Mumbai

Je vous propose aujourd’hui de partir à la découverte de Mumbai. Cette énorme cité de plus de 20 Millions d’habitants ne se découvre pas en un seul jour. Aussi je consacrerai une petite série avec des choix tout personnels pour vous faciliter la visite.

Victoria Station Mumbai

Si vous n’avez qu’un seul jour à consacrer à Mumbai, autant ne pas manquer l’essentiel. Le centre historique abonde en lieux remarquables, pour la plupart inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette zone, au sud de l’immense mégalopole, s’explore à pied ce qui vous évitera de chercher un taxi et rester des heures coincées dans l’effroyable circulation.

 Gateway of India et Taj

Gateway of India

Le bâtiment victorien de l’hôtel Taj et l’arche symbolisent une occupation coloniale révolue. La grosse porte commémorait à l’origine l’arrivée, en 1911, du prince de Galles, futur George V. Elle correspond aujourd’hui pour les Indiens au départ définitif des colons, en 1948. La foule est compacte le soir dans l’enclos qui entoure le monument, joyeux pastiche de l’arc de triomphe, d’une maison mauresque et d’influences Gujarati. De la pointe, on aperçoit la façade néogothique de l’ancien Yacht club établi en 1846, construit 35 plus tard et aujourd’hui occupé par le centre de recherche atomique. Bien que gâchée par la tour disgracieuse qui sert d’annexe à l’hôtel Taj, la meilleure vue est celle du ferry que l’on peut emprunter pour se rendre à Elephanta Island.

L'Hotel Taj

Oval Maidan

bâtimentsnéogothiques sur l'oval Maidan

La promenade architecturale sur l’Oval Maidan est un vrai musée à ciel ouvert. Construit sur une partie du Champ de Mars ou Esplanade, il reliait la zone du fort à celle de Church Gate et de la mer.

On découvre sur le côté Est de cette immense terre-plein herbeux, assez similaire au circus maximus de Rome, une succession extraordinaire de bâtiments néo gothiques. La Cour de Justice et l’Université illustrent l’inventivité et la diversité victorienne. Il y a là un véritable précis à faire frémir de joie John Ruskin, grand amateur des pierres de Venise.  Des escaliers en colimaçon tirés tout droit du Bovolo voisinent avec des vitraux typiques des cours de justice londoniennes ou des grandes universités britanniques. Au centre le grand clocher, Rajabaj Tower n’est pas sans évoquer les campaniles italiens ou les clochers gothiques de nos contrées.. L’homogénéité de ces bâtiments publics victoriens explique leur classement au patrimoine mondial de l’Unesco.

bâtiment de l'université de Mumbai, parfaite réplique du Bovolo de Venise
beffroi de l'Université de mumbai

L’autre côté du Maidan est occupé par des immeubles art déco. J’en reparlerai prochainement. Non loin du Maidan, la fontaine de Flore marque l’emplacement des murailles britanniques.

Horniman Circle

Horniman Circle Mumbai décrit un crescent très britannique

Du Maidan, on rejoint facilement à pied le port avec son impressionnante façade. On passe alors devant l’Eglise st Andrew et l’Oriental Building. On atteint enfin le superbe Horniman Circle. Celui-ci nous ramène dans le Londres de la fin du XIXème siècle. Avec ses immeubles qui suivent la courbe de la place arrondie, elle rappelle les plus belles créations urbanistiques anglaises.

société asiatique, facade néoclassique. Mumbai

La référence anglaise est poussée au bout avec le jardin central fermé d’une grille. Cette jolie place donne d’un coté sur l’ancien hôtel de ville, aujourd’hui société asiatique de Mumbai conçue à la base comme société littéraire. Ce bâtiment néo-classique juché sur un socle d’une trentaine de marches, affecte le style d’un temple grec. De l’autre côté de la place, la Cathédrale Saint Thomas propose, elle, un bel exemple néogothique. Elle s’inspire assez nettement de Ste Margaret, dans le quartier de Westminster à Londres.

Victoria terminus

Gare de Mumbai intérieur

Dans la même veine victorienne, la gare Chhatrapati Shivaji Maharaj Terminus, ex Victoria Terminus est un véritable chef d’œuvre. Ce bâtiment à l’ossature métallique ressemble à une cathédrale gothique. Le contraste avec la cohue le long des quais de cette énorme bâtiment industriel est saisissant. Le pastiche extérieur est incroyable. L’architecte n’a pas hésité à mêler la façade de Sainte Marie des fleurs à Florence à celle de Saint Pancras à Londres. Un joyeux mélange des genres rendu splendide grâce aux illuminations vespérales.

victoria terminus, le soir, Mumbai

Gangtok

Gangtok est la capitale actuelle du Sikkim.

Bâtie a flanc de montagne, elle serpente le long d’une grande rue qui s’élève de 1200 à 1700m. La circulation intense en bloque l’accès. Fait rare en Inde, un trottoir souvent couvert permet néanmoins de marcher. On peut alterner quelques découvertes à pied mais le gros de la visite se fait en voiture même pour les bons marcheurs en raison des distances et des montées.

La capitale du un ancien royaume

Capitale tardive du Royaume du Sikkim, Gangtok a conservé quelques bâtiments administratifs mais surtout de nombreux témoignages bouddhistes.

L’Institut tibétain permet de mieux comprendre la culture tibétaine et bouddhique. Le musée expose une collection donnée par la famille royale. On y découvre livres anciens, manuscrits sur le bouddhisme Mahayana, objets sacrés, superbes thangkas et statues. Réputé dans le monde entier, il est spécialisé dans les recherches sur les traditions, la langue et la religion tibétaine. Tout à côté, le Do Druk Chorten, permet de se familiariser avec chorten, moulins et drapeaux de prières.

Juste avant le musée et le monastère, le rope way ou télécabine relie au sommet de la ville. Des cabines, la vue sur la vallée et la ville est impressionnante.

– Le monastère d’Enchey, récent mais typique domine le Nord de Gangtok sur le chemin de Tsomgo Lake. Bien que datant de 1910 à la place d’un ermitage, il a beaucoup de charme et jouit d’une vue magnifique sur la chaine du Khangchendzonga.

Il fait bon marcher dans cette ville de montagne au charme résolument himalayen.

Devenue capitale du 22e état indien

Quelques temples hindouistes rappellent néanmoins que nous sommes bien en Inde. Ainsi le temple d’Hanuman, un peu à l’extérieur de la ville sur la route de Tsomgo lake. Référence à l’épisode où le dieu singe partit sur le monde Kailash, il est devenu un lieu de pèlerinage hindouiste très important.

