Bengalore

Pourquoi aller à Bengalore ? Après tout c’est une énorme ville pas particulièrement connue pour ses beautés. Plusieurs raisons peuvent cependant vous pousser à un voyage vers la capitale du Karnataka.

D’abord vous pouvez y aller pour affaires, puisque elle connait l’expansion la plus rapide d’Inde. Elle est aussi moderne et attractive. Cette semaine je vous propose quelques lieux dans cette ville rafraichissante, eh oui.

Une ville pour se rafraichir

 Si vous habitez Chennai, Bengalore présente bien des atouts. Située à 1000m d’altitude il y fait plus frais que dans la capitale du Tamil Nadu. Et 10 degrés en plein été ce n’est pas rien, croyez moi.

Et puis si Bengalore n’est pas la ville la plus spectaculaire du pays, elle jouit de jolis lieux, d’agréables restaurants et bars, de grandes avenues et surtout, fait rare en Inde, quasi inconnu dans le sud du pays, il y a de nombreux parcs aérés et joliment dessinés. En outre on peut s’y déplacer à pied car il y a des trottoirs. Le métro est pratique et permet d’éviter les rues complètement congestionnées par une circulation démentielle.

Le surnom de ville jardin n’est pas usurpé. Du grand poumon vert Cubbon park, au jardin botanique, en passant par une multitude d’espaces verts, la capitale du Karnataka soigne sa chlorophylle.

Cubbon Park

Bien sûr on commence par cet immense parc de 300 acres au cœur de la ville. Bien dessiné, entretenu, on y trouve même des poubelles et des bancs. Venant de Chennai, c’est déjà un exploit. On n’y sent même pas les remugles nauséabonds des égouts ou des pissotières en pleine nature. Des statues et édicules ponctuent les pelouses. Des animaux s’ébattent en liberté, petits écureuils indiens et, moins plaisant, serpents. Attention donc de ne pas partir folâtrer pied nu dans les bosquets… De nombreux chemins mènent à l’aquarium et, en lisière du parc, aux grands musées de la ville. Il s’agit du musée du Gouvernement, de la Galerie nationale et du musée des arts et techniques. Les deux premiers occupent un beau bâtiment néoclassique peint en rouge.

Jardin Botanique de Bengalore, le Lal Bagh

Un tout petit peu plus petit (240 acres) et excentré ce magnifique parc occupe une belle demi-journée voire plus. Moyennant un léger droit d’entrée, on profite de belles allées ombragées d’arbres majestueux. Inutile de se préoccuper de l’horloge florale en dépit de ce que racontent les guides. En revanche l’énorme arbre à coton reste impressionnant. Les serres n’ont conservé que leur toiture mais donnent à imaginer ce qu’était une serre victorienne. Les jardins à thème, qu’ils s’agissent de celui des lotus, des bonsaïs ou de la roseraie offrent de jolis arrêts. Un templounet en guise de tour posé au sommet des monticules rocheux (Lalbagh rock) marque l’un des points cardinaux. Il limitait la ville ancienne. De là on jouit d’une jolie vue sur cette cité qui n’en finit plus de grandir et sur les gratte ciels. On peut encore faire le tour du lac et admirer les palmier royaux alentours.

Ulssor Lake

Vous l’avez compris, en arrivant de Chennai, profiter de la verdure est déjà un programme à part entière. Pour autant tous les parcs ne se valent pas. Celui-ci offre une promenade circulaire pas désagréable pour peu qu’on ait le nez bouché. Sinon l’odeur en est tout de suite moins dépaysante. Pour autant de jolis cafés l’entourent.

Des cafés pour se rafraichir

Le sud de Ulssor lac propose donc de jolies adresses. Un peu plus loin, les cafés se pressent dans le quadrilatère Church street, MGR rd et Brigade. Je ne dis pas ici que l’on ne trouve pas de jolis lieux à Chennai. Mais nulle part l’on n’y ressent l’impression d’être ailleurs. Vous pouvez certes m’objecter qu’on ne vas pas en Inde pour se sentir ailleurs. Pourtant lorsqu’on y réside cela peut parfois faire du bien de se croire ailleurs…Sur Church street les pizzeria et bars se succèdent. Le long de Brigade on trouve plutôt des magasins de vêtements. MGR est moins joli mais il faut bien regarder car de nombreuses terrasses surmontent les immeubles qui font face au métro.

Moins rafraichissant, mais si vous avez besoin d’une cure de shopping vous pouvez compléter votre virée sur Brigade street par un bain du côté de Commercial Road. Vous y trouverez toutes les grandes marques internationales et nationales. Seule une vache perdue pourra vous rappeler que vous vous trouvez encore en Inde.

Singapour bis

Dans ce Singapour bis je ne cherche pas à me prendre pour une grande connaisseuse de la destination. En revanche pour avoir eu la chance d’y passer un peu de temps chez des résidents, voici quelques idées de promenades plus originales. Vous pourrez les explorer si vous restez plus d’une journée dans la cité Etat. Surtout l’idée ici est de donner des idées dépaysantes au départ de Chennai. Je m’intéresse donc davantage aux parcs, jolis musées. Mais il ne faut pas oublier que Singapour est également un paradis pour les accrocs du shopping, qu’on y trouve des plages, des marchés et marches magnifiques, de nombreux musée et galeries et de quoi satisfaire toutes les envies. Voici donc juste quelques idées dans une liste non exhaustive.

 Des parcs en pagailles

Outre les somptueux Garden by the bay Singapour abonde en jardins de toutes tailles, tous admirablement entretenus. Parmi ceux-ci, je peux en citer deux que j’ai particulièrement aimé. En venant de la poussiéreuse et bruyante Chennai ces parcs constituent de véritables paradis certes humanisés mais magnifiques.

