Madurai Bis

Pour ce Madurai bis, je vous convie à visiter en profondeur deux icônes du Sud de l’Inde. Le Temple Meenakshi de Madurai est certainement le temple vivant le plus connu et le plus fréquenté du Sud de l’Inde. Véritable icône du Tamil Nadu, il rend la visite de la ville incontournable.

Fondée au 3e millénaire avant JC, la richesse de Madurai la rendit précieuse. Convoitée, Madurai est en effet envahie par le sultan de Dehli au 14ème siècle. Elle connait alors une parenthèse musulmane, rare dans l’Inde du sud. Puis, elle est reconquise par la dynastie hindoue Nayak. De ces époques, datent deux des très beaux monuments de la ville, le temple et le Palais. Puis, en 1801, elle passe sous la tutelle anglaise de l’East India Company.

Le temple Meenakshi de Madurai

Le grand temple Menaakshi de Madurai se trouve au centre de la ville. C’est l’édifice le plus célèbre de Madurai et l’un des plus beaux et importants d’Inde. Pour le Sud il représente ce que le Taj Mahal est au Nord. Construit entre les 7ème et 9èmes siècles, il a été reconstruit à plusieurs reprises. Ce labyrinthe coloré et très fréquenté par les fidèle s’apparente à une ruche.

Le temple Meenakshi de Madurai

 C’est un double temple, énorme, consacré à Shiva et Parvati., sous son nom Meenakshi. Pour y entrer, il faut déposer quasi toutes ses possessions. Bien sûr, chaussures chaussettes, mais aussi téléphone et sacs, appareil photo puisque les photos y sont interdites. Une tenue correcte s’impose (les jambes et épaules doivent être couverts). Une fois démuni, vous pouvez visiter l’énorme complexe en essayant de ressortir par la porte par laquelle vous êtes rentrés. Car Il y a 12 gopurams et 4 entrées principales, assez éloignées les unes des autres pour qui claudique pied nu dans la fange des villes indiennes….

L’ensemble est impressionnant de vie, de couleurs et de profusion sculpturale notamment dans l’extraordinaire salle des mille piliers, transformée en musée et donc payante. Ce dernier ferme de midi à 16h. Il vaut mieux visiter le matin (5h30/12h30), à moins que la foule et le chaos qui l’accompagne ne vous tente vraiment.

Pilier du mandapa du Temple Meenakshi de Madurai

https://maps.app.goo.gl/r5rdMFg7vXhTEf9G7

En sortant, on contourne le temple. Sur la vaste esplanade, les terrasses de certains commerces permettent d’avoir une vue magnifique sur l’ensemble du temple. Il vaut aussi le coup de contourner complètement le mandapam extérieur pour découvrir le taureau Nandi. De là, on accède facilement au très beau marché. Mais aussi à tout le centre commercant avec ses rues et galeries spécialisées.

Le Palais

Non loin, se trouve le palais ou plus exactement ce qui reste du palais, à savoir une cour et les appartements de la reine.

Cour d’honneur du Palais de Madurai

 Construit en 7 ans autour de 1636 pour le roi Thirumalai Nayak, le palais de Madurai s’organise autour de sa cour. Si on lit des influences arabes dans les arcs outrepassés, ce palais porte également une marque européenne. L’architecte italien Roberto de Nobili, jésuite converti à l’hindouisme, y travailla en effet vers 1610. Le palais était alors peint en jaune et noir. Le blanc d’œufs et les coquillages constituant le plâtre jaune isolaient de l’humidité et des insectes. Néanmoins, le tout a été refait en bête plâtre en 1850 par les Anglais.

Perspective du Palais de Madurai

Bien qu’Italien, le missionnaire architecte s’est plié aux préceptes architecturaux particuliers du Vastu shastra.

moulures du Palais de Madurai

Je vous laisse méditer ces principes et haruspices, encore en vigueur dans les constructions indiennes. Mon neurone cartésien ayant été pris de fou rire au moment de l’explication du très sérieux guide, je ne suis pas en mesure de vous livrer une lecture satisfaisante, et encore moins rationnelle.

Pour autant, la majesté de l’ensemble est indéniable et on décèle malgré les lourdes restaurations britanniques des influences dravidiennes et islamiques.

Le long de la majestueuse cour, un musée lapidaire occupe aujourd’hui l’ancienne salle de bal. On y voit des statues de divinités en pierre remontant au 10ème siècle et notamment une belle sculpture jain.

Musée lapidaire, Palais de Madurai

On peut visiter le Palais illuminé tous les soir lors du spectacle sons et lumières, toujours très son pour les Indiens qui adorent le bruit fort

Madurai

L’arrivée à l’aéroport de Madurai et les chemins de traverse pour y mener annoncent une petite ville provinciale. Pourtant, une fois dans le centre de Madurai, le décor et l’atmosphère changent du tout au tout. D’ailleurs, les distances imposent de se déplacer en véhicule.

dans le Temple

Pour loger, Madurai offre un panel complet du luxueux Taj ou Heritage Hôtel au dortoir en guesthouse. Cependant un large choix d’Hotels meilleur marché et très correct existe aussi., Dormir et manger à Madurai coûte de toutes façons sensiblement moins cher qu’à Chennai.

Le temple Meenakshi et le Palais assurent la notoriété de la ville. Un article sur la question paraitra la semaine prochaine.

Bâtiments civils de Madurai

Madurai fut une grande capitale des Palavas. Marco Polo y évoque d’ailleurs sa présence sur le chemin du Kerala, avant d’embarquer à Goa vers l’Arabie. Contrairement à de nombreuses cités tamoules, Madurai a cependant perduré après son apogée.

Près de la rivière, le Montapum, petit pavillon bâti en 1638, parait perdu dans un grand bassin souvent comblé. Celui-ci est alimenté par les crues de la rivière.

Ce réservoir a été creusé pour la fabrication de briques destinées au palais. Il se remplit naturellement pendant les moussons. Cette partie de la ville est construite sur les fossés.

Marchés de Madurai

La ville très vivante, abonde en marchés. Assez loin du centre, le marché aux fleurs est assez impressionnant. Comme partout en Inde, les fleurs vendues le sont sans tiges. Elles servent d’offrandes dans les temples et s’enroulent en collier. Trouver un bouquet relève de l’impossible en Inde malgré la profusion de fleurs.

En revanche, d’autres marchés se trouvent dans le centre. Notamment les 2 extraordinaires allées occupées par les marchands de bananes. Grossistes, ils reçoivent les bananes vertes, plus facilement transportables. Ils les font murir dans des fours puis les vendent aux petits marchands.

Ceux-ci tiennent de petits étals colorés un peu partout dans la ville. La diversité chromatique est effectivement spectaculaire à Madurai. Les arrangements de ces petits marchés de rues permettent aux photographes de se régaler. Les Indiens se montrent en général très coopératifs et adorent selfies et photos. Il suffit de leur demander gentiment et éventuellement de leur montrer voire de leur donner un exemplaire de la photo prise s’ils acceptent.

