Juifs de Londres

Les Juifs de Londres se sont installés par vagues. D’abord cantonnés à la City, ils habitent aujourd’hui plutôt dans les faubourgs.

Néanmoins la City a gardé quelques traces des bombardements du Blitz. Le musée de Camden rappelle l’histoire des Juifs de Londres .

 Une communauté qui remonte au Moyen Age

Apparition des Juifs de Londres (11e)

-Les premiers Juifs de Londres arrivent au Royaume-Uni avec Guillaume le Conquérant, au 11e siècle. Banquiers ou serfs personnels, ils fuient les pogroms de Rouen et jouent les rôles de financiers ou usuriers auprès du conquérant. Ils s’épanouissent aussi dans l’artisanat et les commerces non régis par des guildes. Médecins, orfèvres, joaillers, s’installent ainsi dans l’ancienne juiverie près de Guildhall. Cette communauté riche migre ensuite vers le marché de Westcheap, près de Gresham Street, Milk Street, Wood Street, Old Jewry. Ce nom date d’ailleurs de l’abandon du quartier au 14e siècle. Comme à Rouen, la juiverie s’articule autour du Guildhall (palais de justice).  Gresham Street constitue l’axe central du qaurtier qui compte  au moins cinq synagogues. Le quartier s’agrandit ensuite, avec un cimetière,  un hôpital, un mikveh, un abattoir redecouverts au Barbican sous les bombardements de la guerre.

Boutique de Amelie Gold, modiste juive de Spitalfiel

Une juiverie pauvre se développe vraisemblablement près de la Tour de Londres (Aldgate, Jewry Street). La communauté s’épanouit sous les règnes d’Etienne 1135/54 et d’Henri II 1154/89

Persécutions et expulsion des Juifs de Londres (12/13è)

-Avec la mort d’Henri II et les croisades, commence une période de persécutions (12e s) pour les Juifs de Londres. Le cocktail de dettes contractées pour le départ et de ferveur chrétienne pour la reprise de terre sainte se révèle fatale pour la communauté juive.  La propagande, la haine dégénèrent rapidement en persécutions  pogroms. La violence s’exerce surtout contre les juif pauvres.

La chèvre de Spitalfield Market, symbole du bouc émissaire émigré

-Les persécutions s’accélèrent avec Jean sans terre 13siècle. En banqueroute financière, le royaume dénonce, profane, taxe, convertit, pourchasse, confisque. Oppressés, un grand nombre de ces Juifs se réfugient dans la Tour de Londres. Beaucoup sont accusés d’être faussaires, emprisonnés, voire exécutés. Ils sont finalement expulsés du Royaume en 1290.

Le retour progressif après Cromwell

Des communautés sépharades profitent de la liberté de commerce au 17ème siècle.

De petites communautés illégales fuient l’Espagne reconquise après 1492. Ephémères, elles sont pourchassées sous Elisabeth 1ère. . Ces Sépharades se regroupent autour de Saint Olaf et Hart Street. Et du côté de Fenchurch Street Railway Station.. La synagogue de Creechurch Lane est alors un secret de polichinelle.

Des négociations avec Cromwell en 1655 marquent le point de depart de la reconnaissance officielle des juifs à Londres. Charles II l’officialise d’ailleurs en dépit des marchands.. Les contacts des Séfarades avec les colonies espagnoles et les ports du levant favorisent en effet le commerce. Les courtiers juifs s’imposent à la toute nouvelle Bourse à la fin du 17ème siècle. La communauté se réorganise alors. Des institutions caritatives, synagogues, écoles, hôpitaux ou orphelinats se multiplient. La communauté s’enrichit de nouveaux arrivants.

Synagogue espagnole

.Avec l’accession au pouvoir de Guillaume et Marie d’Orange, débarquent alors des juifs hispaniques de Hollande. Au 18e siècle, cette communauté dynamique et croissante s’était beaucoup enrichie, commerçant avec les Indes orientale et occidentales.