  • Fort Canning, près du centre historique, comporte un joli musée, et des arbres somptueux. Le réservoir, plus au nord, offre de de superbes espaces.
  • Le Jardin Botanique est un paradis luxuriant, classé au patrimoine de l’UNESCO. Ses 6 jardins s’étendent sur plus de 60ha. Seul le jardin des orchidées, repère des groupes de touristes, est payant. Pour le reste on se promène de la jungle, au jardin de l’évolution, en passant par le jardin des gingembres, la Porte de Tanglin, et un jardin pour enfants. Des magnifiques maisons noires et blanches comme l’ancienne ambassade de France surplombent les pelouses tirées au cordeau. Dedans une galerie de toute beauté accueille de jolies expositions.

Des joyaux architecturaux.

Outre les impressionnantes prouesses des architectes contemporains qui rivalisent d’audace, Singapour a conservé à grand peine quelques vestiges anciens.

Les shop houses

 Ce sont d’abord les shop houses. On les voit dans le quartier malais mais aussi le long du quai Clarke. De petites ruelles débouchent également le long de la grande Mecque des magasins de luxe, Orchard avenue. Armenian street dans laquelle se dresse le musée Peranakan vaut également la peine pour ses jolies maisons colorées. Les shop houses sont en effet des petites maisons étroites et bigarées dont le rez de chaussée correspondait à la boutique alors que les étages servaient d’entrepôts, d’ateliers et de logements. Des façades reconstruites et éclairées font l’objet d’un joli spectacle à l’aéroport Changi.

L’architecture coloniale et Art Déco

Le quartier historique (près du métro city hall) recèle également des merveilles coloniales. On peut s’arrêter à la cathédrale anglicane néo gothique St Andrew dont les origines remontent à la première moitié du XIXème siècle. Le City Hall édifié dans les années 1920, ou le Old Supreme Court Building valent la visite. Une restauration audacieuse relie ce bâtiment à la Galerie d’art de Singapour. A défaut de découvrir les peintres locaux, la boutique et les restaurants proposent des options attractives.

Le superbe hôtel Raffles, remonte lui aussi aux beaux jours de la colonisation britannique. Il en a conservé le charme. Mais là encore, le luxe et la qualité de la restauration nous emmènent bien loin de l’Inde. Il reprend le nom de Sir Thomas Stamford Raffles, qui colonisa la cité en 1819. Sa statue se dresse devant le musée près du quai.

Les « Black and white »

Autre merveille architecturale caractéristiques de Singapour les » black and white » ou maisons noires et blanches. Souvent art deco, il s’agit de belles demeures au milieu de jardins. Elles caractérisent les quartiers huppés. On en trouve à l’extrémité de Orchard avenue mais aussi dans le quartier de Dempsey, derrière le jardin botanique.

Des musées

Musee Peranakan.

Pourquoi privilégier ce petit musée plutôt que les galeries et musées nationaux ? Pour l’originalité de sa culture, emblématique de Singapour. Les Peranakan sont en quelque sorte les créoles locaux. Des marchands du sud est asiatique venus faire des affaires dans la ville et qui y ont laissé des enfants et des femmes. Outre l’intérêt du propos, le musée se situe dans une ravissante demeure du quartier historique. Cerise sur le gâteau, les galeries viennent d’être remarquablement restaurées. On y découvre des bijoux, vêtements, meubles et de belles expositions.

Musée des arts asiatiques

Ce musée des civilisation asiatiques abrite des merveilles. Une extraordinaire collection de céramiques abbassides trouvées dans une épave occupe la verrière aménagée a cet effet. Elle débouche sur des salles consacrées a la céramique, qu’elle soit chinoise, peranakan ou malaise. Le premier étage lui se consacre aux différentes religions présentes sur le petit territoire.

De nombreux autres musées ou galeries, tels le musée national ou la galerie nationale (peinture plutôt contemporaine) permettent d’attendre la fin des ondées ou de découvrir un autre aspect de la diversité culturelle locale.

Enfin, si cela ne suffit pas à vous occuper, il vous reste à découvrir les plages, les magasins, ou encore les studios universal, et les nombreuses promenades.

Singapour

Singapour représente une destination facile au départ de Chennai. Avec 2h30 de décalage horaire, 4h20 de vol, on débarque directement au 23e siècle. Ce changement d’échelle et de monde est idéal pour un séjour totalement dépaysant. Singapour est en effet l’une des villes les plus propres, l’une des mieux organisées au monde. Mais aussi l’une de plus onéreuses.

Dès l’aéroport Changi, on entre dans la modernité et la beauté avec le « Jewel », un centre commercial sur le thème de la nature. Ce complexe grandiose né de l’imagination fertile de l’architecte Moshe Safdie s’articule autour du Rain Vortex,  une cascade intérieure haute de 7 étages entourée de passages en hauteur. D’emblée le ton est donné dans cette ville cosmopolite aux multiples racines et soucieuse de mettre en scène la luxuriante nature locale.

Construite sur des iles à l’extrême sud de la péninsule malaise, Singapour est en effet un lieu de confluences culturelles et commerciales, à la hauteur de l’Equateur. On y circule entre des parcs admirablement paysagés, des immeubles aux architectures avant-gardistes au creux desquels se nichent quelques petites enclaves préservées.

La ville jardin

Ce qui frappe en arrivant de Chennai est la beauté et la multitude des espaces verts ainsi que la propreté. Si vous ne passez qu’une journée dans la ville monde de Singapour, les jardins de la Baie sont incontournables,

Gardens by the bay

Cet immense parc admirablement dessiné est globalement gratuit . Il faut compter une bonne demi-journée pour parcourir les différents jardins thématiques et découvrir les supertree Grove, les jardins « Tulipmania » ou « Orchid Extravaganza. »  Ou déambuler au milieu de la chaine animalière sculptée par les formidables Marc et Gillie rencontrés  à Londres.

Les 12 super trees ( super arbres) se trouvent dans une sorte de clairière. Ils jouent le rôle de méga capteurs solaires. L’énergie ainsi recueillie sert à alimenter le parc. Il est possible d’acheter un billet pour marcher en hauteur d’un arbre à l’autre. Le soir un fantastique son et lumière, gratuit, y prend place.

