Madras inherited

maison paquebot T Nagar

Vous aimez l’architecture? Alor vous aimerez, Madras inherited.

 Si vraiment vous ressentez qu’il n’y a rien à voir dans cette mégalopole à la croissance exponentielle, venez profiter des pépites offertes par Madras inherited. Par le biais de visites, ateliers, blogs, programmes, évènements, Madras’inherited cherche à préserver, sauvegarder et faire connaitre le patrimoine architectural de la ville. Outre les activités éducatives, promotionnelles, l’association anime un blog passionnant.

Alors, pour les early birds, puisque les visites commencent à 6.30 du matin les samedis et dimanches, chaussez vos tennis et en route !

Chennai au petit matin, stores baissés et misère humaine

Des visites bien organisées.

On retrouve des activités patrimoniales dans toute l’Inde mais la branche chennaiote offre des visites menées par une jeune femme dynamique, architecte de formation, à l’anglais impeccable. Elle a à cœur de faire découvrir en profondeur des quartiers méconnus ou trop connus pour être considérés comme des lieux d’expérimentation architecturale. Elle est accompagnée d’une coéquipière charmante et prévenante.

Vous avez l’embarras du choix pour sélectionner le quartier ou la thématique qui vous intéresse. Le calendrier est publié en début de chaque mois avec une fréquence de balades bihebdomadaires.

des décombres cachent un vieux pan de mur dans Georgetown

L’organisation est carrée. L’inscription et le paiement se font en ligne en ligne. Vous recevez votre confirmation électronique et la veille de la balade une invitation à vous joindre au groupe whatsapp qui vous donnera le point de ralliement et les dernières recommandations. Les RV sont facilement identifiables et les horaires respectés. Ces promenades matinales permettent de ne pas trop souffrir de la chaleur ni du bruit ambiant. 

Des visites rondement menées

Le rythme n’est pas trop rapide sauf si votre anglas est par trop hésitant ou que votre ouïe ne vous permet pas d’écouter un discours ponctué de sirènes, klaxons et autres fonds sonores indiens.

deux personnesdormant à même le trottoir

La découverte de lieux a priori connus mais expliqués est un bonheur pour les amateurs d’architecture. L’ensemble est bien mené vivant, illustré de photographies anciennes et de plans. La conférencière connait parfaitement ses sujets et son discours est de grande qualité.

Seul petit bémol, si vous n’êtes pas familier des termes tamuls voire anglais vous risquez de vous sentir perdus. Par ailleurs il n’y a aucune référence à l’architecture européenne, ce qui en matière de constructions coloniales et art déco peut perturber.

un groupe de Madras inherited

La visite suit en général un fil directeur repris en conclusion de manière fort intelligente. La matinée se clôt avec un conseil de maison, institution, église à visiter dans le quartier et en lien avec le sujet du jour.  Tout se termine avec la distribution fort sympathique de goodies, ou souvenir de visite.

Une fois rentré chez vous, les pieds en l’air pour vous remettre de votre lever aux horreurs, un petit mail gentil vous demande ce que vous avez pensé de la visite. Il s’accompagne d’une petite photo de groupe ainsi que de références sur internet en lien avec la visite du matin. Une affaire rondement menée pour faire revivre un passé qui a tendance à s’oublier.

High court dans la buffer zone entre Fort St George et Georgetown

Quelques marches proposées par Madras inherited

maison art déco , quartier Georgetown
  • Le long de la cote de Madras
  • Georgetown, la première fondation de Madras
  • Maisons de Theagaraya Nagar
  • Balade indosaracenique
  • Maisons de Triplicane
  • Causeries sur Broadway
  • A la découverte des allées de Royapet
  • Visages et phrases de Chindrapet
  • Sasnthome perdu et retrouvé
  • Histoire mercantile le long de Kutchery Road
  • Fort St George, à l’origine de Madras
  • T Nagar un témoignage de commerce et de Justice
  • Retour dans le passé le long de Mount Road
  • Le skyline de Rajaji Salai
  • Triplicane pour tout le monde
  • Maisons de Mylapore
obelisque de séparation de quartier Georgetown

Cependant, si le lever matinal vous rebute, que vous n’êtes pas disponible le jour de la visite qui vous intéresse, que votre anglais ne vous permet pas de suivre ce type de visite ou que vous avez besoin de vous raccrocher à des références plus familières, vous pouvez me contacter pour une visite privée et adaptée à vos besoins.

Autour de Pondy

On revient toujours à et autour de Pondy, d’abord pour flâner dans ses jolies rues coloniales malheureusement envahies par le gris aurovillien.

 En dehors d’arpenter les rues et de se poser dans un des multiples cafés de la ville, que visiter autour de Pondy lorsqu’on dispose de plusieurs jours. Je ne traiterai pas ici d’Auroville qui fera l’objet d’un article ultérieur. En revanche, vous découvrirez dans cet article un site pseudo romain, de la mangrove, un vrai château fort et un temple juché au sommet d’une montagne.

Arikamedu : site romain et backwaters autour de Pondy

Arikamedu est un site soi-disant romain. En fait, il ne reste que des entrepôts du 18e s sur un site devant lequel s’arrêtent les bateaux. Envahi par la végétation, il est néanmoins grillagé sommairement et relativement entretenu. On n’y lit rien de la présence romaine. Pour autant, les lieux sont fort agréables pour une balade dominicale.

 C’est ici néanmoins que des archéologues de la mission française ont trouvé des artefacts d’origine romaine. Dans les années 1950, ils ont mis à jour des amphores, lampes, pièces, perles, bijoux attestant que les lieux correspondaient à un comptoir. Le site apparaissait dans des écrits du 1er siècle et dans l’Atlas de Ptolémée sous le nom de Poduke emporium. Il a été en activité entre le IIe siècle av. JC et le VIIIe s ap JC. A l’époque byzantine, c’était surtout un centre de production textile. Les objets de cette étape de la route de la soie se trouvent aujourd’hui au musée de Pondichéry à Chennai. Il y a aussi une petite vitrine au musée Guimet.

Juste à côté, derrière une guinguette sommaire en palmes, l’embarcadère permet à de petits bateaux de partir pour remonter les backwaters. On est ici au cœur de la mangrove et en fonction des marées on peut remonter sur les cours d’eau.

