Udaipur

Les incontournables d’Udaipur

Il n’est pas forcément facile de se rendre à Udaipur et c’est bien dommage car la ville est splendide. Alors, voici les immanquables à mon sens. Si vous n’avez que quelques jours à disposition et que vous voulez vérifier sur place les belles images de Octopussy, ce James Bond un brin vieillot des années 1970, voici quelques idées.

C’est une ville relativement récente, fondée au XVIème siècle. Elle conserve son esprit musulman. Relativement petite selon les standards indiens, (600 000 hab), vous pouvez vous passer de guide et de chauffeur. Vous vous concentrerez dans un premier temps sur la vieille ville et les bords du lac Pichola.

Le fantastique Palais, incontournable d’Udaipur.

Il faut compter près de 3 heures le temps de déambuler dans les salles du City Palace. Même si vous esquivez l’armurerie, pourtant admirablement présentée ce qui en Inde est suffisamment rare pour être souligné, le palais  de la dynastie Mewar est énorme.

On commence par l’aile consacrée aux hommes avec ses salles aux murs incrustés de pierres semi précieuses, ou de miroirs et de verres colorés, grande spécialité locale. Les pièces s’articulent autour de tours aux admirables points de vue sur les lacs. L’ensemble est particulièrement bien entretenu.

Le Zenana ou harem ou aile des femmes est moins spectaculaire mais présente la condition de la femme enclose derrière les hauts murs. Il mène à une section muséale consacrée à l’histoire de la ville, de la dynastie régnante mais aussi à une collection d’objets en métaux parmi lesquels d’exceptionnels palanquins en argent.

Pour ceux qui trouveraient la visite insuffisante, une petite partie gouvernementale du musée se trouve tout près de l’entrée des appartements royaux sur la gauche. Autour d’un délicieux jardin, cette section payante en plus mais des clopinettes, abrite un musée à l’indienne. En effet, les galeries n’ont pas vu un coup de chiffon depuis le départ des Anglais…pour autant des miniatures mogholes fantastiques valent d’affronter la vétusté.

Juste à la sortie du Palais, beaucoup plus chers, les appartements royaux ruissellent d’argent, de perles en tous genres etillustrent la notion de kitch.

Le lac Pichola

Autre grand incontournable des visites de Udaipur, le tour du lac Pichola. Car l’originalité d’Udaipur est sa construction sur un système de lacs artificiels.

 Nous avons un peu ramé c’est le cas de le dire pour comprendre comment le faire. Pour autant, c’est une chouette excursion qui permet d’aborder les ghats (embarcadères) depuis l’eau. Les petits bateaux accommodent une quinzaine de personne et partent dès qu’ils sont remplis. Leur cadence varie entre 20mn et 1h selon l’affluence. Ils partent du parc du Palais remontent vers le Gangaur Ghat. Juste avant l’entrée du Palais, il suffit de traverser la grande grille ouvragée et d’acheter son billet pour les bateaux ou les appartements royaux.

De l’embarcation, on jouit d’une jolie vue sur le temple Mohan construit sur un petit ilot juste en face. Puis on passe le long du tout petit Hanuman Ghat et on longe le Ambrai Ghat en pointe, avec son jardin fatigué. Les bateaux contournent alors l’ile occupée par l’hôtel Taj. Le complexe s’appelle Lake Palace et seules des petites embarcations privées liées à l’hôtel y accostent. Inutile d’imaginer le visiter si vous n’y logez pas. Vous ne verrez donc pas Vous ne verrez donc pas Roger Moore puisque c’est au Raj que se situe une partie d’Octopussy.

En revanche une halte est proposée à l’hôtel Jagmandir. On peut en profiter pour prendre une consommation, visiter le joli petit musée ou se promener dans les jardins, très plaisants. Au retour, les petits esquifs vous ramènent là où ils vous ont pris en charge.

La vieille ville d’Udaipur

Au retour de cette excursion en bateau, la chaleur est un peu tombée et il est possible de visiter la vieille ville à pied. Poussiéreuse et encombrée, celle-ci ressemble assez à une Medina proche orientale. Les ruelles tortueuses regroupent les petits métiers par corporations.

Peu de blogs ou de sites dissertent sur ces balades mais un petit livre bien fait donne quelques itinéraires que je vous résumerai dans une prochaine publication.

Néanmoins, si la saleté vous rebute, ces balades ne s’imposent pas forcément. Elles sont pourtant l’occasion de découvrir de jolies maisons bourgeoises pour les familles jointes, les havelis.

