Jaipur bis

Je continue ainsi ma série d’articles sur Jaipur en évoquant ici les lieux bis indiqués par des guides papier, les blogs ou les accompagnateurs de voyage. Ces lieux sont souvent recommandés mais pas toujours indispensables selon moi. Plus encore que d’habitude, cet article m’est très personnel.

Je me base ici sur les lectures suivies lors de ma découverte de Jaipur mais aussi sur une visite guidée organisée en amont il y a quelques années. Pour faire simple, je vous indique ce que je n’ai pas forcément adoré.

Pour commencer, je ne vous recommande pas le tuk tuk. La ville est trop poussiéreuse pour cela. Et encore moins le rickshaw humain. Dans la vieille ville, vous pouvez vraiment marcher pour mieux découvrir. 

Le City Palace

 Je le sais je fais ici ma mauvaise tête. Je ne suis absolument pas d’accord avec les sites qui recommandent la visite du City Palace. La cherté du billet n’est, selon moi, absolument pas à la hauteur de l’intérêt de la visite.

 Pour tout dire, moi que ne suis pas une grande « magasineuse », la partie que j’ai préférée est l’atelier, autrement dit la boutique, magnifique il est vrai. Pour être honnête, on voit quand même dans le Palais un impressionnant durbar. Cette salle du trône est décorée des portraits hilarants des maharajas. Ces tableaux ne sont pas sans évoquer ceux des Qajars de la Perse voisine à la même époque. Il s’agit de portraits sur le modèle européen. Les dignitaires y posent de profil ou de face avec tous leurs atours. Mais l’originalité repose sur le mélange de photographie et de peinture.

Dans la même veine, le Diwan-i-Khas, zone d’audiences privées des maharajas accueille deux immenses jarres d’argent de 345kg chacune. Elles servaient à transporter l’eau sacrée du Gange, la seule ingérée par les monarques. Ces Gangajelies accompagnèrent le Maharaja jusqu’en Angleterre en 1902 pour l’intronisation du roi Edward VII en 1902. Chaque jarre pourrait contenir 4 100 litres d’eau.

Enfin, un pavillon au centre de la seconde cour expose des textiles magnifiques.

Construit sous l’impulsion du Maharaja Jai Singh II, fondateur de la cité, le complexe de palais est superbement ornementé, avec des piliers ouvragés. En fait, il s’agit de deux palais, Chandra Mahal et Mubarak Mahal. Le palais est encore habité par la famille royale. Le Maharaja de Jaipur est toujours le chef du clan Rajputs Kachwaha . Ses appartements sont visitables moyennant un billet onéreux même pour un porte-monnaie européen (4000rp).

Mais il y a tellement d’autres choses à voir à Jaipur que le City Palace ne me parait vraiment pas la visite à prioriser lors d’une première découverte de la ville.

Des bazars

Autre déception, bien personnelle, le Bapu Bazar. Si vous aimez l’ambiance souk et les odeurs, vous pouvez vous perdre dans les galeries. Sinon les kilomètres de bracelets ou de kurtas sont à peu près les mêmes que dans toute autre ville indienne. Avec peut être un bon point sur la passementerie assez remarquable je l’avoue.  Parmi les autres bazars à découvrir se trouvent Johari Bazaar, Tripolia Bazaar ou Chandpol. A vous de voir s’ils vous inspirent.

Jal Mahal palais du lac

Construit sur le lac Mansagar, ce palais combine les architectures moghole et rajpute. Jal (eau) Mahal (Palais) donne l‘illusion de flotter sur l’eau au milieu du lac Man Sagar. Il fut édifié par le Maharaja Madho Singh I comme pavillon d’été pour les chasseurs de canards. On ne peut y accéder et on se contente de l’admirer de loin ou de caboter autour. Pour les amateurs de photos, il vaut mieux s’y rendre en tout début ou toute fin de journée pour éviter qu’il ne soit écrasé de soleil. En revanche, ne vous attendez pas à visiter les lieux.

Le temple des singes

à 10 km de Jaipur, le temple de Galtaji est un lieu de  pèlerinage. Il se constitue de plusieurs temples édifiés dans une crevasse des collines de Jaipur. Une source y jaillit, remplissant une demi-douzaine de kunds ou réservoirs sacrés.

L’abondance des singes a donné le surnom de « temple des singes » à ce sanctuaire dédié sans surprise à…Hanuman. Il faut gravir la colline pour s’y rendre mais la vue sur Jaipur se mérite. Et le chemin est très beau dans la campagne et parsemé de templounets peints et décorés.

Je vous concède qu’il faut avoir envie de marcher sous la chaleur et de se frotter aux singes, trop souvent agressifs mais aussi aux locaux aux pratiques touristiques un tantinet agressives elles aussi.