Gingee fort : un vrai château fort au sommet de 2 collines

A 150 km au Sud-Ouest de Chennai et à 70km à l’ouest de Pondichéry, la forteresse de Gingee est juchée sur deux collines. Le très beau site voit alterner un paysage de roches impressionnantes et des champs verdoyants, rizières et bananeraies. Les deux ascensions sont physiques, mais la vue et la conservation des bâtiments, au moins ceux du château de la Reine valent vraiment le coup.

le chateau du Roi

Bien sur celle du roi est plus haute mais également en moins bon état. Néanmoins au pied de l’abrupte falaise, de nombreux bâtiments donnent une idée de l’ampleur des lieux. Greniers, citernes, étable pour les éléphants, écuries, temple et réservoir donne une image de la grandeur et de la majesté.

 Le Fort de la Reine

On accède au fort de la reine au sommet d’une autre falaise avec une vue à couper le souffle sur les champs et le village avoisinant. La muraille s’étend le long des forts telle une muraille de Chine miniature. Le tracé des tours circulaires apparait nettement en surplomb. Les entrepôts de stockage et citernes d’eau attestent de la taille de ce fort. La construction originale du XIIIe siècle emprunte à l’architecture dravidienne et n’est pas sans rappeler les châteaux forts européens contemporains. Mêmes murailles difficilement franchissables à flanc de montagne, même utilisation de sites abrupts, escaliers en chicane. Au sommet, les entrepôts et citernes attestent de la présence d’une garnison. Néanmoins, l’ensemble a été habité lors de l’invasion des Marathas au 17e s puis par les Moghols et au 18e des Européens. D’où des ajouts ultérieurs. Les Anglais avaient nommé cette forteresse longtemps considérée comme inexpugnable, la Troie de l’est.

Il faut arriver avant 15h si vous envisagez de ne monter qu’à une des deux forteresses, le matin si vous désirez voir les deux.

Eagle fort

Le bourg agricole de “Thirukazhukundram”, tient sa renommée à son impressionnant temple. Lui aussi surmonte une falaise. Il se situe à 70km de Chennai, non loin de Mahaballipuram et de Pondy. Alors que Shiva réside au sommet de la montagne, son épouse Thirupurasundari, est vénérée au pied de la falaise.

 Le nom de “Thirukazhukundram” signifie la montagne des aigles et se réfère à l’histoire de deux aigles venus en ces lieux pour vénérer Shiva. D’ailleurs, deux aigles continuent à voler jusqu’au temple tous les jours à midi pour y être nourris. Ces aigles sacrés sont considérés et vénérés comme les fils de Brama ensorcelés par Shiva en raison de leurs péchés.

Visite du temple

Le temple se compose de deux parties. Dans la ville colorée et animée, se trouve le temple de la déesse alors que celui de son époux surmonte la falaise. On rentre donc par un premier temple avant d’atteindre une montée pentue et appréciée des singes pour atteindre le temple haut. Un pronaos entoure le sanctuaire. De là, on accède à une petite pièce hypostyle qui donne sur une terrasse. D’en haut, la vue sur la vallée est exceptionnelle. On y découvre un magnifique paysage de champs verts ourlés de lacs et étangs. Ceux-ci en permettant l’irrigation ont rendu la campagne alentour très fertile. Cette exubérance explique la relative richesse agricole de la petite ville.

Attention, le temple sur la colline ouvre plus tard, en général vers 10h du matin. Mieux vaut donc commencer sa visite par le “bas”

Les plages autour de Pondy

Tout autour de Pondy, les plages dorées donnent un agréable air de vacances. De petits kiosques vendent des noix de coco ou de quoi grignoter. Orientées à l’est ce sont des jolis endroits où marcher le matin ou juste profiter du lever du soleil.

Au Nord de la ville, se déroule le long ruban de la plage d’Auroville. Alors qu’au Sud, les plages du Paradis et de la Sérénité méritent leur nom. On peut accéder à la plage du Paradis en ferry depuis Chunambar. Il faut en effet y laisser les moyens de transport, bus, auto ou véhicule personnel car la plage n’est accessible que par bateau.

Toujours à Chunambar, les agences proposent des sports nautiques ainsi que des trajets en house boat pour profiter de la mangrove. Il peut y avoir beaucoup de monde et il vaut mieux éviter les Week ends en saison (décembre- Avril).

Le doublage du cinéma indien

Le doublage du cinéma indien est monnaie courante et plus particulièrement dans les régions du sud. En effet, l’une des particularités du cinéma indien est de devoir composer avec la multitude de langues et donc de devoir offrir des possibilités de sous titrage et de doublage.

Photo Aura Studio

La problématique linguistique au cœur du doublage du cinéma indien

Le sous-continent compte en effet plus de 20 langues officielles. Celles du Sud, dravidienne n’ont aucune base commune avec celles du nord. Du coup le cinéma s’adresse non pas au milliard et demi d’habitants mais à une portion d’hindiphones, tamoulophones ou autre.

studio de doublage à Chennai

Si l’hindi s’impose relativement dans le Nord et peut être compris dans de nombreuses provinces il est en revanche très mal considéré dans certaines régions au sud du Plateau du Dekkan et notamment dans le Tamil Nadu. Une grande partie du public peu éduqué ne va en effet voir que les films tamouls, ou à défaut doublés en Tamoul. D’où le développement de studios dans chacune des grandes capitales régionales et linguistiques. Ainsi Tollywood produit le cinéma du Telangana et de l’Andhra Pradesh dont la capitale conjointe est Hyderabad. Ce cinéma a particulièrement le vent en poupe avec deux énormes succès récents Baahubali et RRR, couronné récemment par l’oscar de la meilleure musique originale.

double affiche de Bahu Baali, l'une en tamoul, l'autre en Telougou

Kollywood, un cinéma restreint au Tamoul

A Chennai, ce sont les studios de Kollywood qui diffusent un cinéma en Tamoul. Cependant ces cinémas pour gagner une audience plus large sont souvent tournés en plusieurs langues.

Baahubali est peut-être justement l’exemple le plus connu de film tourné en telugu, sa langue d’origine et simultanément en tamoul. Un seul des acteurs est Tamoul et célèbre. La plupart des acteurs se sont doublés eux-mêmes. Seuls les plans rapprochés sont tournés une nouvelle fois dans la seconde langue de manière à faire coïncider le mouvement des lèvres et le son.

