Visiter Chandigarh

Visiter Chandigarh oblige à aller au-delà du Capitole et de la simple déambulation. Les rues larges et longues se succèdent sans intérêt particulier.  Les guides insistent sur la découverte du secteur 17. Il apparait comme le cœur palpitant de l’activité commerciale. Je parle ici de Neelam Piazza. En dehors des petites fontaines musicales je n’ai rien trouvé de bien excitant dans ce quartier néanmoins. On n’est pas non plus à Dubaï !! La vie semble se concentrer dans les cafés et restaurants bien sympathiques et abondants en l’occurrence. En revanche, les multiples parcs et musées méritent la visite.

mosaiques Rock Gdn Chandigarh

Espaces verts et parcs

La ville abonde en espaces verts, rond points, jardins de quartiers ou arbres plantés le long des rues. Pourtant, 4 grandes zones vertes méritent de visiter Chandigarh.

Le Rock Garden

Selon Internet,’il émane du projet un peu fou d’un seul homme, Nek Chand.  Pendant 18 ans ce fonctionnaire se serait livré dan le plus grand mystère à l’érection de cet énorme jardin. Son concepteur rêvait d’un jardin des dieux. Commencé en 1958, il n’aurait été « découvert » et ouvert au public qu’en 1976.

Chandigarh Rock Garden

 Pourtant, si vous visitez cet énorme parc vous vous interrogerez sur ce projet. Comment un seul homme peut il avoir tout fait ? La foi peut certes déplacer des montagnes. Mais de là à déplacer des blocs de béton nuitamment, il y a un pas…de géant. On a aussi du mal à envisager qu’un tel projet n’ait été vu par personne. Certes la ville était en chantier et le lieu un peu reculé. Néanmoins il a fallu charrier des tonnes de déblais, des montagnes de chutes de béton, ou de céramiques. Dans un pays où toute personne voit sa vie disséquée et colportée on a du mal à concevoir que la construction de ce gigantesque jardin soit passée sous les radars. Ceux de l’administration centrale éventuellement, pour le reste je vous laisse juge.

entrée rock garden Chandigarh

En la matière la lecture du livre de mon amie Anuradha Uberoi m’a donné quelques clés.

Le musée de poupées

rock Garden Chandigarh

Quoiqu’il en soit, le jardin est hallucinant et vaut vraiment d’y consacrer une demi-journée. cette sorte de capharnaüm céramique en hommage aux divinités indiennes et à la diversité du pays n’est pas sans rappeler l’oeuvre de Gaudi à Barcelone. Il vaut aussi la peine de parachever la découverte de ce lieu improbable avec le musée de poupées.

Celui ci fut terminé en 2017 par le fils de Nek Chand. Ces pantins de toiles récupérées racontent l’histoire familiale des déportés du Punjab occidental. On voit leur arrivée dans une Inde inconnue et étrangère. Emouvant et drolatique, ce petit musée s’ouvre sur un énorme espace. Les enfants y jouent à la balançoire pendant que les singes se balancent eux sur les poubelles. Une sorte de palais des mille et une nuit du Facteur Eléphant.

musée de spoupées Chandigarh

Le rose garden dans la vallée verte,

Zakir Hussain Rose Garden. A priori je n’étais pas venue à Chandigarh pour y admirer des roses fanées. Mais l’honnêteté m’oblige à reconnaitre que la roseraie est magnifique. Ses plus de 1500 variétés constituent un lieu bien agréable. Ce Jardin gratuit s’ouvre dans le prolongement de la vallée verte, une coulée verdoyante au cœur de la ville.

roseraie Chandigarh

Le lac Sukhna

Là encore, la lecture d’internet ne me donnait guère envie de m’aventurer sur les berges de ce lac artificiel.. Et pourtant, c’est un joli lieu très populaire le soir. Il offre une balade bien agréable et fraiche.