Le Musée Gandhi

De l’autre côté de la rivière, on rejoint le Gandhi Museum. Le bâtiment blanc est un palais historique d’une reine de la dynastie Nayak, construit vers 1670. En 1955, le gouvernement de l’État du Tamil Nadu a cédé le palais à l’Inde pour y loger le très didactique Gandhi Memorial Museum. Premier musée consacré au Mahatma dans la ville où celui-ci a troqué le costume européen pour le dhoti traditionnel.

 L’exposition n’a certainement jamais été réaménagée depuis son ouverture. Tout y est vieillot, des photos, au dernier dhoti de l’assassinat maculé de sang. Les panneaux, écrits en tout petit narrent l’histoire de l’indépendance des prémices de la colonisation a l’assassinat de Gandhi.

Fermé entre midi et 14h, son entrée est gratuite sauf pour les appareils photos, mais je ne suis pas sûre que les collections incitent à la photo.

Thirumayyal temple

Eloigné du centre-ville, le Temple de Murugal vaut la balade en taxi, bus ou ato. C’est un fantastique temple dravidien à flanc de montagne. Coloré plein de vie, en partie excavé, il est l’une des 6 demeures de Murugan très honoré dans le Tamil Nadu. L’ambiance y est incroyable. Des marchands de bibeloterie dans le hall incitent à se demander si on est vraiment dans un temple. Et puis, on peut rentrer dans le sanctuaire darshan, avec la bénédiction d’un clergé et de fidèles adorables et amusés.

Derrière le réservoir, on peut escalader les nombreuses marches menant à un petit temple infesté de singes très entreprenants. Le sanctuaire tout simple ne peut pas faire oublier la superbe vue sur la ville et ses nombreux lacs et espaces verts. On redescend par un chemin plus sportif ou par le même escalier qui mène à l’écoparc, un grand parc public très cher pour ce qu’il propose. Aux dernières nouvelles, la police interdisait la montée aux étrangers.

On peut parachever la découverte de Madurai en se rendant à la colline Samanar. Au-delà du petit étang couvert de lotus (et de détritus), du temple kitsch et de la colline aux formes étonnantes, on accède à une grotte temple jain dont la région abonde. Les gravures à même la roche rappellent la présence de communautés isolées autour de Madurai à l’époque où les moines d’Europe s’enfermaient dans des monastères.

Pondichéry

Derrière l’image idyllique de jolie ville coloniale française, Pondichéry a beaucoup à offrir.

Pondichéry et ses surprises

Première surprise. Connue dès l’antiquité, la côte attirait déjà les Romains dès avant notre ère. Outre le site d’Arikamedu, on découvre des vestiges romains au musée local. Perdues au milieu des terres cuites Pallavas, (4e au 10eme siècle,) et des rares vestiges cholas (10e et 13e), elles font l’objet de maigres cartels. Les gardiennes du musée, plus empressées à causer entre elles qu’à vous renseigner, vous vilipendent violemment si vous tentez subrepticement la moindre photo.

Le musée de Pondichéry expose avec le même manque d’intérêt pour l’histoire une chaise à porteur et un cabriolet en triste état. Malheureusement, l’activité commerciale des Portugais et des Hollandais n’y apparait pas. En revanche, la présence française depuis 1674 transparait dans les meubles horriblement vernis, un buste de Marianne caché dans le capharnaüm. Ces objets attestent à leur manière de l’enrichissement et de l’embellissement de la ville à l’époque française.

Pondichéry, la Française devenue indienne

Ce n’est qu’en 1954 que Pondichéry a voté son rattachement à l’Union Indienne. Le transfert ne se fit qu’en 1962. Mais le territoire reste indépendant du Tamil Nadu. Les lois y restent plus souples (notamment en matière de consommation d’alcool). Certains habitants ont choisi de rester français, ce qui ne va pas sans poser de lourds problèmes.

Cette histoire particulière explique la présence inhabituelle en Inde de nos concitoyens mais aussi l’empreinte culturelle (et gastronomique) prégnante dans la « ville blanche ».

L’ancien comptoir des Indes a en effet conservé son quartier français avec ses boulangeries, restaurants rues qui rappellent la présence coloniale entre le XVIIè et le milieu du XXè siècle. Le canal, aux allures d’égout à ciel ouvert sépare cette « ville blanche » en bord de mer, du quartier tamoul.

Le quartier français.

Derrière la longue promenade le long de la plage avec son monument à Gandhi, les jolies maisons coloniales aux murs jaunes à pilastres et corniches blanches cachent des patios arborés. Avec leurs persiennes en bois et leurs bougainvilliers, elles longent des rues perpendiculaires. Çà et là, émergent des souvenirs de la présence coloniale. On longe ainsi le Lycée, célèbre pour être le premier où se tiennent les épreuves du baccalauréat, de délicieuses boulangeries ou des enseignes en français. On suit le souvenir de Dupleix, station de métro mais aussi gouverneur de la province.

Malheureusement, le charme du quartier disparait peu à peu, grignoté par les maisons grises conquises par la communauté d’Auroville et de l’ashram de Sri Aurobindo. C’était le lieu de résidence du philosophe gourou et de la Mère, française à l’origine d’Auroville. On peut visiter leurs appartements et se recueillir devant leur tombeau. Les plus passionnés peuvent se rendre à Auroville et supporter le processus d’entrée. A vous néanmoins de vous renseigner et de juger si vous adhérez à l’initiative.

Verdures et Plages, le charme de Pondichéry

Il n’y a pas beaucoup de monuments. Cependant, le charme de la ville blanche, les jolis cafés, le calme et la relative propreté en font une pause unique en Inde. On peut néanmoins visiter l’église ND des Anges, passer du temps dans les jardins. Par exemple, le mémorial gréco-romain du parc Bharathi et les beaux bâtiments coloniaux.

Le temple d’Arulmigu Manakula Vinayagar , consacré à Ganesh, est très vivant et surtout, fait rare, les non hindous peuvent y entrer. Lakshmi, l’éléphante qui venait bénir dévots et curieux vers 18h00 est malheureusement décédée d’une crise cardiaque récemment.

« La Promenade », est une plage de gros rochers. Ils gênent l’accès à la mer. De toutes façons, la baignade y est interdite. En revanche, c’est un plaisir d’y marcher et d’y regarder l’animation. Le matin tôt, les locaux font leurs exercices et profitent de la relative fraicheur. En revanche, très peu de restaurants ou de cafés bordent la plage.

Le quartier tamul

Ce quartier offre une ambiance toute différente. On retrouve l’Inde bruyante avec sa circulation chaotique, ses cris, klaxons et les ordures. Cependant, y subsistent quelques vestiges français. Ainsi, l’étonnante église du Sacré cœur, néogothique, et la cathédrale de l’Assomption plutôt néo-baroque.

