Architecture coloniale

Voici un petit lexique récapitulant l’architecture coloniale à Chennai et sa signification  avec en prime quelques bâtiments emblématiques.

Le baroque Portugais

Au XVIeme siècle, le petit village tamoul de Mylapore est conquis par les Portugais en quète d’épices. Les Fransiscains qui les accompagnent en profitent pour évangéliser et reconstruire la basilique de l’Apôtre Saint Thomas, martyrisé et mort en ces lieux. Puis ils construisent des missions. De petites chapelles se multiplient à Mylapore : Saint Thomas bien sûre, mais aussi l’Eglise de la Lumière Luz, Sainte Rita, Notre Dame du Rosaire. Sur les hauteurs, les jolis ermitages blancs et baroques du Petit Mont et de mont Saint Thomas dominent la ville.

Le néo-palladianisme ou classicisme anglais.

Inspiré de l’architecte vicentin Palladio qui travailla au seizième siècle non loin de Venise, il est ramené en Angleterre par Inigo Jones et se diffuse dans les campagnes britanniques avant de s’imposer dans les plantations et les bâtiments officiels américains. Il est devenu emblématique de l’idée de démocratie et de bien publique. Avec ses lignes équilibrées et symétriques on le retrouve notamment au Rippon Building mais aussi dans les belles églises st Andrew et St Georges. Il émane d’une Angleterre triomphante qui impose sa vision de l’ordre et du bon gouvernement.

Le style indo-sarracénique emblématique de l’architecture coloniale

Le style indo-sarracénique nait à Chennai au Chepauk Palace, juste à côté du stade de cricket du même nom. Il correspond à la vision anglaise des édifices indiens. Il mêle influences mogholes (alors que les Moghols ne sont pas parvenus à Chennai), néo-byzantines voire gothiques. On le voit aux musées du Gouvernement mais aussi dans les bâtiments de l’université de Madras ou les cours de justice. Il témoigne d’une Angleterre qui se veut intégrante et compréhensive de l’héritage musulman mais qui ne se rend pas compte qu’elle commet un anachronisme majeur puisque les Moghols ne sont pas parvenus au Tamil Nadu. La présence coloniale impose ici un modèle unique indien dans une vision hégémonique.

Le style néo-gothique.

Emblématique de la fin du XIXe anglais, on le retrouve dans beaucoup d’églises coloniales avec ces flèches à clochers pointus. SanTome en est un bon exemple. La gare centrale, sur le modèle de Saint Pancras de Londres illustre aussi joliment ce style.

Il connait une variante vénitienne avec notamment les bâtiments de brique rouge du quartier de Parry’s Corner. Le long de la ligne de chemin de fer, les belles façades donnaient sur la Promenade, allée de parade à l’epoque coloniale vite abandonnée lors de l’ouverture du chemin de fer et de la nouvelle Marina Beach plus au sud. Cette variante repose sur les écrits de John Ruskin et est essentiellement adoptée pur les édifices à vocation commerciale. Certains architectes poussent l’imitation jusqu’à reproduire des édifices célèbres de la République Sérénissime de Venise comme le fameux Bovolo. Venise à Madras, il fallait oser, mais les Anglais au faite de leur puissance coloniale n’hésitent pas.

L’éclectisme

Il très typique dans toute l’Europe de la fin du XIXe apparait à Chennai dans certaines constructions originales comme le bâtiment du Sénat de l’Université de Madras sur la Marina. Le plus bel exemple est néanmoins certainement Egmore Station avec son ravissant toit en coupole et ses piliers décorés de dentelles.

Le style néo dravidien, plus rare est une concession à l’âme dravidienne locale. Plus profondément tamoul, il apparait plus tardivement au centre ferroviaire du sud-ouest près de la gare centrale par exemple. Il témoigne d’un intérêt voire de concessions de l’Empire par rapport à l’originalité et l’identité tamoule dans un océan anglo-hindi.

Également très rare à Chennai, le style Arts and Crafts témoigne du mouvement Art Nouveau mené par William Morris en Angleterre. On le retrouve non loin de la gare à l’école d’Art, lieu d’expérimentations artistiques.

Le style art- déco

Il marque la fin de l’architecture coloniale et une certaine forme de revendication par rapport à l’Empire britannique. Français à l’origine, remanié par son passage américain, il orne les nombreux quartiers nouveaux du Chennai des années 1940 et correspond à la montée du sentiment indépendantiste. On le trouve donc essentiellement dans les maisons privées des quartiers modelés dans les années 1930 tels T Nagar, ou Royapet. A Parry’s Corner, quelques édifices commerciaux adoptent également ces lignes droites et modernistes.

Royapet bis

Avec ce Royapet bis, je vous propose le deuxième épisode de notre decouverte d’un quartier du centre de Chennai. Après avoir présenté deux bâtiments emblématiques la semaine dernière, voici maintenant une plongée dans l’architecture art déco.

L’horloge de Royapet, point de ralliement

L’horloge de Royapet, face au Mall, est un des beaux témoins de la période coloniale finissante. Elle est l’une des quatre horloges art déco à subsister de l’époque anglaise. Et l’on peut espérer que celle-ci ne sera pas détruite. Repeinte à plusieurs reprises en couleurs vives, elle reste une balise importante de la ville. Construite dans un quartier central, elle équivaut à un lieu de rassemblement et un point de repère reconnaissable. Qu’importe finalement si aujourd’hui l’heure suit plus ses caprices internes que l’écoulement réel du temps.

Lors de son érection dans les années 1930, elle servait tout à la fois de repère visuel et de marqueur temporel. A cette époque, les gens disposaient rarement de montres..

Le quartier comptait alors de nombreux théâtres et cinémas. Il y en aurait eu plus de 80 également dans le style art déco. Celui-ci se distingue par sa verticalité et son ornementation géométrique.

Royapet, quartier résidentiel

Il ne reste guère de jardins dans ce quartier en proie à une véritable fièvre spéculative. Néanmoins le café Amethyst offre un agréable oasis de paix.

Les rues qui partent depuis le mall proposent un florilège de résidences adoptant le style art déco local. Celui-ci recourt à des matériaux nouveaux comme le béton armé. En revanche, le vocabulaire architectural combine les éléments verticaux et géométriques. Ces éléments emblématiques de l’art déco se doublent ici de particularismes locaux. Ainsi en va-t-il des jalis en béton, ou des sculptures de divinités hindoues. Les jalis correspondent à des écrans de pierre ajourés et étaient fréquents dans l’architecture moghole.

Contrairement à Mumbai, il n’y a pas de quartier art déco homogène. En revanche, le style mâtiné d’influences locales a essaimé à travers tout Chennai. L’art déco y prend des formes tardives et vernaculaires marquées. Le rinceau, très classique d’inspiration pour nous, revêt ici une symbolique religieuse. Il rappelle les colliers de fleurs que l’on trouve dans les temples. Les motifs verticaux tripartites inspirés des ornementations automobiles américaines se mêlent à des œil de bœuf typiques de l’influence paquebot hexagonale.