La Forêt de nuages est, elle, payante et onéreuse. Elle recrée en intérieur l’environnement humide tropical. On fait le tour du dôme sur un sentier en haut des arbres et autour d’une cascade.

Marina Bay

La promenade qui relie les 3 jardins en bord de baie – Bay South, Bay East and Bay Central – permet d’admirer Marina Bay. Plus que de jardins on devrait parler ici de promenade plantée. On y voit la fameuse statue fontaine du Merlion, mi poisson mi lion, l’emblème de Singapour. Elle date de 1972. Le poisson représente le village de pécheurs originel alors que le lion évoque le nom de la ville qui signifie « la ville du lion » en malais.

 De là, on voit clairement l’immense complexe Marina bay Sands . A défaut de loger dans le luxueux hôtel et de profiter de la spectaculaire piscine infinie on peut se contenter du centre commercial dessiné aussi par Moshe Safdie, avec son casino, son centre de convention, et son musée des arts et sciences, tous logés dans les 3 tours de 57 étages.

Singapour, la cosmopolite

Kampong Glam, le quartier malais

Au début du 19e Kampong Glam était un quartier musulman. Y habitaient le Sultan de Johore (au sud de la Malaisie) ainsi que des communautés arabes et javanaises. Le petit souk est devenu un quartier vibrant et multiethnique avec de nombreux cafés, restaurants et boutiques d’artisanat blotties dans des petites bâtisses art deco. Il faut se perdre dans la jolie Haji Lane piétonnière. Quelques monuments culturels parsèment le quartier comme la Mosquée du Sultan, Malay Heritage Centre et le Vintage Camera Museum avec sa jolie façade.

Quartier chinois

Thian Hock Keng Temple, ou Tianfu Temple est le temple bouddhiste le plus ancien de Singapour. Construit dans le style traditionnel de Chine du sud sans clou et bien restauré, c’est un régal avec ses sculptures de dragons et phénix et ses toits en pagodes étagés. Les photos y sont interdites.

Aujourd’hui, près des trois quarts des habitants de Singapour sont d’origine chinoise. Mais les premiers colons sont arrivés dans la cité Etat au début du XIXe siècle. C’est ici qu’ils se sont installés, près de la rive au sud de la rivière. Même si ce quartier porte le surnom de Chinatown, à l’image de cet état insulaire, c’est un endroit particulièrement cosmopolite. Il abrite par exemple deux mosquées. La mosquée Al Abrar et la mosquée Jamae jouxtent le temple hindou Sri Mariamman. Celui-ci est très coloré et consacré à la déesse Kali. On voit aussi entre les marchés et magasins chinois, des temples taoïstes et bouddhistes.

Little india

Il s’agit probablement de l’endroit le plus coloré de la ville, avec ses maisons bigarrées comme la fameuse Tan Teng Niah House (maison d’un marchand chinois). Le Tekka Centre, grand marché couvert de fruits légumes viandes et poissons rappelle l’Inde du sud. Tout comme les arcades commerçantes et l’Indian Heritage Centre. On se croirait à Chennai. On y voit des temples hindous et des monastères bouddhistes comme Le Sakya Muni Buddha Gaya. Dans ce petit monastère surnommé le « temple des 1000 lumières » se trouve une statue de Bouddha de 300 tonnes et de 15 mètres de haut.

Le Sri Srinivasa Perumal Temple est lui consacré à Vishnu. Son imposante Gopuram de 20m de haut est décorée de nombreuses sculptures des incarnations de Vishnu.

Vous voilà munis pour une première journée dans cette étonnante cité état. Je vous retrouve la semaine prochaine pour compléter cette première approche des incontournables de Singapour.

Udaipur insolite

Aujourd’hui je vous propose de découvrir un Udaipur plus insolite. La semaine dernière je vous ai fait découvrir les indispensables de la ville, à savoir le Palais, le lac Pichola et la vieille ville. Si vous disposez de plus d’un jour et que vous n’en souhaitez pas forcément faire une visite traditionnelle, voici quelques idées.

Verdure et fraicheur Lac fateh Sagar

Vous pouvez vous aventurer un peu plus loin que le lac Pichola. La ville tend d’ailleurs à s’urbaniser de plus en plus loin. Néanmoins le lac Fateh Sagar reste encore relativement peu construit. On y accède au-delà d’un quartier résidentiel et d’un beau parc. Des zones de cabotage dont raffolent les Indiens permettent de relier l’une des quatre iles et notamment l’ile Nehru. Le boulevard est longé de parcs. Mais si la foule indienne en délire ne vous fait pas fantasmer, depuis l’embarcadère vous pouvez facilement marcher jusqu’à la jolie promenade au milieu du lac (Pal ou Fateh Sagar Pal) avec de jolies vues depuis des petits belvédères ouvragés. (chhatri du 19e). Elle permet d’observer (voire de rejoindre là-haut dans la montagne) le Palais de la Mousson, observatoire d’où étaient calculées les moussons.

Depuis la promenade et l’aquarium au travers d’un quartier résidentiel nouvellement construit on accède au magnifique parc.

Saheliyon ki Badi Garden, un beau jardin d’Udaipur insolite

Ce parc privé regroupe des jardins royaux. Situé près du lac et de ses embarcadères il remonte au 18eme siècle. Il était réservé à la reine et ses filles et cousines. Reconstruit il s’enorgueillit de bassins. Il est admirablement entretenu et c’est un plaisir de profiter des jeux de fontaine et des parterres. Enfin un lieu où se promener.

Cénotaphes royaux et zone archéologique

Un peu à l’extérieur de la ville (3km) et mal entretenus vous trouverez quelques monuments d’Udaipur insolite. Il s’agit des cénotaphes royaux et du cimetière Ahar,  

 On ne peut guère entrer dans l’enclos mortuaire. En revanche on peut le contourner et admirer la variété architecturale des quatre siècles durant lesquels ces mausolées musulmans ont été érigés.

