Autour de Chennai

5 idées d’excursions

métier à tisser Dakshinashitra

Que vous soyez autour de Chennai pour 3 jours ou 3 ans, voici quelques idées si vous vous sentez asphyxié(e) par le centre-ville.

Au Nord de Chennai

Pulikat

Cet immense lac se trouve en fait en Andhra Pradesh, c’est un beau lieu d’excursion à la journée depuis Chennai. On traverse de jolis villages puis des champs avant d’atteindre le grand plan d’eau. Il est possible de se garer au petit marché aux poissons typique. De là, il suffit de se mettre d’accord avec des pêcheurs pour partir en balade sur le lac. Entre janvier et début mai, le lieu devient une colonie d’abord pour les cigognes puis pour les flamants roses.

Une fois accompli votre reportage photo, vous pouvez reprendre la voiture traverser le pont pour vous rendre au petit village et à la plage, sale, sur la mer. A l’entrée du village se dressent les vestiges d’un campement néerlandais dont ne subsiste que l’église.

Marchés de Koyambedu et de Kasimedu

Malgré sa multitude de marchés multicolores, Chennai offre des expériences sensorielles hors norme avec ses deux grands marchés. Sensibles aux odeurs fortes, s’abstenir !

Kasimedu est l’un des villages les plus pauvres intégrés à l’agglomération de Chennai. Il s’articule entièrement autour de l’énorme marché à ciel ouvert qui se tient aux aurores. Sur près de 2km les bateaux verts accostés servent de toile de fond à la vente, assurée par les femmes de marin. S’il y a beaucoup de marchés aux poissons dans Chennai, celui-ci est le plus connu et certainement le plus renommé et le plus coloré, un must pour les photographes. Le village lui-même à été construit pour les pêcheurs sous MGR, il émane d’une volonté officielle de leur donner un cadre de vie décent.

Koyambedu le grand marché aux fleurs, aux légumes et aux fruits de Chennai, une sorte de Rungis version tropicale. Des grands bâtiments de granit accueillent la merveilleuse profusion florale destinée aux temples et cérémonies, alors que le marché alimentaire voit se presser une foule bigarrée interrompue par les vaches et les deux roues.

Autour de Chennai et au Sud

Dakshinashitra

Ce musée, dit vivant, est avant tout un village reconstitué de maisons typiques de tout le sud de l’Inde. Il est situé à 25km autour de Chennai sur la route côtière (ECR) et son nom signifie « image du Sud ». On y retrouve des maisons de bois typiques du Kerala, et des maisons à cour tamoule. C’est à la fois un musée du folklore, une exposition d’architecture et d’arts locaux mais aussi une scène de spectacle. La mission consiste à promouvoir et préserver les arts du sud de l’Inde de manière aussi ludique que possible. Cette ONG et projet de Madras Craft Foundation est ouverte au public depuis 1996.

Les 18 maisons de style vernaculaire que l’on peut visiter contiennent le plus souvent des meubles ou des explications. Vouées à la démolition, elles ont été rachetées, démontées transportées et reconstruites par des artisans locaux. De la hutte de pêcheur, à la belle maison en bois keralaise ou à la maison partagée typique du Tamil Nadu avec sa grande cour intérieure, on passe d’un style à l’autre. Les spécificités et originalités régionales apparaissent ainsi de manière lisible. Outres des meubles, certaines maisons donnent des renseignements sur l’économie locale, le tissage, les liens commerciaux ou la vie des habitants. C’est un très joli lieu de sortie qui peut se cumuler avec une sortie créative pour les enfants, en fonction des activités proposées par le musée à ciel ouvert.

Cholamandal, le village des artistes autour de Chennai

Si vous cherchez une idée de sortie calme et artistique autour de Chennai en voici une à la sortie de le ville, non loin du premier péage.  C’est le village d’artistes fondé en 1966. Ces artistes, mis en lumière par l’école d’art, habitent les jolies maisons qui entourent la galerie ouverte il y a une dizaine d’années. Les cabanes initiales se sont peu à peu transformées en jolies maisons entourées de jardins de sculptures.

Kovalam Beach

 C’est la première grande et belle plage au sud de Chennai avec un site de surf.

Plus loin vous pouvez aussi aller jusqu’à Kanchipuram. Ou Mahäbalipuram et aussi temple des Aigles et Gingee.

Aux Français de Pondichéry

Un des charmes de la ville blanche est d’y croiser les noms des Français de Pondichéry écrits en Français. Ils évoquent bien quelque chose, mais quoi ?

Voici un petit récapitulatif de ces célébrités parfois oubliées. Et je ne parlerai pas du soldat indien qui a combattu aux côtés des Français dans les tranchées. Un joli monument art déco le long de la Promenade l’honore. Mais j’évoquerai ici ces hommes venus de l’hexagone qui ont contribué à façonner la ville parfois de manière contestable. Alors qui sont ces hommes ?

Les gouverneurs Français de Pondichéry

François Martin

Premier Gouverneur de Pondichéry., François Martin 1634-1706 arriva à Pondichéry une première fois en 1674, un an après la création de la Compagnie des Indes orientales. Il fut appointé premier Gouverneur général de la colonie naissante alors réduite à un hameau. Puis, il revint après l’occupation hollandaise. Il agrandit alors le camp. il y agrégea des villages avoisinants et mit en place le plan en damier typique des villes coloniales. Enfin, Martin fit de Pondichéry le siège des opérations françaises en Inde. Il y mourut et fut enterré dans le Fort Louis qu’il avait fait ériger. Brulé par les Anglais en 1761, celui-ci se trouvait à l’emplacement de l’actuel Parc Bharathi.

Pierre Benoit Dumas

Celui-ci, il nous semble le connaitre. Et pourtant non, la rue Dumas de Pondichery ne tient pas son nom du célèbre Alexandre. Elle n’a rien à voir avec le Comte de Monte Christo ou les Trois mousquetaires mais tout à voir avec le gouverneur de Pondichéry et de la Réunion, Pierre Benoît Dumas (1668–1745) .

Joseph-François Dupleix,

Outre la station de Métro parisienne, on découvre à Pondichéry un gouverneur énergique et ambitieux qui a transformé le village de pêcheur en port.  De fait, Joseph-François Dupleix (1697-1763) a fondé les prémices de la colonisation européenne sur les décombres de l’Empire moghol. Une statue l’honore sur la Promenade, une rue porte son nom ainsi qu’un café. On le retrouve également dans la maison de Ananga Ranga Pillai, son Intermédiaire, confident local et interprète. Ce dernier facilita le travail de Dupleix dans la colonie. Le Français fut un contemporain et rival de Robert Clive, héros sans scrupule des débuts de Fort Georges, aujourd’hui Chennai.

Charles Joseph Patissier, Marquis de Bussy-Castelnau

Bussy  qui répond aussi au nom évocateur de Patissier (1720 –1785) fut lui aussi Gouverneur Général en 1783 – 1785. Après avoir été ditingué par Dupleix il se chargea de la reprise en main de la ville en 1748. Il coordonna les opérations militaires avec Suffren, durant la guerre d’Indépendance américaine

Jean Law de Lauriston

Pondichéry est la transcription française du Puducheria , rapporté par les premiers explorateurs portugais. Ce qui signifie « village neuf ».  Ce village a changé de mains à maintes reprises. Après avoir été pris par les Britanniques, il fut récupéré une première fois par les Français. Jean Law de Lauriston, 1719-1797, neveu du financier écossais John Law, y fut deux fois Gouverneur. Il fut à l’origine de la reconstruction de la ville, en 1765, après sa destruction par les Anglais.

