Le style indo-sarracénique

Le style indo-sarracénique désigne les bâtiments de l’époque victorienne en Inde. Sur le sous-continent d’une manière générale, et plus précisément à Madras qui présente une belle collection, on découvre avec amusement les vestiges du Raj. Ce mot hindi désigne le gouvernement colonial britannique en Inde.

 Également nommé indo-moghol ou indo-gothique, gothico-moghol ou néo moghol, ce style affecte essentiellement des monuments publics ou des bâtiments administratifs du Raj.

Formation du Raj

En 1857, la compagnie des Indes orientales qui contrôlait de larges pans du sous-continent, légitimise son pouvoir en prenant sous sa protection l’empereur moghol Shah Alam II. La rébellion des princes indiens et des soldats anglais marque la fin de l’empire moghol. Celui-ci est dissous officiellement par les Britanniques. Les territoires de la Compagnie des Indes sont alors transférés à la couronne qui implante son administration de façon officielle. La colonisation anglaise a débuté.

Pour afficher ce nouveau pouvoir tout en l’inscrivant dans la continuité de l’héritage moghol, Les architectes empruntent leur vocabulaire décoratif à l’architecture indo-islamique laissée par les prédécesseurs et inspirateurs des Britanniques. En revanche, ceux-ci empruntèrent assez peu aux temples hindous.

Vers une architecture officielle

Dans les faits, les colons construisirent des bâtiments contemporains en leur ajoutant une décoration qui leur paraissait locale. En l’occurrence, ils s’inspiraient des descriptions de l’Inde de la fin du 18e siècle. Les architectes anglais mélangèrent joyeusement ces images exotiques avec des lignes plus européennes. De fait, on retrouve le style indo-sarracénique de la Malaisie au Sri Lanka et jusqu’ aux Iles Britanniques avec l’extraordinaire Royal Brighton Pavillon construit pour George IV (1787–1823). Plus largement ,le style néo arabe se retrouve à travers l’Europe et aux Etats Unis . On peut penser ici aux bâtiments près de Brick Lane à Londres, école de mode de style néo mudéjar espagnol.

Le terme médiéval sarracène désignait les musulmans arabophones. Et les Anglais furent les premiers à utiliser le mot indo-sarracénique pour évoquer l’architecture moghole indo-islamique. Ce style mêlant grandeur anglaise et héritage indien aux yeux des colons légitimait pour eux leur présence en ces territoires.

Naissance de l’architecture indo-sarracénique

Le premier bâtiment indo-sarracénique est né à Madras, au Chepauk Palace. D’ailleurs, la ville reste un bel endroit pour voir ce style si particulier qui se retrouva également dans les deux centres de Bombay et Calcutta. Ironiquement, Madras en fut un des centres. Ironiquement, car le Tamil Nadu avait été épargné de la tutelle directe des Moghols. En outre, les détails indo-sarracéniques empruntent souvent à l’architecture rajahsthani ou même aux premières incursions turques. Mais, ils ne font aucunement référence à l’histoire tamoule.

Chepauk Palace

La majorité de ces bâtiments indo-sarracéniques remontent donc à la colonisation britannique, de 1858 à 1947, avec un pic dans les années 1880. Elle correspond en partie aux aspirations britanniques pour un style impérial et proclame le concept inaliénable de l’empire invincible. Il s’agit en général de bâtiments imposants et couteux. Les matériaux et l’ornementation demandent beaucoup de savoir-faire. On compte peu de résidences privées dans ce style.

Ce style est donc à la fois proclamatif et fonctionnel car il visait à accueillir des fonctions nouvelles. Gares, bâtiments administratifs pour une bureaucratie croissante, tribunaux, universités, tours horloges, musées. Ce sont tous des bâtiments de grandes dimensions. Souvent, ils incorporaient des méthodes constructives modernes. Même si les façades étaient souvent de pierre, la structure recourait à l’acier, au fer et au béton, puis au béton armé.

Particularités du style indo-sarracénique

Le style indo-sarracénique se caractérise par des motifs nouveaux mais aussi imités d’écoles d’architecture locales ou régionales, notamment Bengali ou Gujarati

  • Avant-toits en surplomb, souvent soutenus par des corbeaux saillants
  • Dômes en bulbe (oignon) ou toits arrondis.
  • chajja : brise soleil ou avant-toit sur un porte à faux fixé dans le mur d’origine Bengali ou Gujarati
  •  arcs en pointe,  arcs festonnés,  motifs tels les encorbellements avec de riches stalactites sculptés
  • arcs en fer à cheval caractéristique de l’Espagne islamique ou Afrique du nord mais souvent utilisé
  • Couleurs contrastantes des arches (rouge et blanc comme en Espagne )
  •  chhatri avec un dôme, kiosques sur le toit
  • pinacles, tours, minarets, balcons, kiosques
  • Pavillons ouverts ou avec toits bengali.
  • jalis ou écrans ouverts, ou fenêtres travaillées d’origine moghole.
  • Mashrabiya or jharokha-fenêtre écrans.
  • Iwans, en guise d’entrée en retrait par rapport à la façade, sous un arc.

Parry’s Corner

clocher blanc dans le jardin de l église arménienne

Parry’s Corner évoque pour les habitants et les touristes une succession de ruelles et de marchés de rue ou tout s’échange, se vend. Paradoxalement c’est aussi l’un des quartiers les plus anciens et les plus riches en architecture et il est dommage de ne s’arrêter qu’à la frénésie commerciale.

A l’origine du Madras britannique, Fort George et Parry’s Corner

A l’époque de la fondation de Chennai il n’y avait que des villages, parmi lesquels Chenna-Patnam, Madras-Patnam et Mylapore. Les Britanniques à leur arrivée fondèrent la ville de George Town, bientôt connue comme ville blanche et ouvrirent une route nord sud. Puis ils créèrent la ville noire en damier, le long de la plage avec le bazar birman. Une route menant à la prison au nord et à l’ouest à la gare centrale conplétait l’ensemble. Deux villes coexistaient donc, le fort à l’abri des murailles et au nord, la ville nouvelle au plan hippodaméen commerçante et locale avec ses temples et marchés.

 Lorsque la compagnie des Indes Orientales (EIC) grossit, elle eut besoin de comptoirs. Francis Day fut chargé en 1639 de trouver un nouveau port, non loin de l’implantation portugaise de Mylapore. Le commerce lusophone florissait depuis déjà un siècle. Le succès des Portugais, encouragea les Britanniques.

Sir Francis traversa le bastion hollandais et tomba sous le charme des lieux. Il obtint des terres du dignitaire local. Il fonda alors Fort st George pour la couronne britannique avec bureau, entrepôts et résidences pour la compagnie. Cette première ville fut pourvue d’une muraille.

Des 1600, la ville noire apparut hors des murs.  Elle résultait de la croissance mais aussi d’une discrimination entre chrétiens et locaux. Elle comptait des Telugus et Tamouls mais aussi d’autres groupes juifs, arméniens, gujaratis. Cette ville noire était dépourvue de murs. Les Français y tinrent siège en 1746 contre les Britanniques pour conquérir le trône des nawabs. Ils finirent par échanger Louisbourg, en Nouvelle Ecosse, au Canada contre Madras. Les négociants anglais revinrent alors et protégèrent la ville noire avec des armes et non des murs. Avec la colonisation en 1857, la Compagnie des Indes orientales remit ses territoires et parts à la couronne britannique.

temple et immeuble art déco dans Geogetown

Promenade autour de Parry’s Corner

Georgetown tient son nom du Roi George IV. Néanmoins, on parle du quartier comme de Parry’s Corner. Ce même si le nom désignait à la base juste un édifice commercial, d’où Thomas Parry fit fructifier ses activités.