Le temple de Ganesh (tok), plus petit, adopte un toit en pagode. Des drapeaux de prières le décorent.

Comme tout ville indienne, Gangtok témoigne d’une animation importante. Les vendeurs d’artisanat alternent avec les petits restaurants et cafés. A l’époque coloniale, des Népalais avaient été forcés de venir travailler dans les plantations. On les voit côtoyer des Limboos et Lepchas autochtones sur MG Margh, certainement l’une des avenues piétonnières les plus agréables d’Inde. Contrairement à beaucoup de villes du sous-continent Gangtok jouit d’une vraie zone commerciale piétonne. Des cafés ravissants et des restaurants excellents voisinent avec des établissements plus modestes et traditionnels. Les piétons arborent des tenues très occidentales, jeans et gilets noirs, loin des saris colorés du sud. Un vrai dépaysement que ces rues piétonnes, coquettes et peu bruyantes.

Peu bruyant également et peu odorant, mais coloré et bien fourni, le marché Lal propose ses étals dans un immeubles de 4 étages sans prétention. Bien qu’intérieur et sur plusieurs niveaux il n’ a rien d’un supermarché. Les stands proposent churpi (fromage de yak traditionnel impossible à mâcher), légumes appétissants, fruits issus de l’agriculture locale bio, épices ou accessoires de cuisine dans un cadre qui rappelle un peu les marchés de Trajan à Rome.

étal de churpi, le fromage de yak immangeable quand il est dur

Gangtok la porte de l’est du Sikkim

A la sortie de Gangtok, la nature prend le dessus avec de belles cascades et un panorama à couper le souffle. On l’admire notamment depuis Tashi Point. Puis la route continue vers Tsomgo lake et Nathu la Pass, à la frontière du Tibet. Elle suit l’antique chemin de la soie entre Chine et Inde, entre Lhassa et le Bengale. On y vendait du thé chinois, de la soie, des bijoux indiens et des chevaux. Au début du XXème siècle 80% du commerce entre les deux géants s’y faisait encore. Tout cessa avec les conflits frontaliers après 1962.

La route en lacets monte au travers des camps militaires et des petits villages himalayens. Car la frontière seulement réouverte depuis 2006 est extrêmement militarisée. Les paysages y sont extraordinaires. On passe des bambous, habitat privilégié du panda roux aux rhododendrons. Ils entourent le lac Tsomgo autour duquel on peut marcher et duquel part une télécabine. On triche ici pour atteindre 4000m sans grand effort. Au-delà de cette altitude, les paysages deviennent austères et dénués de végétation. Si le permis pour se rendre au lac est facile à obtenir, les étrangers ne peuvent pas dépasser ce point et se contentent de regarder la frontière à une dizaine de km et plus de 1000m d’altitude.

Kalimpong

 Considéré comme district depuis 2017 seulement, Kalimpong a vu sa population et son activité décupler ces dernières années. Constructions et jolis petits cafés se multiplient.

A l’origine, il s’agissait d’un petit village de montagne sur la route du Tibet. Dépendant du Royaume du Bhoutan, il fut vite annexé par les Britanniques en 1865. Dans la foulée, des missionnaires écossais s’y installèrent.

On retrouve le même schéma à Kurseong nichée dans ses collines à thé parsemées de pins. Mais si Kurseong se destinait à la culture du thé, Kalimpong s’orientait davantage vers les fleurs. On trouve encore de nombreuses pépinières d’orchidées, glaïeuls, roses ou gerberas autour de la ville.

Située à plus de 1500m de hauteur, les deux stations attiraient les planteurs britanniques fatigués par l’écrasante chaleur des plaines du sud et de la capitale du Raj, Calcutta. Aujourd’hui à nouveau, les deux villes attirent la bonne bourgeoisie citadine en quête d’un peu d’air frais.

L’empreinte britannique

On retrouve la trace britannique notamment dans les églises protestantes et dans de nombreuses villas.

 Les hauteurs de Kalimpong correspondent encore aux jolis quartiers prisés par les colons. Certains d’entre eux habitaient Morgan’s House ou Crookety dans les années 1930. Ces deux belles villas art déco se sont transformées en hôtels boutique et sont inaccessibles au pékin moyen. Morgan’s House jouxte d’ailleurs le golf, autre héritage anglais. Malgré la profusion de ces cottages au charme suranné, voire d’hôtels remontant à l’empire tels le Sterling ou plus chic, le Elgin, il s’avère difficile voire impossible d’accompagner le thé local d’un scone, quel dommage !

Plus intéressant encore, de l’autre côté de la ville, dr Graham’s home est devenu une école. On peut se faire déposer tout en haut de Deolo Hill. Un parc très agréable occupe le sommet de la colline. On y trouve également un Science center, un jardin botanique et un technology center. De là, on peut redescendre à travers les constructions de ce phalanstère construit par le missionnaire écossais et philanthrope. Le dr Graham, voulait donner la chance d’une éducation aux enfants métis Les nombreux bâtiments qui entourent l’église commémorant sa femme Katherine, servent aujourd’hui d’école huppée.

L’église McFarlane atteste également du culte protestant et domine de sa haute silhouette néogothique bleue le centre de la ville.

Kalimpong, ville de montagne

C’est que le centre de Kalimpong lui reste attaché à ses racines tibéto népalaises. Le marché montre que Kalimpong fait maintenant partie du Bengale et de l’Inde. L’atmosphère agitée, la saleté, la circulation nous rappellent que nous avons laissé derrière nous la frontière du Sikkim (à Rangpo).

Néanmoins, les pulls et bonnet mais aussi les stands de fromage parlent d’une région montagneuse.  On trouve des drapeaux de prière, des thangka (image) bouddhistes, les objets en argent, des couteaux Lepcha, des Khukaris (armes) népalais, des masques bouddhistes tibétains  Le churpi s’y vend. Il s’agit d’un fromage de yak tellement dur qu’il convient de le garder des heures dans la bouche pour espérer l’amollir. Mais on trouve également une curieuse spécialité locale bienvenue pour les Français le fromage de Kalimpong Introduit par un jésuite suisse. On peut notamment l’acheter chez Larks et dans les magasins alentours. L’épicier, un monsieur âgé, pèse avec émotion le fromage introduit dans la boutique par son grand-père.

Une forte empreinte tibétaine

L’héritage tibéto-népalais survit néanmoins essentiellement dans les lieux religieux. Kalimpong compte certes des églises, des temples hindouistes (comme le spectaculaire Mangal Dham). Cependant, les monastères bouddhistes restent les plus spectaculaires dans la ville. On peut attaquer par le Monastère Durpin dan un très beau paysage dominant le Kanchenjunga On y voit des petits bonzes sortant de cours pour admirer les matchs de foot. Ces mêmes petits bonzes se pressent sur les bancs du grand monastère école Sakya.

