Gloucester

Pourquoi aller à Gloucester ?

Pas seulement pour rencontrer Beatrix Potter, la célèbre et délicieuse auteure de Peter Rabbit qui a immortalisé la ville : https://www.tailor-of-gloucester.org.uk/

La cathédrale de Gloucester, une merveille gothique

Les amateurs d’art se régaleront à la Cathédrale, l’une des merveilles de la région. https://www.gloucestercathedral.org.uk/.  Dans le circuit des chefs d’œuvre gothiques, Gloucester occupe une place de choix tant par la taille de cet immense vaisseau de pierre, que par la magnificence du cloitre. D’ailleurs le cinéma ne s’y est pas trompé qui y a situé l’intrigue de trois films de Harry Potter. https://www.youtube.com/watch?v=EfSofShp0gs

Les somptueuses voutes en éventail décorent également la chapelle de la vierge restaurée grâce a l’argent généré par le film. Le ticket d’entrée donne en outre accès au triforium. De cet étage en général interdit au public, la vue sur le chœur est prodigieuse. Même la caféteria est un ravissant lieu dans l’ancien réfectoire des moines.

Une ville charmante

Autour de la cathédrale, les aménagements ont su préserver l’atmosphère médiévale et bucolique. De charmants salons de thé et boutiques mènent aux  rues qui se croisent en angle droit à la tour Michel. Dans Northgate Street se trouvent de jolies maisons à colombage dont la New Inn servait déjà d’auberge en 1450. La structure urbaine provient de la colonie romaine Glevum. On en retrouve quelques vestiges, comme un mur au terminus des autobus.

Le  Port mène à l’estuaire de la Severn par des canaux. La ville a entièrement rénové ses docks abandonnés dans les années 1980. Ils forment désormais un espace public occupé par le National Waterways Museum, et de luxueux magasins, bars, ou appartements résidentiels. Le Musée des soldats du Gloucestershire est situé dans la Maison des Douanes.

Par ailleurs, le Gloucestershire est superbe : à l’est les Cotswolds, au nord-ouest les collines de Malvern et à l’ouest la forêt de Dean puis le Pays de Galles.

Enfin on ne peut quitter Gloucester sans évoquer une course fascinante mais véridique : la célèbre course au fromage

Toronto

Toronto est riche de la multitude de ses quartiers, agrégés au fil du temps . ils donnent un caractère cosmopolite à cette ville dynamique et multiple !

Ce que l’on appelle GTA depuis 1998, ou Grand Toronto correspond à l’agrégation des quartiers centraux et des communes limitrophes. Cette communauté urbaine est la plus grande du Canada avec 6 Millions d’habitants. Elle comprend Toronto et 25 banlieues et depuis 2006 elle englobe la conurbation de Hamilton. 

Pour autant, dans ce site, je me concentre sur la ville fondée par les colons britanniques en territoire autochtone.

Petite histoire de Toronto

De nombreuses Nations ont habité au bord du lac Ontario. Les Senecas, les Mohawks et les Hurons. Puis les Iroquois eux mêmes supplantés par les Mississaugas. Au XVIIe, les premiers européens ont débarqué. Ils remontaient des Grands lacs vers le Lac Simcoe en suivant la Rivière Humber. Les routes qui convergeaient à l’emplacement de la ville actuelle étaient connues comme le Passage de Toronto.

Dans un premier temps le lieu a certainement attiré des trappeurs français. Des Français ont en effet du établir les premiers forts. Cependant ils ont du refluer lorsque les loyalistes britanniques ont quitté les Etats-Unis, juste au Sud au moment de l’indépendance. A la fin du XVIIIeme siècle, les premiers colons anglais se sont ainsi installés sur les berges nord de l’Ontario.

Le Gouverneur John Simcoe fonda alors la petite ville de York. Celle-ci subit des incendies et des incursions américaines, notamment en 1812 et dans les années suivantes.

