Fort-Cochin

Cette semaine, je vous emmène à Fort-Cochin à la découverte du fort, des « plages », et du quartier chrétien. Cette zone se trouve à une demi-heure de marche de deux des bâtiments les plus visités de Cochin, le Palais Hollandais et la synagogue Pardesi où je vous ai emmenés la semaine passée.

Le bord de mer à Fort-Cochin

Fort-Cochin (Fort-Kochi) est situé au bout d’une presqu’île. Il y a donc une belle balade à faire le long du rivage. On s’y amuse du spectacle des carrelets chinois de grands filets de pêche suspendus à des perches. Introduite par les commerçants de la cour du souverain chinois Kubilai Khan, cette méthode insolite repose sur un système de poulies actionnées depuis le rivage. Les filets installés sur des piquets en teck et en bambou, s’immergent quelques minutes puis se remontent. Ces fameux carrelets n’existent en Inde  qu’à Kolam (Qillon) et Cochin et n’apparaissent que tardivement par rapport à leur frères cantonais voire indonésiens. Ils sont en déperdition, les poissons ne résistant guère à la pollution ambiante.

La plage dégorge en effet malheureusement de détritus. En revanche, la promenade le long de la mer est agréable. Le chemin bétonné suit les marchands de poissons, promeneurs et vendeurs de rue divers et variés.

Le Musée archéologique

Sur la plage, dans le fort, juste derrière les marchands, un beau bâtiment ancien abrite le Ernakulam museum District. C’est un des des bastions survivants du fort Portugais. Pour une raison que j’ignore il s’appelle musée du district d’Ernakulam et est à peine référencé. C’est dommage, il est mignon, intéressant et beaucoup plus facile à atteindre que le musée archéologique, lui à Ernakulam…

Les étiquettes se mélangent régulièrement les pinceaux et les gardiens racontent un peu n’importe quoi. Pour autant on découvre des amphores vernissées attestant d’échanges commerciaux avec le monde arabe. Mais aussi des écrits évoquant la présence des romains à Muzuris, comptoir de fondation romaine. Malheureusement, les constructions, la surpopulation et les tempêtes ont changé la côte. Et il ‘s’avère aujourd’hui impossible de retrouver le moindre vestige de l’antiquité, qu’il s’agisse du temple d’Auguste ou autre. En revanche, une copie de la fameuse table de Peutinger, sorte de viatique du XIIIe reposant sur la cartographie du bas empire romain rappelle l’existence de ce comptoir dans les périodes les plus anciennes. Il vaut mieux ne pas trop écouter la pauvre demoiselle en charge de la salle et se hâter pour découvrir l’histoire des découvertes de ce joli petit musée provincial.

Comme au palais de Matanchary, la siganletique de ce musée joliment arrangé montre que les fonds et les destinateurs sont occidentaux. On ne trouve en effet pratiquement pas de mention des voyageurs chinois qui à la suite de Zheng He ont découvert Cochin, lui ont vraisemblablement donné son nom et ont apporté un système de pèche original, évoqué plus haut.

Héritage européen

Au debouché de cette jetée, quelques hôtels boutiques dont le célèbre old Harbour.

Loafer’s Corner, populairement connue sous le nom de Princess Street offre une foule de boutiques et de cafés pour occidentaux ou Indiens en quête d’occident. Les jolies maisons de style colonial débordent de tissus rajahsthani. De chaque côté de la rue, se dressent des constructions inspirées des modèles britanniques, néerlandais, portugais et français.

Ici en effet, boutiques d’artisanat, de vêtements et de bijoux, de bibelots côtoient d’innombrables cafés, restaurants spa ainsi que les traditionnels centres ayurvédiques. Princess street mène à la cathédrale de la lumière, un édifice néogothique accessible par l’école conventuelle qui l’entoure. En tournant à droite puis à gauche, on arrive devant l’église st François avec la tombe de Vasco de Gama avant que son fils ne réclame la dépouille mortuaire pour la rapatrier au pays. Une dalle commémore le premier navigateur portugais à avoir accosté en ces terres.

En continuant la rue au delà de l’église, on accède au David Hall. La première maison hollandaise a été convertie en un joli café aux allures de grange du plat pays . Elle se double d’une salle d’exposition.  Si vous recherchez plus d’apparat, continuez le long de la courbe décrite par la rue. Vous aboutirez alors au Cochin Club. Ce bâtiment typique de l’architecture coloniale britannique est aussi peu accessible que son homologue de Madras. A défaut d’y entrer, vous pouvez essayer le jardin de French toast. Comme souvent dans ce type de lieu, la carte n’est pas locale. Mais le parc idyllique attire de nombreux Indiens du Nord.

Pour parachever la balade européenne, rendez-vous au musée portugais. Certes, il faut aimer les objets liturgiques. Si l’Europe vous manque vraiment, il vous reste à parcourir le quartier chrétien.

Le quartier chrétien, un autre Cochin

Au sud de Fort Cochin, à partir de Jakob rd, commence le quartier chrétien. Alors qu’Ernakulam et le quartier juif sont maintenant musulmans en grande partie, le sud de Fort Cochin abonde en églises. De véritables petits labyrinthes impénétrables en voiture s’enroulent sur eux-mêmes à proximité des églises dans les quartiers de Bethleem et Nazareth.

Au début de Jakob road et on parvient au théatre de Katakhali

C’est une pratique traditionnelle au Kerala que ce type de théâtre en vers. La pièce s’appuie sur des épisodes du Ramayana. Les acteurs portent des costumes et maquillage symboliques. Une adaptation pour touriste réduit le spectacle de 3 à 1h et montre la séance de maquillage et explique les postures, mimiques. Tous les jours de 17h à 18h pour le maquillage puis 18 à 19h pour le spectacle. La salle est souvent comble de touristes. En revanche ceux-ci ne restent guère pour le spectacle suivant de Kalaripayattu un art martial traditionnel perpétué par les Nairs, cette caste de militaires particulière au Kerala.

A l’autre extrémité de Jakob Road, l’on découvre la laverie municipale. Dans des sortes de box, les hommes et femmes s’activent qui à laver qui à repasser dans des éclats de couleurs. Dhobi Kana public Laundry. Bien que beaucoup plus réduite que celle de Bombay,cette laverie est sympathique et bien organisée. Le visiteur peut donner dans une boite prévue à cet effet à l’entrée. Sa donation sera ensuite partagée entre les membres de cette petite communauté d’origine tamoule. Les Danois firent d’abord appel à elle pour nettoyer les uniformes de l’armée d’occupation. Les militaires sont repartis mais les teinturiers sont restés. Moult affiches de cinéma malayalam aux couleurs passées attestent de l’ancrage de la communauté au Kerala.