 La vieille ville de Udaipur est également incontournable si vous aimez les temples. Juchés sur des escaliers pentus, ceux-ci ne ressemblent en rien aux temples du sud. Blancs, ils comptent des tours pyramidales qui ne sont pas si éloignées des prangs cambodgiens. A Chennai le seul type d’architecture qui y fasse penser sont les temples jains. Les deux les plus connus se situent sur la rue qui mène au Palais. Il s’agit du Jagdish temple bâti au 17e en l’honneur du dieu Vishnou et du Jagat Shiromani Temple, plus tardif 19e et construit en l’honneur de Krishna.

Cette balade dans la vieille ville d’Udaipur est aussi incontournable si vous voulez voir les Ghats, ces embarcadères à gradins typiques du Nord de l’Inde. Dans le sud, le terme désigne davantage des montagnes anciennes et érodées. Parmi ceux-ci le Gangaur Ghat est certainement le plus spectaculaire.

Jodhpur, ville bleue

Les blogs ou guides de voyages promeuvent Jodhpur comme La ville bleue. Pourtant historiquement on l’ appelait la ville du soleil (surya). Il est vrai qu’un petit quartier au nord de la vieille ville est célèbre pour ses maisons bleues. Pourtant, les théories véhiculées d’un guide à l’autre ou d’un blog à l’autre ne me satisfaisaient pas.

Faute de savoir lire l’Hindi ou de tomber sur une explication rationnelle, j’ai rassemblé la documentation dont je disposais sur Jodhpur la bleue.. Et, j’en suis venue à une question qui peut surprendre. Comment une initiative basée sur un élément patrimonial peut-elle en effet transformer une ville et son message ?

Des théories peu satisfaisantes mais répétées

D’un site ou d’un guide à l’autre les mêmes 4 théories sont répétées sans véritable fondement je le crains. Elles ne me convainquent guère.

–          La theorie religieuse

La premiere théorie pour expliquer les maisons bleues de Jodhpur affirme que c’est la couleur de Shiva et Krishna et que la ville honore ces deux divinités. Si c’était le cas selon moi, les villes du sud largement dédiées à Shiva devraient être toutes bleues.

–      La théorie socio-religieuse    

   

La seconde théorie me parait encore plus farfelue. Elle prétend que les maisons des brahmines sont bleues. Or en Inde, le bleu est traditionnellement la couleur des Dalits. On voit mal un recouvrement de ces deux couleurs. Et si tel était le cas, une ville comme Trichy aurait, elle aussi, des maisons bleues. Surtout comment justifier que le bleu badigeonne les édifices les plus pauvres d’un quartier bien décrépi ?

–             La théorie pseudo-scientifique

Une troisième théorie considère que le bleu repousse les insectes. J’ai entendu que le problème de Jodhpur était les termites. Mais dans ce cas, le bleu ne s’ appliquerait-il pas sur tous les soubassements de tout un quartier plutôt que sur des balcons ou des murs au petit bonheur ? Si en revanche on parle de moustiques et non de termites, ceux-ci aiment moins le blanc que le bleu. Ce sont les mouches qui n’aiment pas le bleu à ma connaissance. Les insectes évitent aussi un des composants chimiques de la peinture. Qu’elle soit bleue ou verte importe peu. Donc cette explication ne me parait pas non plus adéquate.

–         La théorie pseudo-logique  de Jodhpur la ville bleue    

Enfin on lit souvent que le bleu est une couleur qui refroidit les murs. Et repousse la chaleur vers l’extérieur. Dans ce cas je ne comprends guère que les autres villes du désert, type Jaisalmer n’observent pas la même attitude. Pas plus que je ne comprends que les anciens, notamment les Grecs blanchissent leurs murs de chaux et ne conservent le bleu que pour les boiseries et huisseries. Le bois pouvant en effet recourir à ces produits toxiques pour les insectes. L’intérêt de peindre des murs de grès rose, jolis par ailleurs me parait moins fondée en revanche. Difficile donc de percer la raison de ce bleu de manière convaincante.

Sauf si on avance une dernière explication un peu osée, moins élégante, mais à laquelle je crois davantage.

Jodhpur, Ville bleue ?

Quoiqu’ il en soit allez vous me dire la ville bleue est bleue. Et bien pas tant que cela, car si l’on est vraiment honnête, le bleu ne concerne que des maisons éparses dans un quartier pauvre voué à être rénové. Et c’est là je pense que l’on touche la vérité. Car contrairement à ce que l’on peut lire ou entendre le bleu de Jodhpur est tout sauf homogène et traditionnel.

Cette ville de grès rose possède en effet un quartier populaire aux maisons plus pauvres, à l’appareillage mixte de pierre, torchis et donc certainement crépies. Contrairement au rose, le bleu qui en recouvre certaines façades est tout sauf homogène. Voisinnent un bleu profond tirant vers l’indigo, des violets, des verts, des bleu turquoise. Surtout ce bleu ou assimilé semble s’étendre depuis quelques temps, à la même vitesse que pullulent les logements chez l’habitant avec vue sur la ville bleue, et les arrêts photos Instagram. Du coup il parait légitime de se demander quand est apparue cette image de la ville bleue, comment et pourquoi.