Pour cette promenade, on peut justement partir de l’immeuble de Parry’s Corner. Ce nom correspond au second bâtiment d’affaire le plus ancien à survivre à Madras dans les années 1900. D’une riche famille, Thomas Parry, frère d’un administrateur de Georgetown, arriva à Madras. Marchand indépendant, il vendait un peu de tout, des voyages, du vin, de l’immobilier. Puis, il ouvrit une tannerie en 1905 et une, sucrerie en 1908. Ensuite, il s’associa avec William Dare. Ce partenariat fructueux prit fin dans les années 1920 lorsque Parry dut s’exiler pour des raisons politiques. Le bâtiment prit le nom de Dare mais le quartier et le sucre s’appellent toujours Parry.

facade art déco de Dare House

C’est au niveau de Dare House qu’eut lieu le siège français. En 1897, une esplanade jouxtait les murailles. En atteste un obélisque (sur les 5 existant à l’époque) et un bâtiment juridique néo-gothique. C’était une zone frontière entre les villes noire et blanche.  C’est en ce lieu que se sont développées les cours de Justice regroupant toutes les professions juridiques sur le modèle britannique mais selon le style indo-sarracénique. Ce fut surtout le centre de la ville et on y trouvait banques, commerces, institutions religieuses et administrations.

En face des dômes et pinacles d’allure néo-moghole, Dare House à l’angle, utilisé comme consulat américain a été détruit en 1908. Il a été reconstruit en acier et béton, de manière plus moderne. C’est un des rares bâtiments art déco de la ville à vocation commerciale.

Dubashi et Chetty  Street

Avant de tourner sur Dubashi Street, se dresse l’église du missionnaire John Anderson venu monter une école de filles dans St George et propager la foi chrétienne. L’église fut ensuite affiliée à l’université de Madras en 1877. Du collège, ne reste qu’un mur.

Le terme de dubashi se réfère aux serviteurs, traducteurs devenus en quelques sortes, intermédiaires, collaborateurs, agents, intermédiaires, receleurs, agents double au service des colons. Cette position avantageuse les enrichit considérablement. Ils possédaient beaucoup de terres et ont donné leurs noms aux rues. Mais ils volaient souvent les locaux. dubakul in tamul se traduit par tricher. La petite histoire raconte que pour se faire pardonner ils construisèrent de nombreux temples à travers la ville.

Chetty Street évoque en revanche les nombreux Chettiar, ces commercants qui ayant fait fortune avec les Anglais se firent batirent des palais somptueux dans le Chettinad.

Le bâtiment victorien de style vénitien rappelle les écrits de Ruskin. Il s’agissait d’une succursale d’une société de Mumbay. Construit en 1900 dans le style indo-sarracénique, l’édifice de brique possède une façade de brique et pierres aux spectaculaires vitraux et aux arcs de style venitien. La structure est néanmoins moderne et implique fer et acier, emblématiques de la révolution industrielle. Une véranda soutient le toit terrasse.

Armenian street

Cette rue prend le nom de la très belle église arménienne véritable oasis de charme dans le tohu bohu du quartier. Les Arméniens, d’abord à San Tome au Mont (ils ont financé l’escalier) sont tous partis. Mais ils étaient très prospères. Ils s’étaient enrichis grâce au commerce de la soie, des bijoux et épices. De ce fait, ils construisirent une église en 1712 plus proche de leur lieu de commerce fort st George.

Un peu plus loin se trouvent le centre catholique, un grand bâtiment art déco. A l’emplacement du parking qui le jouxte se trouvaient Benny and co ou les Arméniens vendaient leurs propriétés avant de rentrer chez eux. Cette énorme société a fait faillite. John Benny travaillait avec le nabab, il occupait de nombreuses fonctions et vendait des uniformes, fournitures de toutes sortes. Il investit dans 2 moulins, Buckingham et Karnatikam, puis à la fin du 19ème siècleune filature à Bengalore. Après l’indépendance, la société plongea du fait de la crise. Benny fut racheté dans les années 1960.

En face, la Compagnie d’assurance privée, est une succursale de celle de Bombay. Un architecte indien créa le bâtiment moderne, un des premiers planifiés en 1945 avec une entrée en angle. Le bâtiment est célèbre pour son sous-sol enterré pour les dépôts. Il recourait à des matériaux locaux. La décoration rappelait l’architecture indo-sarracénique avec le balcon de côté avec jally, le petit dôme, le joli Chatri  (kiosque) sous le toit. Aujourd’hui, la compagnie devenue LSI a été nationalisée à l’indépendance.

Un peu plus loin sur la rue, South India house, de style Edwardian offre une décoration bien différente presque rococo sur une façade toute simple.

Le Long de Beach road face au marché birman

Cette rue était l’avenue de parade bordée d’arbres et de luminaires le long de la plage avant le percement de Marina et le déplacement des clubs de plage. Avec l’ouverture de la gare, les Britanniques construisirent le long de la belle promenade, leurs plus beaux bâtiments. Les nouveaux arrivants, marchands, marins pouvaient y admirer la splendeur du Raj à travers de somptueux édifices. Aujourd’hui la vétusté et l’incurie font pratiquement oublier la grandeur indo-sarracénique de ces façades en relief. En diffère, celle du Metropolitan Magistrate court, pour les cas civils. Construite en 1892, sa façade plate ornée de mosaïques atteste combien les Britanniques consacraient un minimum d’argent pour rehausser un édifice pour les locaux.

Le train à Chennai

Le train est omniprésent à Chennai, terrestre ou souterrain. La ville abonde en effet en gares. Une quarantaine d’entre elles attestent du développement privé du chemin de fer d’origine.  Elles permettaient de relier la multitude de petites communes qui composent la ville d’aujourd’hui. Les premières lignes appartenaient en effet aux grandes familles et facilitaient leurs déplacements. Ainsi la Compagnie carnatique permettait au Nawab de se rendre de leur capitale Arcot à Royapuram. Je vous propose ici une double promenade pour découvrir le train à Chennai

Une ôde au train à Chennai, le musée du chemin de fer

Le bien amusant musée du chemin de fer. Ouvert en 2002 puis agrandi, il a pour but de valoriser le patrimoine et l’image du train en Inde. La billetterie se trouve dans un wagon. Elle donne accès au parc récréatif, aux collections et à un verre de thé. Il est particulièrement attractif pour les enfants avec ses locomotives anciennes. On peut y grimper et profiter des jeux répartis dans un grand parc. Et bien sûr on peut faire le tour du parc en petit train. On peut même déjeuner dans un wagon restaurant. Cinq galeries exposent des modèles, photographies, maquettes de trains ainsi que des œuvres d’art liées à la thématique.

Des cartels y font remonter la création du train à la Grèce. Cela me parait un peu osé, mais l’argument ne manque pas de sel. Le musée voit l’ancêtre du train dans les wagonnets traversant l’isthme de Corinthe, aujourd’hui percé par un canal, sur des rondins de bois. En place de locomotive des esclaves se chargeaient de haler les voitures. Ils évitaient ainsi le long contournement maritime du Péloponnèse.

Puis le musée évoque rapidement les locomotives tirées par des chevaux. Et il s’intéresse ensuite à la révolution industrielle et à James Watt et à l’invention de la machine à vapeur. Des explications alternent avec des reproductions et maquettes. Viennent alors les premières locomotives électriques. Suit une chronologie des chemins de fer. Elle commence en France avant de se diffuser à l’Angleterre et à l’Europe mais aussi aux colonies dont l’Inde.

Des trains de luxe

Un bâtiment du musée est consacré au métro . En revanche, une grande section présente une autre façon de profiter du train en Inde. Elle présente en effet les trains fastueux, recréant ceux des cours princières et restaurés pour des touristes avides d’expériences originales. Le « palace on wheels » réhabilité en 1982 recrée ainsi les splendeurs des maharajas. Et permet de découvrir le Rajahstan à des prix.. royaux.  Le « Golden Chariot », lui, parcourt le Karnataka et s’enorgueillit d’une décoration empruntée au site archéologique d’Hampi.

 Toujours dans le Nord et l’Est du pays, autour de Dehli ou Mumbai, le « Deccan Odyssey ». Lui aussi propose des voyages de luxe.

La majorité de ces palais roulant offrent malheureusement des expériences longues (8 jours) et onéreuses. Alors pourquoi ne pas vous contenter d’un voyage plus court et à Chennai même?

Une balade en train et des arrêts en gare

Pour retracer l’histoire du train à Chennai on peut effectivement faire le tour des gares. L’expérience prend tout son sel en chemin de fer. Bruyant et sale, il offre néanmoins un moyen amusant et original de découvrir la ville. On peut en profiter pour s’arrêter dans les stations les plus belles.

