Tanjore, Temple et Palais

Tanjore, aujourd’hui Tanjavur a été la capitale de la brillante dynastie des Cholas.

Vimana, temple de Tanjavur

Cette dynastie s est particlièrement illustrée dans l’architecture, la peinture de fresques et la statuaire de bronze. ,Les mounments de Tanjore témoignent de ce Moyen-Age  fastueux (11e12e siècles). En effet, un remarquable temple, un palais maintes fois reconstruits, de rares vestiges de fresques et des bronzes exceptionnels attestent de la brillante dynastie Chola.

Les Cholas sont à juste titre connus pour leurs fresques

Plus éloignée des centres touristiques, Tanjore se révèle plus typiquement indienne. Peu d’hôtels dignes de ce nom, des restaurants très locaux, une population peu habituée aux occidentaux, bienvenue au cœur du Tamil Nadu !

 Le temple de Brihadishvara

le temple de Brihadishvara  s’élève fièrement au centre de la ville.

Fierté des pelerins au Temple de Tanjore

 Pour y parvenir, il convient de contourner la gare routière et un marché pour pélerins. On parvient alors à l’enceinte du monument. Celui-ci est caractéristique de l’architecture Chola, au même titre que Mahabalipuram. Devant l’enclos du temple se trouvent les lettres de la ville pour les fous de selfies. Une fois la première Gopuram dépassée, on peut déposer ses chaussures au stand dévolu à cet effet. On s’engage alors sous une Gopuram magnifiquement sculptée. On accède ensuite à un immense espace vert avec en son centre un Nandi géant tourné vers le temple. Une Vimana, sorte de tour, domine le sanctuaire. il s’agit de la.plus haute d’Inde. Un monolithe de 80 tonnes la couronne. Sur les murs, de petites effigies de Nandi, le véhicule de Shiva appellent à la grandeur du Dieu Shiva mais aussi de la dynastie Chola.

Nandi

 Monumentalité et magnificence se conjuguent ici dans le sanctuaire mais aussi dans l’enxemble de l’enclos religieux parsemé de mandapams et entouré d’un couloir abrité entièrement peint de fresques. Une excellente visite  existe en ligne, avec un plan du temple.

En pratique, vous pouvez venir et revenir admirer le temple à différentes heures, vous le découvrirez chaque fois sous un jour différent. Au lever du jour, à l’heure d’affluence des fidèles, il peut s’avérer impossible de rentrer dans le sanctuaire. Néanmoins la lumière naissante permet d’apprécier les peintures entourant le temple. A la nuit tombée, les peintures ne sont plus visibles mais la Vimana éclairée resplandit et la visite devient émouvante.

Lingam et fresques , temple de Tanjore

Le Palais de Tanjore

De l’autre côté de la vieille ville, l’enclos du Palais s’ouvre sur une première cour.

Ganesh, bronze Chola, Musée de Tanjore

Il date en fait de l’époque des Nayaks, dynastie régnante sur la région aux 17 et 19e siècles. On débouche sur la bibliothèque à la célèbre collection de livres rares. Parmi ceux-ci,deux vitrines exposent de précieuses feuilles de palmes, plus ancien témoignages dravidiens écrits.

Au-delà de cette cour, les salles du Palais royal de Tanjore encadrent une  deuxième cour.. Le musée ne vaut pas forcément le coup avec sa collection hétéroclyte d’objets du début du siècle ou de tessons plus anciens,. En revanche, la salle du trône  (Durbar Hall) en impose. Avec ses stucs colorés, Le labyrinthe de colonnes ne vaut pas celui de Madurai mais la décoration reste très belle.

Salle du trône, Durbar Hall, Tanjore

Néanmoins, il ne faut surtout pas manquer la seconde partie du palais, au-delà de la bibliothèque. Ici à l’ombre de la tour de l’horloge, se situe le musée de Tanjore célèbre pour sa collection de bronzes Cholas. Il s’agit de la deuxième plus belle collection après celle du musée de Chennai. Si la muséographie et la conservation font pitié, les pièces à la cire perdue sont d’une finesse remarquable. Le panthéon hindou y est figuré dans cette technique antique qui permet une fantastique subtilité créative. Les plus anciennes remontent au 9e siècle, tout comme la statuaire de pierre exposée dans la cour du musée.

Shiva dansant, Bronze Chola, Musée de Tanjore

Sur la route de Tanjore

un des nombreux temples de Darasuram

« Les grands temples vivants » correspondent à trois grands temples. Ces temples sont dits « vivants » car  bien que classes patrimoine de l’Unesco ils restent en activité. Outre Tanjore, le temple de Brihadisvara de Gangaikondacholisvaram reste à l’écart des chemins touristiques. Cependant les sculptures y sont exceptionnelles. Plus facilement accessible, car sur la route de Pondichery, le temple d’Airavatesvara de Darasuram propulse le visiteur dans le monde des Cholas. Sous le’œil bienveillant d’un clergé prêt à échanger accueil contre obole, ce superbe lieu dans une ville chargée d’histoire et de monuments religieux, permet de rentrer quasi dans le saint des saints. On y admire de merveilleuses sculptures au son des célébrations.