Si les rues demeurent perpendiculaires, l’architecture des maisons tamoules y diffère. Les maisons coloniales joliment entretenues et encerclées de hauts murs s’ouvrent sur des patios arborés. Au contaire, les maisons tamoules s’ouvrent vers l’extérieur par des vérandas sur rue (thalvaram) avec un toit en appentis sur des poteaux en bois. Souvent, on trouve aussi un thinnai, une plateforme surélevée adjacente à l’entrée principale de la maison. L’ensemble, plus délabré, manque de la verdure charmante de la « ville blanche ». Une maison musée poussiéreuse, Sri Ananga Mansion, se dresse en face de l’entrée du marché, mais ses horaires erratiques posent un vrai problème au visiteur.

L’inde commerçante du quartier tamoul.

La rue Nehru marque le centre de l’activité marchande. S’y cache le dédale du marché Goubert. Enorme et particulièrement vivant, il regorge de produits, de senteurs et de couleurs.

Malgré l’absence de trottoir et la circulation de ce quartier, il faut s’y promener. On peut pousser vers le Nord jusqu’au temple dravidien de Varadaraja Perumal dédié à Vishnu et point de départ de la ville ancienne. On peut aussi se rendre au jardin botannique ou à la tour de guet avec le petit marché.

Pour un jour ou deux jours, Pondichéry marque une étape adorable. L’on se plonge avec délices dans les rues calmes et arborées du quartier colonial et on s’arrête avec bonheur dans ses cafés au charme suranné.

Kanchipuram

Située à une bonne heure de route de Chennai, Kanchipuram offre une belle idée de visite pour la journée.

Cette ancienne capitale des Palavas a vécu son heure de gloire du VIe au VIIIe siècle, Riche en temples, c‘est une ville sacrée et une des 7 villes saintes d’Inde. Pourtant certains temples sont plus tardifs et datent de l’Empire Chola (comme celui de Thanjavur) ou celui des Vijayanagar.

Aujourd’hui, cette ville poussiéreuse et bruyante a perdu de sa superbe et il faut fouiller dans le chaos pour y trouver du charme et y repérer les temples les plus importants. Si la ville en a conservé énormément, peut-être pas les 1000 vantés par les guides touristiques. En outre, tous ne valent pas la visite. Dans leur majorité, les prêtres locaux sont traditionnalistes, peu sympathiques et réfractaires à la présence d’étrangers. Il vaut donc mieux ne pas tenter d’enfreindre leurs ordres.

Quelques temples incontournables

Des agences proposent des matinées de folie à Kanchipuram en faisant visiter dix temples. Ce qui implique un lever aux aurores, car les édifices religieux ferment entre 12.30 et 16h. Néanmoins, tous ne sont pas incontournables et pour éviter la saturation, voici une petite sélection maison.

Perumal Temple reservoir, Kanchipuram

Kailasanatha Temple,

 On peut commencer par Kailasanathar, temple du VIIe s dédié à Shiva. C’est donc l’un des premiers à avoir été bâti avec une base en granit supportant sa structure imposante. C’est surtout l’un des plus anciens de Kanchipuram. Il apparait comme un modèle d’architecture dravidienne. Il contient des préaux aux beaux piliers sculptés. Un vimana surmonte le sanctuaire central entouré de 9 sanctuaires. Tout autour de la cour carrée se trouvent 28 cellules avec des fresques particulièrement anciennes.  Le temple est aussi connu pour ses nombreuses et très précoces inscriptions.

Varadharaja Perumal Temple,

À l’est de Kanchipuram. On le repère de loin en raison de sa taille et surtout de la hauteur de la gopuram d’accès. Ce temple est particulièrement réputé pour son mandapam aux somptueuses sculptures du 8eme siècle. Considéré comme un musée, on accède à ce hall aux 100 colonnes moyennant un paiement. En revanche, après avoir payé, admiré, photographié ce mandapam et les gopurams d’entrée, le clergé local, particulièrement radical, refuse farouchement l’accès des non hindous aux sanctuaires.

L’immanquable

Ekambaranathar

C’est l’un des temples les plus célèbres et l’un des plus grands du Tamil Nadu. Il est dédié à Shiva sous sa forme Ekambareswara, terrestre. On a un peu l’impression de rentrer dans un immense enclos en jachère, d’où surgissent des sanctuaires plus ou moins entretenus.

Nandi, Temple Ekambaranathar Kanchipuram

Ainsi, en partant sur la gauche, un réservoir vide précède un mandapa aux magnifiques sculptures. L’’état général des lieux et les odeurs attestent d’une fréquentation limitée.

piliers sculptés du mandapam Kanchipuram

En revanche, si l’on part tout droit après la première gopuram, on rentre dans le saint des saints. Les marchands du temple vous attendent et se succèdent jusqu’au mandapam vibrant d’animation. Là, on peut vous accoster pour vous proposer de pénétrer dans le sanctuaire. Sous l’œil goguenard et bienveillant du prêtre ravi d’assister à un échange de billets qui lui profiteront, l’étranger mécréant est admis. Il peut alors longer librement l’immense corridor bordé de lingams. De petits autels et des chariots et statues processionnels rangés mènent jusqu’à une courette dans laquelle survit un manguier soi-disant tri centenaire. L’on contourne ainsi le sanctuaire sans véritablement y entrer mais en attrapant une idée de l’atmosphère sacrée et de l’immensité du lieu.

Bien qu’initialement érigé sous l’Empire des Pallavas, il fut entièrement détruit et reconstruit à la fin de l’ère des Cholas. Au fil des siècles, la structure du temple a été améliorée, notamment par les rois Vijayanagar au 15ème s).

Au-delà des temples, la ville

le berceau, Kanchi Kudil, Kanchipuram

Pour les amateurs d’ethnologie, Kanchi Kudil, est une belle maison transformée en musée. On peut visiter moyennant une petite obole. Les pièces de vie d’une famille au sens large vivant sous le même toit sont bien préservées. De belles explications concernent justement la cohabitation dans le Tamil Nadu agricole. On y comprend mieux les stratégies de préservation des terres au sein d’une même famille. On y voit aussi les toits caractéristiques de la région à 7 épaisseurs de tuiles.

Le musée ethnographique de Kanchipuram

Kanchipuram est aussi connu pour sa soie de murier. Cinq mille familles travaillent a la fabrication de saree traditionnels. Malheureusement, les ateliers souvent petits ont migré hors de la ville et les invitations a voir le travail du tissage vous mènent immanquablement dans de grandes boutiques. Pour le reste pas mal d’animation dans la ville.

Kanchi Kudil, maison musée de Kanchipuram

Pour des raisons pratiques, il vaut mieux partir a la journée avec un chauffeur ou un ato. cf article transports et circulation-Les distances peuvent être longues, la touffeur insupportable. Il est parfois difficile de s’orienter dans cette ville poussiéreuse et un chauffeur voire un guide peut donner du sens à cette découverte.

Mahabalipuram

Mahabalipuram ou Mamallapuram est l’un des grands sites du Tamil Nadu, voire le plus connu. Il est d’ailleurs classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Ce fut, entre le Vème et le VIIIème siècle, la grande ville portuaire des Pallavas. Cette dynastie avait établi sa Capitale à Kanchipuram. La ville tire d’ailleurs son nom du Roi Pallava, Narasimha Varnam 1er, surnommé « Mamalla » (le grand guerrier).