Mon petit doigt me disait qu’il y avait une explication marketing, que le bleu servait de faire valoir. Forte de mon travail sur les Cathares je savais qu’ il pouvait y avoir d’autres explications  qu’une tradition introuvable pour une ville en lice pour un classement Unesco . J’imaginais bien en effet que des considerations de marketing touristique pouvaient expliquer cette explosion de bleue.

Jodhpur la bleue, une appellation commerciale ?

Historiquement le seul bleu dont j’ai retrouvé la trace à Jodhpur est dans la poterie.

En revanche, il m’a été quasi impossible de trouver un quartier bleu. Quelques maisons oui. Mais le bleu à grande échelle parait récent et tout à fait conforme au gout des occidentaux amateurs de Maroc et de photos sursaturées. Or Jodhpur n’est pas au Maroc et l’Inde n’est pas le pays du bleu. Or, la région mise sur le tourisme.

On peut donc se demander quand véritablement la ville est passée de sun à blue city. D’autant que, les maisons de Jodhpur, en lisière de désert utilisent le magnifique grès rose local. Celui-ci n’avait aucune raison esthétique ou structurelle d’être peinturluré en bleu. Les observateurs les plus honnêtes doutent un peu des explications et donnent leur langue au chat.

Une communication bleue

Pourtant la communication de Jodpur se fait officiellement sur le bleu. Ce qui permet de la vendre aux cotés de Jaipur, la ville rose, et Udaipur la blanche. En effet, Jaipur a été repeinte en rose fin du XIXème siècle à l’occasion de la visite du prince de Galles. Par ailleurs, beaucoup des sites du Rajasthan ont été inscrits ces 15 dernières années au patrimoine. L’Etat a bien compris ce que le classement pouvait apporter en notoriété, en visibilité.

Pourtant à force de naviguer sur le web, faute de livres voire de librairie, je crois que j’ai trouvé de quoi soutenir mon hypothèse selon laquelle la ville bleue est une appellation récente qui a pour but de donner une visibilité touristique à la ville. Jodhpur bleue, un argument marketing efficace en quelque sorte soutenu par la ville, le maharaja très impliqué, l’Etat du Rajasthan et soutenu depuis 2009 par le projet Berger.

Pour confirmer cette théorie, je vous propose quelques lectures et visionnages intéressants. Vous y découvrirez le rôle du mécénat, voire de la publicité ciblée, et de quelle manière le marketing peut transformer une ville. un exemple à méditer.

Jodhpur bis

Ce Jodhpur bis a pour but de vous donner des idées pour un séjour un peu plus long. Je n’aborde pas ici, à dessein, le quartier bleu dont je parlerai plus longuement dans un prochain article. En revanche, je vous emmène un peu à l’extérieur du centre historique, sur les contreforts désertiques de la ville.

Jardins et Fort de Mandore.

Commençons un peu plus loin de la ville, dans un lieu historiquement essentiel. Il s’agit des jardins Mandore, première capitale fondée en 1459 par le clan Rathore. C’est en quelque sorte lieu de naissance de Jodhpur. Dans un joli parc séparé de l’agitation du quartier par des portes, les temples les plus anciens de la ville ne sont plus vraiment actifs. On peut néanmoins les visiter. Un canal, en général à sec mène à un joli point de vue mais aussi à une série de temples. L’un est en ruine, mais les deux autres sont encore en fonctionnement. Ils dominent ce qui reste du fort et le musée. On y voit des vestiges archéologiques, peintures et sculptures.

Umaid Bhawan Palace

Un peu à l’extérieur de la ville, en hauteur, le Taj palace se visite en partie. Sa construction remonte à 1929/1943. Le Maharaja Raja Umaid Singh voulait alors fournir de l’emploi aux personnes les plus démunies du royaume.

Une entrée latérale permet de visiter un petit musée qui explique les étapes de fondations de ce Palais transformé en Hôtel de luxe. Il est d’ailleurs réputé comme l’un des hôtels le plus luxueux du monde. La partie hôtelière est réservée aux clients. Ne comptez donc pas y prendre une tasse de thé. Une autre partie reste habitée par l’ancienne famille royale de Jodhpur. La plèbe dont je fais partie a droit au petit musée, à une partie de la collection de Royce et Bentley, une boutique, jolie au demeurant, et des toilettes mal entretenues.

le Tombeau Jaswant Thada.

On peut rejoindre ce bel endroit par une petite route depuis le Fort. Celle-ci passe devant le désert de pierre Rock Park. Le site est magnifique avec un désert de grès rose parsemé de quelques buissons. De l’autre côté d’un petit lac artificiel, apparait un mausolée de marbre dédié au Maharajah Jaswant Singh II.

