Odisha

Depuis un moment, j’entendais parler de l’Odisha. Cet état de l’est de l’Inde est coincé dans sa partie orientale et côtière entre l’Andhra Pradesh et le Bengale occidental. A l’ouest, se pressent les zone parmi les plus pauvres du pays comme le Chhattisgarh et le Jharkhand. Les rares voyageurs à s’être aventurés en cette région pauvre me parlaient avec des tremolos dans la voix des rencontres tribales et de la beauté des paysages.

L’Odisha, un secret bien gardé ?

Bhubaneshwar la capitale de l’Odisha a beau se trouver à plus de 20h de route de Chennai, la liaison aérienne est directe et facile. En un peu moins de 2 h plusieurs compagnies relient les deux capitales. Mais que voir dans cet état peu connu depuis l’Europe ?

Comme souvent, je suis allée fureter chez les voyagistes, surtout chez ceux chez lesquels j’ai eu travaillé. Je me suis alors rendu compte que les plus aventuriers d’entre eux n’y passaient qu’un ou 2 jours. Ils y prévoient en général une halte lors de grandes virées de Delhi à Varanasi ou Calcutta.

Bhubaneshwar ne constitue pour eux qu’une étape, à laquelle s’ajoutent le site Unesco de Konark et Puri lieu de pèlerinage hindou majeur. Ces trois villes constituent le triangle d’or dont l’un des fleurons (le temple de Vishnou de Puri) n’est malheureusement pas accessible aux étrangers.

Pour vous donner envie de visiter l’antique royaume Kalinga si injustement méconnu je vous propose une nouvelle mini-série (vous avez remarqué je vais bientôt concurrencer Netflix…) sur l’Odisha, et sa capitale. Commençons aujourd’hui par ce qui fait l’originalité et la beauté de l’Odisha.

Je reviendrai dans les 2 prochaines semaines sur la capitale. Mais je voudrais aujourd’hui parler de quelques sites pour vous donner envie de pousser vos découvertes le long de la côte du Bengale. Car comme le dit l’office du tourisme local, l’Odisha est le secret le mieux gardé d’Inde et c’est dommage de ne pas essayer d’y goûter.

L’Odisha mise sur son originalité culturelle.

L’Odisha est l’une des rares régions indiennes dont le découpage corresponde entièrement à une homogénéité linguistique. Ses habitants parlent l’oria et sont fiers de leur culture particulière avec une écriture toute ronde.

La langue joue un rôle primordial dans un état qui a été sous domination moghole puis britannique. De plus, la zone est restée toujours proche du Bengale. Elle doit maintenant affronter la montée en puissance de l’hindi. Celui-ci menace aujourd’hui l’oria local, chez beaucoup de jeunes. L’état en est suffisamment conscient pour investir massivement dans la préservation culturelle. En revanche, contrairement au Tamil Nadu, l’anglais est peu pratiqué.

La nourriture offre une spécificité bien asiatique et malheureusement trop peu présente dans le reste de l’inde. Elle insiste sur les spécialités de rues. Là où le Tamil Nadu ne propose que de petits kiosques à filtre coffee et vada, l’Odisha offre une multitude de petits étals remplis de beignets, fruits, préparations multiples. Dans la capitale, Bhubaneshwar, on trouve même de bien réjouissants night market.

L’Odisha se targue également, sinon d’écologie, tout au moins de respect pour l’environnement avec des rues (relativement) propres. Une armée de balayeurs arpentent Bhubaneshwar, pour nettoyer. Je le précise car à Chennai les nettoyeurs de rue ne font guère peur à la poussière.

Des tribus reconnues

Surtout la spécificité de l’Odisha tient en la place accordée aux tribus. Souvent reléguées dans le reste du pays, elles sont mises ici sur le devant de la scène. Oubliées, négligées voire cachées au Tamil Nadu, on ne les rencontre ainsi que dans les quartiers ou les villages le plus déshérités. Souvent même les enfants sont à peine ou pas du tout acceptés à l’école. Ce qui ne veut pas dire que les tribaux sont appréciés ou riches mais ils sont au moins acceptés dans la société locale.

photo courtesy of Jina Park @jinapark07

L’office du tourisme de l’Orisha propose des circuits de découverte. Les voyageurs sont pris en charge par des guides qui partent à la rencontre de ces populations qui ont maintenu pour une beaucoup une vie de chasseurs cueilleurs. Un très beau musée à Bhubaneswar se consacre à la présentation des différentes tribus de la région et recueille une foule d’éléments pour mieux les connaitre et les comprendre. Enfin, l’art régional est axé sur la reconnaissance de l’art tribal. Ainsi les murs de la capitale sont-ils ornés de fresques tribales.

Il faut se souvenir que la présidente actuelle de l’Inde est issue d’une de ces « tribus »de l’Odisha.

Une architecture remarquable

Enfin et surtout, l’Odisha offre une leçon d’architecture magistrale, aussi importante que le Madhya Pradesh voisin. En effet, c’est dans ces deux états limitrophes que s’est développé le style Nagara. Celui-ci a ensuite gagné toutes les régions du Nord de l’Inde en dehors du Bengale. Au contraire, le sud lui développa lui des modèles dravidiens.

Cette architecture se caractérise par des tours arrondis appelées Sikhara construites sur des socles. Elles apparaissent dès le Ve siècle de notre ère sur le modèle Gupta. Trois écoles régionales vont s’affirmer dont celle qui nous intéresse liée au royaume Kalinga qualifiée d’Ecole de l’Orissa. Les deux autres se trouvent essentiellement au Madhya Pradesh (autour de Khajurâho avec un style historié et sensuel) et dans le Rajasthan-Gujarat.

Dans l’Odisha, les constructions surmontent des plateformes. Les temples sont ornementés à l’extérieur. En revanche, l’intérieur, simple et nu, s’apparente à une grotte. La forme de la sikhara (tour) ou deul permet de dater l’édifice. C’est aussi le cas du toit, le gharbagriha plat vers le VIIIe s puis en forme de pyramide après le Xe s. Celui-ci couvre le hall adjacent au deul.