Outre le fameux bas-relief de 27m sur 9m, la Descente du Gange, de nombreux temples ont été taillés directement dans les falaises de granit entre les 7eme et 8emes siècles.

C’est un site compliqué si on l’aborde sans préparation. Alors, pour mieux le comprendre, voici les 5 zones à ne pas manquer.

On peut acheter un ticket global a la première entrée (notamment aux temples du rivage) qui sera composté à chaque guichet.

La motte de beurre et autour

 On peut commencer, ou finir, par Le butterball ou motte de beurre, rocher qui se tient en équilibre depuis plus de 1200 ans. Cette boule de granit de 6,5m pèse 250t et ne bouge pas. Plusieurs théories farfelues expliquent ce prodige. Certains ont invoqué des extra-terrestres. La légende raconte que le fils de Krishna aurait volé du beurre, l’aurait envoyé dans le ciel puis fait tomber sur terre.

Cependant, une explication plus scientifique considère que La friction entre la base et le rocher le maintient en place. De plus, c’est la seule roche non sculptée par les Pallavas.

 En contrebas, des reliefs ornent des roches monolithes. Puis, en remontant derrière le temple de Ganesh, deux temples en hauteur dédiés à Shiva.

Une fois monté vers la Grotte de Trimurthi, on voit des sculptures de Brahma, Vishnu et Mahaeschwara. De là, On rejoint le phare, qui offre une belle vue sur la plage.

L’impressionnant relief de Mahabalipuram, la pénitence d’Arjuna

En sortant côté motte de beurre et en longeant sur la droite, on accède au Krishna mandapa. Il s’agit d un pronaos excavé avec des sculptures impressionnantes. Des reliefs illustrent la traite de la vache sacrée et Krishna élevant la fille de Govarghana.

Juste avant d’y accéder, se déroule l’exceptionnel relief de 27x10m, taillé dans un énorme roc de granit. Ce chef d’œuvre de l’Art Antique indien date du VIIème siècle. Les spécialistes le considèrent comme le plus grand relief du monde. Selon l’interprétation, on l’appelle Pénitance d’Arjuna ou descente du Gange. Ce bas-relief représente une multitude de scènes de la mythologie hindoue ainsi que des scènes de la vie quotidienne.

Au centre de l’œuvre, des naga (serpents mythiques capables de prendre une forme humaine) s’insinuent dans une crevasse, dans laquelle coulait autrefois de l’eau. Elle symbolise le fleuve sacré, le Gange. Ce relief illustrerait en fait un passage du Mahâbharatha.

Sur la gauche, on repère aisément un homme qui se mortifie, debout sur une jambe, les deux bras en l’air. Et là, deux interprétations s’opposent :

  • Pour les uns, il s’agirait d’Arjuna, le héros de la fameuse épopée du Mahâbhârata. Celui-ci ferait pénitence afin d’obtenir du Dieu Shiva (debout à sa droite) le Pasupatha Astra, l’arme la plus puissante de Shiva. Elle permet de tuer les Dieux. Dans l’épopée, Arjuna la désire pour vaincre ses cousins les Kauraves.
  • D’autres défendent l’idée que l’homme faisant pénitence, serait le Sage Bhagîratha. Celui-ci souhaite obtenir du Dieu Shiva, qu’Il fasse couler l’eau du Gange sur la Terre.

Les 5 Rathas

 Plus loin, en continuant la route jusqu’au bout de Mahabalipuram, on atteint un autre enclos avec Les 5 rathas, référence aux 5 frères pandavas ou 5 panchas (5 en sanskrit). Il s’agit d’un ensemble de petits temples creusés directement dans la roche, du haut vers le bas. Le Roi Pallava Narsimha Varman I (630-668 après J.-C.), a construit ces édifices monolithiques aux VIIème et VIIIème siècles. Plus exactement il les a fait excaver.

Les Cinq Rathas portent les noms des légendaires Pandavas, les frères qui se battent contre leurs cousins Kauraves dans le Mahâbhâratha: Yudhistara, Arjuna, Bheema (grand chariot rectangulaire), Nakula & Sahadeva et de leur épouse commune Draupadi (à l’entrée). Ces édifices incomplets n’ont pas été consacrés. En revanche, ils ont été creusés comme des modèles, et n’étaient pas utilisés pour le culte.

Les statues d’un éléphant (le véhicule d’Indra), du lion (le véhicule de Durga) et du taureau Nandi (le véhicule de Shiva) jouxtent les rathas.

Le clou de Mahabalipuram, les temples du rivage

 De l’autre côté de la route et près de la plage, se dressent Les temples du rivage. Ce sont 2 fantastiques temples pyramidaux dédies à Vishnou et Shiva. Une magnifique allée de taureaux Nandi (monture de Shiva) y mène.

Ce sont les plus anciens temples construits du Tamil Nadu. Ils s’opposent en cela aux temples précédents taillés directement dans la roche ou creusés.

 La construction de ceux-ci daterait de 700-728 ap JC, à l’époque où Mahabalipuram était une importante ville portuaire, sous le règne des Pallavas. Ce processus témoigne de la cohabitation des deux courants principaux de l’hindouisme. 

 Deux sanctuaires sont dédiés au Seigneur Shiva. Le plus grand se dresse a 18m avec son lingam symbole de Shiva et haut relief de Somaskanda (le trio Shiva, son épouse Parvati et leur fils, Skanda). Le second est consacré est consacré à Vishnu, représenté dans sa posture couchée, sur le serpent Sesha. Le troisième est arrasé. Le dernier grand tsunami a mis a jour les vestiges d’autres temples aujourd’hui recouverts par la mer et le sable.

Les sculptures qui ornent les tours sont nombreuses et délicates.  Un lion se dresse au milieu de l’ensemble, Vahana, monture de la déesse Durga.

Les deux temples encore debout, très bien conservés sont certainement le lieu le plus célèbre du Tamil Nadu. L’affluence des Week-ends et jours fériés peut donc dérouter.

Victoria Station

On ne débarque plus à Victoria Station lorsque l’on vient de France. Néanmoins, pour peu que vos pas vous mènent vers le sud de l’Angleterre, vous pouvez avoir à passer quelques heures dans ce quartier. Dans ce cas, que faire ? Comme pour les autres gares, voici des itinéraires selon le temps dont vous disposez à Victoria Station.

frise en pierre de Coade sur Belgrave Square

Il pleut ou vous ne voulez pas trop vous éloigner de Victoria Station

Si vous ne disposez que d’1 heure

Dans ce cas vous pouvez déjà déambuler dans Victoria Station modernisée par l’ajout d’un centre commercial. Mais, vous pouvez aussi vous aventurer vers l’étonnante cathédrale catholique Westminster. A moins que vous ne disposiez d’un peu plus de temps, et que vous ne vous décidiez carrément pour l’abbaye de Westminster et Westminster Square.

