Bronzes cholas

L’exceptionnelle collection de 1500 bronzes cholas assure la renommée du musée de Chennai.

Ceux-ci jouissent d’ailleurs d’un pavillon privé construit pour eux. Plongé dans le noir et équipé de vitrines sécurisées éclairées et de climatisation.

Certains des chefs d’œuvres viennent de rejoindre la magnifique salle de la galerie nationale, le plus beau bâtiment du musée. De style indo-sarracénique, voire Gujarati, celui-ci évoque les splendeurs des palais de maharadjas

Qui sont les Cholas,

La dynastie chola apparait à plusieurs reprises dans l’histoire du sud de l’Inde. Néanmoins elle a connu son âge d’or entre les 10 et 13e siècle. Venue du delta du Cauvery, elle s’implante à Tanjore (lien). De là elle lancera un empire au-delà des mers vers la Malaisie, les Maldives et le Cambodge.

Le livre Ponnyan Selvan, paru dans les années 1960, les a remis au goût du jour. L’auteur, Kalki, glorifiait cette dynastie locale et conquérante au lendemain de l’indépendance nationale. Le film inspiré de l’épopée a permis au Tamil Nadu d’affirmer son originalité et son brio. C’est notamment en matière de construction de temples et de sculptures que la dynastie chola a brillé. Pourtant plus que dans la pierre, les Cholas se sont illustrés par leur travail du bronze.

Leur art original s’appuie sur celui des Pallavas (IVe au IXe siècles). Mais les Cholas ont affirmé un art plus raffiné et complexe lors de leur Renaissance entre les IX et XIIIe siècles. Grands bâtisseurs et mécènes, ils ont soutenu la construction de temples, le moulage en bronze et la sculpture.  Ils ont encouragé un art religieux spécifique qui n’a pas survécu au déclin de la dynastie.

Les bronzes cholas

Ces statues de bronze de petite taille représentent les dieux hindous.

Le travail du bronze est d’autant plus intéressant chez les Cholas qu’il met à l’honneur un matériau introuvable au Tamil Nadu. Il implique donc des échanges, Or les archéologues ont découvert récemment des gisements de cuivre au Sri Lanka. Ce qui expliquerait l’importance accordée à l’expansionnisme vers l’ile voisine à l’époque.

Le bronze d’alors se constitue d’un alliage un peu particulier. Au cuivre et à la cire traditionnels sont ajoutés un peu de zinc, de plomb et d’argent .

Mais le plus original dans les bronzes cholas est la technique. Il s’agit d’un travail à la cire perdue Pourtant, contrairement aux exemples gréco romains, le centre du modèle est plein. Ce qui explique la petite taille de la statuaire tamoule. Les statues sont lourdes en effet.

Elles se trouvaient dans les temples et étaient promenées lors des processions. Le disque au revers de la tête permettait de fixer les couronnes de fleurs. C’étaient en effet des objets rituels et non des œuvres d’art. On en trouvait dans tous les temples même les plus petits. En effet les temples représentaient le centre des activités religieuses, culturelles et artistiques.

Lors des raids et invasions étrangères beaucoup de ces statues ont été coulées ou enterrées. D’ou leur état, pleines de terre ou passablement oxydées.

Iconographie des Bronzes cholas

Les sculptures en bronze Chola représentaient principalement des divinités hindoues du sud. Shiva et ses diverses formes étant les sujets les plus populaires. C’est sous les cholas shivates que le culte de Shiva se développe en effet largement dans le tamil Nadu.  Le dieu apparait sous différentes formes. La plus spectaculaire est certainement le Nataraja ou Shiva dansant dans un cercle.

 Le narada Chaque posture, assis, debout, dansant, incarne un aspect spécifique du caractère et du rôle de la divinité dans l’ordre cosmique.

Les artisans de Chola ont démontré une compétence exceptionnelle dans l’ornementation complexe de la tenue et des accessoires. Les détail concernent notamment les visages expressifs, les yeux, sourire . Fluidité, sensualité et naturalisme caractérisent ces chefs d’œuvre.

Fils de Shiva, Ganesh, dieu de la sagesse et de la connaissance est souvent représentée avec un ventre proéminent, symbole de prospérité et de contentement. Sa défense cassée représente le sacrifice pour la poursuite de la connaissance. Parfois il tient un modak, son aliment favori.

Le mouvement Bhakti, insistant sur un lien personnel et émotionnel avec le divin a beaucoup influencé la sculpture chola. D’où la représentation des divinités sous des formes plus humaines et plus accessibles. La statuaire chola affecte ainsi des postures gracieuses et des expressions faciales subtiles, du mouvement et de l’émotion.

 Les sculptures portaient souvent des bijoux élaborés et des éléments ornementaux, renforçant leur aura divine. Les sculpteurs témoignaient d’une grande compréhension de l’anatomie et des proportions.

 La création de ces sculptures a impliqué une expertise technique et un lien spirituel profond avec le sujet, faisant de chaque pièce une véritable œuvre d’art.

Dakshina Chitra

Dakshina Chitra  (vision du sud) au sud de Chennai regroupe 19 maisons représentant des communautés différentes des 5 états du Sud de l’Inde. Un audio guide est en préparation auquel j’ai eu la chance de contribuer. Dans ce musée architectural, chaque maison a été patiemment démontée et reconstruite pour montrer la technicité et la diversité de l’artisanat et des coutumes.

mur esterieur maison Andhra Pradesh

Le projet d’une vie

Ce musée à ciel ouvert est le projet d’une vie pour le docteur Deborah Thiagarajan. Cette anthropologue américaine s’est installée dans les années 1970 à Chennai. Elle s’y est mariée, y a eu et y a élevé ses filles. L’une de celles-ci, l’aide aujourd’hui sur ce projet extraordinaire crée en 1984 et en évolution permanente. L’idée à l’époque de la fondation était de faire connaitre et apprécier aux Indiens sortant du colonialisme leurs propres traditions.

maison du Cherrinad avec son original toit de tuiles multicouches

Il s’est agi de trouver un terrain dans un lieu alors quasi désertique. Puis a suivi l’aménagement en un vaste musée ethnologique, un peu à la manière des villages reconstruits roumains ou suédois. Celui de Bucarest est un peu un modèle. Reconstituer les maisons permet d’étudier et de tenter de conserver des savoir-faire en perdition aujourd’hui.