 Dans certains films, même les inscriptions changent selon le public concerné. Il ne faut pas oublier qu’une grande partie du public n’est que faiblement alphabétisée. Elle n’est surtout pas forcément alphabétisée dans la langue de son état de résidence et ne peut donc pas lire de sous titres ou pas suffisamment rapidement. Les différentes langues indiennes ne reposent effectivement pas sur le même alphabet. Ainsi lire dans sa langue d’origine n’implique pas que l’on puisse lire une autre langue pour autant pratiquée à l’oral. On pourrait ici parler d’analphabétisation relative. C’est pourquoi, les sous-titrages en anglais sont relativement fréquents. L’anglais est en effet la langue la plus commune et la plus utilisée dans les études.

Pathaan en Hindi

Les studios de doublage du cinéma indien abondent, disséminés un peu partout dans Chennai. Cependant, ils s ne sont pas toujours très visibles. Le studio typique consiste en une salle insonorisée avec un pupitre et un gros micro, un écran de cinéma de petite taille à quelques mètres en face, et les ingénieurs du son avec leur matériel audio derrière une vitre.

Le doublage une activité florissante

Depuis les années 2000, le doublage est devenu une activité florissante grâce notamment aux progrès dans le digital. Les ingénieurs du son ont affiné leur spécialité et recalent les voix ou les modifient le cas échéant pour correspondre au personnage. Les doubleurs, eux, ne doublent plus forcément un artiste mais plusieurs, en fonction du sujet ou du personnage. Le milieu s’est modernisé, et même syndicalisé. Doubler en Inde est aujourd’hui un métier reconnu, voire recherché. Du fait de la professionnalisation croissante, les interprètes de doublages sont de plus en plus connus. Mais également de plus en plus chers. Aujourd’hui, pour accéder à ce métier de plus en plus valorisé et recherché, il existe même des formations universitaires.

Les acteurs de doublage, car il s’agit de véritables acteurs, travaillent uniquement en post production. La plupart du temps, leur scène se limite à un studio. On leur demande un échantillon de voix qui doit coller à un ou plusieurs personnages mais surtout à des situations. Car tels de véritables acteurs, les doubleurs se doivent de faire passer les émotions par leur simple voix.

Pathaan affiche en tamoul d'un film hindi doublé

Lors du doublage, le nom du film n’est pas toujours connu, il peut être donné bien en amont du montage. Chaque scène fait l’objet de nombreux essais pour bien caler la voix à l’image. L’acteur ne reçoit pas de script mais un papier un stylo qui lui permettent de noter les dialogues des  scènes qu’il visionne. Cela permet de vraiment interpréter le rôle. La difficulté consiste à coller à la durée du mouvement des lèvres des acteurs visibles à l’écran et à l’intonation voulue par le réalisateur.

Le doubleur un interprète dans tous les sens du terme

matériel de prise de son

Les langues sont variées. On peut ainsi demander à un artiste du sud de doubler un acteur hindi en plusieurs langues dravidiennes. Il n’est pas rare en effet que les acteurs maitrisent plusieurs langues. Il arrive qu’un doubleur puisse doubler en 2, 3 voire 4 langues du sous-continent indien. Certains indiens ont en effet des parents de régions, et donc de langues, différents. D’autres sont scolarisés en deux ou trois langues. D’autres encore, parce qu’ils changent d’Etat pour une raison ou une autre, se voient contraints à apprendre une ou plusieurs autres langues. Il n’est donc pas rare que les Indiens parlent, sans forcément écrire, trois, quatre voire plus de langues en plus de l’anglais. On a alors affaire à des véritables spécialistes de l’interprétation au sens large. En effet il s’agit d’interprétation en matière linguistique et au sens théâtral.

Pains

De quels pains indiens parler en Inde, civilisation du riz? Depuis la révolution néolithique, vers -5000 l’Inde est devenue une civilisation du pain. Mais faut-il parler du naan synonyme de nourriture indienne partout dans le monde ou de quel autre type de pain ?

Selon les régions le grain varie en Inde. Entre le nord producteur de blé et le sud cultivateur de riz, deux mondes s’affrontent en effet. J’avais déjà survolé le sujet lors d’un précédent article.

Voici 10 pains indiens pour s’y retrouver au petit déjeuner.

Petit déjeuner typique du sud, photo Catherine Girod

5 Pains au blé dans le nord

Chapati, le pain de base
  • Le Roti est le nom générique des pains indiens. Le double roti est d’ailleurs le mot local pour le hamburger.
  • Le Chapati est un petit pain plat fait avec de la farine non levée (moitié blanche moitié complète) et de l’eau.  Il est si populaire en Inde du Nord qu’il a donné son nom à la révolte du 10 mai 1857. Les cipayes, troupes indiennes commandées par des officiers européens, se sont alors rebellées et ont pris Dehli. Cet épisode tragique de la colonisation britannique a commencé avec une chaine humaine. Chaque gardien de village remettait effectivement 2 chapatis au gardien du village d’à côté avec pour mission de redistribuer à 5 villages proches. Grace à ce signal, l’insurrection mit moins de 10 jours pour s’étendre à la vallée du Gange. Malheureusement, elle fut étouffée dans un long bain de sang.
  • Le Naan est un pain de farine levé cuit dans un four d’argile, le tandoor. On peut le manger fourré au fromage, aillé ou couvert de graines.
  • Le Puri est une galette de farine de blé gonflée dans l’eau bouillante. il accompagne les plats de pois chiches en sauce, ghana masala ou chole, Cette galette gonflée et vide à l’intérieur et frite accompagne généralement les plats végétariens
  • Le Papadam ou popadum est une fine galette croustillante relevée à base de farine de lentilles grillée ou frite. Elle complète le thali, repas végétarien du Nord ou le tifen du sud. Dans le sud d’ailleurs, on l’appelle apalam. On la mange aussi en guise de gouter ou d’apéritif.
Le même chapati, prétexte à une déferlante de Side dishes

5 Pains indiens généralement de lentilles et riz au sud

Globalement, les Indiens du sud consomment assez peu de farine de blé. Les idlis et dosas du matin voire du diner sont confectionnés avec de la farine de riz, ou de lentille voire de millet. Le nom et la forme de ces pains indiens dépend de la poêle utilisée en fait et du mode de cuisson.

