Cette semaine, je vous emmène à Fort-Cochin à la découverte du fort, des « plages », et du quartier chrétien. Cette zone se trouve à une demi-heure de marche de deux des bâtiments les plus visités de Cochin, le Palais Hollandais et la synagogue Pardesi où je vous ai emmenés la semaine passée.
Le bord de mer à Fort-Cochin

Fort-Cochin (Fort-Kochi) est situé au bout d’une presqu’île. Il y a donc une belle balade à faire le long du rivage. On s’y amuse du spectacle des carrelets chinois de grands filets de pêche suspendus à des perches. Introduite par les commerçants de la cour du souverain chinois Kubilai Khan, cette méthode insolite repose sur un système de poulies actionnées depuis le rivage. Les filets installés sur des piquets en teck et en bambou, s’immergent quelques minutes puis se remontent. Ces fameux carrelets n’existent en Inde qu’à Kolam (Qillon) et Cochin et n’apparaissent que tardivement par rapport à leur frères cantonais voire indonésiens. Ils sont en déperdition, les poissons ne résistant guère à la pollution ambiante.

La plage dégorge en effet malheureusement de détritus. En revanche, la promenade le long de la mer est agréable. Le chemin bétonné suit les marchands de poissons, promeneurs et vendeurs de rue divers et variés.
Le Musée archéologique
Sur la plage, dans le fort, juste derrière les marchands, un beau bâtiment ancien abrite le Ernakulam museum District. C’est un des des bastions survivants du fort Portugais. Pour une raison que j’ignore il s’appelle musée du district d’Ernakulam et est à peine référencé. C’est dommage, il est mignon, intéressant et beaucoup plus facile à atteindre que le musée archéologique, lui à Ernakulam…
Les étiquettes se mélangent régulièrement les pinceaux et les gardiens racontent un peu n’importe quoi. Pour autant on découvre des amphores vernissées attestant d’échanges commerciaux avec le monde arabe. Mais aussi des écrits évoquant la présence des romains à Muzuris, comptoir de fondation romaine. Malheureusement, les constructions, la surpopulation et les tempêtes ont changé la côte. Et il ‘s’avère aujourd’hui impossible de retrouver le moindre vestige de l’antiquité, qu’il s’agisse du temple d’Auguste ou autre. En revanche, une copie de la fameuse table de Peutinger, sorte de viatique du XIIIe reposant sur la cartographie du bas empire romain rappelle l’existence de ce comptoir dans les périodes les plus anciennes. Il vaut mieux ne pas trop écouter la pauvre demoiselle en charge de la salle et se hâter pour découvrir l’histoire des découvertes de ce joli petit musée provincial.

Comme au palais de Matanchary, la siganletique de ce musée joliment arrangé montre que les fonds et les destinateurs sont occidentaux. On ne trouve en effet pratiquement pas de mention des voyageurs chinois qui à la suite de Zheng He ont découvert Cochin, lui ont vraisemblablement donné son nom et ont apporté un système de pèche original, évoqué plus haut.
Héritage européen
Au debouché de cette jetée, quelques hôtels boutiques dont le célèbre old Harbour.
Loafer’s Corner, populairement connue sous le nom de Princess Street offre une foule de boutiques et de cafés pour occidentaux ou Indiens en quête d’occident. Les jolies maisons de style colonial débordent de tissus rajahsthani. De chaque côté de la rue, se dressent des constructions inspirées des modèles britanniques, néerlandais, portugais et français.

Ici en effet, boutiques d’artisanat, de vêtements et de bijoux, de bibelots côtoient d’innombrables cafés, restaurants spa ainsi que les traditionnels centres ayurvédiques. Princess street mène à la cathédrale de la lumière, un édifice néogothique accessible par l’école conventuelle qui l’entoure. En tournant à droite puis à gauche, on arrive devant l’église st François avec la tombe de Vasco de Gama avant que son fils ne réclame la dépouille mortuaire pour la rapatrier au pays. Une dalle commémore le premier navigateur portugais à avoir accosté en ces terres.

En continuant la rue au delà de l’église, on accède au David Hall. La première maison hollandaise a été convertie en un joli café aux allures de grange du plat pays . Elle se double d’une salle d’exposition. Si vous recherchez plus d’apparat, continuez le long de la courbe décrite par la rue. Vous aboutirez alors au Cochin Club. Ce bâtiment typique de l’architecture coloniale britannique est aussi peu accessible que son homologue de Madras. A défaut d’y entrer, vous pouvez essayer le jardin de French toast. Comme souvent dans ce type de lieu, la carte n’est pas locale. Mais le parc idyllique attire de nombreux Indiens du Nord.

Pour parachever la balade européenne, rendez-vous au musée portugais. Certes, il faut aimer les objets liturgiques. Si l’Europe vous manque vraiment, il vous reste à parcourir le quartier chrétien.
Le quartier chrétien, un autre Cochin
Au sud de Fort Cochin, à partir de Jakob rd, commence le quartier chrétien. Alors qu’Ernakulam et le quartier juif sont maintenant musulmans en grande partie, le sud de Fort Cochin abonde en églises. De véritables petits labyrinthes impénétrables en voiture s’enroulent sur eux-mêmes à proximité des églises dans les quartiers de Bethleem et Nazareth.

Au début de Jakob road et on parvient au théatre de Katakhali

C’est une pratique traditionnelle au Kerala que ce type de théâtre en vers. La pièce s’appuie sur des épisodes du Ramayana. Les acteurs portent des costumes et maquillage symboliques. Une adaptation pour touriste réduit le spectacle de 3 à 1h et montre la séance de maquillage et explique les postures, mimiques. Tous les jours de 17h à 18h pour le maquillage puis 18 à 19h pour le spectacle. La salle est souvent comble de touristes. En revanche ceux-ci ne restent guère pour le spectacle suivant de Kalaripayattu un art martial traditionnel perpétué par les Nairs, cette caste de militaires particulière au Kerala.

A l’autre extrémité de Jakob Road, l’on découvre la laverie municipale. Dans des sortes de box, les hommes et femmes s’activent qui à laver qui à repasser dans des éclats de couleurs. Dhobi Kana public Laundry. Bien que beaucoup plus réduite que celle de Bombay,cette laverie est sympathique et bien organisée. Le visiteur peut donner dans une boite prévue à cet effet à l’entrée. Sa donation sera ensuite partagée entre les membres de cette petite communauté d’origine tamoule. Les Danois firent d’abord appel à elle pour nettoyer les uniformes de l’armée d’occupation. Les militaires sont repartis mais les teinturiers sont restés. Moult affiches de cinéma malayalam aux couleurs passées attestent de l’ancrage de la communauté au Kerala.
