe plage de Kappil.

Varkala, au nord de Kovalam, jouit de plages magnifiques et d’une falaise spectaculaire. Là encore, je vais consacrer dans les semaines prochaines un article à ces superbes plages.

Les paysages de l’intérieur

Enfin si vous voulez découvrir les magnifiques paysages de l’intérieur, prévoyez deux jours au moins pour vous rendre dans les montagnes.

Du côté de Munnar, ce sont les collines à thé et les plantations qui vous attendent. Munnar est une petite station de montagne, à 1524m d’altitude. Elle se situe au milieu du spectaculaire paysage montagneux de l’Inde du sud. On peut y marcher dans les plantations de thé, visiter le musée du thé, admirer lacs et cascades. Evitez néanmoins de loger dans Munnar même et préférez un logement dans les plantations.

Vers Periyar, les plantations d’’épices abondent. Surtout, la magnifique réserve animalière, donne l’occasion de voir des éléphants ou des singes en liberté.

Une fois n’est pas coutume, voici quelques agences Pour les tours www.wilsontours.co.in

Et pour se promener Suryatour  propose des chauffeurs indépendants gérés par une retraitée française dont l’association vise à aider ces chauffeurs à survivre. Il faut compter de 4800 à 6500 rp par jour

Little Bengal

Non loin de Mount Road, le centre de la Chennai moderne se situe un petit quartier surnommé Little Bengal. On y trouve des taka, monnaie du Bangladesh, du poisson de rivière coupé et cuisiné d’une manière inconnue au Tamil Nadu. Nous ne sommes pas à Calcutta mais à Mackay’s Garden et Greams Road.

La cuisine bengalie

Comme tous les Indiens, les Bengalis adorent manger. Néanmoins, leur nourriture, quoique quasi inconnue en France, n’a rien à voir avec l’image traditionnelle des plats indiens. L’alimentation bengalie tourne autour de poissons de cette région baignée par le delta du Gange. Elle s’assaisonne de graines de nigelle. Les graines de moutarde moulues avec des piments verts donnent à cette cuisine une saveur toute particulière. Dans la cuisine tamoule, la moutarde s’utilise beaucoup mais en graine et non moulue. Les plats typiques sont à la fois savoureux et incomparables. Ici une jolie lecture sur l’importance de la cuisine au Bengale.

Les Bengalis sont très attachés à leur culture pas seulement culinaire. Ils aiment leur langue et surtout la vie culturelle de Calcutta. La plupart du temps cinéma, théâtres et surtout joutes verbales, dont ils sont très friands, leur manquent au Tamil Nadu où les locaux vivent plus repliés sur la famille.

Les Bengalis de Chennai

Nombreux Bengalis se sont d’abord installés à Chennai en quête d’une meilleure situation matérielle. Intellectuels de renom, bijoutiers voire artisans sont venus chercher le confort financier du sud. Ainsi, les artisans bengalis se regroupent-ils autour de Snowcarpet, dans le quartier de Parry’s corner aussi surnommé Little North India.

Aujourd’hui cependant, la migration touche davantage la classe moyenne, qualifiée en informatique. Elle a largement investi le « IT corridor » (traditionnellement le long de OMR )au sud de Chennai. De ce fait, la communauté a essaimé dans la ville. Elle se retrouve dans des clubs comme l’association du Bengale (fondée en 1929), la SMCA, South Madras cultural association plus récente (1975) ou le DCPCA (Dakshin Chennai Prabasi cultural association). Elle fait corps au moment de célébrations privées comme les crémations mais aussi collectives comme Durga Pooja la grande fête bengalie.

A Chennai, ce grand festival se limite le plus souvent à des rencontres où l’on boit, mange et où l’on participe entre proches aux festivités de la Pooja. Les célébrations ont lieu au temple de Kali, lieu clé pour la diaspora bengalie à Chennai.

 A Calcutta, cette énorme fête s’accompagne de concours de statues et de pandals. Ces temples éphémères, construits de bambous et de tissus multicolores abritent la divinité. On les démantèle dès la fin de la Pooja. La compétition peut être féroce. La ville entière devient festive. A Chennai en revanche, les célébrations se limitent à quelques lieux.