Rajasthan

Le Rajasthan constitue le plus grand état indien . Avec 342 239 km2, il dépasse en taille l’Italie. Situé au nord-ouest du pays, il a pour capitale Jaipur.

Triangle d’or

C’est d’ailleurs en général par la ville rose que l’on aborde cet Etat, qualifié de « Terre des Rois ». La grande majorité des voyageurs venant d’Europe se cantonnent en effet au triangle d’or. Partis de New Delhi, ils se rendent au célébrissime Taj Mahal, à Agra. Ils complètent cette boucle haute en couleur, et en population à Jaipur. Ils traversent au passage trois Etats, celui de Delhi, puis l’Uttar Pradesh, le plus peuplé et l’un des plus pauvre à Agra pour enfin chatouiller le Rajasthan à Jaipur (4M d’hab). C’est dommage car l’Etat a tellement plus à offrir. Le désert du Thar s’étend à l’Ouest avec ses magnifiques forteresses, dont Jaisalmer. Mais il offre aussi des villes princières comme Udaipur ou Jodhpur et d’extraordinaires temples.

Cerise sur le gâteau, une fois éloigné des gros centres de Delhi et Agra, les villes sont à taille humaine, les paysages deviennent plus doux et surtout la population locale est adorable.

Certes les sites sont éloignés les uns des autres et il n’est pas forcément facile d’en voir beaucoup lorsque l’on vient de l’autre bout de la planète. Cependant, si vous n’adorez pas la foule et que vous recherchez le dépaysement, la question de vite fuir New Delhi pour passer plus de temps à découvrir cet état peut se poser.

Province d’histoire

Le Rajasthan résulte d’un regroupement des États princiers Rajputs. Ceux-ci connurent leur apogée entre les VIII et XIIèmes siècles.

 Dans l’histoire, cette terre a vu passer les grands Empires et Royaumes mais aussi nombre d’envahisseurs des Huns aux Moghols puis aux Britanniques. Malgré les vagues migratoires, la population reste marquée par la tradition. Ainsi les femmes portent toujours des voiles colorés sur le visage, les festivals ont gardé leurs couleurs. Les villages apportent un véritable dépaysement et sont particulièrement photogéniques avec leur population aux vêtements très vifs abrité du violent soleil de ces contrées quasi désertiques.

C’est aussi la terre des Maharajas et donc de merveilleuses demeures construites à l’époque moghole. Pour résumer le Rajasthan correspond à l’image rêvée d’une Inde fantasmée. Outre les palais, la région regorge de temples animés et de villes ravissantes et à l’identité forte. Jaipur, rose et caractérisée par ses nombreux palais, n’a rien à voir avec la blanche Udaipur construite autour de 5 lacs artificiels. Quant à Jodhpur, dominée par sa puissante forteresse perchée sur un piton, elle est un modèle de conservation patrimoniale et d’organisation touristique.

Rajasthan pratique

Le Rajasthan est un état en grande partie désertique. Il y fait donc très chaud et sec. Il se compose de deux parties très distinctes :

  • au nord-ouest, s’étend le désert du Thar bordé par la frontière du Pakistan.
  • au sud-est, la fertile vallée de la Chambal, beaucoup plus peuplée, séparée du désert par la chaîne des Ârâvalli, qui borde la ville de Jodhpur. C’est dans cette chaine que se forment les quelques rivières alimentées par la mousson estivale.

Se loger

Le Rajasthan déjà remarqué par l’Unesco à de nombreuses reprises est un modèle de développement touristique.

Dès lors il est facile et souvent bon marché de trouver de beaux hébergements, aussi bien dans des palais que des maisons traditionnelles, les Haveli. Vue la qualité de certaines de ces demeures, je ne vous conseillerais pas les hôtels de chaine.

Venir et se déplacer au Rajasthan 

Le train ne relie pas toutes les villes. Le bus peut être pratique mais un peu folklorique. L’avion dessert plusieurs villes. A Udaipur, l’aéroport est petit et se trouve à 1 bonne heure du centre-ville. En revanche, il est proche du centre de Jodhpur et pratique. Quant à celui de Jaipur il est plus grand avec de jolies boutiques (rien à voir avec le somptueux terminal de Hyderabad néanmoins) et dessert relativement bien le pays. Une voiture avec chauffeur permet de s’arrêter dans les villages et temples mais l’état des routes implique de longues heures de voyage. Vos arrêts dicteront en fait votre moyen de locomotion. Il s’agira d’arbitrer entre votre volonté de visiter plusieurs villes ou de découvrir la campagne et les sites.

Palais de Mysore

Mysore, ville des palais, allie le charme des villes du sud de l’Inde et l’histoire et le raffinement des villes du Nord marquées par la période Moghole. Elle mérite de s’y arrêter pour profiter de la cité elle-même mais aussi de ses environs. Du coup, je vous propose un premier article sur la ville et un second sur ses environs.