Souvent malheureusement, ces maisons sont en piteux état, les enfants des propriétaires habitent à l’étranger. Faute de véritable conscience patrimoniale, ces chefs d’œuvre se décomposent peu à peu. Pire, ils deviennent la proie de spéculateurs en attente de ces terrains idéalement placés au centre de Chennai.

Un palais princier survivant de la fièvre immobilière

Au débouché des incroyables Maisons de Thalayari street, une très belle construction d’angle a été rénovée avec habileté. Plus loin sur la rue, deux tours néo mogholes marquent l’entrée du dernier palais des Nawabs de Arcot. Le Mahal est le dernier vestige de la puissance des derniers monarques du Royaume carnatique. Les Nawabs d’Arcot administraient les Etats du sud et prirent leur indépendance des Nizams de Hyderabad sous la domination anglaise. A la mort du dernier des Nawabs en 1855 les propriétés familiales échurent au Raj. Dans les faits, le royaume carnatique avait déjà été pratiquement annexé par les Britanniques.

Ils disposaient également comme résidence du palais de Chepauk et de Triplicane. Mais les Anglais les confisquèrent en échange d’un édifice indo sarracénique très inspiré par l’architecture moghole. Celui-ci avait été construit pour accueillir des bâtiments administratifs. Les descendants des Nawabs y furent relogés et à partir de 1867 eurent droit à une rente annuelle. La propriété appartient désormais au gouvernement qui y loge toujours les descendants de la famille.

 Ceux-ci ne jouissent plus d’aucun pouvoir mais mènent une vie sociale active et animent de nombreuses œuvres caritatives

Un peu plus loin sur la rue, la maison Gandhi Peak offre une extraordinaire façade blanche. A partir de 10h du matin, la frénésie de la rue et l’abondance d’échoppes occultent totalement ce type de façade. Néanmoins, il vaut la peine de s’y intéresser . On peut alors constater que chaque étage a dû correspondre à un habitant et une volonté différente. Ainsi le propriétaire du dernier a voulu honorer Gandhi. Il a donc fait orner la façade d’une niche avec une statue commémorative à l’effigie du Mahatma.  En continuant le long de Pycrofts Road, on rejoint le centre commercial Express Avenue.

Royapet

Royapet est aujourd’hui connu pour ses grands magasins, comme le centre commercial Express avenue. On oublie pourtant que Royapet fut le coin chic de Madras dans les années 1830. Un quartier résidentiel se développa autour de la toute nouvelle église et de l’école Wesley. Les magistrats et acteurs cherchaient de nouveaux lieux de résidence dans cette zone proche de Mount Road. L’avenue s’affirmait alors comme axe central de Chennai.  Car Fort George devenant exigu, de nouveaux bâtiments de Governement Estate furent construits un peu au nord. La ville commença alors à s’étendre dans cette zone.

Effectivement, le gouvernement changeait de lieu et les employés de la EIC ( East India Company) cherchaient des espaces pour y construire leurs maisons. Royapet offrait de beaux terrains constructibles dans une végétation luxuriante. Il y avait de la place pour construire d’agréables résidences avec jardins mais aussi des écoles pour la nouvelle communauté Anglo indienne.

 Je vous propose aujourd’hui une promenade en deux temps dans ces lieux chargés d’histoire.

Express devenu Mall

Le quartier ne compte malheureusement plus beaucoup de jardins. Le lieu le plus connu est peut-être le centre commercial. Pourtant, on oublie presque que l’un des bâtiments les plus représentatifs de l’élite coloniale occupait les lieux, le célèbre et très exclusif Madras Club. Réservé aux hommes blancs, celui-ci fut fondé en 1832 puis agrandi une vingtaine d’années plus tard. Il ne reste rien des édifices classiques ni du parc. Le club lui-même avec sa façade de temple rappelait l’architecture palladienne de Londres. Les dames ne pouvaient y accéder que pour les bals et les grandes occasions.

 Néanmoins, il fallut augmenter les tarifs pour continuer à agrandir et maintenir les lieux. L’adhésion devenait prohibitive. La concurrence de nouveaux clubs poussa le club de Madras à réduire ses coûts en déménageant dans des locaux plus modestes. En 1947, il vendit la propriété aux enchères et s’installa d’abord à Branson Bagh en face de Church Park School, qui appartenait au Raja de Bobbili. Mais moins de dix ans après ce déménagement, l’état des finances du club obligea à un nouveau changement. Le club migra alors à Boat club où il se trouve encore aujourd’hui. En 1963 en effet, il avait fusionné avec le club d’Adyar et ouvrait enfin ses portes aux Indiens. Avec ses tarifs d’entrée prohibitifs et sa liste d’attente interminable le club reste très sélectif et perpétue une tradition ô combien britannique.

La société immobilière « Express » racheta quant à elle le Club de Madras et donna son nom à l’avenue qui bordait le terrain. Lorsque le centre commercial fut construit, il reprit à son tour le nom pour devenir « Express Avenue Mall ».

L’école Wesley

Pratiquement en face du centre commercial, un autre grand jardin se cache derrière des murs. Il s’agit de l’école Wesley. Celle-ci a fêté ses 200 ans en 2018.

De nombreux missionnaires étaient arrivés à Madras pour fonder des églises. Les Méthodistes, menés à Chennai par l’entreprenant par James Lynch, s’étaient dirigés en 1817 vers Black Town pour y prêcher.

Ils fondèrent un certain nombre d’églises dans la ville et une nouvelle chapelle à Royapet bientôt suivie d’une petite école.  Peu de temps après, la couronne signa une charte pour améliorer l’enseignement en sciences et en langues. Les missionnaires recurent alors l’autorisation d’enseigner en anglais ce que confirma la loi de 1835 officialisant l’instruction en anglais et autorisant la diffusion du christianisme. Le gouvernement garantissait alors des postes aux élèves à peine diplômés pour promouvoir ses écoles.

Puis le système se renforça encore avec des examens d’entrée en anglais. Ceci poussa les élites à faire donner des cours privés à leurs enfants de manière à les avantager pour rentrer dans ces écoles.

L’éducation était fondamentale car elle ouvrait des voies professionnelles. Les églises accueillaient tous les fidèles, contrairement aux temples hindous, et offraient des possibilités professionnelles et sociales nouvelles.

L’école de Royapet est l’une des rares constructions de Chennai dans un style vernaculaire. Le parc, quoique peu entretenu, est spectaculaire par sa taille en plein centre de Chennai.