–   C’est à Royapuram que se trouve la plus ancienne gare d’Inde,

Edifiée en 1853, elle dispute son ancienneté avec la grande gare Howrah de Calcutta. Construite en lisière de l’implantation britannique, elle desservait l’ensemble des petites lignes d’alors. Bien que contemporaine lors de sa construction de Bori Bunder à Mumbai, seule Royapuram reste encore debout. En effet, la première gare de Mumbai a laissé place vingt ans plus tard au terminal Victoria, aujourd’hui Chhatrapati Shivaji Terminus.

Royapuram affecte un style classique avec son grand porche et ses colonnes de briques rouges. Avec l’édification de Central station en 1873, la circulation des trains se déplaça. La gare de Royapuram ne fut plus affectée qu’au déchargement des cargos. Très endommagée, il est question de lui redonner de sa splendeur passée. Mais rien n’est encore véritablement décidé à ce jour. Et il faut traverser un véritable no man’s land aujourd’hui pour découvrir ce joyau de temps révolu. Certes repeinte à l’extérieur, mais abandonnée.

– La Gare centrale de Chennai

Lors de son inauguration., Madras Central Railways Station s’affirma comme un équivalent des grandes gares londoniennes. Avec ses énormes halles bordés de kiosques et boutiques, ses grandes verrières abritant les quais, elle utilisait les matériaux modernes. Elle visait à concurrencer les plus belles constructions anglaises. Si elle est globalement de style néo roman, sa grande tour néogothique est néanmoins devenue emblématique de la ville. Influencée par les modèles britanniques, elle imprime une marque très anglaise à Chennai. Son horloge et son style victorien rappellent Saint Pancras . Elle marque la porte d’entrée dans les régions du Sud pour les voyageurs du Nord ou de l’est du pays.

–  La ravissante Egmore station date de 1907.

La gare d’Egmore avait pour vocation de décongestion Central station en desservant le sud du pays. Les nouveaux matériaux, fer forgé et verre,  et la claire distribution des espaces attestent de la volonté de modernité. En contraste, Sa façade indo-sarracénique donne une version locale amusante de l’art nouveau. Ses dômes reposent sur des colonnes ouvragées d’inspiration dravidienne. Ses motifs animaliers, dont un joli éléphant lui donnent du pittoresque. Son aspect extérieur éclectique ne fait pourtant pas l’unanimité chez les architectes.

Beautés d’Hyderabad

Cet article consacré aux beautés d’Hyderabad fait suite à mon article de la semaine dernière. Je m’y étonnais que les immanquables de Hyderabad ne soient mentionnés sur aucun guide mais surtout sur aucun site. Voici donc cette semaine ce qui vaut vraiment la visite et n’est pas toujours ni connu ni référencé et ce que vous pouvez décider d’éviter.

Des beautés d’Hyderhabad qui méritent vraiment le voyage

Golconda Fort

Golconda ou “colline des bergers” en Telougou est l’un des forts les plus célèbres d’Inde dans ce qui était la capitale du Royaume entre les XIV et XVIe siècles. A l’origine, il s’agissait d’un fort de boue, reconstruit par les trois premiers rois Qutub Shahi. Merveille architecturale que l’on date au XIIe siècle, la forteresse se dresse sur une colline, à une dizaine de kilomètres de centre de Hyderabad. Le site se compose en réalité de quatre forts distincts avec une muraille imposante entourant l’ensemble sur plus de dix kilomètres de long. Il est notamment renommé pour son acoustique et son système hydraulique particulièrement ingénieux.  9h/17.30 tlj

– Tombes Qutb Shahi

Contrairement aux dires de nombreux blogs, ce site ne se trouve pas juste à côté du fort. Aller de l’un à l’autre représente une longue marche modérément agréable pour laquelle un taxi est bienvenu. Ce vaste et magnifique lieu recèle des tombes des souverains de la dynastie locale Qutb Shashi. Il représente l‘une des grandes beautés d’Hyderabad.

  Dans un grand parc, on se promène entre ces 16 mausolées surmontés de dômes et 23 petites mosquées dont les minarets inspirées de l’empire ottoman ne dépareraient pas auprès du Taj Mahal. La décoration antérieure aux Moghols (et donc au Taj Mahal) ne comprend pas d’intarse mais de la dentelle de pierre. Des traces de polychromie permettent d’imaginer l’impact de ces dômes bleus devenus blancs. Un hammam bien conservé et un petit musée évoquant les restaurations par le trust Aga Kahn.

Chowmahalla Palace

Chowmahalla est resté longtemps le siège de la dynastie Asaf Jahi et la résidence officielle des Nizams d’Hyderabad lorsqu’ils gouvernaient la ville.

On entre dans ce beau palais du 18eme siècle par un jardin orné d’un miroir d’eau sur lequel se reflète la salle du trône ou Durbar, toute de marbre et verreries européennes. Les salles de gauche et droite exposent des photos de la vie des Nizams. A l’étage, des services de faïence et à l’arrière des armes. En contournant le Dubar, le long de la tour de l’horloge, on parvient à un second parterre bien entretenu qui mène à une troisième cour . Autour de celle-ci s’articulent quatre palais d’ ou le nom de Chow (4) mahallas (palais). Deux d’entre eux sont ouverts à la visite. L’un expose des vêtements de cour, l’autre des salons très fin du 19`eme siecle. Dans un dernier jardin, on découvre la collection de vieilles voitures des Nizams. 10h-17h sauf vendredi. La boutique du musée vaut le détour.

Ce qui mérite peut-être moins le détour

– la circulation démentielle

Il est quasi impossible de marcher à Hyderabad ce qui rend le taxi (uber ou surtout ola fonctionnent très bien) indispensable. La circulation démentielle et la pollution font que le métro peut ne pas être une mauvaise idée.

-Jung Museum

Réputé comme l’un des trois musées nationaux de l’Inde, il doit sa renommée à sa taille, son relatif bon état et sa collection d’œuvres européennes et asiatiques. Alors si vous défaillez de plaisir face à un Turner ou un Constable allez-y, tout en évitant la foule des fins de semaine.

-Birla Mandir

Ce temple hindou construit en 1976 en marbre blanc dans un style des plus éclectiques domine la ville. La vue sur le lac y est somptueuse. Encore faut-il accepter de vous démunir de vos chaussures et de vos possessions, portable en tête. L’accès à pied permet de traverser un sympathique marché .6/12h et 15/21h.

-L’archi modernité

Hyderabad présente deux faces contradictoires. D’un côté, la misère et la crasse. De l’autre,le luxe et la haute technologie. Ainsi, la ville est dotée d’un aéroport ultra moderne. Elle jouit d’une réputation de capitale de la High tech avec des quartiers portant le nom de Cyberabad, ou HiTec. Elle s’enorgueillit de galeries commerciales modernistes. Cette modernité fait de Hyderabad sinon la Mecque de la High Tech, une sorte de Kuala Lumpur indien.  

-Le Taj Falaknuma

Cet ancien palais des Nizams a été entièrement réhabilité par la luxueuse chaine hôtelière Taj. Pour visiter ses somptueux jardins et salons, il est obligatoire de prendre un tour avec afternoon tea. On peut aussi y loger ou y prendre un repas mais le tout avec réservation.

Les joyaux cachés, ces vraies beautés d’Hyderabad

Thé au safran

 Les guides évoquent certes le biryani, plat de riz spécialité de cette ville largement musulmane. Ils parlent également du Haleem qui dans les faits ne se mange que pendant le mois de Ramadan. En revanche, s’ils conseillent le thé iranien, ils ne mentionnent guère le fantastique té au safran. Lacté et sucré c’est un formidable reconstituant. A savourer sans limite chez Pista House.

Le Marché Mozamjahi

Rares sont les mentions du marché central. Construit en granit, la pierre locale, à l’époque britannique il s’enorgueillit d’un carillon à la Big Ben. Les locaux fréquentent les lieux le matin pour leurs emplettes, l’après-midi pour y déguster une délicieuse glace.

L’ancienne Résidence d’Angleterre

Peu documentée également, la Résidence d’Angleterre au sein de l’Université vaut le déplacement pour les amateurs de cinéma et d’architecture. C’est une grande demeure typiquement palladienne. Elle sert de lieu de tournage, plus encore que les célébrissimes studios de Ramoji transformés en parc de loisir. A l’heure de notre passage, l’illustre Prabhas venait de quitter les lieux.

