Transports keralais

L’idée dans cet article est de découvrir les transports keralais. L’Etat se targue en effet de sa politique environnementale (pour l’Inde, les attentes ne sont pas occidentales quand même). Alors vous pouvez remiser votre application uber (qui fonctionne très bien ici et notamment pour les tuktuks, appelés autos) et opter pour d’autres transports plus locaux.

L’aéroport

Parce que l’on accède généralement au Kerala par Cochin, l’aéroport y est plus important que celui très mignon et efficace de la capitale de l’Etat, Trivandrum ou Thiruvandanapuram. C’est l’un des rares aéroports privés d’Inde. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est particulièrement agréable comparé au grand hangar sans grâce de Chennai. De jolies boutiques d’ayurvédique, des petits restaurants qui offrent tous la même tambouille au même prix et 2 librairies permettent de passer le temps long si vous vous êtes prémunis en quittant votre auberge très en avance par rapport à l’horaire de votre vol. En effet, la circulation terrestre à Cochin est comme dans beaucoup de villes indiennes effrayante. En outre, la distance depuis le centre de la ville fait qu’il faut souvent prévoir 2h pour rejoindre le terminal 1 (domestique) ou 3 (international).

La municipalité a fort récemment mis en place une ligne de bus climatisée ainsi que des tuktuk bleus au tarif préétabli pour relier le métro (station Aluva) et l’ aéroport.

Les bâtiments ont un petit aspect chinois avec leurs toits en pagode. L’aéroport de Cochin se vante d’être le premier au monde à fonctionner entièrement à l’énergie solaire. Je ne sais pas s’il est raisonnable d’y transiter en période de mousson.

Le train

On peut aussi choisir de parcourir le Kerala en train. C’est très rigolo et facile de se déplacer dans la région très bien reliée en tous cas pour sa partie côtière. Evidemment il vaut mieux ne pas être pressé, mais ce n’est pas plus lent que la voiture. Et le voyage est tellement plus typique.

Depuis Trivandrum on voit défiler de magnifiques paysages de cocoteraies,  et de backwaters (mangroves). Le train n’est pas forcément plus en retard que notre SNCF nationale. En revanche il vaut mieux éviter les toilettes et ne pas être à cheval sur la propreté des fauteuils. Sur certains tronçons, de petits messieurs passent pour proposer du thé ou des baji mais pas toujours. Ce moyen de transport est extrêmement économique (25rp pour aller de Varkala aux iles Munroe, 20 pour le trajet Allepey Cochin) alors que le ticket de métro coute lui 50 rp dans la ville de Cochin.

Le bus

Ouvert aux quatre vents, le bus donne une idée autre des villes et constitue un moyen de transport populaire. Il est en effet très simple d’utilisation surtout sur la presqu’ile de Fort Cochin avec des trajets quasi rectilignes. Vous montez dans le bus indiquez votre arrêt et payez en conséquence. Il vaut mieux vous munir de petite monnaie

Le bateau

La zone côtière du Kerala doit sa réputation à ses mangroves et « backwaters ». Des bateaux plus ou moins gros parcourent les canaux qui relient la multitude de petits lacs et rivières.

Point de pirogue à à Cochin en revanche. Si vous aimez la foule, la transpiration et la bousculade, le ferry se révèle idéal. Pour un tarif modique (6 rp) vous aurez le droit de vous serrer avec vos commensaux dans la queue pour acheter vos billets puis de vous faire compresser pour monter dans le ferry. Une fois à bord, si vous avez eu la chance de monter portés par des foules de bras et d’aisselles se dirigeant dans le même sens, vous pourrez peut-être vous assoir, ou non. Pour être honnête j’avais écrit ces phrases il y a quelques années après une traversée particulièrement éprouvante.  Le trajet est devenu plus confortable ces derniers temps avec des ferry à sièges et à contenance max de 100 passagers. Les horaires sont indicatifs. Dès que le ferry est plein, il part. Les « bus d’eau » ont adopté une mascotte appelée Jengu.

Le métro aérien, transport moderne à Cochin

Le métro est une splendeur à Cochin. Neuf, moderne il est loin d’être terminé. Ce réseau exceptionnel ne comprend pour l’instant qu’une grande ligne desservant Ernakulam.

Initié en 2013, ce métro est encore largement en construction. Néanmoins la (longue) portion terminée dessert déjà les zones essentielles de marchés, administrations, universités, lycées, gare et Centre commerciaux.

La ligne en activité permettra un jour de relier l’aéroport, mais l’ile de Fort Cochin et les plages ne font pas partie du projet pour des raisons assez évidente d’environnement et de population concernée. Car le but est de s’adresser aux familles et aux jeunes locaux. D’où une communication et des publicités ciblées pour ce métro ultra moderne dont la mascotte est un adorable petit éléphant bleu ailé qui nous rappelle que la modernité n’enlève rien aux traditions charmantes du Kerala et de Ganesh. Milu, c’est son nom, s’inspire de son grand frère Serge le lapin qui a bercé nos enfances parisiennes avec ses injonctions à ne pas mettre ses doigts n’importe ou sous peine de se pincer les doigts très fort.

 Alors embarquez en compagnie de Milu et Jengu et suivez leurs aventures à chaque arrêt !

*Les tarifs ont été reactualisés en janvier 2025

Ernakulam

Cet article sur Ernakulam s’adresse à tous ceux qui restent plus d’une demi-journée dans la ville et qui veulent explorer ses environs. En effet, j’avais déjà évoqué dans un premier article les incontournables de la ville coloniale avec son Palais et le quartier juif. Dans un second article, je me suis intéressée à Fort Cochin et autour du Fort. Il est temps maintenant de déborder du quartier historique et de s’intéresser à tout ce qui fait le charme de cette énorme métropole.

Il est temps maintenant de déborder du quartier historique et de s’intéresser à tout ce qui fait le charme de cette énorme métropole.