Cochin

Cochin vit depuis des siècles dans le parfum des épices. Comptoir portugais dès le XVIe siècle, puis ville hollandaise avant d’être anglaise, la plus grande ville du Kerala avec son demi-million d’habitants, se compose de quartiers très différents. Monde ancien et moderne s’y côtoient.  Dès l’aéroport, alimenté à l’énergie solaire, la modernité de Cochin s’affiche.  La ville est en effet la capitale économique de cet Etat étonnamment riche pour l’Inde. Pour autant, les touristes se concentrent essentiellement dans le quartier ancien, dit Fort Cochin. Ceux-ci sont, contrairement au reste de l’Inde, en grande partie occidentaux. Ils arpentent les rues piétonnes bordées de maisons coloniales et de jolies boutiques.

Le quartier historique de Cochin s’articule autour du Fort, du Palais hollandais et de la synagogue Pardesi. Cette semaine, je vous emmène à la découverte de ces deux magnifiques monuments.

Le Palais de Mattancherry, ou Palais hollandais

Le Palais hollandais, construit pour la famille royale de Cochin, abrite le plus bel ensemble de fresques du Kerala. Bâti par les Portugais en 1557, le Palais Mattancherry fut rénové par les Hollandais en 1663. On peut maintenant y prendre des photos.

Le palais aux magnifiques boiseries se compose de deux étages. Dans les premières pièces, de fantastiques fresques mettent en scène des thèmes inspirés des épopées indiennes Ramayana et Mahabharata . Elles représentent aussi les images des dieux hindous et notamment de Krishna. Puis, une succession de salles évoque la vie des dynasties locales. Étonnement pour l’Inde, le Palais offre un bel exemple de muséographie.

A la fin du périple, d’autres peintures murales illustrent le poème épique Kumarasambhavam de Kalidasa. Un petit temple dédié à la divinité Palayannur Bhagwati se situe dans la cour centrale du palais.

Des vêtements de cérémonie utilisés par la royauté, des turbans, des armes de l’époque, des palanquins, des pièces de monnaie, des timbres et des dessins donnent un aperçu du mode de vie des familles royales dans le Sud de l’Inde. Ce palais est un must pour la qualité des fresques et des charpentes.

Tous les jours de la semaine de 10 h 00 à 17 h 00, excepté le vendredi. 

Jew Town

Si la tradition chrétienne est restée particulièrement forte au Kerala, Cochin s’enorgueillit, ou plutôt s’enorgueillissait, d’une petite communauté juive, réfugiée ici probablement lors de la destruction du temple en 70. La plus vieille synagogue d’Inde est une petite merveille Les six autres synagogues de la ville ne sont pas visitables et à peine reconnaissables dans les rues commerçantes de cette bruissante cité. Même s’il ne reste plus qu’une maigrelette famille juive, le temple bien entretenu, attire de nombreux visiteurs.

En fait, Le quartier juif de Cochin correspond essentiellement à une jolie rue commerçante, parallèle au Palais. Les magasins y sont aujourd’hui tenus par des musulmans. Les touristes fourmillent dans ce petit bout de rue extrêmement commerçant. On y vend de tout et les jolis cafés attirent les occidentaux. C’est aussi dans ce quartier que vous trouverez des magasin d’antiquités. Au fond de l’impasse, close par la tour de l’Horloge, se trouve la synagogue Pardesi, édifiée en 1568 et agrandie en 1760.  A droite du cul de sac, le temple hindou qui jouxte le Palais est pratiquement rénové. Sur la gauche s’ouvre la synagogue.

La synagogue Pardesi

Paradesi signifie « étranger » dans de nombreuses langues indiennes. Le terme fait allusion aux Juifs blancs, les premiers colons de Cochin, un mélange de Juifs de Cranganore (au Nord de Cochin, aujourd’hui Kodungallur), du Moyen-Orient et d’Europe. En 1524, ceux-ci trouvèrent un bienfaiteur en la personne du Raja de Cochin. Ce seigneur leur donna  en effet la terre sur laquelle ils bâtirent leur lieu de culte en 1568. Il leur fournit même le bois de construction. Cette synagogue contribua fortement à asseoir la présence juive au Kerala.

L’entrée de la synagogue s’effectue par un vestibule. Il donne sur un petit musée consacré à l’histoire de la communauté et de son temple. On accède alors à une courette sur laquelle s’ouvre la salle de prière. On y entre pieds nus, Inde oblige. Elle est remarquable pour ses énormes lustres belges du XXe siècle mais surtout pour son extraordinaire pavement. Les centaines de carreaux chinois de faïence bleue, rapportés de Canton au XVIIIe siècles sont tous uniques et peints à la main.

Au centre, se détache la chaire. Au fond de la salle, l’arche renfermant les rouleaux de la Torah, deux couronnes d’or présentées à la communauté juive et les plaques de cuivre du IVe siècle. Enfin, au mur, une charte gravée en mayalam décrit les privilèges octroyés à la communauté juive. Le texte est écrit en kannadiyezhuthu, écriture spéculaire ou en miroir.

tous les jours, de 10/12h, et de 15  à 17 heures, sauf les vendredis, samedis et jours de fêtes juives.10rp se déchausser, se couvrir les jambes et les épaules.

Le quartier musulman

Traditionnellement plus pauvre, et plus populaire ce quartier est lui aussi en voie de réhabilitation. Les ordures commencent à être ramassées (c’est un frémissement), les maisons en ruine à être rénovées, en tous cas pour le plus belles. Les échoppes traditionnelles sont peu à peu repeintes. Dans ce quartier, on peut manger de la nourriture typique de Cochin. On y teste les parathas au bœuf impensables dans le reste de l’Inde, les Milk shakes à l’avocat ou les puttu. Il s’agit de roulés de farine de riz et coco traditionnels au petit dejeuner.