Les territoires des Mississaugas rachetés, les colons obtinrent des parcelles qu’ils commencèrent à cultiver. Au cours du XIXème, avec l’arrivée de migrants des Iles britanniques, la pression immobilière augmenta. Les héritiers vendirent les parcelles initiales. Des investisseurs commencèrent à lotir la ville de plus en plus au Nord et de nouveaux quartiers apparurent.

Au XXeme siècle, l’apparition de la voiture permit aux habitants d’habitants de loger de plus en plus loin. L’arrivée de toujours plus d’Européens repoussait sans cesse les limites de la ville.

Aujourd’hui, les immigrés viennent principalement d’Asie et contribuent à faire de Toronto une véritable mosaïque humaine. D’une rue à l’autre, on change ainsi totalement de quartier dans cette ville qui compte pas moins de 4 Chinatown, une ville grecque, une petite Corée, un quartier Italien, pour les plus connus.

Le Canada

Pourquoi le Canada ? Dans ma vie de voyages, j’ai passé trois belles années au Canada. Puis je suis revenue de nombreuses fois à Montréal.

Durant les quelques années passées au Canada, j’ai eu la chance de suivre la formation de guide du Royal Ontario Museum et ai pu ainsi guider officiellement dans cette ville si vivante et vibrante. https://www.rom.on.ca/en

Après avoir exploré cette superbe ville et ses environs, j’ai eu l’occasion de vivre en Colombie Britannique, à Vancouver. C’est pourquoi je vous propose des conseils pratiques et des itinéraires à Vancouver et Toronto.

Pour autant, le Canada est riche de nombreuses belles régions. Outre le Québec et les Montagnes Rocheuses, la Colombie Britannique vous comblera par ses paysages à couper le souffle. La Gaspésie, la façade Atlantique recèlent elles aussi des lieux magnifiques.

Où que vous alliez, n’oubliez pas que les distances sont énormes et qu’il vous faudra parfois parcourir beaucoup de kilomètres de forêts ou de plaines pour voir un lieu intéressant, un site magnifique.

Par ailleurs la vie est assez chère pour des Français, notamment les entrées de musées, les restaurants, les activités. Ce d’autant qu’aux prix affichés, il convient de rajouter les taxes (variant suivant les Provinces) et le service (les pourboires obligatoires) . Pour autant, assister à un match de Hockey ou de football canadien est une belle expérience locale.

En ce qui concerne Toronto,

https://visitesfabienne.org/canada/toronto/

vous trouverez ici des guides d’expositions dans plusieurs musées de la ville ainsi que des visites de quartiers.

Et pourquoi ne pas aller un peu plus loin que Toronto ?

Si vous êtes intéressés par La Colombie Britannique et Vancouver, https://visitesfabienne.org/beautiful-british-columbia/

Les icônes

L’icône est une image divine, souvent peinte sur bois, typique de l’église byzantine. Depuis le VIes, la fabrication d’icônes n’a guère varié, elle se fait en plusieurs étapes :

Les étapes de fabrication

–      Choix et taille de la planche (en bois local), ponçage, collage des traverses et des baguettes

–      Encollage, marouflage (encollage d’une toile sur la planche entaillée) et application de la levkas (enduit blanc du fond de l’icône)

–      Dessin à la mine rouge (sinope), gravure puis dorure de l’auréole ou du fond.

–      Dessin au pinceau et application de la couleur avec des éclaircissements successifs

–      Finition de l’icône : fond, auréole, cadre, filet autour de la bordure, calligraphie, peinture de la tranche

–      Après séchage (2 ou 3 mois) vernis

L’iconographie byzantine

L’iconographie byzantine propose 4 types principaux de Vierge (en majesté, Eleoussa de tendresse, Hodigitria conductrice et Orante en prière) .

Il existe quatre grandes représentations du Christ :

–      Le Christ Emmanuel, est représenté comme un enfant conscient de son rôle de sauveur.

–      Le Mandilion : Image non faite de main d’homme (achéïropïoètos). Elle se rapproche de la Sainte Face de l’Eglise d’Orient ou « voile de Véronique »occidental.