L’Eglise de Wesley

Juste à côté, l’église située près d’un hôpital accueillait, et accueille toujours, une vaste congrégation pas seulement méthodiste. Il est vrai que les églises reformées se sont unifiées sous la même casquette en 1958 d’Eglise du Sud de l’Inde

la chapelle est devenue église. La grande bâtisse blanche de style néoclassique date de 1853 avec de jolis vitraux modernes. Le faux plafond a disparu lors de la rénovation et l’on a retrouvé la belle charpente d’origine. La quiétude des lieux contraste avec l’animation du carrefour qui donne sur le centre commercial.

Hampi bis

Cet Hampi bis a pour but de compléter les premières visites de Hampi et les conseils pratiques . Mes lecteurs habituels le savent, j’aime les balades un peu insolites. En tous cas éloignées des foules et des sentiers battus.

Les historiens ont divisé le site en trois grandes zones. Il y a d’abord le centre religieux le long de la rivière. On y voit les temples les plus anciens antérieurs aux Vijayanagara entre les temples Virupaksha et Vittala. Plus loin, se trouve le centre royal avec 60 temples en ruine. Mais aussi des infrastructures type routes, aqueduc, réservoirs, marchés, portes, monastères. Le troisième noyau correspond à tout ce qui reste.

La semaine dernière je vous avais laissé tout près de l’enclos Zenana et des étables des éléphants.

Un autre Hampi derrière le Palais Royal

Pour les plus courageux, en continuant derrière les étables des éléphants on atteint un temple jain. Puis, on rejoint deux autres temples en ruine. Enfin, se dresse une des portes extérieures de la ville dans des murs cyclopéens. D’énormes blocs de granit protégaient la cité. Ils attestent de fréquents raids de populations étrangères. Des tours de garde les renforcent encore.

De l’autre cote de Zenana, le temple Hazara Rama est consacré à Rama. Il jouait le rôle de temple cérémoniel de la famille royale. Des reliefs extérieurs montrent des cavaliers, des soldats, des danseurs et musiciens et procession. A l’intérieur, des frises racontent le Ramayana.

 Derrière le temple, s’étendent les ruines du Palais royal. On trouvera également celles d’une mosquée et une très jolie tour de garde.

La ville était pluriethnique. Outre les monuments hindous, on trouve des vestiges musulmans et Jains principalement près des portes de la ville.

Derrière le temple Ashyurathaya

Si vous êtes un adepte de la marche, vous pouvez grimper sur la colline Mathanga. Attention néanmoins. Sur les 3 chemins indiqués, un seul est praticable et déconseillé si vous n’avez pas le pied sûr et leste. La montée est glissante et vertigineuse. Evitez d’y aller à la nuit tombée malgré les conseils pour assister aux lever et coucher du soleil.

Le temple Ashyurathaya lui-même est une merveille. Il s’étend largement dans un site grandiose de palmeraies et collines de granit rose. En empruntant la rue des courtisanes bordée de colonnades vers la rivière on atteint un petit temple blanchi à la chaux. En contrebas, se déroule une grève. Ici des bateliers proposent des excursions en coracle, ces petits bateaux ronds et traditionnels. A faire si vous avez des enfants ou appréciez les promenades très lentes et contemplatives.

Près du village Kamalapur

On peut reprendre un transport pour rejoindre le village de Kamalapur. On y visite le musée archéologique qui recèle quelques statues et bronzes trouvés in situ. S’y lisent des inscriptions et les nombreuses stèles, un modèle permet de mieux comprendre le site dans son ensemble. Le musée s’articule autour d’une cour dans laquelle a été aménagé le plan relief du site. Celui-ci est plus facile à comprendre avec cette vue d’ensemble. Il peut donc être intéressant de commencer ou clôturer la visite de Hampi par ce modèle. L’entrée au musée est comprise dans le billet groupé Vittala/ Zenana.

Plus au sud de la ville se dresse le grand complexe du temple Pattabhirama ou Varadevi Ammana Pattana. Il date du 16ème siècle et est consacré à Rama, avatar de Vishnou. Ce temple énorme contenait, comme beaucoup de temples de Hampi, un vaste réfectoire.

Pour y accéder depuis Vittala temple, on passe par une très belle porte à étage. Celle-ci marque l’entrée dans l’enceinte aujourd’hui en partie écroulée.

Un peu plus loin entre Hospet et Hampi

D’autres structures surgissent çà et là dans les rizières et champs de canne à sucre. Si vous disposez de temps et êtes véhiculés, n’hésitez pas à vous arrêter et vous y attarder. On distingue par exemple le bain octogonal de Saraswati, déesse du savoir et de la musique. D’autres temples pour Vishnu et Shiva parsèment le paysage, dont le temple souterrain, absolument pas indispensable. En revanche, non loin de ce Shiva souterrain, la mosquée et la tour musulmane, sont superbes. Elles se situent juste derrière le temple de Ram.

Il vaut aussi la peine de de s’aventurer jusqu’ à la porte de Bhima. On peut y contempler les reliefs de lutteurs. Elle se trouve non loin du temple de Shiva souterrain. Elle suit un plan en chicane avec trois changements de direction pour qui pénétrait dans la cité.  Là encore rien d’exceptionnel si l’on se réfère aux constructions contemporaines du reste du monde. En revanche, le lieu quasi abandonné et désert change des foules. Notamment celles rencontrées devant le chariot du temple Vittala ou devant le lotus Mahal. Le nom de Bhima tient au relief sculpté dans la roche aux abords de la porte.

L’autre rive

Derrière le temple Virupaksha se trouve un petit embarcadère. Au pied de celui-ci, des familles se lavent, font leur lessive et leur vaisselle du matin. C’est aussi ici que l’éléphant du temple prend son bain officiellement vers 8h du matin. Cependant, le bain dure longtemps car son maitre ne lui épargne le savonnage d’aucun pli.

A travers les ordures, on rejoint le point de départ aléatoire du ferry. Celui-ci permet de traverser en 5mn vers l’autre rive. Là, des loueurs de moto et tuk-tuk vous attendent. Ils proposent de vous mener vers les différents lieux importants de la rive gauche. On peut d’ailleurs faire une boucle jusqu’au second ferry. Dans ce cas, prenez un tuk-tuk pour la demi-journée ou apprêtez-vous à une jolie marche.

Durant celle-ci, on peut admirer le pont aqueduc. Il fait partie des nombreuses trouvailles d’aqueduc, ponts et puit trouvés à Hampi. L’irrigation permettait une prospérité agricole et une abondance de fontaines et de bains dans la ville. Plus loin, le temple d’Hanumam, Sri Anjaneya Janmasthala, perché en haut d’une colline jouit d’une vue magnifique sur la région. On accède à l’impressionnante terrasse panoramique au bout d’un long escalier de plus de 500 marches. Très populaire, son accès attire toutes sortes de petits vendeurs.

Non loin de là, un autre temple, Pampasarovara, pas fascinant, donne sur un petit réservoir. En revanche, l’abondance de singes accrédite la légende selon laquelle Hanuman serait né en ces lieux.