Le long de ce cimetière royal, un bassin à crémation royale (Gangaudbhav Kund). Ce lieu est étonnant car il est considéré comme vivant. Les pèlerins y déversent des offrandes. Les gamins s’en offusquent et montrent aux adorateurs récalcitrants les panneaux demandant de retreindre les offrandes alimentaires dans l’eau. C’est qu’il se rafraichissent dans l’eau et sont très conscients de la pollution apportée par ces miettes malvenues. De petit sanctuaires et un temple à Shiva alternent avec les bassins dans ce lieu fréquentés par de très rares touristes.

La route mène pourtant au tout neuf musée archéologique (Ahar Museum) érigé à même un site chalcolithique sur un mound. Outre les poteries remontant au 2e millénaire avant notre ère on peut y admirer des sculptures qui s’étagent entre les 8e et 17e s.

Si on tourne le dos à ces sites pour revenir vers la vieille ville on voit, à main gauche, un énorme temple jain. On discerne en revanche à peine sur la droite, cachée par la végétation, une extraordinaire Gopuram du 10eme siècle magnifiquement sculptée (Bhaktimati Meera Bai Temple). Cela vaut le coup de passer/ pousser la barrière pour s’aventurer dans les décombres. Les sculptures y sont en effet merveilleuses et datent de la période préislamique. Le monument adopte le style Maru Gurgjara avec des murs très sculptés sur un socle haut.

Des voitures et de la verdure près du centre ville

Plus dans le centre-ville , d’autres visites de Udaipur insolite.

Vous pouvez commencer par vous balader dans Bapu Bazar peut être moins touristique que celui de Jaipur mais vraiment local. C’est là que les locaux mangent et vous y trouverez de nombreuses et bonnes spécialités.

Regagnez alors le musée de l’automobile (voitures anciennes) pas forcément pour le visiter mais pour admirer sa structure art deco, rare à Udaipur.

 De là, vous pourrez faire une petite halte dans le Garden Hôtel et gagner le parc Gulab Bagh. C’est un grand parc d’époque coloniale. Des Anglais, subsiste le Victoria Hall musée transformé en bibliothèque On y voit des puits (Baori) il y en a 3 importants mais moins spectaculaires que les réservoirs à degré de Jaipur ou Jodhpur . Le Naulakha Baori, le Kamal Talal Baori Kuttewalli Baori. Ils attestent néanmoins du système souterrain de conservation de l’eau, si nécessaire en ces territoires arides…on traverse alors le parc pour regagner la sortie coté palais royal devant le petit temple de Ganesh. D’ici on peut accéder à la porte du Palais (Pol), rentrer dans le palais ou prendre ses billets pour caboter dans le lac

Du jardin, on gagne aussi la vieille ville d’Udaipur. On peut la traverser pour regagner les ghâts et notamment le magnifique musée tout près du Gangaur Ghat.

Un air de Grand canal vénitien

Le musée Bagore ki haveli présente d’étonnantes collections de turbans, jeux,  vêtements. C’est une vraie découverte même hors saison de festival. Evidemment si vous pouvez caler cela avec les festivités de Gangaur cela devient grandiose mais le musée avec ou sans spectacle vaut vraiment le coup. D’abord parce qu’il permet de visiter un ensemble de maisons anciennes magnifiques et intelligemment rénovées. Les collections évoquent les traditions, d’hier et d’aujourd’hui. On y comprend mieux le déroulé d’un mariage, Cerise sur le gâteau, les vues sur le lac donnent l’impression de se trouver dans un palais vénitien sur les bords du Grand canal. Bref un vrai bon moment loin de la foule.

Udaipur

Les incontournables d’Udaipur

Il n’est pas forcément facile de se rendre à Udaipur et c’est bien dommage car la ville est splendide. Alors, voici les immanquables à mon sens. Si vous n’avez que quelques jours à disposition et que vous voulez vérifier sur place les belles images de Octopussy, ce James Bond un brin vieillot des années 1970, voici quelques idées.

C’est une ville relativement récente, fondée au XVIème siècle. Elle conserve son esprit musulman. Relativement petite selon les standards indiens, (600 000 hab), vous pouvez vous passer de guide et de chauffeur. Vous vous concentrerez dans un premier temps sur la vieille ville et les bords du lac Pichola.

Le fantastique Palais, incontournable d’Udaipur.

Il faut compter près de 3 heures le temps de déambuler dans les salles du City Palace. Même si vous esquivez l’armurerie, pourtant admirablement présentée ce qui en Inde est suffisamment rare pour être souligné, le palais  de la dynastie Mewar est énorme.

On commence par l’aile consacrée aux hommes avec ses salles aux murs incrustés de pierres semi précieuses, ou de miroirs et de verres colorés, grande spécialité locale. Les pièces s’articulent autour de tours aux admirables points de vue sur les lacs. L’ensemble est particulièrement bien entretenu.

Le Zenana ou harem ou aile des femmes est moins spectaculaire mais présente la condition de la femme enclose derrière les hauts murs. Il mène à une section muséale consacrée à l’histoire de la ville, de la dynastie régnante mais aussi à une collection d’objets en métaux parmi lesquels d’exceptionnels palanquins en argent.

Pour ceux qui trouveraient la visite insuffisante, une petite partie gouvernementale du musée se trouve tout près de l’entrée des appartements royaux sur la gauche. Autour d’un délicieux jardin, cette section payante en plus mais des clopinettes, abrite un musée à l’indienne. En effet, les galeries n’ont pas vu un coup de chiffon depuis le départ des Anglais…pour autant des miniatures mogholes fantastiques valent d’affronter la vétusté.

Juste à la sortie du Palais, beaucoup plus chers, les appartements royaux ruissellent d’argent, de perles en tous genres etillustrent la notion de kitch.

Le lac Pichola

Autre grand incontournable des visites de Udaipur, le tour du lac Pichola. Car l’originalité d’Udaipur est sa construction sur un système de lacs artificiels.