–      Le Christ Pantocrator Παντοκράτορος, Maître du Monde, en grec, tout-puissant.  Ce terme fut à l’origine appliqué à Dieu puis au Christ dès le VIe siècle, mais beaucoup d’icônes ont été détruites par les iconoclastes. Cette représentation eschatologique du Christ est plus courante dans l’Église d’Orient (art byzantin du XIes).

Le Christ tient en main les Evangiles, et  bénit de la main droite de deux doigts tendus symbolisant la double nature, humaine et divine, du Christ et trois autres se rejoignent presque pour figurer la Trinité. Sur certaines icônes, le pouce joint à l’auriculaire et l’annulaire symbolise la Trinité, tandis que majeur et index sont presque droits pour exprimer les deux natures en Jésus.

–      Le Christ en Majesté est assis en gloire sur un trône.
La main gauche soutient l’univers sur ses genoux, la main droite crée : elle tient un compas, instrument de mesure du monde. On distingue aussi le globe représentant l’univers, un premier cercle vert, le ciel, les eaux en bleu entourant le monde, la terre comme une boule marron non encore formée. Des anges assistent à cette formation.

http://www.iconesbyzantines.fr/historique.html

Léonard de Vinci et la France

Né près de Florence en 1452, Léonard de Vinci est reconnu de son vivant comme l’un des artistes et savants les plus accomplis. Formé en tant qu’artiste à Florence, il part travailler comme ingénieur à Milan et sera appelé à la fin de sa vie en France, où il mourra, par le roi François 1er.  Il y laisse un héritage exceptionnel tant dans les collections que dans les esprits. Il est en effet considéré comme le père de la Renaissance française mais aussi comme l’incarnation de la Renaissance, voire comme un génie universel.

1/ Un savant exceptionnel et universel

L’observation au service d’une curiosité insatiable

L’œuvre créatrice de Léonard de Vinci part d’une observation attentive du monde environnant et des éléments qui le composent. Il s’agit de comprendre des fonctionnements, des phénomènes avant de chercher à les décrire tout en les perfectionnant.

Ses domaines de recherches sont très divers : anatomie, biologie, géologie, astronomie, mais aussi l’optique, la météorologie ingénierie, physique, mathématiques. Il accompagne ses observations de schémas d’une précision inégalée. L’aboutissement de cette recherche scientifique se retrouve ensuite dans son application artistique.

Ses constructions en France témoignent de son incroyable maîtrise technique

Chateau de chambord

Il considère la technologie comme un accomplissement majeur de l’homme. Il met au point toute sorte d’appareils dans tous les domaines. Il porte une attention particulière aux instruments de mesure (horloges, hygromètres, compas…). Il part de modèles existants qu’il s’efforce de perfectionner notamment pour mesurer le temps, maitriser les airs et l’eau. Pour chaque domaine, il s’appuie sur une parfaite maîtrise de la physique et des mathématiques et élabore des machines ingénieuses et novatrices.

II/ Un artiste sans égal

Cette connaissance scientifique n’est jamais une fin en soi et doit servir à une application artistique qu’il veut parfaite.

La peinture

Lorsqu’il entre dans l’atelier de son maître Verrochio vers 1467, il reçoit une formation centrée sur les arts de la peinture, de la sculpture et de la décoration. Il aborde tous les genres au cours de sa carrière. Cependant, on ne peut attribuer avec certitude qu’une quinzaine d’ouvrages à cet artiste car beaucoup ont été perdus, détruits ou sont restés inachevés. Le petit nombre d’œuvres sûres qui lui ont été attribuées suffisent tout de même à construire sa réputation de génie de la peinture.

Plus que la maîtrise de la composition géométrique, de l’affinement du contour, cette réputation se bâtit sur deux innovations qui marquent ses contemporains. La première concerne la manière de peindre les visages où Léonard de Vinci parvient de manière surprenante à traduire le sentiment, l’émotion et à faire percevoir l’indicible. L’autre innovation concerne l’arrière plan : il passe du dessin appuyé à ce que l’on nomme le sfumato (évanescent ou enfumé en italien) qui noie les contours de la scène dans la vapeur de l’air. Cette manière de peindre se retrouve particulièrement dans son œuvre maîtresse, Portrait de Mona Lisa (La Joconde), peinte en 1503-1505 et exposée au Louvre.