le traditionnel dosa , pain typique du sud de l'Inde
le traditionnel dosa du sud
  • Les Idlis sont des petits pains de riz et lentilles cuits à la vapeur trempés dans une sauce pimentée ou chutney.
  • Le Dosa est une crêpe de farine de lentilles et de riz fermenté, grillée. Elle peut être fourrée de pdt, oignons. Elle s’accompagne en général de chutney de coco et de sambar, un ragout de légumes épicé.
  • Le Parotta ou paratha contient lui de la farine de blé blanche maida. Cette galette feuilletée se cuit avec de l’huile. On la sert nature ou avec chutney ou fourrée de légumes épicés ou pommes de terre ou viande.
  • L’Uttapam, ressemble à un pancake avec une pate similaire à celle des dosas et idlis.  Plus épaisse on la mange souvent avec légumes et coco.
  • Enfin, les appams sont des crêpes de farine de riz et eau plus dodues au centre et fines sur les côtés. Originaires du Kerala, on les mange avec de la coco
et l’idli tout aussi traditionnel au sud

Le pain une alternative au riz dans le sud

Jusqu’à récemment, les repas comportaient néanmoins presque toujours du riz. Mais les chapatis ou dosas ont tendance à remplacer le riz du soir dans une volonté de lutter contre le fléau local : le diabète.

riz parota et sides
  • A midi, le repas se compose de riz. Il en va de même le soir si le déjeuner s’est résumé à une tifen box, ou lunch box, moins complète. Celle-ci se compose en général de 3 étages, pour le riz, le side dish et la sauce.  Le side dish peut se réduire à un œuf ou des légumes non liquides (vegetable pouriel). La sauce s’appelle aussi colombo à la viande, aux poissons, ou aux légumes. C’est une version minimaliste du déjeuner traditionnel composé de riz et d’une multitude de petits à cotés.
  • Le riz peut se présenter sous des formes variées, au citron, biryani (plat de fête), au yaourt, aromatisé ou blanc. Il constitue la base de l’alimentation, à tel point que la racine du mot nourriture/ manger est sapad (riz cuit= riz bon à manger).
  • Au contraire, le arici n’est pas cuit et correspond au riz en sac, le neileu est lui le riz dans les rizières. Comme les inuits ont de nombreux mots pour designer la neige, les tamuls eux précisent l’état du riz dans leur vocabulaire même.
chapati et autres side dishes
  • Outre les petites sauces et assortiments de légumes plus ou moins très épicés, le repas s’initie avec un sambar, soupe de légumes et de dahl épicé. Puis vient le riz. Le tout se termine avec du rasam, un bouillon d’eau, très liquide à base de tamarin, de tomates, de cumin et de beaucoup voire beaucoup beaucoup de poivre. Il est sensé aider la digestion.
  • Les sucreries et fruits s’absorbent à intervalle des repas. Les desserts sucrés quant á eux s’apprécient pendant les fêtes.  

College Road,

Vestige du Madras britannique

Bâtiments sur College Road

College road tient son nom à la mise en place d’un campus à l’anglaise à la fin du XIXème siècle, le Campus st George, embryon de l’université de Madras, anglophone. L’université anglaise s’est transformée au fil du temps, mais quelques bâtiments délabrés en gardent la trace.

Un campus à l’anglaise sur College Road

La société littéraire de Madras tout comme le directoire de l’instruction publique se trouvent sur College Road. Ils font partie d’un ensemble voulu par les Anglais aux abords de Fort St George. L’idée était de construire un vaste campus à l’anglaise au plus près des lieux de pouvoir.

Le campus sur College Road et ses arbres

 L’endroit, sauvage, abondait en palmiers et arbres centenaires et les colons ont pensé que ce joli lieu entouré d’eau comme son nom tamil le précise (Nungabakum) permettrait une circulation aisée et une proximité avec la nature. Arbres, pierres, papillons et autres animaux en faisaient un lieu d’étude particulièrement bien choisi. C’est donc en ces lieux que furent initiés le zoo, appelé « living college », le musée nommé « dead college » et la bibliothèque.

Le terrain appartenait alors à des marchands arméniens qui le cédèrent sans problème aux britanniques à des fins éducatives.

Saint George Campus, College Road

Les premiers pas furent un peu laborieux en raison d’incompréhensions linguistiques. L’éducation était dispensée aux enfants britanniques. Les « métisses » en étaient exclus. Dans les cours comme dans l’architecture, les colons essayèrent de donner leur lecture de l’indianité. Ainsi en est-il du style indo sarracénique, mélange les influences mogholes et européennes bien qu’il se prétende local. L’archétype stylistique à Chennai en est le Fine Art college. Ce style se veut partout identique mais différent. Avec le même vocabulaire architectural on cherche en fait à construire des bâtiments originaux.

Les bâtiments

Construit au bord de la rivière Cooum près d’un pont, le campus disposait de son quai. Il ne reste que la porte d’honneur, en piètre état aujourd’hui et aménagée en Poste et local technique. De cette porte on enregistrait le passage des étudiants et des marchandises.

Facade indo-sarracénique sur le Campus Saint George de College Road

Une petite chapelle, reconstruite, regroupait les étudiants.

En face, le bâtiment blanc moderne et sans grâce se traverse pour amener à un de plus jolis édifices de style indo sarracénique en brique rouge et médaillons de stuc, aujourd’hui dévolu à l’administration. Juste derrière, se cache un petit temple. Ces bâtiments de brique rouge, parfois recouverts de plâtre blanc remontent aux premières années du XXe siècle.

La Madras Literary Society

livres entreposés, Société littéraire de Madras, sur College Road
Facade de la Madras Literary Society

Plus proche de College Road, le bâtiment de la Madras Library society emprunte à l’architecture du Rajahstan avec ses, jaruka, faux balcons typiques de l’influence islamique. Signe de patriarcat, ils permettaient aux femmes de voir sans être vues. Ils cachent les 3 niveaux de terrasse dont le but était de favoriser la circulation d’air et par conséquent de tempérer un peu les fortes chaleurs. Les fenêtres, doublées au ¾ à l’intérieur agissent dans le même sens et améliorent l’acoustique.