– Les tombes Paigahs

Ce site est peut-être la plus absolue des beautés d’Hyderabad. Il justifie certainement de venir à Hyderabad. D’abord, parce que le trouver s’apparente à un véritable jeu de piste. Cela donne ce qu’il faut de frisson à l’aventurier qui est en chacun de nous. Surtout parce que la finesse architecturale y est merveilleuse. Il ne reste qu’à attendre que la Fondation Aga Kahn (encore une fois) ne fasse jouer sa magie restauratrice pour que ce lieu exceptionnel retrouve sa magie.

Hyderabad

Dans la série ville sous cotée au niveau touristique et sous documentée Hyderabad détient la palme. Les guides papiers sont plus que succincts. Quant aux conseils tirés çà et là d’internet ils émanent de gens qui visiblement ne sont pas allés à Hyderabad. Ou très rapidement il y a longtemps et ont reposté des informations plus ou moins exactes.

magasin de bangles, souk, Hyderabad

Alors, voici les lieux les plus documentés ou bizarrement passés sous silence à venir tester ou pas.

Cette ville à 43% musulmane, a été fondée avant l’arrivée des Moghols et gouvernée pendant quatre siècles par ses richissimes nizams. De ce fait, évitez les visites le vendredi, tout y est fermé. La semaine prochaine je vous emmènerai dans des lieux moins connus mais à tort. Aujourd’hui, découvrez la statue énorme et immanquable dont aucun site de visite ne parle. Mais aussi la mosquée et le souk où se précipitent les visiteurs et la cité du cinéma transformée en parc d’attraction.

Des lieux d’Hyderabad archi référencés à juste titre

Charminar, centre de Hyderabad

Certes la mosquée aux quatre minarets (d’où le nom en ourdou) est imposante et emblématique du style architectural si unique à Hyderabad. Ses minarets d’inspiration ottomane et ses dentelles de pierre à la persane impressionnent en effet. La foule également. Sa construction remonte à 1591 et à la fondation de la ville. Son érection devait marquer la fin d’une épidémie de peste. L. Tlj 9.30/17.30

Mecca Masjid  ou Mosquée de la Mecque

C’est l’une des plus anciennes mosquées de la ville et l’une des plus grandes du pays. Elle marque le point de départ de la ville, oeuvre de Muhammad Quli Qutub Shah en 1693. Son nom s’explique par les pierres rapportées de la ville sainte. Il vous faudra vous déchausser et vous couvrir pour y découvrir la magnifique cour au bassin et la salle de prière. 4h/ 21h30 tlj

Laad Bazar, le souk animé d’Hyderabad

Au pied du Charminar, le Laad Baazar est le marché le plus ancien de la ville. Laad signifie « résine », en référence à la résine utilisée pour insérer les pierres et diamants sur les bracelets. En effet le bazar effervescent et bruissant croule sous les petits vendeurs de bracelets, robes scintillantes et faux bijoux. Vous pouvez vous y perdre si vous aimez les souks moyen- orientaux et que vous adorez marchander.

Des lieux que vous ne pouvez pas ne pas voir à Hyderabad

Ici je vous présente des lieux à voir parce que vous ne pouvez pas faire autrement sauf à éviter toute une partie de la ville. Cependant, vous pouvez tout à fait décider de ne pas aller regarder.

–  Le Lac Hussainsagar

Si vous êtes prêts à gober n’importe quel guide qui n’a jamais mis le pieds à Hyderabad, foncez au jardin public. Mêlez-vous à la foule pour vous serrer dans un ferry et profitez des effluves d’aisselle et des remugles nauséabonds de cette pièce d’eau artificielle. Alimentée par la rivière Musi, elle a été construite par Ibrahim Quli Qutub Shah en 1563, dans le but de fournir la ville en eau.

 Vous pouvez cependant préférer les hors bords dans lesquels, saucissonné dans un gilet orange, on vous fera tourner autour de la pauvre statue de Bouddha érigée en 1992 pour une raison indéchiffrable. Certes grand, ce monolithe de 18m en comptant le piedestal, isolé à quelques mètres du bord parait bien petit vu de loin.

La forme de cœur vantée par les guides m’a échappée, en revanche les odeurs m’ont bien mis le cœur au bord des lèvres. Quant au tour du lac pour rejoindre Secunderābād il vous confronte à la difficulté de marcher en Inde. S’il y a des trottoirs ils sont ou occupés par des travaux, des automobilistes ou rendus impraticables par les trous et la pestilence des déjections humaines. Welcome !

-la statue d’Ambedkar

Au bord du lac, une énorme statue écrase la vue de ses 38m de hauteur. Elle représente le Dr Ambedkar, père de la constitution indienne. En comparaison, le Bouddha est à peine visible. Le grand homme qui a œuvré à l’abolition des castes, se tient debout sur le bâtiment législatif. Pourtant, ce symbole pas vraiment inaperçu n’est mentionné sur aucun site et dans aucun guide. Pas étonnant il a été dressé en Avril 2023.

L’immense statue domine le lac, certes, mais aussi le parc NTR. Son nom provient de l’ancien Chief Minister. Cet ancien acteur était aussi grand papa de NT Rama Rao Junior, star absolue dans le  block Buster RRR.  Rao Junior peut aussi saluer son papy statufié au bord du lac. Ça c’est vraiment la classe.

-Le Secrétariat Général

Derrière cette statue, au-delà du Parc NTR, se dresse le bâtiment imposant du Secrétariat général du Telangana. Cette grosse bâtisse en carton-pâte a été érigée pour contenir les locaux de la capitale du Telangana et de l’Andra Pradesh. Ce après la dissociation du Telangana de l’union des deux états en 2014. Il a fallu araser la dizaine de bâtiments de l’époque des Nizams, souverains locaux, pour construire cette bâtisse en 2021. Elle est éclairée comme la foire du trône à la nuit tombée. Le résultat se passe de commentaire.

statue énorme et lumineuse du Dr Ambedkar

Flambant neuf également, se dresse le mémorial aux martyrs du Telangana en face du secrétariat. La surface en miroir du gros haricot géant reflète le bâtiment sus cité. Quant à la fausse flamme dont la forme se passe de descriptif elle ne vaudrait que par son originalité constructive. Je laisse les visiteurs juge mais sachez au moins que le centre de Hyderabad est en passe de changer complètement.

Ramoji Film City

Vanté comme attraction majeure pour les amoureux du 7ème art il vaut mieux vérifier ce que vous venez chercher car les guides copient d’anciens commentaires et les réactualisent rarement. Dix ans se sont passés depuis leurs dernières recommandations. Certes Hyderabad capitale jointe du Telangana et de l’Andra Pradesh est LE CENTRE du cinéma du sud. Pour autant, Ramoji Film city, construit par le producteur Telugu Ramoji Rao en 1996 à 34km de la ville, n’attire plus de tournages depuis Bahu Bali . Les studios se sont transformés en parc d’attraction. Amoureux du 7ème Art, lisez bien les commentaires avant de vous hasarder sans quoi vous risquez une belle déception.

Quant à moi, je vous retrouve la semaine prochaine pour vous raconter tout ce que j’ai vraiment aimé à Hyderabad.

L’Alliance Française

L’Alliance française de Madras, conserve le nom de l’association fondée bien avant le changement de nom de la ville en Chennai, en 1996. L’institution vient de célébrer en grande pompe ses 70 ans. Pour cet anniversaire, l’Alliance Française a fait peau neuve avec pour objectif de s’ouvrir à tous et de faire résonner la culture française bien au-delà de l’hexagone.

L’Alliance française de Madras rajeunie pour son 70eme anniversaire

               Fondée en 1953, cette Alliance nous rappelle que les liens entre le Tamil Nadu et la France s’ancrent dans l’histoire. Ce, depuis l’implantation française à Pondichéry au XVIIIème siècle. De ce fait, elle représente bien plus qu’un simple centre de langue.

L’Alliance offre bien sûr des cours de français aux apprenants. Elle accueille aussi des activités dans le bel auditorium Michelin. La bibliothèque a elle aussi fait l’objet d’une cure de rajeunissement. Surtout, le bel Espace 24, au 24 College Road, permet d’accueillir des expositions. Il aide aussi à mettre en valeur des artistes locaux ou français.