André Julien, Comte Dupuy

 Gouverneur General de Pondichéry de 1816 à 1825, André Julien, Comte Dupuy (1753-1832) récupéra les territoires conquis par les Anglais pour la troisième et dernière fois, ce après le Traité de Paris.

Des Français de Pondichéry qui ont laissé leur empreinte dans la ville

Sri Aurobindo et la “Mère”

Le saint homme et artisan de l’indépendance, en venant fonder un ashram et y passant une bonne partie de sa vie commune avec la « mère », a laissé une empreinte indélébile dans la ville. Mira Alfassa, libano- égyptienne et française a fondé Auroville en 1968. Cette communauté à 6km de Pondichéry a étendu son influence depuis. Sa présence se fait sentir à travers le trust qui rachète peu à peu la vieille ville et y installe ses boutiques et bâtiments gris contrastant avec la jolie teinte miel des maisons coloniales.

Mahe de la Bourdonnais.

Cet officier naval s’est illustré en prenant Mahé sur la cote du Malabar (Kerala). Il a conquis ses lettres de noblesse en tant que gouverneur de l’Isle de France (aujourd’hui IIe Maurice) puis de l’Ile Bourbon (La Réunion) avant de s’attaquer à l’Inde où sa rivalité avec Dupleix l’a  malencontreusement mené à la Bastille. Accusé faussement de trahison et de corruption, il a été réhabilité post mortem. Si Pondichéry ne lui rend hommage que par une rue, Paris lui a dédié une magnifique avenue du 7ème arrondissement.

Robert Surcouf

On ne s’attend pas forcément à rencontrer le célèbre pirate breton ( 1773-1827), esclavagiste et homme d’affaire, à Pondichéry et pourtant ses opérations dans l’Océan Indien pour saper la marine anglaise lui ont garanti une jolie rue dans le quartier français.

Pierre André de Suffren de Saint-Tropez,

Habitués du 15ème ou du 7ème arrondissement parisiens, saviez-vous que le provencal amiral, bailli de Suffren, avait été un amiral, habile tacticien et stratège hors pair dans les batailles qui l’opposèrent aux Anglais dans les eaux indiennes durant la révolution américaine ?

Édouard Goubert,

Goubert a donné son nom au marché établi en 1826. Il fut maire de Pondichéry puis premier ministre du territoire au début des années 1960. Il œuvra pour le statut des habitants.

Eugène Desbassayns de Richemont

Cet administrateur (1800-1859) a été Gouverneur Général de Pondichéry entre 1826 et 28. Il a fondé en 1828 le lycée français. Le Comte de Richemont a donné son nom à une rue mais a aussi ouvert des écoles indiennes et la bibliothèque publique, ainsi que le marché central aujourd’hui nommé Goubert.

Romain Rolland

Bien que prix Nobel de littérature en 1915 Romain Rolland n’est qu’un vague souvenir en France. En revanche ses amitiés avec Tagore et Gandhi lui ont garanti une ravissante rue bordée de bougainvilliers dans le centre de la vieille ville.

Victor Schoelcher

Une jolie statue de celui qui a abolit l’esclavage en 1848 orne la Promenade. Sur un piédestal de marbre noir, la tête de ce grand libéral surmonte un petit relief montrant un esclave libéré.

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Le cinéma indien

L’objet de cette nouvelle rubrique sur le cinéma indien, nommée de manière aguichante « M. Bollywood » est de donner des exemples et avis sur la fantastique production cinématographique locale. Le mot valise composé de Bombay et de Hollywood concerne en fait uniquement la production du Nord de l’Inde tournée dans les studios de Mumbai. Mais en Occident le terme est un fourre-tout pour désigner l’ensemble très divers des cinémas régionaux.

Le Nord, territoire de Bollywood

Le cinéma est arrivé en Inde par Bombay. Maurice Sestier , chef opérateur des Frères Lumières a y en effet débarqué en 1896. A l’époque. les inventeurs du cinéma Lyonnais avaient eu l’idée d’envoyer des chefs opérateurs à travers le monde. Leur but était double, Il s’agissait d’une part de rapporter des images nouvelles de leurs voyages, d’autre part de vendre leur savoir-faire et leur matériel sur de nouveaux marchés.

Très rapidement, le cinéma tourné à Mumbai se calque sur les énormes productions hollywoodiennes en leur donnant une touche indienne, qualifiée de masala. Ce terme fait allusion aux mélanges d’épices dans la cuisine indienne. Chaque film utilise les mêmes ingrédients scènes d’action, humour, amour, chants, danses. La différence se fait dans le dosage et la répartition des personnages, souvent des stars issues de véritables dynasties cinématographiques.

Pour autant, Le cinéma indien ne se limite pas à Bollywood. Ainsi le Tollywood du cinéma bengali regroupe les films tournés dans les studios de Tollygunge de Kolkota. 

Le cinéma indien du sud plus historique

 Le reste de la pléthorique production indienne provient des différentes régions. Chacune se montre fière de sa langue, de sa musique , de ses danses, de ses stars et de l’originalité de ses créations. Ce, même si les ingrédients se ressemblent souvent. Car quoique indépendant, le cinéma régional peut manquer d’originalité. On peut même le trouver parfois simpliste dans sa démonstration constante du triomphe du bien sur le mal.

D’une manière générale, le cinéma du sud est assez conservateur. Il raffole des vastes fresques mythologiques, historiques, familiales voire, quoique plus rarement, sociales.  Les productions du Sud puisent à pleines mains leur inspiration dans les épopées du Ramayana et Mahabharata . Les personnages répondent aux doux noms des divinités du panthéon hindou. Ces productions restent ainsi plus traditionnelles avec des thématiques et personnages empruntant davantage aux mythes.

On peut néanmoins distinguer trois lieux de production importants accompagnés d‘une importante industrie de doublage permettant à chacun des films de rayonner sur l’ensemble des états du Sud .

  •  Sandalwwood s’utilise pour les films en Kannada tournés dans le Karnataka (Bengalore). Les histoires sont souvent tirées des grandes épopées, de la mythologie
  • Dans le Kerala, les films sont tournés à Mollywood en malayalam. Ils tirent plus vers le cinéma d’auteur, vers les problématiques sociales.
  • Kollywood désigne le cinéma du Tamil Nadu, jadis filmé dans le quartier de Kodambakkam. Je dis jadis car les studios ont désormais déserté le centre de Chennai.

Encore une fois, les thématiques du sud sortent souvent des grandes épopées et mettent en scène des héros indomptables et quasi immortels. Le grand public regarde ces films mythologiques un peu comme s’il allait au temple. Il admire des réincarnations divines et applaudit à leur bravoure et leurs exploits. On n’est donc pas très étonnés que Les films du sud ne récoltent pas de récompenses internationales mais beaucoup de succès localement.