Synagogue de Cochin

Trivandrum

A Trivandrum, hors du grand temple d’or et du Palais royal, évoqués la semaine dernière, s’étend une ville fort agréable quoiqu’injustement méconnue. Après avoir visité le Palais et admiré la Gopuram de loin, je vous propose cette semaine de découvrir les beautés cachées de la vraie capitale du Kerala. Je parle de vraie capitale car ce Trivandrum bis se propose d’explorer la capitale administrative et politique du Kerala. Cochin, plus grande et mieux reliée, joue, elle, le rôle de capitale économique.

le Napier Museum, belle construction indo sarracénique avec des relants Arts and Crafts

Le quartier du marché Cherai

Avec ses grands trottoirs ombragés, ses larges avenues, Trivandrum est une ville où il fait bon…marcher ! C’est suffisamment rare en Inde pour être souligné. Le côté provincial et la petite taille font que malgré les embouteillages on n’a pas l’impression d’être pris dans le vacarme habituel aux grosses cités indiennes.

Alors, on quitte le quartier du fort et du temple avec son flot de pèlerins, de marchands de tout et n’importe quoi pour se diriger vers la zone du marché Chelai. A priori le plus ancien du Kerala. Il s’agit d’un dédale de ruelles à l’abri de la circulation automobile. On y trouve toute sorte d’objets du quotidien, nappes criardes, bassines, plats, poubelles et chiens errants en prime. De petites cantines proposent les spécialités locales puttu (rouleau de farine de riz et coco), kadala (purée épaisse et noire de pois chiches) et hakka appam (beignets de bananes) idiyappam (sortes de nouilles très fines de farine de riz).

Balade Le long de MG Road

Comme toute ville indienne, Trivandrum est traversée par une grande artère MG (pour Mahatma Gandhi) Road bordée de tous les grands bâtiments ici administratifs davantage que commerciaux. En quittant le temple d’or, ou en venant du marché, on rejoint le terminus de nombreux bus en face du fort.

En remontant vers le nord, on atteint le temple Pazhavangaadi Sree Maha Ganapathy. On peut le visiter. Même s’il semble relativement récent, son activité y est fort authentique, colorée et réjouissante. Si l’on tourne le dos au temple vers la droite on gagne la gare victorienne.

Plus loin sur la MG road, commence le quartier administratif. On monte vers le Nord et le quartier de Palayam. On peut prendre un transport jusqu’au secrétariat général du Kerala, un bâtiment colonial entouré d’un jardin et d’une grille ouvragée. Un peu plus au nord, se dresse la cathédrale syrienne orthodoxe St Georges, jolie oasis de paix dans une rue à la circulation dense.

L’Université du Kerala à Trivandrum

En face de l’église, commencent les magnifiques constructions de l’Université du Kerala. On distingue d’abord Les façades donnant sur MG Road, un peu décaties au-fond d’un grand jardin. Il vaut la peine de les contourner pour admirer tout ce quartier universitaire en voie de restauration. Leur architecture éclectique en est variée et intéressante. On peut emprunter la rue dr NS Warrior ce qui permet de parvenir au siège du Parti communiste (AKG centre).

En effet, le Kerala est depuis l’indépendance un état resté fidèle au communisme. Avec celui-ci s’affirme l’importance de l’éducation et des droits de la femme. On atteint alors un quartier colonial avec de bien élégants édifices. Les bâtiments de l’université, la bibliothèque avec de jolis cafés comme le bookmark se succèdent le long de grandes allées arborées en cercle.

On revient alors sur la grande avenue Mahathma Gandhi pour déboucher au marché Connemara. Le nom se réfère au gouverneur Lord Connemara qui a donné son nom à la bibliothèque du musée de Chennai.. Moins connu que le marché  Cherai dans le centre-ville, il regroupe sous une halle britannique une série d’étals.

Bâtiments coloniaux

 Juste en face, une mosquée et un temple à Ganapathi illustrent une nouvelle fois le climat de tolérance affiché dans la région.  On traverse pour atteindre la Cathédrale St Joseph, une belle tarte à la crème néogothique sur un modèle britannique à clocher carré. Elle fait face au stade des Nairs cette caste de guerrier particulière au Kerala.

On dépasse l’Assemblée législative, édifice ancien et moderne puis le stade pour tourner à droite. C’est un quartier sympa avec grandes avenus aérées, de grands trottoirs ombragés. On atteint alors un immense et magnifique parc en face du musée d’Histoire. Dans ce grand parc, on peut se diriger vers le zoo ou vers la fantastique construction indo-saracénique du Musée Napier, une vraie réussite architecturale. Malgré la structure de brique, elle arbore des détails Queen Anne (les oriels) et des toits que William Morris et le mouvement anglais Arts and Crafts n’auraient pas rejetés.

Juste de l’autre côté du parc son aborde la colline surmontée par, Kanakakunnu Palace. Au Sommet d’un joli parc public ce palais offre une atmosphère royal, celle de la dynastie Travancore . Des spectacles ont lieu ans ce jardin.

Cette promenade n’est qu’un exemple pour passer une jolie journée dans la bien agréable capitale du Kerala. De nombreux temples et jolis lieux ponctuent la ville et offrent de belles découvertes alors n’hésitez pas et venez visiter cette ville si méconnue.

Thiruvananthapuram

Thiruvananthapuram fait peur en raison de son nom imprononçable quoique simplifié par les Anglais en Trivandrum. La ville (puram) du seigneur (Thiru) Ananda échappe souvent aux circuits touristiques. C’est dommage, car c’est une superbe découverte.

 Dommage également que la ville soit peu documentée sur les sites touristiques en français voire en anglais. De ce fait il n’est pas évident de construire un itinéraire ni de savoir que visiter. Encore une fois c’est dommage parce qu’il y a beaucoup plus à voir que le grand temple inaccessible aux non hindous et la plage voisine de Kovalam. Alors par où commencer ?

Le quartier du fort et du grand temple

Evidemment ce quartier ancien et grouillant est le must-see à Thiruvananthapuram. On descend du bus, du tuk tuk ou du taxi près de la porte du fort et de là on suit la foule jusqu’à la Gopuram de ce fantastique temple interdit aux étrangers.

Cette tour d’accès est monochrome contrairement à ses consœurs tamoules. On peut l’approcher, gravir les escaliers, en admirer la toiture et… rebrousser chemin. Car comme pratiquement tous les temples du sud consacrés à Vishnu, le Sree Padmanabhaswamy n’est pas accessible aux non-hindous. Et un clergé pas toujours charmant se précipite pour vous rappeler à l’ordre si vous tentez de vous glisser dans la foule ou de dégainer votre appareil photo. Même si les Indiens eux ne se privent pas de se faire tirer le portrait devant la divine Gopuram.