 Nous avons un peu ramé c’est le cas de le dire pour comprendre comment le faire. Pour autant, c’est une chouette excursion qui permet d’aborder les ghats (embarcadères) depuis l’eau. Les petits bateaux accommodent une quinzaine de personne et partent dès qu’ils sont remplis. Leur cadence varie entre 20mn et 1h selon l’affluence. Ils partent du parc du Palais remontent vers le Gangaur Ghat. Juste avant l’entrée du Palais, il suffit de traverser la grande grille ouvragée et d’acheter son billet pour les bateaux ou les appartements royaux.

De l’embarcation, on jouit d’une jolie vue sur le temple Mohan construit sur un petit ilot juste en face. Puis on passe le long du tout petit Hanuman Ghat et on longe le Ambrai Ghat en pointe, avec son jardin fatigué. Les bateaux contournent alors l’ile occupée par l’hôtel Taj. Le complexe s’appelle Lake Palace et seules des petites embarcations privées liées à l’hôtel y accostent. Inutile d’imaginer le visiter si vous n’y logez pas. Vous ne verrez donc pas Vous ne verrez donc pas Roger Moore puisque c’est au Raj que se situe une partie d’Octopussy.

En revanche une halte est proposée à l’hôtel Jagmandir. On peut en profiter pour prendre une consommation, visiter le joli petit musée ou se promener dans les jardins, très plaisants. Au retour, les petits esquifs vous ramènent là où ils vous ont pris en charge.

La vieille ville d’Udaipur

Au retour de cette excursion en bateau, la chaleur est un peu tombée et il est possible de visiter la vieille ville à pied. Poussiéreuse et encombrée, celle-ci ressemble assez à une Medina proche orientale. Les ruelles tortueuses regroupent les petits métiers par corporations.

Peu de blogs ou de sites dissertent sur ces balades mais un petit livre bien fait donne quelques itinéraires que je vous résumerai dans une prochaine publication.

Néanmoins, si la saleté vous rebute, ces balades ne s’imposent pas forcément. Elles sont pourtant l’occasion de découvrir de jolies maisons bourgeoises pour les familles jointes, les havelis.

 La vieille ville de Udaipur est également incontournable si vous aimez les temples. Juchés sur des escaliers pentus, ceux-ci ne ressemblent en rien aux temples du sud. Blancs, ils comptent des tours pyramidales qui ne sont pas si éloignées des prangs cambodgiens. A Chennai le seul type d’architecture qui y fasse penser sont les temples jains. Les deux les plus connus se situent sur la rue qui mène au Palais. Il s’agit du Jagdish temple bâti au 17e en l’honneur du dieu Vishnou et du Jagat Shiromani Temple, plus tardif 19e et construit en l’honneur de Krishna.

Cette balade dans la vieille ville d’Udaipur est aussi incontournable si vous voulez voir les Ghats, ces embarcadères à gradins typiques du Nord de l’Inde. Dans le sud, le terme désigne davantage des montagnes anciennes et érodées. Parmi ceux-ci le Gangaur Ghat est certainement le plus spectaculaire.

Jodhpur bis

Ce Jodhpur bis a pour but de vous donner des idées pour un séjour un peu plus long. Je n’aborde pas ici, à dessein, le quartier bleu dont je parlerai plus longuement dans un prochain article. En revanche, je vous emmène un peu à l’extérieur du centre historique, sur les contreforts désertiques de la ville.

Jardins et Fort de Mandore.

Commençons un peu plus loin de la ville, dans un lieu historiquement essentiel. Il s’agit des jardins Mandore, première capitale fondée en 1459 par le clan Rathore. C’est en quelque sorte lieu de naissance de Jodhpur. Dans un joli parc séparé de l’agitation du quartier par des portes, les temples les plus anciens de la ville ne sont plus vraiment actifs. On peut néanmoins les visiter. Un canal, en général à sec mène à un joli point de vue mais aussi à une série de temples. L’un est en ruine, mais les deux autres sont encore en fonctionnement. Ils dominent ce qui reste du fort et le musée. On y voit des vestiges archéologiques, peintures et sculptures.

Umaid Bhawan Palace

Un peu à l’extérieur de la ville, en hauteur, le Taj palace se visite en partie. Sa construction remonte à 1929/1943. Le Maharaja Raja Umaid Singh voulait alors fournir de l’emploi aux personnes les plus démunies du royaume.

Une entrée latérale permet de visiter un petit musée qui explique les étapes de fondations de ce Palais transformé en Hôtel de luxe. Il est d’ailleurs réputé comme l’un des hôtels le plus luxueux du monde. La partie hôtelière est réservée aux clients. Ne comptez donc pas y prendre une tasse de thé. Une autre partie reste habitée par l’ancienne famille royale de Jodhpur. La plèbe dont je fais partie a droit au petit musée, à une partie de la collection de Royce et Bentley, une boutique, jolie au demeurant, et des toilettes mal entretenues.

le Tombeau Jaswant Thada.

On peut rejoindre ce bel endroit par une petite route depuis le Fort. Celle-ci passe devant le désert de pierre Rock Park. Le site est magnifique avec un désert de grès rose parsemé de quelques buissons. De l’autre côté d’un petit lac artificiel, apparait un mausolée de marbre dédié au Maharajah Jaswant Singh II.

 Ce monarque fut à l’initiative d’un système d’irrigation qui a apporté l’eau à la ville et a assuré sa prospérité. Le tombeau se mire d’ailleurs dans le petit lac particulièrement beau et magique. D’autres cénotaphes de la famille royale entourent le mausolée principal de marbre blanc. Tout autour, un magnifique jardin étagé dispense une fraicheur bienvenue dans la chaleur du désert. Une terrasse domine la ville.

La belle ville rose admirablement préservée a réussi à faire classer son Fort au patrimoine de l’Unesco. Elle est aujourd’hui en lice opur faire classer sa superbe vieille ville de pierres roses, véritable oasis rendue prospère grâce au creusement d’un canal dans le désert du Thar.

Comment assurer l’attrait touristique de cette très belle ville, ce sera l’objet du prochain article.  