Le cinéma indie ou cinéma dit « parallèle »

Ce type de film « indépendant » et à résonance sociale n’est pas le plus courant, bien évidemment, car une grande partie du public n’est attiré que par le cinéma populaire. Il faut dire qu’en Inde, le cinéma a conservé sa magie.  Le héros continue d’incarner les espoirs et les rêves du public en très grand et les films jouent le rôle de soupape en faisant oublier, le temps d’une séance, l’injustice et l’oppression. Les salles, spacieuses, et en général, relativement insonorisées, (surtout dans les centres commerciaux) offrent une rupture dans un quotidien synonyme de promiscuité et de difficultés. Le cinéma conserve donc un attrait magique.

Cependant, de plus en plus à Mumbai, voire au Kerala, apparait un cinéma indien social avec des tentatives courageuses et des sujets plus modernes

Musée du Cinéma, Chennai

Voici un spécial Musée du Cinéma à Chennai. Les lecteurs les plus avertis l’auront certainement déjà subodoré. Le Monsieur Cinéma du Petit Journal dit aussi Greg le cinéphage, est ma meilleure moitié. Il a d’ailleurs opéré sa mue pour devenir M Bollywood sur ce site.

Pour changer des salles obscures, Monsieur Cinéma est parti en quête du musée chennaiote du 7e art. Il porte le nom de AVM Heritage Museum en hommage aux studios aujourd’hui fermés et disparus dans Chennai.

On peut accéder au musée depuis le Métro Vijaya. Celui-ci se trouve dans un centre commercial tout moderne et proche du temple du même nom, Arulmigu Vatapalani Murugan . De là, on rejoint Arcot Road pour rechercher les studios.

La vaine quête des studios

Le cinéma du sud étant très prolifique, Greg le cinéphage pensait trouver des grands espaces. Il s’attendait donc à trouver décors, starlettes au maquillage dégoulinant, caméras. Malheureusement, il a fait chou blanc. Il parait que les studios ont déménagé dans la campagne pour cause d’inflation immobilière au centre de Chennai.

En effet, au lieu de studios, seul le sigle AVM permettait d’imaginer que les lieux avaient pu importer pour le cinéma. Et de fait, ils avaient abrité l’âge d’or de la création cinématographique locale. Malheureusement, celle-ci a migré hors de la ville. De ce fait, les spéculateurs immobiliers se jettent avec gourmandise sur ces quartiers relativement centraux. Ceux-ci attendaient ces vastes terrains le couteau ou plutôt le carnet de chèque entre les dents. L’année dernière encore, quelques techniciens oubliés se consolaient dans les terrains vagues et les chantiers.

Car en cherchant un peu, il existe nombre de petits studios de doublage et d’effets spéciaux dans la ville. Pourtant l’idée de se rendre aux ex studios AVM  n’était pas si mauvaise. En effet, en avril 2023 un petit musée du cinéma a effectivement ouvert à Chennai.

Le Musée du Cinéma de Chennai

C’est bien dans le quartier historique de cette cité du cinéma disparue que le Musée du Cinéma s’est installé dans un studio rescapé. Le quartier se voit pour le reste envahi par des immeubles flambants neufs sur un boulevard un peu pourri.

Ne vous attendez pas à y trouver de grande reconstitution. Il manque un peu d’explications. Cependant, on y trouve les voitures conduites par les grands acteurs d’hier. Elles coexistent avec les bobines à l’origine de grands succès locaux.  Le propos ici est d’exposer les bobines et machineries utilisées pour tourner les films. C’est surtout l’occasion de montrer des dizaines de voitures utilisées par les grandes stars locales.

Alors si vous ne vous intéressez pas aux voitures anciennes ou aux films du Sud, passez votre chemin. Si, en revanche, l’évocation par de petits extraits de films locaux utilisant les voitures présentées vous tente. Si, les voitures elles-mêmes vous plaisent ,c’est l’occasion de passer un après-midi sympathique. Il est préférable de connaitre a minima quelques vedettes tamoul du grand écran. Vous vous formerez un peu aux noms et grands principes du cinéma local.

Mais une fois que vous aurez compris que Kollywood raffole des films de justiciers au grand cœur avec beaucoup d’action, des personnages joviaux et des stars indéboulonnables dans leur rôle de grand gentil, que les films sont ponctués de scènes dansées chantées peut être un tantinet plus folkloriques que dans la production du nord, vous aurez déjà une bonne idée de ce que vous allez voir.

reels at cinema Museum Chennai

 Laissez les grandes reconstitutions historiques et les films à très gros budget au Karnataka. Vous comprendrez ainsi mieux ce musée sympathique coloré mais pas immense. Des affiches concluent la visite de ce grand hangar converti en musée ou plutôt en hommage aux studios AVM.

6 lieux indo-sarracéniques à Chennai

 Cette fois je vous propose des lieux indo-sarracéniques pour faire suite à l’article précèdent sur l’architecture indo-sarracénique. En effet, Chennai offre un joyeux mélange de styles. Les constructions de type néo vénitiens le dsputent aux édifices maures, au palladianisme, ou au gothique français. Cet agrégat d’éléments indiens et européens correspond à la période victorienne, très amatrice de pastiches. Globalement les gares, les universités d’époque britannique adoptent cet éclectisme teinté d’exotisme. Alors où commencer l’itinéraire indo-sarracénique à Chennai ?

High court, la tour la plus haute

Chepauk Palace , premier des lieux indo-sarracéniques.

Ce palais tombe malheureusement en ruine. Néanmoins, il marque l’acte de naissance et donc l’un des lieux indo-sarracéniques incontournables. Construit en 1768, pour le Nawab d’Arcot , il cache aujourd’hui son délabrement derrière des palissades et une façade repeinte. Le nom est cependant bien connu des locaux puisqu’ il évoque le grand stade de cricket qui lui fait face. Cependant, peu de de fans de cricket savent que Chepauk marque les débuts de ce style architectural douteux mais rigolo. Les Nababs furent rapidement déplacés par les colons et relogés au Amir Mahal, dans Royapuram où les descendants de la dynastie vivent encore.

Riipon building, un gros batiment blanc à colonnes

Madras High Court, le quartier de Parrys corner

Le Bovolo de Chennai

Connu pour ses ruelles animées et ses échoppes multicolores, le quartier de Parry’s corner vaut également la visite pour ses merveilles indo-sarracéniques. Encore convient-il de lever le nez en sortant de la gare Chennai Beach. On commence avec l’extraordinaire promenade sur North Beach road. Les marchands et marins y débarquaient et il convenait d’y afficher toute la gloire et la puissance de l’Empire. Si les bâtiments tombent ajourd’hui en ruine, il vaut la peine de regarder l’extraordinaire façade de la Poste ou des banques. On y sent l’influence de Venise et notamment du fameux Bovolo.

YMCA indo sarracénique avec des fenêtres ourlées sur l'esplanade

Si l’on traverse, on tombe nez à nez avec les joyaux de la cour de Justice. Ici c’est une profusion de dômes sculptés et minarets dignes de palais de Maharadjas.

 Madras literary society et musées

Les grandes institutions officielles impériales sont les plus révélatrices du style indo-sarracénique. A Egmore, sur College road, on peut admirer deux sites principaux, l’ancien campus st Georges qui correspond à l’embryon de l’université britannique. On peut encore y visiter la Madras Literary society .