Lac Sukhna Chandigarh

Punjab University

Bâtiment jeanneret, université Punjab, chandigarh

Les grandes universités indiennes s’inspirent de leurs grandes sœurs britanniques. Leurs pavillons de savoir s’éparpillent dans de grands parcs aux abords de la ville. L’université du Punjab ne fait pas exception à la règle. Cette université est connue et prestigieuse en Inde, notamment en ingénierie, IT et médecine. Elle complète bien ct article visiter Chandigarh. Quelques bâtiments attirent l’amateur d’architecture. Ainsi la bibliothèque et surtout le Gandhi Bhavan considéré comme le chef d’œuvre de Pierre Jeanneret. Celui-ci ressort comme le grand artisan de la ville.

bibliothèque musée du Punjab

Les Musées à visiter à Chandigarh

1/maison Jeanneret

escalier maison Jeanneret Chandigarh

La maison s’attache à l’homme, très apprécié localement, et à la qualité de son œuvre. Modèles, articles s’insèrent dans la maison meublée avec ces meubles simples et fonctionnels qui l’ont rendu célèbre. Ses maisons, petits collectifs, son travail à l’université rappellent son sens de la symétrie et de l’harmonie. Mais on voit aussi les énormes contraintes budgétaires auxquelles il du faire face. On comprend à quel point l’homme aimait l’Inde au point de faire disperser ses cendres dans le lac Subka. Ainsi ses maisons empruntent autant au fonctionnalisme occidental qu’aux détails de la vie indienne.

maison Jeanneret Chandigarh

2/ Le centre Corbusier

 Ces énormes hangars conçus comme ateliers temporaires pendant la construction de la ville se sont mués en musée. La correspondance expose les décisions de Corbusier, ses échanges avec la tête de l’Etat indien. Des photographies illustrent la naissance de la ville et la genèse des grands bâtiments. Une école d’art et un petit café dans le jardin complètent la visite. Ce musée épatant donne la mesure du caractère et de l’ego démesuré du grand architecte.

chaises Jeanneret

3/ Le musée d’état

chapiteau Bouddha, musée Chandigarh

Ce musée permet de visiter une structure corbuséenne. Amateur de brutalisme vous allez vous régaler. C‘est l’un des 3 seuls musées conçus dans le monde par Corbusier avec Tokyo et Ahmenabad. Pour les autres, les collections extraordinaires de miniatures mogholes et de sculptures Greco bouddhistes devraient vous emballer.  Car ce musée doit sa renommée à son impressionnante collection de 627 sculptures de Gandhara. Beaucoup se trouvent au musée Guimet à Paris. Les Bouddha apparaissent dans une fusion de styles indien et gréco romain durant la période Kushan. On peut aussi y admirer des peintures Pahari, sikhs, mogholes et rajasthani miniatures. Ces magnifiques collections proviennent de Lahore et ont été divisées en deux au moment de la partition. Attention simplement, la billetterie ferme à 16h30.

Musée Chandigarh

4/ le Musée d’architecture

Ce petit musée insiste sur les différentes phases de construction de la ville. Pour moi, il est indispensable pour qui veut visiter et comprendre Chandigarh. On y découvre la vision de Nehru, puis la réflexion de Mayer et Novicki. Ces architectes des origines s’inspiraient du mouvement des cités jardins .

On y voit comment l’équipe initiale, américaine, s’est vue remplacée en pleine guerre froide. Un plan orthogonal a remplacé le plan en éventail plus souple et plus humain. Les Européens menés par Corbusier ont alors développé une idée certes visionnaire mais aussi jusqu’au boutiste. Elle a été portée sur le terrain par le couple Maxwell Fry/ Jane Drew et Pierre Jeanneret. Ce dernier, entièrement dédié au projet, y a consacré sa carrière et sa vie personnelle. On y comprend mieux l’aspect visionnaire de la ville. Le projet prévoyait le développement automobile, l’importance de l’ écologie mais aussi le pragmatisme du mobilier.

entrée musée d'architecture Chandigarh

Une approche passionnante de la construction de la ville

On y apprend surtout le rôle fondamental de Pierre Jeanneret. Le musée expose d’ailleurs les fameuses chaises et canapés alliant simplicité, fonctionnalité et indianité avec le rotin. On y découvre aussi l’extraordinaire contribution de Maxwell Fry et de son épouse Jane Drew. Conscients du risque de se faire écraser par Corbusier, le couple britannique ne resta que 3 ans. Mais, il marqua de son empreinte la ville.  J’ai particulièrement été sensible à Jane Drew spécialiste de l’architecture tropicale et de la formation de jeunes. Une fois de plus le livre de mon amie Anu s’est révélé une bible en la matière.