Vers le village d’Anegundi

Encore plus loin sur la route, s’élève le temple de Durga. Une statue colorée de la déesse vengeresse annonce les bâtiments religieux, juchés sur la colline. Celle-ci surplombe un magnifique paysage de rizières et bananeraies. Le temple lui-même n’est qu’un ensemble de bâtiments monastiques sans intérêt architectural. En revanche, dans l’enclos on rejoint en grimpant encore le château fort d Anegundi. Puis on atteint la grotte ou temple rupestre. L’ensemble vaut surtout par l’incroyable ferveur religieuse.

Puis on rejoint le village, assez grand, d’Anegundi. Quelques jolis bâtiments comme le temple jain et la bibliothèque municipale de style indo-sarracénique n’ôtent rien à l’impression de ville de fin du monde. Pas un café en vue dans cette bourgade poussiéreuse comme sortie d’un autre âge. Le terminal de ferry se réduit à une marre boueuse. N’attendez pas non plus le restaurant panoramique. Il vaut mieux emmener avec vous boissons et en cas . Sans quoi, vous risquez de mourir d’inanition au cours de ce périple sur la rive d’un autre Hampi.

Hampi

Cette semaine, je vous retrouve pour vous parler des visites immanquables de Hampi. La semaine passée, je m’étais penchée sur quelques aspects pratiques. Ici, vous trouverez trois grands ensembles, visitables au pas de course ou, si vous êtes véhiculés, en une grosse journée.

watchtower in Zenana enclosure

 Pour bien en profiter néanmoins, je vous conseille d’étaler sur deux jours la découverte des zones nord et sud. N’oubliez pas si vous avez un budget serré que les deux temples plus musée qui requièrent un billet (groupé 600rp) s’étendent sur les deux zones. Dans ce cas, gardez la visite des autres temples pour le jour suivant.

paysage de rochers

Temple Virupaksha

C’est ici que s’arrêtent le bus et en général les tuk-tuk.  Celui-ci n’est pas payant et il regorge d’animation. Fondé au VIIIème siècle, puis agrandi sous les Vijayanagar, ce serait le plus ancien temple de la ville.  C’est toujours un lieu de pèlerinage même depuis la destruction de la ville. Il regroupe de nombreux petits temples antérieurs. Un long portique y mène depuis le parking et correspond au marché ancien. On y entre par une grande Gopuram puis une grande cour rectangulaire. Une plus petite Gopuram de 1510 mène à une loggia hypostyle. Sur le côté une cuisine commune.

Une autre cour mène au mandapa de Shiva, origine du temple. Le plafond du mandapa central (salle à piler au milieu de la cour) est peint. Les piliers sont ornés de yalis, ces montures mythiques à tête de lion, caractéristiques de l’art Vijayanagara. La Gopuram Nord ouvre sur le réservoir et la rivière. Le temple reste très actif et fréquenté avec son éléphant.

Temple Virupaksha

La colline Hermakuta et ses deux Ganesh monolithiques

Au sortir du temple, on peut grimper sur les dalles de granit vers la colline Hermakuta. De nombreux petits sanctuaires plus anciens que les Viyajanagara s’y succèdent. Une jolie vue englobe les champs alentours. On y déniche deux énormes statues monolithes de Ganesh, dans de petits édicules. De l’autre côté de la colline s’étendent les portiques du marché de Krishna « Bazar ».

Il ne faut pas chercher ici de bazar moderne mais des colonnades qui abritaient autrefois les commerces. Au milieu du marché se trouvait un Pushkarani, réservoir d’eau.  En face de ces portiques, de l’autre côté de la route, se trouve le temple de Krishna assez abimé.  Au sud de ce temple, de petits sanctuaires abritent le lingam de Shiva (3m de haut) et le plus grand monolithe Yoga-Narasimha, avatar homme-lion de Vishnu Narasimha en position de yogi de près de 7m.  Ces deux derniers sont tout à fait impressionnants par leur taille et leur qualité sculpturale.

Autour du temple Achyutaraya

En longeant la rivière Tungabhadra et en reprenant le portique du marché devant le temple Virupaksha, on atteint un grand monolithe de Nandi au museau abimé. Puis en cheminant dans les rochers ou le long de la rivière, on atteint un peu au milieu de nulle part, le temple Achyutaraya (1534). Ce temple fait face au Nord et est dédié à Vishnu comme en attestent les reliefs sur les colonnes. C’était un des lieux importants de la ville. Depuis la Gopuram d’entrée, la rue bordée de colonnades, dite « des courtisanes » mène à la rivière.

Le chemin de droite continue à travers les petits édifices religieux jusqu’au temple Vittala en passant par une belle porte et la balance du roi. En contrebas, un mandapa facilite l’accès à la rivière tumultueuse entre les rochers.

Le temple Vitthala essentiel lors d’une visite des immanquables de Hampi

Pour visiter ce temple il faut prendre ses billets et se munir de patience car la foule se presse devant la billetterie, et les petites voitures de golf prête à éviter 10mn de marche.  C’est le temple le plus sophistiqué d’Hampi malheureusement il est très refait. Vitthala est une des formes de Krishna. Une Gopuram permet d’accéder à la grande cour avec ses mandapas à piliers magnifiquement sculptés et son fameux chariot, en fait sanctuaire à Garuda. Ce chariot figure d’ailleurs sur le recto des billets de 50rp.

Juste à l’extérieur de ce magnifique temple malheureusement souvent bondé, une autre allée bordée de portiques ramène à la route. Elle passe devant un temple à Shiva, un réservoir et un joli petit temple dont les yalis sont remplacés par des chevaux, ceux des marchands qui s’y arrêtaient.

Le palais royal

On atteint d’abord les bains de la Reine, ravissant pavillon à bassin, de style indo-islamique. Les petites coupoles du corridor qui entoure le bassin diffèrent toutes les unes des autres. Il s’agit certainement d’un des lieux les plus raffinés de l’antique cité de Hampi.

On accède alors au Palais royal dont il ne reste que peu. L’ensemble a subi d’importantes rénovations. Néanmoins on y voit la terrasse du roi, Mahanavami platform, certainement une grande salle d’audience dominant la ville. Le socle est décoré de reliefs illustrant la vie au 14e s ainsi que les activités royales. Plus loin, le souterrain pouvait servir de trésor. On découvre surtout l’aqueduc, qui alimente le réservoir à degrés, très photographié. Découvert en 1980, il a subi une véritable reconstruction. Juste derrière, s’ouvre l’énorme complexe de bains.

Le complexe Zenana, l’un des immanquables de Hampi

En continuant, on atteint l’enceinte des femmes Zenana, dernière partie des monuments payants. Il s’agit certainement de l’ensemble de monuments les plus immanquables de Hampi. A l’abri de murs cyclopéens, le grand enclos regroupe le très élégant bâtiment du lotus sur deux étages. Avec ses arcs polylobés et ses dômes, il apporte les raffinements indo-islamiques au complexe architectural. Si l’on ne connait pas sa fonction, ce mélange d’architectures hindoue dans la forme pyramidale et d’éléments islamiques est très réussi.