Fenêtres en retrait pour une meilleure accoustique et un contrôle de température? et livres en poussière à la Madras Literary Society

La bibliothèque s’est constituée sur le dépôt des ouvrages parus à l’université. Malheureusement il s’agit d’une fondation privée, la seule du campus, et elle manque cruellement de fonds.

Longtemps tenue uniquement par de hommes, cette bibliothèque compte aujourd’hui majoritairement des dames. Celles-ci recueillent les dons de livres en tamil et anglais et s’évertuent à créer des évènements pour faire vivre les lieux et redonner un peu de lustre au bâtiment en piteux état et aux livres souvent réduits en charpie. Seules en effet les cotisations et donations sont susceptibles de maintenir les lieux et surtout les manuscrits dont certains très anciens. On y découvre, un peu atterré par l’état, une traduction d’Aristote du 17eme siècle et des gravures des objets envoyés à l’exposition universelle au Crystal palace à Londres en 1851. Pour les locaux de l’étape, l’intérêt porte surtout sur la première édition du cultissime Ponyam Selvan récemment adapté au cinéma.

Gravure représentant le Prince Albert

Les étagères de fonte et les chaises démontables remontent à la période de colonisation et sont dans un état déplorable. Tout crie misère.

1ere edition du cultissime Ponniyin Selvan

Higginbothams,

La librairie incontournable de Chennai

Vous aimez lire et vous habitez ou visitez Chennai ? Alors, pas d’hésitation, foncez chez Higginbothams.

En effet, Higginbothams est la librairie incontournable de Chennai.

Cette librairie, la plus vieille du pays, vieille de plus de 1,5 siècles est une véritable institution dans le sud de l’Inde. Alors en route pour connaitre son histoire.

Abel Joshua Higginbotham s’est embarqué pour l‘Inde pour une raison inconnue en 1844. Délaissant l’Angleterre, il est néanmoins resté fidèle à sa profession et a initié une librairie sur Mount Rd à son arrivée à Madras. Plus précisément il a acheté la boutique en déclin de missionnaires protestants qui vendaient des Bibles.

Des missionnaires vendeurs de Bible à la Librairie Higginbotham

Sous l’impulsion de Higginbotham, L’entreprise, peu rentable, est devenue florissante au cours du 19e alors que l’offre de livres s’étoffait.

La liquidation de la Compagnie des Indes Orientales en 1858 fit l’objet d’une proclamation royale, lue à Fort George puis imprimée et diffusée en Tamoul et anglais par la libraire. Dès lors Higginbotham devint incontournable dans la ville coloniale. Elle s’affirma comme la librairie la mieux achalandée, ce dans tous les domaines. Des sciences à la littérature, Higginbotham proposait alors un vaste choix, que ce soit en rayon ou sur catalogue.

Avec l’ouverture du Canal de Suez et l’introduction de bateaux à vapeur, la distance de la métropole aux colonies indiennes se réduisit et dans les années 1870, l’offre de livres s’accrut encore. Avec les visites royales, la librairie devint même fournisseur officiel de la couronne puis du gouvernement et des institutions coloniales.

les rayonnages bien remplis de la librairie Higginbothams

De Higginbotham à Higginbothams

 Plus encore, dans les années 1890 Abel Joshua Higginbotham devint shérif de Madras et seul fournisseur de la bibliothèque Connemara. Il associa alors son fils dans sa société devenue Higginbothams and co.

Avec la publication de livres de cuisine indiens, Higginbothams affirma en outre sa position d’imprimeur et éditeur local.  Au début du XXème siècle, et sous l’impulsion du fils, l’enseigne commença à s’étendre à toute l’Inde du Sud. On retrouvait ainsi des succursales Higginbothams à Bengalore mais aussi dans les villages des collines dans lesquels les riches colons passaient les mois d’été. L’héritier de la librairie étendit en outre le commerce aux kiosques situés dans les gares qui accompagnaient le développement ferroviaire.

A Madras, le nouveau bâtiment toujours siège de la librairie sur Mount Road, afficha fièrement sa belle façade coloniale blanche. Très spacieux, il évitait les fenêtres pour ne pas nuire aux ouvrages présentés. Sa symétrie et ses baies palladiennes attestent aujourd’hui encore des gouts architecturaux du Raj. Il devint rapidement le lieu à la mode.

Higgibothams, survivante de l’ère de gloire du Livre

Dans les années 1920, Associated Printers, aux mains du groupe Robinson, absorba le journal Madras Mail puis la librairie.

Pendant la seconde guerre mondiale, Higginbothams connut un nouvel essor en devenant le plus gros pourvoyeur de livres de poche vendant tous types de livres même les plus controversés. Le site explique que les royalties étaient alors versées à la Croix Rouges pour les vétérans de l’armée anglaise. Quoi qu’il en soit, on y trouve encore aujourd’hui des publications sujettes à caution.

Avec l’Indépendance néanmoins, la librairie passa sous le contrôle du groupe Amalgamations.

Aujourd’hui la librairie est juste une activité annexe mais le groupe tient à sa survie.

Elle a malheureusement beaucoup souffert du Covid et de la concurrence des ventes en ligne. La majorité des boutiques de gares ont fermé pendant la période de confinement et ne réouvriront pas.

 Il ne reste aujourd’hui que 15 librairies des 70 que le groupe avait dans les années 1990 dans les grandes villes du Sud de l’Inde. Plus que jamais, le beau bâtiment colonial de Mount Road reste le témoin d’un âge d’or de la lecture et de la vente en direct de livres. Le plaisir de flâner entre les rayons y reste intact. Que vous cherchiez la dernière publication anglaise ou un classique de la littérature locale ou anglo-saxonne, que vous vous intéressiez aux auteurs indiens ou à la littérature mondiale, Higginbothams a de quoi vous satisfaire. Si vous lisez en anglais (voire en Tamoul), que vous recherchez de la papeterie, des livres pour enfants ou des ouvrages d’art, Higginbothams reste un lieu magique de Chennai.

des rayonnages vidés à la gare centrale

Tanjore

Tanjore, aujourd’hui Tanjavur a été la capitale de la brillante dynastie des Cholas.

Vimana, temple de Tanjavur

Cette dynastie s est particlièrement illustrée dans l’architecture, la peinture de fresques et la statuaire de bronze. ,Les mounments de Tanjore témoignent de ce Moyen-Age  fastueux (11e12e siècles). En effet, un remarquable temple, un palais maintes fois reconstruits, de rares vestiges de fresques et des bronzes exceptionnels attestent de la brillante dynastie Chola.