Le site comprend désormais 19 maisons, la dernière a été inaugurée en octobre 2024. Il s’agit de la maison de Coorg une communauté isolée de chasseurs dans la jungle du Karnataka. On y présente l’architecture typique du lieu mais aussi les coutumes, les vêtements et les spécificités d’une communauté de 200 000 hab.

travail du bois

C’est d’ailleurs le propos que de mettre en avant des communautés spécifiques. Leurs caractéristiques sont explorées de manière à montrer l’extraordinaire foisonnement culturel de l’Inde du sud

L’Inde du sud en miniature.

Car Dakshina Chitra propose un condensé des 5 états qui constituent le sud de l’Inde. Le plan du site correspond d’ailleurs à la carte de ces régions. En tournant le dos à l’entrée, on rejoint ainsi à main gauche au-delà des jeux pour enfants, les maisons du Kerala. La remarquable liberté religieuse de cet état luxuriant y apparait. On passe ainsi de la maison chrétienne syrienne à celle du marchand musulman. La société y est tolérante mais aussi matrilinéaire. Elle accorde une vraie place à la femme. Le système pluvieux explique quant à lui les toits très pentus.

Proche de l’entrée, après le marché artisanal, se présentent les maisons à toiture travaillée du le Tamil Nadu. A commencer par une superbe maison du Chettinad articulée autour de sa cour intérieure bordée de magnifiques piliers de bois sculptés. Cette communauté de financiers s’est enrichie à l’étranger pendant la période du Raj. Malgré son apparence patriarcale, elle laissait un grand pouvoir de décision aux femmes.

cour maison du Chettinad

Plus à droite, face au restaurant, qui offre des plats typiques, des maisons de pierre d’Andhra Pradesh rappellent la pauvreté en bois de cette zone désertique.

Sur la droite se trouvent les maisons du Karnataka dont celle de Coorg déjà évoquée ainsi qu’un espace d’exposition.

maison du tisserand Andhra

Dakshina Chitra, un lieu de culture vivante.

Dakshina Chitra se veut une vitrine vivante de la culture dravidienne. Outre les reconstitutions, le site accueille donc des artisans. Ainsi, la maison du tisserand dans le Tamil Nadu permet elle à une famille financée par l’entreprise textile Sundari Silk de montrer son travail et surtout sa manière de procéder.

Outre l’artisanat permanent, le site accueille de nombreux événements. Chaque grande fête est l’occasion d’une célébration. Pour Onam, une fête de moisson typique du Kerala, des troupes de danseurs se succèdent alors que le restaurant propose des plats adaptés. Pongal est également l’occasion de manifestations culturelles, expositions, chants danses, films documentaires.

De nombreuses publications ciblées sont disponibles à la boutique du musée qui malgré son aspect chaotique recèle un certain nombre de trésors. Enfin les différentes maisons abritent des collections permanentes comme l’écriture à la maison du Chettinad) ou temporaires, comme à la maison du Kerala.

maison Andhra Pradesh

Bref un lieu ou venir et revenir pour mieux comprendre le sud de l’Inde.

intérieur maison du tisserand

 

Citytour

Chennai express

Voici un Chennai express, un citytour ou itinéraire de découverte accélérée de la ville. Avant de partir, munissez-vous d’eau, de vêtements légers. N’oubliez pas de vous munir de chaussures faciles à enlever et remettre. Les enlever est obligatoire dans tous les édifices religieux. Emportez également un peu de monnaie pour les pourboires, et du gel hydroalcoolique.

Pour un Chennai express d’après-midi, commencer par Fort St Georges, lieu de naissance de la colonie anglaise. En revanche, si vous partez le matin, commencez par Mylapore et  le marché aux poissons. Vous pourrez enchainer avec St Thomas et  le temple Kapelashewar. Ces lieux vous feront aborder la naissance de la ville ante coloniale.

Dans le premier cas, vous passerez d’abord devant la gare de Edgmore et le Ripon Building,

somptueux témoignages de la colonisation britannique. Les bâtiments néoclassiques de ce siège du gouvernement local renvoient à la splendeur du Raj indien. Le style victorien de la gare rappelle les efforts de la couronne pour renforcer transports et communications.

Fort St Georges 

Le Fort remonte à l’implantation des Britanniques au 17e s.  L’idée était alors de protéger le commerce de la Compagnie des Indes orientales sur la côte Coromandel. Dans ce but, les Anglais achetèrent aux Nayaks locaux une bande de terre pour y construire une fortification. Celle-ci fut le centre du pouvoir britannique sur la région pendant les 3 siècles suivants. Elle fut aussi le théâtre de batailles, notamment avec les Français.

La forteresse correspond à une petite ville abritée par des murailles bastionnées. Les bâtiments gouvernementaux se sont installés dans les quelques maisons coloniales. En piteux état, elles entourent la jolie église anglicane Ste Marie. Le musée se trouve dans les premiers bureaux de la première Banque. La visite s’avère compliquée pour admirer 3 portraits fanés, une collection de médailles et quelques explications. Du coup, ne rentrez dans le musée que si vous avez vraiment du temps.

Parry’s Corner.

En contournant le fort, se trouve l’un des quartiers les plus animés de la Chennai moderne. De très rares maisons coloniales s’y dissimulent. On peut les distinguer  derrière les boutiques et étals de ce qui constitue le bazar le plus populaire de la ville d’aujourd’hui. A l’origine, le nom du quartier provient de deux batiments d’angle, construits par monsieur Parry. En face, la belle construction en briques rouges du Tribunal, constitue un bel exemple de style « indo-saracénique ».