Dans le même enclos, la salle de garde ou trésor abrite une partie des collections du musée archéologique. Deux bâtiments en ruine et trois tours de guet indo-islamique se dressent non loin. Une porte mène à un second enclos où se dresse le grandiose étable des éléphants. Dans cette rangée de 11 pièces, tous les dômes diffèrent. A la perpendiculaire, le bâtiment des gardes, articulé autour d’une veranda, accueille lui aussi des collections lapidaires du musée. Pour ceux qui disposeraient de plus de temps, la visite de Hampi recèle d’autres jolies découvertes. Pour vous en parler je vous propose de nous retrouver la semaine prochaine.

Hampi pratique

Ce « Hampi pratique » est le premier d’une petite série de 3 articles pour profiter au mieux de votre séjour. Alors avant de partir, comptez au moins 3 jours sur place auxquels vous rajouterez les trajets Allers-retours, assez longs et fastidieux.

Plusieurs options pour gagner Hampi = le train de nuit jusqu’à Hospet, la route ou l’avion jusqu’à Ballari et 2h de route ou Hubli et 3h de route. La haute saison s’étend de novembre à Mars.

Dans ce premier article sur Hampi, je vous donne quelques conseils pratiques, pour optimiser votre séjour. Hampi est en effet l’un des sites archéologiques les plus importants d’Inde, non par son ancienneté mais par sa taille. Contemporain de notre Renaissance ou des sites Mayas tardifs ou Aztèques, il impressionne essentiellement parce qu’i s’agit d’une ville entière. Enorme, détruite et abandonnée lors de la conquête musulmane et redécouverte seulement au 19e, fouillée puis préservée grâce à la protection de l’Unesco.

Se déplacer à Hampi de manière pratique

Le site, énorme, s’étend sur plus de 25 km. Il comprend 1500 monuments essentiellement hindous et de style dravidien. Il est possible de louer une bicyclette près de l’office du tourisme et au temple Virupaksha.  En revanche, attendez-vous à porter votre vélo la moitié du temps sur les rochers, le sable ou les zones interdites aux véhicules.

En fait, le tuk-tuk, le taxi ou les pieds sont plus simples. Certains louent un taxi à la journée. Mais on peut aussi prendre le bus depuis Hospet puis marcher et utiliser des tuks-tuks sur les longs trajets. Dans ce cas il suffit de se rendre au terminal de bus de Hospet. Les bus pour Hampi sont indiqués en Anglais (quai 12) et le trajet coute entre 15 et 20rp. En revanche le bus peut être bondé et part à des heures erratiques. Néanmoins, l’expérience est haute en couleurs.

Traverser la rivière

Concernant Hampi, autre conseil pratique. La rive gauche offre pas mal de logements, certains assez corrects. Cependant, il vaut mieux être véhiculé sans quoi vous risquez de passer des heures fastidieuses à essayer de traverser la rivière. En effet, le seul pont oblige à de vrais détours. Deux passages de ferry existent. Attention dans la série ferry, mieux vaut vous attendre à une traversée de type boat-people sans horaires réels. Le tarif de traversée est de 20rp/ pers mais vous risquez de vous faire extorquer beaucoup plus. Je vous mets donc la photo du panneau qui annonce les 20 rp. Le premier point de passage se trouve à proximité temple Vittala, le 2nd derrière le temple Virupaksha. La traversée est courte mais folklorique.

Les sites payants à Hampi, conseil pratique

Hampi, ville fortifiée fondée peut être au IIIe siècle, plus vraisemblablement aux VIème ou VIIIème siècles. Construite sur des rochers de granit rose autour de la rivière Anegundi, elle a connu son apogée entre les XIV et XVIème siècles. Puis elle fut envahie et détruite en 1565 par les sultanats du Deccan. C’était une ville prospère et puissante que les chroniqueurs perses ou portugais de l’époque considéraient comme la seconde plus grande du monde après Pékin. Les ruines ont été redécouvertes en 1800. Les fouilles continuent dans ce site déclaré sur la liste de l’Unesco en 1986 et considéré comme la capitale de l’empire Vijayanagara. Seuls les monuments principaux (temple Vittala, étables des éléphants et enclos Zenanal) et le musée sont payants (600rp pour les étrangers). Ils ouvrent de 8.30 à 5pm. Le ticket pour les 3 sites se prend à la journée. Bonne nouvelle on peut l’acheter en ligne pour éviter la queue ! Voici le site sur lequel acheter votre billet, en ligne comptez un petit rabais de 10%.

Se nourrir et se loger à Hampi

Si une petite faim ou une petite soif vous assaillent, le mieux est de regagner un des grands parkings Vittala ou Virupaksha. Vous y trouverez des petits stands de fruits, boissons, snacks. Mieux encore, le village de Kamalapur offre quelques troquets sommaires.  Rien de transcendent, mais de quoi éviter l’évanouissement. En revanche, pour les fins gourmets, Hampi n’est pas la meilleure destination.

Si vous n’êtes pas un routard aguerri, préférez l’un des hôtels de Hospet ou de la rive gauche. En étant conscient des problèmes de transports, ne visez pas trop bas. L’hôtellerie coute cher autour de Hampi. De fait, Il vaut mieux loger à Hospet que dans les Guest House très sommaires autour du site archéologique.

Je vous donne Rendez-Vous la semaine prochaine pour plus de détails de visites.

Sari

Que mettre ou ne pas mettre en Inde du Sud ?

Grande question quand on annonce son départ en Inde : tu vas t’acheter un sari ? suivie d’une question plus anxieuse, tu t’habilles comment ?

Car la vérité c’est que le sari n’est pas le seul vêtement indien et que sauf à assister à une cérémonie officielle, il n’est pas forcément bienvenu pour une européenne. Alors que mettre, et surtout que ne pas mettre ?

Voici un petit lexique pour vous mouvoir comme un poisson dans l’eau une fois lâché dans un magasin de vêtements indiens. Car il n’est pas toujours facile de s’y reconnaitre dans la profusion textile locale.

Le sari, roi des vêtements féminins

On retrouve des saris sur des sculptures dès le début de notre ère. Signe que la mode n’a jamais évolué en Inde ? Il s’agit d’un bête rectangle de 6 à 10m sur 1,20m très semblable à la toge romaine. La pudibonderie victorienne a drapé ce tissu autour d’un jupon assorti et d’un corsage serré. On le remonte sur le torse et on le passe par-dessus l’épaule. Du coup on peut utiliser le pan libre ou pallu contre le soleil, pour se cacher ou s’essuyer les babines post prandiales. Dans les faits, on enroule son sari selon des spécificités locales qui permettent à chacune de montrer sa provenance.