2. et le dessin…

Le dessin constitue l’apport le plus riche et le plus convaincant de l’artiste. Contrairement à la peinture, l’œuvre en dessins est d’une grande diversité : représentations d’instruments et de mécanismes, croquis spontanés et commentés, dessins appuyant des démonstrations mathématiques, esquisses préparatoires aux tableaux… Tous traduisent l’intérêt esthétique de l’artiste. Ses carnets par leur diversité témoignent d’un souci de l’esthétisme mais aussi d’une technicité exceptionnelle, ainsi que de fantaisie et d’originalité

3. Architecture et sculpture

D’ambitieux projets sont menés par Léonard de Vinci dans ce domaine. Il maitrise aussi bien l’architecture civile que militaire. Il projette et supervise des chantiers très variés : châteaux, travaux hydrauliques, canaux, aménagements portuaires, forteresses. Ce jusqu’à prévoir une cité idéale.

III/ Léonard, Homme de cour

La réputation de Léonard de Vinci mais aussi sa capacité à organiser et mettre en scène des fêtes somptueuses et son charisme personnel lui permettent de fréquenter les plus grands souverains qui l’accueillent à leur cour et lui offrent protection.

En Italie, la recherche d’un prince mécène et protecteur

Désireux de créer en toute liberté, Léonard recherche la protection des puissants. Après un séjour à Milan de 1482 à 1489 auprès du duc Ludovic Sforza, avant de retourner à Florence et devenir architecte militaire de César Borgia en 1502. A Rome il travaille pour Julien de Médicis, frère du pape Léon X.  A partir de 1506, il partage son temps entre Milan, où il est cette fois au service des Français. Partout, il fascine par son savoir, mais aussi son charme et par l’originalité de sa pensée.

Le protégé du Roi de France

Pendant les guerres d’Italie, François Ier est séduit par l’art italien et invite en 1517 son plus éminent représentant, Léonard de Vinci, auquel il offre tous les moyens matériels et le titre de « premier peintre, ingénieur et architecte du roi ». Il lui offre le manoir de Cloux. Face au château royal d’Amboise, qu’il transforme. Pour Léonard de Vinci, c’est l’occasion d’achever sereinement sa vie, « libre de penser, rêver et travailler ». Il devient un interlocuteur privilégié et admiré du roi et de la cour. Il y meurt en 1520 avec les honneurs dignes d’un souverain. Sa légende de génie universel, née de son vivant, se diffuse à travers la Renaissance avec un culte tout particulier en France où il rentre dès sa mort dans les collections royales.

https://www.louvre.fr/expositions/leonard-de-vinci

Léonard de Vinci est donc l’un des plus grands génies de tous les temps. À la fois artiste (dessin, architecture, littérature) et notamment peintre (La Cène, La Joconde…), scientifique (géologie, botanique, anatomie…), inventeur (projets de machines comme l’hélicoptère ou le sous-marin), il aborda tous les domaines de la connaissance et marqua son époque. Homme influent qui côtoya les puissants (parmi eux, François 1er), il est marqué par la philosophie humaniste. Tous ces aspects ont fait de lui l’Homme de la Renaissance. La France lui voue un culte tout particulier .

Street Art de la contestation à la gentrification

Le Street Art est à la mode… Mais qu’est-ce que le Street Art ?

Des murs de Pompéi à Kilroy…

Les sites internet en français peinent à traduire l’histoire à la fois ancienne et très récente des graffitis et du Street art. Si la contestation sur les murs remonte à l’organisation même des cités, le passage de cette forme d’expression publique à un art remonte selon les sources anglo-saxonnes à la seconde guerre mondiale et au « Kilroy was here », une esquisse en forme de Shadock attestant du passage des G.I. C’est surtout l’invention de la peinture à la bombe, dans les années 1950, qui explique la mutation du graffiti le plus souvent contestataire, simple signature (tag) , ou message plus complexe aux décorations du métro new yorkais dans les années 1970, à un art de rue plus sophistiqué. Comme souvent, le progrès technique est à l’origine de nouvelles formes d’art.