De Victoria Station à Pimlico

Vous disposez d’un peu de temps, il pleut encore et vous avez une envie de vous cultiver ? dans ce cas, pas une minute à perdre ni une hésitation, rendez-vous directement à la Tate Britain, orgueil du quartier de Pimlico.

Turner, autoportrait à la Tate Britain, non loin de Victoria Station

Les majestueux bâtiments ont été refaits. La galerie consacrée à la peinture anglaise offre un panorama passionnant de la peinture élisabéthaine à la création contemporaine avec des galeries très réjouissantes consacrée à Turner bien sûr, Hogarth, Sargent et Moore. Personnellement, j’ai un petit faible pour Sargent et ses portraits distingués d’une Angleterre déchue. Les collections permanentes sont, comme toujours dans les grands musées anglais, gratuites. Les expositions temporaires, elles, coutent assez cher.

Sargent
David Hockney

Du côté de Knighstbrige

Vous disposez de plus de temps, l’averse s’est enfin interrompue ? L’envie vous prend maintenant de sortir et de visiter un quartier moins touristique mais élégant. Vous pouvez longer Buckingham (et faire le détour par la galerie de la Reine) puis rejoindre Knightsbridge.

De là, trois options s’offrent à vous.

Belgravia

Vous pouvez commencer cette incursion dans les beaux quartiers par la visite de Number one. Apsley House fut la maison de Wellington. Comme il se doit, un musée occupe désormais les lieux. Vous y apprendrez tout du Duc de fer et de la vie des grands de ce monde au début du 19e siècle.

Vous pouvez aussi vous diriger directement vers les effluves d’Oud émanant de Harrods et vous régaler des magnifiques décors des rayons nourritures. Si vous voulez éviter la foule, vous pouvez obliquer vers Belgravia. Ici les ruelles attestent de la richesse des riverains.

Motcomb street

De jolies maisons bordent les « mews » alors que les places sont bordées de grandes demeures. Belgrave square ou Eaton square et les rues alentour restent des oasis de luxe et de tranquillité si près du tohu-bohu des quartiers centraux. La rue Motcomb a conservé une jolie animation. Son ancien cinéma panteknikon est aujourd’hui un restaurant doublé d’un petit centre commercial. Le jardin à l’arrière accueille un couple Rabbit girl et Dogman de Gillie and Marc : le banc de l’amitié.

Rabbitgirl and dogman

Chelsea

De Eaton Square, ou directement depuis Victoria Station, il est facile de gagner Chelsea.

La place Sloane square regorge de boutiques et restaurants chics qui continuent le long de King’s Road. L’artère principale de ce ravissant quartier de Londres voit se succéder enseignes à la modes et boutiques indépendantes. Quelques bâtiments anciens rappellent néanmoins le village ancien. L’Hôtel de ville et les quelques belles maisons précèdent en effet les charmants petits cottages de brique, et les jardins si typiques de Chelsea.

Plus près de la Tamise, la zone a hébergé de nombreuses personnalités du monde littéraire notamment. Ainsi Cheyne Walk après avoir été distingué à l’époque de Thomas More est devenu LE quartier des Préraphaélites. Cheyne Row, où a habité Thomas Carlyle, auteur d’une somme sur l’histoire anglaise, garde tout son charme.

Surtout, le Royal Hospital, équivalent britannique de notre Hôtel des Invalides et chef d’œuvre de Christopher Wren peut à nouveau se visiter.

Vers Kensington

Le quartier chic par essence. Outre les belles artères commerçantes et les célèbres grands magasins, on y apprécie les grands parcs. Pas seulement Hyde Park mais aussi Kensington avec le Palais voulu par Guillaume et Mary et depuis résidence des héritiers du trône. La construction de brique a conservé l’aspect sobre déterminé, par la maison d’Orange. Les grilles restent envahies par les tributs des fans de feu la princesse de Galles, Diana.

Holland Park et son ravissant Kyoto Garden vaut la visite. Non loin, la maison du Japon a ouvert sa vitrine avec un magasin et un restaurant extrêmement raffiné.  Tout autour, on se régale de rues élégantes et verdoyantes, de petits parcs.

Kensington est aussi et surtout un des hauts lieux de la culture avec le regroupement de musées fantastiques. J’ai déjà abondamment parlé de ce quartier dans mes pérégrinations victoriennes.

Les Inns of Court

Les Hôtels de cours ou Inns of Court offrent une balade bien plaisante et presque campagnarde dans le quartier le plus animé de la capitale. Ils visaient à loger les avocats dans la capitale. L’idée était de former, entrainer et réguler cette corporation apparue au Moyen Age au même titre que d’autres guildes.

Ces « Hôtelleries » s’articulent autour de Fleet Street. Néanmoins, on y accède par des portails discrets et ouverts uniquement dans la journée en semaine.

Accès à Lincoln’s Inn

De quoi s’agit-il ?

Au Moyen Age, ces « hôtelleries » apparaissent à la limite de Westminster et de la City, à la lisière du pouvoir royal et du pouvoir économique. Elles se répartissent d’ailleurs de part et d’autre de Fleet Street, face à Temple Bar. La porte majestueuse dessinée par Christopher Wren a changé d’emplacement. On la trouve aujourd’hui à côté de Saint Paul. Elle marquait le passage de la cité royale à la city. Un socle surmonté d’un dragon marque aujourd’hui le passage toujours respecté par le souverain régnant.

L’émergence des Inns of Court correspond à la volonté de remettre le pouvoir judiciaire entre des mains laïques. Pour éviter toute dépendance à l’égard du pouvoir religieux ou royal, elles constituent de petits microcosmes accueillant élèves, stagiaires et professionnels. Si les avocats ne logent plus sur place, ils disposent toujours des commodités leur permettant d’exercer au mieux. Bibliothèques, chapelles, lieux de réunion et de cérémonies, restaurants assurent une vie en cercle quasi fermé. Les bâtiments s’organisent autour de cours et jardins clos et admirablement entretenus.

Lincoln’s Inn

De la dizaine d’hôtelleries initiales, il n’en subsiste que 4 : Middle et Inner Temple, Gray et Lincoln’s Inn. A chacune correspond un blason animalier.

Bien que fort touchées par le Grand incendie de 1666 et par le Blitz, puis reconstruites, les Inns of Court ont conservé un charme médiéval et une atmosphère presque bucolique tout à fait surprenante en plein cœur de Londres.

Inner et Middle Temple 

 Ces deux Inns of court occupent les terres des Templiers. L’Ordre fondé en 1119 pour protéger les lieux saints et les routes de pèlerinage s’enrichit en prêtant de l’argent aux croisés. Installé à la lisière de la cité londonienne en 1185, il y construisit son église sur le modèle du Saint Sépulcre de Jérusalem.