Ce 70ème anniversaire permet d’officialiser les nouveaux bâtiments d’une Alliance qui a presque doublé sa superficie initiale.

Une Alliance française atypique

L’Alliance française de Chennai est constituée d’un comité francophone et d’un trust 100% indien propriétaire des murs. Ce type de montage, assez courant, permet de sécuriser les bâtiments détenus localement. D’ailleurs, la séparation des pouvoirs garantit un équilibre. Le président du comité est un artiste local renommé.

L’Alliance de Madras est l’une des plus grosses au monde avec une quarantaine de professeurs et 2.600 étudiants. Elle prend place dans un réseau de 800 établissements. Ceux-ci se répartissent dans 130 pays dont 15 antennes réparties sur le territoire indien. Il s’agit d’associations françaises de droit local dont seul le directeur relève du Ministère des Affaires étrangères.

La proximité de Pondichéry et l’originalité du statut de franco-pondichériens expliquent en grande partie l’offre importante d’enseignants locaux parfaitement francophones.

Des bâtiments Art déco entièrement rénovés

Construite en 1953, la maison de style art déco fait partie d’un grand projet immobilier mené par un ingénieur, M Subarco. L’Alliance y a d’abord loué des salles à partir de 1975. Puis, elle a acheté la maison 5 ans plus tard, grâce à un prêt de l’Alliance Française parisienne.

Après le cyclone de 2017, le bâtiment a fait l’objet d’une magnifique rénovation et d’agrandissements par l’architecte Sujata Chankar. Les nouveaux espaces inaugurés en décembre 2022 comptent notamment la galerie. Espace 24 accueille les expositions d’arts visuels, de photographies ou offrant des ateliers. Il s’agit d’un espace polyvalent interactif. L’extension a en effet pour but de donner de l’ampleur à la dimension culturelle.

Conquérir de nouveaux publics

L’Alliance française jouit d’une véritable notoriété à Chennai. Néanmoins une marge de progression existe dans une ville de 10 Million d’habitants.

L’Alliance s’adresse à des Indiens désireux d’apprendre le français. Ils le font souvent pour des raisons professionnelles, comme travailler au Canada ou en Afrique où beaucoup d’entreprises indiennes sont installées. A ces élèves, s’ajoutent ceux qui apprennent le français pour le plaisir.

Le Dr Patricia Thery Hart, la dynamique directrice, estime qu’en diversifiant la proposition d’activités, en améliorant la qualité de la restauration, et en trouvant de nouveaux partenaires elle pourra améliorer la visibilité et l’audience et s’ouvrir à de nouveaux publics.

De nouvelles activités

Déjà l’offre a été structurée depuis son arrivée et des thématiques mensuelles visant à attirer un public avide de nouveautés culturelles.

L’équipe, renouvelée ,a déjà commencé à travailler sur une série de « dialogues créatifs ». Ils portent sur des sujets liés à l’art, la science, l’anthropologie. Elle envisage d’autres activités comme l’Opera on screen, art on screen, ou des artistes en résidence. Des cours le matin et l’après-midi ainsi que des ateliers pourraient élargir les propositions actuelles. D’autres projets à moyen et long terme visent à associer des designs contemporains en partenariat avec des associations étrangères. Le Goethe Institut de Chennai, ou Dakshinashitra font partie de ces liens.

L’Alliance Française de Madras a vocation à offrir beaucoup plus que des cours de langue. Elle vise aujourd’hui de nouveaux publics grâce à une programmation riche et variée.

Autour du Tamil Nadu : introduction

Cette nouvelle rubrique autour du Tamil Nadu vise à proposer quelques échappées à moins de 4h d’avion de Chennai. De quoi passer un joli week-end ou de petites vacances.

A 1h de Chennai, le nord du plateau du Deccan

Autour du Tamil Nadu, il y a d’abord, tout le plateau du Deccan avec des villes fascinantes. Ainsi, Hyderabad ou Mysore à 1h de vol nous projettent dans un cadre bien distinct. Car les Moghols ont conquis et gouverné cette zone. Ils y ont laissé des témoignages visibles, dans l’art mais aussi la culture populaire et la façon de vivre. L’architecture et la population y diffèrent totalement de celles du grand sud, en l’occurrence du Tamil Nadu ou du Kerala. La nature diffère également avec des forêts denses que l’on découvre dès le Nord du Tamil Nadu.

Tombe Paigah à Hyderabad

L’Inde du Nord

On peut aussi pousser plus loin vers le Nord du pays et se donner l’impression de changer complètent de monde. Les langues, les peuples y diffèrent. L’histoire même du Nord n’a rien à voir avec celle du sud. Elle est marquée par de nombreuses invasions. Aryens, Moghols notamment qui ont épargné une grande partie de l’Inde dravidienne du Sud. Souvent plus moderne et marqué par l’occident, le Nord correspond davantage à l’image d’Epinal que l’Occident se fait du pays. Une Inde multicolore, surpeuplée, miséreuse. Ceci sans parler des paysages impressionnants des montagnes himalayennes.

Cette Inde axée autour des grands fleuves ne ressemble que de loin à l’Inde du sud. Celle-ci est à la fois plus technologique et plus conservatrice. Ainsi c’est à Bengalore et Hyderabad que se concentrent la haute technologie et la créativité informatique du pays. En revanche, à Chennai, on trouve les industries innovantes. C’est aussi à Chennai que les familles restent le plus viscéralement attachées à leurs traditions. Et notamment à leur gastronomie basée sur le riz. On pourrait ainsi opposer une Inde du riz au sud à une Inde du blé au nord.

Les pays autour du Tamil Nadu

Troisième option, les territoires autonomes comme Andaman ou carrément l’étranger. Car Chennai ouvre la porte du Sud asiatique. Le trajet pour Colombo dure à peine 1h alors que 3h30 suffisent pour rejoindre Bangkok ou 4h la Malaisie. En changeant de pays pour la péninsule malaisienne, on se sent à la fois dépaysé et en territoire connu. Connu car Singapour comme la Malaisie reconnaissent le tamoul comme langue officielle au même titre que l’anglais ou le malais.

Batu Cave Malaisie, le Ramayana

Connu parce que l’hindouisme y est présent mais aussi les légendes et mythes fondateurs, fondés sur le Mahabarata. Si la Thaïlande ne reconnait comme langue officielle que le thaï, l’écriture s’appuie, elle, sur l’héritage pali. Elle utilise une logique similaire à celle de l’alphabet tamoul. Le fait de le savoir ne rend ni bilingue ni alphabétisé. En revanche ces influences culturelles donnent un fond commun qui justifie pleinement toute excursion depuis l’Inde.

Batu Cave, le Ramayana, Malaisie

Le jardin de la Miséricorde,

Un paradis pour les plus démunis

C’est au cœur de la campagne, dans un magnifique jardin de manguiers, dit jardin de la Miséricorde, à 1h au sud de Chennai que le trust indien irudayan niketan a bati un ensemble de batiments pour accueillir des personnes exclues.. Cette entité est menée par Père Olivier, indien, et animée par des volontaires de toutes origines.

Aider les gens en détresse

L’idée a d’abord germé à Bangalore en 1992 puis au Tamil Nadu en 1997. Les installations se font au gré des rencontres et des besoins.
A Chengalpet, une maison de 3 filles volontaires et une autre à Chennai composée de 2 étudiants indiens et 3 volontaires,apportent aide et réconfort à des populations miséreuses. Ceux-ci survivent en effet sans eau courante et sans éducation. La maison vise à soutenir moralement les plus nécessiteux qui outre la misère souffrent de l’indifférence et de la solitude.

Le jardin de Miséricorde, lieu d’accueil pour les enfants des villages

 Au jardin, Père Olivier et Anne ont commencé par accueillir et suivre 14 enfants des villages avoisinants. Ce magnifique jardin de manguiers, est un lieu paisible et retiré, en pleine nature. Le jardin a aidé ces jeunes à suivre une scolarité en leur offrant  gîte, couvert et accompagnement. Les enfants, entre 8 et 12 ans, confiés par les parents ont pu terminer leur scolarité.