Little Bengal, un quartier en phase de gentrification

Du coté de Mount road, sur Greams street, se situe un quartier surnommé Little Bengal. Ici les petites guignettes servent de la nourriture du Nord-ouest, du Bengale mais aussi de l’Assam et du Bengladesh.

Au-delà des échoppes alimentaires, se succèdent une multitude de chambres et petits appartements proposés à la location. L’on se rend vite compte que ces logements ont fait l’objet d’une réhabilitation récente. Le quartier vit une véritable mue. Les rares maisons anciennes qui subsistent sont surmontées de complexes ultra modernes. Les jardins Mackay Garden n’ont laissé leur nom qu’à un ensemble de bâtiments sans grâce.

Des agences de voyages le disputent aux petits restaurants. Elles proposent des vols à prix cassés pour le nord-est du pays. Beaucoup d’annonces sont d’ailleurs écrites en bengali.

Outre les boutiques alimentaires, les voyagistes et les marchands de sommeil, on compte un nombre impressionnant de pharmacies. Car cette communauté se regroupe par vagues autour des grands hôpitaux de la rue. En effet, Chennai s’est affirmée comme capitale médicale d’Inde et le quartier de Greams Road voit se concentrer toute la population du Nord-est en quête de traitement à Apollo Hospital. Le phénomène est tel que même les médecins et le personnel des hôpitaux de la rue parlent hindi et bengali.

De nombreux petits restaurants proposent des poissons et mets étrangers aux saveurs du sud de l’Inde. Ce sont pour la plupart des bouibouis mais la nourriture peut s’y révéler délicieuse.

Park Town

Park Town s’adresse aux nostalgiques d’une Chennai coloniale. L’histoire anglaise de Madras commence à Fort St George en 1639. A la forteresse s’ajoute rapidement Georgetown.

 Qualifiée à l’époque de ville noire, elle suit un plan en damier.  Cette « ville ouverte » accueille les locaux mais aussi tous les étrangers. On la connait aujourd’hui sous le nom de « Parry’s Corner ». Rapidement la colonie britannique s’étend et va conquérir les territoires arborés à l’ouest de la forteresse, bientôt transformés en parcs bordés d’édifices administratifs.

Une colline disparue

Cette zone, située à l’ouest du fort, se caractérise à l’époque du Raj par une colline boisée, Hog Hill. Les Britanniques conserveront d’ailleurs des espaces verts dans ce nouveau quartier. Deux grands parcs, Town Park et People’s Park en assurent la fraicheur.

Ce quartier jouxte le village de Periamet. Ce nom signifie village douane, autrement dit le lieu où l’on taxait les marchandises qui rentraient en ville. Le long du chemin qui menait à Poonamallee aujourd’hui connue sous le nom de EVR salai, on arrasa la colline pour y construire Memorial hall. Cet édifice en piteux état affecte une forme de temple grec. Juché sur un podium, il commémore la fin de la révolte des Cipayes et le passage de la Compagnie des Indes orientales à la couronne britannique.

Dans sa continuité (en fait en traversant la rue), on tombe sur le grand bâtiment des chemins de fer du sud de 1922. Celui-ci adopte un style néo dravidien intéressant. Pour une fois, le Raj semble faire cas des spécificités architecturales régionales. La grande bâtisse de granit ne comporte pas d’arches. Elle s’inspire en revanche des temples du Tamil Nadu. On ne peut en dire autant de la gare centrale.

 construite sur le modèle néogothique des grandes gares londoniennes. On retrouve les lignes victoriennes dans cet édifice de 1896 surmonté d’une grande tour emblématique en 1959. La gare s’ouvrait sur le grand hôpital.

Chennai a semble-t-il toujours été la capitale médicale du sud de l’Inde. Sur le côté, aujourd’hui occupé par une grande dalle moderne très plaisante, se trouvait à l’époque coloniale le grand marché Moore dont les bâtiments indo-sarracéniques ont malheureusement disparu.