Pour mieux comprendre cette architecture magnifique je vous propose de nous retrouver la semaine prochaine dans la capitale du royaume kalinga.

Merci à Jinapark07 pour ses magnifiques photos.

Munroe Islands

Munroe Islands est un ensemble d’ilots entre Trivandrum et Cochin juste au nord de Kollam, la Quilon des Portugais. Traversés par de nombreux canaux, ces ilots conservent encore, mais pour combien de temps, le charme d’une région encore un peu préservée des flots de tourisme.

En effet, Les agences touristiques vendent et survendent les backwaters du Kerala sans forcément insister encore trop sur Munroe Islands. Or si l’eau saumâtre et les bateaux amarrés à la chaine dans le port d’Allepey ne vous tentent pas, il existe d’autres options. Car la côte sud du Kerala n’est finalement qu’une grande mangrove.

 Les Backwaters poumon du Kerala

La solution la plus simple pour aborder les backwaters est peut-être depuis Cochin. Il suffit de trouver une agence qui vous proposera un tour à la grande demi-journée vers l’intérieur des terres et les mangroves autour de Cochin. En général, les tours consistent en un ramassage en car suivi d’un petit déjeuner local, une belle balade en pirogue (sans moteur à préciser lors de la réservation) puis un déjeuner local. Logiquement à 14h tout est plié.

A Allepey vous pouvez opter pour le tour en Houseboat. Personnellement je trouve ennuyeux de me trouver enfermée sur un bateau à quai pour y dormir et manger. Vous pouvez y préférer le sikhara, la pirogue, voire le ferry, beaucoup plus couleur locale.

Kumarakom offre une option plus écologique et moins touristique. La réserve animalière vous permettra elle aussi de profiter des backwaters.

Munroe Islands, la belle option

Si vous aimez la nature encore pas trop abimée, Munroe Islands reste néanmoins une bonne idée.

Munroe regroupe 8 îles. Chacune d’entre elles est séparée par de petits canaux et des lacs. Elles se situent à environ 27 km de Kollam. On accède à cette ville par le train ou le ferry et le bus. Cette dernière option prend plus de temps mais se révèle haute en couleurs. En train, il faut compter à peu près 1h30 pour Trivandrum, à peu près autant pour Allepey puis de là 1 h pour Ernakulam Junction, la gare de Cochin. C’est une bonne idée pour qui veut voyager peu cher et de manière typique. Le train est étonnamment relativement ponctuel, bien sale, mais amusant. Surtout, il permet de traverser des rizières et palmeraies. A la hauteur de Munroe Island, le paysage devient superbe. D’autant que l’express passe le soir et permet d’admirer le coucher de soleil sur les iles.

Le lieu porte le nom du colonel John Munroe, résident de l’ancien État princier de Travancore. Peu développé jusqu’à récemment, il comptait quelques rares demeures art déco le long des canaux et des fermes. Depuis le Covid, le tourisme a passablement évolué en Inde et les classes moyennes tendent à découvrir avec passion les beautés de leur pays. Plages et backwaters sont envahies. L’on ressent cette frénésie touristique jusque dans cette zone autrefois reculée. Les constructions se multiplient et les fermettes se modernisent pour se transformer en auberges. Là, tout dépend de l’hôte et de sa maitrise de l’anglais.

Où loger et que faire à Munroe Islands

En général, le logement est honnête, la nourriture végétarienne. Avant de réserver votre logis je vous recommande de vérifier sur une carte que des restaurants soient accessibles à proximité sans quoi vous êtes bons pour plusieurs jours du même curry de légumes le temps de votre séjour. J’aurais tendance à conseiller 2 nuits sur place pour profiter des balades en bateau du soir et du matin. Si vous êtes épuisés et avez besoin de déconnecter de la civilisation vous pouvez rester plus, mais mieux vaut, dans ce cas, avoir une vie intérieure riche et de bons livres.

Sur place, les auberges sont habituées et vous proposent la chouette balade du coucher du soleil en pirogue (2h). Le batelier manie la perche avec plus d’habilité que l’anglais et vous emmène dans de magnifiques endroits au coucher du soleil. Vous pouvez aussi opter pour la promenade en gros bateau du matin. Celle-ci dure 2h entre 6 et 8h pour profiter du lever de soleil et du réveil de la faune, Mais le bateau à moteur peut vous rebuter. Pour les balades en bateau mieux vaut discuter directement sur les embarcadères. Les aubergistes empochent en général un bon 40%.

Autre activité agréable sur place : le tour à vélo. Les petits chemins restent peu fréquentés par les voitures en journée. Il vaut mieux éviter de pédaler à la nuit tombée, faute d’éclairage. Les routes sont plus fréquentées mais permettent de faire un tour bien plaisant. On peut ainsi accéder à la jolie église hollandaise un peu oubliée. A vélo, on parvient également par les pontons au point de vue préféré des bateliers pour le coucher du soleil.

Varkala

Le paradis existe sur terre, et en Inde, il s’appelle Varkala. Si vous aimez l’option mer turquoise, cocotiers et longues plages de sable doré, Varkala s’impose. Une fois n’est pas coutume, je vous emmène dans un lieu où il n’y a rien à visiter mais juste de quoi se faire bronzer. Mois de juillet oblige !!!

Une station balnéaire sur une falaise classée

Alors bien sûr le petit village de pêcheur, fréquenté par les surfeurs est devenu depuis le covid, « the » destination pour la jeunesse dorée indienne. Du coup, les constructions se multiplient et la falaise menace de s’écrouler sous la pression immobilière. Cet aplomb rocheux a beau avoir été classé trésor national pour son caractère unique, son futur est en question.

Mais soyons honnête, pouvons-nous reprocher aux jeunes Indiens de découvrir les joies de la plage alors que nous, occidentaux, avons massacré les trois-quarts des côtes de la planète pour notre seul plaisir? Certes, avec la jeunesse indienne arrive la consommation effrénée, les problématiques liées à la non-gestion des ordures, de la circulation et tant d’autres. Mais pour une fois ne boudons pas notre plaisir…

Varkala, la plage des indiens branchés ?