Non loin de celui-ci, le magnifique Tharpa Choeling Monastery se visite. Outre les cellules, le temple lui-même et la fantastique statue de bouddha domine la ville, un petit musée expose des objets du quotidien, des photographies et autres thangka. Le Thongsa est le plus ancien de la région il date de 1692.

On peut compléter la visite de cette agréable ville en passant devant la maison du Bhoutan, résidence temporaire de la reine du Bhoutan en Inde et se rendre dans la Neora Valley Park pour des marches magnifiques.

Enfin peu connu mais tout à fait extraordinaire le Musée Lepcha, se niche derrière un petit chorten. Il y a ici une sorte de concurrence entre le temple aménagé en musée (du chorten) relativement documenté et le petit musée privé au 1er étage d’une maison en mauvais état et offrant des dortoirs aux enfants lepchas pauvres. Le propriétaire des lieux, fils du fondateur, vous explique la vision de son père et leur lutte pour préserver un témoignage de ce peuple autochtone au Sikkim mais trop méconnu.

Darjeeling

Le nom de Darjeeling fait rêver. On imagine des champs et des tasses de thé, un train pittoresque, des paysages de sommets enneigés. Puis on commence à se documenter et l’on ressort perplexe. Car Darjeeling est aujourd’hui la base arrière de Calcutta. La foule et la saleté semblent s’y bousculer.

Les commentaires abondent sur l’incurie et les effroyables embouteillages. Cependant depuis 2022, la ville a changé vers le mieux ! Des arrêtés municipaux interdisent les ordures et le ramassage s’organise peu à peu. Reste le problème des encombrements difficiles à résoudre dans une ville qui qui s’étire sur une crête et le long d’une route  étroite et pentue. Pourtant, Darjeeling a gardé un charme anglais tout en restant résolument népalaise.

Capitale du thé anglais

Le petit hameau se transforma en une sorte de ville frontière dans les années 1840. Il accueillait alors des européens en rupture de ban, des indépendantistes tibétains. S’y trouvaient également des Chinois, des espions, et des Anglais prêts à y introduire des graines chinoises de thé. Le Docteur Campbell fut le premier à les planter dans son jardin. Depuis, près de 90 plantations se disputent l’appellation Darjeeling. Certaines se visitent avec plus ou moins d’intérêt. On peut également déguster les prestigieuses feuilles récoltées à différents stades de l’année dans les nombreux et ravissantes maisons de thé.

Autre témoignage colonial, les nombreux cottages et l’architecture religieuse, comme l’église st André. Des banques, bâtiments administratifs, horloge rappellent aussi la présence britannique. Tout comme les pâtisseries emblématiques Glennary and Kernegen. Le thé s’y sert dans de ravissantes théières en argent sans lait (réservé à l’Assam) et s’y accompagne de petits gâteaux et sandwichs.

Le joli jardin botannique Lloyds constitue  une autre délicieuse pause anglaise . La grande serre et les parterres ne sont pas sans rappeler Kew Garden en petit.

Encore un souvenir anglais bien plaisant et peu commun dans une ville indienne. Darjeeling est une ville où il fait bon marcher. Des trottoirs bordent les rues et une magnifique promenade depuis la place principale le Chowrasta et le plateau piétonnier autour de la rue Nehru offre des vues fantastiques sur le Kandchenzunga, troisième sommet du monde et plus haut sommet indien. Cela vaut le coup d’y aller tôt le matin (vers 6h) pour contempler les locaux en plein jogging, exercices physiques voire séance de zumba face aux cimes enneigées.

Darjeeling,Ville himalayenne

Malgré l’héritage anglais, Darjeeling reste à 80% népalaise. On y mange des momos le long des marchés animés qui bordent les rues en pente raide. Les magasins vendent bottes et gros pulls et les riverains arborent des bonnets tricotés. Bâtie le long de crêtes entre 1 800 et 2 800 mètres d’altitude, la ville est toute en étages. Ses ruelles se rejoignent par des escaliers abrupts. Dans la ville basse, non loin de la gare, le marché Chau est énorme mais calme, comparé aux autres villes indiennes.

La ville haute reste plus élégante. Elle était jadis réservée aux plus belles demeures britanniques. On y trouve les jolies promenades et les bons hôtels. Au sommet de la ville, le Mahakal temple présente un étonnant syncrétisme de traditions bouddhistes et hindoues avec ses drapeaux tibétains ornant le sanctuaire de Shiva.

Le centre de réfugiés tibétains, crée en 1959 permet à de nombreux Tibétains exilés de vivre dans le respect de leur culture. On y trouve aujourd’hui une école, un hôpital, un gompa. Un centre commercialise des objets d’artisanat. Pour compléter ce panorama tibétain, le musée se trouve derrière l’Horloge, dans le centre de la ville.

Une manière amusante de se rendre à Darjeeling ou d’en partir consiste à emprunter le petit train de l’Himalaya instauré en 1878 par les ingénieurs britanniques. Néanmoins il roule à 12km et il vous faudra plus de 7h pour relier Siliguri à 70km. Mieux vaut opter pour un petit trajet dans ce pittoresque train (Ghoom ou Kurseong) et en admirer les prouesses constructives.

Que voir quand on ne vient que quelques jours

Les touristes se rendent en procession au lever du soleil sur Tiger Hill. Les locaux eux profitent des vues du Chowrasta. Les tours opérateurs et taxis offrent des boucles avec plusieurs arrêts. Celle proposant le magnifique lever de soleil sur Tiger Hill (à 14km de Darjeeling et 2600m d’altitude) opère entre 3.30 et 6,30 du matin et vous permet de vous rendre au monastère de Ghoom où se situe également la fameuse boucle ferroviaire destinée à affronter un dénivelé impressionnant.

Si vous préférez échapper à ces circuits quasi obligatoires et à la foule et que marcher ne vous rebute pas, en dehors de Tiger Hill et Ghoom, tout peut se faire à pied. A commencer par le fantastique zoo et l’institut de l’Himalaya. Ce dernier retrace les différentes expéditions himalayennes au travers de coupures de presse, photos, échantillons et matériel utilisé au fil des années pour les ascensions, et notamment les expéditions vers l’Everest. Fondé en 1954, un an après la première ascension de l’Everest, il évoque les hommes et leurs aventures. Cours d’escalade, films et démonstrations complètent le parcours.