Mandapam, Temple Darasuram

Silence des Palais du Chettinad

Les Palais du Chettinad  constituent un patrimoine d’exception dans une petite région étonnante.

Située entre Tanjore et Madurai, cette zone agricole offre la particularité d’être couverte de palais civils. Ils datent tous de la fin du 19e, début du 20e. Ainsi, ils remontent à l’occupation britannique. A l’époque coloniale en effet, de riches commercants au service de la couronne anglaise s’enrichirent. Pour prendre le frais durant les saisons chaudes, ils s’éloignaient de la côte et faisaient construire dans l’arrière pays de somptueuses demeures. Tombés à l abandon apres le départ des Anglais, certains de ces palais commencent à être renovés.

Diversité et modèle des Palais du Chettinad

La communauté tamoule des Chettiars était réputée dans le monde colonial du commerce, et de la banque. Ils firent fortune  sous l’Empire Britannique  dans le sud de l’Asie, ce, jusqu’à l’indépendance de l’Inde.

Chaque famille faisait construire son palais et rivalisait avec ses voisins à qui serait le plus richement orné. Depuis l’Indépendance, la plupart de ces palais ont été abandonnés. Les villages se succèdent donc avec leurs rues bordées de demeures magnifiques mais très souvent inhabitées et en ruine. Du coup, il n’est pas toujours aisé de visiter ces petits châteaux urbains. Sur les 96 villages initiaux,près de 20 ont d’ailleurs pratiquement disparu.

Quoique tous differents, les Palais du Chettinad obéissent à un plan a peu pres identique. Rectangulaires, ils sont bâtis autour d’une voire plusieurs cours. Si les modèles de base se ressemblent, les détails architecturaux confèrent leur originalité à chacun d’entre eux. La structure emprunte plutôt au vocabulaire classique. En revanche, les décors juxtaposent sans vergogne ogives médiévales, cours orientales, meubles orientaux, objets européens.

On accède dans quasi chaque maison par une terrasse couverte où les maîtres de maison pouvaient recevoir leurs invités. Celle-ci est en effet couverte pour l’ombre mais l’air y circule aisément.Vient ensuite la salle de réception. Selon l’opulence des propriétaires, cette cour va du simple ou grandiose. On peut ainsi y admirer photos de famille ou fresques, piliers peints, mosaiques orientales, ou miroirs et lustres itallien.

On pénètre ensuite dans la partie plus intime de ces palais du Chettinad. Autour de la cour, d’énormes piliers en bois de teck (pour les plus riches) ou en pierres sculptées. Souvent des grillages protègent le patio des singes. Tout autour, des portes cachent des coffre forts. Chaque couple y entreposait les richesses recues lors des noces. Les chambres se situent, elles, au premier étage.

Entrée du Saratha Vila

Les autres pièces du fond, plus petites et sombres,  étaient réservées aux femmes et aux domestiques.

Que visiter, ou s’arrêter

La plupart des sites et guides évoquent la ville la plus importante, Karaikudi,  un peu active mais sans grand intérêt. Pour le reste, la région semble s’être arrêtée au 19ème siècle quand les riches marchands Chettiars construisaient ces étonnantes demeures, mi-indiennes mi-occidentales, symboles de leur réussite dans les affaires. On dénombre plus de 10 000 palais sur 1550 km2.

Chettinad permet de visiter le musée et le palais, certainement le bâtiment le plus accessible de la région.

Trois villages connus voient s’arrêter les visiteurs: Pallathur, Athangudi et Kanadukathan. Il est malheureusement quasi impossible de visiter l’intérieur des demeures dans ces villages. Témoins d’une ancienne richesse, ils tombent en lambeaux.

Le mieux pour visiter un palais du Chettinad est de commencer par un hotel  tel  lakhshmi House à Chidambaram.

Ce village accueille des tournages de film. Avec un peu de chance, l’équipe vous laissera rentrer dans les décors du film et parcourir de fond en comble une de ces merveilles architecturales. Faute de quoi, vos pouvez tenter d’amadouer un des charmants villageois en exprimant votre admiration architecturale.

Dormir ou manger dans un de ces palais peut aussi permettre de mieux comprendre les beautés de la région. A ce titre Saratha vila, restauré avec  soin et raffinement par un couple de français passionnés offre une halte fantastique.

La réussite de cette restauration exemplaire semble faire des émules dans une région délaissée par ses habitants historiques. Ce même si les familles reviennent souvent au pays pour fêter les mariages et autres grandes fêtes.

Outre les belles bâtisses, la région abonde en temples et en sanctuaires anciens dont certains rupestres dominant les rizières. Pour se donner l’impression de voir vraiment des palais du Chettinad, mieux vaut prendre un chauffeur et préparer a minima son circuit, en utilisant des sites spécialisés. ou

Enfin, ce blog  recense les temples et monuments autour de Pudukkottai.