Ernakulam correspond à la bande de terre continentale agglomérée aux vieux quartiers de Fort Cochin, sis sur une presqu’ile lagunaire. Moins touristique, cette zone abrite les bâtiments administratifs, universités, centres commerciaux. C’est aussi un grand quartier marchand. On y trouve donc sans surprise de grands temples, comme celui de Shiva et des marchés bien fournis. Globalement, si l’on veut passer une journée à Ernakulam, voici des idées de balades :

Marchés supermarchés et temples

 Le temple de Shiva non loin de l’embarcadère impressionne pour la ferveur de ses fidèles. Il faut s’y rendre le matin ou le soir pour profiter des célébrations colorées. On peut y accéder par le Durbar, un bâtiment colonial dont le nom évoque la cour royale. Tout autour, se pressent de petits restaurants végétariens.

temple de Shiva Ernakulam

Entre le débarcadère et le métro, Market road la bien nommée regroupe une grande partie des petits commerces. Les ruelles adjacentes donnent des airs de souk à ce quartier extrêmement animé. Certainement plus populaire mais aussi plus authentique que Fort Cochin, Ernakulam abonde en marchés et magasins très bien achalandés.

Le marché aux légumes n’est plus que l’ombre de ce qu’il était. La végétation luxuriante du Kerala permet en effet de se régaler de fruits et légumes en avance par rapport au Tamil Nadu. En revanche, les ruelles commerçantes continuent à offrir toutes sortes de marchandises bon marché et organisées par spécialités. le quartier abrite une communauté musulmane et s’endort le vendredi lorsque les fidèles se rendent dans les différentes mosquées.

La Promenade

Le long de la lagune, elle s’étend entre le débarcadère de ferries pour Fort Cochin et le quartier commerçant de Market Road. Les jardins joliment dessinés donnent des allures européennes à ce long ruban vert très apprécié par les locaux en soirée et le week-end. De là, on peut se diriger vers le ferry qui dessert Fort Cochin. On peut également se rendre vers le métro et au-delà vers la ville moderne. Sans charme, cette partie de Ernakulam fait penser aux villes d’extrême orient par son animation, ses grands et petits commerces, et même, chose rare dans le sud, ses gigantesques grands magasins comme le Lulu mall, un must pour ceux qui arrivent de Chennai en manque d’hypermarché.

Par le métro, on atteint la gare (Ernakulam Junction) mais aussi le quartier plutôt huppé d’Aluva. De la station de métro, des autobus flambant neufs permettent de relier l’aéroport au-delà des embouteillages. Ce quartier résidentiel, s’étend le long de la rivière Periyar et offre de jolies vues sur les berges et les ponts.

Aluva, les bords de la rivière Periyar

fresque Kochi es a feeling

Musée du folklore

Il se situe au sud du quartier Thevara, à la pointe de la bande de terre que constitue Ernakulam. Bien que privé, ce musée du folklore offre une foultitude d’objets à découvrir, voire à acheter, on s’y perd un peu. C’est un peu chaotique mais tellement fourni, que l’on y trouve toujours son bonheur.

Musée du folklore

Le musée lui-même est une recréation architecturale à partir de maisons traditionnelles en bois. Sa structure avec ses toits quasi en pagode emblématiques du Kerala, et ses décorations, valent la visite. Des petits panneaux permettent de se repérer à minima.

marionettes au musée du folklore Ernakulam

Sortis de cet étonnant capharnaüm, on peut se faire conduire en tuk tuk un peu plus au nord vers la promenade ou carrément les plages ou les lagunes.

tablette de cuivre ancienne musée Folklore

Plus au nord d’Ernakulam

C’est aussi depuis Ernakulam que l’on accède à la zone des plages. Attention néanmoins à la foule des fins de semaine et à l’extrême chaleur. La longue bande de terre qui fait face à la mer accueille d’immenses plages dont certaines sont considérées comme parmi les plus belles du pays. Parmi celles-ci, Cherai Beach.

Sur la ligne de métro, Il existe encore une foultitude de musées et galeries selon les gouts de chacun. Parmi ceux-ci s’imposent le musée du Kerala et le Hill Palace.

Enfin, les quartiers nord desservis par la ligne de métro ouvrent sur les backwaters. Cette zone lagunaire est souvent plus à l’intérieur des terres que du côté d’Allepey et offre de merveilleux paysages.

poster de Jesus sur les murs de Cochin

Fort-Cochin

Cette semaine, je vous emmène à Fort-Cochin à la découverte du fort, des « plages », et du quartier chrétien. Cette zone se trouve à une demi-heure de marche de deux des bâtiments les plus visités de Cochin, le Palais Hollandais et la synagogue Pardesi où je vous ai emmenés la semaine passée.

Le bord de mer à Fort-Cochin

Fort-Cochin (Fort-Kochi) est situé au bout d’une presqu’île. Il y a donc une belle balade à faire le long du rivage. On s’y amuse du spectacle des carrelets chinois de grands filets de pêche suspendus à des perches. Introduite par les commerçants de la cour du souverain chinois Kubilai Khan, cette méthode insolite repose sur un système de poulies actionnées depuis le rivage. Les filets installés sur des piquets en teck et en bambou, s’immergent quelques minutes puis se remontent. Ces fameux carrelets n’existent en Inde  qu’à Kolam (Qillon) et Cochin et n’apparaissent que tardivement par rapport à leur frères cantonais voire indonésiens. Ils sont en déperdition, les poissons ne résistant guère à la pollution ambiante.

La plage dégorge en effet malheureusement de détritus. En revanche, la promenade le long de la mer est agréable. Le chemin bétonné suit les marchands de poissons, promeneurs et vendeurs de rue divers et variés.

Le Musée archéologique

Sur la plage, dans le fort, juste derrière les marchands, un beau bâtiment ancien abrite le Ernakulam museum District. C’est un des des bastions survivants du fort Portugais. Pour une raison que j’ignore il s’appelle musée du district d’Ernakulam et est à peine référencé. C’est dommage, il est mignon, intéressant et beaucoup plus facile à atteindre que le musée archéologique, lui à Ernakulam…

Les étiquettes se mélangent régulièrement les pinceaux et les gardiens racontent un peu n’importe quoi. Pour autant on découvre des amphores vernissées attestant d’échanges commerciaux avec le monde arabe. Mais aussi des écrits évoquant la présence des romains à Muzuris, comptoir de fondation romaine. Malheureusement, les constructions, la surpopulation et les tempêtes ont changé la côte. Et il ‘s’avère aujourd’hui impossible de retrouver le moindre vestige de l’antiquité, qu’il s’agisse du temple d’Auguste ou autre. En revanche, une copie de la fameuse table de Peutinger, sorte de viatique du XIIIe reposant sur la cartographie du bas empire romain rappelle l’existence de ce comptoir dans les périodes les plus anciennes. Il vaut mieux ne pas trop écouter la pauvre demoiselle en charge de la salle et se hâter pour découvrir l’histoire des découvertes de ce joli petit musée provincial.