modèle chaise Jeanneret

 Dans le même parc, l’Ecole d’Art et d’Architecture date de 1950-1965. Corbusier a conçu l’extérieur en brique, moins noble et moins onéreuse que le béton brut réservé au complexe du Capitole. Ateliers et salles de classes s’articulent autour de cours intérieures.

musée d'architecture Chandigarh

Ernakulam

Cet article sur Ernakulam s’adresse à tous ceux qui restent plus d’une demi-journée dans la ville et qui veulent explorer ses environs. En effet, j’avais déjà évoqué dans un premier article les incontournables de la ville coloniale avec son Palais et le quartier juif. Dans un second article, je me suis intéressée à Fort Cochin et autour du Fort. Il est temps maintenant de déborder du quartier historique et de s’intéresser à tout ce qui fait le charme de cette énorme métropole.

Il est temps maintenant de déborder du quartier historique et de s’intéresser à tout ce qui fait le charme de cette énorme métropole.

Ernakulam correspond à la bande de terre continentale agglomérée aux vieux quartiers de Fort Cochin, sis sur une presqu’ile lagunaire. Moins touristique, cette zone abrite les bâtiments administratifs, universités, centres commerciaux. C’est aussi un grand quartier marchand. On y trouve donc sans surprise de grands temples, comme celui de Shiva et des marchés bien fournis. Globalement, si l’on veut passer une journée à Ernakulam, voici des idées de balades :

Marchés supermarchés et temples

 Le temple de Shiva non loin de l’embarcadère impressionne pour la ferveur de ses fidèles. Il faut s’y rendre le matin ou le soir pour profiter des célébrations colorées. On peut y accéder par le Durbar, un bâtiment colonial dont le nom évoque la cour royale. Tout autour, se pressent de petits restaurants végétariens.

temple de Shiva Ernakulam

Entre le débarcadère et le métro, Market road la bien nommée regroupe une grande partie des petits commerces. Les ruelles adjacentes donnent des airs de souk à ce quartier extrêmement animé. Certainement plus populaire mais aussi plus authentique que Fort Cochin, Ernakulam abonde en marchés et magasins très bien achalandés.

Le marché aux légumes n’est plus que l’ombre de ce qu’il était. La végétation luxuriante du Kerala permet en effet de se régaler de fruits et légumes en avance par rapport au Tamil Nadu. En revanche, les ruelles commerçantes continuent à offrir toutes sortes de marchandises bon marché et organisées par spécialités. le quartier abrite une communauté musulmane et s’endort le vendredi lorsque les fidèles se rendent dans les différentes mosquées.

La Promenade

Le long de la lagune, elle s’étend entre le débarcadère de ferries pour Fort Cochin et le quartier commerçant de Market Road. Les jardins joliment dessinés donnent des allures européennes à ce long ruban vert très apprécié par les locaux en soirée et le week-end. De là, on peut se diriger vers le ferry qui dessert Fort Cochin. On peut également se rendre vers le métro et au-delà vers la ville moderne. Sans charme, cette partie de Ernakulam fait penser aux villes d’extrême orient par son animation, ses grands et petits commerces, et même, chose rare dans le sud, ses gigantesques grands magasins comme le Lulu mall, un must pour ceux qui arrivent de Chennai en manque d’hypermarché.

Par le métro, on atteint la gare (Ernakulam Junction) mais aussi le quartier plutôt huppé d’Aluva. De la station de métro, des autobus flambant neufs permettent de relier l’aéroport au-delà des embouteillages. Ce quartier résidentiel, s’étend le long de la rivière Periyar et offre de jolies vues sur les berges et les ponts.

Aluva, les bords de la rivière Periyar

fresque Kochi es a feeling

Musée du folklore

Il se situe au sud du quartier Thevara, à la pointe de la bande de terre que constitue Ernakulam. Bien que privé, ce musée du folklore offre une foultitude d’objets à découvrir, voire à acheter, on s’y perd un peu. C’est un peu chaotique mais tellement fourni, que l’on y trouve toujours son bonheur.

Musée du folklore

Le musée lui-même est une recréation architecturale à partir de maisons traditionnelles en bois. Sa structure avec ses toits quasi en pagode emblématiques du Kerala, et ses décorations, valent la visite. Des petits panneaux permettent de se repérer à minima.

marionettes au musée du folklore Ernakulam

Sortis de cet étonnant capharnaüm, on peut se faire conduire en tuk tuk un peu plus au nord vers la promenade ou carrément les plages ou les lagunes.

tablette de cuivre ancienne musée Folklore

Plus au nord d’Ernakulam

C’est aussi depuis Ernakulam que l’on accède à la zone des plages. Attention néanmoins à la foule des fins de semaine et à l’extrême chaleur. La longue bande de terre qui fait face à la mer accueille d’immenses plages dont certaines sont considérées comme parmi les plus belles du pays. Parmi celles-ci, Cherai Beach.