Le zoo lui vise à protéger et assurer la survie des espèces. On y voit donc uniquement des espèces himalayennes et elles sont particulièrement bien nourries et ont un pelage magnifique. Parmi les stars, le panda roux et l’ours de l’Himalaya mais aussi le tigre du Bengale.

Bengalore bis

La semaine passée je vous ai emmené à travers les jardins de Bengalore. Cette fois ci je voudrais vous montrer les monuments de la ville même s’ils ne sont pas aussi réputés que les Palais du Rajasthan. Une fois de plus, cette liste n’est pas exhaustive et correspond à mes goûts et mes coups de cœur.

Le palais de Tipi Sultan

Bien que moins impressionnant que le palais du même Tipi Sultan dans la campagne de Shrirangapattana, son palais d’été vaut la peine . Bengalore n’était en effet pas une ville au XVIème siècle mais jouissait déjà de températures clémentes dues à son altitude sur le plateau du Dekkan. Complètement symétrique, construit en bois, le Palais donne une belle idée du raffinement de ce sultan. Les peintures ont quasi disparu. Cependant ce bâtiment indo-islamique aux grosses colonnes de tek conserve un air de noblesse.

Le fort et le marché

Tout près du Palais de Tipi Sultan, on peut se rendre à pied vers le fort. C’est l’un des agréments de Bengalore que de pouvoir emprunter les larges trottoirs pavés sous des températures supportables pour se rendre d’un lieu à l’autre. La ville a réalisé un véritable travail de restauration et a balisé joliment les lieux importants. En l’occurrence, il existe même un circuit pour relier le palais, le fort et les édifices d’intérêt. Du fort, il ne reste que quelques murs et la base d’une tour, dont on suppute qu’ils ont été reconstruits. Que subsiste-t-il vraiment de la construction du XVIe s mystère. Le fort se trouve dans un jardinet, heureuse oasis dans une rue assez bruyante. En face, on voit la belle façade palladienne d’un Institut pour jeunes filles et l’hôpital pour enfant en pierre de style néoclassique, lui aussi derrière un jardin.

 En continuant la rue, la circulation s’intensifie pour devenir folle. On atteint alors le marché. Une structure ancienne coexiste avec une sorte de halle moderniste débordante de couleurs et d’odeurs. Le marché aux fleurs au centre des allées est particulièrement spectaculaire.

Les bâtiments officiels

La majeure partie des bâtiments officiels entoure le parc Cubbon.

 Vidhan Soudha, le Parlement, est un énorme bâtiment de pierre à coupole. Il emprunte à l’architecture sarracénique (les coupoles), à la grandiloquence coloniale. Il rappelle aussi, par ses piliers, l’héritage dravidien.

St Marks Cathedral de style néogothique a conservé beaucoup du charme de l’époque coloniale. Un jardinet l’entoure et mène à Church street à travers un magasin de meubles et une galerie . C’est l’une des zones commerciales animées de la ville.

 Attara Kacheri (cour de justice) est un énorme ensemble de structures néoclassiques peinturlurées en rouge pour imiter la brique coloniale.

On retrouve le même style de l’autre côté du parc dans les musées. Ces palais coloniaux abritent la galerie de peinture et le Musée public. Actuellement en restauration, il vaut mieux en vérifier l’ouverture au public. Sur la même rue, à quelques mètres, le musée de l’industrie et des technologies attire des foules.

Le Mayo hall, lui, se dresse derrière un hôpital non loin de Brigade et Church street. Si vous avez 10mn à tuer dans le quartier, ou si vous passez devant vous pouvez y jeter un œil. Mais cela ne vaut pas le coup de faire un détour pour vous y rendre. Pareil pour l’emporium Cauvery, vanté comme le grand magasin local. S’y vendent des objets d’artisanat du coin comme on en trouve dans les aéroports, les gares.

Le Palais de Bengalore

Bien que fort connu et vanté, le Palais de Bengalore ne me parait pas indispensable à visiter loin s’en faut. En effet, l’entrée est chère et en guise de palais, vous verrez une maison Tudor peinte de manière criarde et décorée d’objets façon foire du trône au début du XXe siècle. Néanmoins, le jardin est agréable on se croirait en Angleterre. Si vous êtes véhiculés cela peut valoir le coup de venir voir le palais de l’extérieur.

Art Deco Chennai

On trouve l’art Deco dans de nombreux lieux à Chennai. Il a investi les quartiers lotis dans les années 1940 ou 50. A la différence des autres styles architecturaux, néogothique, indo sarracénique voire palladien, il n’est pas inspiré par les Anglais.

L’art Deco à Chennai, un developpement tardif

Contrairement à la France, son berceau entre les deux guerres, l’art Deco touche l’Inde et Chennai en particulier tardivement. Il aborde dans les ports, Chennai, Bombay et Calcutta seulement dans les années 1940. Il vient alors des Etats Unis et emprunte au continent américain des symboles ou formes inconnues en Europe. Ainsi la rose iribe, motif typiquement parisien des années 1920 ne s’y voit pas. En revanche les images plus géométriques, inspirées par l’automobile, empruntent largement à l’iconographie américaine, comme les triglyphes.

Les lignes modernes s’intègrent dans des quartiers nouveaux en attente d’urbanisation. Souvent, la maison est construite mais dans l’attente d’infrastructures qui peinent à arriver. Routes, parcs voire système d’adduction d’eau tardent le plus souvent.

L’art Deco se manifeste à Chennai par des lignes simples et géométriques. Mais aussi des escaliers, des piliers, des porte à faux  et des grilles. On le trouve  dans les quartiers de Royapettah, Mount Road ou Thyagaraja Nagar, Bose Road, Parry’s corner, CIT Colony, Gandhinagar,Mylapore. Il vise la modernité dans les espaces , comme les salles de bain ou cuisines souvent rejetées vers le fond. Cette modernité concerne aussi les matériaux utilisés, béton armé, motifs préfabriqués, grandes vitres. Elle est à l’origine de formes et motifs. Comme des formes de paquebot, sobres bandeaux de couleur unie, porte à faux, bâtiments d’angle arrondis.

Bien que tard venu, l’Art Deco se développe sur une bonne vingtaine d’années à Chennai. Il finit par toucher une clientèle de plus en plus populaire et par « indianiser » les motifs. Aux parapets et piliers géométriques va s’ajouter le motif local du soleil levant dans le jalis. Le jalis, cette dentelle de pierre, remonte, elle, à l’architecture moghole.

Une clientèle privée à la composition familiale particulière

L’une des premières constructions art Deco de Chennai  est l’horloge de Royapettah. Elle date des années 1920.