Je trouve d’ailleurs surprenant que tous les guides, blogs, sites touristiques sur Thiruvananthapuram parlent du temple alors que les étrangers ne peuvent y accéder. En revanche, silence sur le reste de la ville comme si elle ne comptait pas.

Joyau du sud

Il est vrai que le temple d’or est l’un des plus sacré du pays. Surtout de nombreuses légendes le créditent d’une richesse phénoménale. L’Etat fédéral est venu enquêter sur des dysfonctionnements dans sa gestion en 2011 et y a découvert un trésor estimé entre 14 et 15 Milliards d’euros dans 5 des 8 chambres des pièces souterraines du temple. Il se constitue d’or, argent diamants, bijoux, statues, monnaies et autres donations des fidèles accumulées au cours des siècles.  Les autres chambres n’ont pas été ouvertes, la sculpture de cobra qui monte la garde portant malheur selon les fidèles. Elles sont néanmoins sous haute garde. Une bataille féroce s’est engagée entre les différents propriétaires  potentiels des lieux.

Outre le côté trésor de conte de fée, l’architecture du temple est remarquable. On peut noter (de l’extérieur) une fusion d’éléments keralais et dravidiens. Les boiseries merveilleusement travaillées sont typiques de l’artisanat du Kerala. Au contraire, le travail stuqué de la Gopuram s’apparente à ce que l’on trouve dans les différents états voisins du sud de l’Inde.

Le Palais Royal de Thiruvananthapuram, un joyau dans le joyau

Le long du temple les bâtiments aux belles toitures de bois ouvragé mènent au Palais royal. Kuthira Maliga C’est l’occasion d’admirer l’habileté, très reconnue dans toute l’Inde, des charpentiers du Kerala. De manière unique dans le pays, la région jouit d’une double mousson et donc d’une abondance de bois comme le tek.

Construit en 1840 par le Maharaja Swathi Thirunal Rama Varma, le palais reflète l’architecture typique de la région avec ses toits débordants à forte pente, ses vérandas à colonnes et ses cours intérieures. Le travail d’ébénisterie y est remarquable. Les 122 sculptures et gravures équines lui ont donné le nom de demeure des 122 chevaux.  C’est aujourd’hui un Musée et il offre une idée de la dynastie royale Travancore qui habite non loin de là le palais Kowdiar construit pour la sœur du roi. Car dans cette famille matrilinéaire, c’est la sœur qui règne…

On peut passer du temps au palais pas forcément au musée qui exhibe des photographies passées de tableaux de qualité variées. Celles fanées de la ville à l’époque de l’indépendance ne sont pas inintéressantes en ce qu’elles montrent une bourgade perdue dans les forêts. Les photocopies colorisées de divinités ne me paraissent en revanche pas incontournables. Vous l’aurez compris, je conseille vivement la visite du palais, moins celle du musée dans le palais.

Le Palais est lui passionnant, on déambule dans une vingtaine de pièces des 80 constituant les habitations royales de la dynastie Travancore.

Entre l’extérieur du temple avec son réservoir et le Palais, il y a de quoi occuper une grosse demi-journée. Mais il vous reste beaucoup encore à explorer à Trivandrum. Alors retrouvons nous la semaine prochaine !

Kerala

Le Kerala est certainement la zone la plus touristique d’Inde avec le Rajasthan et ce à juste titre !

Car ici les beautés naturelles d’une région tropicale à la végétation luxuriante éclipsent les constructions humaines. Alors pour une fois, laissons de côté les villes et notamment Cochin pour nous balader en montagne, à la mer ou en campagne avec quelques suggestions maison. Voici donc quelques belles balades dans l’arrière-pays.

backwaters Kerala copyright Catherine HubertGirod @ visiterGenève

Les Backwaters

Ce que l’on appelle Backwaters ne se limite pas à Allepey. En fait, toute la côte du Kerala est lagunaire. La mangrove qui pousse sur les lacs et rivières donne un aspect foisonnant à cette multitude de cours d’eau naturels et creusés. On les parcourt en bateau plus ou moins gros.

Nombre de tours opérateurs offrent des balades au long cours sur de gros bateaux. On peut leur préférer un tour plus court (3h) en shikaram, un bateau local à fond plat avec table de massage. Il semble plus compliqué (et hasardeux) de s’embarquer sur une pirogue. Mais plus le bateau est petit plus vous avez une chance de parcourir les canaux les plus étroits et les plus dépaysants. Vous verrez ainsi de près les enfants revenant de l’école en pirogue. Pour les plus aventureux et les moins riches, vous pouvez également emprunter les ferries locaux. Si vous supportez les gaz d’échappement, le bruit et la promiscuité vous êtes bons pour un bain de vie vraiment locale. Si Allepey vous parait trop grand vous pouvez partir pour votre exploration lacustre de Kumarakom, plus tranquille avec sa réserve d’oiseaux.

Vous pouvez compléter votre tour des backwaters en poussant jusqu’à Munroe Islands. Tous ces lieux feront l’objet d’articles plus approfondis dans les prochaines semaines.

Les belles plages du Kerala

Un long ruban doré s’étend depuis Cochin et on peut le suivre en train jusqu’à Trivandrum ou le contraire, en s’arrêtant en chemin.

Kovalam  est une belle station balnéaire du Kerala, situé à 17 km de Trivandrum. C’est le paradis des traitements ayurvédiques et yogiques en tous genres. La station attire une clientèle européenne plus si jeune.

Les touristes indiens et les familles fréquentent en majorité la plage de Panasam, tandis que Black Beach, qui tient son nom du sable noir qui la compose, attire davantage la jeunesse étrangère. Plus au nord, à environ 7 km de la ville, se trouve la superbe plage de Kappil.

Varkala, au nord de Kovalam, jouit de plages magnifiques et d’une falaise spectaculaire. Là encore, je vais consacrer dans les semaines prochaines un article à ces superbes plages.

Les paysages de l’intérieur

Enfin si vous voulez découvrir les magnifiques paysages de l’intérieur, prévoyez deux jours au moins pour vous rendre dans les montagnes.

Du côté de Munnar, ce sont les collines à thé et les plantations qui vous attendent. Munnar est une petite station de montagne, à 1524m d’altitude. Elle se situe au milieu du spectaculaire paysage montagneux de l’Inde du sud. On peut y marcher dans les plantations de thé, visiter le musée du thé, admirer lacs et cascades. Evitez néanmoins de loger dans Munnar même et préférez un logement dans les plantations.