 Malheureusement, en 2014, la réglementation a changé et les enfants ont rejoint leurs familles. Certains n’ont pas pu mettre à profit ce qu’ils avaient appris. Ils sont été mariés et ont repris la terre de leurs pères. Neanmoins, Anne espère que leurs enfants profiteront  à leur tour de l’éducation recue par leurs parents. Certains s’en sont sortis , comme Angelie qui a refusé le mariage arrangé,s’est oppposé à sa famille pour faire des études. Elle va devenir infirmière et espère ainsi mieux servir sa communauté. Mais le prix à payer a été de racheter sa dette face à la famille qu’elle devait épouser.

Devenu lieu de reconstruction pour les exclus

Depuis 2014, faute d’enfants, le jardin de Miséricorde accueille des gens que personne ne veut. Ils viennent de toutes religions,de  toutes castes. C’est une sorte d’anti société indienne, composée d’exclus. Ceux-ci ont tous vécus des histoires dures,  et ont été rejetés par leurs familles.

Au jardin, leur rythme de vie très lent, Voire contemplatif. Comme le dit joliment Anne Le temps est un ami en Inde.  Ce qui  ne les empêche pas d’œuvrer pour les autres. C’est à la cuisine, au jardin,qu’ ils retrouvent dignité, sentiment d’utilité mais aussi sens de la communauté, essentiel pour ces personnes violemment rejetées du groupe. Néanmoins, face à la demande et au peu de place (14 résidents), des règles se sont imposées. Ainsi, les résidents expérimentent cette vie communautaire durant un mois avant d’obtenir une admission sur le long terme . L’éloignement, la tolérance, le mélange de castes peuvent, en effet, ne pas être bien perçus. Faute d’équipe médicale sur place, le jardin ne peut pas accueilir de grands malades.
Les résidents doivent avoir un référent. Ils versent une participation quand ils le peuvent pour les responsabiliser, 5000rp par mois. Malheureusement sur les 14 hôtes un seul reçoit un soutien financier et paye tous les mois. Certains prennent en charge juste les médicaments. On peut parainner 1 personne à la hauteur de 5000 rp par mois .

Une vie de pauvreté et de dignité au Jardin de la Miséricorde

Chaque résident a une mission notamment à la cuisine. Car  l’alimentation se trouve au centre de la vie indienne. C’est un synonyme de  vie, une forme d’accueil. La cuisine crée une unité, renforce les relations et redonne une dignité à ceux qui y travaillent. Au jardin de la Miséricorde, les résidents mangent des produits naturels et sains, surtout du riz et des produits de la terre. Ceci crée une unité alimentaire et relationnelle. Les résidents et volontaires s’occupent du quotidien. Ménage, décoration, entretien, cuisine . Seul l’entretien et la récolte des manguiers sont laissés aux leasers qui récupèrent les fruits. L’idée est de réapprendre le quotidien à des gens qui ont parfois tout perdu. Cette école de la vie est parfois dure. Par exemple, il n’y a de l’eau que 3 fois par semaine à 4h du matin et il faut se réveiller pour la stocker.

La salle à manger est aussi un lieu de réunion pour jouer aux cartes, se retrouver, échanger. Plus loin se trouvent les bâtiments des hommes et, très séparés, ceux des femmes. Père Olivier assume la responsabilité et la gestion des lieux. Un manager salarié s’occupe de l’aspect administratif . Anne s’occupe des autres volontaires internationaux et des femmes.

L’équipe compte 3 permanents et une petite équipe de volontaires, qui outre Anne, résident dans Chennai, dans le quartier pauvre et bruyant de Chengalpet, et viennent se resourcer au jardin de la Miséricorde une fois par semaine.

Pauline, Anthony, Gavin, Elsa, Roy, ces malheureux qui ont retrouvé le goût de la vie.

Elsa et Ramesh ont trouvé une famille

A 35 ans,  Elsa est la plus jeune des résidents du jardin. Sa mère, francaise,  est morte quand elle avait 8 ans. Atteinte petite de poliomélithe, elle se déplace en fauteuil roulant. Elle a passé son enfance de foyers en foyers. Recueillie au jardin il y a 10 ans, elle a retrouvé une famille, et le sourire. Elle utililise sa bonne connaissance de l’anglais pour faire du soutien scolaire. Avant le covid elle avait un petit magasin de fournitures scolaires et rêve de le retrouver. En attendant, elle se  sent aimée et utile. Elle cuisine le dimanche .Elle retrouve sa dignité en aidant et peut vivre de manière quasi automome.

Ramesh errait dans les rue de Chennai. Blessé , presque fou, il a été recueilli au jardin de la Miséricorde. Ce pêcheur de poissons , violent, rejeté par sa femme et ses filles, a beaucoup changé  en cinq ans.Sa colère remonte à son enfance quand son père l’a ébouillanté pour le punir de faire l’école buissonière. Depuis, ses pieds sont deux énormes plaies. Au jardin, il s’est apaisé et a trouvé le bonheur de se faire appeler « appa »(père). Ce rapport familial lui apporte beaucoup de paix.

Pauline et Anthony et le problème nouveau des personnes âgées

Pauline vient de Bombay où elle enseignait. Elle est veuve et sa fille qui doit vivre avec ses beaux parents ne peut pas s’occuper d’elle. Desespérée d’avoir perdu son mari, elle ne supportait plus la solitude de sa chambrette dans le village. Ce, d’autant plus qu’après une opération ratée de la cataracte elle perd la vue. Sa fille inquiète de la voir sombrer dans la solitude et la dépression a entendu parler du Jardin et a demandé de l’aide. En arrivant au jardin elle s’est définit comme un cœur brisé. Pourtant, elle a repris espoir au jardin de la Miséricorde,. En voyant le travail des volontaires auprès d’autres « coeurs en mille morceaux », la vieille dame s’est mise elle aussi à aider. Elle parle bien anglais et offre des cours de soutien aux enfants du village.

Anthony lui a été chassé de la maison par sa fille lorsqu’il est parti à la retraite . Sa femme a des problèmes psychiques et son autre fille s’en occupe. Malheureusement, personne ne veut plus gérer le vieux monsieur depuis qu’il est à la retraite. Avec lui se pose une nouvelle problématique, celle des personnes âgées de plus en plus abandonnées par leurs familles.

Gavin souffre de diabète. Il a une blessure permanente. On lui a confié la mission d’aller chercher des medicaments. Cette armoire à glace a été rejetée par sa famille en raison de sa violence. Au jardin de la Miséricorde, il a retrouvé un sens.

Le neuveu d Anthony vient aider. C’est un volontaire indien de 35 ans.

Roy et Sylvester, de vrais défis pour la communauté

Roy anglo indien de 50 ans est déficient mentalement. Il vivait avec son père mais à la mort de celui du fait du COVID il a été abusé par le chauffeur. Ses frères en Australie l’ont fait rentrer au jardin de la Miséricorde. Cependant, sa sœur voudrait le prendre en Australie. Ce projet est très concret ce qui n’est pas toujours le cas. En effet, toutes les familles n’ont pas les moyens ou ne sont simplement plus là. Pourtant, le jardin ne veut pas devenir un lieu définitif pour ces malheureux mais un lieu de passage et de reconstruction.

Sylvester lépreux de basse caste a posé un réel defi pour le partage de sa chambre. Il a été difficile de le faire accepter car en Inde les léproseries restent cloisonnées et les lépreux effrayent. En effet, cette maladie reste liée à la pauvreté, au manque d’hygiène et à la dénutrition. Il a perdu sa femme et sa fille.Il souffre toujours mais adore jardiner. S’occuper des espaces verts a redonné un sens à sa vie.

Le défi est que le jardin ne soit pas un lieu definitif. Elsa pourrait peut être avoir une vie, une indépendance financière mais elle a besoin de la communauté. Tout comme Pauline. Mais le jardin de la Miséricorden’est pas un hôpital, ni une institution et ne peut être qu’un lieu temporaire plus ou moins long, un lieu de réinsertion sociale . Pour aider ce jardin à survivre, vous pouvez vous y rendre le temps d’un week-end ou contacter directement l’un des bénévoles.



Barefoot, resort écologique

Barefoot est un rare concept et resort écologique dans un contexte indien qui ne l’est pas.

Situé sur la plus belle plage de l’archipel d’Andaman, Radanagar Beach, et certainement la plus belle d’Asie, cet hôtel est un modèle du genre si vous vous rêvez en Robinson Crusoé.