Longer la Marina

Il s’agit de la 2eme plus longue plage urbaine du monde. Elle mesure 12km. Comparativement, la plus longue plage urbaine du monde se trouve à Virginia Beach aux EU  et est longue de 14, 5 km. Si vous aimez l’animation, le folklore et les plages sales, c’est parfait.

Pourtant,  à l’époque coloniale, ce devait être idyllique face au Golfe du Bengale. Le long de cette plage, quelques-uns des très beaux édifices coloniaux se succèdent. On voit ainsi universités,  Bibliothèques, administrations. Le tout toujours dans le style « indo-saracénique » typique de l’Angleterre coloniale et de la période victorienne. En tournant le dos au Fort St Georges, on franchit le pont Napier, fierté locale. Puis, on longe quelques monuments commémoratifs

A mi-chemin de ce Chennai express, vous pouvez vous arrêter pour la photo instagramable.

Vivekananda House, une grosse pâtisserie rose, date de 1842 et accueille exposition et cours.

Continuez à longer la plage jusqu’au phare érigé en 1976. Ici, commence le marché aux poissons, pour le coup très populaire. Après les baraques de pêcheurs, le quartier devient de plus en plus pauvre et on s’approche des bidonvilles. la municipalité vient d’aménager une sorte de halle aux poissons.

Mylapore

La ville annexée à Chennai est aujourd’hui un quartier, proche du rivage occupé par les Romains. Ceux ci pratiquaient le commerce de brocarts soieries, épices, cotons. Puis Portugais et Anglais s’y installèrent. Deux édifices religieux s’y visitent.

Eglise San Thomas ou Santome

Santome  est l’une des trois seules églises au monde sur la tombe d’un apôtre. St Pierre et st Jacques sont les deux autres, respectivement à Rome et Compostelle. L’Apôtre Thomas serait en effet venu évangéliser le Kerala dès 53 ap JC. De là, il aurait rejoint la côte Est pour se fixer sur le Mont St Thomas et prêcher auprès des pêcheurs de Mylapore. C’est en ce lieu, selon Eusèbe de Césarée, qu’il aurait subi le martyr en 72. A l’emplacement de sa tombe (à l’aplomb de l’autel) fut construite une chapelle reconstruite par les Portugais en 1523. Bien rénovée par les britanniques en 1896, elle correspond au style néogothique. Néanmoins, l’église a du charme avec sa charpente de teck, ses 34 vitraux. A l’arrière, la crypte abrite quelques reliques de l’Apôtre. Son corps aurait en fait été transporté à Ortona en Italie. Le petit musée recèle un bric à brac bien rigolo. A gauche de l’autel, la statue de Notre Dame de Mylapore, revêtue d’un sari, a été apportée du Portugal en 1523. Elle était déjà très révérée à l’époque du séjour de St François Xavier (11 mois en 1545). 

Kapaleeshwara temple

Ce temple est consacré au dieu Shiva. Fondé au VIIe, il a été reconstruit au 17e en grande partie puis beaucoup rafistolé. Comme dans tous les temples, on laisse les chaussures à l’entrée, on entre sous le Gopuram, grande tour d’entrée sculptée et colorée, face au mât doré. On fait alors face à l’autel et au sanctuaire (interdit aux non Hindous , photos interdites)

On commence la visite par la gauche (sens des vivants) et par l’autel consacré à Ganesh, le dieu auspicieux. Puis on passe  devant le Lingam, symbole de fertilité, et on rejoint le Mandapam. Ces préaux à colonnes se retrouvent dans tous les temples et marquent le centre de la vie sociale : on y mange, on y prie, on y cause.

En contournant le temple, on passe devant différents sanctuaires et on atteint le réservoir. Ces réserves d’eau sont présentes dans tous les temples pour la purification. Après avoir contourné plus de la moitié du temple en partie gauche, on atteint un ensemble de pièces. Ces entrepôts permettent de stocker les statues et chariots pour les divinités, lors des célébrations. Puis, on accède à l’étable. La belle statue de bœuf évoque Nandi, le taureau sacré, véhicule de Shiva.

Voila, vous avez fait le tour, et avez terminé ce citytour Chennai express, il ne reste plus qu’à vous convertir.

Park Town

Park Town s’adresse aux nostalgiques d’une Chennai coloniale. L’histoire anglaise de Madras commence à Fort St George en 1639. A la forteresse s’ajoute rapidement Georgetown.

 Qualifiée à l’époque de ville noire, elle suit un plan en damier.  Cette « ville ouverte » accueille les locaux mais aussi tous les étrangers. On la connait aujourd’hui sous le nom de « Parry’s Corner ». Rapidement la colonie britannique s’étend et va conquérir les territoires arborés à l’ouest de la forteresse, bientôt transformés en parcs bordés d’édifices administratifs.

Une colline disparue

Cette zone, située à l’ouest du fort, se caractérise à l’époque du Raj par une colline boisée, Hog Hill. Les Britanniques conserveront d’ailleurs des espaces verts dans ce nouveau quartier. Deux grands parcs, Town Park et People’s Park en assurent la fraicheur.

Ce quartier jouxte le village de Periamet. Ce nom signifie village douane, autrement dit le lieu où l’on taxait les marchandises qui rentraient en ville. Le long du chemin qui menait à Poonamallee aujourd’hui connue sous le nom de EVR salai, on arrasa la colline pour y construire Memorial hall. Cet édifice en piteux état affecte une forme de temple grec. Juché sur un podium, il commémore la fin de la révolte des Cipayes et le passage de la Compagnie des Indes orientales à la couronne britannique.