Vers Periyar, les plantations d’’épices abondent. Surtout, la magnifique réserve animalière, donne l’occasion de voir des éléphants ou des singes en liberté.

Une fois n’est pas coutume, voici quelques agences Pour les tours www.wilsontours.co.in

Et pour se promener Suryatour  propose des chauffeurs indépendants gérés par une retraitée française dont l’association vise à aider ces chauffeurs à survivre. Il faut compter de 4800 à 6500 rp par jour

Little Bengal

Non loin de Mount Road, le centre de la Chennai moderne se situe un petit quartier surnommé Little Bengal. On y trouve des taka, monnaie du Bangladesh, du poisson de rivière coupé et cuisiné d’une manière inconnue au Tamil Nadu. Nous ne sommes pas à Calcutta mais à Mackay’s Garden et Greams Road.

La cuisine bengalie

Comme tous les Indiens, les Bengalis adorent manger. Néanmoins, leur nourriture, quoique quasi inconnue en France, n’a rien à voir avec l’image traditionnelle des plats indiens. L’alimentation bengalie tourne autour de poissons de cette région baignée par le delta du Gange. Elle s’assaisonne de graines de nigelle. Les graines de moutarde moulues avec des piments verts donnent à cette cuisine une saveur toute particulière. Dans la cuisine tamoule, la moutarde s’utilise beaucoup mais en graine et non moulue. Les plats typiques sont à la fois savoureux et incomparables. Ici une jolie lecture sur l’importance de la cuisine au Bengale.

Les Bengalis sont très attachés à leur culture pas seulement culinaire. Ils aiment leur langue et surtout la vie culturelle de Calcutta. La plupart du temps cinéma, théâtres et surtout joutes verbales, dont ils sont très friands, leur manquent au Tamil Nadu où les locaux vivent plus repliés sur la famille.

Les Bengalis de Chennai

Nombreux Bengalis se sont d’abord installés à Chennai en quête d’une meilleure situation matérielle. Intellectuels de renom, bijoutiers voire artisans sont venus chercher le confort financier du sud. Ainsi, les artisans bengalis se regroupent-ils autour de Snowcarpet, dans le quartier de Parry’s corner aussi surnommé Little North India.

Aujourd’hui cependant, la migration touche davantage la classe moyenne, qualifiée en informatique. Elle a largement investi le « IT corridor » (traditionnellement le long de OMR )au sud de Chennai. De ce fait, la communauté a essaimé dans la ville. Elle se retrouve dans des clubs comme l’association du Bengale (fondée en 1929), la SMCA, South Madras cultural association plus récente (1975) ou le DCPCA (Dakshin Chennai Prabasi cultural association). Elle fait corps au moment de célébrations privées comme les crémations mais aussi collectives comme Durga Pooja la grande fête bengalie.

A Chennai, ce grand festival se limite le plus souvent à des rencontres où l’on boit, mange et où l’on participe entre proches aux festivités de la Pooja. Les célébrations ont lieu au temple de Kali, lieu clé pour la diaspora bengalie à Chennai.

 A Calcutta, cette énorme fête s’accompagne de concours de statues et de pandals. Ces temples éphémères, construits de bambous et de tissus multicolores abritent la divinité. On les démantèle dès la fin de la Pooja. La compétition peut être féroce. La ville entière devient festive. A Chennai en revanche, les célébrations se limitent à quelques lieux.

Little Bengal, un quartier en phase de gentrification

Du coté de Mount road, sur Greams street, se situe un quartier surnommé Little Bengal. Ici les petites guignettes servent de la nourriture du Nord-ouest, du Bengale mais aussi de l’Assam et du Bengladesh.

Au-delà des échoppes alimentaires, se succèdent une multitude de chambres et petits appartements proposés à la location. L’on se rend vite compte que ces logements ont fait l’objet d’une réhabilitation récente. Le quartier vit une véritable mue. Les rares maisons anciennes qui subsistent sont surmontées de complexes ultra modernes. Les jardins Mackay Garden n’ont laissé leur nom qu’à un ensemble de bâtiments sans grâce.

Des agences de voyages le disputent aux petits restaurants. Elles proposent des vols à prix cassés pour le nord-est du pays. Beaucoup d’annonces sont d’ailleurs écrites en bengali.

Outre les boutiques alimentaires, les voyagistes et les marchands de sommeil, on compte un nombre impressionnant de pharmacies. Car cette communauté se regroupe par vagues autour des grands hôpitaux de la rue. En effet, Chennai s’est affirmée comme capitale médicale d’Inde et le quartier de Greams Road voit se concentrer toute la population du Nord-est en quête de traitement à Apollo Hospital. Le phénomène est tel que même les médecins et le personnel des hôpitaux de la rue parlent hindi et bengali.

De nombreux petits restaurants proposent des poissons et mets étrangers aux saveurs du sud de l’Inde. Ce sont pour la plupart des bouibouis mais la nourriture peut s’y révéler délicieuse.

Bronzes cholas

L’exceptionnelle collection de 1500 bronzes cholas assure la renommée du musée de Chennai.

Ceux-ci jouissent d’ailleurs d’un pavillon privé construit pour eux. La salle reste plongée dans le noir et équipée de vitrines sécurisées éclairées et de climatisation.

Certains des chefs d’œuvres viennent de rejoindre la magnifique salle de la galerie nationale, le plus beau bâtiment du musée. De style indo-sarracénique, voire Gujarati, celui-ci évoque les splendeurs des palais de maharadjas

Qui sont les Cholas

La dynastie chola apparait à plusieurs reprises dans l’histoire du sud de l’Inde. Néanmoins elle a connu son âge d’or entre les 10 et 13e siècle. Venue du delta du Cauvery, elle s’implante à Tanjore. De là, elle lancera un empire au-delà des mers vers la Malaisie, les Maldives et le Cambodge.

Le livre Ponnyan Selvan, paru dans les années 1960, les a remis au goût du jour. L’auteur, Kalki, glorifiait cette dynastie locale et conquérante au lendemain de l’indépendance nationale. Le film inspiré de l’épopée a permis au Tamil Nadu d’affirmer son originalité et son brio. C’est notamment en matière de construction de temples et de sculptures que la dynastie chola a brillé. Pourtant plus que dans la pierre, les Cholas se sont illustrés par leur travail du bronze.