Le Palais de Mysore

Splendeur du Palais de Mysore

L’un des charmes de Mysore réside en effet dans ses palais. L’histoire des maharadjas et de toute la mythologie occidentale qui y est liée s’apprécie ici. Pourtant, la plupart de ces palais sont récents. L’occupant britannique dans sa mansuétude a reconnu les potentats locaux en leur accordant des demeures mirifiques comme pour mieux se jouer de leur pouvoir réel. Quoiqu’il en soit Mysore compte au moins 3 palais dignes de ce nom et de nombreuses maisons palatiales.

Entrée du Palais Royal de Mysore

Le plus connu, le Palais de Mysore est une énorme pâtisserie kitsch. Il s’illumine de mille ampoules les soirs de la semaine le temps d’un son et lumières très sonore. Le dimanche à 19h30, toutes les lumières se mettent à briller. Dans la journée, les salles officielles se visitent pieds nus, ainsi que différents temples à l’intérieur de cet énorme complexe fréquenté par des hordes de touristes.

Le Palais de Mysore illuminé

Sur les hauteurs de la colline Chamundi, la villa Rajendra, palais réservé aux visiteurs du roi de Mysore, Krishnaraja Wodeyar IV, abrite aujourd’hui un hôtel. Son architecture s’inspirerait de la cathédrale St. Paul’s de Londres. Construit en 1921, il appartenait au vice-roi des Indes.

Palais Musée Jahangar

La famille royale, a fait don à la ville d’autres palais. Ainsi, le Palais Jahangar, à l’architecture sobre abrite des collections artistiques. Les amateurs d’art à l’occidental peuvent passer leur chemin. Pour ceux qui tiendraient vraiment à visiter les lieux cependant,  il ne faut pas manquer la guitoune à l’entrée. Elle fait office de billetterie. On accède aux galeries par la verrière au fond du jardin à droite.

le dernier Maharadja de Mysore

Le premier grand salon expose des œuvres horlogères. Quant à la grande collection de portraits, elle révèle combien dès la fin du XVIIIe l’européanisation s’exerçait autant dans les mœurs, l’économie que dans les arts. Des portraits de dignitaires locaux posant à la manière anglaise côtoient des profils moghols agrandis. Des portraits de groupe juxtaposent maladroitement des jambes et torses sur lesquels ont été posés des visages, visiblement par des artistes différents. Les perspectives sommaires, attestent de l’intérêt porté à l’art européen par des artistes locaux.

De jolies fresques ornent néanmoins les murs du second étage.

Le Palais Lalita

Le Lalita Palace, Mysore, des allures de Capitole

Plus au sud de la ville, le Palais Lalita reste impressionnant. Son architecture n’est pas sans rappeler le capitole de Washington ou tout autre grand bâtiment néo colonial anglais. Les salons ont gardé un charme désuet. Dommage néanmoins que l’hôtel vive sur son précieux passé et ne songe guère à se moderniser. La tasse de thé et le biscuit digestif offert en contrepartie de 100 roupies pour compléter le tour d’horizon pourraient gagner en classe. On se voit bien profiter d’un véritable et « so british » afternoon tea dans un lieu pareil.  

Salon du Lalita Palace

Outre ces Palais, de très belles maisons se découvrent au hasard des avenues plantées. On peut citer le Green Hotel une jolie demeure coloniale entourée d’un vaste jardin dans le quartier de l’université. Au fond du hall de cet hôtel vieillot au charme colonial, se niche une ravissante pâtisserie.

Jolie halte à la pâtisserie du Green Hotel

Mysore, une ville pensée

En dehors du marché, très animé et typique des villes indiennes, Mysore jouit d’un urbanisme incomparable dans le sud. Car elle n’a pas poussé au gré des exodes, comme bon nombre d’autres villes. Au contraire les larges avenues aérées, les rond points et les perspectives attestent d’une véritable pensée urbanistique. En d’autres termes Mysore a été dessinée avant d’exister.

On sent certes la patte anglaise, dans le plan et les nombreux espaces verts, les édifices blancs et symétriques. Mais la présence moghole compte certainement beaucoup dans la création de cette véritable cité jardin. Le plan s’est d’ailleurs d’autant plus imposé ici qu’il a fallu tenir compte de la géographie des lieux. En l’occurrence de nombreux lacs et collines parsèment cette ravissante cite verte.

Mysore, cité jardin

Car si les grandes avenues donnent un aspect aéré rarissime en Inde, la profusion des jardins, parcs et arbres rajoutent au dépaysement. Alors Mysore ville jardin, ou ville Palais ?

Première salle du Palais Royale de mysore