Le jardin de la Miséricorde,

Un paradis pour les plus démunis

C’est au cœur de la campagne, dans un magnifique jardin de manguiers, dit jardin de la Miséricorde, à 1h au sud de Chennai que le trust indien irudayan niketan a bati un ensemble de batiments pour accueillir des personnes exclues.. Cette entité est menée par Père Olivier, indien, et animée par des volontaires de toutes origines.

Aider les gens en détresse

L’idée a d’abord germé à Bangalore en 1992 puis au Tamil Nadu en 1997. Les installations se font au gré des rencontres et des besoins.
A Chengalpet, une maison de 3 filles volontaires et une autre à Chennai composée de 2 étudiants indiens et 3 volontaires,apportent aide et réconfort à des populations miséreuses. Ceux-ci survivent en effet sans eau courante et sans éducation. La maison vise à soutenir moralement les plus nécessiteux qui outre la misère souffrent de l’indifférence et de la solitude.

Le jardin de Miséricorde, lieu d’accueil pour les enfants des villages

 Au jardin, Père Olivier et Anne ont commencé par accueillir et suivre 14 enfants des villages avoisinants. Ce magnifique jardin de manguiers, est un lieu paisible et retiré, en pleine nature. Le jardin a aidé ces jeunes à suivre une scolarité en leur offrant  gîte, couvert et accompagnement. Les enfants, entre 8 et 12 ans, confiés par les parents ont pu terminer leur scolarité.

 Malheureusement, en 2014, la réglementation a changé et les enfants ont rejoint leurs familles. Certains n’ont pas pu mettre à profit ce qu’ils avaient appris. Ils sont été mariés et ont repris la terre de leurs pères. Neanmoins, Anne espère que leurs enfants profiteront  à leur tour de l’éducation recue par leurs parents. Certains s’en sont sortis , comme Angelie qui a refusé le mariage arrangé,s’est oppposé à sa famille pour faire des études. Elle va devenir infirmière et espère ainsi mieux servir sa communauté. Mais le prix à payer a été de racheter sa dette face à la famille qu’elle devait épouser.

Devenu lieu de reconstruction pour les exclus

Depuis 2014, faute d’enfants, le jardin de Miséricorde accueille des gens que personne ne veut. Ils viennent de toutes religions,de  toutes castes. C’est une sorte d’anti société indienne, composée d’exclus. Ceux-ci ont tous vécus des histoires dures,  et ont été rejetés par leurs familles.

Au jardin, leur rythme de vie très lent, Voire contemplatif. Comme le dit joliment Anne Le temps est un ami en Inde.  Ce qui  ne les empêche pas d’œuvrer pour les autres. C’est à la cuisine, au jardin,qu’ ils retrouvent dignité, sentiment d’utilité mais aussi sens de la communauté, essentiel pour ces personnes violemment rejetées du groupe. Néanmoins, face à la demande et au peu de place (14 résidents), des règles se sont imposées. Ainsi, les résidents expérimentent cette vie communautaire durant un mois avant d’obtenir une admission sur le long terme . L’éloignement, la tolérance, le mélange de castes peuvent, en effet, ne pas être bien perçus. Faute d’équipe médicale sur place, le jardin ne peut pas accueilir de grands malades.
Les résidents doivent avoir un référent. Ils versent une participation quand ils le peuvent pour les responsabiliser, 5000rp par mois. Malheureusement sur les 14 hôtes un seul reçoit un soutien financier et paye tous les mois. Certains prennent en charge juste les médicaments. On peut parainner 1 personne à la hauteur de 5000 rp par mois .

Une vie de pauvreté et de dignité au Jardin de la Miséricorde

Chaque résident a une mission notamment à la cuisine. Car  l’alimentation se trouve au centre de la vie indienne. C’est un synonyme de  vie, une forme d’accueil. La cuisine crée une unité, renforce les relations et redonne une dignité à ceux qui y travaillent. Au jardin de la Miséricorde, les résidents mangent des produits naturels et sains, surtout du riz et des produits de la terre. Ceci crée une unité alimentaire et relationnelle. Les résidents et volontaires s’occupent du quotidien. Ménage, décoration, entretien, cuisine . Seul l’entretien et la récolte des manguiers sont laissés aux leasers qui récupèrent les fruits. L’idée est de réapprendre le quotidien à des gens qui ont parfois tout perdu. Cette école de la vie est parfois dure. Par exemple, il n’y a de l’eau que 3 fois par semaine à 4h du matin et il faut se réveiller pour la stocker.

La salle à manger est aussi un lieu de réunion pour jouer aux cartes, se retrouver, échanger. Plus loin se trouvent les bâtiments des hommes et, très séparés, ceux des femmes. Père Olivier assume la responsabilité et la gestion des lieux. Un manager salarié s’occupe de l’aspect administratif . Anne s’occupe des autres volontaires internationaux et des femmes.