Les Cholas sont à juste titre connus pour leurs fresques

Plus éloignée des centres touristiques, Tanjore se révèle plus typiquement indienne. Peu d’hôtels dignes de ce nom, des restaurants très locaux, une population peu habituée aux occidentaux, bienvenue au cœur du Tamil Nadu !

 Le temple de Brihadishvara

le temple de Brihadishvara  s’élève fièrement au centre de la ville.

Fierté des pelerins au Temple de Tanjore

 Pour y parvenir, il convient de contourner la gare routière et un marché pour pélerins. On parvient alors à l’enceinte du monument. Celui-ci est caractéristique de l’architecture Chola, au même titre que Mahabalipuram. Devant l’enclos du temple se trouvent les lettres de la ville pour les fous de selfies. Une fois la première Gopuram dépassée, on peut déposer ses chaussures au stand dévolu à cet effet. On s’engage alors sous une Gopuram magnifiquement sculptée. On accède ensuite à un immense espace vert avec en son centre un Nandi géant tourné vers le temple. Une Vimana, sorte de tour, domine le sanctuaire. il s’agit de la.plus haute d’Inde. Un monolithe de 80 tonnes la couronne. Sur les murs, de petites effigies de Nandi, le véhicule de Shiva appellent à la grandeur du Dieu Shiva mais aussi de la dynastie Chola.

Nandi

 Monumentalité et magnificence se conjuguent ici dans le sanctuaire mais aussi dans l’enxemble de l’enclos religieux parsemé de mandapams et entouré d’un couloir abrité entièrement peint de fresques. Une excellente visite  existe en ligne, avec un plan du temple.

En pratique, vous pouvez venir et revenir admirer le temple à différentes heures, vous le découvrirez chaque fois sous un jour différent. Au lever du jour, à l’heure d’affluence des fidèles, il peut s’avérer impossible de rentrer dans le sanctuaire. Néanmoins la lumière naissante permet d’apprécier les peintures entourant le temple. A la nuit tombée, les peintures ne sont plus visibles mais la Vimana éclairée resplandit et la visite devient émouvante.

Lingam et fresques , temple de Tanjore

Le Palais de Tanjore

De l’autre côté de la vieille ville, l’enclos du Palais s’ouvre sur une première cour.

Ganesh, bronze Chola, Musée de Tanjore

Il date en fait de l’époque des Nayaks, dynastie régnante sur la région aux 17 et 19e siècles. On débouche sur la bibliothèque à la célèbre collection de livres rares. Parmi ceux-ci,deux vitrines exposent de précieuses feuilles de palmes, plus ancien témoignages dravidiens écrits.

Au-delà de cette cour, les salles du Palais royal de Tanjore encadrent une  deuxième cour.. Le musée ne vaut pas forcément le coup avec sa collection hétéroclyte d’objets du début du siècle ou de tessons plus anciens,. En revanche, la salle du trône  (Durbar Hall) en impose. Avec ses stucs colorés, Le labyrinthe de colonnes ne vaut pas celui de Madurai mais la décoration reste très belle.

Salle du trône, Durbar Hall, Tanjore

Néanmoins, il ne faut surtout pas manquer la seconde partie du palais, au-delà de la bibliothèque. Ici à l’ombre de la tour de l’horloge, se situe le musée de Tanjore célèbre pour sa collection de bronzes Cholas. Il s’agit de la deuxième plus belle collection après celle du musée de Chennai. Si la muséographie et la conservation font pitié, les pièces à la cire perdue sont d’une finesse remarquable. Le panthéon hindou y est figuré dans cette technique antique qui permet une fantastique subtilité créative. Les plus anciennes remontent au 9e siècle, tout comme la statuaire de pierre exposée dans la cour du musée.

Shiva dansant, Bronze Chola, Musée de Tanjore

Sur la route de Tanjore

un des nombreux temples de Darasuram

« Les grands temples vivants » correspondent à trois grands temples. Ces temples sont dits « vivants » car  bien que classes patrimoine de l’Unesco ils restent en activité. Outre Tanjore, le temple de Brihadisvara de Gangaikondacholisvaram reste à l’écart des chemins touristiques. Cependant les sculptures y sont exceptionnelles. Plus facilement accessible, car sur la route de Pondichery, le temple d’Airavatesvara de Darasuram propulse le visiteur dans le monde des Cholas. Sous le’œil bienveillant d’un clergé prêt à échanger accueil contre obole, ce superbe lieu dans une ville chargée d’histoire et de monuments religieux, permet de rentrer quasi dans le saint des saints. On y admire de merveilleuses sculptures au son des célébrations.

Mandapam, Temple Darasuram

Chettinad

Les Palais du Chettinad  constituent un patrimoine d’exception dans une petite région étonnante.

Située entre Tanjore et Madurai, cette zone agricole offre la particularité d’être couverte de palais civils. Ils datent tous de la fin du 19e, début du 20e. Ainsi, ils remontent à l’occupation britannique. A l’époque coloniale en effet, de riches commercants au service de la couronne anglaise s’enrichirent. Pour prendre le frais durant les saisons chaudes, ils s’éloignaient de la côte et faisaient construire dans l’arrière pays de somptueuses demeures. Tombés à l abandon apres le départ des Anglais, certains de ces palais commencent à être renovés.

Diversité et modèle des Palais du Chettinad

La communauté tamoule des Chettiars était réputée dans le monde colonial du commerce, et de la banque. Ils firent fortune  sous l’Empire Britannique  dans le sud de l’Asie, ce, jusqu’à l’indépendance de l’Inde.

Chaque famille faisait construire son palais et rivalisait avec ses voisins à qui serait le plus richement orné. Depuis l’Indépendance, la plupart de ces palais ont été abandonnés. Les villages se succèdent donc avec leurs rues bordées de demeures magnifiques mais très souvent inhabitées et en ruine. Du coup, il n’est pas toujours aisé de visiter ces petits châteaux urbains. Sur les 96 villages initiaux,près de 20 ont d’ailleurs pratiquement disparu.