Comme au palais de Matanchary, la siganletique de ce musée joliment arrangé montre que les fonds et les destinateurs sont occidentaux. On ne trouve en effet pratiquement pas de mention des voyageurs chinois qui à la suite de Zheng He ont découvert Cochin, lui ont vraisemblablement donné son nom et ont apporté un système de pèche original, évoqué plus haut.

Héritage européen

Au debouché de cette jetée, quelques hôtels boutiques dont le célèbre old Harbour.

Loafer’s Corner, populairement connue sous le nom de Princess Street offre une foule de boutiques et de cafés pour occidentaux ou Indiens en quête d’occident. Les jolies maisons de style colonial débordent de tissus rajahsthani. De chaque côté de la rue, se dressent des constructions inspirées des modèles britanniques, néerlandais, portugais et français.

Ici en effet, boutiques d’artisanat, de vêtements et de bijoux, de bibelots côtoient d’innombrables cafés, restaurants spa ainsi que les traditionnels centres ayurvédiques. Princess street mène à la cathédrale de la lumière, un édifice néogothique accessible par l’école conventuelle qui l’entoure. En tournant à droite puis à gauche, on arrive devant l’église st François avec la tombe de Vasco de Gama avant que son fils ne réclame la dépouille mortuaire pour la rapatrier au pays. Une dalle commémore le premier navigateur portugais à avoir accosté en ces terres.

En continuant la rue au delà de l’église, on accède au David Hall. La première maison hollandaise a été convertie en un joli café aux allures de grange du plat pays . Elle se double d’une salle d’exposition.  Si vous recherchez plus d’apparat, continuez le long de la courbe décrite par la rue. Vous aboutirez alors au Cochin Club. Ce bâtiment typique de l’architecture coloniale britannique est aussi peu accessible que son homologue de Madras. A défaut d’y entrer, vous pouvez essayer le jardin de French toast. Comme souvent dans ce type de lieu, la carte n’est pas locale. Mais le parc idyllique attire de nombreux Indiens du Nord.

Pour parachever la balade européenne, rendez-vous au musée portugais. Certes, il faut aimer les objets liturgiques. Si l’Europe vous manque vraiment, il vous reste à parcourir le quartier chrétien.

Le quartier chrétien, un autre Cochin

Au sud de Fort Cochin, à partir de Jakob rd, commence le quartier chrétien. Alors qu’Ernakulam et le quartier juif sont maintenant musulmans en grande partie, le sud de Fort Cochin abonde en églises. De véritables petits labyrinthes impénétrables en voiture s’enroulent sur eux-mêmes à proximité des églises dans les quartiers de Bethleem et Nazareth.

Au début de Jakob road et on parvient au théatre de Katakhali

C’est une pratique traditionnelle au Kerala que ce type de théâtre en vers. La pièce s’appuie sur des épisodes du Ramayana. Les acteurs portent des costumes et maquillage symboliques. Une adaptation pour touriste réduit le spectacle de 3 à 1h et montre la séance de maquillage et explique les postures, mimiques. Tous les jours de 17h à 18h pour le maquillage puis 18 à 19h pour le spectacle. La salle est souvent comble de touristes. En revanche ceux-ci ne restent guère pour le spectacle suivant de Kalaripayattu un art martial traditionnel perpétué par les Nairs, cette caste de militaires particulière au Kerala.

A l’autre extrémité de Jakob Road, l’on découvre la laverie municipale. Dans des sortes de box, les hommes et femmes s’activent qui à laver qui à repasser dans des éclats de couleurs. Dhobi Kana public Laundry. Bien que beaucoup plus réduite que celle de Bombay,cette laverie est sympathique et bien organisée. Le visiteur peut donner dans une boite prévue à cet effet à l’entrée. Sa donation sera ensuite partagée entre les membres de cette petite communauté d’origine tamoule. Les Danois firent d’abord appel à elle pour nettoyer les uniformes de l’armée d’occupation. Les militaires sont repartis mais les teinturiers sont restés. Moult affiches de cinéma malayalam aux couleurs passées attestent de l’ancrage de la communauté au Kerala.

Cochin

Cochin vit depuis des siècles dans le parfum des épices. Comptoir portugais dès le XVIe siècle, puis ville hollandaise avant d’être anglaise, la plus grande ville du Kerala avec son demi-million d’habitants, se compose de quartiers très différents. Monde ancien et moderne s’y côtoient.  Dès l’aéroport, alimenté à l’énergie solaire, la modernité de Cochin s’affiche.  La ville est en effet la capitale économique de cet Etat étonnamment riche pour l’Inde. Pour autant, les touristes se concentrent essentiellement dans le quartier ancien, dit Fort Cochin. Ceux-ci sont, contrairement au reste de l’Inde, en grande partie occidentaux. Ils arpentent les rues piétonnes bordées de maisons coloniales et de jolies boutiques.

Le quartier historique de Cochin s’articule autour du Fort, du Palais hollandais et de la synagogue Pardesi. Cette semaine, je vous emmène à la découverte de ces deux magnifiques monuments.

Le Palais de Mattancherry, ou Palais hollandais

Le Palais hollandais, construit pour la famille royale de Cochin, abrite le plus bel ensemble de fresques du Kerala. Bâti par les Portugais en 1557, le Palais Mattancherry fut rénové par les Hollandais en 1663. On peut maintenant y prendre des photos.

Le palais aux magnifiques boiseries se compose de deux étages. Dans les premières pièces, de fantastiques fresques mettent en scène des thèmes inspirés des épopées indiennes Ramayana et Mahabharata . Elles représentent aussi les images des dieux hindous et notamment de Krishna. Puis, une succession de salles évoque la vie des dynasties locales. Étonnement pour l’Inde, le Palais offre un bel exemple de muséographie.

A la fin du périple, d’autres peintures murales illustrent le poème épique Kumarasambhavam de Kalidasa. Un petit temple dédié à la divinité Palayannur Bhagwati se situe dans la cour centrale du palais.