Dans sa continuité (en fait en traversant la rue), on tombe sur le grand bâtiment des chemins de fer du sud de 1922. Celui-ci adopte un style néo dravidien intéressant. Pour une fois, le Raj semble faire cas des spécificités architecturales régionales. La grande bâtisse de granit ne comporte pas d’arches. Elle s’inspire en revanche des temples du Tamil Nadu. On ne peut en dire autant de la gare centrale.

 construite sur le modèle néogothique des grandes gares londoniennes. On retrouve les lignes victoriennes dans cet édifice de 1896 surmonté d’une grande tour emblématique en 1959. La gare s’ouvrait sur le grand hôpital.

Chennai a semble-t-il toujours été la capitale médicale du sud de l’Inde. Sur le côté, aujourd’hui occupé par une grande dalle moderne très plaisante, se trouvait à l’époque coloniale le grand marché Moore dont les bâtiments indo-sarracéniques ont malheureusement disparu.

Que reste-t-il de Park Town

Aujourd’hui le terme de Park Town désigne un quartier. A l’époque du Raj il s’agissait d’un parc dans une zone planifiée. En revanche, le Victoria Public Hall conçu pour être un lieu de spectacle subit une rénovation complète. Les fenêtres en arc de cercle d’inspiration néo-romane contrastent quelques peu avec la tour aux accents gothique mais l’ensemble est plutôt convaincant. Elle fait face au Ramaswamy Choultry .

 qui hébergeait les voyageurs Hindous. En revanche, le Siddique Sarai blanc accueillait lui les musulmans. Des boutiquiers occupent aujourd’hui la dentelle Moghole. Le reste du terre-plein autrefois occupé par le parc de la ville qui a donné son nom au quartier a malheureusement disparu, avalé par la pression immobilière.

Néanmoins, l’énorme Ripon building bâtiment de la corporation de Chennai (mairie) subsiste et projette son énorme vaisseau blanc illuminé le soir. Cette tarte à la crème s’inspire lointainement de la magnifique basilique de Palladio. Mais surdimensionnée, elle n’en a ni la grâce ni l’élégance. Devant l’on distingue des statues, presque à l’angle de la rue Sydenham, dont celle noire du gouverneur qui a donné son nom à l’édifice. Les illuminations nocturnes donnent cependant une certaine grandeur au lieu.

People’s Park

Ce quartier s’est construit à l’emplacement d’une forteresse avancée à l’extérieur de fort st George. Comme George Town, il a été planifié. Ces projets d’urbanisme sont aujourd’hui perdus dans la ville moderne. La circulation, les destructions et reconstructions sauvages font en effet oublier la volonté d’une avenue de parade à la sortie de la gare bordée de rues plus commerçantes.

Ainsi le long de Sydenham, se succèdent les façades de maisons de la fin du XIXème siècle ornées de balcons, de toits terrasses (dit toit Madras même s’il s’agit essentiellement de toits terrasses ornés de balustrade). Le People’s Park a été englouti lors de la construction du stade Nehru. Il en reste une maigre bande de jardin. Même le zoo a été repoussé hors des limites de la ville pour faire face à la folie constructive. Les musulmans se rassemblent autour de la petite mosquée et ont fait de cette zone le cœur palpitant du commerce du cuir à Chennai.

Mumbai pratique

Voici maintenant un Mumbai pratique. Cet article complètera les propositions de visites classiques , ou plus insolites, voire cinématographiques, des dernières semaines.

Dans quel quartier loger

Pour un premier séjour à Mumbai, le plus pratique et simple est de loger dans le quartier de Colaba. Ce quartier, à l’extrême sud de la péninsule, marque le centre historique de la mégalopole. Evidemment vous n’y verrez pas grand-chose de l’incroyable diversité du plus grand centre économique d’Inde. A trop marcher sur des trottoirs bien entretenus dans de jolis quartiers arborés de Colaba ou Bandra, vous risquez de ne pas voir la misère humaine. Celle-ci constitue pourtant une grande partie de Bombay renommée Mumbai dans le grand mouvement nationaliste de 1995.

Néanmoins commencer par du polissé permet aussi de se reposer de l’effervescence indienne. Pour un week-end ou pour une entrée en matière, cela peut faire du bien. Car l’Inde c’est aussi cette opposition entre bidonvilles et zones incroyablement riches. Ici, vous serez à pied d’œuvre pour ne rien manquer d’essentiel.  Pour découvrir d’autres quartiers, vous pourrez utiliser le train. Vous éviterez ainsi de vous retrouver dans les encombrements circulatoires.

Les transports  

Le métro est très récent et réduit à deux misérables lignes et c’est bien dommage dans une ville ou les transports terrestres sont asphyxiés Néanmoins, les trains de banlieue sont extrêmement fréquents et modernes comparés à ceux de Chennai par exemple. A noter que les week-ends et jours fériés permettent de respirer davantage.

Mumbai dispose de grands trottoirs, de beaux espaces verts, de cafés et restaurants pour tous les goûts, d’un système de train efficace et d’un fourmillement de taxis. Uber y fonctionne bien et les quartiers du centre sont très internationaux et ne posent pas de soucis majeurs de sécurité alors allons-y !

Manger

Mumbai, c’est pratique, offre une diversité remarquable de bouibouis locaux mais aussi de cafés, petits restaurants et grandes adresses. Les meilleurs chefs s’y retrouvent. Les ravissants cafés ne dépareraient pas dans d’autres métropoles internationales.

Plus typique et original, les cafés iraniens Mondegar et Leopold Cafe sont particulièrement connus des touristes. L’attaque de 2008 a rendu tristement célèbre ce dernier. Dans une ambiance digne d’un bouillon parisien on y mange rapidement des plats efficaces. Chez Leopold un grand panneau explique que les Parsis, de religion Zoroastrienne, sont arrivés lorsque la Perse s’est convertie à l’Islam. Ces populations installées dès le VIIIème siècle se sont rapidement taillé une place prépondérante dans l’économie de la ville. En revanche, on qualifie d’Iraniens les émigrés du XIXème siècle.