Que reste-t-il de Park Town

Aujourd’hui le terme de Park Town désigne un quartier. A l’époque du Raj il s’agissait d’un parc dans une zone planifiée. En revanche, le Victoria Public Hall conçu pour être un lieu de spectacle subit une rénovation complète. Les fenêtres en arc de cercle d’inspiration néo-romane contrastent quelques peu avec la tour aux accents gothique mais l’ensemble est plutôt convaincant. Elle fait face au Ramaswamy Choultry .

 Celui-c- hébergeait les voyageurs Hindous. En revanche, le Siddique Sarai blanc accueillait lui les musulmans. Des boutiquiers occupent aujourd’hui la dentelle Moghole. Le reste du terre-plein autrefois occupé par le parc de la ville qui a donné son nom au quartier a malheureusement disparu, avalé par la pression immobilière.

Néanmoins, l’énorme Ripon building bâtiment de la corporation de Chennai (mairie) subsiste et projette son énorme vaisseau blanc illuminé le soir. Cette tarte à la crème s’inspire lointainement de la magnifique basilique de Palladio. Mais surdimensionnée, elle n’en a ni la grâce ni l’élégance. Devant, l’on distingue des statues, presque à l’angle de la rue Sydenham, dont celle noire du gouverneur qui a donné son nom à l’édifice. Les illuminations nocturnes donnent cependant une certaine grandeur au lieu.

People’s Park

Ce quartier s’est construit à l’emplacement d’une forteresse avancée à l’extérieur de fort st George. Comme George Town, il a été planifié. Ces projets d’urbanisme sont aujourd’hui perdus dans la ville moderne. La circulation, les destructions et reconstructions sauvages font en effet oublier la volonté d’une avenue de parade à la sortie de la gare bordée de rues plus commerçantes.

Ainsi le long de Sydenham, se succèdent les façades de maisons de la fin du XIXème siècle ornées de balcons, de toits terrasses (dit toit Madras même s’il s’agit essentiellement de toits terrasses ornés de balustrade). Le People’s Park a été englouti lors de la construction du stade Nehru. Il en reste une maigre bande de jardin. Même le zoo a été repoussé hors des limites de la ville pour faire face à la folie constructive. Les musulmans se rassemblent autour de la petite mosquée et ont fait de cette zone le cœur palpitant du commerce du cuir à Chennai.

Stars de Mumbai

Rishi Kapoor mural dans Bandra

Nombre d’opérateurs offrent des tours de Bollywood pour rencontrer les stars de Mumbai. C’est d’actualité au lendemain des cérémonies des Césars et des Oscars. Sans forcément passer par une agence, voici de quoi régaler le cinéphile qui est en vous. Ici nul besoin de prendre un tour des studios, le plus souvent décevant. En effet, la visite des studios montre le plus souvent des émissions du petit écran et ne vous donne guère l’occasion de croiser la vedette de vos rêves. Or, il est facile de se promener à la recherche de ces stars de Mumbai.

Les cinémas historiques.

Mumbai ou plus précisément Bollywood reste la capitale du cinéma en Inde. Bien que talonnée par les cinémas télougou (Telangana et Andhra Pradesh) et Malayalam (Kerala), Bollywood reste la référence en matière de cinéma indien. D’abord parce que c’est dans le port que les frères lumières ont pour la première fois exposé leur invention, très précisément à l’ancien hôtel Watson Esplanade.

Cinema eros

Il y a ensuite les cinémas anciens, l’Eros, le Metro ou le Regal, de véritables merveilles art deco. Ceux qu’on appelle les talkies parce qu’y est apparu le cinéma parlant ne se limitent pas au centre historique. Ainsi le G7, très années 1970, à Bandra est le premier multiplex de Mumbai. Il compte 7 écrans et a ouvert en 1972 le long des rails de chemin de fer.

