Ouest du Sikkim

Aujourd’hui, je vous emmène dans l’Ouest du Sikkim, le domaine de la haute montagne et surtout des grands monastères tibétains. Je vous propose de suivre cette route de pèlerinage (à pied ou en voiture).

Pelling

On arrive dans l’ouest du Sikkim par la grosse ville du coin Geyzing pour monter. Pelling, consiste en une rue qui serpente le long de la montagne. Des hôtels la bordent avec une vue fantastique sur le Khangchendzonga. Déjà nombreux, ceux-ci se multiplient à une vitesse effarante pour faire face à la marée touristique.

Autour de Pelling

Les agences locales vantent un certain nombre d’excursions aux alentours. Cascades diverses et impressionnantes, pont suspendu Singshore, lac sacré Khechepheri (2 000 m), « lac où les vœux se réalisent ». Partout, des sentiers permettent de jouir des vues fantastiques. On vous fait également passer par le petit village de Darap habité par la communauté quasi autochtone des lImboos.

Néanmoins, le plus intéressant à Pelling réside dans les ruines de la ville de Rabandtse, Seconde capitale du Royaume du Sikkim au 17ème siècle. On y accède par le sanctuaire des oiseaux. On passe le long de cages abritant des spécimens multicolores puis on monte 10 mn le long d’un sentier forestier agréable pour déboucher sur un site au panorama extraordinaire. Car toute la région de Pelling rend hommage au majestueux Khangchendzonga. Il convient souvent de se lever avec le soleil pour l’admirer. Cependant, les sites sont grandioses même si le temps n’est pas toujours (souvent) clair. Des chortens imbriqués dans les structures palatiales attestent de liens étroits de la dynastie avec le bouddhisme.

Ces liens apparaissent un peu plus loin au monastère de de Pemayangtse . Fondé en 1705 à plus de 2000 mètres d’altitude, le « sanctuaire du sublime et parfait lotus » abrite des fresques et statues superbes dont celle de Padmasambhava, initiateur du bouddhisme tibétain .  La richesse du lieu tient au privilège des moines de Pemayangtse d’accomplir les cérémonies royales.

A voir dans Pelling

Les autorités ont récemment construit un « skywalk » destiné à devenir une attraction touristique. Il permet de rejoindre la grande statue du Chenrezig. Je ne cherche pas ici à éviter de m’acquitter du droit d’entrée mis il est dommage que la construction de la route terriblement pentue pour mener au skywalk ou du téléphérique occultent le véritable centre d’intérêt. En effet juste derrière les guichets, se niche un petit sentier. Il mène au monastère de Sanga Choeling, accroché au sommet d’une aiguille surplombant la région. Avant  la construction du téléphérique (qui part de l’ancien héliport) il fallait marcher. Une pente bien raide menait du stade de foot au monastère par une grimpette de 45mn. Mais quelle récompense à l’arrivée avec ce monastère paisible et sa vue somptueuse sur le Khangchendzonga.

Tashiding

Sur la route vers Yuksom, toujours dans l’Ouest du Sikkim, perché au sommet d’une colline, le monastère de Tashiding est l’un des plus sacrés du Sikkim. Une bonne montée à pied permet d’y accéder. Des drapeaux de prière longent le chemin et les escaliers. On débouche alors sur un hameau et une grille entrouverte qui donne accès à l’enclos sacré. C’était certainement un lieu déjà hautement religieux (Bön) avant l’introduction du bouddhisme dans la région.

Edifié en 1716, au sommet d’une colline, et entouré par plusieurs monastères importants et grottes sacrées, c’est un lieu de pèlerinage majeur. Il se trouverait à l’emplacement où, selon les textes bouddhiques, Padmasambhava (Guru Rimpoche), a béni la terre sacrée du Sikkim. Son enclos   de 41 chortens est unique. Parmi tous ces chortens (stupas locales) blancs, un grand reliquaire doré se détache ; il aurait le pouvoir de purifier l’âme du fidèle qui l’observe.

Yuksom

Le nom de la ville de Yuksom signifie « lieu de rencontre des trois lamas ». A 1700 m d’altitude,tout à l’Ouest du Sikkim, elle fut la toute première capitale, du Sikkim. C’est une petite ville à une rue, base pour les treks vers le parc du Khangchendzonga. Elle ressemble à une ville du far west.

 Cette rue principale bordée de troquets un peu miteux et de logements chez l’habitant des plus sommaires décrit une courbe pour monter vers le lac Kathok et sur la gauche un joli portail qui annonce le site ancien Norbugang. On y voit le trône du couronnement, un simple banc de pierre où eut lieu le couronnement du premier roi du Sikkim, désigné par trois moines. Autour de l’enclos historique, de petites maisons de bois donnent un charme bucolique seulement tempéré par l’abondance de sangsues.