Leur art original s’appuie sur celui des Pallavas (IVe au IXe siècles). Mais les Cholas ont affirmé un art plus raffiné et complexe lors de leur Renaissance entre les IX et XIIIe siècles. Grands bâtisseurs et mécènes, ils ont soutenu la construction de temples, le moulage en bronze et la sculpture.  Ils ont encouragé un art religieux spécifique qui n’a pas survécu au déclin de la dynastie.

Les bronzes cholas

Ces statues de bronze de petite taille représentent les dieux hindous.

Le travail du bronze est d’autant plus intéressant chez les Cholas qu’il met à l’honneur un matériau introuvable au Tamil Nadu. Il implique donc des échanges, Or les archéologues ont découvert récemment des gisements de cuivre au Sri Lanka. Ce qui expliquerait l’importance accordée à l’expansionnisme vers l’ile voisine à l’époque.

Le bronze d’alors se constitue d’un alliage un peu particulier. Au cuivre et à la cire traditionnels sont ajoutés un peu de zinc, de plomb et d’argent .

Mais le plus original dans les bronzes cholas est la technique. Il s’agit d’un travail à la cire perdue Pourtant, contrairement aux exemples gréco romains, le centre du modèle est plein. Ce qui explique la petite taille de la statuaire tamoule. Les statues sont lourdes en effet.

Elles se trouvaient dans les temples et étaient promenées lors des processions. Le disque au revers de la tête permettait de fixer les couronnes de fleurs. C’étaient en effet des objets rituels et non des œuvres d’art. On en trouvait dans tous les temples même les plus petits. En effet les temples représentaient le centre des activités religieuses, culturelles et artistiques.

Lors des raids et invasions étrangères beaucoup de ces statues ont été coulées ou enterrées. D’ou leur état, pleines de terre ou passablement oxydées.

Iconographie des Bronzes cholas

Les sculptures en bronze Chola représentaient principalement des divinités hindoues du sud. Shiva et ses diverses formes étant les sujets les plus populaires. C’est sous les Cholas shivates que le culte de Shiva se développe en effet largement dans le tamil Nadu.  Le dieu apparait sous différentes formes. La plus spectaculaire est certainement le Nataraja ou Shiva dansant dans un cercle.

 Tel le narada, chaque posture, assis, debout, dansant, incarne un aspect spécifique du caractère et du rôle de la divinité dans l’ordre cosmique.

Les artisans chola ont démontré une compétence exceptionnelle dans l’ornementation complexe de la tenue et des accessoires. Les détails concernent notamment les visages expressifs, les yeux, les sourires . Fluidité, sensualité et naturalisme caractérisent ces chefs d’œuvre.

Fils de Shiva, Ganesh, dieu de la sagesse et de la connaissance est souvent représenté avec un ventre proéminent, symbole de prospérité et de contentement. Sa défense cassée représente le sacrifice pour la poursuite de la connaissance. Parfois il tient un modak, son aliment favori.

Le mouvement Bhakti, insistant sur un lien personnel et émotionnel avec le divin a beaucoup influencé la sculpture chola. D’où la représentation des divinités sous des formes plus humaines et plus accessibles. La statuaire chola affecte ainsi des postures gracieuses et des expressions faciales subtiles, du mouvement et de l’émotion.

 Les sculptures portaient souvent des bijoux élaborés et des éléments ornementaux, renforçant leur aura divine. Les sculpteurs témoignaient d’une grande compréhension de l’anatomie et des proportions.

 La création de ces sculptures a impliqué une expertise technique et un lien spirituel profond avec le sujet, faisant de chaque pièce une véritable œuvre d’art.

Dakshina Chitra

Dakshina Chitra  (vision du sud) au sud de Chennai regroupe 19 maisons représentant des communautés différentes des 5 états du Sud de l’Inde. Un audio guide est en préparation auquel j’ai eu la chance de contribuer. Dans ce musée architectural, chaque maison a été patiemment démontée et reconstruite pour montrer la technicité et la diversité de l’artisanat et des coutumes.

mur esterieur maison Andhra Pradesh

Le projet d’une vie

Ce musée à ciel ouvert est le projet d’une vie pour le docteur Deborah Thiagarajan. Cette anthropologue américaine s’est installée dans les années 1970 à Chennai. Elle s’y est mariée, y a eu et y a élevé ses filles. L’une de celles-ci, l’aide aujourd’hui sur ce projet extraordinaire crée en 1984 et en évolution permanente. L’idée à l’époque de la fondation était de faire connaitre et apprécier aux Indiens sortant du colonialisme leurs propres traditions.

maison du Cherrinad avec son original toit de tuiles multicouches

Il s’est agi de trouver un terrain dans un lieu alors quasi désertique. Puis a suivi l’aménagement en un vaste musée ethnologique, un peu à la manière des villages reconstruits roumains ou suédois. Celui de Bucarest est un peu un modèle. Reconstituer les maisons permet d’étudier et de tenter de conserver des savoir-faire en perdition aujourd’hui.

Le site comprend désormais 19 maisons, la dernière a été inaugurée en octobre 2024. Il s’agit de la maison de Coorg une communauté isolée de chasseurs dans la jungle du Karnataka. On y présente l’architecture typique du lieu mais aussi les coutumes, les vêtements et les spécificités d’une communauté de 200 000 hab.

travail du bois

C’est d’ailleurs le propos que de mettre en avant des communautés spécifiques. Leurs caractéristiques sont explorées de manière à montrer l’extraordinaire foisonnement culturel de l’Inde du sud

L’Inde du sud en miniature.

Car Dakshina Chitra propose un condensé des 5 états qui constituent le sud de l’Inde. Le plan du site correspond d’ailleurs à la carte de ces régions. En tournant le dos à l’entrée, on rejoint ainsi à main gauche au-delà des jeux pour enfants, les maisons du Kerala. La remarquable liberté religieuse de cet état luxuriant y apparait. On passe ainsi de la maison chrétienne syrienne à celle du marchand musulman. La société y est tolérante mais aussi matrilinéaire. Elle accorde une vraie place à la femme. Le système pluvieux explique quant à lui les toits très pentus.

Proche de l’entrée, après le marché artisanal, se présentent les maisons à toiture travaillée du le Tamil Nadu. A commencer par une superbe maison du Chettinad articulée autour de sa cour intérieure bordée de magnifiques piliers de bois sculptés. Cette communauté de financiers s’est enrichie à l’étranger pendant la période du Raj. Malgré son apparence patriarcale, elle laissait un grand pouvoir de décision aux femmes.

cour maison du Chettinad

Plus à droite, face au restaurant, qui offre des plats typiques, des maisons de pierre d’Andhra Pradesh rappellent la pauvreté en bois de cette zone désertique.