Je m’attendais à la lecture des blogs à une station un peu désuète, fréquentée par des surfeurs ou des hippies qui n’en pouvaient plus du monde de Kovalam. En fait, nous sommes aux antipodes de cette dernière. Car la plage de Trivandrum s’apparente un peu tristement un peu à un club du 3e âge pour caucasiens en recherche de « sens ».

A Varkala en revanche, on trouve évidemment des centres de yoga et d’ayurvéda mais pas uniquement. Surtout la clientèle est indienne et plutôt jeune. De ce fait, même si d’aucuns reprochent le caractère artificiel voire superficiel de la station, on y découvre un autre aspect de l’Inde, cette jeunesse en quête d’occidentalisme, si exotique ici. On mange de la cuisine internationale, on boit des cafés dans de jolis endroits.  On se croirait dans une station de n’importe quel coin du monde ou presque. Alors, oui c’est en décalage complet par rapport au reste de l’Inde. Oui, le risque est grand de voir la beauté des lieux gâchée par le surtourisme. Mais, pour l’instant, les dégâts ne sont pas comparables à ceux que j’ai pu observer à Kovalam ou aux iles Andaman où la gestion des ordures est une catastrophe.

Bref si vous aimez la plage, nager dans une mer limpide, c’est quand même un super plan que de vous rendre à Varkala. On y trouve donc des bars de tous les styles mais aussi des homestays sympas et des hôtels. Il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Après la plage principale, c’est une succession de longues plages plus sauvages.  La mer, magnifique et turquoise, n’est pas encore totalement envahie.

La ville, lieu de pélerinage

La ville est plutôt agréable. Il y a un temple réputé, le Janardana Swami Temple, mais fermé de 12 à 17h.  Il a donné le surnom de Benares du sud à la petite localité. Celui-ci aurait été construit par un roi Pandyan pour le laver de ses péchés.  L’Ashram Sivagiri Mutt attire, lui, de nombreux fidèles. De fait, avant de devenir une station balnéaire à la mode, Varkala fut d’abord port actif durant l’antiquité. Puis elle s’affirma dans la région comme un lieu religieux de prime importance. La région abonde en temples voire mosquées. Plus loin sur la côte se dresse un fort, construit par les portugais,(Aniengo) ensuite annexé par la Compagnie anglaise des Indes orientales. Encore plus loin, on peut voir le lac Kappil.

 Les deux types de populations, pèlerins et amateurs de plage, se croisent aujourd’hui sans se cotoyer.

On peut accéder à Varkala en train. Il faut compter environ 1h30 de Trivandrum, 30mn de Kolam a peu près ou 50mn pour Munroe. Le train longe la côte et remonte vers Kochi (Ernakulam junction).

Transports keralais

L’idée dans cet article est de découvrir les transports keralais. L’Etat se targue en effet de sa politique environnementale (pour l’Inde, les attentes ne sont pas occidentales quand même). Alors vous pouvez remiser votre application uber (qui fonctionne très bien ici et notamment pour les tuktuks, appelés autos) et opter pour d’autres transports plus locaux.

L’aéroport

Parce que l’on accède généralement au Kerala par Cochin, l’aéroport y est plus important que celui très mignon et efficace de la capitale de l’Etat, Trivandrum ou Thiruvandanapuram. C’est l’un des rares aéroports privés d’Inde. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est particulièrement agréable comparé au grand hangar sans grâce de Chennai. De jolies boutiques d’ayurvédique, des petits restaurants qui offrent tous la même tambouille au même prix et 2 librairies permettent de passer le temps long si vous vous êtes prémunis en quittant votre auberge très en avance par rapport à l’horaire de votre vol. En effet, la circulation terrestre à Cochin est comme dans beaucoup de villes indiennes effrayante. En outre, la distance depuis le centre de la ville fait qu’il faut souvent prévoir 2h pour rejoindre le terminal 1 (domestique) ou 3 (international).

La municipalité a fort récemment mis en place une ligne de bus climatisée ainsi que des tuktuk bleus au tarif préétabli pour relier le métro (station Aluva) et l’ aéroport.

Les bâtiments ont un petit aspect chinois avec leurs toits en pagode. L’aéroport de Cochin se vante d’être le premier au monde à fonctionner entièrement à l’énergie solaire. Je ne sais pas s’il est raisonnable d’y transiter en période de mousson.

Le train

On peut aussi choisir de parcourir le Kerala en train. C’est très rigolo et facile de se déplacer dans la région très bien reliée en tous cas pour sa partie côtière. Evidemment il vaut mieux ne pas être pressé, mais ce n’est pas plus lent que la voiture. Et le voyage est tellement plus typique.

Depuis Trivandrum on voit défiler de magnifiques paysages de cocoteraies,  et de backwaters (mangroves). Le train n’est pas forcément plus en retard que notre SNCF nationale. En revanche il vaut mieux éviter les toilettes et ne pas être à cheval sur la propreté des fauteuils. Sur certains tronçons, de petits messieurs passent pour proposer du thé ou des baji mais pas toujours. Ce moyen de transport est extrêmement économique (25rp pour aller de Varkala aux iles Munroe, 20 pour le trajet Allepey Cochin) alors que le ticket de métro coute lui 50 rp dans la ville de Cochin.

Le bus

Ouvert aux quatre vents, le bus donne une idée autre des villes et constitue un moyen de transport populaire. Il est en effet très simple d’utilisation surtout sur la presqu’ile de Fort Cochin avec des trajets quasi rectilignes. Vous montez dans le bus indiquez votre arrêt et payez en conséquence. Il vaut mieux vous munir de petite monnaie

Le bateau

La zone côtière du Kerala doit sa réputation à ses mangroves et « backwaters ». Des bateaux plus ou moins gros parcourent les canaux qui relient la multitude de petits lacs et rivières.