Sur la ligne de métro, Il existe encore une foultitude de musées et galeries selon les gouts de chacun. Parmi ceux-ci s’imposent le musée du Kerala et le Hill Palace.

Enfin, les quartiers nord desservis par la ligne de métro ouvrent sur les backwaters. Cette zone lagunaire est souvent plus à l’intérieur des terres que du côté d’Allepey et offre de merveilleux paysages.

poster de Jesus sur les murs de Cochin

Sikkim bis

Pour faire suite à mon article justifiant un voyage au Sikkim, me revoilà avec quelques précisions sur la région. C’était un royaume indépendant jusqu’ à son annexion par l’Inde en 1975. Il est alors devenu le 22ème état de l’Union alors même qu’il subissait des poussées migratoires de la part des Tibétains eux-mêmes annexés par la Chine. Ce rapide survol historique permet de comprendre pourquoi bien qu’indienne, la région tranche par rapport au reste du pays.

S’équiper

Malgré ces mouvements politiques, le Sikkim a su conserver son calme paisible, ses populations autochtones et ses fantastiques paysages. C’est une région plus égalitaire que le reste du pays avec moins de misère absolue mais partout une vraie pauvreté. La vie y est dure à l’écart des villes et du modernisme. N’y attendez pas le haut débit, le confort absolu partout. Certains homestay ne disposent pas de draps. La plupart des maisons n’ont pas de chauffage malgré des hivers rudes. Et l’eau chaude est sporadique hors des grandes chaines hôtelières. Il vaut mieux venir préparé et vous équiper de sac à viande, bonnets, pulls, savon entre autres.

Circuler au Sikkim

Circuler n’est pas bien facile. Les taxis et voitures avec chauffeur locales sont incontournables. Ils sont seuls habilités et capables de rouler sur ces terrains dangereux. En outre, ils sont pour la plupart tout à fait excellents et sont seuls à connaitre les règles de la conduite en très haute montagne. Le choix se fait entre taxis collectifs ou privés. Des jeeps attendent que les 10 places soient occupées avant de partir. Les voitures avec chauffeurs sont en général des SUV en bon état et les taxis locaux de petites Suzuki.

Sur les routes, il faut souvent avoir le cœur accroché, entre les ravins, les écroulements de roche et toujours s’attendre au pire, ralentissement, éboulement, disparition de la route emportée par un torrent soudain ou un bloc de montagne.

4 régions pour 1 Etat

Le Sikkim se partage entre 4 régions. L’est se déploie autour de la capitale de l’état, Gangtok et de la frontière « sino-tibétaine ». Il faut des permis pour le Sikkim en général mais aussi pour des zones précises comme le lac Tsomgo. Nathula pass est quant à lui interdit aux étrangers car la frontière reste sensible.

Le sud tourne autour de de la capitale culturelle Namchi et des lieux religieux. Ainsi Ravangla avec son énorme bouddha parc. Il faut aimer le concept flambant neuf orienté vers le tourisme local. Pour autant, le lieu n’est pas inintéressant en ce qu’il explique tout l’itinéraire du Bouddha et du bouddhisme.

A l’ouest, on est dans le domaine de la montagne avec des villes d’altitude comme Pelling et Yuksom. Les rares routes sont en général bonnes lorsqu’ elles existent. En effet les glissements de terrain abondent et les routes se transforment facilement en torrents ou en carrières à ciel ouvert. En général, il faut doubler les temps de route estimés.

 Le nord, la plus grande zone du Sikkim, domaine de la haute montagne, est largement vide et peu carrossable. Les routes relient uniquement Lachen et Lachung. Elles sont fermées une grande partie de l’année. Ces 2 villages ne sont accessibles qu’en période touristique.