Surtout, les musées du Gouvernement offrent des exemples épatants de la profusion architecturale de l’époque victorienne. Sur le même site se succèdent le fantastique palais ourlé qui sert de galerie d’art, alors que le théâtre rond est une réplique du Albert Hall de Londres. La galerie archéologique s’inspire des pignons de brique de Kensington et de Albertopolis, quartier emblématique de l’époque dans la capitale de l’Empire.

thátre du Musée, inspiré par le Royal Albert Hall
Théatre du Musée du Gouvernement

Autour de la gare centrale

Chowdry, ancienne auberge face à la gare centrale

Là encore nous sommes dans un quartier hautement britannique et…victorien. Quoi de plus emblématiques que les gares pour exprimer la splendeur de l’Empire en effet ?

Autour de Central Railways station, les beaux vestiges architecturaux abondent. Il s’agit d’abord du plus pur éclectisme victorien si l’on peut dire, à savoir la gare centrale néo-gothique tout droit inspirée de ses contemporaines londoniennes du style Saint Pancras. Puis le Rippon Building symbolique siège du gouvernement, l’un des meilleurs exemples de palladianisme sur le sol indien. Le Victoria Hall en brique rouge semble lui aussi directement rapporté des iles britanniques. En revanche, les deux bâtiments qui leur font face le Chawdry, auberge réservée aux Brahmanes, et l’étonnante meringue blanche qui servaient d’hôtellerie pour les voyageurs appartiennent bien au style indo-sarracénique. Je m’amuserai certainement dans les prochaines semaines à écrire un peu sur ce quartier riche en architecture. Un peu plus loin, Egmore Station avec ses coupoles et dômes est une de plus jolies réussites de ce style si unique à l’Inde pendant la période anglaise.

Egmore Station, magnifique batiment éclectique

Anna Salai, Mount Road

Avec Higginbothams, la maison des détectives et tous les bâtiments en ruine, Mount Road marqua le déplacement du centre de la ville Victorienne de st Georges à ce quartier nouveau et en expansion au début du XXème siècle. Nulle surprise que les édifices de style indo-sarracénique soient ici des bâtiments à vocation commerciale.

une facade vénitienne dans Parry's Corner

Senate House dans l’ Université de Madras, et Marina Beach

Dernier soubresaut du style indo-sarracénique, Marina ou South Beach road prit le dessus sur la promenade qui devenait un lieu moins plaisant depuis que les voies de chemin de fer avaient fermé la vue sur la mer. Ce long boulevard en bord de plage se borda de bâtiments éclectiques du plus curieux effet. Parmi les gâteaux à la crème, le Senate Building, central à l’université de Madras étonne avec ses minarets, ses coupoles néo byzantines. Un pastiche complet pour mieux affirmer la puissance de l’empire à son apogée.

Après la mort de Victoria (1901) en effet, l’architecture se fit plus sage et revint à des lignes plus classiques voire à des références réellement locales comme l’immeuble néo dravidien du South Railways building. Les derniers soubresauts anglais consistèrent en des décorations baroques sur des facades classiques, correspondant au style edwardien.

facade édouardienne
la sagesse d’une facade édouardienne dans Parry’s corner

Le style indo-sarracénique

Le style indo-sarracénique désigne les bâtiments de l’époque victorienne en Inde. Sur le sous-continent d’une manière générale, et plus précisément à Madras qui présente une belle collection, on découvre avec amusement les vestiges du Raj. Ce mot hindi désigne le gouvernement colonial britannique en Inde.

 Également nommé indo-moghol ou indo-gothique, gothico-moghol ou néo moghol, ce style affecte essentiellement des monuments publics ou des bâtiments administratifs du Raj.

Formation du Raj

En 1857, la compagnie des Indes orientales qui contrôlait de larges pans du sous-continent, légitimise son pouvoir en prenant sous sa protection l’empereur moghol Shah Alam II. La rébellion des princes indiens et des soldats anglais marque la fin de l’empire moghol. Celui-ci est dissous officiellement par les Britanniques. Les territoires de la Compagnie des Indes sont alors transférés à la couronne qui implante son administration de façon officielle. La colonisation anglaise a débuté.

Pour afficher ce nouveau pouvoir tout en l’inscrivant dans la continuité de l’héritage moghol, Les architectes empruntent leur vocabulaire décoratif à l’architecture indo-islamique laissée par les prédécesseurs et inspirateurs des Britanniques. En revanche, ceux-ci empruntèrent assez peu aux temples hindous.

Vers une architecture officielle

Dans les faits, les colons construisirent des bâtiments contemporains en leur ajoutant une décoration qui leur paraissait locale. En l’occurrence, ils s’inspiraient des descriptions de l’Inde de la fin du 18e siècle. Les architectes anglais mélangèrent joyeusement ces images exotiques avec des lignes plus européennes. De fait, on retrouve le style indo-sarracénique de la Malaisie au Sri Lanka et jusqu’ aux Iles Britanniques avec l’extraordinaire Royal Brighton Pavillon construit pour George IV (1787–1823). Plus largement ,le style néo arabe se retrouve à travers l’Europe et aux Etats Unis . On peut penser ici aux bâtiments près de Brick Lane à Londres, école de mode de style néo mudéjar espagnol.

Le terme médiéval sarracène désignait les musulmans arabophones. Et les Anglais furent les premiers à utiliser le mot indo-sarracénique pour évoquer l’architecture moghole indo-islamique. Ce style mêlant grandeur anglaise et héritage indien aux yeux des colons légitimait pour eux leur présence en ces territoires.

Naissance de l’architecture indo-sarracénique

Le premier bâtiment indo-sarracénique est né à Madras, au Chepauk Palace. D’ailleurs, la ville reste un bel endroit pour voir ce style si particulier qui se retrouva également dans les deux centres de Bombay et Calcutta. Ironiquement, Madras en fut un des centres. Ironiquement, car le Tamil Nadu avait été épargné de la tutelle directe des Moghols. En outre, les détails indo-sarracéniques empruntent souvent à l’architecture rajahsthani ou même aux premières incursions turques. Mais, ils ne font aucunement référence à l’histoire tamoule.

Chepauk Palace

La majorité de ces bâtiments indo-sarracéniques remontent donc à la colonisation britannique, de 1858 à 1947, avec un pic dans les années 1880. Elle correspond en partie aux aspirations britanniques pour un style impérial et proclame le concept inaliénable de l’empire invincible. Il s’agit en général de bâtiments imposants et couteux. Les matériaux et l’ornementation demandent beaucoup de savoir-faire. On compte peu de résidences privées dans ce style.

Ce style est donc à la fois proclamatif et fonctionnel car il visait à accueillir des fonctions nouvelles. Gares, bâtiments administratifs pour une bureaucratie croissante, tribunaux, universités, tours horloges, musées. Ce sont tous des bâtiments de grandes dimensions. Souvent, ils incorporaient des méthodes constructives modernes. Même si les façades étaient souvent de pierre, la structure recourait à l’acier, au fer et au béton, puis au béton armé.