Point de pirogue à à Cochin en revanche. Si vous aimez la foule, la transpiration et la bousculade, le ferry se révèle idéal. Pour un tarif modique (6 rp) vous aurez le droit de vous serrer avec vos commensaux dans la queue pour acheter vos billets puis de vous faire compresser pour monter dans le ferry. Une fois à bord, si vous avez eu la chance de monter portés par des foules de bras et d’aisselles se dirigeant dans le même sens, vous pourrez peut-être vous assoir, ou non. Pour être honnête j’avais écrit ces phrases il y a quelques années après une traversée particulièrement éprouvante.  Le trajet est devenu plus confortable ces derniers temps avec des ferry à sièges et à contenance max de 100 passagers. Les horaires sont indicatifs. Dès que le ferry est plein, il part. Les « bus d’eau » ont adopté une mascotte appelée Jengu.

Le métro aérien, transport moderne à Cochin

Le métro est une splendeur à Cochin. Neuf, moderne il est loin d’être terminé. Ce réseau exceptionnel ne comprend pour l’instant qu’une grande ligne desservant Ernakulam.

Initié en 2013, ce métro est encore largement en construction. Néanmoins la (longue) portion terminée dessert déjà les zones essentielles de marchés, administrations, universités, lycées, gare et Centre commerciaux.

La ligne en activité permettra un jour de relier l’aéroport, mais l’ile de Fort Cochin et les plages ne font pas partie du projet pour des raisons assez évidente d’environnement et de population concernée. Car le but est de s’adresser aux familles et aux jeunes locaux. D’où une communication et des publicités ciblées pour ce métro ultra moderne dont la mascotte est un adorable petit éléphant bleu ailé qui nous rappelle que la modernité n’enlève rien aux traditions charmantes du Kerala et de Ganesh. Milu, c’est son nom, s’inspire de son grand frère Serge le lapin qui a bercé nos enfances parisiennes avec ses injonctions à ne pas mettre ses doigts n’importe ou sous peine de se pincer les doigts très fort.

 Alors embarquez en compagnie de Milu et Jengu et suivez leurs aventures à chaque arrêt !

*Les tarifs ont été reactualisés en janvier 2025

Cochin

Cochin vit depuis des siècles dans le parfum des épices. Comptoir portugais dès le XVIe siècle, puis ville hollandaise avant d’être anglaise, la plus grande ville du Kerala avec son demi-million d’habitants, se compose de quartiers très différents. Monde ancien et moderne s’y côtoient.  Dès l’aéroport, alimenté à l’énergie solaire, la modernité de Cochin s’affiche.  La ville est en effet la capitale économique de cet Etat étonnamment riche pour l’Inde. Pour autant, les touristes se concentrent essentiellement dans le quartier ancien, dit Fort Cochin. Ceux-ci sont, contrairement au reste de l’Inde, en grande partie occidentaux. Ils arpentent les rues piétonnes bordées de maisons coloniales et de jolies boutiques.

Le quartier historique de Cochin s’articule autour du Fort, du Palais hollandais et de la synagogue Pardesi. Cette semaine, je vous emmène à la découverte de ces deux magnifiques monuments.

Le Palais de Mattancherry, ou Palais hollandais

Le Palais hollandais, construit pour la famille royale de Cochin, abrite le plus bel ensemble de fresques du Kerala. Bâti par les Portugais en 1557, le Palais Mattancherry fut rénové par les Hollandais en 1663. On peut maintenant y prendre des photos.

Le palais aux magnifiques boiseries se compose de deux étages. Dans les premières pièces, de fantastiques fresques mettent en scène des thèmes inspirés des épopées indiennes Ramayana et Mahabharata . Elles représentent aussi les images des dieux hindous et notamment de Krishna. Puis, une succession de salles évoque la vie des dynasties locales. Étonnement pour l’Inde, le Palais offre un bel exemple de muséographie.

A la fin du périple, d’autres peintures murales illustrent le poème épique Kumarasambhavam de Kalidasa. Un petit temple dédié à la divinité Palayannur Bhagwati se situe dans la cour centrale du palais.

Des vêtements de cérémonie utilisés par la royauté, des turbans, des armes de l’époque, des palanquins, des pièces de monnaie, des timbres et des dessins donnent un aperçu du mode de vie des familles royales dans le Sud de l’Inde. Ce palais est un must pour la qualité des fresques et des charpentes.

Tous les jours de la semaine de 10 h 00 à 17 h 00, excepté le vendredi. 

Jew Town

Si la tradition chrétienne est restée particulièrement forte au Kerala, Cochin s’enorgueillit, ou plutôt s’enorgueillissait, d’une petite communauté juive, réfugiée ici probablement lors de la destruction du temple en 70. La plus vieille synagogue d’Inde est une petite merveille Les six autres synagogues de la ville ne sont pas visitables et à peine reconnaissables dans les rues commerçantes de cette bruissante cité. Même s’il ne reste plus qu’une maigrelette famille juive, le temple bien entretenu, attire de nombreux visiteurs.

En fait, Le quartier juif de Cochin correspond essentiellement à une jolie rue commerçante, parallèle au Palais. Les magasins y sont aujourd’hui tenus par des musulmans. Les touristes fourmillent dans ce petit bout de rue extrêmement commerçant. On y vend de tout et les jolis cafés attirent les occidentaux. C’est aussi dans ce quartier que vous trouverez des magasin d’antiquités. Au fond de l’impasse, close par la tour de l’Horloge, se trouve la synagogue Pardesi, édifiée en 1568 et agrandie en 1760.  A droite du cul de sac, le temple hindou qui jouxte le Palais est pratiquement rénové. Sur la gauche s’ouvre la synagogue.

La synagogue Pardesi

Paradesi signifie « étranger » dans de nombreuses langues indiennes. Le terme fait allusion aux Juifs blancs, les premiers colons de Cochin, un mélange de Juifs de Cranganore (au Nord de Cochin, aujourd’hui Kodungallur), du Moyen-Orient et d’Europe. En 1524, ceux-ci trouvèrent un bienfaiteur en la personne du Raja de Cochin. Ce seigneur leur donna  en effet la terre sur laquelle ils bâtirent leur lieu de culte en 1568. Il leur fournit même le bois de construction. Cette synagogue contribua fortement à asseoir la présence juive au Kerala.