https://www.waymarking.com/waymarks/WM4F0R_Kilroy_Was_Here_World_War_II_Memorial_Washington_DC

En effet, dans les années 80, les tags géants laissent la place à des créations conceptuelles telles celles de Keith Haring ou Jean-Michel Basquiat.  D’emblée, les Street artists (puisque le terme français d’artiste de rue ne signifie pas du tout la même chose, je suis obligée de rester sur la dénomination anglophone) affirment leur opposition à l’institution muséale, reprenant en cela la volonté meurtrière (musicide ?) des futuristes italiens des années 1910. L’idée étant d’ouvrir l’art à tous, il faut bannir ce qui les isole.

Pour mieux comprendre l’histoire du Street art, je vous propose ce Ted Talk

https://ed.ted.com/lessons/a-brief-history-of-graffiti-kelly-wall

Contestataire, rapide, éphémère…. l’impermanence du Street art

Aujourd’hui, le Street art s’est affirmé comme un art à part entière mais caractérisé par un message souvent protestataire politiquement ou socialement. S’il exprime le plus souvent les tensions du moment, il a gagné dans sa dimension esthétique mais aussi technique puisqu’il recourt aussi bien au pochoir, qu’au dessin à main levé, aux installations, aux collages, à la mosaïque Toutes techniques qui, préparées, peuvent être déployées rapidement pour surprendre mais pas forcément  durer. Choquante, interdite, illégale, la protestation ne tient pas toujours longtemps.  Jalousée, critiquée, dénoncée, elle peut être effacée, recouverte du jour au lendemain.  Cette notion même de fragilité offre paradoxaleme aux œuvres leur éphémère notoriété

 Mais déployé dans un espace public, le Street Art pose des problématiques nouvelles sur le statut de l’artiste et de son art, comme celle de la propriété des murs, de l’œuvre elle-même, des droits mais aussi sur la commercialisation de l’œuvre et sa pérennité, sa protection. Inscrites dans un espace libre et non protégées, ces créations sont en effet sans cesse menacées de destruction.

The Rose trap, un Bansky protégé par une vitre mais attaqué par la moisissure..

Vers la gentrification

Pourtant, alors que le Street art est de plus en plus reconnu, les artistes de plus en plus célèbres il trahit ses origines et ses objectifs. Contestataire à l’origine, considéré comme un acte de délinquance, le Street art est en passe de gentrification et est de plus en plus apprécié et respecté à défaut d’être approuvé par le législateur.

Take the money de Bansky, recouvert puis nettoyé

Ce qui pose d’autres questions sur l’œuvre et son créateur : l’artiste se dévoie-t-il de sa mission contestataire initiale s’il se met à vendre ? Le Street art est-il une atteinte à la propriété d’autrui ou permet-il de donner une meilleure visibilité ? En effet il permet d’améliorer certains quartiers, bâtiments, ce qui le rend acceptable voire souhaitable au titre d’embellissement de l’espace public.

Captain Jamaica à la rescousse du quartier en péril de Saint-Paul, Bristol

On est passé du vandalisme à la reconnaissance, et le même public autrefois choqué, suit maintenant à la trace les dernières « œuvres ». Les artistes deviennent les guides de ce qu’on leur reprochait comme acte de délinquance. Et leur reconnaissance tient paradoxalement à leur marginalité. Tel Bansky dont l’invisibilité tient lieu de visibilité. Son anonymat aiguise la polémique.

Pour mieux appréhender le phénomène, comprendre comment travaillent les Street artists, mais aussi voir combien ils se jouent du marché de l’art, je vous conseille l’excellent (faux) documentaire

 Exit through the gift shop http://www.banksyfilm.com/

Place de la Vieille Ville

La Havane présente quelques originalités urbanistiques. L’une de plus notables consiste en sa multipolarité. Du coup, la Place de la vieille-Ville fait partie d’un dispositif de cinq places qui se partagent les fonctions administratives, commerciales et politiques et religieuses.

http://visitesfabienne.org/wordpress/cuba/la-havane-2/les-4-places-principales-de-la-vieille-havane/

Une Place Neuve pour la Vieille Ville

 En effet, La Havane diffère d’autres villes coloniales, régies par les ordonnances de Philippe II de 1573. Car le quartier historique ne s’organise pas autour d’une seule place centrale mais de cinq places qui se répartissent les pouvoirs.