L’équipe compte 3 permanents et une petite équipe de volontaires, qui outre Anne, résident dans Chennai, dans le quartier pauvre et bruyant de Chengalpet, et viennent se resourcer au jardin de la Miséricorde une fois par semaine.

Pauline, Anthony, Gavin, Elsa, Roy, ces malheureux qui ont retrouvé le goût de la vie.

Elsa et Ramesh ont trouvé une famille

A 35 ans,  Elsa est la plus jeune des résidents du jardin. Sa mère, francaise,  est morte quand elle avait 8 ans. Atteinte petite de poliomélithe, elle se déplace en fauteuil roulant. Elle a passé son enfance de foyers en foyers. Recueillie au jardin il y a 10 ans, elle a retrouvé une famille, et le sourire. Elle utililise sa bonne connaissance de l’anglais pour faire du soutien scolaire. Avant le covid elle avait un petit magasin de fournitures scolaires et rêve de le retrouver. En attendant, elle se  sent aimée et utile. Elle cuisine le dimanche .Elle retrouve sa dignité en aidant et peut vivre de manière quasi automome.

Ramesh errait dans les rue de Chennai. Blessé , presque fou, il a été recueilli au jardin de la Miséricorde. Ce pêcheur de poissons , violent, rejeté par sa femme et ses filles, a beaucoup changé  en cinq ans.Sa colère remonte à son enfance quand son père l’a ébouillanté pour le punir de faire l’école buissonière. Depuis, ses pieds sont deux énormes plaies. Au jardin, il s’est apaisé et a trouvé le bonheur de se faire appeler « appa »(père). Ce rapport familial lui apporte beaucoup de paix.

Pauline et Anthony et le problème nouveau des personnes âgées

Pauline vient de Bombay où elle enseignait. Elle est veuve et sa fille qui doit vivre avec ses beaux parents ne peut pas s’occuper d’elle. Desespérée d’avoir perdu son mari, elle ne supportait plus la solitude de sa chambrette dans le village. Ce, d’autant plus qu’après une opération ratée de la cataracte elle perd la vue. Sa fille inquiète de la voir sombrer dans la solitude et la dépression a entendu parler du Jardin et a demandé de l’aide. En arrivant au jardin elle s’est définit comme un cœur brisé. Pourtant, elle a repris espoir au jardin de la Miséricorde,. En voyant le travail des volontaires auprès d’autres « coeurs en mille morceaux », la vieille dame s’est mise elle aussi à aider. Elle parle bien anglais et offre des cours de soutien aux enfants du village.

Anthony lui a été chassé de la maison par sa fille lorsqu’il est parti à la retraite . Sa femme a des problèmes psychiques et son autre fille s’en occupe. Malheureusement, personne ne veut plus gérer le vieux monsieur depuis qu’il est à la retraite. Avec lui se pose une nouvelle problématique, celle des personnes âgées de plus en plus abandonnées par leurs familles.

Gavin souffre de diabète. Il a une blessure permanente. On lui a confié la mission d’aller chercher des medicaments. Cette armoire à glace a été rejetée par sa famille en raison de sa violence. Au jardin de la Miséricorde, il a retrouvé un sens.

Le neuveu d Anthony vient aider. C’est un volontaire indien de 35 ans.

Roy et Sylvester, de vrais défis pour la communauté

Roy anglo indien de 50 ans est déficient mentalement. Il vivait avec son père mais à la mort de celui du fait du COVID il a été abusé par le chauffeur. Ses frères en Australie l’ont fait rentrer au jardin de la Miséricorde. Cependant, sa sœur voudrait le prendre en Australie. Ce projet est très concret ce qui n’est pas toujours le cas. En effet, toutes les familles n’ont pas les moyens ou ne sont simplement plus là. Pourtant, le jardin ne veut pas devenir un lieu définitif pour ces malheureux mais un lieu de passage et de reconstruction.

Sylvester lépreux de basse caste a posé un réel defi pour le partage de sa chambre. Il a été difficile de le faire accepter car en Inde les léproseries restent cloisonnées et les lépreux effrayent. En effet, cette maladie reste liée à la pauvreté, au manque d’hygiène et à la dénutrition. Il a perdu sa femme et sa fille.Il souffre toujours mais adore jardiner. S’occuper des espaces verts a redonné un sens à sa vie.

Le défi est que le jardin ne soit pas un lieu definitif. Elsa pourrait peut être avoir une vie, une indépendance financière mais elle a besoin de la communauté. Tout comme Pauline. Mais le jardin de la Miséricorden’est pas un hôpital, ni une institution et ne peut être qu’un lieu temporaire plus ou moins long, un lieu de réinsertion sociale . Pour aider ce jardin à survivre, vous pouvez vous y rendre le temps d’un week-end ou contacter directement l’un des bénévoles.



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