L’entrée de la synagogue s’effectue par un vestibule. Il donne sur un petit musée consacré à l’histoire de la communauté et de son temple. On accède alors à une courette sur laquelle s’ouvre la salle de prière. On y entre pieds nus, Inde oblige. Elle est remarquable pour ses énormes lustres belges du XXe siècle mais surtout pour son extraordinaire pavement. Les centaines de carreaux chinois de faïence bleue, rapportés de Canton au XVIIIe siècles sont tous uniques et peints à la main.

Au centre, se détache la chaire. Au fond de la salle, l’arche renfermant les rouleaux de la Torah, deux couronnes d’or présentées à la communauté juive et les plaques de cuivre du IVe siècle. Enfin, au mur, une charte gravée en mayalam décrit les privilèges octroyés à la communauté juive. Le texte est écrit en kannadiyezhuthu, écriture spéculaire ou en miroir.

tous les jours, de 10/12h, et de 15  à 17 heures, sauf les vendredis, samedis et jours de fêtes juives.10rp se déchausser, se couvrir les jambes et les épaules.

Le quartier musulman

Traditionnellement plus pauvre, et plus populaire ce quartier est lui aussi en voie de réhabilitation. Les ordures commencent à être ramassées (c’est un frémissement), les maisons en ruine à être rénovées, en tous cas pour le plus belles. Les échoppes traditionnelles sont peu à peu repeintes. Dans ce quartier, on peut manger de la nourriture typique de Cochin. On y teste les parathas au bœuf impensables dans le reste de l’Inde, les Milk shakes à l’avocat ou les puttu. Il s’agit de roulés de farine de riz et coco traditionnels au petit dejeuner.

Synagogue de Cochin

Kerala

Le Kerala est certainement la zone la plus touristique d’Inde avec le Rajasthan et ce à juste titre !

Car ici les beautés naturelles d’une région tropicale à la végétation luxuriante éclipsent les constructions humaines. Alors pour une fois, laissons de côté les villes et notamment Cochin pour nous balader en montagne, à la mer ou en campagne avec quelques suggestions maison. Voici donc quelques belles balades dans l’arrière-pays.

backwaters Kerala copyright Catherine HubertGirod @ visiterGenève

Les Backwaters

Ce que l’on appelle Backwaters ne se limite pas à Allepey. En fait, toute la côte du Kerala est lagunaire. La mangrove qui pousse sur les lacs et rivières donne un aspect foisonnant à cette multitude de cours d’eau naturels et creusés. On les parcourt en bateau plus ou moins gros.

Nombre de tours opérateurs offrent des balades au long cours sur de gros bateaux. On peut leur préférer un tour plus court (3h) en shikaram, un bateau local à fond plat avec table de massage. Il semble plus compliqué (et hasardeux) de s’embarquer sur une pirogue. Mais plus le bateau est petit plus vous avez une chance de parcourir les canaux les plus étroits et les plus dépaysants. Vous verrez ainsi de près les enfants revenant de l’école en pirogue. Pour les plus aventureux et les moins riches, vous pouvez également emprunter les ferries locaux. Si vous supportez les gaz d’échappement, le bruit et la promiscuité vous êtes bons pour un bain de vie vraiment locale. Si Allepey vous parait trop grand vous pouvez partir pour votre exploration lacustre de Kumarakom, plus tranquille avec sa réserve d’oiseaux.

Vous pouvez compléter votre tour des backwaters en poussant jusqu’à Munroe Islands. Tous ces lieux feront l’objet d’articles plus approfondis dans les prochaines semaines.

Les belles plages du Kerala

Un long ruban doré s’étend depuis Cochin et on peut le suivre en train jusqu’à Trivandrum ou le contraire, en s’arrêtant en chemin.

Kovalam  est une belle station balnéaire du Kerala, situé à 17 km de Trivandrum. C’est le paradis des traitements ayurvédiques et yogiques en tous genres. La station attire une clientèle européenne plus si jeune.

Les touristes indiens et les familles fréquentent en majorité la plage de Panasam, tandis que Black Beach, qui tient son nom du sable noir qui la compose, attire davantage la jeunesse étrangère. Plus au nord, à environ 7 km de la ville, se trouve la superbe plage de Kappil.

Varkala, au nord de Kovalam, jouit de plages magnifiques et d’une falaise spectaculaire. Là encore, je vais consacrer dans les semaines prochaines un article à ces superbes plages.

Les paysages de l’intérieur

Enfin si vous voulez découvrir les magnifiques paysages de l’intérieur, prévoyez deux jours au moins pour vous rendre dans les montagnes.

Du côté de Munnar, ce sont les collines à thé et les plantations qui vous attendent. Munnar est une petite station de montagne, à 1524m d’altitude. Elle se situe au milieu du spectaculaire paysage montagneux de l’Inde du sud. On peut y marcher dans les plantations de thé, visiter le musée du thé, admirer lacs et cascades. Evitez néanmoins de loger dans Munnar même et préférez un logement dans les plantations.

Vers Periyar, les plantations d’’épices abondent. Surtout, la magnifique réserve animalière, donne l’occasion de voir des éléphants ou des singes en liberté.

Une fois n’est pas coutume, voici quelques agences Pour les tours www.wilsontours.co.in

Et pour se promener Suryatour  propose des chauffeurs indépendants gérés par une retraitée française dont l’association vise à aider ces chauffeurs à survivre. Il faut compter de 4800 à 6500 rp par jour

Mumbai pratique

Voici maintenant un Mumbai pratique. Cet article complètera les propositions de visites classiques , ou plus insolites, voire cinématographiques, des dernières semaines.

Dans quel quartier loger

Pour un premier séjour à Mumbai, le plus pratique et simple est de loger dans le quartier de Colaba. Ce quartier, à l’extrême sud de la péninsule, marque le centre historique de la mégalopole. Evidemment vous n’y verrez pas grand-chose de l’incroyable diversité du plus grand centre économique d’Inde. A trop marcher sur des trottoirs bien entretenus dans de jolis quartiers arborés de Colaba ou Bandra, vous risquez de ne pas voir la misère humaine. Celle-ci constitue pourtant une grande partie de Bombay renommée Mumbai dans le grand mouvement nationaliste de 1995.