Particularités du style indo-sarracénique

Le style indo-sarracénique se caractérise par des motifs nouveaux mais aussi imités d’écoles d’architecture locales ou régionales, notamment Bengali ou Gujarati

  • Avant-toits en surplomb, souvent soutenus par des corbeaux saillants
  • Dômes en bulbe (oignon) ou toits arrondis.
  • chajja : brise soleil ou avant-toit sur un porte à faux fixé dans le mur d’origine Bengali ou Gujarati
  •  arcs en pointe,  arcs festonnés,  motifs tels les encorbellements avec de riches stalactites sculptés
  • arcs en fer à cheval caractéristique de l’Espagne islamique ou Afrique du nord mais souvent utilisé
  • Couleurs contrastantes des arches (rouge et blanc comme en Espagne )
  •  chhatri avec un dôme, kiosques sur le toit
  • pinacles, tours, minarets, balcons, kiosques
  • Pavillons ouverts ou avec toits bengali.
  • jalis ou écrans ouverts, ou fenêtres travaillées d’origine moghole.
  • Mashrabiya or jharokha-fenêtre écrans.
  • Iwans, en guise d’entrée en retrait par rapport à la façade, sous un arc.

Parry’s Corner

clocher blanc dans le jardin de l église arménienne

Parry’s Corner évoque pour les habitants et les touristes une succession de ruelles et de marchés de rue ou tout s’échange, se vend. Paradoxalement c’est aussi l’un des quartiers les plus anciens et les plus riches en architecture et il est dommage de ne s’arrêter qu’à la frénésie commerciale.

A l’origine du Madras britannique, Fort George et Parry’s Corner

A l’époque de la fondation de Chennai il n’y avait que des villages, parmi lesquels Chenna-Patnam, Madras-Patnam et Mylapore. Les Britanniques à leur arrivée fondèrent la ville de George Town, bientôt connue comme ville blanche et ouvrirent une route nord sud. Puis ils créèrent la ville noire en damier, le long de la plage avec le bazar birman. Une route menant à la prison au nord et à l’ouest à la gare centrale conplétait l’ensemble. Deux villes coexistaient donc, le fort à l’abri des murailles et au nord, la ville nouvelle au plan hippodaméen commerçante et locale avec ses temples et marchés.

 Lorsque la compagnie des Indes Orientales (EIC) grossit, elle eut besoin de comptoirs. Francis Day fut chargé en 1639 de trouver un nouveau port, non loin de l’implantation portugaise de Mylapore. Le commerce lusophone florissait depuis déjà un siècle. Le succès des Portugais, encouragea les Britanniques.

Sir Francis traversa le bastion hollandais et tomba sous le charme des lieux. Il obtint des terres du dignitaire local. Il fonda alors Fort st George pour la couronne britannique avec bureau, entrepôts et résidences pour la compagnie. Cette première ville fut pourvue d’une muraille.

Des 1600, la ville noire apparut hors des murs.  Elle résultait de la croissance mais aussi d’une discrimination entre chrétiens et locaux. Elle comptait des Telugus et Tamouls mais aussi d’autres groupes juifs, arméniens, gujaratis. Cette ville noire était dépourvue de murs. Les Français y tinrent siège en 1746 contre les Britanniques pour conquérir le trône des nawabs. Ils finirent par échanger Louisbourg, en Nouvelle Ecosse, au Canada contre Madras. Les négociants anglais revinrent alors et protégèrent la ville noire avec des armes et non des murs. Avec la colonisation en 1857, la Compagnie des Indes orientales remit ses territoires et parts à la couronne britannique.

temple et immeuble art déco dans Geogetown

Promenade autour de Parry’s Corner

Georgetown tient son nom du Roi George IV. Néanmoins, on parle du quartier comme de Parry’s Corner. Ce même si le nom désignait à la base juste un édifice commercial, d’où Thomas Parry fit fructifier ses activités.

Pour cette promenade, on peut justement partir de l’immeuble de Parry’s Corner. Ce nom correspond au second bâtiment d’affaire le plus ancien à survivre à Madras dans les années 1900. D’une riche famille, Thomas Parry, frère d’un administrateur de Georgetown, arriva à Madras. Marchand indépendant, il vendait un peu de tout, des voyages, du vin, de l’immobilier. Puis, il ouvrit une tannerie en 1905 et une, sucrerie en 1908. Ensuite, il s’associa avec William Dare. Ce partenariat fructueux prit fin dans les années 1920 lorsque Parry dut s’exiler pour des raisons politiques. Le bâtiment prit le nom de Dare mais le quartier et le sucre s’appellent toujours Parry.

facade art déco de Dare House

C’est au niveau de Dare House qu’eut lieu le siège français. En 1897, une esplanade jouxtait les murailles. En atteste un obélisque (sur les 5 existant à l’époque) et un bâtiment juridique néo-gothique. C’était une zone frontière entre les villes noire et blanche.  C’est en ce lieu que se sont développées les cours de Justice regroupant toutes les professions juridiques sur le modèle britannique mais selon le style indo-sarracénique. Ce fut surtout le centre de la ville et on y trouvait banques, commerces, institutions religieuses et administrations.

En face des dômes et pinacles d’allure néo-moghole, Dare House à l’angle, utilisé comme consulat américain a été détruit en 1908. Il a été reconstruit en acier et béton, de manière plus moderne. C’est un des rares bâtiments art déco de la ville à vocation commerciale.

Dubashi et Chetty  Street

Avant de tourner sur Dubashi Street, se dresse l’église du missionnaire John Anderson venu monter une école de filles dans St George et propager la foi chrétienne. L’église fut ensuite affiliée à l’université de Madras en 1877. Du collège, ne reste qu’un mur.

Le terme de dubashi se réfère aux serviteurs, traducteurs devenus en quelques sortes, intermédiaires, collaborateurs, agents, intermédiaires, receleurs, agents double au service des colons. Cette position avantageuse les enrichit considérablement. Ils possédaient beaucoup de terres et ont donné leurs noms aux rues. Mais ils volaient souvent les locaux. dubakul in tamul se traduit par tricher. La petite histoire raconte que pour se faire pardonner ils construisèrent de nombreux temples à travers la ville.

Chetty Street évoque en revanche les nombreux Chettiar, ces commercants qui ayant fait fortune avec les Anglais se firent batirent des palais somptueux dans le Chettinad.

Le bâtiment victorien de style vénitien rappelle les écrits de Ruskin. Il s’agissait d’une succursale d’une société de Mumbay. Construit en 1900 dans le style indo-sarracénique, l’édifice de brique possède une façade de brique et pierres aux spectaculaires vitraux et aux arcs de style venitien. La structure est néanmoins moderne et implique fer et acier, emblématiques de la révolution industrielle. Une véranda soutient le toit terrasse.

Armenian street

Cette rue prend le nom de la très belle église arménienne véritable oasis de charme dans le tohu bohu du quartier. Les Arméniens, d’abord à San Tome au Mont (ils ont financé l’escalier) sont tous partis. Mais ils étaient très prospères. Ils s’étaient enrichis grâce au commerce de la soie, des bijoux et épices. De ce fait, ils construisirent une église en 1712 plus proche de leur lieu de commerce fort st George.