Sur la droite se trouvent les maisons du Karnataka dont celle de Coorg déjà évoquée ainsi qu’un espace d’exposition.

maison du tisserand Andhra

Dakshina Chitra, un lieu de culture vivante.

Dakshina Chitra se veut une vitrine vivante de la culture dravidienne. Outre les reconstitutions, le site accueille donc des artisans. Ainsi, la maison du tisserand dans le Tamil Nadu permet elle à une famille financée par l’entreprise textile Sundari Silk de montrer son travail et surtout sa manière de procéder.

Outre l’artisanat permanent, le site accueille de nombreux événements. Chaque grande fête est l’occasion d’une célébration. Pour Onam, une fête de moisson typique du Kerala, des troupes de danseurs se succèdent alors que le restaurant propose des plats adaptés. Pongal est également l’occasion de manifestations culturelles, expositions, chants danses, films documentaires.

De nombreuses publications ciblées sont disponibles à la boutique du musée qui malgré son aspect chaotique recèle un certain nombre de trésors. Enfin les différentes maisons abritent des collections permanentes comme l’écriture à la maison du Chettinad) ou temporaires, comme à la maison du Kerala.

maison Andhra Pradesh

Bref un lieu ou venir et revenir pour mieux comprendre le sud de l’Inde.

intérieur maison du tisserand

 

Citytour

Chennai express

Voici un Chennai express, un citytour ou itinéraire de découverte accélérée de la ville. Avant de partir, munissez-vous d’eau, de vêtements légers. N’oubliez pas de vous munir de chaussures faciles à enlever et remettre. Les enlever est obligatoire dans tous les édifices religieux. Emportez également un peu de monnaie pour les pourboires, et du gel hydroalcoolique.

Pour un Chennai express d’après-midi, commencer par Fort St Georges, lieu de naissance de la colonie anglaise. En revanche, si vous partez le matin, commencez par Mylapore et  le marché aux poissons. Vous pourrez enchainer avec St Thomas et  le temple Kapelashewar. Ces lieux vous feront aborder la naissance de la ville ante coloniale.

Dans le premier cas, vous passerez d’abord devant la gare de Edgmore et le Ripon Building,

somptueux témoignages de la colonisation britannique. Les bâtiments néoclassiques de ce siège du gouvernement local renvoient à la splendeur du Raj indien. Le style victorien de la gare rappelle les efforts de la couronne pour renforcer transports et communications.

Fort St Georges 

Le Fort remonte à l’implantation des Britanniques au 17e s.  L’idée était alors de protéger le commerce de la Compagnie des Indes orientales sur la côte Coromandel. Dans ce but, les Anglais achetèrent aux Nayaks locaux une bande de terre pour y construire une fortification. Celle-ci fut le centre du pouvoir britannique sur la région pendant les 3 siècles suivants. Elle fut aussi le théâtre de batailles, notamment avec les Français.

La forteresse correspond à une petite ville abritée par des murailles bastionnées. Les bâtiments gouvernementaux se sont installés dans les quelques maisons coloniales. En piteux état, elles entourent la jolie église anglicane Ste Marie. Le musée se trouve dans les premiers bureaux de la première Banque. La visite s’avère compliquée pour admirer 3 portraits fanés, une collection de médailles et quelques explications. Du coup, ne rentrez dans le musée que si vous avez vraiment du temps.

Parry’s Corner.

En contournant le fort, se trouve l’un des quartiers les plus animés de la Chennai moderne. De très rares maisons coloniales s’y dissimulent. On peut les distinguer  derrière les boutiques et étals de ce qui constitue le bazar le plus populaire de la ville d’aujourd’hui. A l’origine, le nom du quartier provient de deux batiments d’angle, construits par monsieur Parry. En face, la belle construction en briques rouges du Tribunal, constitue un bel exemple de style « indo-saracénique ».

Longer la Marina

Il s’agit de la 2eme plus longue plage urbaine du monde. Elle mesure 12km. Comparativement, la plus longue plage urbaine du monde se trouve à Virginia Beach aux EU  et est longue de 14, 5 km. Si vous aimez l’animation, le folklore et les plages sales, c’est parfait.

Pourtant,  à l’époque coloniale, ce devait être idyllique face au Golfe du Bengale. Le long de cette plage, quelques-uns des très beaux édifices coloniaux se succèdent. On voit ainsi universités,  Bibliothèques, administrations. Le tout toujours dans le style « indo-saracénique » typique de l’Angleterre coloniale et de la période victorienne. En tournant le dos au Fort St Georges, on franchit le pont Napier, fierté locale. Puis, on longe quelques monuments commémoratifs

A mi-chemin de ce Chennai express, vous pouvez vous arrêter pour la photo instagramable.

Vivekananda House, une grosse pâtisserie rose, date de 1842 et accueille exposition et cours.

Continuez à longer la plage jusqu’au phare érigé en 1976. Ici, commence le marché aux poissons, pour le coup très populaire. Après les baraques de pêcheurs, le quartier devient de plus en plus pauvre et on s’approche des bidonvilles. la municipalité vient d’aménager une sorte de halle aux poissons.

Mylapore

La ville annexée à Chennai est aujourd’hui un quartier, proche du rivage occupé par les Romains. Ceux ci pratiquaient le commerce de brocarts soieries, épices, cotons. Puis Portugais et Anglais s’y installèrent. Deux édifices religieux s’y visitent.

Eglise San Thomas ou Santome

Santome  est l’une des trois seules églises au monde sur la tombe d’un apôtre. St Pierre et st Jacques sont les deux autres, respectivement à Rome et Compostelle. L’Apôtre Thomas serait en effet venu évangéliser le Kerala dès 53 ap JC. De là, il aurait rejoint la côte Est pour se fixer sur le Mont St Thomas et prêcher auprès des pêcheurs de Mylapore. C’est en ce lieu, selon Eusèbe de Césarée, qu’il aurait subi le martyr en 72. A l’emplacement de sa tombe (à l’aplomb de l’autel) fut construite une chapelle reconstruite par les Portugais en 1523. Bien rénovée par les britanniques en 1896, elle correspond au style néogothique. Néanmoins, l’église a du charme avec sa charpente de teck, ses 34 vitraux. A l’arrière, la crypte abrite quelques reliques de l’Apôtre. Son corps aurait en fait été transporté à Ortona en Italie. Le petit musée recèle un bric à brac bien rigolo. A gauche de l’autel, la statue de Notre Dame de Mylapore, revêtue d’un sari, a été apportée du Portugal en 1523. Elle était déjà très révérée à l’époque du séjour de St François Xavier (11 mois en 1545). 