Néanmoins commencer par du polissé permet aussi de se reposer de l’effervescence indienne. Pour un week-end ou pour une entrée en matière, cela peut faire du bien. Car l’Inde c’est aussi cette opposition entre bidonvilles et zones incroyablement riches. Ici, vous serez à pied d’œuvre pour ne rien manquer d’essentiel.  Pour découvrir d’autres quartiers, vous pourrez utiliser le train. Vous éviterez ainsi de vous retrouver dans les encombrements circulatoires.

Les transports  

Le métro est très récent et réduit à deux misérables lignes et c’est bien dommage dans une ville ou les transports terrestres sont asphyxiés Néanmoins, les trains de banlieue sont extrêmement fréquents et modernes comparés à ceux de Chennai par exemple. A noter que les week-ends et jours fériés permettent de respirer davantage.

Mumbai dispose de grands trottoirs, de beaux espaces verts, de cafés et restaurants pour tous les goûts, d’un système de train efficace et d’un fourmillement de taxis. Uber y fonctionne bien et les quartiers du centre sont très internationaux et ne posent pas de soucis majeurs de sécurité alors allons-y !

Manger

Mumbai, c’est pratique, offre une diversité remarquable de bouibouis locaux mais aussi de cafés, petits restaurants et grandes adresses. Les meilleurs chefs s’y retrouvent. Les ravissants cafés ne dépareraient pas dans d’autres métropoles internationales.

Plus typique et original, les cafés iraniens Mondegar et Leopold Cafe sont particulièrement connus des touristes. L’attaque de 2008 a rendu tristement célèbre ce dernier. Dans une ambiance digne d’un bouillon parisien on y mange rapidement des plats efficaces. Chez Leopold un grand panneau explique que les Parsis, de religion Zoroastrienne, sont arrivés lorsque la Perse s’est convertie à l’Islam. Ces populations installées dès le VIIIème siècle se sont rapidement taillé une place prépondérante dans l’économie de la ville. En revanche, on qualifie d’Iraniens les émigrés du XIXème siècle.

Dans Kala Ghoda, ou à Colada on peut aussi s’arrêter dans un restaurant parsi. Ces restaurants familiaux offrent une cuisine tout à fait originale. Ils servent des boissons sucrées assez uniques. On y mange sur des nappes à carreau comme chez grand maman.

Magasinage

 On peut se régaler dans la boutiques haut de gamme ⁠et délirante comme Sabyasachi . On y pénètre comme dans un musée pour découvrir les 1001 trésors amoncelés. Plus galerie d’art que boutique, cet extraordinaire lieu mérite la visite.

Si vous voulez vraiment admirer les merveilles des couturiers indiens vous pouvez aussi arpenter Kala Ghoda. Vous y admirerez de nombreux créateurs, telle  Anita Gondre.

 Pour les budgets plus serrés, le Colaba Causeway avec son marché de rue et ses boutiques de chaine offre une bonne alternative. Linking Road ou Carter Road et les rues avoisinantes à Bandra sont également très prisées.

Tours guidés ou non ?

Je sais que beaucoup ne jurent que par les tours organisés, surtout en Inde. Les plus courus sont le tour des bidonvilles et les tours de ville gourmands. Personnellement l’idée d’aller visiter un bidonville dans une voiture rutilante et climatisée ne me parle pas. Quant à avoir un guide pour aller manger ou faire du shopping je ne suis pas fanatique. Par ailleurs, la difficulté à trouver un vrai guide, capable de dater précisément ou d’expliquer un mouvement architectural ou politique fait que je me débrouille en général avec les miens et les cartes interactives pour découvrir une ville. Klook ou Getyourguide sont une offense aux guides officiels, eux-mêmes pas toujours qualifiés ou compréhensibles. Surtout, l’Inde ne pose pas de problème de sécurité. Mieux vaut préparer son voyage soi même ou regarder ce que proposent les plateformes professionnelles, type Storytrail ou voicemap,.

Ouest du Sikkim

Aujourd’hui, je vous emmène dans l’Ouest du Sikkim, le domaine de la haute montagne et surtout des grands monastères tibétains. Je vous propose de suivre cette route de pèlerinage (à pied ou en voiture).

Pelling

On arrive dans l’ouest du Sikkim par la grosse ville du coin Geyzing pour monter. Pelling, consiste en une rue qui serpente le long de la montagne. Des hôtels la bordent avec une vue fantastique sur le Khangchendzonga. Déjà nombreux, ceux-ci se multiplient à une vitesse effarante pour faire face à la marée touristique.

Autour de Pelling

Les agences locales vantent un certain nombre d’excursions aux alentours. Cascades diverses et impressionnantes, pont suspendu Singshore, lac sacré Khechepheri (2 000 m), « lac où les vœux se réalisent ». Partout, des sentiers permettent de jouir des vues fantastiques. On vous fait également passer par le petit village de Darap habité par la communauté quasi autochtone des lImboos.

Néanmoins, le plus intéressant à Pelling réside dans les ruines de la ville de Rabandtse, Seconde capitale du Royaume du Sikkim au 17ème siècle. On y accède par le sanctuaire des oiseaux. On passe le long de cages abritant des spécimens multicolores puis on monte 10 mn le long d’un sentier forestier agréable pour déboucher sur un site au panorama extraordinaire. Car toute la région de Pelling rend hommage au majestueux Khangchendzonga. Il convient souvent de se lever avec le soleil pour l’admirer. Cependant, les sites sont grandioses même si le temps n’est pas toujours (souvent) clair. Des chortens imbriqués dans les structures palatiales attestent de liens étroits de la dynastie avec le bouddhisme.

Ces liens apparaissent un peu plus loin au monastère de de Pemayangtse . Fondé en 1705 à plus de 2000 mètres d’altitude, le « sanctuaire du sublime et parfait lotus » abrite des fresques et statues superbes dont celle de Padmasambhava, initiateur du bouddhisme tibétain .  La richesse du lieu tient au privilège des moines de Pemayangtse d’accomplir les cérémonies royales.