Jodhpur

Jodhpur m’évoquait les pantalons bouffant du haut et le polo. Je n’imaginais pas la beauté de cette ville du Rajasthan aux portes du désert du Thar.

Des maharajas particulièrement inspirés ont assuré sa prospérité. Ce grâce notamment à un ingénieux système d’irrigation. Dans le monde touristique contemporain, on l’appelle la ville bleue.

Je vous propose de partir à la découverte de cette ville aux divers sobriquets. Comme de plus en plus souvent, j’ai préparé une série d’articles. Ceux-ci correspondent aux monuments incontournables, aux plus insolites et enfin à ce qui pose plus question. A moduler selon votre durée de séjour, ou vos envies. Commençons des aujourd’hui avec les incontournables de Jodhpur.

Le Mehrangarh Fort,

Le fort constitue le seul site Unesco de Jodhpur. Ceci peut sembler étonnant vu la beauté de la ville. Pourtant celle-ci, toujours administrée par le Maharaja est un modèle de développement.

Le Fort se situe sur une colline de 150m. On l’atteint depuis la vieille ville. Il date de 1459 et remonte à Rao Jodha, le chef du clan Rathore. Il comprend de très belles galeries et temples. On y découvre des palanquins, harnachements d’éléphants, voire équipement de polo, passion royale du coin. Je viens ici d’évoquer le premier mot attaché à la ville et la façon dont le terme s’est diffusé dans notre langue depuis la chemise des amateurs royaux de ce sport équestre.

L’architecture y est extraordinaire. On y admire des éléments de bois travaillés très finement. https://www.mehrangarh.org/

Le palais est un rare site privé en Inde. Administré par la famille royale, il est un modèle du genre. L’organisation, la muséographie, les facilités sont d’une rare qualité pour L’Inde. Même le restaurant, le café, et la boutique sont hautement recommandables. Avec l’achat d’un billet étranger (plus cher que le billet pour les locaux bien sûr) vous avez droit à un audio guide très bien fait.

On parvient au Fort soit en transport, soit à pied depuis la vieille ville par des volées d’escaliers pentus ou un chemin (du côté de la « ville bleue ») orné de « fresques ».

La vieille ville de Jodhpur

Celle-ci s’explore à pied. Les petites rues encombrées, les jolies boutiques, bazars, l’animation ne sont en effet pas propices à la circulation. En revanche, une fois franchie la tour de l’horloge, on accède aux boulevards de cette ville de 1,4millions habitants, écrasée de chaleur. Là, il vaut mieux héler un tuktuk.

Ce quartier historique se situe au pied de l’impressionnant plateau sur lequel se dresse le fort. Un mur du XVIeme siècle percé de huit portes l’entoure. Le long des 1km de muraille c’est une profusion de marchés et échoppes artisanales. Jodhpur est en effet l’un des centres de production d’Inde. Sacs en tissus, nappages, boites, vanneries, cuir, bijoux, antiquités, on y trouve un peu de tout et de fort jolis produits.

Historiquement, la ville se trouve en effet sur la route de l’opium, du cuivre, de la soie, du santal qui reliait Delhi au Gujarat. De petits étals proposent les sucreries typiques de Jodhpur, très sucrées, comme toujours en Inde.

-Le Toorji ka Jhalra

Le magnifique réservoir à degrés, se situe dans la vieille ville en contrebas du fort. La symétrie des volumes est particulièrement spectaculaire. Ce puits du XVIIIème siècle, destiné à approvisionner la population en eau, a fait l’objet, avec le quartier alentour, d’un beau travail de réhabilitation.

Ces réservoirs si typiques de l’Inde servaient à stocker la précieuse eau. Leur architecture savante permettait à un grand nombre de gens de remplir leurs jarres et de remonter et descendre les marches sans se gêner. L’approvisionnement en masse se faisait avec un minimum d’incidents. Les magnifiques façades de grès rose abritent tout autour de plus en plus de jolies boutiques.

– Ghanta Ghar,

A l’orée de la ville ancienne, les marchés entourent ce vestige de la colonisation anglaise. La tour de l’horloge est en effet un classique des villes indiennes sous domination britannique. En passant sous l’horloge, sur la droite, commence le quartier restauré avec ses belles maisons roses si traditionnelles. Puis, sur la gauche, les rues s’ouvrent sur des maisons peinturlurées en bleu. Je dis bien peinturlurées car malgré la renommée de la ville, je conçois quelques doutes sur la couleur, ce que je développerai dans un prochain article.

Le Bleu

Cet été je vous propose un nouveau feuilleton, celui du bleu. L’année dernière je vous avais gratifiés du roman des thés. 2024 sera donc une année bleue. En effet, cette couleur est paradoxale en Inde. Le pays a donné naissance à une teinte, l’indigo. Pour autant, il est peu porté en Inde et surtout dans le sud. A contrario, c’est une couleur que nous adorons en France.

J’ai donc repris avec délices les écrits de Michel Pastoureau et vous propose ma petite version qui me permettra de justifier un grand écart entre Toulouse et Chennai.

Le bleu, couleur de l’occident

Michel Pastoureau, médiéviste et spécialiste des couleurs, nous a gratifié de pages lumineuses, c’est le cas de le dire, sur l’histoire et l’évolution des couleurs. Celle du bleu m’intéresse particulièrement car elle établit un lien des plus significatifs entre l’occident et l’orient. Et plus précisément entre la région de Toulouse et l’Inde.

bleu du Choundra Palace Udaipur

Une couleur peu apprécié dans l’Antiquité

Michel Pastoureau explique en effet que le bleu a été ignoré pendant une grande partie de l’Antiquité.