Dans Kala Ghoda, ou à Colada on peut aussi s’arrêter dans un restaurant parsi. Ces restaurants familiaux offrent une cuisine tout à fait originale. Ils servent des boissons sucrées assez uniques. On y mange sur des nappes à carreau comme chez grand maman.

Magasinage

 On peut se régaler dans la boutiques haut de gamme ⁠et délirante comme Sabyasachi . On y pénètre comme dans un musée pour découvrir les 1001 trésors amoncelés. Plus galerie d’art que boutique, cet extraordinaire lieu mérite la visite.

Si vous voulez vraiment admirer les merveilles des couturiers indiens vous pouvez aussi arpenter Kala Ghoda. Vous y admirerez de nombreux créateurs, telle  Anita Gondre.

 Pour les budgets plus serrés, le Colaba Causeway avec son marché de rue et ses boutiques de chaine offre une bonne alternative. Linking Road ou Carter Road et les rues avoisinantes à Bandra sont également très prisées.

Tours guidés ou non ?

Je sais que beaucoup ne jurent que par les tours organisés, surtout en Inde. Les plus courus sont le tour des bidonvilles et les tours de ville gourmands. Personnellement l’idée d’aller visiter un bidonville dans une voiture rutilante et climatisée ne me parle pas. Quant à avoir un guide pour aller manger ou faire du shopping je ne suis pas fanatique. Par ailleurs, la difficulté à trouver un vrai guide, capable de dater précisément ou d’expliquer un mouvement architectural ou politique fait que je me débrouille en général avec les miens et les cartes interactives pour découvrir une ville. Klook ou Getyourguide sont une offense aux guides officiels, eux-mêmes pas toujours qualifiés ou compréhensibles. Surtout, l’Inde ne pose pas de problème de sécurité. Mieux vaut préparer son voyage soi même ou regarder ce que proposent les plateformes professionnelles, type Storytrail ou voicemap,.

Elephanta Island

Depuis Mumbai, l’excursion la plus simple consiste à se rendre en ferry à Elephanta Island. Il s’agit d’un ilot situé à une dizaine de km de la ville (plus proche de Navi Mumbai en fait). Composé de 2 collines, il abrite l’un de plus exceptionnels ensemble de grottes. La première présente des sculptures magnifiques réalisées entre les Vème et VIIème siècles de notre ère. Il faut compter un minimum de 4 h si tout s’enchaine bien avec 1 h de ferry pour l’aller, la visite puis le retour.

L’ile doit son nom à une gigantesque statue située à l’entrée du site, lorsque les Portugais y débarquèrent au XVIème siècle. Abimée, elle se trouve aujourd’hui à l’entrée du dr Bau Daji Lad Museum.

Départ pour à Elephanta Island

L’ile d’Elephanta s’atteint par bateau depuis Navi Mumbai ou depuis Gateway of India. Juste derrière l’arche, des escaliers bondés de revendeurs peu amènes, descendent vers les ferrys. Autour du monastère, les rabatteurs harcèlent le touriste pour lui vendre des excursions. Or nul n’est besoin de payer un intermédiaire ou un guide qui ne dira rien de plus que le contenu des panneaux mis en place par l’Unesco sur l’ile. Par ailleurs, cette excursion ne s’impose pas si le temps n’est pas de la partie.

Juste derrière la Gateway of India, les ferrys partent selon remplissage à partir de 9h.  Il n’y a donc pas d’horaire précis. Il faut compter une bonne heure de navigation pour atteindre l’ile classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1987.

 Les 10 premières minutes de navigation sont les seules intéressantes avec vue sur l’hôtel Taj et la porte d’Inde. Après quoi le paysage devient morne sauf pour les amateurs de pétroliers et gazoducs.

A l’arrivée, un petit train attend les gogos. Je dis bien les gogos car il  s’arrête au pied de la montée et ne sert donc pas à grand-chose sinon à éviter de cuire sous le lourd soleil.

Visite des grottes

Une fois les marchands du temple passés et la grosse montée derrière soi, on accède dans le saint des saints. Après la billetterie un sentier mène très rapidement à la grotte numéro 1 la plus belle. Elle justifie l’excursion. C’est la seule en effet qui dispose de hauts reliefs sculptés à même le basalte. Les sculptures remontent au Ve et VIIe siècle. Elles racontent des légendes de l’hindouisme. Malheureusement beaucoup sont endommagés.

L’ensemble du temple rupestre suit le tracé d’un mandala.

En entrant dans cette grotte on fait face au magnifique monolithe Trimurti Sadashiva  (Shiva à trois têtes). La grotte elle-même est traitée comme un mandapam avec un sanctuaire un peu désaxé creusé autour d’un gros lingam. D’autres représentations de Shiva, ornent l’ensemble rupestre. Sur la droite, un Nataraja fait face au yogishvara (Dieu des Yogis). Ils sont considérés comme les reliefs les plus accomplis de l’ensemble.Cet article donne une description détaillé des sculptures.

Les sculptures sont d’une finesse et d’une qualité artistique remarquables. Je le souligne car à première vue je n’étais pas motivée par la visite d’Elephanta d’Island. Pourtant, si vous connaissez Mahaballipuram,

Les sculptures d’Elephanta les précèdent de près de deux siècles et révèlent une finesse et une délicatesse incomparables.

Puis le chemin mène aux grottes 2, 3, 4, et 5 sans intérêt majeur sinon les colonnes excavées. La 3 conserve néanmoins une ampleur et une organisation intéressantes.

 Les grottes 6 et 7 se trouvent à l’extérieur du site un peu dans les herbes folles. En revanche, un petit sentier assez raide monte jusqu’au deux canons britanniques. Ce dernier serpente à travers les saletés qui dieu merci épargnent le site lui-même.