La route principale rejoint la maison du parc du Khangchendzonga puis serpente. Si Yuksom se trouve près du camp de base, il n’y a pas de vue directe sur le plus haut sommet d’Inde. On peut quitter la route à deux reprises pour rejoindre par des sentiers pentus le monastère de Dub-di, le plus ancien du Sikkim. On l’atteint au bout d’un petit quart d’heure de montée. Toujours en activité, ce monastère sylvestre est d’un calme absolu. Ici aussi l’impression de bout du monde est totale.

Plus loin sur la route, un autre chemin monte vers le monastère de Hunghri. La montée est plus rude  (45mn) mais le paysage et le calme des lieux sont à la hauteur de l’effort.

Martam

Lorsque le prestataire (excellent au demeurant, très à l’écoute et réactif) m’a proposé de passer quatre jours à Martam, cela m’a semblé un peu hors de propos. Mais, une fois n’est pas coutume, nous passions par une agence et nous avons accepté, tout en réduisant à deux jours ce séjour.

Et pourtant quel plaisir que ce tout petit village proche de Gangtok et du Bengale entièrement tourné autour de ses écoles

Un village école dans un cadre magnifique

Car si Martam compte moins de 800 familles recensées, l’activité tourne autour de son école publique et sa grosse école privée, annexe d’une institution prestigieuse dans la région. Historiquement, les colons mettaient leurs enfants en pensionnat dans des zones tempérées. Pas étonnant dès lors que les « hill stations »(villages d’altitude) aient vu se multiplier le nombre d’écoles privées huppées pour les enfants de la bourgeoisie de Calcutta, capitale du Raj, puis pour l’ensemble du pays.

Autour de l’école, les habitants proposent des chambres, aux touristes mais surtout aux petits écoliers, qui jouissent ainsi d’une sorte « d’internat externé » sur le modèle britannique.

A Martam, les enfants de l’école locale croisent ainsi ceux qui fréquentent l’école conventuelle renommée. On voit ainsi ces enfants majoritairement de familles hindoues, souvent ethniquement népalais, en uniforme anglais se rendre dans un bâtiment d’aspect bouddhiste tenu par des religieuses chrétiennes. Une forme de syncrétisme à l’indienne.

De magnifiques rencontres

Les habitants du village sont ainsi accoutumés à héberger des étrangers. Comme souvent au Sikkim, Certains homestay sont très basiques, d’autres plutôt haut de gamme. On trouve également des « retreat » en fait hôtels plus haut de gamme et des eco resort, villages vacances assez rustiques et très bruyants. On m’avait conseillé un B&B et pour une fois je vais ici en faire la promotion (sans aucun lien d’affiliation, juste parce que je partage un coup de cœur).

 Le Martam village homestay offre le des chambres spacieuses et impeccables. Surtout, la propriétaire promet une rencontre fascinante. Ancienne journaliste reconvertie dans l’hôtellerie après le covid, Yishey Doma a écrit de nombreux ouvrages sur le peuple et la terre de ses ancêtres. La rencontre avec cette dame passionnée et passionnante s’avère une vraie chance pour comprendre un peu mieux les traditions et les enjeux du peuple Lepcha.Yishey a écrit de magnifiques livres sur la terre de ses ancêtres, les légendes populaires.

Elle connait parfaitement la région et peut conseiller des balades, vers la rivière ou dans les villages environnants. C’est l’occasion de découvrir les magnifiques paysages de rizières, et de cultures en terrasses. Les villageois se montrent fiers de leurs cultures organique (le Sikkim se revendique 1er état à s’être entièrement converti au bio). C’est l’occasion de jolies rencontres mais aussi de repas chez l’habitant. Même moi qui me montre en général très sceptique face à l’authenticité, je suis restée épatée par l’expérience et les rencontres.

 Rumtek, terre d’exil du Dalai Lama

Martam permet également de découvrir la résidence du chef religieux de l’école Karmapa en exil en Inde. A quelques kilomètres du village, ce monastère du XVe siècle a été reconstruit en 1964. C’est le monastère le plus important de l’Himalaya oriental, et principal centre de formation des moines de la lignée Kagyu. Parmi les près de 200 bonzes, on voit de nombreux enfants destinés au monachisme.

Son importance stratégique explique la présence militaire. Celle-ci empêche de photographier une bonne partie des bâtiments. Néanmoins, on peut suivre des célébrations religieuses, très impressionnantes. On peut également monter voir le grand stupa doré, bien indiqué derrière le temple. Les festivités pour le nouvel an tibétain, Losar, y sont particulièrement réputées.