Un peu plus loin se trouvent le centre catholique, un grand bâtiment art déco. A l’emplacement du parking qui le jouxte se trouvaient Benny and co ou les Arméniens vendaient leurs propriétés avant de rentrer chez eux. Cette énorme société a fait faillite. John Benny travaillait avec le nabab, il occupait de nombreuses fonctions et vendait des uniformes, fournitures de toutes sortes. Il investit dans 2 moulins, Buckingham et Karnatikam, puis à la fin du 19ème siècleune filature à Bengalore. Après l’indépendance, la société plongea du fait de la crise. Benny fut racheté dans les années 1960.

En face, la Compagnie d’assurance privée, est une succursale de celle de Bombay. Un architecte indien créa le bâtiment moderne, un des premiers planifiés en 1945 avec une entrée en angle. Le bâtiment est célèbre pour son sous-sol enterré pour les dépôts. Il recourait à des matériaux locaux. La décoration rappelait l’architecture indo-sarracénique avec le balcon de côté avec jally, le petit dôme, le joli Chatri  (kiosque) sous le toit. Aujourd’hui, la compagnie devenue LSI a été nationalisée à l’indépendance.

Un peu plus loin sur la rue, South India house, de style Edwardian offre une décoration bien différente presque rococo sur une façade toute simple.

Le Long de Beach road face au marché birman

Cette rue était l’avenue de parade bordée d’arbres et de luminaires le long de la plage avant le percement de Marina et le déplacement des clubs de plage. Avec l’ouverture de la gare, les Britanniques construisirent le long de la belle promenade, leurs plus beaux bâtiments. Les nouveaux arrivants, marchands, marins pouvaient y admirer la splendeur du Raj à travers de somptueux édifices. Aujourd’hui la vétusté et l’incurie font pratiquement oublier la grandeur indo-sarracénique de ces façades en relief. En diffère, celle du Metropolitan Magistrate court, pour les cas civils. Construite en 1892, sa façade plate ornée de mosaïques atteste combien les Britanniques consacraient un minimum d’argent pour rehausser un édifice pour les locaux.

Le train à Chennai

Le train est omniprésent à Chennai, terrestre ou souterrain. La ville abonde en effet en gares. Une quarantaine d’entre elles attestent du développement privé du chemin de fer d’origine.  Elles permettaient de relier la multitude de petites communes qui composent la ville d’aujourd’hui. Les premières lignes appartenaient en effet aux grandes familles et facilitaient leurs déplacements. Ainsi la Compagnie carnatique permettait au Nawab de se rendre de leur capitale Arcot à Royapuram. Je vous propose ici une double promenade pour découvrir le train à Chennai

Une ôde au train à Chennai, le musée du chemin de fer

Le bien amusant musée du chemin de fer. Ouvert en 2002 puis agrandi, il a pour but de valoriser le patrimoine et l’image du train en Inde. La billetterie se trouve dans un wagon. Elle donne accès au parc récréatif, aux collections et à un verre de thé. Il est particulièrement attractif pour les enfants avec ses locomotives anciennes. On peut y grimper et profiter des jeux répartis dans un grand parc. Et bien sûr on peut faire le tour du parc en petit train. On peut même déjeuner dans un wagon restaurant. Cinq galeries exposent des modèles, photographies, maquettes de trains ainsi que des œuvres d’art liées à la thématique.

Des cartels y font remonter la création du train à la Grèce. Cela me parait un peu osé, mais l’argument ne manque pas de sel. Le musée voit l’ancêtre du train dans les wagonnets traversant l’isthme de Corinthe, aujourd’hui percé par un canal, sur des rondins de bois. En place de locomotive des esclaves se chargeaient de haler les voitures. Ils évitaient ainsi le long contournement maritime du Péloponnèse.

Puis le musée évoque rapidement les locomotives tirées par des chevaux. Et il s’intéresse ensuite à la révolution industrielle et à James Watt et à l’invention de la machine à vapeur. Des explications alternent avec des reproductions et maquettes. Viennent alors les premières locomotives électriques. Suit une chronologie des chemins de fer. Elle commence en France avant de se diffuser à l’Angleterre et à l’Europe mais aussi aux colonies dont l’Inde.

Des trains de luxe

Un bâtiment du musée est consacré au métro . En revanche, une grande section présente une autre façon de profiter du train en Inde. Elle présente en effet les trains fastueux, recréant ceux des cours princières et restaurés pour des touristes avides d’expériences originales. Le « palace on wheels » réhabilité en 1982 recrée ainsi les splendeurs des maharajas. Et permet de découvrir le Rajahstan à des prix.. royaux.  Le « Golden Chariot », lui, parcourt le Karnataka et s’enorgueillit d’une décoration empruntée au site archéologique d’Hampi.

 Toujours dans le Nord et l’Est du pays, autour de Dehli ou Mumbai, le « Deccan Odyssey ». Lui aussi propose des voyages de luxe.

La majorité de ces palais roulant offrent malheureusement des expériences longues (8 jours) et onéreuses. Alors pourquoi ne pas vous contenter d’un voyage plus court et à Chennai même?

Une balade en train et des arrêts en gare

Pour retracer l’histoire du train à Chennai on peut effectivement faire le tour des gares. L’expérience prend tout son sel en chemin de fer. Bruyant et sale, il offre néanmoins un moyen amusant et original de découvrir la ville. On peut en profiter pour s’arrêter dans les stations les plus belles.

–   C’est à Royapuram que se trouve la plus ancienne gare d’Inde,

Edifiée en 1853, elle dispute son ancienneté avec la grande gare Howrah de Calcutta. Construite en lisière de l’implantation britannique, elle desservait l’ensemble des petites lignes d’alors. Bien que contemporaine lors de sa construction de Bori Bunder à Mumbai, seule Royapuram reste encore debout. En effet, la première gare de Mumbai a laissé place vingt ans plus tard au terminal Victoria, aujourd’hui Chhatrapati Shivaji Terminus.

Royapuram affecte un style classique avec son grand porche et ses colonnes de briques rouges. Avec l’édification de Central station en 1873, la circulation des trains se déplaça. La gare de Royapuram ne fut plus affectée qu’au déchargement des cargos. Très endommagée, il est question de lui redonner de sa splendeur passée. Mais rien n’est encore véritablement décidé à ce jour. Et il faut traverser un véritable no man’s land aujourd’hui pour découvrir ce joyau de temps révolu. Certes repeinte à l’extérieur, mais abandonnée.

– La Gare centrale de Chennai

Lors de son inauguration., Madras Central Railways Station s’affirma comme un équivalent des grandes gares londoniennes. Avec ses énormes halles bordés de kiosques et boutiques, ses grandes verrières abritant les quais, elle utilisait les matériaux modernes. Elle visait à concurrencer les plus belles constructions anglaises. Si elle est globalement de style néo roman, sa grande tour néogothique est néanmoins devenue emblématique de la ville. Influencée par les modèles britanniques, elle imprime une marque très anglaise à Chennai. Son horloge et son style victorien rappellent Saint Pancras . Elle marque la porte d’entrée dans les régions du Sud pour les voyageurs du Nord ou de l’est du pays.

–  La ravissante Egmore station date de 1907.