Stars de Mumbai

Rishi Kapoor mural dans Bandra

Nombre d’opérateurs offrent des tours de Bollywood pour rencontrer les stars de Mumbai. C’est d’actualité au lendemain des cérémonies des Césars et des Oscars. Sans forcément passer par une agence, voici de quoi régaler le cinéphile qui est en vous. Ici nul besoin de prendre un tour des studios, le plus souvent décevant. En effet, la visite des studios montre le plus souvent des émissions du petit écran et ne vous donne guère l’occasion de croiser la vedette de vos rêves. Or, il est facile de se promener à la recherche de ces stars de Mumbai.

Les cinémas historiques.

Mumbai ou plus précisément Bollywood reste la capitale du cinéma en Inde. Bien que talonnée par les cinémas télougou (Telangana et Andhra Pradesh) et Malayalam (Kerala), Bollywood reste la référence en matière de cinéma indien. D’abord parce que c’est dans le port que les frères lumières ont pour la première fois exposé leur invention, très précisément à l’ancien hôtel Watson Esplanade.

Cinema eros

Il y a ensuite les cinémas anciens, l’Eros, le Metro ou le Regal, de véritables merveilles art deco. Ceux qu’on appelle les talkies parce qu’y est apparu le cinéma parlant ne se limitent pas au centre historique. Ainsi le G7, très années 1970, à Bandra est le premier multiplex de Mumbai. Il compte 7 écrans et a ouvert en 1972 le long des rails de chemin de fer.

Promenade des stars dans Bandra

Outre les cinémas, vous pouvez vous passionner pour les objets du 7eme art. Dans ce cas, direction le Chor Bazar où vous trouverez des boutiques spécialisées en décor ou en affiches de cinéma.

Sur les traces des stars de Mumbai

M Kapoor statufié dans Bandra

On peut également se livrer à une promenade le long du Walk of Fame, inspiré par celui de Hollywood. Sa construction correspond à la volonté d’immortaliser les héros légendaires de Bollywood.  Dilip Kumar, Dev Anand, Rajesh Khanna, Raj Khanna, Shammi Kapoor and Yash Chopra apparaissent ainsi statufiés. Sur le Bandstrand de Bandra on peut voir leurs 6 évocations. S’y ajoutent des plaques de laiton  portant la signature ou l’empreinte d’une centaine de stars..

statue de cinema dans Bandra

Si l’on préfère les vivants, leurs adresses sont recensées et l’on peut s’amuser à regarder leurs maisons, a l’abri dans de grands et beaux immeubles bien gardés. Ils ne sont pas toujours faciles à repérer, en dehors de la demeure de SRK, Mannat. La façade néoclassique reliée à un immeuble moderne se repère de loin grâce à la foule de groupies qui s’y presse continuellement.

Mannat maison de SRK

A elle seule, elle assure la notoriété du Band Strand, la jolie promenade le long de la mer le long de la mer d’Arabie. Celle-ci relie l’église st Andrew au vieux fort. C’est derrière ce fort que commence le récent Sea Link . Il date de 2000 et relie Bandra à Worli. Il sert de toile de fond à bien des films bollywoodiens. Ce fantastique ouvrage d’art est devenu l’une des merveilles contemporaines de la ville.

groupies devant Mannat, la maison de SRK

C’est aussi à Bandra, que l’on trouve des boutiques et cafés fréquentés par les célébrités. Ils se situent autour de Carter Rd notamment et de jogger’s Park ou encore du côté de Palli Hill.

Mumbai bis

 Voici un Mumbai bis. Vous avez maintenant l’habitude de mes visites décrites en plusieurs articles. Après avoir occupé votre première journée à Mumbai, il vous reste du temps alors profitez-en pour sortir un peu du centre historique.

Voici donc quelques idées découvertes pour plonger dans la mégalopole indienne

Dhobi Ghat

Vous pouvez atteindre cet extraordinaire laverie à ciel ouvert en taxi ou par train en vous arrêtant à la gare Mahalaxmi. De là un pont mène à un belvédère.

On y aperçoit le linge sécher. Des panneaux y expliquent l’importance du lieu. Puis on peut descendre par des escaliers pour circuler dans le labyrinthe de ruelles bondées en faisant attention à ne pas entraver le travail des 7000 dhobis (teinturiers), hommes qui vivent et travaillent ici. Des ballots énormes de linge sont déchargés, lavés, frottés, essorés dans des bassins voire de plus en plus dans des turbines puis séchés sur les toits. Le spectacle des draps, jeans traités par couleur et textiles est extraordinaire. On parle de 10 000 vêtements lavés ici tous les jours, ce qui inclue draps d’hôtels, d’hôpitaux ou de laveries des environs.

Dhaba whala et Church Gate

Non loin de ce quartier, les amateurs de brocante se dirigeront vers Chor Bazar. Vous préférez l’ambiance halle géante pour légumes et fruits ? Dans ce cas, dirigez vous vers Crawford Market ou, plus proche de Mahalaxmi, le marché aux légumes de Byculla.

Typique aussi de Mumbai, la distribution des boites déjeuners. Depuis Dhobi ghât, il suffit de remonter vers le belvédère juste devant la gare. De là, les trains desservent Church Gate station toutes les 3 mn. Autour de 11h30 en semaine c’est le trajet qu’empruntent les Dhaba Whala. Ce sont les porteurs de tifen (boites déjeuner ) si fondamentaux au quotidien des travailleurs de la ville.  Le magnifique film « lunchbox » les a d’ailleurs popularisés.

En arrivant à Church Gate station, il suffit de rejoindre la mer. Vous y verrez un quartier presque entièrement art deco, Marine drive.

Marine drive, le quartier art deco.

 Les rues qui partent de Church Gate pour Marine Drive sont bordées d’immeubles art déco. Port d’entrée de l’Inde, Mumbai a vu arriver le style créé en France mais passé par les Etats Unis. Ce, au même titre que Calcutta, capitale du Raj ou Chennai grande ville du sud. Mais, Madras a concentré cet art peu britannique et donc utilisé par les Freedom fighter sur les résidences privées. En revanche, Calcutta et Mumbai l’ont utilisé dans des immeubles de rapport. Souvent en ruine dans la grande ville du Bengale, ils se regroupent et forment un ensemble particulièrement homogène à Mumbai. Ils bordent le Oval Maidan et Marine drive et débordent sur tout le quartier. Certains immeubles parfaitement restaurés coexistent à côté d’autre plus en ruine. Mais l’architecture paquebot offre ici une homogénéité rarissime et à ce titre classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2018.