De fait, ces ordonnances émises au moment de la colonisation, encadraient la fondation des villes du Nouveau Monde. Elles en précisaient le tracé en damier, la dimension des pâtés de maison. Mais aussi la largeur des rues, l’emplacement des édifices religieux et civils. Ainsi, on planifia la place Neuve dès 1559 dans un but résidentiel uniquement. On n’y voit donc ni église, ni bâtiment administratif. Ceci aussi était exceptionnel. L’idée était de désengorger la place d’Armes désormais occupée par la construction de la Forteresse Royale. Ce nouvel espace devait abriter l’aristocratie créole. Pour ce faire, on lui donna une forme quasi rectangulaire, avec la possibilité d’édifier quatre immeubles sur chaque coté.

Une place civile et commerciale

Au XVIIe siècle, on la réaménagea pour lutter contre les inondations. Apparurent alors quatre maisons de deux étages, à façade baroque sur colonnades. Le rythme de construction s’accéléra au siècle suivant alors que la vocation de la place devenait commerciale et récréative. Les neuf maisons nouvellement construites suivaient le prototype de la maison noble havanaise avec vaste portail d’entrée, patio et galerie intérieure, colonnade extérieure, plafonds à la mudéjare. Au centre de la place, se succédaient cérémonies, fêtes et marché. En effet, les franciscains jugeant inadéquate la tenue de ventes devant leur église avaient demandé à ce qu’une autre place soit affectée au grand marché de la Havane.

https://www.facebook.com/Vitrina-de-Valonia-1591386391098088/

Au XIXème siècle, la place du Christ, plus récente, accueillant un marché, la Place Neuve fut renommée (Royale, grande, du Marché, Ferdinand VII, de la Constitution avant de devenir « Vieille »). On y construisit de nouvelles habitations, de style éclectique voire Art Nouveau.

Rénovation de la Vieille place

La place souffrit au cours du XXe siècle. La municipalité la transforma même en parking au milieu du siècle. Puis l’ONU et l’Union européenne subventionnèrent sa restauration dans les années 1990. Elle était alors devenue insalubre. Les immeubles étaient occupés par des taudis avec sanitaires communautaires.

On commença par démolir le parking et reconnecter la place au reste de la ville, on restaura la fontaine de 1709 en l’entourant d’une grille pour mettre fin aux baignades. Des cafés, restaurants et boutiques s’y installèrent alors, mais aussi des musées (celui des cartes à jouer, le planétarium, la photothèque et la Camara Oscura un ingénieux dispositif optique d’où l’on jouit de très belles vues du haut de la tour de 35m) le Centre Culturel belge mais aussi une école et le Palais Cueto, l’exemple le plus achevé d’Art Nouveau de la Havane. Elle est aujourd’hui un lieu de vie typique de la vieille Havane où se côtoient touristes et élèves en cours de sport.

http://cubacoop.org/spip.php?page=article&id_article=87&lang=fr

Chypre

Chypre, l’île d’Aphrodite a tout misé ou pratiquement sur le tourisme pour se redresser après l’invasion de 1974 puis la grosse crise financière de 2008. Pourtant, si elle promeut ses plages et son soleil, les merveilles archéologiques et byzantines, mais aussi gothiques et romaines sont bien souvent oubliées par les héliophiles venus en masse de Russie ou du Royaume-Uni.