Le sari est essentiellement porté par les femmes mariées. Dans sa version bon marché en coton ou matières synthétiques teintes industriellement, pour les plus pauvres, en soie rebrodé de fils métalliques ouar les plus riches lors de cérémonies.

La sari peut suivre la mode. Pour cela je ne suis pas très bon juge. En revanche j’ai bien noté que la qualité du textile et des motifs, peinturlurés ou au contraire brodés, appliqués, sont de bons indicateurs de la classe socio-économique. Pour faire bref, inutile de s’acheter un sari en polyester pour un mariage ou pour briller en société. En fait, pour les occidentales en dehors des mariages, il vaut mieux s’habiller simplement en chemise longue et pantalon

Salwars et autres vêtements que le sari

Le Salwar   est un pantalon bouffant, un peu l’équivalent du sarouel oriental. Il est très large et il vaut mieux ne pas perdre le petit cordon sous peine de ne pas pouvoir le tenir. En Inde il se porte avec la kamiz ou kurta, une chemise longue jusqu’aux hanches voire plus. Elle est munie de manches longues et fendue sur les côtés. Il vaut mieux éviter de la porter sans rien en dessous sous peine de se sentir déshabillée par des regards hostiles ou au moins inquisiteurs. Néanmoins, un caleçon long fait généralement l’affaire.On peut accessoiriserl’ensemble d’une duppata, large foulard en général de la couleur et du motif du pantalon. Il peut pourtant reprendre la chemise, tout dépend du tissu, du couturier, de l’humeur du capitaine.

Jupes, écharpes

La Ghaghra est une ample jupe plissée, reprise par les soixante-huitardes de Lozère et d’Ariège. Ici elle se porte à la cheville, elle-même garnie de bracelets à grelots et avec une Kurta, tunique courte. Pratique pour jouer les Esmeraldas, les spectacles de Bollywood mais pas idéale pour grimper dans les arbres. On en voit néanmoins assez peu dans les rues de Chennai où les jeunes filles arborent la panoplie kurta -caleçon alors que les femmes mariées s’enroulent dans leurs saris aux plis inversement décroissants à ceux de leur ventre.

On peut compléter l’ensemble avec un châle ou pashmina brodé ou non et jeté négligemment sur l’épaule. Autour de la tête on vous demandera immédiatement si vous êtes musulmane, sans comptez que vous risquez de mourir de chaud.

Pas de sari chez les Messieurs 

  • Chez les Messieurs, le plus pauvres et traditionnels sont vêtus de dhoti, pas très facile pour l’occidental en RV d’affaire. Non élucidé à ce jour en ce qui me concerne, ce que l’on porte ou non en dessous, visiblement pas grand-chose chez les plus pauvres. Le Khadi  lui est le tissu de laine ou coton filé main et symbole de résistance non violente. Il a donné son nom au mouvement de résistance lancé par Gandhi en 1924. Pas idéalement pratique à porter dans le métro parisien sauf si vous avez un message à faire passer.
  • Nehru lui a lancé une mode élégante, avec la version raccourcie du sherwani, le long manteau de l’aristocratie musulmane. Son Ashkan, veste col mao ou Nehru (CQFD) se boutonne sur le devant, près du corps sur le churidar. Je parle ici du caleçon coupé en biais épousant le mollet et tombant sur les chevilles. Le sadri, gilet sans manche à col Nehru, complète l’ensemble.
  • Les locaux, (et les Aurovilliens) portent aussi des kurta (longue tunique à col ras et manches longues et paijama (vêtement de jambe) caleçon large flottant à la cheville. On le complète avec le Gamcha petite écharpe portée sur les épaules ou en turban et qui permet d’éponger le visage. Le Pagri ou turban en mousseline de coton lui, protège du soleil

 Si vous partez à Chennai pour affaire, la tenue occidentale suffira néanmoins.

Ce que vous pouvez tout à fait éviter

Il est certainement tout aussi important de savoir que ne pas mettre lorsqu’on part en Inde et particulièrement dans un état aussi traditionnaliste que le Tamil Nadu, alors quelques conseils qui sentent le vécu.

  •  Première précaution, pas de Nightie. La robe tee shirt si confortable a beau être bien décente, on vous zieutera comme si vous veniez de tomber de votre lit.
  • Surtout évitez les décolletés par en bas ou par en haut, ni short, ni dos nu, ni épaule à l’air, ni poitrail en devanture, rien qui attire le chaland. Des textiles légers larges et longs permettent en outre de s’aérer
  • Attention aux motifs ils ont une signification et peuvent donc porter des messages pas si subliminaux. Mangue ou poisson symbolisent la fertilité, les perroquets, la passion. Portez les en connaissance de cause.
  • Evitez les motifs trop vus, les Indiens adorent la nouveauté et changent autant que possible de tenue, question de prestige et de statut. Les guenilles à la mode en occident, jean troués, chemises trop grandes ne les impressionnent pas forcément dans le bon sens.
  • Enfin attention aux couleurs. Le blanc est la couleur des veuves, le rouge celle des mariés, le rouge et noir celle du Parti au pouvoir dans le TN. Vous n’êtes donc pas obligés de vous vêtir en drapeau partisan, ou au moins sachez ce que vous faites. Le bleu chassant les insectes est utilisé par les agriculteurs et artisans, le vert est la couleur des fêtes.

Bref comme vous le voyez, il n’est pas si facile de s’habiller au royaume des textiles !

Autour de Chennai

5 idées d’excursions

métier à tisser Dakshinashitra

Que vous soyez autour de Chennai pour 3 jours ou 3 ans, voici quelques idées si vous vous sentez asphyxié(e) par le centre-ville.

Au Nord de Chennai

Pulikat

Cet immense lac se trouve en fait en Andhra Pradesh, c’est un beau lieu d’excursion à la journée depuis Chennai. On traverse de jolis villages puis des champs avant d’atteindre le grand plan d’eau. Il est possible de se garer au petit marché aux poissons typique. De là, il suffit de se mettre d’accord avec des pêcheurs pour partir en balade sur le lac. Entre janvier et début mai, le lieu devient une colonie d’abord pour les cigognes puis pour les flamants roses.

Une fois accompli votre reportage photo, vous pouvez reprendre la voiture traverser le pont pour vous rendre au petit village et à la plage, sale, sur la mer. A l’entrée du village se dressent les vestiges d’un campement néerlandais dont ne subsiste que l’église.

Marchés de Koyambedu et de Kasimedu

Malgré sa multitude de marchés multicolores, Chennai offre des expériences sensorielles hors norme avec ses deux grands marchés. Sensibles aux odeurs fortes, s’abstenir !