La gare d’Egmore avait pour vocation de décongestion Central station en desservant le sud du pays. Les nouveaux matériaux, fer forgé et verre,  et la claire distribution des espaces attestent de la volonté de modernité. En contraste, Sa façade indo-sarracénique donne une version locale amusante de l’art nouveau. Ses dômes reposent sur des colonnes ouvragées d’inspiration dravidienne. Ses motifs animaliers, dont un joli éléphant lui donnent du pittoresque. Son aspect extérieur éclectique ne fait pourtant pas l’unanimité chez les architectes.

L’Alliance Française

L’Alliance française de Madras, conserve le nom de l’association fondée bien avant le changement de nom de la ville en Chennai, en 1996. L’institution vient de célébrer en grande pompe ses 70 ans. Pour cet anniversaire, l’Alliance Française a fait peau neuve avec pour objectif de s’ouvrir à tous et de faire résonner la culture française bien au-delà de l’hexagone.

L’Alliance française de Madras rajeunie pour son 70eme anniversaire

               Fondée en 1953, cette Alliance nous rappelle que les liens entre le Tamil Nadu et la France s’ancrent dans l’histoire. Ce, depuis l’implantation française à Pondichéry au XVIIIème siècle. De ce fait, elle représente bien plus qu’un simple centre de langue.

L’Alliance offre bien sûr des cours de français aux apprenants. Elle accueille aussi des activités dans le bel auditorium Michelin. La bibliothèque a elle aussi fait l’objet d’une cure de rajeunissement. Surtout, le bel Espace 24, au 24 College Road, permet d’accueillir des expositions. Il aide aussi à mettre en valeur des artistes locaux ou français.

Ce 70ème anniversaire permet d’officialiser les nouveaux bâtiments d’une Alliance qui a presque doublé sa superficie initiale.

Une Alliance française atypique

L’Alliance française de Chennai est constituée d’un comité francophone et d’un trust 100% indien propriétaire des murs. Ce type de montage, assez courant, permet de sécuriser les bâtiments détenus localement. D’ailleurs, la séparation des pouvoirs garantit un équilibre. Le président du comité est un artiste local renommé.

L’Alliance de Madras est l’une des plus grosses au monde avec une quarantaine de professeurs et 2.600 étudiants. Elle prend place dans un réseau de 800 établissements. Ceux-ci se répartissent dans 130 pays dont 15 antennes réparties sur le territoire indien. Il s’agit d’associations françaises de droit local dont seul le directeur relève du Ministère des Affaires étrangères.

La proximité de Pondichéry et l’originalité du statut de franco-pondichériens expliquent en grande partie l’offre importante d’enseignants locaux parfaitement francophones.

Des bâtiments Art déco entièrement rénovés

Construite en 1953, la maison de style art déco fait partie d’un grand projet immobilier mené par un ingénieur, M Subarco. L’Alliance y a d’abord loué des salles à partir de 1975. Puis, elle a acheté la maison 5 ans plus tard, grâce à un prêt de l’Alliance Française parisienne.

Après le cyclone de 2017, le bâtiment a fait l’objet d’une magnifique rénovation et d’agrandissements par l’architecte Sujata Chankar. Les nouveaux espaces inaugurés en décembre 2022 comptent notamment la galerie. Espace 24 accueille les expositions d’arts visuels, de photographies ou offrant des ateliers. Il s’agit d’un espace polyvalent interactif. L’extension a en effet pour but de donner de l’ampleur à la dimension culturelle.

Conquérir de nouveaux publics

L’Alliance française jouit d’une véritable notoriété à Chennai. Néanmoins une marge de progression existe dans une ville de 10 Million d’habitants.

L’Alliance s’adresse à des Indiens désireux d’apprendre le français. Ils le font souvent pour des raisons professionnelles, comme travailler au Canada ou en Afrique où beaucoup d’entreprises indiennes sont installées. A ces élèves, s’ajoutent ceux qui apprennent le français pour le plaisir.

Le Dr Patricia Thery Hart, la dynamique directrice, estime qu’en diversifiant la proposition d’activités, en améliorant la qualité de la restauration, et en trouvant de nouveaux partenaires elle pourra améliorer la visibilité et l’audience et s’ouvrir à de nouveaux publics.

De nouvelles activités

Déjà l’offre a été structurée depuis son arrivée et des thématiques mensuelles visant à attirer un public avide de nouveautés culturelles.

L’équipe, renouvelée ,a déjà commencé à travailler sur une série de « dialogues créatifs ». Ils portent sur des sujets liés à l’art, la science, l’anthropologie. Elle envisage d’autres activités comme l’Opera on screen, art on screen, ou des artistes en résidence. Des cours le matin et l’après-midi ainsi que des ateliers pourraient élargir les propositions actuelles. D’autres projets à moyen et long terme visent à associer des designs contemporains en partenariat avec des associations étrangères. Le Goethe Institut de Chennai, ou Dakshinashitra font partie de ces liens.

L’Alliance Française de Madras a vocation à offrir beaucoup plus que des cours de langue. Elle vise aujourd’hui de nouveaux publics grâce à une programmation riche et variée.

Le jardin de la Miséricorde,

Un paradis pour les plus démunis

C’est au cœur de la campagne, dans un magnifique jardin de manguiers, dit jardin de la Miséricorde, à 1h au sud de Chennai que le trust indien irudayan niketan a bati un ensemble de batiments pour accueillir des personnes exclues.. Cette entité est menée par Père Olivier, indien, et animée par des volontaires de toutes origines.

Aider les gens en détresse

L’idée a d’abord germé à Bangalore en 1992 puis au Tamil Nadu en 1997. Les installations se font au gré des rencontres et des besoins.
A Chengalpet, une maison de 3 filles volontaires et une autre à Chennai composée de 2 étudiants indiens et 3 volontaires,apportent aide et réconfort à des populations miséreuses. Ceux-ci survivent en effet sans eau courante et sans éducation. La maison vise à soutenir moralement les plus nécessiteux qui outre la misère souffrent de l’indifférence et de la solitude.

Le jardin de Miséricorde, lieu d’accueil pour les enfants des villages

 Au jardin, Père Olivier et Anne ont commencé par accueillir et suivre 14 enfants des villages avoisinants. Ce magnifique jardin de manguiers, est un lieu paisible et retiré, en pleine nature. Le jardin a aidé ces jeunes à suivre une scolarité en leur offrant  gîte, couvert et accompagnement. Les enfants, entre 8 et 12 ans, confiés par les parents ont pu terminer leur scolarité.

 Malheureusement, en 2014, la réglementation a changé et les enfants ont rejoint leurs familles. Certains n’ont pas pu mettre à profit ce qu’ils avaient appris. Ils sont été mariés et ont repris la terre de leurs pères. Neanmoins, Anne espère que leurs enfants profiteront  à leur tour de l’éducation recue par leurs parents. Certains s’en sont sortis , comme Angelie qui a refusé le mariage arrangé,s’est oppposé à sa famille pour faire des études. Elle va devenir infirmière et espère ainsi mieux servir sa communauté. Mais le prix à payer a été de racheter sa dette face à la famille qu’elle devait épouser.

Devenu lieu de reconstruction pour les exclus

Depuis 2014, faute d’enfants, le jardin de Miséricorde accueille des gens que personne ne veut. Ils viennent de toutes religions,de  toutes castes. C’est une sorte d’anti société indienne, composée d’exclus. Ceux-ci ont tous vécus des histoires dures,  et ont été rejetés par leurs familles.