A l’extrémité nord de marine Drive, on rejoint les jardins suspendus et le Parc Nehru avec sa curieuse chaussure géante.

Musée Prince de Galles

Le Chhatrapati Shivaji Maharaj Vastu Sangrahalaya s’appelait autrefois plus simplement pour nous Musée du Prince de Galles. Un magnifique bâtiment indo-sarracénique abrite ce musée très joliment aménagé pour une fois en Inde.

La momie et les ouchebtis du rdc ont de quoi étonner le chaland. En revanche, les sculptures d’Amaravati constituent un témoignage magnifique des œuvres bouddhistes réalisées entre les IIème avt et ap JC. Elles sont éparpillées entre les Musées de Calcutta, Chennai et Londres.

On atteint les étages au moyen d’un escalier qui permet de mieux voir la belle coupole centrale de bois. Autour de celles-ci s’articulent des galeries régionales. L’une s’intéresse aux arts des Himalayas et présente moulins à prières, pierres de Mani et autres artefacts bouddhistes. Une autre expose des bijoux rajasthani alors qu’une salle présente des miniatures mogholes. Un joli musée peut être pas indispensable mais intéressant et bien présenté. En revanche, la galerie européenne fait plutôt pitié. Située dans l’extension moderne, elle donne sur la belle galerie des bijoux. Celle-ci surmonte la galerie d’histoire naturelle.

Mumbai

Je vous propose aujourd’hui de partir à la découverte de Mumbai. Cette énorme cité de plus de 20 Millions d’habitants ne se découvre pas en un seul jour. Aussi je consacrerai une petite série avec des choix tout personnels pour vous faciliter la visite.

Victoria Station Mumbai

Si vous n’avez qu’un seul jour à consacrer à Mumbai, autant ne pas manquer l’essentiel. Le centre historique abonde en lieux remarquables, pour la plupart inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette zone, au sud de l’immense mégalopole, s’explore à pied ce qui vous évitera de chercher un taxi et rester des heures coincées dans l’effroyable circulation.

 Gateway of India et Taj

Gateway of India

Le bâtiment victorien de l’hôtel Taj et l’arche symbolisent une occupation coloniale révolue. La grosse porte commémorait à l’origine l’arrivée, en 1911, du prince de Galles, futur George V. Elle correspond aujourd’hui pour les Indiens au départ définitif des colons, en 1948. La foule est compacte le soir dans l’enclos qui entoure le monument, joyeux pastiche de l’arc de triomphe, d’une maison mauresque et d’influences Gujarati. De la pointe, on aperçoit la façade néogothique de l’ancien Yacht club établi en 1846, construit 35 plus tard et aujourd’hui occupé par le centre de recherche atomique. Bien que gâchée par la tour disgracieuse qui sert d’annexe à l’hôtel Taj, la meilleure vue est celle du ferry que l’on peut emprunter pour se rendre à Elephanta Island.

L'Hotel Taj

Oval Maidan

bâtimentsnéogothiques sur l'oval Maidan

La promenade architecturale sur l’Oval Maidan est un vrai musée à ciel ouvert. Construit sur une partie du Champ de Mars ou Esplanade, il reliait la zone du fort à celle de Church Gate et de la mer.

On découvre sur le côté Est de cette immense terre-plein herbeux, assez similaire au circus maximus de Rome, une succession extraordinaire de bâtiments néo gothiques. La Cour de Justice et l’Université illustrent l’inventivité et la diversité victorienne. Il y a là un véritable précis à faire frémir de joie John Ruskin, grand amateur des pierres de Venise.  Des escaliers en colimaçon tirés tout droit du Bovolo voisinent avec des vitraux typiques des cours de justice londoniennes ou des grandes universités britanniques. Au centre le grand clocher, Rajabaj Tower n’est pas sans évoquer les campaniles italiens ou les clochers gothiques de nos contrées.. L’homogénéité de ces bâtiments publics victoriens explique leur classement au patrimoine mondial de l’Unesco.

bâtiment de l'université de Mumbai, parfaite réplique du Bovolo de Venise
beffroi de l'Université de mumbai

L’autre côté du Maidan est occupé par des immeubles art déco. J’en reparlerai prochainement. Non loin du Maidan, la fontaine de Flore marque l’emplacement des murailles britanniques.

Horniman Circle

Horniman Circle Mumbai décrit un crescent très britannique

Du Maidan, on rejoint facilement à pied le port avec son impressionnante façade. On passe alors devant l’Eglise st Andrew et l’Oriental Building. On atteint enfin le superbe Horniman Circle. Celui-ci nous ramène dans le Londres de la fin du XIXème siècle. Avec ses immeubles qui suivent la courbe de la place arrondie, elle rappelle les plus belles créations urbanistiques anglaises.

société asiatique, facade néoclassique. Mumbai

La référence anglaise est poussée au bout avec le jardin central fermé d’une grille. Cette jolie place donne d’un coté sur l’ancien hôtel de ville, aujourd’hui société asiatique de Mumbai conçue à la base comme société littéraire. Ce bâtiment néo-classique juché sur un socle d’une trentaine de marches, affecte le style d’un temple grec. De l’autre côté de la place, la Cathédrale Saint Thomas propose, elle, un bel exemple néogothique. Elle s’inspire assez nettement de Ste Margaret, dans le quartier de Westminster à Londres.