Barefoot, un resort écologique très en avance

Tout a commencé en 1996 avec le voyage du fondateur dans la jungle d’Andaman. Routard, ce Londonien d’origine indienne est tombé sous le charme de l’ile. Il a aors a décidé d’y insérer un jungle resort respectueux des lieux dans ce qui était jusque-là une bananeraie. L’hôtel est né en 2002.

Barefoot, un resort écologique et minimaliste

 A l’époque, un seul vol hebdomadaire, opéré par Air India, reliait l’archipel au continent. Rien ne se prêtait alors au tourisme. Il a fallu plus de 2 ans pour que le resort ouvre au public et propose un retour à la nature en la respectant autant que possible.

L’idée consistait alors à développer un concept autosuffisant. Ainsi trois réservoirs construits à cet effet, conservent l’eau de pluie, ensuite traitée et recyclée sur place puis consommée. Elle est également offerte aux villageois. L’idée ici est de réduire la consommation d’eau et surtout de plastique, une des plaies de l’Inde. En dépit des vœux pieux du gouvernement d’Andaman qui se vante d’être une zone libre de plastique, seul Barefoot a véritablement éradiqué le plastique. Le resort ne distribue que des bouteilles en verre d’eau purifiée. Impossible de trouver dans l’enceinte du resort le moindre plastique. Malheureusement, c’est le seul lieu de l’archipel à ne pas crouler sous les décombres, laborieusement nettoyés par une équipe très diligente.

Le respect de l’environnement, idée phare de Barefoot

La nourriture, délicieuse, servie sous le grand carbet restaurant laisse la part belle aux produits locaux. Les moindres détails sont pensés pour réduire l’empreinte humaine. Par exemple, de gros pots d’eau douce permettent de se laver les pieds au retour de la plage. La lumière et les installations électriques sont volontairement minimalistes. Pas de téléviseurs ou de gros projecteurs, pas de musique forte.

Le soir, on rentre dans sa chambre éclairée par une lampe torche pour ne pas déranger les nombreux animaux. La connexion internet est le seul compromis fait à notre monde moderne. Comme le nom l’annonce, on circule pieds nus dans les bâtiments pour entrer en communion avec la nature mais aussi minimiser les saletés.

Des activités et bâtiments respectueux des lieux avec une responsabilité sociale

Barefoot, une approche holistique.

la mangrove à explorer grace ax activités de l'hôtel

Le resort peut fournir une prestation clé en main. Tout est compris, ou non, au choix du visiteur. Celui-ci peut se contenter d’une chambre. Ou, s’il le souhaite, il peut ajouter le transfert depuis le ferry ou carrément l’aéroport. Il peut prendre ses repas mais aussi des activités. Elles-mêmes se réclament comme respectueuses de l’environnement. Qu’il s’agisse de kayaking aux abords de la mangrove, de marches pour découvrir la jungle ou de plongée dans leur centre équipé en conséquence. Les activités prennent le contrepied de celles proposées par les agences de voyage. En effet, celles-ci n’hésitent pas à saccager l’écosystème avec leurs hors bords et jet skis. L’idée chez Barefoot consiste à proposer des prestations complètes mais individualisées.

Des constructions respectueuses de l’environnement

une hutte traditionnelle

De la même manière, les constructions sont respectueuses des lieux. Elles reprennent les constructions palafites tribales. Ici pas de barres de béton ou de bungalows cimentés mais des huttes construites de manière traditionnelle avec des toits de palme. Il faut 3 à 6 jours pour 4 artisans pour construire de tels toits, selon leur inclinaison et la taille de la « villa ». Ces toits naturels et traditionnels tiennent environ 3 ans. Ces constructions font appel à la main d’œuvre locale, encouragée à conserver ses savoirs faire et à travailler sur place.

habitat traditionnel dans le resort Barefoot

La mousson, entre juin et septembre, marque un creux touristique mais aussi une période d’intense labeur pour maintenir à flot, rénover ces installations.

Aujourd’hui concurrencée et mise à mal par les mauvaises pratiques

Pour autant, ce superbe concept souffre du tourisme de masse. Les hôtels se sont multipliés sur l’ile de Havelock. Ainsi la chaine Taj a installé en 2018 un nouvel hôtel sur la plage de Radanagar. Tout en acceptant de préserver la beauté des lieux, le grand hôtel a néanmoins commencé à empiéter sur le sable en imposant des transats et parasols. Barefoot s’accroche en revanche à protéger cette merveille autrefois déserte de trop de présence humaine.

Mais le danger vient surtout des cars et des hordes qui déferlent à la tombée du jour. Ceux-ci laissent trainer sans vergogne leurs bouteilles vides, leurs paquets de malbouffe huileux, voire leurs chaussures sur une plage aux eaux encore cristalline. Mais pour combien de temps?

ordures le long de la plage

Même si le gouvernement reconnait l’importance de garder les lieux propres, quand on voit comment la côte Est de l’ile se transforme en décharge publique, on a de quoi s’inquiéter et pleurer. Comme le confie avec désespoir le guide de l’hôtel, les policiers sont les premiers à laisser trainer leurs déchets, alors comment faire ? Combien de temps ces quelques dizaines de personnes de bonne intention résisteront elles à l’incurie humaine ?

 La circulation routière s’est elle aussi renforcée. Et à chaque passage de tuk tuk, scooter, taxi ou bus, des poubelles supplémentaires se déversent le long des chemins. Les touristes affluent, déversés par les vols quotidiens en provenance de Chennai, Bengalore et Calcutta et bientôt plus avec l’ouverture d’un nouveau terminal.

Comment venir si vous vous sentez l’âme d’un Robinson ?

Ce petit paradis ne peut bien évidemment pas contenter tout le monde. Si vous êtes adeptes de soirées mondaines et talons hauts, de boites de nuit et de modernité, passez votre chemin.

Si votre forme physique vous empêche de crapahuter dans la forêt ou que votre aversion aux bestioles de la jungle vous paralyse, Barefoot et sa vision de resort écologique ne s’impose pas non plus. Par ailleurs il ne faut pas hésiter à casser la tirelire et préférer la cabane à la tente, version glamourisée de Petibonum ou Babaorum.

tented accomodation, Barefoot resort

En revanche, si votre budget le permet, que vous rêvez de plage déserte, de jungle, de calme absolu loin de tout et de tous, de bienveillance, vous adorerez la gentillesse et les attentions d’un personnel aux petits soins, les cabanes traditionnelles isolées en pleine nature, le guide cultivé et archi respectueux de la nature et la qualité des prestations d’une manière générale. Car c’est dans la catégorie glamping ou cabane boutique que vous vous retrouverez loin des fastes des hôtels ostentatoires, seul ou -presque à profiter d’une plage somptueuse et quasi déserte. Mais pour combien de temps ?

la plage de Radanagar merveilleuse vision paradisiaque

Andaman, paradis ou enfer

Les iles d’Andaman sonnent comme un parfum de paradis. Pourtant, entre la beauté des paysages naturel et le désastre écologique, il y a de quoi s’inquiéter pour le devenir de cet archipel de 572 ilots.

Andaman, un peuplement récent en passe de faire exploser l’écosystème

Les iles Andaman font penser aux Antilles. Même climat tropical, même végétation luxuriante que dans les Caraïbes. Même type de population autochtone et de constructions traditionnelles.

Néanmoins, aux huttes sur pilotis en nattes et toits de palmes, se substituent peu à peu des petites constructions bariolées aux toits de tôle ondulée.

Les Iles Andaman, Colonie britannique précocement indépendante

Dès le XIXe, les Britanniques s’installèrent en ces lieux maintenant idylliques. Ils les jugèrent suffisamment éloignés du continent et infestés de moustique pour y implanter une colonie pénitencière. L’Ile Ross vit la première installation carcérale. Mise à mal par les éléments, la prison fut transportée en face à Port Blair. Aujourd’hui, les visiteurs se pressent curieux dans les 3 bâtiments . A l’origine sept bâtisses formaient une étoile. Au centre de ce casernement infernal, la tour tient toujours le guet.

Ne supportant pas la malaria, les Britanniques firent appel à des tribus du Bihar pour nettoyer la forêt. Chassés dès 1943, les colons laissèrent la place à de nouveaux envahisseurs. Lors de la seconde guerre mondiale, les Japonais fourbirent l’idée de faire basculer l’alliance européenne. Ils voulurent déstabiliser les colonies anglaises. Pour ce faire, ils prirent pied sur les iles d’Andaman et Nicobar auxquelles ils accordèrent la primeur de l’indépendance.