Des vêtements de cérémonie utilisés par la royauté, des turbans, des armes de l’époque, des palanquins, des pièces de monnaie, des timbres et des dessins donnent un aperçu du mode de vie des familles royales dans le Sud de l’Inde. Ce palais est un must pour la qualité des fresques et des charpentes.

Tous les jours de la semaine de 10 h 00 à 17 h 00, excepté le vendredi. 

Jew Town

Si la tradition chrétienne est restée particulièrement forte au Kerala, Cochin s’enorgueillit, ou plutôt s’enorgueillissait, d’une petite communauté juive, réfugiée ici probablement lors de la destruction du temple en 70. La plus vieille synagogue d’Inde est une petite merveille Les six autres synagogues de la ville ne sont pas visitables et à peine reconnaissables dans les rues commerçantes de cette bruissante cité. Même s’il ne reste plus qu’une maigrelette famille juive, le temple bien entretenu, attire de nombreux visiteurs.

En fait, Le quartier juif de Cochin correspond essentiellement à une jolie rue commerçante, parallèle au Palais. Les magasins y sont aujourd’hui tenus par des musulmans. Les touristes fourmillent dans ce petit bout de rue extrêmement commerçant. On y vend de tout et les jolis cafés attirent les occidentaux. C’est aussi dans ce quartier que vous trouverez des magasin d’antiquités. Au fond de l’impasse, close par la tour de l’Horloge, se trouve la synagogue Pardesi, édifiée en 1568 et agrandie en 1760.  A droite du cul de sac, le temple hindou qui jouxte le Palais est pratiquement rénové. Sur la gauche s’ouvre la synagogue.

La synagogue Pardesi

Paradesi signifie « étranger » dans de nombreuses langues indiennes. Le terme fait allusion aux Juifs blancs, les premiers colons de Cochin, un mélange de Juifs de Cranganore (au Nord de Cochin, aujourd’hui Kodungallur), du Moyen-Orient et d’Europe. En 1524, ceux-ci trouvèrent un bienfaiteur en la personne du Raja de Cochin. Ce seigneur leur donna  en effet la terre sur laquelle ils bâtirent leur lieu de culte en 1568. Il leur fournit même le bois de construction. Cette synagogue contribua fortement à asseoir la présence juive au Kerala.

L’entrée de la synagogue s’effectue par un vestibule. Il donne sur un petit musée consacré à l’histoire de la communauté et de son temple. On accède alors à une courette sur laquelle s’ouvre la salle de prière. On y entre pieds nus, Inde oblige. Elle est remarquable pour ses énormes lustres belges du XXe siècle mais surtout pour son extraordinaire pavement. Les centaines de carreaux chinois de faïence bleue, rapportés de Canton au XVIIIe siècles sont tous uniques et peints à la main.

Au centre, se détache la chaire. Au fond de la salle, l’arche renfermant les rouleaux de la Torah, deux couronnes d’or présentées à la communauté juive et les plaques de cuivre du IVe siècle. Enfin, au mur, une charte gravée en mayalam décrit les privilèges octroyés à la communauté juive. Le texte est écrit en kannadiyezhuthu, écriture spéculaire ou en miroir.

tous les jours, de 10/12h, et de 15  à 17 heures, sauf les vendredis, samedis et jours de fêtes juives.10rp se déchausser, se couvrir les jambes et les épaules.

Le quartier musulman

Traditionnellement plus pauvre, et plus populaire ce quartier est lui aussi en voie de réhabilitation. Les ordures commencent à être ramassées (c’est un frémissement), les maisons en ruine à être rénovées, en tous cas pour le plus belles. Les échoppes traditionnelles sont peu à peu repeintes. Dans ce quartier, on peut manger de la nourriture typique de Cochin. On y teste les parathas au bœuf impensables dans le reste de l’Inde, les Milk shakes à l’avocat ou les puttu. Il s’agit de roulés de farine de riz et coco traditionnels au petit dejeuner.

Synagogue de Cochin

Trivandrum

A Trivandrum, hors du grand temple d’or et du Palais royal, évoqués la semaine dernière, s’étend une ville fort agréable quoiqu’injustement méconnue. Après avoir visité le Palais et admiré la Gopuram de loin, je vous propose cette semaine de découvrir les beautés cachées de la vraie capitale du Kerala. Je parle de vraie capitale car ce Trivandrum bis se propose d’explorer la capitale administrative et politique du Kerala. Cochin, plus grande et mieux reliée, joue, elle, le rôle de capitale économique.

le Napier Museum, belle construction indo sarracénique avec des relants Arts and Crafts

Le quartier du marché Cherai

Avec ses grands trottoirs ombragés, ses larges avenues, Trivandrum est une ville où il fait bon…marcher ! C’est suffisamment rare en Inde pour être souligné. Le côté provincial et la petite taille font que malgré les embouteillages on n’a pas l’impression d’être pris dans le vacarme habituel aux grosses cités indiennes.

Alors, on quitte le quartier du fort et du temple avec son flot de pèlerins, de marchands de tout et n’importe quoi pour se diriger vers la zone du marché Chelai. A priori le plus ancien du Kerala. Il s’agit d’un dédale de ruelles à l’abri de la circulation automobile. On y trouve toute sorte d’objets du quotidien, nappes criardes, bassines, plats, poubelles et chiens errants en prime. De petites cantines proposent les spécialités locales puttu (rouleau de farine de riz et coco), kadala (purée épaisse et noire de pois chiches) et hakka appam (beignets de bananes) idiyappam (sortes de nouilles très fines de farine de riz).

Balade Le long de MG Road

Comme toute ville indienne, Trivandrum est traversée par une grande artère MG (pour Mahatma Gandhi) Road bordée de tous les grands bâtiments ici administratifs davantage que commerciaux. En quittant le temple d’or, ou en venant du marché, on rejoint le terminus de nombreux bus en face du fort.

En remontant vers le nord, on atteint le temple Pazhavangaadi Sree Maha Ganapathy. On peut le visiter. Même s’il semble relativement récent, son activité y est fort authentique, colorée et réjouissante. Si l’on tourne le dos au temple vers la droite on gagne la gare victorienne.