Kasimedu est l’un des villages les plus pauvres intégrés à l’agglomération de Chennai. Il s’articule entièrement autour de l’énorme marché à ciel ouvert qui se tient aux aurores. Sur près de 2km les bateaux verts accostés servent de toile de fond à la vente, assurée par les femmes de marin. S’il y a beaucoup de marchés aux poissons dans Chennai, celui-ci est le plus connu et certainement le plus renommé et le plus coloré, un must pour les photographes. Le village lui-même à été construit pour les pêcheurs sous MGR, il émane d’une volonté officielle de leur donner un cadre de vie décent.

Koyambedu le grand marché aux fleurs, aux légumes et aux fruits de Chennai, une sorte de Rungis version tropicale. Des grands bâtiments de granit accueillent la merveilleuse profusion florale destinée aux temples et cérémonies, alors que le marché alimentaire voit se presser une foule bigarrée interrompue par les vaches et les deux roues.

Autour de Chennai et au Sud

Dakshinashitra

Ce musée, dit vivant, est avant tout un village reconstitué de maisons typiques de tout le sud de l’Inde. Il est situé à 25km autour de Chennai sur la route côtière (ECR) et son nom signifie « image du Sud ». On y retrouve des maisons de bois typiques du Kerala, et des maisons à cour tamoule. C’est à la fois un musée du folklore, une exposition d’architecture et d’arts locaux mais aussi une scène de spectacle. La mission consiste à promouvoir et préserver les arts du sud de l’Inde de manière aussi ludique que possible. Cette ONG et projet de Madras Craft Foundation est ouverte au public depuis 1996.

Les 18 maisons de style vernaculaire que l’on peut visiter contiennent le plus souvent des meubles ou des explications. Vouées à la démolition, elles ont été rachetées, démontées transportées et reconstruites par des artisans locaux. De la hutte de pêcheur, à la belle maison en bois keralaise ou à la maison partagée typique du Tamil Nadu avec sa grande cour intérieure, on passe d’un style à l’autre. Les spécificités et originalités régionales apparaissent ainsi de manière lisible. Outres des meubles, certaines maisons donnent des renseignements sur l’économie locale, le tissage, les liens commerciaux ou la vie des habitants. C’est un très joli lieu de sortie qui peut se cumuler avec une sortie créative pour les enfants, en fonction des activités proposées par le musée à ciel ouvert.

Cholamandal, le village des artistes autour de Chennai

Si vous cherchez une idée de sortie calme et artistique autour de Chennai en voici une à la sortie de le ville, non loin du premier péage.  C’est le village d’artistes fondé en 1966. Ces artistes, mis en lumière par l’école d’art, habitent les jolies maisons qui entourent la galerie ouverte il y a une dizaine d’années. Les cabanes initiales se sont peu à peu transformées en jolies maisons entourées de jardins de sculptures.

Kovalam Beach

 C’est la première grande et belle plage au sud de Chennai avec un site de surf.

Plus loin vous pouvez aussi aller jusqu’à Kanchipuram. Ou Mahäbalipuram et aussi temple des Aigles et Gingee.

Aux Français de Pondichéry

Un des charmes de la ville blanche est d’y croiser les noms des Français de Pondichéry écrits en Français. Ils évoquent bien quelque chose, mais quoi ?

Voici un petit récapitulatif de ces célébrités parfois oubliées. Et je ne parlerai pas du soldat indien qui a combattu aux côtés des Français dans les tranchées. Un joli monument art déco le long de la Promenade l’honore. Mais j’évoquerai ici ces hommes venus de l’hexagone qui ont contribué à façonner la ville parfois de manière contestable. Alors qui sont ces hommes ?

Les gouverneurs Français de Pondichéry

François Martin

Premier Gouverneur de Pondichéry., François Martin 1634-1706 arriva à Pondichéry une première fois en 1674, un an après la création de la Compagnie des Indes orientales. Il fut appointé premier Gouverneur général de la colonie naissante alors réduite à un hameau. Puis, il revint après l’occupation hollandaise. Il agrandit alors le camp. il y agrégea des villages avoisinants et mit en place le plan en damier typique des villes coloniales. Enfin, Martin fit de Pondichéry le siège des opérations françaises en Inde. Il y mourut et fut enterré dans le Fort Louis qu’il avait fait ériger. Brulé par les Anglais en 1761, celui-ci se trouvait à l’emplacement de l’actuel Parc Bharathi.

Pierre Benoit Dumas

Celui-ci, il nous semble le connaitre. Et pourtant non, la rue Dumas de Pondichery ne tient pas son nom du célèbre Alexandre. Elle n’a rien à voir avec le Comte de Monte Christo ou les Trois mousquetaires mais tout à voir avec le gouverneur de Pondichéry et de la Réunion, Pierre Benoît Dumas (1668–1745) .

Joseph-François Dupleix,

Outre la station de Métro parisienne, on découvre à Pondichéry un gouverneur énergique et ambitieux qui a transformé le village de pêcheur en port.  De fait, Joseph-François Dupleix (1697-1763) a fondé les prémices de la colonisation européenne sur les décombres de l’Empire moghol. Une statue l’honore sur la Promenade, une rue porte son nom ainsi qu’un café. On le retrouve également dans la maison de Ananga Ranga Pillai, son Intermédiaire, confident local et interprète. Ce dernier facilita le travail de Dupleix dans la colonie. Le Français fut un contemporain et rival de Robert Clive, héros sans scrupule des débuts de Fort Georges, aujourd’hui Chennai.

Charles Joseph Patissier, Marquis de Bussy-Castelnau

Bussy  qui répond aussi au nom évocateur de Patissier (1720 –1785) fut lui aussi Gouverneur Général en 1783 – 1785. Après avoir été ditingué par Dupleix il se chargea de la reprise en main de la ville en 1748. Il coordonna les opérations militaires avec Suffren, durant la guerre d’Indépendance américaine

Jean Law de Lauriston

Pondichéry est la transcription française du Puducheria , rapporté par les premiers explorateurs portugais. Ce qui signifie « village neuf ».  Ce village a changé de mains à maintes reprises. Après avoir été pris par les Britanniques, il fut récupéré une première fois par les Français. Jean Law de Lauriston, 1719-1797, neveu du financier écossais John Law, y fut deux fois Gouverneur. Il fut à l’origine de la reconstruction de la ville, en 1765, après sa destruction par les Anglais.

André Julien, Comte Dupuy

 Gouverneur General de Pondichéry de 1816 à 1825, André Julien, Comte Dupuy (1753-1832) récupéra les territoires conquis par les Anglais pour la troisième et dernière fois, ce après le Traité de Paris.

Des Français de Pondichéry qui ont laissé leur empreinte dans la ville

Sri Aurobindo et la « Mère »

Le saint homme et artisan de l’indépendance, en venant fonder un ashram et y passant une bonne partie de sa vie commune avec la « mère », a laissé une empreinte indélébile dans la ville. Mira Alfassa, libano- égyptienne et française a fondé Auroville en 1968. Cette communauté à 6km de Pondichéry a étendu son influence depuis. Sa présence se fait sentir à travers le trust qui rachète peu à peu la vieille ville et y installe ses boutiques et bâtiments gris contrastant avec la jolie teinte miel des maisons coloniales.