Leur pouvoir finit par faire de l’ombre aux souverains et papes. Jugés entre1307 et 1314, les templiers périrent sur le bûcher et leurs possessions passèrent entre les mains des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem. Ceux-ci agrandirent l’église ronde en lui adjoignant une nef gothique aux fines colonnes de marbre. Ils louèrent les terres  aux laïcs chargés de rendre la justice. A la dissolution des congrégations religieuses sous Henri VIII, la zone resta entre les mains de ces laïcs. Ne subsiste que le double vocable de Inner temple et Middle. Il ne reste qu’un passage de Outer Temple qui se trouvait à l’extérieur de la city.

Portail temple Church

Middle temple s’articule autour de la belle place de la fontaine sur laquelle donnent la chapelle et le New Hall entouré d’un magnifique jardin qui s’étend jusqu’à la Tamise. On y accède par l’harmonieuse New court, œuvre de Christopher Wren.

New Hall, Middle Temple

Inner Temple

On passe facilement de Middle à Inner temple (dans la cité). Chacun étant signalé par le blason animalier : agneau de dieu pour Middle temple, Pégase pour Inner temple. Ce dernier est remarquable pour ses superbes jardins mais aussi sa fantastique église

Temple Church

Devant le temple rond, construit sur le modèle du Saint Sépulcre de Jérusalem juchés sur une colonne, la statue de deux templiers sur un seul cheval souligne l’austérité de l’Ordre. L’église, célèbre pour ses gisants, sa forme ronde, ses belles arches néo gothiques et son portail roman quasi intact avec son intrados sculpté a acquis la célébrité grâce au film tiré du « Da Vinci Code ».

Ye Olde Cork Tavern

On sort de Inner Temple par une très belle porte de bois incluse dans un bâtiment Tudor d’excellente facture surnommé chambre du prince Henri. Tout à côté ,un autre joli témoin médiéval la Ye olde Cock tavern. Toujours sur le même trottoir en direction cette fois de St Clement Dane, église construite par Christopher Wren. Les impacts de balles de 1940 y restent très visibles. En face, se trouve la belle échoppe de thé de Twinings

Prince Henry’s room

Gray et Lincoln’s Inns

Au Nord de Fleet Street, s’étend l’immense bâtiment néo gothique des Cours de justice. On peut y entrer et circuler dans les couloirs sans fin. Des visites guidées ont lieu et on peut également assister à des audiences.

Chancery Lane rappelle les Inns of Chancery, des hôtelleries secondaires ou préparatoires qui doublaient les Inns of Court. Il n’en subsiste que deux souvenirs : une grille de Clifford Inn, aujourd’hui intégrée à King’s College et la merveilleuse façade Tudor de Stapple Inn.

Stapple Inn

Dans Carey Street, s’amorce la petite Star Yard . On y trouve l’un de plus anciens tailleurs de Londres Ed and Ravensburg. S’y vendent tenues et perruques des avocats et avoués.

 Pratiquement en face, un curieux édicule vert en fer forgé est l’un des rares urinoirs survivants de l’époque victorienne.

pissotières victoriennes

Le long de Carey Street, juste derrière les cours de justice, de jolis magasins et pubs anciens se succèdent. On voit même une borne marquant la limite de paroisse. Et surtout l’une des portes menant à Lincoln’s Inn. Cette grande hôtellerie très reconstruite a conservé une magnifique chapelle. On peut respirer l’atmosphère de ces lieux chargés d’histoire dans le très joli restaurant situé sous les ogives de l’ancienne cuisine.

Lincoln’s Inns Field et Soane Museum

Façade supposée de Iningo Jones sur Lincoln’s Inn Field

Une grandiose porte néogothique s’ouvre sur Lincoln’s Field, le plus grand square londonien, dessiné par Inigo Jones. La maison 59/60 lui doit ses harmonieuses proportions. Cette place abrite deux des musées les plus étonnants de Londres. Au Sud le Hunterian Museum (fermé jusqu’en 2023) héberge la collection scientifique et un peu macabre de John Hunter.

Musée John Soane

C’est au nord du ravissant jardin que se dressent les trois maisons constituant le Soane Museum. Dans 19 petites pièces, le célèbre architecte de la Banque d’Angleterre mort en 1837 a compulsivement emmagasiné une collection de copies et fragments antiques, tableaux et objets hétéroclites. Dans ce capharnaüm étonnant, on s’arrêtera sur l’extraordinaire collection d’œuvres de Hogarth (2 séries complètes et quelles séries ! ) de très beaux Canaletto. Au chapitre des antiquités, le clou est assurément le sarcophage de Sethi 1er, père du fameux Ramses II.  Son arrivée a fait l’objet d’une célébration typique de l’époque victorienne. Evidemment, il ne fait pas être claustrophobe ni craindre les escaliers un peu pentus

Hogarth, le vote
Sarcophage de Séthi Ier

Bath

La ville de Bath est née autour de la seule source d’eau chaude des Iles Britanniques, dédiée à la déesse celte Sulis.

Les Romains, lors de la conquête, l’assimilent à Minerve et construisent un temple en 60 autour de cette source. Un complexe thermal enserre ensuite le sanctuaire au IIe s. La ville porte alors le nom de Aquae Sulis. Elle croit et se dote d’une muraille défensive au siècle suivant. Mais avec le déclin de l’empire et les invasions, les thermes tombent dans l’oubli.  Redécouverts, superbement organisés, ils se visitent aujourd’hui. Et c’est un plaisir que d’écouter les commentaires précis pour comprendre comment se déroulait la vie à l’époque romaine dans ces établissements thermaux.

Les Thermes de Bath

Au VIIe, la petite ville renaît autour d’un nouveau complexe :  l’abbaye. Elle devient alors un centre religieux. Le passé romain est gommé, et on réutilise les pierres pour reconstruire l’abbaye au XIIeme siècle. On redécouvre les bains et la ville prend le nom de Bath. Un hôpital accompagne la redécouverte des propriétés curatives des eaux.  

Au XVI e siècle, Ia ville tombe et l’évêque décide de reconstruire une abbaye plus petite au moment même où Henri VIII déclare la dissolution des monastères

Voûte en éventail de l’Abbaye de Bath

A l’époque élisabéthaine, les spas deviennent à la mode et la ville attire l’aristocratie.  L’abbaye s’orne alors de fantastiques plafonds en éventail.

La ville se modernise au XVIIIe  et John Wood l’ancien et le jeune, la parent d’un urbanisme régulier. Ils y inventent la notion de croissant (crescent). Ils unifient en une façade un ensemble de maisons le long d’une rue en demi-lune. Cette forme jouxte le circus, place ronde, donnant une allure cosmique au plan de la ville. Les façades classiques et les eaux curatives attirent l’élite britannique et Bath devient très à la mode. On retrouve cette ambiance typiquement géorgienne à la Pump Room le temps d’un tea time.

On peut aussi visiter la maison au 1 sur le Croissant Royal pour avoir une idée de la vie à Bristol à l’époque géorgienne.

Number 1 Royal Crescent, Bath

D’ailleurs, Bath, abonde en petits lieux charmants et élégants. Ainsi, le pont Pulteney, un des trois seuls ponts d’Europe bordé de maisons.