Plus loin sur la MG road, commence le quartier administratif. On monte vers le Nord et le quartier de Palayam. On peut prendre un transport jusqu’au secrétariat général du Kerala, un bâtiment colonial entouré d’un jardin et d’une grille ouvragée. Un peu plus au nord, se dresse la cathédrale syrienne orthodoxe St Georges, jolie oasis de paix dans une rue à la circulation dense.

L’Université du Kerala à Trivandrum

En face de l’église, commencent les magnifiques constructions de l’Université du Kerala. On distingue d’abord Les façades donnant sur MG Road, un peu décaties au-fond d’un grand jardin. Il vaut la peine de les contourner pour admirer tout ce quartier universitaire en voie de restauration. Leur architecture éclectique en est variée et intéressante. On peut emprunter la rue dr NS Warrior ce qui permet de parvenir au siège du Parti communiste (AKG centre).

En effet, le Kerala est depuis l’indépendance un état resté fidèle au communisme. Avec celui-ci s’affirme l’importance de l’éducation et des droits de la femme. On atteint alors un quartier colonial avec de bien élégants édifices. Les bâtiments de l’université, la bibliothèque avec de jolis cafés comme le bookmark se succèdent le long de grandes allées arborées en cercle.

On revient alors sur la grande avenue Mahathma Gandhi pour déboucher au marché Connemara. Le nom se réfère au gouverneur Lord Connemara qui a donné son nom à la bibliothèque du musée de Chennai.. Moins connu que le marché  Cherai dans le centre-ville, il regroupe sous une halle britannique une série d’étals.

Bâtiments coloniaux

 Juste en face, une mosquée et un temple à Ganapathi illustrent une nouvelle fois le climat de tolérance affiché dans la région.  On traverse pour atteindre la Cathédrale St Joseph, une belle tarte à la crème néogothique sur un modèle britannique à clocher carré. Elle fait face au stade des Nairs cette caste de guerrier particulière au Kerala.

On dépasse l’Assemblée législative, édifice ancien et moderne puis le stade pour tourner à droite. C’est un quartier sympa avec grandes avenus aérées, de grands trottoirs ombragés. On atteint alors un immense et magnifique parc en face du musée d’Histoire. Dans ce grand parc, on peut se diriger vers le zoo ou vers la fantastique construction indo-saracénique du Musée Napier, une vraie réussite architecturale. Malgré la structure de brique, elle arbore des détails Queen Anne (les oriels) et des toits que William Morris et le mouvement anglais Arts and Crafts n’auraient pas rejetés.

Juste de l’autre côté du parc son aborde la colline surmontée par, Kanakakunnu Palace. Au Sommet d’un joli parc public ce palais offre une atmosphère royal, celle de la dynastie Travancore . Des spectacles ont lieu ans ce jardin.

Cette promenade n’est qu’un exemple pour passer une jolie journée dans la bien agréable capitale du Kerala. De nombreux temples et jolis lieux ponctuent la ville et offrent de belles découvertes alors n’hésitez pas et venez visiter cette ville si méconnue.

Thiruvananthapuram

Thiruvananthapuram fait peur en raison de son nom imprononçable quoique simplifié par les Anglais en Trivandrum. La ville (puram) du seigneur (Thiru) Ananda échappe souvent aux circuits touristiques. C’est dommage, car c’est une superbe découverte.

 Dommage également que la ville soit peu documentée sur les sites touristiques en français voire en anglais. De ce fait il n’est pas évident de construire un itinéraire ni de savoir que visiter. Encore une fois c’est dommage parce qu’il y a beaucoup plus à voir que le grand temple inaccessible aux non hindous et la plage voisine de Kovalam. Alors par où commencer ?

Le quartier du fort et du grand temple

Evidemment ce quartier ancien et grouillant est le must-see à Thiruvananthapuram. On descend du bus, du tuk tuk ou du taxi près de la porte du fort et de là on suit la foule jusqu’à la Gopuram de ce fantastique temple interdit aux étrangers.

Cette tour d’accès est monochrome contrairement à ses consœurs tamoules. On peut l’approcher, gravir les escaliers, en admirer la toiture et… rebrousser chemin. Car comme pratiquement tous les temples du sud consacrés à Vishnu, le Sree Padmanabhaswamy n’est pas accessible aux non-hindous. Et un clergé pas toujours charmant se précipite pour vous rappeler à l’ordre si vous tentez de vous glisser dans la foule ou de dégainer votre appareil photo. Même si les Indiens eux ne se privent pas de se faire tirer le portrait devant la divine Gopuram.

Je trouve d’ailleurs surprenant que tous les guides, blogs, sites touristiques sur Thiruvananthapuram parlent du temple alors que les étrangers ne peuvent y accéder. En revanche, silence sur le reste de la ville comme si elle ne comptait pas.

Joyau du sud

Il est vrai que le temple d’or est l’un des plus sacré du pays. Surtout de nombreuses légendes le créditent d’une richesse phénoménale. L’Etat fédéral est venu enquêter sur des dysfonctionnements dans sa gestion en 2011 et y a découvert un trésor estimé entre 14 et 15 Milliards d’euros dans 5 des 8 chambres des pièces souterraines du temple. Il se constitue d’or, argent diamants, bijoux, statues, monnaies et autres donations des fidèles accumulées au cours des siècles.  Les autres chambres n’ont pas été ouvertes, la sculpture de cobra qui monte la garde portant malheur selon les fidèles. Elles sont néanmoins sous haute garde. Une bataille féroce s’est engagée entre les différents propriétaires  potentiels des lieux.

Outre le côté trésor de conte de fée, l’architecture du temple est remarquable. On peut noter (de l’extérieur) une fusion d’éléments keralais et dravidiens. Les boiseries merveilleusement travaillées sont typiques de l’artisanat du Kerala. Au contraire, le travail stuqué de la Gopuram s’apparente à ce que l’on trouve dans les différents états voisins du sud de l’Inde.

Le Palais Royal de Thiruvananthapuram, un joyau dans le joyau

Le long du temple les bâtiments aux belles toitures de bois ouvragé mènent au Palais royal. Kuthira Maliga C’est l’occasion d’admirer l’habileté, très reconnue dans toute l’Inde, des charpentiers du Kerala. De manière unique dans le pays, la région jouit d’une double mousson et donc d’une abondance de bois comme le tek.