 Assimilé aux barbares par les Grecs et les Romains il ne bénéficiait même pas d’une terminologie propre. Pourtant il était connu bien sûr. Les Egyptiens l’utilisaient abondamment pour leurs objets de fritte émaillée. Néanmoins, le bleu antique venait essentiellement de métaux précieux. Il était donc couteux. Qu’il provienne de la turquoise ou du lapis lazuli, il représentait un véritable luxe.

hippoptame en fritte bleu, égyptien, Le Louvre AD

En revanche, les Celtes utilisaient un bleu végétal à la faible tenue. Celui dont ils badigeonnaient leur corps avant les batailles provenait d’une plante locale, la guède. Entre les yeux clairs et les peintures guerrières on ne s’étonne guère que les Romains aient eu une peur bleue de cette couleur

Le Moyen Age réhabilite le bleu

ceramiques ottomanes, Louvre AD

Au Moyen Age, le bleu veut gagner ses lettres de noblesse. Le bleu minéral des couteux lapis lazuli et Turquoise transite vers Venise par le biais des caravanes. De là, il va s’arracher pour représenter non seulement le bleu du ciel mais celui du manteau de la Vierge, à commencer par les sublimes madones de Bellini. On le voit rapidement apparaitre sur les vitraux des cathédrales gothique d’Europe septentrionale.

vitraux cathédrale Canterbury
Bellini, la vierge au bleu manteau

 La montée en puissance du culte marial promue notamment par les franciscains, va en faire la couleur divine par excellence. Giotto devient le maitre du bleu.

le bleu de Giotto, bailique st Francois d'Assise, Ombrie

D’autant plus que les maitres de la première Renaissance remplacent les fonds dorés de l’iconographie byzantine. Les rois ne s’y trompent pas qui l’utilisent dans leurs armoiries. Le bleu va même s’étendre à la mode. Mais cette fois un bleu plus léger, celui du pastel ou guède. Cette plante se cultive dans presque toute l’Europe, autour de Erfurt en Allemagne, dans le Lincolnshire en Angleterre, en Picardie ou encore dans le Lauragais.  Verte, elle est cultivée pour donner davantage de….. bleu. Les feuilles une fois macérées changent en effet de couleur.

D’un bleu à l’autre

Malheureusement ce bleu ne tient guère. Les productions indiennes d’indigo vont de plus en plus intéresser artistes et teinturiers. Moins chères à produire, désormais plus faciles à importer, elles vont peu à peu remplacer le pastel toulousain.

Avec la colonisation de l’Amérique, l’indigotier originaire d’Inde va être adapté aux immenses espaces libres. La main d’œuvre gratuite que représentent les esclaves y permet une culture extensive et peu coûteuse. Les premières grandes plantations américaines se consacrent non au coton ou au sucre, comme on le croit trop souvent, mais à ce bleu intense et tenace,

C’est la guerre d’indépendance américaine qui va changer la destinée des plantations mais aussi de la couleur. En effet, les Anglais ne pouvant plus s’approvisionner à bon prix se détournent de leurs champs américains pour forcer les petits paysans du nord de l’Inde à abandonner leurs cultures vivrières au profit de ce bleu profond. Le bleu devient dès lors couleur de l’oppression coloniale en Inde.

Cezanne, la femme (en bleu) à la cafetiere, musée d'orsay

Mais, l’indigo indien se verra rapidement concurrencé après la découverte de bleus chimiques en Allemagne.

Pour en savoir plus, lisez le chapitre bleu dans mon livre et suivez-moi la semaine prochaine dans la région toulousaine puis les semaines suivantes en Inde et plus précisément à Jodhpur.

Jaipur insolite

Pour faire suite aux autres articles sur Jaipur, voici de quoi faire une visite plus insolite.

Sans avoir la prétention de réinventer la roue, j’ai particulièrement apprécié quelques lieux moins connus et pour autant bien passionnants

Un Jaipur plus insolite près du centre

Albert Museum

Cet extraordinaire bâtiment vaut déjà d’être admiré de l’extérieur.

 Car l’édifice lui-même est un morceau de bravoure indo-sarracénique juste en dehors de la muraille de la ville ancienne. Mêlant les influences mogholes et anglaises, il se veut musée victorien typique. Avec des collections balayant l’histoire universelle, de l’Egypte, au monde romain, aux productions plus locales. En fait, il copie, en version indienne, le Victoria and Albert Museum. La célèbre institution londonienne. A l’origine, ce devait être un point central de la culture victorienne. Ainsi, ce musée ambitionne une sorte d’érudition générale. Ses collections éclectiques se répartissent en diverses galeries refaites récemment. Celles-ci échappent donc à la poussière habituelle aux lieux d’expositions indiens.

Le cinéma Raj Mandir

 Construit en 1976 avec une façade genre gâteau rose et une salle incroyable avec balcons mousseux surplombant la fosse. L’ambiance mérite d’être vécue au moins une fois. Lors des projections de films locaux, l’apparition de stars est saluée par des hurlements ahurissants.

Les Haveli

Attention le mot Haveli est générique d’un certain type d’habitation, de grandes maisons. Il n’engage en rien la qualité de l’établissement. En fonction du prix, vous pourrez aussi bien atterrir dans un véritable palace ou un bouiboui. Ne croyez donc pas faire l’affaire du siècle parce que vous avez réservé un Haveli très bon marché. Regardez attentivement les photos et les commentaires. En revanche vous pouvez tomber sur un bijou absolu, en général un peu onéreux.

Derrière le Amber palace

Juste derrière le Amber Palace, une route mène au magnifique réservoir à degrés et passe juste devant le petit musée Anokhi.

Ce Musée Anokhi est un charmant petit musée très peu fréquenté. Il s’agrémente pourtant d’une jolie cafeteria. Pour ceux qui habitent l’Inde, Anokhi est une boutique connue pour ses imprimés batik. En fait l’initiative est partie de Jaipur. L’idée était de relancer les savoirs textiles traditionnels. Le petit musée occupe un Haveli restauré avec intelligence. Il est donc très agréable de découvrir les magnifiques créations des artisans locaux. Une petite boutique et un ravissant salon de thé complètent la visite.