Promenade des stars dans Bandra

Outre les cinémas, vous pouvez vous passionner pour les objets du 7eme art. Dans ce cas, direction le Chor Bazar où vous trouverez des boutiques spécialisées en décor ou en affiches de cinéma.

Sur les traces des stars de Mumbai

M Kapoor statufié dans Bandra

On peut également se livrer à une promenade le long du Walk of Fame, inspiré par celui de Hollywood. Sa construction correspond à la volonté d’immortaliser les héros légendaires de Bollywood.  Dilip Kumar, Dev Anand, Rajesh Khanna, Raj Khanna, Shammi Kapoor and Yash Chopra apparaissent ainsi statufiés. Sur le Bandstrand de Bandra on peut voir leurs 6 évocations. S’y ajoutent des plaques de laiton  portant la signature ou l’empreinte d’une centaine de stars..

statue de cinema dans Bandra

Si l’on préfère les vivants, leurs adresses sont recensées et l’on peut s’amuser à regarder leurs maisons, a l’abri dans de grands et beaux immeubles bien gardés. Ils ne sont pas toujours faciles à repérer, en dehors de la demeure de SRK, Mannat. La façade néoclassique reliée à un immeuble moderne se repère de loin grâce à la foule de groupies qui s’y presse continuellement.

Mannat maison de SRK

A elle seule, elle assure la notoriété du Band Strand, la jolie promenade le long de la mer le long de la mer d’Arabie. Celle-ci relie l’église st Andrew au vieux fort. C’est derrière ce fort que commence le récent Sea Link . Il date de 2000 et relie Bandra à Worli. Il sert de toile de fond à bien des films bollywoodiens. Ce fantastique ouvrage d’art est devenu l’une des merveilles contemporaines de la ville.

groupies devant Mannat, la maison de SRK

C’est aussi à Bandra, que l’on trouve des boutiques et cafés fréquentés par les célébrités. Ils se situent autour de Carter Rd notamment et de jogger’s Park ou encore du côté de Palli Hill.

Mumbai

Je vous propose aujourd’hui de partir à la découverte de Mumbai. Cette énorme cité de plus de 20 Millions d’habitants ne se découvre pas en un seul jour. Aussi je consacrerai une petite série avec des choix tout personnels pour vous faciliter la visite.

Victoria Station Mumbai

Si vous n’avez qu’un seul jour à consacrer à Mumbai, autant ne pas manquer l’essentiel. Le centre historique abonde en lieux remarquables, pour la plupart inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette zone, au sud de l’immense mégalopole, s’explore à pied ce qui vous évitera de chercher un taxi et rester des heures coincées dans l’effroyable circulation.

 Gateway of India et Taj

Gateway of India

Le bâtiment victorien de l’hôtel Taj et l’arche symbolisent une occupation coloniale révolue. La grosse porte commémorait à l’origine l’arrivée, en 1911, du prince de Galles, futur George V. Elle correspond aujourd’hui pour les Indiens au départ définitif des colons, en 1948. La foule est compacte le soir dans l’enclos qui entoure le monument, joyeux pastiche de l’arc de triomphe, d’une maison mauresque et d’influences Gujarati. De la pointe, on aperçoit la façade néogothique de l’ancien Yacht club établi en 1846, construit 35 plus tard et aujourd’hui occupé par le centre de recherche atomique. Bien que gâchée par la tour disgracieuse qui sert d’annexe à l’hôtel Taj, la meilleure vue est celle du ferry que l’on peut emprunter pour se rendre à Elephanta Island.

L'Hotel Taj

Oval Maidan

bâtimentsnéogothiques sur l'oval Maidan

La promenade architecturale sur l’Oval Maidan est un vrai musée à ciel ouvert. Construit sur une partie du Champ de Mars ou Esplanade, il reliait la zone du fort à celle de Church Gate et de la mer.