Quoique tous differents, les Palais du Chettinad obéissent à un plan a peu pres identique. Rectangulaires, ils sont bâtis autour d’une voire plusieurs cours. Si les modèles de base se ressemblent, les détails architecturaux confèrent leur originalité à chacun d’entre eux. La structure emprunte plutôt au vocabulaire classique. En revanche, les décors juxtaposent sans vergogne ogives médiévales, cours orientales, meubles orientaux, objets européens.

On accède dans quasi chaque maison par une terrasse couverte où les maîtres de maison pouvaient recevoir leurs invités. Celle-ci est en effet couverte pour l’ombre mais l’air y circule aisément.Vient ensuite la salle de réception. Selon l’opulence des propriétaires, cette cour va du simple ou grandiose. On peut ainsi y admirer photos de famille ou fresques, piliers peints, mosaiques orientales, ou miroirs et lustres itallien.

On pénètre ensuite dans la partie plus intime de ces palais du Chettinad. Autour de la cour, d’énormes piliers en bois de teck (pour les plus riches) ou en pierres sculptées. Souvent des grillages protègent le patio des singes. Tout autour, des portes cachent des coffre forts. Chaque couple y entreposait les richesses recues lors des noces. Les chambres se situent, elles, au premier étage.

Entrée du Saratha Vila

Les autres pièces du fond, plus petites et sombres,  étaient réservées aux femmes et aux domestiques.

Que visiter, ou s’arrêter

La plupart des sites et guides évoquent la ville la plus importante, Karaikudi,  un peu active mais sans grand intérêt. Pour le reste, la région semble s’être arrêtée au 19ème siècle quand les riches marchands Chettiars construisaient ces étonnantes demeures, mi-indiennes mi-occidentales, symboles de leur réussite dans les affaires. On dénombre plus de 10 000 palais sur 1550 km2.

Chettinad permet de visiter le musée et le palais, certainement le bâtiment le plus accessible de la région.

Trois villages connus voient s’arrêter les visiteurs: Pallathur, Athangudi et Kanadukathan. Il est malheureusement quasi impossible de visiter l’intérieur des demeures dans ces villages. Témoins d’une ancienne richesse, ils tombent en lambeaux.

Le mieux pour visiter un palais du Chettinad est de commencer par un hotel  tel  lakhshmi House à Chidambaram.

Ce village accueille des tournages de film. Avec un peu de chance, l’équipe vous laissera rentrer dans les décors du film et parcourir de fond en comble une de ces merveilles architecturales. Faute de quoi, vos pouvez tenter d’amadouer un des charmants villageois en exprimant votre admiration architecturale.

Dormir ou manger dans un de ces palais peut aussi permettre de mieux comprendre les beautés de la région. A ce titre Saratha vila, restauré avec  soin et raffinement par un couple de français passionnés offre une halte fantastique.

La réussite de cette restauration exemplaire semble faire des émules dans une région délaissée par ses habitants historiques. Ce même si les familles reviennent souvent au pays pour fêter les mariages et autres grandes fêtes.

Outre les belles bâtisses, la région abonde en temples et en sanctuaires anciens dont certains rupestres dominant les rizières. Pour se donner l’impression de voir vraiment des palais du Chettinad, mieux vaut prendre un chauffeur et préparer a minima son circuit, en utilisant des sites spécialisés. ou

Enfin, ce blog  recense les temples et monuments autour de Pudukkottai.

Pour clore ce petit tour des palais du Chettinad, silencieux car abandonnés ou en tournage, la région doit également son renom à sa cuisine.

Donner

Donner aux enfants démunis du Tamil Nadu

Dans une salle de classe

Il existe une multitude d’Organisations non gouvernementales dont le but est d’aider les nécessiteux et surtout de donner aux enfants démunis. Voici 3 associations francophones œuvrant à Chennai ou autour. Leur but est de soutenir des enfants de milieux très défavorisés par des circuits courts. Chacune a donc ciblé des écoles ou types de population en grande difficulté et s’applique à soutenir des fondations indiennes. Eviter le maximum de rouages administratifs en s’appuyant sur des bonnes volontés locales identifiées garantit que le don atteint celui qui en a besoin.

une crèche financée par Heart For India

Chacune de ces organisations répond au défi énorme de la scolarité des plus pauvres à sa manière. Si vous ressentez le désir bien légitime de contribuer à ces jolis projets, voici leurs coordonnées et leurs besoins.

Heart for India

Heart for India a été fondée à Genève par la Princesse Sturdza en 2005.  L’idée est de donner aux enfants démunis du Tamil Nadu un accès à l’école. Cette Organisation purement genevoise cherche à motiver les enfants des quartiers miséreux de Chennai (et surtout les familles) à venir régulièrement à l’école dans des conditions correctes.  

la Princesse Sturdza et les enfants du Programme Heart for India, copyright HFI

Celle-ci finance les programmes dans les écoles d’état sélectionnées et assure les repas. Cette idée géniale assure la stabilité de la fréquentation scolaire. L’ONG assure également l’apprentissage de l’anglais, nécessaire pour la pousuite des études. Elle lutte également contre la mal et la sous nutritution et s’applique à enseigner le self défense aux jeunes filles.

le garden kitchen financé par Heart for India, copyright HFI

IEA Trust

IEA trust. Cette ONG indienne s’applique à donner aux enfants démunis du Tamil Nadu une aide extra solaire. Il s’agit en effet de soutenir les petits villageois hors castes. Elle cherche à apporter un soutien logistique à des enfants laissés pour compte par le système social très hiérarchique de l’inde. Ces programmes ciblent l’école mais aussi des activités de soutien pour éviter le décrochage des élèves en difficultés. Elle accorde aussi des bourses pour aider les enfants à aller plus loin dans leurs apprentissages. Deux associations françaises l’appuient : Inde Educ’Actions et Educadev.

Des enfants en soutien scolaire

Inde Educ’Action https://inde-education-actions.org/ est une association de Montpellier. Son site, très bien fait, permet de mieux comprendre la problématique scolaire pour les Indiens le plus pauvres.

une terrasse utilisée en salle de classe

Educadev Cette association créée par un groupe d’amis d’amis en 1991 s’applique à soutenir des projets visant la scolarité d’enfants démunis à travers le monde. En l’occurrence, le donateur peut choisir de manière ciblée le projet qui lui tient à cœur.

des enfants soutenus par IEA trust

Points coeur

Points cœur est une organisation catholique qui vise à réconforter les plus déshérités. Il s’agit ici de donner aux enfants démunis du Tamil Nadu mais aussi aux personnes handicapées ou au plus nécessiteux de la compassion et de l’aide matérielle.