Un état tibétain au sein de l’union indienne

A la frontière de plusieurs Etats, le Sikkim occupe un emplacement stratégique voire disputé. Assez pour être fortement militarisé, en tous cas sur sa frontière sino- tibétaine. Toute la région orientale fait l’objet d’un contrôle par l’armée. Les camps militaires se succèdent et la BRO (border road organisation) fait en sorte que les routes restent impeccables pour faciliter le déploiement des chars. De ce fait il est plus aisé de monter au Nathula pass à près de 5000m que de pratiquer les routes plus occidentales.

Cet ancien royaume à la croisée du Népal, du Tibet et du Bhoutan, enserré par les chaînes montagneuses, a vécu dans la quiétude du bouddhisme tibétain du XVIIème au milieu du XXème siècle. Religion née en Inde, migrée en Asie du Sud-est puis venue au Sikkim via le Tibet, le Bouddhisme reste lié au Royaume. Celui-ci a vu prospérer les différentes écoles tibétaines.

Loin des temples hindous habituels en Inde, les routes du Sikkim se bordent de drapeaux de prière.

moulins de prières

Les Lung-ta consistent en de petits tissus colorés, accrochés les uns aux autres, sur lesquels sont inscrits les mantras. Les dar chog sont des grandes bannières verticales de tissu, avec des inscriptions de textes sacrés. Ils s’accrochent à de très hauts mâts dans les sites religieux. Bercés par le vent, ils diffusent les prières. Dans les monastères, on trouve également des moulins à prières. En tournant, les prières sacrées, enfermées à l’intérieur, s’envolent. Le paysage religieux abonde également en pierres de Mani.

Drapeaux dar chog verticaux

Clerkenwell

Clerkenwell est un superbe quartier peu connu des touristes. Il regorge d’églises anciennes et de petits oasis cachés.  Ce quartier autrefois en bordure de ville a vu s’épanouir des fondations monastiques puis a accueilli les populations pauvres de la ville.

Clerkenwell, entre marchés et monastères

On accède aux trésors de Clerkenwell par le métro Barbican au sud ou Angel au Nord.

On y découvre de nombreuses constructions religieuses, monastères, hopitaux et églises, mais aussi des marchés d’origine médiévale.

Des Chartreux au marché à la viande

Ainsi, au sortir du Métro Barbican, se dresse le Couvent des Chartreux. Le Carthusian anglais provient du ordo cartusiensis fondé par Saint Bruno dans notre massif de la Chartreuse. Fondée en 1370, la maison est aujourd’hui occupée par des personnes âgées modestes. Derrière le portail majestueux, les pensionnaires sont heureux de faire visiter leur antique demeure et notamment la magnifique salle. https://thecharterhouse.org/

Tout près, s’étend l’immense marché à la viande « Smithfield Market ». La construction victorienne perpétue une tradition médiévale. Pour autant, le marché médiéval installé au 17e siècle sur un lieu de vente de bétail, de foires médiévales et de joutes, est aujourd’hui en partie désaffecté. Dans la belle construction victorienne, le musée de Londres compte se réinstaller.https://www.museumoflondon.org.uk/about-us/our-organisation/west-smithfield

Hôpital et Marché aux vêtements

Au Sud de ce marché, l’Hôpital Saint Barthélémy tient son nom de la petite église du même nom. Cet hôpital fondé au XIIe s est le plus ancien de Londres, il a remplacé le monastère des Augustins. On distingue l’église derrière la grande façade classique de l’institution. Celle-ci abrite également un musée riche en tableaux et connu pour son escalier peint par Hogarth. Plus connu (et plus amusant) dans ses scènes de genre, Hogarth a longtemps essayé de percer en tant que peintre d’histoire et ces toiles en sont un des meilleurs exemples.https://bartsheritage.org.uk/museum-and-history/visit-the-museum/hogarth-stair/.

Sur la même place, un passage sous une jolie maison à colombage mène à l’une des merveilles du quartier. L’église Saint Barthélémy le Grand, l’une de plus anciennes constructions de la capitale, a conservé sa superbe façade à damier. L’adjectif « grand » la distingue de la petite église de l’hôpital devenue paroissiale. Un cimetière aux allures de jardin secret l’entoure. Cloth fair, la rue qui le longe au Nord rappelle l’emplacement du marché aux textiles, lieu d’échange fondamental au Moyen-Age. Nous nous trouvons ici au cœur de la ville médiévale entre bâtiments monastiques et marché. Certaines des maisons sont, parait-il, le splus anciennes de la ville.