Construit en 1840 par le Maharaja Swathi Thirunal Rama Varma, le palais reflète l’architecture typique de la région avec ses toits débordants à forte pente, ses vérandas à colonnes et ses cours intérieures. Le travail d’ébénisterie y est remarquable. Les 122 sculptures et gravures équines lui ont donné le nom de demeure des 122 chevaux.  C’est aujourd’hui un Musée et il offre une idée de la dynastie royale Travancore qui habite non loin de là le palais Kowdiar construit pour la sœur du roi. Car dans cette famille matrilinéaire, c’est la sœur qui règne…

On peut passer du temps au palais pas forcément au musée qui exhibe des photographies passées de tableaux de qualité variées. Celles fanées de la ville à l’époque de l’indépendance ne sont pas inintéressantes en ce qu’elles montrent une bourgade perdue dans les forêts. Les photocopies colorisées de divinités ne me paraissent en revanche pas incontournables. Vous l’aurez compris, je conseille vivement la visite du palais, moins celle du musée dans le palais.

Le Palais est lui passionnant, on déambule dans une vingtaine de pièces des 80 constituant les habitations royales de la dynastie Travancore.

Entre l’extérieur du temple avec son réservoir et le Palais, il y a de quoi occuper une grosse demi-journée. Mais il vous reste beaucoup encore à explorer à Trivandrum. Alors retrouvons nous la semaine prochaine !

Kerala

Le Kerala est certainement la zone la plus touristique d’Inde avec le Rajasthan et ce à juste titre !

Car ici les beautés naturelles d’une région tropicale à la végétation luxuriante éclipsent les constructions humaines. Alors pour une fois, laissons de côté les villes et notamment Cochin pour nous balader en montagne, à la mer ou en campagne avec quelques suggestions maison. Voici donc quelques belles balades dans l’arrière-pays.

backwaters Kerala copyright Catherine HubertGirod @ visiterGenève

Les Backwaters

Ce que l’on appelle Backwaters ne se limite pas à Allepey. En fait, toute la côte du Kerala est lagunaire. La mangrove qui pousse sur les lacs et rivières donne un aspect foisonnant à cette multitude de cours d’eau naturels et creusés. On les parcourt en bateau plus ou moins gros.

Nombre de tours opérateurs offrent des balades au long cours sur de gros bateaux. On peut leur préférer un tour plus court (3h) en shikaram, un bateau local à fond plat avec table de massage. Il semble plus compliqué (et hasardeux) de s’embarquer sur une pirogue. Mais plus le bateau est petit plus vous avez une chance de parcourir les canaux les plus étroits et les plus dépaysants. Vous verrez ainsi de près les enfants revenant de l’école en pirogue. Pour les plus aventureux et les moins riches, vous pouvez également emprunter les ferries locaux. Si vous supportez les gaz d’échappement, le bruit et la promiscuité vous êtes bons pour un bain de vie vraiment locale. Si Allepey vous parait trop grand vous pouvez partir pour votre exploration lacustre de Kumarakom, plus tranquille avec sa réserve d’oiseaux.

Vous pouvez compléter votre tour des backwaters en poussant jusqu’à Munroe Islands. Tous ces lieux feront l’objet d’articles plus approfondis dans les prochaines semaines.

Les belles plages du Kerala

Un long ruban doré s’étend depuis Cochin et on peut le suivre en train jusqu’à Trivandrum ou le contraire, en s’arrêtant en chemin.

Kovalam  est une belle station balnéaire du Kerala, situé à 17 km de Trivandrum. C’est le paradis des traitements ayurvédiques et yogiques en tous genres. La station attire une clientèle européenne plus si jeune.

Les touristes indiens et les familles fréquentent en majorité la plage de Panasam, tandis que Black Beach, qui tient son nom du sable noir qui la compose, attire davantage la jeunesse étrangère. Plus au nord, à environ 7 km de la ville, se trouve la superbe plage de Kappil.

Varkala, au nord de Kovalam, jouit de plages magnifiques et d’une falaise spectaculaire. Là encore, je vais consacrer dans les semaines prochaines un article à ces superbes plages.

Les paysages de l’intérieur

Enfin si vous voulez découvrir les magnifiques paysages de l’intérieur, prévoyez deux jours au moins pour vous rendre dans les montagnes.

Du côté de Munnar, ce sont les collines à thé et les plantations qui vous attendent. Munnar est une petite station de montagne, à 1524m d’altitude. Elle se situe au milieu du spectaculaire paysage montagneux de l’Inde du sud. On peut y marcher dans les plantations de thé, visiter le musée du thé, admirer lacs et cascades. Evitez néanmoins de loger dans Munnar même et préférez un logement dans les plantations.

Vers Periyar, les plantations d’’épices abondent. Surtout, la magnifique réserve animalière, donne l’occasion de voir des éléphants ou des singes en liberté.

Une fois n’est pas coutume, voici quelques agences Pour les tours www.wilsontours.co.in

Et pour se promener Suryatour  propose des chauffeurs indépendants gérés par une retraitée française dont l’association vise à aider ces chauffeurs à survivre. Il faut compter de 4800 à 6500 rp par jour

Little Bengal

Non loin de Mount Road, le centre de la Chennai moderne se situe un petit quartier surnommé Little Bengal. On y trouve des taka, monnaie du Bangladesh, du poisson de rivière coupé et cuisiné d’une manière inconnue au Tamil Nadu. Nous ne sommes pas à Calcutta mais à Mackay’s Garden et Greams Road.

La cuisine bengalie

Comme tous les Indiens, les Bengalis adorent manger. Néanmoins, leur nourriture, quoique quasi inconnue en France, n’a rien à voir avec l’image traditionnelle des plats indiens. L’alimentation bengalie tourne autour de poissons de cette région baignée par le delta du Gange. Elle s’assaisonne de graines de nigelle. Les graines de moutarde moulues avec des piments verts donnent à cette cuisine une saveur toute particulière. Dans la cuisine tamoule, la moutarde s’utilise beaucoup mais en graine et non moulue. Les plats typiques sont à la fois savoureux et incomparables. Ici une jolie lecture sur l’importance de la cuisine au Bengale.

Les Bengalis sont très attachés à leur culture pas seulement culinaire. Ils aiment leur langue et surtout la vie culturelle de Calcutta. La plupart du temps cinéma, théâtres et surtout joutes verbales, dont ils sont très friands, leur manquent au Tamil Nadu où les locaux vivent plus repliés sur la famille.