Pour clore ce petit tour des palais du Chettinad, silencieux car abandonnés ou en tournage, la région doit également son renom à sa cuisine.

Mysore, la ville des Palais

Mysore, ville des palais, allie le charme des villes du sud de l’Inde et l’histoire et le raffinement des villes du Nord marquées par la période Moghole. Elle mérite de s’y arrêter pour profiter de la cité elle-même mais aussi de ses environs. Du coup, je vous propose un premier article sur la ville et un second sur ses environs.

Le Palais de Mysore

Splendeur du Palais de Mysore

L’un des charmes de Mysore réside en effet dans ses palais. L’histoire des maharadjas et de toute la mythologie occidentale qui y est liée s’apprécie ici. Pourtant, la plupart de ces palais sont récents. L’occupant britannique dans sa mansuétude a reconnu les potentats locaux en leur accordant des demeures mirifiques comme pour mieux se jouer de leur pouvoir réel. Quoiqu’il en soit Mysore compte au moins 3 palais dignes de ce nom et de nombreuses maisons palatiales.

Entrée du Palais Royal de Mysore

Le plus connu, le Palais de Mysore est une énorme pâtisserie kitsch. Il s’illumine de mille ampoules les soirs de la semaine le temps d’un son et lumières très sonore. Le dimanche à 19h30, toutes les lumières se mettent à briller. Dans la journée, les salles officielles se visitent pieds nus, ainsi que différents temples à l’intérieur de cet énorme complexe fréquenté par des hordes de touristes.

Le Palais de Mysore illuminé

Sur les hauteurs de la colline Chamundi, la villa Rajendra, palais réservé aux visiteurs du roi de Mysore, Krishnaraja Wodeyar IV, abrite aujourd’hui un hôtel. Son architecture s’inspirerait de la cathédrale St. Paul’s de Londres. Construit en 1921, il appartenait au vice-roi des Indes.

Palais Musée Jahangar

La famille royale, a fait don à la ville d’autres palais. Ainsi, le Palais Jahangar, à l’architecture sobre abrite des collections artistiques. Les amateurs d’art à l’occidental peuvent passer leur chemin. Pour ceux qui tiendraient vraiment à visiter les lieux cependant,  il ne faut pas manquer la guitoune à l’entrée. Elle fait office de billetterie. On accède aux galeries par la verrière au fond du jardin à droite.

le dernier Maharadja de Mysore

Le premier grand salon expose des œuvres horlogères. Quant à la grande collection de portraits, elle révèle combien dès la fin du XVIIIe l’européanisation s’exerçait autant dans les mœurs, l’économie que dans les arts. Des portraits de dignitaires locaux posant à la manière anglaise côtoient des profils moghols agrandis. Des portraits de groupe juxtaposent maladroitement des jambes et torses sur lesquels ont été posés des visages, visiblement par des artistes différents. Les perspectives sommaires, attestent de l’intérêt porté à l’art européen par des artistes locaux.

De jolies fresques ornent néanmoins les murs du second étage.

Le Palais Lalita

Le Lalita Palace, Mysore, des allures de Capitole

Plus au sud de la ville, le Palais Lalita reste impressionnant. Son architecture n’est pas sans rappeler le capitole de Washington ou tout autre grand bâtiment néo colonial anglais. Les salons ont gardé un charme désuet. Dommage néanmoins que l’hôtel vive sur son précieux passé et ne songe guère à se moderniser. La tasse de thé et le biscuit digestif offert en contrepartie de 100 roupies pour compléter le tour d’horizon pourraient gagner en classe. On se voit bien profiter d’un véritable et « so british » afternoon tea dans un lieu pareil.  

Salon du Lalita Palace

Outre ces Palais, de très belles maisons se découvrent au hasard des avenues plantées. On peut citer le Green Hotel une jolie demeure coloniale entourée d’un vaste jardin dans le quartier de l’université. Au fond du hall de cet hôtel vieillot au charme colonial, se niche une ravissante pâtisserie.

Jolie halte à la pâtisserie du Green Hotel

Mysore, une ville pensée

En dehors du marché, très animé et typique des villes indiennes, Mysore jouit d’un urbanisme incomparable dans le sud. Car elle n’a pas poussé au gré des exodes, comme bon nombre d’autres villes. Au contraire les larges avenues aérées, les rond points et les perspectives attestent d’une véritable pensée urbanistique. En d’autres termes Mysore a été dessinée avant d’exister.

On sent certes la patte anglaise, dans le plan et les nombreux espaces verts, les édifices blancs et symétriques. Mais la présence moghole compte certainement beaucoup dans la création de cette véritable cité jardin. Le plan s’est d’ailleurs d’autant plus imposé ici qu’il a fallu tenir compte de la géographie des lieux. En l’occurrence de nombreux lacs et collines parsèment cette ravissante cite verte.

Mysore, cité jardin

Car si les grandes avenues donnent un aspect aéré rarissime en Inde, la profusion des jardins, parcs et arbres rajoutent au dépaysement. Alors Mysore ville jardin, ou ville Palais ?

Première salle du Palais Royale de mysore