Au jardin, leur rythme de vie très lent, Voire contemplatif. Comme le dit joliment Anne Le temps est un ami en Inde.  Ce qui  ne les empêche pas d’œuvrer pour les autres. C’est à la cuisine, au jardin,qu’ ils retrouvent dignité, sentiment d’utilité mais aussi sens de la communauté, essentiel pour ces personnes violemment rejetées du groupe. Néanmoins, face à la demande et au peu de place (14 résidents), des règles se sont imposées. Ainsi, les résidents expérimentent cette vie communautaire durant un mois avant d’obtenir une admission sur le long terme . L’éloignement, la tolérance, le mélange de castes peuvent, en effet, ne pas être bien perçus. Faute d’équipe médicale sur place, le jardin ne peut pas accueilir de grands malades.
Les résidents doivent avoir un référent. Ils versent une participation quand ils le peuvent pour les responsabiliser, 5000rp par mois. Malheureusement sur les 14 hôtes un seul reçoit un soutien financier et paye tous les mois. Certains prennent en charge juste les médicaments. On peut parainner 1 personne à la hauteur de 5000 rp par mois .

Une vie de pauvreté et de dignité au Jardin de la Miséricorde

Chaque résident a une mission notamment à la cuisine. Car  l’alimentation se trouve au centre de la vie indienne. C’est un synonyme de  vie, une forme d’accueil. La cuisine crée une unité, renforce les relations et redonne une dignité à ceux qui y travaillent. Au jardin de la Miséricorde, les résidents mangent des produits naturels et sains, surtout du riz et des produits de la terre. Ceci crée une unité alimentaire et relationnelle. Les résidents et volontaires s’occupent du quotidien. Ménage, décoration, entretien, cuisine . Seul l’entretien et la récolte des manguiers sont laissés aux leasers qui récupèrent les fruits. L’idée est de réapprendre le quotidien à des gens qui ont parfois tout perdu. Cette école de la vie est parfois dure. Par exemple, il n’y a de l’eau que 3 fois par semaine à 4h du matin et il faut se réveiller pour la stocker.

La salle à manger est aussi un lieu de réunion pour jouer aux cartes, se retrouver, échanger. Plus loin se trouvent les bâtiments des hommes et, très séparés, ceux des femmes. Père Olivier assume la responsabilité et la gestion des lieux. Un manager salarié s’occupe de l’aspect administratif . Anne s’occupe des autres volontaires internationaux et des femmes.

L’équipe compte 3 permanents et une petite équipe de volontaires, qui outre Anne, résident dans Chennai, dans le quartier pauvre et bruyant de Chengalpet, et viennent se resourcer au jardin de la Miséricorde une fois par semaine.

Pauline, Anthony, Gavin, Elsa, Roy, ces malheureux qui ont retrouvé le goût de la vie.

Elsa et Ramesh ont trouvé une famille

A 35 ans,  Elsa est la plus jeune des résidents du jardin. Sa mère, francaise,  est morte quand elle avait 8 ans. Atteinte petite de poliomélithe, elle se déplace en fauteuil roulant. Elle a passé son enfance de foyers en foyers. Recueillie au jardin il y a 10 ans, elle a retrouvé une famille, et le sourire. Elle utililise sa bonne connaissance de l’anglais pour faire du soutien scolaire. Avant le covid elle avait un petit magasin de fournitures scolaires et rêve de le retrouver. En attendant, elle se  sent aimée et utile. Elle cuisine le dimanche .Elle retrouve sa dignité en aidant et peut vivre de manière quasi automome.

Ramesh errait dans les rue de Chennai. Blessé , presque fou, il a été recueilli au jardin de la Miséricorde. Ce pêcheur de poissons , violent, rejeté par sa femme et ses filles, a beaucoup changé  en cinq ans.Sa colère remonte à son enfance quand son père l’a ébouillanté pour le punir de faire l’école buissonière. Depuis, ses pieds sont deux énormes plaies. Au jardin, il s’est apaisé et a trouvé le bonheur de se faire appeler « appa »(père). Ce rapport familial lui apporte beaucoup de paix.

Pauline et Anthony et le problème nouveau des personnes âgées

Pauline vient de Bombay où elle enseignait. Elle est veuve et sa fille qui doit vivre avec ses beaux parents ne peut pas s’occuper d’elle. Desespérée d’avoir perdu son mari, elle ne supportait plus la solitude de sa chambrette dans le village. Ce, d’autant plus qu’après une opération ratée de la cataracte elle perd la vue. Sa fille inquiète de la voir sombrer dans la solitude et la dépression a entendu parler du Jardin et a demandé de l’aide. En arrivant au jardin elle s’est définit comme un cœur brisé. Pourtant, elle a repris espoir au jardin de la Miséricorde,. En voyant le travail des volontaires auprès d’autres « coeurs en mille morceaux », la vieille dame s’est mise elle aussi à aider. Elle parle bien anglais et offre des cours de soutien aux enfants du village.

Anthony lui a été chassé de la maison par sa fille lorsqu’il est parti à la retraite . Sa femme a des problèmes psychiques et son autre fille s’en occupe. Malheureusement, personne ne veut plus gérer le vieux monsieur depuis qu’il est à la retraite. Avec lui se pose une nouvelle problématique, celle des personnes âgées de plus en plus abandonnées par leurs familles.

Gavin souffre de diabète. Il a une blessure permanente. On lui a confié la mission d’aller chercher des medicaments. Cette armoire à glace a été rejetée par sa famille en raison de sa violence. Au jardin de la Miséricorde, il a retrouvé un sens.

Le neuveu d Anthony vient aider. C’est un volontaire indien de 35 ans.

Roy et Sylvester, de vrais défis pour la communauté

Roy anglo indien de 50 ans est déficient mentalement. Il vivait avec son père mais à la mort de celui du fait du COVID il a été abusé par le chauffeur. Ses frères en Australie l’ont fait rentrer au jardin de la Miséricorde. Cependant, sa sœur voudrait le prendre en Australie. Ce projet est très concret ce qui n’est pas toujours le cas. En effet, toutes les familles n’ont pas les moyens ou ne sont simplement plus là. Pourtant, le jardin ne veut pas devenir un lieu définitif pour ces malheureux mais un lieu de passage et de reconstruction.

Sylvester lépreux de basse caste a posé un réel defi pour le partage de sa chambre. Il a été difficile de le faire accepter car en Inde les léproseries restent cloisonnées et les lépreux effrayent. En effet, cette maladie reste liée à la pauvreté, au manque d’hygiène et à la dénutrition. Il a perdu sa femme et sa fille.Il souffre toujours mais adore jardiner. S’occuper des espaces verts a redonné un sens à sa vie.

Le défi est que le jardin ne soit pas un lieu definitif. Elsa pourrait peut être avoir une vie, une indépendance financière mais elle a besoin de la communauté. Tout comme Pauline. Mais le jardin de la Miséricorden’est pas un hôpital, ni une institution et ne peut être qu’un lieu temporaire plus ou moins long, un lieu de réinsertion sociale . Pour aider ce jardin à survivre, vous pouvez vous y rendre le temps d’un week-end ou contacter directement l’un des bénévoles.