Enfin les fastes géorgiens apparaissent dans les Assembly Room aménagées en un superbe musée du costume.

Musée du Costume, Bath

Ville touristique et culturelle, Bath offre également des expositions au musée Holburn ou au Victoria and Albert. J’ai d’ailleurs déjà parlé des expositions de ce musée.

Musée du Costume, Bath

/ https://www.victoriagal.org.uk/

Modernité victorienne

Ce second article sur le Londres victorien aborde la modernité victorienne et donc les transformations de la cité. https://visitesfabienne.org/londres-victorien/

sur Fleet Street

En effet, en 70 ans de règne de la Reine Victoria, la ville bousculée par la révolution industrielle, se modernise. Les structures et infrastructures de la cité changent radicalement et rapidement. Car le 19ème siècle est le siècle des inventions et des ingénieurs.

la Révolution industrielle au Musée des Sciences

Ville moderne et industrielle, Londres devient alors la capitale d’un immense empire. La ville se transforme et se modernise fondamentalement. Reconstruite après le grand incendie de 1666, agrandie à la période géorgienne, elle doit s’adapter à la Révolution industrielle et à l’accroissement démographique. Les constructions se multiplient dans cette ville qui est devenue la plus grande du monde avec 6 millions de maisons nouvelles en un siècle. Le chemin de fer, le métro, les égouts, des boutiques, et des infrastructures modernes apparaissent.

De nouvelles infrastructures

La modernité victorienne consacre les ingénieurs. Au premier rang desquels, s’illustrent deux véritables génies d’origine française : Brunel père et fils et Bazalgette.

La gloire des Brunel

Marc Brunel, le père originaire de France, creuse le premier tunnel sous la Tamise. Son fils Isambard se joint rapidement à lui. Il reprend ensuite le flambeau de son père pour s’attaquer à l’énorme chantier du chemin de fer. Bientôt les gares entourent Londres et permettent de relier le réseau de villes moyennes et de centres industriels. En dehors de Charing cross et de Victoria Station, toutes ces gares, éloges de la modernité, se trouvent en effet à la lisière de la ville d’alors. Elles permettront de raccorder des zones autrefois périphériques au centre de la capitale. Londres s’accroit effectivement énormément. Isambard s’illustrera également dans la construction de bateaux et du fameux pont suspendu de Clifton https://visitesfabienne.org/destinations/royaume-uni/bristol-la-ville-ou-il-fait-bon-vivre-2/

Bazalgette, le sauveur de Londres

A Joseph Bazalgette revient l’enorme chantier des égouts et de l’assainissement de la capitale ainsi que l’aménagement des quais  et des ponts. L’ingénieur conçoit l’idée d’endiguer la Tamise alors horriblement polluée pour accélérer le débit du fleuve et le doubler d’un système d’égout. Appelé en renfort après l’épisode de la grande Puanteur de 1858, il résout ainsi le souci d’hygiène et accélère la transformation de la ville.

Joseph Bazalgette, héros de la modernité victorienne

La période victorienne coïncide en outre avec la construction de ponts sur la Tamise. Autrefois difficilement franchissable, le fleuve est en effet réduit en largeur et voit les ponts se multiplier http://www.engineering-timelines.com/why/bridgesOfLondon/bridgesLondon_08.asp

Les équipements

La seconde moitié du 19ème siècle se caractérise par la modernisation de la ville entrée dans l’ère industrielle.

– Cette modernité apparait dans les rues avec le mobilier urbain le long des nouveaux axes de circulation. Surtout, la ville s’éclaire. Si le gaz est utilisé dès les premières années du siècle l’éclairage électrique apparait en 1878 le long des quais.

le Viaduc de Holborn

– le commerce évolue avec la création des premiers grands magasins. La BBC a publié un très bel article sur la question : https://www.bbc.com/culture/bespoke/story/20150326-a-history-of-the-department-store/index.html

Boutique victorienne

– l’une des grandes inventions londoniennes est le métro, dès 1890. La première ligne, Metropolitan, relie les gares dans la périphérie nord de la capitale.

Le métro, emblème de la modernité victorienne

– Enfin la modernité se lit à travers les nouvelles activités londoniennes. Typique de l’époque la presse prend un essor considérable. Les journaux de Fleet Street éditent deux éditions par jour. L’engouement pour la presse est tel que les pauvres peuvent louer le journal plus ou moins cher selon l’heure de location et encore moins cher le lendemain. Les illustrations permettent à tous d’avoir accès à une forme d’information. Le sensationnel nait d’ailleurs autour des meurtres de Jack the ripper.

Le Télégraph sur Fleet Street

L’exposition universelle et l’Albertopolis

Tout un quartier a vu le jour à l’époque victorienne et pris le nom du Prince Consort fraichement décédé. L’Albertopolis est en effet né en hommage à la modernité autour de l’exposition universelle de 1851. C’est à cette occasion que fut construit le célèbre Crystal palace. Malheureusement démonté, il ne reste que les magnifiques grilles d’accès.

les Grilles du crystal Palace, à Hyde Park

 En revanche le quartier et les fantastiques musées ouverts pour l’occasion sont encore là, témoins d’une vraie volonté culturelle. Outre les musées, le mausolée d’Albert, époux décédé de l’inconsolable reine Victoria et le Royal Albert Hall restent des hauts lieux de la vie londoniennes.

le mausolée du Prince Albert

Trois énormes musées de Kensington apparaissent aujourd’hui comme témoins de l’Exposition universelle et des grandes avancées du 19e siècle. J’en parlerai davantage dans mon prochain article.

Skyline londonien

Le skyline londonien se transforme rapidement. Une petite vidéo bien faite nous donne la mesure de cette croissance. https://www.openculture.com/2021/03/the-growth-of-london.html

skyline depuis le London Bridge

Contournant les quelques rares lois limitant la hauteur des constructions, la ville a accepté dès les lendemains de la seconde Guerre mondiale les projets architecturaux les plus hardis. Ceux-ci ont complètement changé la ligne d’horizon, en respectant les couloirs destinés à protéger la vue sur le dôme de la cathédrale st Paul. Quelques lois  dont celle de 1774 limite la taille et l’aspect des édifices. Elle standardise la qualité et la construction. En 1894, une nouvelle loi limite la hauteur des maisons à celle des échelles de pompiers.

Néanmoins, éventrée par les bombardements de la deuxième Guerre Mondiale, la ville ne cesse de se reconstruire. Voici d’ailleurs les nouveaux projets. : https://www.dezeen.com/tag/london/

Des quartiers reconstruits et transformés

 Le nouveau skyline de la city :

La city a été pratiquement détruite pendant la seconde guerre mondiale. Depuis, elle est devenue le théâtre d’expérimentations architecturales. Son skyline s’est totalement transformé.