Les Bengalis de Chennai

Nombreux Bengalis se sont d’abord installés à Chennai en quête d’une meilleure situation matérielle. Intellectuels de renom, bijoutiers voire artisans sont venus chercher le confort financier du sud. Ainsi, les artisans bengalis se regroupent-ils autour de Snowcarpet, dans le quartier de Parry’s corner aussi surnommé Little North India.

Aujourd’hui cependant, la migration touche davantage la classe moyenne, qualifiée en informatique. Elle a largement investi le « IT corridor » (traditionnellement le long de OMR )au sud de Chennai. De ce fait, la communauté a essaimé dans la ville. Elle se retrouve dans des clubs comme l’association du Bengale (fondée en 1929), la SMCA, South Madras cultural association plus récente (1975) ou le DCPCA (Dakshin Chennai Prabasi cultural association). Elle fait corps au moment de célébrations privées comme les crémations mais aussi collectives comme Durga Pooja la grande fête bengalie.

A Chennai, ce grand festival se limite le plus souvent à des rencontres où l’on boit, mange et où l’on participe entre proches aux festivités de la Pooja. Les célébrations ont lieu au temple de Kali, lieu clé pour la diaspora bengalie à Chennai.

 A Calcutta, cette énorme fête s’accompagne de concours de statues et de pandals. Ces temples éphémères, construits de bambous et de tissus multicolores abritent la divinité. On les démantèle dès la fin de la Pooja. La compétition peut être féroce. La ville entière devient festive. A Chennai en revanche, les célébrations se limitent à quelques lieux.

Little Bengal, un quartier en phase de gentrification

Du coté de Mount road, sur Greams street, se situe un quartier surnommé Little Bengal. Ici les petites guignettes servent de la nourriture du Nord-ouest, du Bengale mais aussi de l’Assam et du Bengladesh.

Au-delà des échoppes alimentaires, se succèdent une multitude de chambres et petits appartements proposés à la location. L’on se rend vite compte que ces logements ont fait l’objet d’une réhabilitation récente. Le quartier vit une véritable mue. Les rares maisons anciennes qui subsistent sont surmontées de complexes ultra modernes. Les jardins Mackay Garden n’ont laissé leur nom qu’à un ensemble de bâtiments sans grâce.

Des agences de voyages le disputent aux petits restaurants. Elles proposent des vols à prix cassés pour le nord-est du pays. Beaucoup d’annonces sont d’ailleurs écrites en bengali.

Outre les boutiques alimentaires, les voyagistes et les marchands de sommeil, on compte un nombre impressionnant de pharmacies. Car cette communauté se regroupe par vagues autour des grands hôpitaux de la rue. En effet, Chennai s’est affirmée comme capitale médicale d’Inde et le quartier de Greams Road voit se concentrer toute la population du Nord-est en quête de traitement à Apollo Hospital. Le phénomène est tel que même les médecins et le personnel des hôpitaux de la rue parlent hindi et bengali.

De nombreux petits restaurants proposent des poissons et mets étrangers aux saveurs du sud de l’Inde. Ce sont pour la plupart des bouibouis mais la nourriture peut s’y révéler délicieuse.

Bronzes cholas

L’exceptionnelle collection de 1500 bronzes cholas assure la renommée du musée de Chennai.

Ceux-ci jouissent d’ailleurs d’un pavillon privé construit pour eux. La salle reste plongée dans le noir et équipée de vitrines sécurisées éclairées et de climatisation.

Certains des chefs d’œuvres viennent de rejoindre la magnifique salle de la galerie nationale, le plus beau bâtiment du musée. De style indo-sarracénique, voire Gujarati, celui-ci évoque les splendeurs des palais de maharadjas

Qui sont les Cholas

La dynastie chola apparait à plusieurs reprises dans l’histoire du sud de l’Inde. Néanmoins elle a connu son âge d’or entre les 10 et 13e siècle. Venue du delta du Cauvery, elle s’implante à Tanjore. De là, elle lancera un empire au-delà des mers vers la Malaisie, les Maldives et le Cambodge.

Le livre Ponnyan Selvan, paru dans les années 1960, les a remis au goût du jour. L’auteur, Kalki, glorifiait cette dynastie locale et conquérante au lendemain de l’indépendance nationale. Le film inspiré de l’épopée a permis au Tamil Nadu d’affirmer son originalité et son brio. C’est notamment en matière de construction de temples et de sculptures que la dynastie chola a brillé. Pourtant plus que dans la pierre, les Cholas se sont illustrés par leur travail du bronze.

Leur art original s’appuie sur celui des Pallavas (IVe au IXe siècles). Mais les Cholas ont affirmé un art plus raffiné et complexe lors de leur Renaissance entre les IX et XIIIe siècles. Grands bâtisseurs et mécènes, ils ont soutenu la construction de temples, le moulage en bronze et la sculpture.  Ils ont encouragé un art religieux spécifique qui n’a pas survécu au déclin de la dynastie.

Les bronzes cholas

Ces statues de bronze de petite taille représentent les dieux hindous.

Le travail du bronze est d’autant plus intéressant chez les Cholas qu’il met à l’honneur un matériau introuvable au Tamil Nadu. Il implique donc des échanges, Or les archéologues ont découvert récemment des gisements de cuivre au Sri Lanka. Ce qui expliquerait l’importance accordée à l’expansionnisme vers l’ile voisine à l’époque.

Le bronze d’alors se constitue d’un alliage un peu particulier. Au cuivre et à la cire traditionnels sont ajoutés un peu de zinc, de plomb et d’argent .

Mais le plus original dans les bronzes cholas est la technique. Il s’agit d’un travail à la cire perdue Pourtant, contrairement aux exemples gréco romains, le centre du modèle est plein. Ce qui explique la petite taille de la statuaire tamoule. Les statues sont lourdes en effet.

Elles se trouvaient dans les temples et étaient promenées lors des processions. Le disque au revers de la tête permettait de fixer les couronnes de fleurs. C’étaient en effet des objets rituels et non des œuvres d’art. On en trouvait dans tous les temples même les plus petits. En effet les temples représentaient le centre des activités religieuses, culturelles et artistiques.

Lors des raids et invasions étrangères beaucoup de ces statues ont été coulées ou enterrées. D’ou leur état, pleines de terre ou passablement oxydées.