On découvre sur le côté Est de cette immense terre-plein herbeux, assez similaire au circus maximus de Rome, une succession extraordinaire de bâtiments néo gothiques. La Cour de Justice et l’Université illustrent l’inventivité et la diversité victorienne. Il y a là un véritable précis à faire frémir de joie John Ruskin, grand amateur des pierres de Venise.  Des escaliers en colimaçon tirés tout droit du Bovolo voisinent avec des vitraux typiques des cours de justice londoniennes ou des grandes universités britanniques. Au centre le grand clocher, Rajabaj Tower n’est pas sans évoquer les campaniles italiens ou les clochers gothiques de nos contrées.. L’homogénéité de ces bâtiments publics victoriens explique leur classement au patrimoine mondial de l’Unesco.

bâtiment de l'université de Mumbai, parfaite réplique du Bovolo de Venise
beffroi de l'Université de mumbai

L’autre côté du Maidan est occupé par des immeubles art déco. J’en reparlerai prochainement. Non loin du Maidan, la fontaine de Flore marque l’emplacement des murailles britanniques.

Horniman Circle

Horniman Circle Mumbai décrit un crescent très britannique

Du Maidan, on rejoint facilement à pied le port avec son impressionnante façade. On passe alors devant l’Eglise st Andrew et l’Oriental Building. On atteint enfin le superbe Horniman Circle. Celui-ci nous ramène dans le Londres de la fin du XIXème siècle. Avec ses immeubles qui suivent la courbe de la place arrondie, elle rappelle les plus belles créations urbanistiques anglaises.

société asiatique, facade néoclassique. Mumbai

La référence anglaise est poussée au bout avec le jardin central fermé d’une grille. Cette jolie place donne d’un coté sur l’ancien hôtel de ville, aujourd’hui société asiatique de Mumbai conçue à la base comme société littéraire. Ce bâtiment néo-classique juché sur un socle d’une trentaine de marches, affecte le style d’un temple grec. De l’autre côté de la place, la Cathédrale Saint Thomas propose, elle, un bel exemple néogothique. Elle s’inspire assez nettement de Ste Margaret, dans le quartier de Westminster à Londres.

Victoria terminus

Gare de Mumbai intérieur

Dans la même veine victorienne, la gare Chhatrapati Shivaji Maharaj Terminus, ex Victoria Terminus est un véritable chef d’œuvre. Ce bâtiment à l’ossature métallique ressemble à une cathédrale gothique. Le contraste avec la cohue le long des quais de cette énorme bâtiment industriel est saisissant. Le pastiche extérieur est incroyable. L’architecte n’a pas hésité à mêler la façade de Sainte Marie des fleurs à Florence à celle de Saint Pancras à Londres. Un joyeux mélange des genres rendu splendide grâce aux illuminations vespérales.

victoria terminus, le soir, Mumbai

Ouest du Sikkim

Aujourd’hui, je vous emmène dans l’Ouest du Sikkim, le domaine de la haute montagne et surtout des grands monastères tibétains. Je vous propose de suivre cette route de pèlerinage (à pied ou en voiture).

Pelling

On arrive dans l’ouest du Sikkim par la grosse ville du coin Geyzing pour monter. Pelling, consiste en une rue qui serpente le long de la montagne. Des hôtels la bordent avec une vue fantastique sur le Khangchendzonga. Déjà nombreux, ceux-ci se multiplient à une vitesse effarante pour faire face à la marée touristique.

Autour de Pelling

Les agences locales vantent un certain nombre d’excursions aux alentours. Cascades diverses et impressionnantes, pont suspendu Singshore, lac sacré Khechepheri (2 000 m), « lac où les vœux se réalisent ». Partout, des sentiers permettent de jouir des vues fantastiques. On vous fait également passer par le petit village de Darap habité par la communauté quasi autochtone des lImboos.

Néanmoins, le plus intéressant à Pelling réside dans les ruines de la ville de Rabandtse, Seconde capitale du Royaume du Sikkim au 17ème siècle. On y accède par le sanctuaire des oiseaux. On passe le long de cages abritant des spécimens multicolores puis on monte 10 mn le long d’un sentier forestier agréable pour déboucher sur un site au panorama extraordinaire. Car toute la région de Pelling rend hommage au majestueux Khangchendzonga. Il convient souvent de se lever avec le soleil pour l’admirer. Cependant, les sites sont grandioses même si le temps n’est pas toujours (souvent) clair. Des chortens imbriqués dans les structures palatiales attestent de liens étroits de la dynastie avec le bouddhisme.