Maison de M Stren sur Miles End

La concurrence des Ashkénazes

-Cependant, l’immigration Ashkenaze (d’Europe centrale) concurrence bientôt les communautés antérieures, sépharades. Des 1690, ils transitaient par Amsterdam et construisirent leur centre à Duke Place. Ces arrivées, plus tardives, se transformèrent en flot au 19e. Des disputes éclatèrent entre les communautés, jusqu’à la formation de la Synagogue Unie en 1870 représentant les intérêts collectifs. Au cours du 19esiècle ,les ashkénazes l’avaient emporté en effet de par leur nombre et influence sur les sépharades. Mais ils étaient souvent pauvres. Des structures s’intéressèrent à ces pauvres et créèrent écoles et institutions.

rare rescapée dans le quartier de Spitalfield

-Conversions : La communauté sépharade, elle, se trouvait bloquée dans la rigidité. Certains de ses membres la désertèrent jusqu’à faire baptiser leur descendance. C’est le cas de Benjamin Disraeli, devenu Premier Ministre britannique. D’autres, très riches et intégrés baptisèrent leurs enfants pour les marier à l’aristocratie. Par ailleurs ces familles très éduquées tendaient à se distancier de la foi de leurs ancêtres. La communauté sépharade perdait ainsi de sa vigueur alors que les ashkénazes devenaient plus nombreux à Londres.

18 et 19e siècle, l’âge d’or de l’East End ashkénaze

– lLa majorité des juifs se concentraient sur un espace restreint, le triangle défini par St Mary’s Axe, Bevis Marks, Duke Street and Leadenhall Street. De petites communautés pauvres se pressaient le long de Houndsditch à l’est de la ville. Les plus riches de la communauté avaient des résidences d’été à la campagne et dans les villages près de Londres voire dans le West end. La communauté connut le mouvement d’émancipation. Ce mouvement encouragea aussi la sortie des juifs de leurs quartiers traditionnels.

-vers Une communauté plus éparpillée. 

D’autres membres de la communauté s’imposaient. Certains devinrent Parlementaires, banquiers voire sheriff. Ainsi, D Salomons devint-il maire de Londres mau milieu du19eme siècle. Beaucoup migrèrent aussi hors de la city vers  le Nord ou l’Ouest.  A la même période, le mouvement de réforme des synagogues précipita un nouveau schisme. Une partie de la communauté s’intégrait professionnellement et socialement alors que l’autre, plus pauvre, restait plus traditionnelle et fidèle à l’East end et aux métiers du textile : frippiers, tailleurs, courtiers, grossistes, diamantaires ou cordonniers, vendeurs de parapluies, oranges, pipes, cartes.

Soupe populaire juive, Spitalfield


-Vers 1880 de nouvelles vagues d’Europe centrale

Ces nouveaux arrivants fuient les pogroms et déferlent sur Londres.

Cet afflux  massif de 100 000 personnes changea le paysage social et la géographie de la Londres juive. L’antagonisme entre populations anglo-juives intégrées et arrivants souvent pauvres et exploités s’accentua. La majorité des nouveaux-venus s’installa dans l’East end, vers Whitechapel , Aldagate et Spitalfields. Ces quartiers traditionnels restèrent centraux à la communauté juive jusqu’à la seconde guerre mondiale. Avec le temps, ils bougèrent de plus en plus vers l’est de la ville.

Monument aux enfants juifs, Liverpool Station

Mais la city devint peu à peu un lieu d’affaires et non d’habitation. Ce qui s’accentua avec les bombardements. Les juifs migrèrent alors vers la périphérie. Les pauvres s’installèrent plutôt à l’Est (Stepney, Totenham), les riches à l’Ouest à Maida Vale, Bayswater  voire Hampstead. Le mouvement s’est amplifié avec l’amélioration des transports publics.

Synagogue de Great Portland Street

Vestiges juifs à Londres

Il reste très peu de Vestiges juifs à Londres. Les bombardements violents de 1941 ont en effet saccagé les lieux et rayé une communauté très vivante à la fin du 19ème siècle.. Dans les années 1950, celle-ci avait d’ailleurs quasi disparu. Les cinémas, théâtres, clubs, magasins juifs fermaient les uns après les autres repris par les migrants du Pakistan et du Bengladesh. Les synagogues devinrent alors ateliers textiles, les boutiques kosher, curry houses. L’East End londonien se transformait une nouvelle fois.