Devant la porte d’Amber, la route décrit une épingle à cheveu et mène vers le réservoir du XVIème siècle.  Panna Meena Ka Kund est extraordinairement photogénique avec ses volumes géométriques et parfaitement symétriques. Comme dans tous les réservoirs, il est interdit d’y descendre.  Il permettait de conserver précieusement l’eau dans ce territoire désertique.

Au-delà d’Amber Fort, un Jaipur plus insolite

Amber Fort faisait partie d’un dispositif de fortifications de la chaine des Aravelli.

 Au-dessus du Palais, le fort de Jaigarh monte la garde depuis le sommet de la colline.  Il offre de beaux points de vue. Il est relié au Palais par un système de tunnels.

 Le fort de Jaigarh (au Nord) est relié à celui de Nahargarh (au Sud) par un vaste réseau de murs et d’ouvrages fortifiés Nahargarh est aussi appelé demeure des tigres. Il se situe le long des collines d’Aravalli et surplombe un lac. Le fort abrite aujourd’hui le musée de cire de Jaipur et le palais de verre.

Mais il se peut que vous n’ayez pas le temps, ou l’envie, de vous rendre dans ces forts relativement éloignés du centre de la ville. Si vous souhaitez néanmoins prendre de la hauteur pour jouir du panorama pourquoi ne pas escalader l’élégante tour Swargasuli du XVIIIème siècle ?

Jaipur bis

Je continue ainsi ma série d’articles sur Jaipur en évoquant ici les lieux bis indiqués par des guides papier, les blogs ou les accompagnateurs de voyage. Ces lieux sont souvent recommandés mais pas toujours indispensables selon moi. Plus encore que d’habitude, cet article m’est très personnel.

Je me base ici sur les lectures suivies lors de ma découverte de Jaipur mais aussi sur une visite guidée organisée en amont il y a quelques années. Pour faire simple, je vous indique ce que je n’ai pas forcément adoré.

Pour commencer, je ne vous recommande pas le tuk tuk. La ville est trop poussiéreuse pour cela. Et encore moins le rickshaw humain. Dans la vieille ville, vous pouvez vraiment marcher pour mieux découvrir. 

Le City Palace

 Je le sais je fais ici ma mauvaise tête. Je ne suis absolument pas d’accord avec les sites qui recommandent la visite du City Palace. La cherté du billet n’est, selon moi, absolument pas à la hauteur de l’intérêt de la visite.

 Pour tout dire, moi que ne suis pas une grande « magasineuse », la partie que j’ai préférée est l’atelier, autrement dit la boutique, magnifique il est vrai. Pour être honnête, on voit quand même dans le Palais un impressionnant durbar. Cette salle du trône est décorée des portraits hilarants des maharajas. Ces tableaux ne sont pas sans évoquer ceux des Qajars de la Perse voisine à la même époque. Il s’agit de portraits sur le modèle européen. Les dignitaires y posent de profil ou de face avec tous leurs atours. Mais l’originalité repose sur le mélange de photographie et de peinture.

Dans la même veine, le Diwan-i-Khas, zone d’audiences privées des maharajas accueille deux immenses jarres d’argent de 345kg chacune. Elles servaient à transporter l’eau sacrée du Gange, la seule ingérée par les monarques. Ces Gangajelies accompagnèrent le Maharaja jusqu’en Angleterre en 1902 pour l’intronisation du roi Edward VII en 1902. Chaque jarre pourrait contenir 4 100 litres d’eau.

Enfin, un pavillon au centre de la seconde cour expose des textiles magnifiques.

Construit sous l’impulsion du Maharaja Jai Singh II, fondateur de la cité, le complexe de palais est superbement ornementé, avec des piliers ouvragés. En fait, il s’agit de deux palais, Chandra Mahal et Mubarak Mahal. Le palais est encore habité par la famille royale. Le Maharaja de Jaipur est toujours le chef du clan Rajputs Kachwaha . Ses appartements sont visitables moyennant un billet onéreux même pour un porte-monnaie européen (4000rp).

Mais il y a tellement d’autres choses à voir à Jaipur que le City Palace ne me parait vraiment pas la visite à prioriser lors d’une première découverte de la ville.

Des bazars

Autre déception, bien personnelle, le Bapu Bazar. Si vous aimez l’ambiance souk et les odeurs, vous pouvez vous perdre dans les galeries. Sinon les kilomètres de bracelets ou de kurtas sont à peu près les mêmes que dans toute autre ville indienne. Avec peut être un bon point sur la passementerie assez remarquable je l’avoue.  Parmi les autres bazars à découvrir se trouvent Johari Bazaar, Tripolia Bazaar ou Chandpol. A vous de voir s’ils vous inspirent.

Jal Mahal palais du lac

Construit sur le lac Mansagar, ce palais combine les architectures moghole et rajpute. Jal (eau) Mahal (Palais) donne l‘illusion de flotter sur l’eau au milieu du lac Man Sagar. Il fut édifié par le Maharaja Madho Singh I comme pavillon d’été pour les chasseurs de canards. On ne peut y accéder et on se contente de l’admirer de loin ou de caboter autour. Pour les amateurs de photos, il vaut mieux s’y rendre en tout début ou toute fin de journée pour éviter qu’il ne soit écrasé de soleil. En revanche, ne vous attendez pas à visiter les lieux.

Le temple des singes

à 10 km de Jaipur, le temple de Galtaji est un lieu de  pèlerinage. Il se constitue de plusieurs temples édifiés dans une crevasse des collines de Jaipur. Une source y jaillit, remplissant une demi-douzaine de kunds ou réservoirs sacrés.

L’abondance des singes a donné le surnom de « temple des singes » à ce sanctuaire dédié sans surprise à…Hanuman. Il faut gravir la colline pour s’y rendre mais la vue sur Jaipur se mérite. Et le chemin est très beau dans la campagne et parsemé de templounets peints et décorés.

Je vous concède qu’il faut avoir envie de marcher sous la chaleur et de se frotter aux singes, trop souvent agressifs mais aussi aux locaux aux pratiques touristiques un tantinet agressives elles aussi.