Fondée en 1990, elle est présente dans le monde entier et cherche à « réconforter le plus démunis ». L’objectif est plus large que la simple scolarité. A Chennai, les laïcs et religieux se concentrent sur les habitants les plus démunis des bidonvilles.

alphabet tamil

La visite d’écoles, via les 3 associations et fondations, permet de se rendre compte des problèmes liés à la scolarisation des plus pauvres en Inde. On comprend à quel point l’alimentation, l’hygiène jouent un rôle essentiel mais aussi les mariage précoces, l’éloignement ou le manque d’information. On voit également le poids de l’Anglais en Inde mais surtout dans le Tamil Nadu . Cet Etat s’oppose en effet farouchement à l’apprentissage de l’Hindi au nom de l’identité tamoule. Renée, en charge d’une ONG américaine, me confirme qu’elle rencontre le même type de problèmes à savoir la formation d’enseignants d’anglais et leur affectation dans les quartiers déshérités. Faute de maitrise de cette langue de communication, les enfants ne pourront en effet pas faire d’études supérieures, ni travailler dans des postes autres que subalternes

des enfants villageois attentifs

Pourquoi RRR n’est pas un film Bollywood

Pour rebondir sur la polémique et contrairement à ce qu’on lit dans les journaux occidentaux et ce que pense Jimmy Kimmel le présentateur des oscars, RRR n’est pas un film Bollywood, mais un film Tollywood, c’est à dire du Telangana . Voici pourquoi.

Aller au cinéma à Chennai

RRR, typique d’un cinéma régional

RRR, ce film évênement braque les projecteurs sur le cinéma indien et plus précisement le cinéma du Telangana, cette petite région créée à partir de l’Andar Pradesh et dont la capitale est Hyberabad. Les 3 R illustre la montée en puissance des cinémas régionaux et notamment du Sud. En effet, en Inde, le cinéma correspond à de nombreuses industries locales. Bollywood fabrique des films à Bombay devenu Mumbai. Alors que RRR est un film de Tollywood et typique du Telangana. Varisu est issu des studios de Kollywood (quartier de chennai) et est typique du Tamil Nadu. Mais on compte également des studios dans le Karnataka (Sandalwood). Dans le Kerala, on parle de Mollywood.

Tollywood s’affirme de plus en plus avec des blockbusters tels Baahubali, et maintenant RRR.

Une différence linguistique

Cette différence de lieux implique une différence de langue et de culture. Celle-ci est la base de la polémique. Bollywood tourne et produit des films en hindi, langue du gouvernement central dont la tendance est de s’imposer à l’ensemble du pays. RRR est tourné en Telugu, doublé d’emblée en tamil pour concerner un marché plus important, celui du sud qui s’oppose culturellement et linguistiquement au Nord de l’Inde.

seule réponse au problème linguistique : doublage ou sous-titres

Un cinéma plus traditionnel

Bollywood représente le cinéma dit mainstream. Or, ce cinéma caractérisé par ses couleurs et ses numéros dansés et chantés, ses scènes de foule, tend à s’occidentaliser.  De plus en plus, on voit des films à thèse, avec des sujets sociaux, tel « lunchbox », Gangubai, . En revanche le cinema du sud reste plus traditionnel avec des thématiques et personnages empruntant davantage à la mythologie.

Par ailleurs, le cinéma du Nord tend à loucher sur des thématiques occidentales, avec des sujets et de traitements parfois osés pour le pays : drogue, prostitution, sexe, alcool, homosexualité. Le cinéma du sud, lui, reste beaucoup plus conservateur, avec des sujets mythologiques, historiques, familiaux voire, quoique plus rarement, sociétaux. Il est plus tourné vers l’action.

Un cinéma de héros

Les acteurs sont des « héros » locaux et le public se bat pour eux et leur voue un véritable culte. A Chennai, les fans de Vijay en viennent à se battre contre ceux de Ajith Kumar. Ils ont même des trajectoires régionales politiques, comme les Chief Minister du Tamil Nadu.  Les canons physiques diffèrent du Nord. Aux héros clairs, quasi européens, et sportifs du Nord s’opposent les baraques dodues et barbues des films du sud.

Un héros moustachu et dodu typique du cinéma du sud de l’Inde

RRR, un flm avec danses et musique

Danses et musiques diffèrent également selon les puristes. Les instruments, les rythmes, les danses ne sont pas les mêmes.  Les chansons, reprises par le public et diffusées sur les ondes avant la sortie des films, ont des résonnances et significations locales. Même si vu et entendu de loin, tout cela semble semblable, ne bondirions-nous pas si on nous disait que West Side Story ou les parapluies de Cherbourg, chantés dansés sortent des studios de Bollywood ?

Comme le dit SS Rajamapouli, auteur du doublé BaahuBali et RRR, lui utilise la musique et la danse pour faire avancer l’intrigue pas pour servir de charmant intermède. Ainsi la fameuse scène de « Naatu Naatu » sert-elle de compétition entre les deux héros mais aussi de pacte d’entraide. D’ailleurs cette injonction, naatu, est un verbe telugu qui signifie ici “danse”et peut être compris dans les langues dravidiennes du sud alors que le hindi, au Nord, repose sur des racines et des mots totalement différents.

Des budgets plus limités

Enfin, les Budgets n’ont rien à voir entre la grosse machine Bollywood et les budgets souvent plus restreints des  studios du sud. Ce même si les récents succès en telugu promettent un changement. Le quasi bricolage de poductions comme Varisu ou Sir n’a en effet rien à voir avec les effets de Paathan.

Varisu

Il faut reconnaitre que la frontière est souvent ténue entre Bollywood et les reste de la production indienne. Les ingrédients sont souvent semblables : amitiés masculines, histoire d’amour, action, danses et chants. Pour autant, n’oublions pas notre statut d’exception culturelle française lorsque nous regardons un film indien et essayons de comprendre pourquoi le sujet de la langue, de la culture, du rayonnement importe autant depuis Chennai, Bengalore ou Hyderabad.

Par ailleurs la vogue Bollywood permet aussi à RRR d’être considéré et son doublage en hindi sur Netflix lui donne une plus large audience.