Mahe de la Bourdonnais.

Cet officier naval s’est illustré en prenant Mahé sur la cote du Malabar (Kerala). Il a conquis ses lettres de noblesse en tant que gouverneur de l’Isle de France (aujourd’hui IIe Maurice) puis de l’Ile Bourbon (La Réunion) avant de s’attaquer à l’Inde où sa rivalité avec Dupleix l’a  malencontreusement mené à la Bastille. Accusé faussement de trahison et de corruption, il a été réhabilité post mortem. Si Pondichéry ne lui rend hommage que par une rue, Paris lui a dédié une magnifique avenue du 7ème arrondissement.

Robert Surcouf

On ne s’attend pas forcément à rencontrer le célèbre pirate breton ( 1773-1827), esclavagiste et homme d’affaire, à Pondichéry et pourtant ses opérations dans l’Océan Indien pour saper la marine anglaise lui ont garanti une jolie rue dans le quartier français.

Pierre André de Suffren de Saint-Tropez,

Habitués du 15ème ou du 7ème arrondissement parisiens, saviez-vous que le provencal amiral, bailli de Suffren, avait été un amiral, habile tacticien et stratège hors pair dans les batailles qui l’opposèrent aux Anglais dans les eaux indiennes durant la révolution américaine ?

Édouard Goubert,

Goubert a donné son nom au marché établi en 1826. Il fut maire de Pondichéry puis premier ministre du territoire au début des années 1960. Il œuvra pour le statut des habitants.

Eugène Desbassayns de Richemont

Cet administrateur (1800-1859) a été Gouverneur Général de Pondichéry entre 1826 et 28. Il a fondé en 1828 le lycée français. Le Comte de Richemont a donné son nom à une rue mais a aussi ouvert des écoles indiennes et la bibliothèque publique, ainsi que le marché central aujourd’hui nommé Goubert.

Romain Rolland

Bien que prix Nobel de littérature en 1915 Romain Rolland n’est qu’un vague souvenir en France. En revanche ses amitiés avec Tagore et Gandhi lui ont garanti une ravissante rue bordée de bougainvilliers dans le centre de la vieille ville.

Victor Schoelcher

Une jolie statue de celui qui a abolit l’esclavage en 1848 orne la Promenade. Sur un piédestal de marbre noir, la tête de ce grand libéral surmonte un petit relief montrant un esclave libéré.

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Le cinéma indien

L’objet de cette nouvelle rubrique sur le cinéma indien, nommée de manière aguichante « M. Bollywood » est de donner des exemples et avis sur la fantastique production cinématographique locale. Le mot valise composé de Bombay et de Hollywood concerne en fait uniquement la production du Nord de l’Inde tournée dans les studios de Mumbai. Mais en Occident le terme est un fourre-tout pour désigner l’ensemble très divers des cinémas régionaux.

Le Nord, territoire de Bollywood

Le cinéma est arrivé en Inde par Bombay. Maurice Sestier , chef opérateur des Frères Lumières a y en effet débarqué en 1896. A l’époque. les inventeurs du cinéma Lyonnais avaient eu l’idée d’envoyer des chefs opérateurs à travers le monde. Leur but était double, Il s’agissait d’une part de rapporter des images nouvelles de leurs voyages, d’autre part de vendre leur savoir-faire et leur matériel sur de nouveaux marchés.

Très rapidement, le cinéma tourné à Mumbai se calque sur les énormes productions hollywoodiennes en leur donnant une touche indienne, qualifiée de masala. Ce terme fait allusion aux mélanges d’épices dans la cuisine indienne. Chaque film utilise les mêmes ingrédients scènes d’action, humour, amour, chants, danses. La différence se fait dans le dosage et la répartition des personnages, souvent des stars issues de véritables dynasties cinématographiques.

Pour autant, Le cinéma indien ne se limite pas à Bollywood. Ainsi le Tollywood du cinéma bengali regroupe les films tournés dans les studios de Tollygunge de Kolkota. 

Le cinéma indien du sud plus historique

 Le reste de la pléthorique production indienne provient des différentes régions. Chacune se montre fière de sa langue, de sa musique , de ses danses, de ses stars et de l’originalité de ses créations. Ce, même si les ingrédients se ressemblent souvent. Car quoique indépendant, le cinéma régional peut manquer d’originalité. On peut même le trouver parfois simpliste dans sa démonstration constante du triomphe du bien sur le mal.

D’une manière générale, le cinéma du sud est assez conservateur. Il raffole des vastes fresques mythologiques, historiques, familiales voire, quoique plus rarement, sociales.  Les productions du Sud puisent à pleines mains leur inspiration dans les épopées du Ramayana et Mahabharata . Les personnages répondent aux doux noms des divinités du panthéon hindou. Ces productions restent ainsi plus traditionnelles avec des thématiques et personnages empruntant davantage aux mythes.

On peut néanmoins distinguer trois lieux de production importants accompagnés d‘une importante industrie de doublage permettant à chacun des films de rayonner sur l’ensemble des états du Sud .

  •  Sandalwwood s’utilise pour les films en Kannada tournés dans le Karnataka (Bengalore). Les histoires sont souvent tirées des grandes épopées, de la mythologie
  • Dans le Kerala, les films sont tournés à Mollywood en malayalam. Ils tirent plus vers le cinéma d’auteur, vers les problématiques sociales.
  • Kollywood désigne le cinéma du Tamil Nadu, jadis filmé dans le quartier de Kodambakkam. Je dis jadis car les studios ont désormais déserté le centre de Chennai.

Encore une fois, les thématiques du sud sortent souvent des grandes épopées et mettent en scène des héros indomptables et quasi immortels. Le grand public regarde ces films mythologiques un peu comme s’il allait au temple. Il admire des réincarnations divines et applaudit à leur bravoure et leurs exploits. On n’est donc pas très étonnés que Les films du sud ne récoltent pas de récompenses internationales mais beaucoup de succès localement.

Le cinéma indie ou cinéma dit « parallèle »

Ce type de film « indépendant » et à résonance sociale n’est pas le plus courant, bien évidemment, car une grande partie du public n’est attiré que par le cinéma populaire. Il faut dire qu’en Inde, le cinéma a conservé sa magie.  Le héros continue d’incarner les espoirs et les rêves du public en très grand et les films jouent le rôle de soupape en faisant oublier, le temps d’une séance, l’injustice et l’oppression. Les salles, spacieuses, et en général, relativement insonorisées, (surtout dans les centres commerciaux) offrent une rupture dans un quotidien synonyme de promiscuité et de difficultés. Le cinéma conserve donc un attrait magique.

Cependant, de plus en plus à Mumbai, voire au Kerala, apparait un cinéma indien social avec des tentatives courageuses et des sujets plus modernes