L’ile à la croisée de trois continents a forgé son identité au gré des vagues migratoires successives. Elle offre donc des vestiges riches et divers.

http://www.kypros.org/Chypre/chypre_hist.htm

Une histoire tri-millénaire

  • Dès le dixième millénaire avant notre ère, des hommes se sont installés puis ont apportés vraisemblablement du croissant fertile la néolithisation.
  • Vers le cinquième millénaire se met en place la civilisation chalcolithique, fondée sur exploitation du cuivre qui donnera son nom à l’ile (Kyprum). On voit apparaître rites de fertilité et idoles. Les échanges s’accélèrent à l’âge du Bronze au troisième millénaire.
  • C’est au bronze tardif que se développe véritablement l’ile. Avec les colons minoens puis mycéniens, la culture grecque se diffuse tant dans les cultes religieux que dans l’écriture, la langue et l’art. Au tournant du premier millénaire, des cités royaumes se mettent en place qui survivront aux migrations des Assyriens, des Phéniciens, des Perses puis des macédoniens.

Des vagues d’invasion successives

  • Au 4e siècle avt JC, La dynastie des Ptolémées achève hellénisation alors que politiquement Rome puis Byzance (après le 4e siècle ap JC) dominent. C’est à cette période que Chypre devient chrétienne. Évangélisée très précocement, elle rentre dans la sphère de l’église d’Antioche et y restera jusqu’au 12e siècle lors de la conquête franque.
  • En pleine croisade, Chypre passe entre les mains d’une dynastie française qui régnera pendant trois siècles (1191-1489)
  • Venise domine un siècle (1489-1571) l’ile qui tombe entre les mains des Ottomans
  • Il faut attendre 1878 pour que l’étau turc se dessère et que les Anglais annexent l’île à laquelle ils n’accorderont l’indépendance qu’en 1960.

Depuis, Chypre a connu une partition traumatisante à la suite de l’invasion d’un tiers de son territoire par l’armée turque.

Elle a placée de grands espoirs en son adhésion à l’Europe en 2004 mais se sent aujourd’hui toujours menacée.

Lagoudera, la Chapelle Sixtine des Troodos

L’église de la Panayia Araka de Lagoudera est l’une des 10 églises chypriotes classées sur la liste de l’UNESCO.

Une église de campagne en forme de grange

Perdue dans la montagne, elle ressemble de l’extérieur à une grange avec son toit à double pente et une galerie à claire-voie.

une toiture double pour abriter des chutes de neige et de pluie mais aussi pour dissimuler le culte orthodoxe alors que l’île devient franque et latine

La petite église au plan cruciforme a été agrandie. Sa paroi ouest n’est pas décorée mais tout le reste du sanctuaire offre une remarquable homogénéité picturale.

En effet, les fresques du 12es présentent un des exemples les plus aboutis de l’époque des Comnènes. Une inscription au dessus de la porte Nord précise la date des peintures 1192 et le nom du donateur. L’artiste byzantin a donc peint ces fresques à un moment charnière de l’histoire chypriote, lorsque l’ile est passée entre les mains franques.

Pour des détails historiques, vous pouvez lire : http://visitesfabienne.org/wordpress/chypre-lile-daphrodite/

Un ensemble de fresques exceptionnel

Quelques scènes sont d’une qualité exceptionnelle. Ainsi, le Pantocrator de la coupole domine de manière majestueuse le petit sanctuaire. Sur le tambour se détache une hétimasie (trône vide dans l’attente du retour du Christ) ainsi que les apôtres. Sur le mur Sud, on voit la Vierge Arakas « du pois » qui a donné son nom à l’église. Vêtue de rouge, elle se tient debout devant le trône vide. Des anges l’entourent et portent les instruments de la passion.

La Vierge du Pois

Sur l’intrados du chœur, l’archange Gabriel de l’Annonciation est d’une légèreté et d’une élégance remarquables. Au dessus de la Vierge d’Arakas, une Dormition, classique représentation de l’Assomption de la Vierge, montre le Christ tenant dans ses bras l’âme maternelle figurée par un bébé.

L’Ange Gabriel, l’une des merveilles du style des Comnène

Sur la même paroi, la nativité conjugue sur la même scène la naissance du Christ, l’arrivée des rois mages . Au premier plan, Joseph se tient pensif et Salomé lave le nouveau-né.