 Ce monarque fut à l’initiative d’un système d’irrigation qui a apporté l’eau à la ville et a assuré sa prospérité. Le tombeau se mire d’ailleurs dans le petit lac particulièrement beau et magique. D’autres cénotaphes de la famille royale entourent le mausolée principal de marbre blanc. Tout autour, un magnifique jardin étagé dispense une fraicheur bienvenue dans la chaleur du désert. Une terrasse domine la ville.

La belle ville rose admirablement préservée a réussi à faire classer son Fort au patrimoine de l’Unesco. Elle est aujourd’hui en lice opur faire classer sa superbe vieille ville de pierres roses, véritable oasis rendue prospère grâce au creusement d’un canal dans le désert du Thar.

Comment assurer l’attrait touristique de cette très belle ville, ce sera l’objet du prochain article.  

Jaipur insolite

Pour faire suite aux autres articles sur Jaipur, voici de quoi faire une visite plus insolite.

Sans avoir la prétention de réinventer la roue, j’ai particulièrement apprécié quelques lieux moins connus et pour autant bien passionnants

Un Jaipur plus insolite près du centre

Albert Museum

Cet extraordinaire bâtiment vaut déjà d’être admiré de l’extérieur.

 Car l’édifice lui-même est un morceau de bravoure indo-sarracénique juste en dehors de la muraille de la ville ancienne. Mêlant les influences mogholes et anglaises, il se veut musée victorien typique. Avec des collections balayant l’histoire universelle, de l’Egypte, au monde romain, aux productions plus locales. En fait, il copie, en version indienne, le Victoria and Albert Museum. La célèbre institution londonienne. A l’origine, ce devait être un point central de la culture victorienne. Ainsi, ce musée ambitionne une sorte d’érudition générale. Ses collections éclectiques se répartissent en diverses galeries refaites récemment. Celles-ci échappent donc à la poussière habituelle aux lieux d’expositions indiens.

Le cinéma Raj Mandir

 Construit en 1976 avec une façade genre gâteau rose et une salle incroyable avec balcons mousseux surplombant la fosse. L’ambiance mérite d’être vécue au moins une fois. Lors des projections de films locaux, l’apparition de stars est saluée par des hurlements ahurissants.

Les Haveli

Attention le mot Haveli est générique d’un certain type d’habitation, de grandes maisons. Il n’engage en rien la qualité de l’établissement. En fonction du prix, vous pourrez aussi bien atterrir dans un véritable palace ou un bouiboui. Ne croyez donc pas faire l’affaire du siècle parce que vous avez réservé un Haveli très bon marché. Regardez attentivement les photos et les commentaires. En revanche vous pouvez tomber sur un bijou absolu, en général un peu onéreux.

Derrière le Amber palace

Juste derrière le Amber Palace, une route mène au magnifique réservoir à degrés et passe juste devant le petit musée Anokhi.

Ce Musée Anokhi est un charmant petit musée très peu fréquenté. Il s’agrémente pourtant d’une jolie cafeteria. Pour ceux qui habitent l’Inde, Anokhi est une boutique connue pour ses imprimés batik. En fait l’initiative est partie de Jaipur. L’idée était de relancer les savoirs textiles traditionnels. Le petit musée occupe un Haveli restauré avec intelligence. Il est donc très agréable de découvrir les magnifiques créations des artisans locaux. Une petite boutique et un ravissant salon de thé complètent la visite.

Devant la porte d’Amber, la route décrit une épingle à cheveu et mène vers le réservoir du XVIème siècle.  Panna Meena Ka Kund est extraordinairement photogénique avec ses volumes géométriques et parfaitement symétriques. Comme dans tous les réservoirs, il est interdit d’y descendre.  Il permettait de conserver précieusement l’eau dans ce territoire désertique.

Au-delà d’Amber Fort, un Jaipur plus insolite

Amber Fort faisait partie d’un dispositif de fortifications de la chaine des Aravelli.

 Au-dessus du Palais, le fort de Jaigarh monte la garde depuis le sommet de la colline.  Il offre de beaux points de vue. Il est relié au Palais par un système de tunnels.

 Le fort de Jaigarh (au Nord) est relié à celui de Nahargarh (au Sud) par un vaste réseau de murs et d’ouvrages fortifiés Nahargarh est aussi appelé demeure des tigres. Il se situe le long des collines d’Aravalli et surplombe un lac. Le fort abrite aujourd’hui le musée de cire de Jaipur et le palais de verre.

Mais il se peut que vous n’ayez pas le temps, ou l’envie, de vous rendre dans ces forts relativement éloignés du centre de la ville. Si vous souhaitez néanmoins prendre de la hauteur pour jouir du panorama pourquoi ne pas escalader l’élégante tour Swargasuli du XVIIIème siècle ?