Une colonisation interne indienne dans les années 1970

Dans les années 70, le conflit entre ouest et est Bengale s’amplifia. Avec la fondation du Bengladesh, l’état voisin du Bengale occidental du recevoir une des migrations les plus importantes de l’histoire. Le gouvernement indien décida d’envoyer 4000 familles pour coloniser, cultiver, peupler les iles d’Andaman toujours un peu suspectes d’indépendantisme. Cet afflux changea totalement l’ile en terme démographique, culturel et économique. Ainsi l’hindi reste la langue officielle avec l’anglais. Cependant, le Bengali est la langue la plus pratiquée par ces nouveaux locaux. Ceux ci surpassent aujourd’hui en nombre les populations autochtones préexistantes mais dispersées et variées linguistiquement.

Une dernière vague colonisatrice et prédatrice sur les Iles Andaman : les touristes

Les liens économiques se resserrent aujourd’hui avec le Tamil Nadu, principal pourvoyeur de marchandises. Sur place peu de produits poussent en effet hors la banane, la papaye, le jaquier, la coco ou le bétel.

A ces populations agricoles, succèdent depuis 15 ans environ des hordes de touristes. Des voyagistes peu scrupuleux encouragent cesnouveaux prédateurs d’un pays magnifique.

Les recommandations de propreté restent sans effet face à ces flots peu concernés par le respect de la nature. Les eaux limpides de Port Blair, la capitale, se sont transformées en un marigot mal odorant. Et les ondes transparentes recrachent bouteilles, sacs, et autres détritus pestilentiels sur des rivages souillés par l’incurie humaine.

Que voir avant que les immondices ne détruisent les Iles Andaman

Si vous acceptez de ne pas vous limiter aux circuits tout faits des voyagistes, il y a fort à faire aux Iles Andaman. A commencer par la capitale et point d’entrée Port Blair.

Port Blair

C’est une jolie petite ville construite à flanc de colline tropicale. Malheureusement jonchée de détritus on peut s’y balader à pied ou en tuk tuk. Outre l’incontournable mais intéressante prison, le bord de mer offre un trottoir et donc une agréable promenade. Le centre-ville, très animé, s’articule entre l’horloge et la statue de Gandhi. De nombreux marchés et marchands y vendent fruits, samossas et toute la bibeloterie traditionnelle aux villes indiennes. Un imposant parking de taxis marque le nœud central de la ville. Inutile de prendre un hôtel sur mer, de toute façon la saleté la rend inbaignable. En revanche, la terrasse avec vue est un plus. D’autant que l’hôtellerie s’avère moins chère à Port Blair que dans le reste de l’archipel.

 Au détour des rues on découvre également des jardins paysagers, des monuments aux morts sacrifiés par les Britanniques. On peut aussi voir le mur dédié à l’indépendance précoce du territoire mais aussi un étonnant lavoir. Dans des cuves fleurant fort la javel, les draps et serviettes d’hôtels sont plongés dans des cuves fleurant bon la javel avant d’être rinces dans les eaux saumâtres d’un petit étang. De quoi vous donner envie d’apporter votre sac à viande….

Au large de Port Blair,

Face à Port Blair, à 5mn en bateau, Ross Island est la première colonie pénitencière anglaise. Des bâtiments coloniaux rattrapés par la nature, il ne reste que quelques ruines romantiques dans lesquelles s’ébat une colonie complète de daims. Une ravissante crique déserte invite à la baignade, alors que les troupeaux de touristes sont acheminés dans un petit train sur ce qui reste de la terrasse du club colonial pour y manger des kulfis roulés sous les aisselles.

Pour parvenir à Neil Island, la petite barque ne suffit plus. Il faut consacrer une journée au moins à cette jolie île connue pour ses coraux. Toute plate, on peut y circuler agréablement. Les hôtels de qualité permettent d’admirer la mer et de jolis paysages. Mais la baignade y est interdite en raison des rochers et des rencontres marines.

Havelock, la perle des Andaman

Havelock est l’ile la plus touristique des Andaman. Les Indiens fortunés raffolent du lieu pour leur lunes de miel. On les comprend. Ce même si la séance photo et le diner aux chandelles devant un restaurant ne correspondent pas à mon idée du romantisme.

Sur Havelock, les Tours opérateurs vendent 3 activités majoritairement. Et même si la base est bonne, je conseillerais à tout français normalement constitué de contourner ce type de voyage.

Radanagar Beach

Radanagar Beach est une merveille. Les agences proposent de la voir pendant 2h au coucher du soleil avec tous les nouveaux mariés en séance photo. Et l’on voit combien certains mariages ont dû être arrangés… Bref si vous rêvez de la plage déserte, tentez le petit matin. Vous n’y verrez pas de lever de soleil. Mais vous connaitrez cette sensation enivrante d’être seul au monde et de découvrir une plage paradisiaque. Avant qu’elle ne soit submergée par les détritus laissés par les nouveaux mariés, leurs parents leurs amis, le garde plage, le garde champêtre, les chauffeurs de bus et tous les promeneurs.

Kalapatar Beach,

La plage du soleil levant est, elle déjà transformée en décharge publique. Alors si le spectacle de monticules d’immondices sur une plage magnifique ne vous fait pas pleurer amèrement allez y. Sachez juste que l’on ne peut s’y baigner que sur une toute petite portion. Car le reste est envahi certes par les ordures mais aussi par de méchants rochers pointus et noirs donnant leur nom à la plage.

Elephanta Beach

Elephanta Beach a de quoi vous rendre encore plus amers face à l’humanité. Sur cette magnifique plage sacrifiée au dieu tourisme de masse, c’est une noria de bateaux a moteurs, jet skis et autres engins infernaux. A chaque passage, ceux-ci raclent un peu davantage la barrière de corail. Vous pouvez encore vous aventurer au delà des groupes de pollueurs. Vous vous émerveillerez alors de ce qui n’a pas été détruit par les saccages humains. Il reste quelques coraux vivants abritant des poissons luminescents.

Comment organiser ce voyage aux iles d’Andaman

Vous adorez être un précurseur, un robinson un aventurier. Et si pour une fois vous décidiez de ne pas plus gâcher ces iles paradisiaque. Car l’incurie du tourisme de masse et la négligence transforment en enfer humain ? Dans ce cas contentez-vous d’Havelock, Port Blair et Neils déjà surexploitée. Et laissez le reste aux locaux, boycottez toute volonté gouvernementale de saccager davantage.

Evitez les agences

Première recommandation, évitez les agences et surtout les agences locales. Car celles-ci restent figées sur le même programme. Elles vous proposent 2 nuits à Port Blair (moins onéreux) 2 nuits à Havelock et 1 nuit à Neil. . En fait, vous pouvez pr’férer prendre vos vols vous-mêmes (Indigo est le plus fiable). Vous pouvez également réserver vos ferry vous-même en ligne ( Makruzz est fiable et ponctuel, propre et rapide). Pour avoir une idée des horaires de ferry, rendez vous ici.

Les transferts et transports sur Port Blair abondent et sont peu chers. En revanche, sur Havelock c’est un peu le coup de massue. A voir si vous préférez vous faire avoir tout seul ou faire participer votre hôtel. Le résultat se vaut, à moins de se fier au peu fiable bus.

Choisissez un hébergement en fonction de vos besoins et envies et non de ce qui se dit

Pour les hôtels tout dépend de ce que vous voulez, de votre budget et de vos activités. Si vous aimez la plage il ne faut pas hésiter et adopter Radanagar beach. 2 hôtels seulement relativement cher et de grande qualité pour des raisons différentes .

Si vous plongez, rendez vous sur la côte est. Les hôtels s’y succèdent le long de la route. En revanche, vous n’aurez en guise de plage que de petits espaces entre rochers et ordures.

Pour plus d’informations sur votre séjour aux Andamans n’hésitez pas à  me contacter directement.

 Dernier petit détail dans l’organisation de vos journées, les horaires des marées. En fonction de l’étiage la physionomie d’une plage et les possibilités de baignade changent du tout au tout.