En général, l’art Deco à Chennai concerne davantage les résidences privées que les édifices publics. En dehors de quelques rares sièges manufactures, banques ou assurances, il s’adresse essentiellement à une clientèle privée. Il est pourtant apparu tout d’abord dans les théâtres et cinémas. Mais ceux-ci ont souvent disparu.

En revanche, la clientèle aisée des années 1940 se faisait construire des maisons sur des parcelles dans des faubourgs ou quartiers récemment annexés. Le modèle constructif correspond le plus souvent au bungalow. Cette maison individuelle s’inspire de la maison précoloniale traditionnelle du Bengale d’où son nom. Popularisée par les militaires pour son caractère pratique, elle se dresse en général au centre d’une parcelle. A la base, il s’agit d’une maison de plain-pied. Elle sera souvent rehaussée voire agrandie avec le temps. Elle s’orne assez régulièrement d’un toit terrasse, d’un porche ou d’une loggia

A Chennai, l’art Deco s’adapte aux contingences locales dans les quartiers nouveaux marqués par la croissance urbaine. Il correspond également à un modèle familial particulier. Contrairement à la cellule nucléaire occidentale, le noyau indien repose sur la « famille jointe ». Les grand parents coexistent avec les enfants, frères et sœurs et petits enfants. Des maisonnées complexes s’articulent souvent autour d’une grande cuisine et d’une grande pièce commune. Chaque génération bénéficie ensuite de son espace. 

L’Art Deco en danger à Chennai

Dans les années de gloire, l’art Deco exprimait une défiance face a la couronne britannique. Peu courant en Angleterre en effet, il tranchait courageusement avec l’esthétique établie par les architectes de la couronne. Les bâtiments coloniaux affectaient en effet les styles palladien, néo gothiques ou encore indosarracénique . Lors de mes visites londoniennes, j’avais rendu compte d’une rare construction art Deco dans la capitale britannique. L’art Deco, venu en Inde par le truchement des Etats Unis, reflétait en revanche les aspirations indépendantistes des « freedom fighter ».

Aujourd’hui hélas, un grand pourcentage de ce magnifique patrimoine se détériore. Les propriétaires historiques sont soit morts, soit trop âgés pour entretenir leurs demeures. Souvent issus de familles huppées, les enfants sont souvent partis faire leurs études au loin. Emigrés en Grande Bretagne ou aux Etats-Unis, ils n’en sont pas toujours revenus. Les maisons ne sont plus toujours entretenues et se voient souvent soumises à des destins malheureux. Dans le meilleur des cas, celui où la famille est restée à peu près au complet, elle a jugé plus simple de détruire la vieille demeure art Déco pour lui préférer un immeuble familial où chaque génération occupe un étage.

Certaines maisons, en ruine, sont démantelées et offertes à des promoteurs immobiliers peu soucieux de préservation. D’autres, décrépies, finissent par s’écrouler complètement. D’autres encore, ont subi de tels agrandissements ou restaurations abusives qu’elles n’ ont rien conservé de leur gloire passée. Malgré les efforts de quelques propriétaires ou d’associations, rares sont les joyaux art Deco à nous parvenir en bon état. Il faut souvent traquer le pilier qui indique la limite de la propriété d’antan, le parapet, ou la tour centrale verticale parfois rhabillée, voire  le nom gravé du premier propriétaire pour se souvenir de ces splendeurs passées.

Udaipur pratique

Avant de partir à Udaipur, nous n’avons pas trouvé de guide pratique. Les blogs ne donnaient pas suffisamment de précisions pour organiser nos visites. Nous sommes donc arrivés la fleur au fusil et avons acheté un petit livre une fois sur place. En dehors de liens d’affiliation, nous n’avions en effet rien trouvé pour nous aider à organiser le voyage. Voici donc quelques indications pour vous faciliter le séjour dans cette jolie ville.

Arriver à Udaipur, quelques conseils pratiques

Udaipur se découvre souvent dans le cadre d’une visite large du Rajasthan, voire du classique triangle d’or.  Les visiteurs viennent dans ce cas souvent en voiture avec chauffeur. Cette option reste facile et pas trop onéreuse en Inde. Il est de toute façon inenvisageable de conduire pour un Européen, qui plus est pour une durée limitée. La circulation est trop chaotique et anxiogène pour l’envisager lors d’une visite de découverte ou de détente.

Une autre option consiste à arriver en avion. L’aéroport est loin de la ville (1 bonne heure) . Le mieux est de prévoir un taxi prépayé. Sur la route, on passe par zinc city. La richesse de la ville repose en effet sur l’extraction de ce métal, sur les carrières de marbre mais aussi sur le tourisme.

Enfin, On peut prendre le bus. C’est plus folklorique mais les arrêts sont aléatoires. Il vaut mieux charger l’appli, voyager léger et être sportif . Car le bus n’attend pas et il faut parfois monter ou descendre au vol. Le trajet entre Jodhpur et Udaipur dure 5h. Selon le prix , le confort varie. Un bus climatisé garantie un voyage assis et relativement confortable.

Près de la gare ferroviaire et routière un hôtel très propre avec un personnel adorable, le Raghunandam Palace. Je le répète je ne gagne rien sur ce site et refuse les liens d’affiliation et lorsque je donne des adresses, c’est que je les ai essayées et appréciées.

Visites de Udaipur, quelques conseils pratiques

Nul n’est besoin de guide dans cette ville relativement petite mais très lisible. Elle remonte au XVIe siècle ce qui permet de dater rapidement les édifices.

Le superbe Palais se voit de loin et les principaux temples se trouvent le long de la voie royale. Au Palais, la belle muséographie et les nombreux cartels permettent de se repérer aisément le long d’un itinéraire fluide.

Pour faire le tour du Lac Pichola, il suffit de repasser dans la première cour du palais juste à côté du joli restaurant (dans lequel vous pouvez gouter cette spécialité du nord le jus de mangue verte). Devant une grande grille, la billetterie vend des sésames pour les fastueux appartements privés (et le trésor) du Palais royal. Avec en prime la collection de cristal proprement ahurissante. Cette billetterie délivre également les tickets pour les bateaux. Une fois le billet acheté, il suffit de suivre la route en lacet en descente puis de gagner les chaises dans le jardin au bord du lac. Les bateaux passent régulièrement et partent dès qu’ ils sont remplis. Ils vous ramènent à peu près au point de départ.

Vous pouvez aussi accéder au Palais et à l’embarcadère depuis l’autre entrée du Palais royal près du temple de Ganesh. Les bateaux ne s’arrêtent que sur l’ile et l’Hotel Jagmandir avec 20mn d’attente entre chaque bateau, le temps de visiter les toilettes et déguster une glace.