Victoria terminus

Gare de Mumbai intérieur

Dans la même veine victorienne, la gare Chhatrapati Shivaji Maharaj Terminus, ex Victoria Terminus est un véritable chef d’œuvre. Ce bâtiment à l’ossature métallique ressemble à une cathédrale gothique. Le contraste avec la cohue le long des quais de cette énorme bâtiment industriel est saisissant. Le pastiche extérieur est incroyable. L’architecte n’a pas hésité à mêler la façade de Sainte Marie des fleurs à Florence à celle de Saint Pancras à Londres. Un joyeux mélange des genres rendu splendide grâce aux illuminations vespérales.

victoria terminus, le soir, Mumbai

Ouest du Sikkim

Aujourd’hui, je vous emmène dans l’Ouest du Sikkim, le domaine de la haute montagne et surtout des grands monastères tibétains. Je vous propose de suivre cette route de pèlerinage (à pied ou en voiture).

Pelling

On arrive dans l’ouest du Sikkim par la grosse ville du coin Geyzing pour monter. Pelling, consiste en une rue qui serpente le long de la montagne. Des hôtels la bordent avec une vue fantastique sur le Khangchendzonga. Déjà nombreux, ceux-ci se multiplient à une vitesse effarante pour faire face à la marée touristique.

Autour de Pelling

Les agences locales vantent un certain nombre d’excursions aux alentours. Cascades diverses et impressionnantes, pont suspendu Singshore, lac sacré Khechepheri (2 000 m), « lac où les vœux se réalisent ». Partout, des sentiers permettent de jouir des vues fantastiques. On vous fait également passer par le petit village de Darap habité par la communauté quasi autochtone des lImboos.

Néanmoins, le plus intéressant à Pelling réside dans les ruines de la ville de Rabandtse, Seconde capitale du Royaume du Sikkim au 17ème siècle. On y accède par le sanctuaire des oiseaux. On passe le long de cages abritant des spécimens multicolores puis on monte 10 mn le long d’un sentier forestier agréable pour déboucher sur un site au panorama extraordinaire. Car toute la région de Pelling rend hommage au majestueux Khangchendzonga. Il convient souvent de se lever avec le soleil pour l’admirer. Cependant, les sites sont grandioses même si le temps n’est pas toujours (souvent) clair. Des chortens imbriqués dans les structures palatiales attestent de liens étroits de la dynastie avec le bouddhisme.

Ces liens apparaissent un peu plus loin au monastère de de Pemayangtse . Fondé en 1705 à plus de 2000 mètres d’altitude, le « sanctuaire du sublime et parfait lotus » abrite des fresques et statues superbes dont celle de Padmasambhava, initiateur du bouddhisme tibétain .  La richesse du lieu tient au privilège des moines de Pemayangtse d’accomplir les cérémonies royales.

A voir dans Pelling

Les autorités ont récemment construit un « skywalk » destiné à devenir une attraction touristique. Il permet de rejoindre la grande statue du Chenrezig. Je ne cherche pas ici à éviter de m’acquitter du droit d’entrée mis il est dommage que la construction de la route terriblement pentue pour mener au skywalk ou du téléphérique occultent le véritable centre d’intérêt. En effet juste derrière les guichets, se niche un petit sentier. Il mène au monastère de Sanga Choeling, accroché au sommet d’une aiguille surplombant la région. Avant  la construction du téléphérique (qui part de l’ancien héliport) il fallait marcher. Une pente bien raide menait du stade de foot au monastère par une grimpette de 45mn. Mais quelle récompense à l’arrivée avec ce monastère paisible et sa vue somptueuse sur le Khangchendzonga.

Tashiding

Sur la route vers Yuksom, toujours dans l’Ouest du Sikkim, perché au sommet d’une colline, le monastère de Tashiding est l’un des plus sacrés du Sikkim. Une bonne montée à pied permet d’y accéder. Des drapeaux de prière longent le chemin et les escaliers. On débouche alors sur un hameau et une grille entrouverte qui donne accès à l’enclos sacré. C’était certainement un lieu déjà hautement religieux (Bön) avant l’introduction du bouddhisme dans la région.

Edifié en 1716, au sommet d’une colline, et entouré par plusieurs monastères importants et grottes sacrées, c’est un lieu de pèlerinage majeur. Il se trouverait à l’emplacement où, selon les textes bouddhiques, Padmasambhava (Guru Rimpoche), a béni la terre sacrée du Sikkim. Son enclos   de 41 chortens est unique. Parmi tous ces chortens (stupas locales) blancs, un grand reliquaire doré se détache ; il aurait le pouvoir de purifier l’âme du fidèle qui l’observe.

Yuksom

Le nom de la ville de Yuksom signifie « lieu de rencontre des trois lamas ». A 1700 m d’altitude,tout à l’Ouest du Sikkim, elle fut la toute première capitale, du Sikkim. C’est une petite ville à une rue, base pour les treks vers le parc du Khangchendzonga. Elle ressemble à une ville du far west.

 Cette rue principale bordée de troquets un peu miteux et de logements chez l’habitant des plus sommaires décrit une courbe pour monter vers le lac Kathok et sur la gauche un joli portail qui annonce le site ancien Norbugang. On y voit le trône du couronnement, un simple banc de pierre où eut lieu le couronnement du premier roi du Sikkim, désigné par trois moines. Autour de l’enclos historique, de petites maisons de bois donnent un charme bucolique seulement tempéré par l’abondance de sangsues.

La route principale rejoint la maison du parc du Khangchendzonga puis serpente. Si Yuksom se trouve près du camp de base, il n’y a pas de vue directe sur le plus haut sommet d’Inde. On peut quitter la route à deux reprises pour rejoindre par des sentiers pentus le monastère de Dub-di, le plus ancien du Sikkim. On l’atteint au bout d’un petit quart d’heure de montée. Toujours en activité, ce monastère sylvestre est d’un calme absolu. Ici aussi l’impression de bout du monde est totale.

Plus loin sur la route, un autre chemin monte vers le monastère de Hunghri. La montée est plus rude  (45mn) mais le paysage et le calme des lieux sont à la hauteur de l’effort.