A voir dans Pelling

Les autorités ont récemment construit un « skywalk » destiné à devenir une attraction touristique. Il permet de rejoindre la grande statue du Chenrezig. Je ne cherche pas ici à éviter de m’acquitter du droit d’entrée mis il est dommage que la construction de la route terriblement pentue pour mener au skywalk ou du téléphérique occultent le véritable centre d’intérêt. En effet juste derrière les guichets, se niche un petit sentier. Il mène au monastère de Sanga Choeling, accroché au sommet d’une aiguille surplombant la région. Avant  la construction du téléphérique (qui part de l’ancien héliport) il fallait marcher. Une pente bien raide menait du stade de foot au monastère par une grimpette de 45mn. Mais quelle récompense à l’arrivée avec ce monastère paisible et sa vue somptueuse sur le Khangchendzonga.

Tashiding

Sur la route vers Yuksom, toujours dans l’Ouest du Sikkim, perché au sommet d’une colline, le monastère de Tashiding est l’un des plus sacrés du Sikkim. Une bonne montée à pied permet d’y accéder. Des drapeaux de prière longent le chemin et les escaliers. On débouche alors sur un hameau et une grille entrouverte qui donne accès à l’enclos sacré. C’était certainement un lieu déjà hautement religieux (Bön) avant l’introduction du bouddhisme dans la région.

Edifié en 1716, au sommet d’une colline, et entouré par plusieurs monastères importants et grottes sacrées, c’est un lieu de pèlerinage majeur. Il se trouverait à l’emplacement où, selon les textes bouddhiques, Padmasambhava (Guru Rimpoche), a béni la terre sacrée du Sikkim. Son enclos   de 41 chortens est unique. Parmi tous ces chortens (stupas locales) blancs, un grand reliquaire doré se détache ; il aurait le pouvoir de purifier l’âme du fidèle qui l’observe.

Yuksom

Le nom de la ville de Yuksom signifie « lieu de rencontre des trois lamas ». A 1700 m d’altitude,tout à l’Ouest du Sikkim, elle fut la toute première capitale, du Sikkim. C’est une petite ville à une rue, base pour les treks vers le parc du Khangchendzonga. Elle ressemble à une ville du far west.

 Cette rue principale bordée de troquets un peu miteux et de logements chez l’habitant des plus sommaires décrit une courbe pour monter vers le lac Kathok et sur la gauche un joli portail qui annonce le site ancien Norbugang. On y voit le trône du couronnement, un simple banc de pierre où eut lieu le couronnement du premier roi du Sikkim, désigné par trois moines. Autour de l’enclos historique, de petites maisons de bois donnent un charme bucolique seulement tempéré par l’abondance de sangsues.

La route principale rejoint la maison du parc du Khangchendzonga puis serpente. Si Yuksom se trouve près du camp de base, il n’y a pas de vue directe sur le plus haut sommet d’Inde. On peut quitter la route à deux reprises pour rejoindre par des sentiers pentus le monastère de Dub-di, le plus ancien du Sikkim. On l’atteint au bout d’un petit quart d’heure de montée. Toujours en activité, ce monastère sylvestre est d’un calme absolu. Ici aussi l’impression de bout du monde est totale.

Plus loin sur la route, un autre chemin monte vers le monastère de Hunghri. La montée est plus rude  (45mn) mais le paysage et le calme des lieux sont à la hauteur de l’effort.

Gangtok

Gangtok est la capitale actuelle du Sikkim.

Bâtie a flanc de montagne, elle serpente le long d’une grande rue qui s’élève de 1200 à 1700m. La circulation intense en bloque l’accès. Fait rare en Inde, un trottoir souvent couvert permet néanmoins de marcher. On peut alterner quelques découvertes à pied mais le gros de la visite se fait en voiture même pour les bons marcheurs en raison des distances et des montées.

La capitale du un ancien royaume

Capitale tardive du Royaume du Sikkim, Gangtok a conservé quelques bâtiments administratifs mais surtout de nombreux témoignages bouddhistes.

L’Institut tibétain permet de mieux comprendre la culture tibétaine et bouddhique. Le musée expose une collection donnée par la famille royale. On y découvre livres anciens, manuscrits sur le bouddhisme Mahayana, objets sacrés, superbes thangkas et statues. Réputé dans le monde entier, il est spécialisé dans les recherches sur les traditions, la langue et la religion tibétaine. Tout à côté, le Do Druk Chorten, permet de se familiariser avec chorten, moulins et drapeaux de prières.

Juste avant le musée et le monastère, le rope way ou télécabine relie au sommet de la ville. Des cabines, la vue sur la vallée et la ville est impressionnante.

– Le monastère d’Enchey, récent mais typique domine le Nord de Gangtok sur le chemin de Tsomgo Lake. Bien que datant de 1910 à la place d’un ermitage, il a beaucoup de charme et jouit d’une vue magnifique sur la chaine du Khangchendzonga.

Il fait bon marcher dans cette ville de montagne au charme résolument himalayen.

Devenue capitale du 22e état indien

Quelques temples hindouistes rappellent néanmoins que nous sommes bien en Inde. Ainsi le temple d’Hanuman, un peu à l’extérieur de la ville sur la route de Tsomgo lake. Référence à l’épisode où le dieu singe partit sur le monde Kailash, il est devenu un lieu de pèlerinage hindouiste très important.

Le temple de Ganesh (tok), plus petit, adopte un toit en pagode. Des drapeaux de prières le décorent.

Comme tout ville indienne, Gangtok témoigne d’une animation importante. Les vendeurs d’artisanat alternent avec les petits restaurants et cafés. A l’époque coloniale, des Népalais avaient été forcés de venir travailler dans les plantations. On les voit côtoyer des Limboos et Lepchas autochtones sur MG Margh, certainement l’une des avenues piétonnières les plus agréables d’Inde. Contrairement à beaucoup de villes du sous-continent Gangtok jouit d’une vraie zone commerciale piétonne. Des cafés ravissants et des restaurants excellents voisinent avec des établissements plus modestes et traditionnels. Les piétons arborent des tenues très occidentales, jeans et gilets noirs, loin des saris colorés du sud. Un vrai dépaysement que ces rues piétonnes, coquettes et peu bruyantes.