La ville ancienne est suffisamment ramassée pour s’y déplacer à pied.

Dormir à Udaipur,

Je vous conseille de laisser de côté les hôtels classiques et de préférer les palais ou les Havelis pour profiter pleinement de la magnificence du Rajasthan.

Le Chunda palace est grandiose, ambiance Maharadja garantie, chambres kitchissimes, personnel adorable, magnifique piscines intérieure et extérieure, terrasse idéale pour diner ou déjeuner en tète à tête dans de petites tourelles de contes de fée dominant le lac. Une impression de luxe et d’espace rare.

On peut préférer le Ambet Palace plus proche du centre, très beau, plus colonisé par les touristes. C’est un superbe hôtel boutique. Doté d’un magnifique restaurant Ambrai avec très belle vue sur le palais depuis la terrasse, très fréquentée.

Pour ceux qui disposeraient d’un budget à rallonge, le plus luxueux est a priori l’Oberoi qui colonise les bords du lac dans un parc sublime. Avec le risque de tous les palaces en Inde, les grands mariages.

Toujours pour les visiteurs en recherche de luxe, le Taj sur sa petite ile privée. Pour le reste, la vieille ville abonde en petits havelis plus ou moins équipés, rénovés. Ne croyez pas au Père Noël, la vraie bonne affaire ne court pas les rues et l’Inde n’est pas la Thaïlande. L’hôtel bon marché est forcément plus basique. Attention également aux « reviews ». Les commentaires émanent souvent des proches de l’aubergiste et les critères des voyageurs indiens ou Anglo saxons ne sont pas toujours ceux des Français.

Manger à Udaipur

Les jolies terrasses en hauteur qui pullulent dans la vieille ville ne sont pas bien juste parce qu’elles sont notées par les guides traditionnels ou les instagrammeurs. Elles sont juste photogéniques et souvent conformes au goût européen. Si vous n’avez pas envie de sandwich club ou de « velvet cake », n’hésitez pas à vous aventurer et goûter des plats vraiment locaux. Les cuisiniers sont habitués aux touristes et capables de moduler les épices. Il coûte souvent moins cher de prendre un repas rajasthani dans une jolie cour arborée qu’un simili hot dog ou une sucrerie pseudo occidentale. De la même manière, l’eau de coco fraiche est une alternative saine, hygiénique, locale et environnementale au coca.

Décembre à Mars sont des mois très touristiques, encore une pointe en avril pour le festival de Gangaur,  puis le tourisme décroit ainsi que les prix, mais la chaleur, elle, monte. Cette fête haute en couleurs célèbre les épousailles de Shiva et Parvati et le bonheur marital. C’est aussi la fin de l’hiver avec des idoles portées en procession  bruyante vers les embarcadères.

Udaipur insolite

Aujourd’hui je vous propose de découvrir un Udaipur plus insolite. La semaine dernière je vous ai fait découvrir les indispensables de la ville, à savoir le Palais, le lac Pichola et la vieille ville. Si vous disposez de plus d’un jour et que vous n’en souhaitez pas forcément faire une visite traditionnelle, voici quelques idées.

Verdure et fraicheur Lac fateh Sagar

Vous pouvez vous aventurer un peu plus loin que le lac Pichola. La ville tend d’ailleurs à s’urbaniser de plus en plus loin. Néanmoins le lac Fateh Sagar reste encore relativement peu construit. On y accède au-delà d’un quartier résidentiel et d’un beau parc. Des zones de cabotage dont raffolent les Indiens permettent de relier l’une des quatre iles et notamment l’ile Nehru. Le boulevard est longé de parcs. Mais si la foule indienne en délire ne vous fait pas fantasmer, depuis l’embarcadère vous pouvez facilement marcher jusqu’à la jolie promenade au milieu du lac (Pal ou Fateh Sagar Pal) avec de jolies vues depuis des petits belvédères ouvragés. (chhatri du 19e). Elle permet d’observer (voire de rejoindre là-haut dans la montagne) le Palais de la Mousson, observatoire d’où étaient calculées les moussons.

Depuis la promenade et l’aquarium au travers d’un quartier résidentiel nouvellement construit on accède au magnifique parc.

Saheliyon ki Badi Garden, un beau jardin d’Udaipur insolite

Ce parc privé regroupe des jardins royaux. Situé près du lac et de ses embarcadères il remonte au 18eme siècle. Il était réservé à la reine et ses filles et cousines. Reconstruit il s’enorgueillit de bassins. Il est admirablement entretenu et c’est un plaisir de profiter des jeux de fontaine et des parterres. Enfin un lieu où se promener.

Cénotaphes royaux et zone archéologique

Un peu à l’extérieur de la ville (3km) et mal entretenus vous trouverez quelques monuments d’Udaipur insolite. Il s’agit des cénotaphes royaux et du cimetière Ahar,  

 On ne peut guère entrer dans l’enclos mortuaire. En revanche on peut le contourner et admirer la variété architecturale des quatre siècles durant lesquels ces mausolées musulmans ont été érigés.

Le long de ce cimetière royal, un bassin à crémation royale (Gangaudbhav Kund). Ce lieu est étonnant car il est considéré comme vivant. Les pèlerins y déversent des offrandes. Les gamins s’en offusquent et montrent aux adorateurs récalcitrants les panneaux demandant de retreindre les offrandes alimentaires dans l’eau. C’est qu’il se rafraichissent dans l’eau et sont très conscients de la pollution apportée par ces miettes malvenues. De petit sanctuaires et un temple à Shiva alternent avec les bassins dans ce lieu fréquentés par de très rares touristes.

La route mène pourtant au tout neuf musée archéologique (Ahar Museum) érigé à même un site chalcolithique sur un mound. Outre les poteries remontant au 2e millénaire avant notre ère on peut y admirer des sculptures qui s’étagent entre les 8e et 17e s.

Si on tourne le dos à ces sites pour revenir vers la vieille ville on voit, à main gauche, un énorme temple jain. On discerne en revanche à peine sur la droite, cachée par la végétation, une extraordinaire Gopuram du 10eme siècle magnifiquement sculptée (Bhaktimati Meera Bai Temple). Cela vaut le coup de passer/ pousser la barrière pour s’aventurer dans les décombres. Les sculptures y sont en effet merveilleuses et datent de la période préislamique. Le monument adopte le style Maru Gurgjara avec des murs très sculptés sur un socle haut.