D’ailleurs, juste au Nord du marché, se trouvent les rares vestiges de la grande maison d’Ely, qui nous rappelle l’importance de cet évêché. Il s’agit de la petite église Saint Etheldra’s, de Ely Place et de la venelle vers la jolie taverne Ye olde Mitre.

Pub Ye olde Mitre

Vers le Prieuré de l’Ordre de Malte

En remontant encore vers le Nord de Clerkenwell Road, une curieuse porte médiévale nous rappelle la présence du Monastère Saint Jean de Jerusalem dont le cloitre et les bâtiments monastiques s’élèvent sur la place Saint Jean, toute proche. Devenu Ordre de Malte, lors de son repli de Terre Sainte, le Prieuré s’enrichit jusqu’à couvrir une bonne partie du quartier actuel. La ruelle Jerusalem au Nord de cette place mène ensuite à la place principale du quartier de Clerkenwell. https://museumstjohn.org.uk/

Du quartier pauvre à la gentrification

De manière amusante, l’ambiance change du tout au tout à ce niveau de la balade. On quitte le charme médiéval des vestiges monastiques pour aborder des lieux marqués par la naissance des mouvements ouvriers.

Un  petit crochet le long de Farringdon avenue nous permet d’apercevoir derrière une vitre sale le puit qui a donné son nom au quartier. C’est ce puit (well) que les officiants de l’église voisine (clerks) venaient honorer au moment du printemps.

Penseurs, philanthropes et syndicalistes

Sur la place en longueur, la bibliothèque à la porte rouge abrite les archives du syndicalisme. Karl Marx y a séjourné et fréquenté les bars alentour. https://www.marx-memorial-library.org.uk/

La Bibliothèque K Marx, Clerkenwell Green

 Lénine, lors de son exil britannique, fréquentait également les pubs de la place. C’est d’ailleurs ici qu’a débuté le premier défilé du 1er mai 1890. Elle reste donc un lieu de départ pour les manifestations et défilés. Ce qui était un quartier très pauvre est en voie de gentrification. Des bureaux et appartements de standing se multiplient, profitant des jardins et de l’espace de ce quartier.

Immeuble Art Déco sur Saffran Hill

En contournant l’église st Jacques et le jardin, on longe une cité ouvrière et encore une école, fondée par le philanthrope Hugh Myddleton. Puis on atteint un complexe de logements modernes à l’emplacement d’une prison détruite par des membres de l’IRA.

 On rejoint alors le jardin spa au milieu des immeubles disgracieux reconstruits après les bombardements de GM2 et on parvient sur Exmouth Street où les petits restaurants et cafés proposent de quoi se restaurer. C’est une halte très plaisante avant de terminer la promenade.

De l’adduction d’eau dans la capitale

On peut alors ou retourner vers Barbican ou rejoindre le métro Angel en passant par les jolies places géorgiennes Myddleton et Claremont au-delà des réservoirs. Ces 2 grands bassins entourés d’herbe alimentant la capitale et le nom de Myddleton évoqué devant l’école puis sur la place rappellent le rôle de l’eau dans la capitale. Ce riche marchand de laine construisit au 17e s un canal nommé « New river » pour alimenter Londres en eau potable. Je vous proposerai prochainement une balade le long de ce canal.

Celle-ci se termine donc à l’angle animé du métro Angel, ancienne porte de sortie de Londres mais aussi lieu de toutes les débauches. Assagi, embourgeoisé, le carrefour reste néanmoins un lieu animé et très plaisant.

Mes Marches à Londres

Voici une nouvelle rubrique pour vous proposer mes Marches à Londres et autour de la capitale britannique. En général, je pars pour une dizaine de kilomètres, parfois plus.

L’idée n’est pas de répéter les endroits insolites listés par les nombreux blogs mais de partager mes balades préférées. Cette rubrique ne peut pas intéresser ceux qui n’aiment pas marcher ou qui veulent prendre leur temps pour flâner ou magasiner. Elle n’intéresse pas non plus ceux qui habitant Londres recherchent juste une adresse pour aller prendre un thé ou passer une petite heure. Pour ceux-ci, il existe de nombreux   blogs regroupant les sites insolites comme le musée des transports, la serre du Barbican ou le sky Garden.