Peu bruyant également et peu odorant, mais coloré et bien fourni, le marché Lal propose ses étals dans un immeubles de 4 étages sans prétention. Bien qu’intérieur et sur plusieurs niveaux il n’ a rien d’un supermarché. Les stands proposent churpi (fromage de yak traditionnel impossible à mâcher), légumes appétissants, fruits issus de l’agriculture locale bio, épices ou accessoires de cuisine dans un cadre qui rappelle un peu les marchés de Trajan à Rome.

étal de churpi, le fromage de yak immangeable quand il est dur

Gangtok la porte de l’est du Sikkim

A la sortie de Gangtok, la nature prend le dessus avec de belles cascades et un panorama à couper le souffle. On l’admire notamment depuis Tashi Point. Puis la route continue vers Tsomgo lake et Nathu la Pass, à la frontière du Tibet. Elle suit l’antique chemin de la soie entre Chine et Inde, entre Lhassa et le Bengale. On y vendait du thé chinois, de la soie, des bijoux indiens et des chevaux. Au début du XXème siècle 80% du commerce entre les deux géants s’y faisait encore. Tout cessa avec les conflits frontaliers après 1962.

La route en lacets monte au travers des camps militaires et des petits villages himalayens. Car la frontière seulement réouverte depuis 2006 est extrêmement militarisée. Les paysages y sont extraordinaires. On passe des bambous, habitat privilégié du panda roux aux rhododendrons. Ils entourent le lac Tsomgo autour duquel on peut marcher et duquel part une télécabine. On triche ici pour atteindre 4000m sans grand effort. Au-delà de cette altitude, les paysages deviennent austères et dénués de végétation. Si le permis pour se rendre au lac est facile à obtenir, les étrangers ne peuvent pas dépasser ce point et se contentent de regarder la frontière à une dizaine de km et plus de 1000m d’altitude.

Martam

Lorsque le prestataire (excellent au demeurant, très à l’écoute et réactif) m’a proposé de passer quatre jours à Martam, cela m’a semblé un peu hors de propos. Mais, une fois n’est pas coutume, nous passions par une agence et nous avons accepté, tout en réduisant à deux jours ce séjour.

Et pourtant quel plaisir que ce tout petit village proche de Gangtok et du Bengale entièrement tourné autour de ses écoles

Un village école dans un cadre magnifique

Car si Martam compte moins de 800 familles recensées, l’activité tourne autour de son école publique et sa grosse école privée, annexe d’une institution prestigieuse dans la région. Historiquement, les colons mettaient leurs enfants en pensionnat dans des zones tempérées. Pas étonnant dès lors que les « hill stations »(villages d’altitude) aient vu se multiplier le nombre d’écoles privées huppées pour les enfants de la bourgeoisie de Calcutta, capitale du Raj, puis pour l’ensemble du pays.

Autour de l’école, les habitants proposent des chambres, aux touristes mais surtout aux petits écoliers, qui jouissent ainsi d’une sorte « d’internat externé » sur le modèle britannique.

A Martam, les enfants de l’école locale croisent ainsi ceux qui fréquentent l’école conventuelle renommée. On voit ainsi ces enfants majoritairement de familles hindoues, souvent ethniquement népalais, en uniforme anglais se rendre dans un bâtiment d’aspect bouddhiste tenu par des religieuses chrétiennes. Une forme de syncrétisme à l’indienne.

De magnifiques rencontres

Les habitants du village sont ainsi accoutumés à héberger des étrangers. Comme souvent au Sikkim, Certains homestay sont très basiques, d’autres plutôt haut de gamme. On trouve également des « retreat » en fait hôtels plus haut de gamme et des eco resort, villages vacances assez rustiques et très bruyants. On m’avait conseillé un B&B et pour une fois je vais ici en faire la promotion (sans aucun lien d’affiliation, juste parce que je partage un coup de cœur).

 Le Martam village homestay offre le des chambres spacieuses et impeccables. Surtout, la propriétaire promet une rencontre fascinante. Ancienne journaliste reconvertie dans l’hôtellerie après le covid, Yishey Doma a écrit de nombreux ouvrages sur le peuple et la terre de ses ancêtres. La rencontre avec cette dame passionnée et passionnante s’avère une vraie chance pour comprendre un peu mieux les traditions et les enjeux du peuple Lepcha.Yishey a écrit de magnifiques livres sur la terre de ses ancêtres, les légendes populaires.

Elle connait parfaitement la région et peut conseiller des balades, vers la rivière ou dans les villages environnants. C’est l’occasion de découvrir les magnifiques paysages de rizières, et de cultures en terrasses. Les villageois se montrent fiers de leurs cultures organique (le Sikkim se revendique 1er état à s’être entièrement converti au bio). C’est l’occasion de jolies rencontres mais aussi de repas chez l’habitant. Même moi qui me montre en général très sceptique face à l’authenticité, je suis restée épatée par l’expérience et les rencontres.

 Rumtek, terre d’exil du Dalai Lama

Martam permet également de découvrir la résidence du chef religieux de l’école Karmapa en exil en Inde. A quelques kilomètres du village, ce monastère du XVe siècle a été reconstruit en 1964. C’est le monastère le plus important de l’Himalaya oriental, et principal centre de formation des moines de la lignée Kagyu. Parmi les près de 200 bonzes, on voit de nombreux enfants destinés au monachisme.

Son importance stratégique explique la présence militaire. Celle-ci empêche de photographier une bonne partie des bâtiments. Néanmoins, on peut suivre des célébrations religieuses, très impressionnantes. On peut également monter voir le grand stupa doré, bien indiqué derrière le temple. Les festivités pour le nouvel an tibétain, Losar, y sont particulièrement réputées.