Sur le mur Nord, l’Anastasie correspond à la descente aux enfers, le Christ rompt les serrures et emmène avec lui Adam et Eve. La scène très impressionnante est typique de l’iconographie byzantine ; tout comme l’est le baptème du Christ qui le montre totalement nu et immergé dans l’eau du Jourdain. La dernière représentation typique de la manière byzantine s’inspire des Evangiles Apocryphes, et plus précisément du Proto-évangile de Jacques et illustre la présentation de Marie au Temple. Marie, petite fille, est suivie par trois jeunes filles juives richement parées. Leurs vêtements et bijoux montrent l’influence  de la capitale des Comnène sur la peinture chypriote du 12e siècle.

l’Anastasie, version byzantine de la descente aux enfers

Comment s’y rendre ?

Depuis Limassol compter 1h30 de route, sur le chemin il est possible de s’arrêter à Pelendri pour y visiter l’église principale du village, la Katoliki connue pour ses icones ainsi que l’église de la Sainte Croix au remarquables fresques du 14es (époque des Paléologues) avec un cycle marial quasi complet.

Une journée à Paphos

Premier article d’une petite série pour découvrir Chypre… Je vous propose de commencer par la découverte de Paphos.

avec tous mes remerciements à MC Lefevre pour ses photos…

Pourquoi aller à Paphos ?

Mosaique dite du Labyrinthe dans la maison de Thesee

Paphos, fondée au 4e s avant notre ère devint capitale de Chypre à l’époque Ptolémaique en raison de sa proximité avec Alexandrie. Elle succédait ainsi à Palaipaphos dont les vestiges remontent à l’âge du bronze (12e s avant notre ère). La ville connut son apogée à l’époque romaine avant d’être ravagée par des tremblements de terre. Elle se dégrada peu à peu jusqu’à l’arrivée des britanniques en 1878. Appréciant le climat, ils assainirent la région et la redynamisèrent pour en faire une station balnéaire florissante.

Qu’y a-t-il à voir?

  • Les merveilles gréco-romaines de Néa-Paphos, avec notamment les fantastiques mosaïques des villas du 2e (villa de Dionysos) et 4e siècles de notre ère (villa de Thesée, certainement résidence officielle du proconsul romain).
  • Je vous recommande d’ailleurs les sites très bien faits mis en place par le gouvernement chypriote dans le cadre de la politique européenne (programme Eden).
  • https://www.visitcyprus.com/index.php/fr/discovercyprus/culture-religion/sites-monuments/item/239-parc-archeologique-de-kato-pafos
  • L’étonnante nécropole, d’époque ptolémaique. Chaque tombeau dit royal, en raison de sa taille, s’ouvre par un dromos sur un atrium avec un puit pour la purification des morts et des loculi pour les sacorphages.
  • L’immense basilique Paléochrétienne Chrysopolitissa avec le pilier contre lequel fut flagellé Saint Paul. Une seconde basilique plus petite fut reconstruite puis une petite église byzantine après les raids arabes des 7e, 8e et 9e siècles
  • Le site antique de Palaipaphos, méconnu et isolé, remonte au 12es avant JC. Les quelques rares vestiges romains y montrent la continuité du culte d’Aphrodite. Le lieu fut abandonné au 4es avec la christiannisation de l’ile et réutilisé par les Lusignan. Cette famille franque régnante à Chypre du 12e au 15e siècles en fit un centre sucrier. Le manoir montre des vestiges de cette longue présence humaine.
  • Le musée des Icônes de Yeroskipou, tout neuf et totalement inconnu, montre une belle collection d’icones, parmi lesquels la plus vieille image sainte de Chypre « Ayia Marina » et un curieux St Jean l’Egyptien à l’oreille percée
La basilique Chrysopolitissa

Combien de temps prévoir ?

  • Il faut compter 2 bonnes heures pour apprécier pleinement les mosaïques des villas du Parc archéologique, davantage pour découvrir l’ensemble du site, les restes d’Odéon, l’Asklepion…
  • Et 1 bonne heure pour chacun des autres sites.