Ces liens apparaissent un peu plus loin au monastère de de Pemayangtse . Fondé en 1705 à plus de 2000 mètres d’altitude, le « sanctuaire du sublime et parfait lotus » abrite des fresques et statues superbes dont celle de Padmasambhava, initiateur du bouddhisme tibétain .  La richesse du lieu tient au privilège des moines de Pemayangtse d’accomplir les cérémonies royales.

A voir dans Pelling

Les autorités ont récemment construit un « skywalk » destiné à devenir une attraction touristique. Il permet de rejoindre la grande statue du Chenrezig. Je ne cherche pas ici à éviter de m’acquitter du droit d’entrée mis il est dommage que la construction de la route terriblement pentue pour mener au skywalk ou du téléphérique occultent le véritable centre d’intérêt. En effet juste derrière les guichets, se niche un petit sentier. Il mène au monastère de Sanga Choeling, accroché au sommet d’une aiguille surplombant la région. Avant  la construction du téléphérique (qui part de l’ancien héliport) il fallait marcher. Une pente bien raide menait du stade de foot au monastère par une grimpette de 45mn. Mais quelle récompense à l’arrivée avec ce monastère paisible et sa vue somptueuse sur le Khangchendzonga.

Tashiding

Sur la route vers Yuksom, toujours dans l’Ouest du Sikkim, perché au sommet d’une colline, le monastère de Tashiding est l’un des plus sacrés du Sikkim. Une bonne montée à pied permet d’y accéder. Des drapeaux de prière longent le chemin et les escaliers. On débouche alors sur un hameau et une grille entrouverte qui donne accès à l’enclos sacré. C’était certainement un lieu déjà hautement religieux (Bön) avant l’introduction du bouddhisme dans la région.

Edifié en 1716, au sommet d’une colline, et entouré par plusieurs monastères importants et grottes sacrées, c’est un lieu de pèlerinage majeur. Il se trouverait à l’emplacement où, selon les textes bouddhiques, Padmasambhava (Guru Rimpoche), a béni la terre sacrée du Sikkim. Son enclos   de 41 chortens est unique. Parmi tous ces chortens (stupas locales) blancs, un grand reliquaire doré se détache ; il aurait le pouvoir de purifier l’âme du fidèle qui l’observe.

Yuksom

Le nom de la ville de Yuksom signifie « lieu de rencontre des trois lamas ». A 1700 m d’altitude,tout à l’Ouest du Sikkim, elle fut la toute première capitale, du Sikkim. C’est une petite ville à une rue, base pour les treks vers le parc du Khangchendzonga. Elle ressemble à une ville du far west.

 Cette rue principale bordée de troquets un peu miteux et de logements chez l’habitant des plus sommaires décrit une courbe pour monter vers le lac Kathok et sur la gauche un joli portail qui annonce le site ancien Norbugang. On y voit le trône du couronnement, un simple banc de pierre où eut lieu le couronnement du premier roi du Sikkim, désigné par trois moines. Autour de l’enclos historique, de petites maisons de bois donnent un charme bucolique seulement tempéré par l’abondance de sangsues.

La route principale rejoint la maison du parc du Khangchendzonga puis serpente. Si Yuksom se trouve près du camp de base, il n’y a pas de vue directe sur le plus haut sommet d’Inde. On peut quitter la route à deux reprises pour rejoindre par des sentiers pentus le monastère de Dub-di, le plus ancien du Sikkim. On l’atteint au bout d’un petit quart d’heure de montée. Toujours en activité, ce monastère sylvestre est d’un calme absolu. Ici aussi l’impression de bout du monde est totale.

Plus loin sur la route, un autre chemin monte vers le monastère de Hunghri. La montée est plus rude  (45mn) mais le paysage et le calme des lieux sont à la hauteur de l’effort.