Iconographie des Bronzes cholas

Les sculptures en bronze Chola représentaient principalement des divinités hindoues du sud. Shiva et ses diverses formes étant les sujets les plus populaires. C’est sous les Cholas shivates que le culte de Shiva se développe en effet largement dans le tamil Nadu.  Le dieu apparait sous différentes formes. La plus spectaculaire est certainement le Nataraja ou Shiva dansant dans un cercle.

 Tel le narada, chaque posture, assis, debout, dansant, incarne un aspect spécifique du caractère et du rôle de la divinité dans l’ordre cosmique.

Les artisans chola ont démontré une compétence exceptionnelle dans l’ornementation complexe de la tenue et des accessoires. Les détails concernent notamment les visages expressifs, les yeux, les sourires . Fluidité, sensualité et naturalisme caractérisent ces chefs d’œuvre.

Fils de Shiva, Ganesh, dieu de la sagesse et de la connaissance est souvent représenté avec un ventre proéminent, symbole de prospérité et de contentement. Sa défense cassée représente le sacrifice pour la poursuite de la connaissance. Parfois il tient un modak, son aliment favori.

Le mouvement Bhakti, insistant sur un lien personnel et émotionnel avec le divin a beaucoup influencé la sculpture chola. D’où la représentation des divinités sous des formes plus humaines et plus accessibles. La statuaire chola affecte ainsi des postures gracieuses et des expressions faciales subtiles, du mouvement et de l’émotion.

 Les sculptures portaient souvent des bijoux élaborés et des éléments ornementaux, renforçant leur aura divine. Les sculpteurs témoignaient d’une grande compréhension de l’anatomie et des proportions.

 La création de ces sculptures a impliqué une expertise technique et un lien spirituel profond avec le sujet, faisant de chaque pièce une véritable œuvre d’art.

Dakshina Chitra

Dakshina Chitra  (vision du sud) au sud de Chennai regroupe 19 maisons représentant des communautés différentes des 5 états du Sud de l’Inde. Un audio guide est en préparation auquel j’ai eu la chance de contribuer. Dans ce musée architectural, chaque maison a été patiemment démontée et reconstruite pour montrer la technicité et la diversité de l’artisanat et des coutumes.

mur esterieur maison Andhra Pradesh

Le projet d’une vie

Ce musée à ciel ouvert est le projet d’une vie pour le docteur Deborah Thiagarajan. Cette anthropologue américaine s’est installée dans les années 1970 à Chennai. Elle s’y est mariée, y a eu et y a élevé ses filles. L’une de celles-ci, l’aide aujourd’hui sur ce projet extraordinaire crée en 1984 et en évolution permanente. L’idée à l’époque de la fondation était de faire connaitre et apprécier aux Indiens sortant du colonialisme leurs propres traditions.

maison du Cherrinad avec son original toit de tuiles multicouches

Il s’est agi de trouver un terrain dans un lieu alors quasi désertique. Puis a suivi l’aménagement en un vaste musée ethnologique, un peu à la manière des villages reconstruits roumains ou suédois. Celui de Bucarest est un peu un modèle. Reconstituer les maisons permet d’étudier et de tenter de conserver des savoir-faire en perdition aujourd’hui.

Le site comprend désormais 19 maisons, la dernière a été inaugurée en octobre 2024. Il s’agit de la maison de Coorg une communauté isolée de chasseurs dans la jungle du Karnataka. On y présente l’architecture typique du lieu mais aussi les coutumes, les vêtements et les spécificités d’une communauté de 200 000 hab.

travail du bois

C’est d’ailleurs le propos que de mettre en avant des communautés spécifiques. Leurs caractéristiques sont explorées de manière à montrer l’extraordinaire foisonnement culturel de l’Inde du sud

L’Inde du sud en miniature.

Car Dakshina Chitra propose un condensé des 5 états qui constituent le sud de l’Inde. Le plan du site correspond d’ailleurs à la carte de ces régions. En tournant le dos à l’entrée, on rejoint ainsi à main gauche au-delà des jeux pour enfants, les maisons du Kerala. La remarquable liberté religieuse de cet état luxuriant y apparait. On passe ainsi de la maison chrétienne syrienne à celle du marchand musulman. La société y est tolérante mais aussi matrilinéaire. Elle accorde une vraie place à la femme. Le système pluvieux explique quant à lui les toits très pentus.

Proche de l’entrée, après le marché artisanal, se présentent les maisons à toiture travaillée du le Tamil Nadu. A commencer par une superbe maison du Chettinad articulée autour de sa cour intérieure bordée de magnifiques piliers de bois sculptés. Cette communauté de financiers s’est enrichie à l’étranger pendant la période du Raj. Malgré son apparence patriarcale, elle laissait un grand pouvoir de décision aux femmes.

cour maison du Chettinad

Plus à droite, face au restaurant, qui offre des plats typiques, des maisons de pierre d’Andhra Pradesh rappellent la pauvreté en bois de cette zone désertique.

Sur la droite se trouvent les maisons du Karnataka dont celle de Coorg déjà évoquée ainsi qu’un espace d’exposition.

maison du tisserand Andhra

Dakshina Chitra, un lieu de culture vivante.

Dakshina Chitra se veut une vitrine vivante de la culture dravidienne. Outre les reconstitutions, le site accueille donc des artisans. Ainsi, la maison du tisserand dans le Tamil Nadu permet elle à une famille financée par l’entreprise textile Sundari Silk de montrer son travail et surtout sa manière de procéder.

Outre l’artisanat permanent, le site accueille de nombreux événements. Chaque grande fête est l’occasion d’une célébration. Pour Onam, une fête de moisson typique du Kerala, des troupes de danseurs se succèdent alors que le restaurant propose des plats adaptés. Pongal est également l’occasion de manifestations culturelles, expositions, chants danses, films documentaires.

De nombreuses publications ciblées sont disponibles à la boutique du musée qui malgré son aspect chaotique recèle un certain nombre de trésors. Enfin les différentes maisons abritent des collections permanentes comme l’écriture à la maison du Chettinad) ou temporaires, comme à la maison du Kerala.

maison Andhra Pradesh

Bref un lieu ou venir et revenir pour mieux comprendre le sud de l’Inde.

intérieur maison du tisserand