Des voitures et de la verdure près du centre ville

Plus dans le centre-ville , d’autres visites de Udaipur insolite.

Vous pouvez commencer par vous balader dans Bapu Bazar peut être moins touristique que celui de Jaipur mais vraiment local. C’est là que les locaux mangent et vous y trouverez de nombreuses et bonnes spécialités.

Regagnez alors le musée de l’automobile (voitures anciennes) pas forcément pour le visiter mais pour admirer sa structure art deco, rare à Udaipur.

 De là, vous pourrez faire une petite halte dans le Garden Hôtel et gagner le parc Gulab Bagh. C’est un grand parc d’époque coloniale. Des Anglais, subsiste le Victoria Hall musée transformé en bibliothèque On y voit des puits (Baori) il y en a 3 importants mais moins spectaculaires que les réservoirs à degré de Jaipur ou Jodhpur . Le Naulakha Baori, le Kamal Talal Baori Kuttewalli Baori. Ils attestent néanmoins du système souterrain de conservation de l’eau, si nécessaire en ces territoires arides…on traverse alors le parc pour regagner la sortie coté palais royal devant le petit temple de Ganesh. D’ici on peut accéder à la porte du Palais (Pol), rentrer dans le palais ou prendre ses billets pour caboter dans le lac

Du jardin, on gagne aussi la vieille ville d’Udaipur. On peut la traverser pour regagner les ghâts et notamment le magnifique musée tout près du Gangaur Ghat.

Un air de Grand canal vénitien

Le musée Bagore ki haveli présente d’étonnantes collections de turbans, jeux,  vêtements. C’est une vraie découverte même hors saison de festival. Evidemment si vous pouvez caler cela avec les festivités de Gangaur cela devient grandiose mais le musée avec ou sans spectacle vaut vraiment le coup. D’abord parce qu’il permet de visiter un ensemble de maisons anciennes magnifiques et intelligemment rénovées. Les collections évoquent les traditions, d’hier et d’aujourd’hui. On y comprend mieux le déroulé d’un mariage, Cerise sur le gâteau, les vues sur le lac donnent l’impression de se trouver dans un palais vénitien sur les bords du Grand canal. Bref un vrai bon moment loin de la foule.

Udaipur

Les incontournables d’Udaipur

Il n’est pas forcément facile de se rendre à Udaipur et c’est bien dommage car la ville est splendide. Alors, voici les immanquables à mon sens. Si vous n’avez que quelques jours à disposition et que vous voulez vérifier sur place les belles images de Octopussy, ce James Bond un brin vieillot des années 1970, voici quelques idées.

C’est une ville relativement récente, fondée au XVIème siècle. Elle conserve son esprit musulman. Relativement petite selon les standards indiens, (600 000 hab), vous pouvez vous passer de guide et de chauffeur. Vous vous concentrerez dans un premier temps sur la vieille ville et les bords du lac Pichola.

Le fantastique Palais, incontournable d’Udaipur.

Il faut compter près de 3 heures le temps de déambuler dans les salles du City Palace. Même si vous esquivez l’armurerie, pourtant admirablement présentée ce qui en Inde est suffisamment rare pour être souligné, le palais  de la dynastie Mewar est énorme.

On commence par l’aile consacrée aux hommes avec ses salles aux murs incrustés de pierres semi précieuses, ou de miroirs et de verres colorés, grande spécialité locale. Les pièces s’articulent autour de tours aux admirables points de vue sur les lacs. L’ensemble est particulièrement bien entretenu.

Le Zenana ou harem ou aile des femmes est moins spectaculaire mais présente la condition de la femme enclose derrière les hauts murs. Il mène à une section muséale consacrée à l’histoire de la ville, de la dynastie régnante mais aussi à une collection d’objets en métaux parmi lesquels d’exceptionnels palanquins en argent.

Pour ceux qui trouveraient la visite insuffisante, une petite partie gouvernementale du musée se trouve tout près de l’entrée des appartements royaux sur la gauche. Autour d’un délicieux jardin, cette section payante en plus mais des clopinettes, abrite un musée à l’indienne. En effet, les galeries n’ont pas vu un coup de chiffon depuis le départ des Anglais…pour autant des miniatures mogholes fantastiques valent d’affronter la vétusté.

Juste à la sortie du Palais, beaucoup plus chers, les appartements royaux ruissellent d’argent, de perles en tous genres etillustrent la notion de kitch.

Le lac Pichola

Autre grand incontournable des visites de Udaipur, le tour du lac Pichola. Car l’originalité d’Udaipur est sa construction sur un système de lacs artificiels.

 Nous avons un peu ramé c’est le cas de le dire pour comprendre comment le faire. Pour autant, c’est une chouette excursion qui permet d’aborder les ghats (embarcadères) depuis l’eau. Les petits bateaux accommodent une quinzaine de personne et partent dès qu’ils sont remplis. Leur cadence varie entre 20mn et 1h selon l’affluence. Ils partent du parc du Palais remontent vers le Gangaur Ghat. Juste avant l’entrée du Palais, il suffit de traverser la grande grille ouvragée et d’acheter son billet pour les bateaux ou les appartements royaux.

De l’embarcation, on jouit d’une jolie vue sur le temple Mohan construit sur un petit ilot juste en face. Puis on passe le long du tout petit Hanuman Ghat et on longe le Ambrai Ghat en pointe, avec son jardin fatigué. Les bateaux contournent alors l’ile occupée par l’hôtel Taj. Le complexe s’appelle Lake Palace et seules des petites embarcations privées liées à l’hôtel y accostent. Inutile d’imaginer le visiter si vous n’y logez pas. Vous ne verrez donc pas Vous ne verrez donc pas Roger Moore puisque c’est au Raj que se situe une partie d’Octopussy.

En revanche une halte est proposée à l’hôtel Jagmandir. On peut en profiter pour prendre une consommation, visiter le joli petit musée ou se promener dans les jardins, très plaisants. Au retour, les petits esquifs vous ramènent là où ils vous ont pris en charge.

La vieille ville d’Udaipur

Au retour de cette excursion en bateau, la chaleur est un peu tombée et il est possible de visiter la vieille ville à pied. Poussiéreuse et encombrée, celle-ci ressemble assez à une Medina proche orientale. Les ruelles tortueuses regroupent les petits métiers par corporations.

Peu de blogs ou de sites dissertent sur ces balades mais un petit livre bien fait donne quelques itinéraires que je vous résumerai dans une prochaine publication.

Néanmoins, si la saleté vous rebute, ces balades ne s’imposent pas forcément. Elles sont pourtant l’occasion de découvrir de jolies maisons bourgeoises pour les familles jointes, les havelis.