Dès les années 1960 l’immense complexe Barbican en béton bouchardé propose une énorme cité jardin avec équipements culturel et  sportifs .  https://www.barbican.org.uk/

Barbican centre

Dans la city encore, en 1976 ,Richard Rogers inaugure le modernisme avec l’immeuble de la Lloyds terminé en 1986. Construit en béton, acier et verre, cette tour surnommée « cathédrale mécanique » prend le nom d’Edward Lloyd, fondateur dès 1688 d’une compagnie d’assurances maritimes. Elle adopte le style radical Bowelism (post modernisme hightech) style associé au nom de Richard Rogers . Les conduits, tuyaux sont rejetés en façade pour maximiser les espaces intérieurs.

L’immeuble de la Lloyds par Rodgers

 Depuis, la City s’est couverte de constructions hardies tel le Gherkin, cornichon de 180m construit par Forster et inauguré en 2004. Son style néofuturiste lui a valu lde nombreuses recompenses. Cette tour étonnante remplace la Millenium Tower, point haut du Baltic Exchange soufflé dans une attaque à la bombe perpetré par l’IRA.

Le Gherkin

Pratiquement en face le  122 Leadenhall Building culmine à 225m. Cet immeuble moderniste de bureau est connu pour sa forme en rape à fromage, qui dégage la vue sur St Paul.

Les derniers étages de l’immeuble de Fenchurch Street lui ont donné son nom. L’immense serre du Walkie Talkie terminé en 2014   offre l’une des vues panoramiques les plus impressionnantes de la ville.

La rive Nord de la Tamise,

Le quartier St Paul longtemps considéré comme intouchable et très bombardé fait lui aussi l’objet de réhabilitation. La dernière en date touche Cheapside. La pointe donnant sur la cathédrale devient un immense centre commercial signé par l’architecte français Jean Nouvel. Peu spectaculaire par rapport au reste de son œuvre cet aménagement s’articule autour de la vue sur la coupole de St Paul, longtemps considéré comme l’édifice le plus haut de la ville.

La BT Tower, devenue emblème de la modernité dans les années 1970 fait du quartier de Bloomsbury une zone également innovante.

Dans le quartier de Saint-Pancras, au nord de la gare, le Granary, ancien entrepôt à blé, abrite désormais la célèbre école de mode Central St Martins. Les entrepôts du port au charbon ont été réhabilités et forment une belle zone commerciale.

A l’ouest de la ville, dans Hyde Park, Les Galeries Serpentine font l’objet de concours d’architectes annuels pour un pavillon d’été  éphémère (6 mois de realization, 3 mois d’exposition). Les plus grands architects contemporains ont participé : Zaha Hadid, Daniel Libeskind, Anish Kapoor, Rem Koolhaas, Frank Gehry to name a few.

A l’est de la Tamise, un skyline visible de loin

Plus à l’est de la City, le quartier de Canary Wharf a subi unespectaculaire transformation . Le vieux quartier industriel, les Docklands, lié au commerce du fleuve, est devenu un majestueux ensemble d’immeubles, dominé par One Canada Square, mais aussi  Newfoundland, One Park Drive, South Quay Plaza One,…En sous-sol un immense et luxueux zone commercial répond à la modernité architecturale de la surface.

Plus au Nord, non loin de l’aéroport de Stratford, se trouve Le quartier olympique. Il date des olympiades de 2012. L’un de ses bâtiments symboliques en est la tour d’observation artistique de Anish Kapoor and Cecil Balmond. Des tubes rouges et tobogans constituent cette petite sœur de la Tour Eiffel rouge..

La Tour Mittal par Kapoor

Non loin de la tour, le parc de la Reine Elisabeth commence à prendre forme. https://www.queenelizabetholympicpark.co.uk/

Dans le parc, on distingue la forme ovoïde du vélodrome œuvre de Hopkins Architects Partners. Le toit  ressemble à une chips Pringle’s. On peut poursuivre la promenade bucolique et architecturale jusqu’au stade De West Ham et à la très belle piscine olympique. De belles promenades existent le long de la rivière Lea. https://www.queenelizabetholympicpark.co.uk/the-park/venues/parklands-and-playgrounds/waterways-and-rivers/lea-river-park

Nouveaux quartiers, Nouvelles architectures, nouveau skyline, Londres terrain d’expérimentation

Le sud de la Tamise, traditionnellement plus pauvre , plus industriel s’affirme comme l’un des chantiers actifs de la capitale.

Le quartier de Southwark

Ce quartier, longtemps hors la ville et à la mauvaise réputation, s’enorgueillit d’audacieuses constructions.

L’une des plus spectaculaires est la Tate Modern. Aménagée dans une ancienne usine électrique de la fin des années 40, la galerie d’art moderne offre un exemple de réhabilitation du patrimoine industriel. Le musée présente une très riche collection d’œuvres modernes. Celles-ci sont classées par thématiques et non par mouvement artistique ni par époque,. Ce choix  permet d’explorer des œuvres sous un angle original . On redécouvre ainsi Dali, Léger, Magritte, Brancusi, Warhol, Louise Bourgeois selon des thèmes.

La nouvelle aile Blavatnik de Herzog et de Meuron, inaugurée en juin 2016, s’inscrit dans la continuité du bâtiment ancien.. Construite en  briques,  béton et  bois brut, elle se fond dans le décor. En effet elle semble de l’ancien rénové. Cette drôle de pyramide décomposée, nommée la Switch House, reste toutefois reliée à l’ancien bâtiment par un pont aérien au quatrième niveau.

Quasiment en face, le City Hall, de Forster, en forme d’escargot abrite les bureaux de l’agglomération du grand Londres.  

London Bridge et au delà

Le Shard définit un nouveau skyline

Le quartier de London Bridge et de l’Hopital Guy se renouvelle complètement. The Shard, extraordinaire aiguille de verre, haute de plus de trois cents mètres est depuis 2013 le plus haut immeuble d’Europe. Ses 309m de haut lui assurent une incomparable vue sur Londres. Sa forme élancée néo futuriste due à l’architecte italien Renzo Piano le rend reconnaissable en tous points de Londres

Le Shard

Plus loin, le long de Bermondsey Road, Ricardo Legoreta a construit le Musée de la mode et du textile. https://fashiontextilemuseum.org/ Si les collections tournent et ne se révèlent pas toujours à la hauteur du prix d’entrée, le bâtiment lui rappelle le meilleur de l’architecture mexicaine. Ses couleurs vives et ses formes cubiques contrastent avec les petites maisons de cette rue vivante et bien agréable. Une pâtisserie française y vend de merveilleux croissants à la pistache.

Musée de la mode et du textile

L’exploration architecturale continue autour de North Greenwich où l’immense toile du Dome O2 tendue pour l’exposition de 2000, abrite désormais un centre de spectacle et un énorme centre commercial. Tout autour, les quartiers neufs s’étendent le long de la Tamise. Des promenades longent d’ailleurs le fleuve permettant de remonter jusqu’à la barrière de régulation des crues. Du Dôme, on peut même prendre les téléphériques au-dessus de la Tamise pour rejoindre la rive nord. https://tfl.gov.uk/modes/emirates-air-line/