http://www.lespetitesjoiesdelavielondonienne.com/10-adresses-insolites-londres/

 Ou https://www.befrenchie.fr/visite-insolite-londres/

Les sources de mes Marches à Londres

Pour mes promenades, je m’inspire souvent des ouvrages et visites de Andrew Duncan et des excellents petits guides « walking London »  par Stephen Millar dans la collection Metro. https://metropublications.com/collections/metro-guides

 Une foultitude de ressources en ligne me servent de référence dont les magnifiques promenades proposées par la RATP locale, la TFL https://tfl.gov.uk/modes/walking

Je m’inspire des tours et coups de cœur personnels ainsi que des visites guidées . Et je pimente le tout d’articles lus dans la presse britannique. Enfin, je recours aux suggestions d’amis blue badge (les guides officiels de Londres). Je tiens ici notamment à remercier mon amie Florence Clarke pour ses précieux conseils et échanges.

Ici, je ne cherche pas à concurrencer les excellents guides de musées ou de ville ou les musées eux-mêmes qui regorgent d’informations précieuses sur leurs sites. J’essaye juste de partager mes envies et belles surprises hors de la foule et des lieux archi connus. Mes promenades s’attachent à des quartiers moins connus, pas forcément centraux et pas toujours folichons a priori. Certaines marches sont courtes (Harrow peut se parcourir en 1h) d’autres peuvent durer la journée (Hampstead) selon votre propension à marcher vite, flâner vous arrêter pour un café etc…

Des Marches à Londres pour Français

Comme je reste envers et contre tout conférencière française, l’idée est de regrouper des marches offrant un attrait culturel, architectural ou historique pour les Francophones. Contrairement aux sites ou guides traduits, mes références sont donc en lien avec l’histoire et les connaissances hexagonales.

 En bref, Mon but est de pimenter les fins de semaine en partant de points desservis par le métro. Je ne prends pas en considération le bus sujet à changements et travaux, ni la voiture trop difficile à garer dans la région londonienne. Vous ne trouverez pas non plus de conseils de haltes gastronomiques pour éviter toute déception due à une fermeture, une baisse de qualité ou des goûts différents. Mais je peux proposer des lieux où se désaltérer/ grignoter

Enseignes et autres décors étranges pour ponctuer les balades

Le long de ces marches vous rencontrerez des éléments insolites pour nous hexagonaux, ainsi que des petits trésors, parfois jalousement cachés. Qu’il s’agisse d’enseignes, de statues, de mobilier urbain ou de plaques chacun raconte une histoire et nous aide à mieux aimer Londres.

De la même manière, au risque de paraitre benêt, nous aimons bien photographier les cabines de téléphones, autobus à impérial, boite aux lettres si typiquement britanniques. Alors pourquoi ne pas inclure aussi dans ces promenades la jolie borne, l’enseigne originale ?

Les plaques, si londoniennes

Car, les plaques abondent à Londres. Notamment les plaques bleues rondes en céramique émanant de English Heritage, l’équivalent de nos Monuments Nationaux. Depuis 1866, cette organisation nationale a apposé pas moins de 950 plaques sur les murs ou monuments de Londres. Elles commémorent la naissance, ou le simple passage de personnalités. Elles apparaissent d’ailleurs comme un des symboles de la capitale britannique. A tel point que le English Heritage leur consacre un site : https://www.english-heritage.org.uk/visit/blue-plaques/about-blue-plaques/. De nombreux articles et tours leur sont consacrés et elles constituent un véritable objet d’adoration.

Pourtant vous risquez d’être surpris par la prolifération d’autres plaques. On en trouve par exemple des marron pour l’Art Society, des vertes lorsqu’elles émanent des quartiers de Westminster et Islington. La société des Transports, elle, appose des plaques rouges.

La corporation de Londres quant à elle, commémore des lieux disparus ou des personnages célèbres par des plaques bleu plus foncé et carrées. On l’aura compris, la chasse à la plaque est un sport typiquement londonien et il occupe beaucoup. Bien entendu, toutes les plaques ne nous concernent pas nous les Français. Et si je pointe allégrement celles portant sur nos célébrités, je passerai en revanche sous silence celles qui rappellent le séjour éclair d’un présentateur de la BBC des années soixante ou d’un poète intraduisible et donc quasi inconnu en nos contrées.

Voici donc résumé le propos de ces pages : marches, découvertes et jolis moments. Il ne vous reste qu’à chausser vos sneakers ou trainers pour me suivre !