 La vieille ville de Udaipur est également incontournable si vous aimez les temples. Juchés sur des escaliers pentus, ceux-ci ne ressemblent en rien aux temples du sud. Blancs, ils comptent des tours pyramidales qui ne sont pas si éloignées des prangs cambodgiens. A Chennai le seul type d’architecture qui y fasse penser sont les temples jains. Les deux les plus connus se situent sur la rue qui mène au Palais. Il s’agit du Jagdish temple bâti au 17e en l’honneur du dieu Vishnou et du Jagat Shiromani Temple, plus tardif 19e et construit en l’honneur de Krishna.

Cette balade dans la vieille ville d’Udaipur est aussi incontournable si vous voulez voir les Ghats, ces embarcadères à gradins typiques du Nord de l’Inde. Dans le sud, le terme désigne davantage des montagnes anciennes et érodées. Parmi ceux-ci le Gangaur Ghat est certainement le plus spectaculaire.

T.Nagar

Le nom de T.Nagar évoque aujourd’hui les lumières et bazars de la société de consommation. Magasins de tissus et  bijoutiers s’y succèdent sans interruption. Ce quartier considéré comme la Mecque du sari recèle néanmoins de véritables trésors d’architecture résidentielle.

T.Nagar, un quartier crée dans les années 1920

T Nagar a été crée dans les années 1920 en réponse à la croissance démographique. Exode rural et baisse de la mortalité expliquent l’accroissement de la population à Chennai à cette époque. Le petit village de Mambalam extérieur à la ville britannique a alors été annexé et urbanisé.

C’est aujourd’hui un des quartiers les plus prospères de Chennai au niveau commercial et immobilier. Cette explosion économique se fait malheureusement souvent au détriment du patrimoine architectural. Les maisons art Déco du quartier présentent en effet un mélange unique d’ingrédients locaux et d’influences étrangères.

Au début du XXème siècle, cet endroit vierge correspondait à un réservoir. Pour répondre au besoin de logements on y a construit des maisons surélevées pour se prémunir contre l’humidité. Leurs remplacements construits à la va vite à des fins spéculatives n’ont souvent pas tenu compte du terrain. D’où des inondations terribles en période de pluies.

Il s’agit de l’une des rares zones de Chennai à avoir fait l’objet d’une planification. Chaque quartier s’est loti autour d’un parc et de rues avec la volonté de conserver des espaces verts. Cette volonté inédite d’urbanisme s’est accompagnée d’idées nouvelles pour l’époque. Les plans initiaux incluaient des espaces verts, de la lumière, des routes et un système d’adduction d’eau.  

Le drainage du lac  (8km x1km) a ainsi commencé en 1923 dans cette zone aérée pas trop éloignée de la gare de Mambalam. On lui a conféré le nom du chef de parti T.Nagar ou Theagaraya Nagar.

L’art Déco à T.Nagar

Pour découvrir le beau patrimoine art Deco, on peut partir de Pondy Bazar. Cette grande avenue, dessinée, parait-il,  sur le modèle des Champs Elysées tient son originalité à la présence de grands trottoirs bordés d’arbres. De part et d’autres de l’avenue, se succèdent les boutiques de vêtements. Avant  le parc au bout de la rue avec son arc de triomphe, petite réplique de Paris, on prend une des rues de droite. On va alors gagner le parc Jeeva Vanandam ou JV park du nom d’un chef communiste respecté. Tout autour de ce jardin, des rues ont conservé un héritage art Deco malheureusement en péril.

Dans ce quartier, on trouve encore nombre de bungalows. Ces maisons prennent modèle sur les demeures coloniales construites par les militaires anglais au Bengale. Elles s’inspirent  des pavillons à loggia. Malgré le traditionalisme des structures, elles affichent un modernisme des formes, des motifs et des méthodes constructives (béton, éléments préfabriqués, acier). Dans la distribution des espaces, elles reflètent aussi une aspiration au modernisme.

Ce quartier nouveau ne compte pas de temples, fait rare à Chennai. En revanche, les maisons s’étendent sur de vastes parcelles. Elles ont souvent été agrandies pour répondre à la croissance des familles y résidant.

Dans la rue Lakshmanan, on passe devant la maison Savrithi. Cette famille de Mylapore  commercialisait le lait. Elle déménagea durant la première guerre mondiale  et revint s’installer ici dans des volumes en expansion pour satisfaire les besoins croissants de la famille. La nouveauté de la maison résidait dans les salles d’eau, rejetées à l arrière mais aussi le bureau avec 2 entrées, une intérieure, une extérieure, la véranda, une cuisine et une salle à manger. Les lignes de paquebot se voulaient résolument modernes. La maison affectait une élégance nouvelle avec une décoration simple aux lignes pures et géométriques et aux bandeaux de couleurs. L’arrondi de la véranda n’est pas sans rappeler la Dare House à Parry’s corner. Tout comme la verticalité. D’autres maisons art Deco l’entouraient . Beaucoup ont malheureusement disparu.

Un patrimoine en perdition

Souvent ne subsistent qu’une plaque, un parapet, la verticalité accentuée d’un escalier , des fenêtres bandeaux, mur bas de limite de la propriété. Ce n’est que plus tard qu’apparurent les grilles ouvragées. La maintenance de ces maisons est souvent trop onéreuse pour des propriétaires de plus en plus âgés et dont les enfants ont fait leur vie à l’étranger. Nombre de ces constructions tombent  en ruine ou entre les mains de spéculateurs peu soucieux de patrimoine ou peu scrupuleux.

Plus loin, et plus tardivement, des maisons plus petites empruntent le même type de vocabulaire architectural  mais préfabriqué. Dans ce cas, on assiste  dans les années 1940/60 parfois à des mélanges étonnants. Les porte à faux voisinent avec des colonnes ou des guirlandes de rinceaux. Les balcons s’agrémentent de grilles ouvragées ou de jalis de pierre. Ceux-ci vont devenir la marque de fabrique de l’indo Deco, variation locale et plus tardive de l’art Deco . Ce mélange de genres fait la part belle aux influences américaines et hindoues. Car avec le développement des idées indépendantistes, les propriétaires voulurent exprimer l’amour de leur nation sur leurs façades.

Relativement proche du centre de la ville, T.Nagar s’affirma rapidement comme un quartier bourgeois habité par des gens originaires du Telangana d’où le surnom de Telougou Nagar. Les noms des rues rappellent en fait ceux des chefs politiques, personnages et fonctionnaires importants, de tous ceux qui ont compté dans le quartier. 

Mon Itinéraire dans T.Nagar.