Kapaleeshwara temple

Ce temple est consacré au dieu Shiva. Fondé au VIIe, il a été reconstruit au 17e en grande partie puis beaucoup rafistolé. Comme dans tous les temples, on laisse les chaussures à l’entrée, on entre sous le Gopuram, grande tour d’entrée sculptée et colorée, face au mât doré. On fait alors face à l’autel et au sanctuaire (interdit aux non Hindous , photos interdites)

On commence la visite par la gauche (sens des vivants) et par l’autel consacré à Ganesh, le dieu auspicieux. Puis on passe  devant le Lingam, symbole de fertilité, et on rejoint le Mandapam. Ces préaux à colonnes se retrouvent dans tous les temples et marquent le centre de la vie sociale : on y mange, on y prie, on y cause.

En contournant le temple, on passe devant différents sanctuaires et on atteint le réservoir. Ces réserves d’eau sont présentes dans tous les temples pour la purification. Après avoir contourné plus de la moitié du temple en partie gauche, on atteint un ensemble de pièces. Ces entrepôts permettent de stocker les statues et chariots pour les divinités, lors des célébrations. Puis, on accède à l’étable. La belle statue de bœuf évoque Nandi, le taureau sacré, véhicule de Shiva.

Voila, vous avez fait le tour, et avez terminé ce citytour Chennai express, il ne reste plus qu’à vous convertir.

Park Town

Park Town s’adresse aux nostalgiques d’une Chennai coloniale. L’histoire anglaise de Madras commence à Fort St George en 1639. A la forteresse s’ajoute rapidement Georgetown.

 Qualifiée à l’époque de ville noire, elle suit un plan en damier.  Cette « ville ouverte » accueille les locaux mais aussi tous les étrangers. On la connait aujourd’hui sous le nom de « Parry’s Corner ». Rapidement la colonie britannique s’étend et va conquérir les territoires arborés à l’ouest de la forteresse, bientôt transformés en parcs bordés d’édifices administratifs.

Une colline disparue

Cette zone, située à l’ouest du fort, se caractérise à l’époque du Raj par une colline boisée, Hog Hill. Les Britanniques conserveront d’ailleurs des espaces verts dans ce nouveau quartier. Deux grands parcs, Town Park et People’s Park en assurent la fraicheur.

Ce quartier jouxte le village de Periamet. Ce nom signifie village douane, autrement dit le lieu où l’on taxait les marchandises qui rentraient en ville. Le long du chemin qui menait à Poonamallee aujourd’hui connue sous le nom de EVR salai, on arrasa la colline pour y construire Memorial hall. Cet édifice en piteux état affecte une forme de temple grec. Juché sur un podium, il commémore la fin de la révolte des Cipayes et le passage de la Compagnie des Indes orientales à la couronne britannique.

Dans sa continuité (en fait en traversant la rue), on tombe sur le grand bâtiment des chemins de fer du sud de 1922. Celui-ci adopte un style néo dravidien intéressant. Pour une fois, le Raj semble faire cas des spécificités architecturales régionales. La grande bâtisse de granit ne comporte pas d’arches. Elle s’inspire en revanche des temples du Tamil Nadu. On ne peut en dire autant de la gare centrale.

 construite sur le modèle néogothique des grandes gares londoniennes. On retrouve les lignes victoriennes dans cet édifice de 1896 surmonté d’une grande tour emblématique en 1959. La gare s’ouvrait sur le grand hôpital.

Chennai a semble-t-il toujours été la capitale médicale du sud de l’Inde. Sur le côté, aujourd’hui occupé par une grande dalle moderne très plaisante, se trouvait à l’époque coloniale le grand marché Moore dont les bâtiments indo-sarracéniques ont malheureusement disparu.

Que reste-t-il de Park Town

Aujourd’hui le terme de Park Town désigne un quartier. A l’époque du Raj il s’agissait d’un parc dans une zone planifiée. En revanche, le Victoria Public Hall conçu pour être un lieu de spectacle subit une rénovation complète. Les fenêtres en arc de cercle d’inspiration néo-romane contrastent quelques peu avec la tour aux accents gothique mais l’ensemble est plutôt convaincant. Elle fait face au Ramaswamy Choultry .

 qui hébergeait les voyageurs Hindous. En revanche, le Siddique Sarai blanc accueillait lui les musulmans. Des boutiquiers occupent aujourd’hui la dentelle Moghole. Le reste du terre-plein autrefois occupé par le parc de la ville qui a donné son nom au quartier a malheureusement disparu, avalé par la pression immobilière.

Néanmoins, l’énorme Ripon building bâtiment de la corporation de Chennai (mairie) subsiste et projette son énorme vaisseau blanc illuminé le soir. Cette tarte à la crème s’inspire lointainement de la magnifique basilique de Palladio. Mais surdimensionnée, elle n’en a ni la grâce ni l’élégance. Devant l’on distingue des statues, presque à l’angle de la rue Sydenham, dont celle noire du gouverneur qui a donné son nom à l’édifice. Les illuminations nocturnes donnent cependant une certaine grandeur au lieu.

People’s Park

Ce quartier s’est construit à l’emplacement d’une forteresse avancée à l’extérieur de fort st George. Comme George Town, il a été planifié. Ces projets d’urbanisme sont aujourd’hui perdus dans la ville moderne. La circulation, les destructions et reconstructions sauvages font en effet oublier la volonté d’une avenue de parade à la sortie de la gare bordée de rues plus commerçantes.

Ainsi le long de Sydenham, se succèdent les façades de maisons de la fin du XIXème siècle ornées de balcons, de toits terrasses (dit toit Madras même s’il s’agit essentiellement de toits terrasses ornés de balustrade). Le People’s Park a été englouti lors de la construction du stade Nehru. Il en reste une maigre bande de jardin. Même le zoo a été repoussé hors des limites de la ville pour faire face à la folie constructive. Les musulmans se rassemblent autour de la petite mosquée et ont fait de cette zone le cœur palpitant du commerce du cuir à Chennai.