Autour de Spitalfields

Au sud de Spitalfields

Ici, travaillait et habitait la communauté juive. Ainsi, au 42 Brushfield Street, la boutique de la modiste Amélie Gold a conservé son enseigne. En passant par Fort street , on rejoint l’allée Sandy’s row où se trouve l’une des quatre synagogues survivantes des cent qui existaient autrefois. A la base, c’était une chapelle huguenote. Quelques jolies maisons géorgiennes attestent de la paupérisation de ce quartier autrefois cossu. Ces maisons furent divisées au cours du temps en minuscules logements pour les migrants.

Tout près, sur Bell Lane, l’école publique juive a disparu. En revanche, au 17/19 Brune Street, le bâtiment « Soup kitchen » ouvert en 1902 a conservé sa façade. Il a remplacé la première soupe populaire ouverte sur Bricklane au 18e pour les Huguenots.

Sur Commercial street,

On longe le marché maure, aujourd’hui transformé en école de mode. Il atteste encore de la présence sépharade. Fashion Street était la rue des frippiers juifs,. On rejoint Brick Lane. Aujourd’hui Banglatown, elle n’a conservé qu’un magasin juif, au 92 la boutique de papier Katz. Les curry houses ont remplacé les boutiques juives. Cependant, les deux beigelhouses (au 155), plus haut dans la rue, restent témoin de cet héritage qui s’estompe.

Devant Christ church school,  fondée au 18e et reconstruite au 19e  pour les enfants pauvres, se trouve un petit médaillon au sol. A l’angle de Fournier Street, l’ancienne église huguenote construite en 1743 devenue méthodiste au 19e puis transformée en synagogue en 1897 . Depuis 1976, c’est une mosquée. Elle appartient maintenant à la communauté Bengladaise. Elle peut accueillir 4000 fidèles. L’inscription latine « Umbra Sumus » (nous sommes des ombres) se lit encore en haut du mur, côté Fournier Street.

Cette évolution, unique au Royaume-Uni, reflète les vagues migratoires . En face, au 86 Brick Lane se trouvait les bains russes fermés en 1940. Ces derniers temps, Les boutiques juives ont laissé place au curry houses et l’héritage se meurt silencieusement.

Ecole sur Bricklane

A l’Est de Spitalfield

Dans Fournier  Street justement perdure une Vieille boutique juive, Schwartz au 33.

Plus impressionnant, le 19 Princelet street  était un théâtre yiddish. En 1869, des juifs polonais y construisirent une synagogue, la plus vieille ashkenaze de Londres.. Pratiquement impossible à visiter, cette maison regorge d’histoires terribles dont celle de David rodinsky relatée par Ian Sinclair dans Rodinsky’s room. Le musée, aménagé dans cette maison, tente péniblement de survivre et ne s’ouvre que sporadiquement et sur RV pour des visites de groupe. 

Le grapheur Stik prône la tolérance religieuse sur Princelet

La légendaire Petticoat Lane

Petticoat Lane

Le nom de Petticoat Lane se rapporte en fait au commerce de fripperie monopolisé par les juifs pauvres d’Europe centrale. Car un marché textile se tient sur Middlesex street depuis le Moyen Age. Devenu axe central de la communauté ashkénaze au 19e s, la rue accueillait outre les frippiers, des organisations pour les pauvres : soupes populaire, armée du salut. Un marché s’y tient toujours le dimanche matin.

Néanmoins, la communauté, encore très florissante et étoffée par la dernière vague migratoire des années 1920 disparut après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Le quartier s’apparentait à un quartier juif distinct depuis les années 1880. Près de 10 000 nouveaux arrivants s’étaient effectivement installés à Londres fuyant les pogroms et persécutions en Russie. Au début du 20e siècle , 95% de la population de Petticoat lane était juive immigrée. Les noms des rues étaient alors écrits en yiddish. La zone comptait plus de 100 synagogues et de shtiebls (petites salles de prières) . Un réseau bien organisé d’institutions religieuses donnait vie à ce quartier de petites échoppes, et ateliers. La vie culturelle y battait également son plein avec quatre théatres yiddish, des journaux et magazines, groupes littéraires, cinemas, dancings et groupes politiques. Anarchistes, communistes, sionistes se réunissaient. Ils firent front avec les activistes de gauche le 4 octobre 1936 lors de la marche des chemises noires menées par le chef du syndicat fasciste britanique Oswald Mosley. Ils s’affrontèrent lors de la celebre bataille de Cable street.

Vers Liverpool Station

-Sur Cutler street se dressent encore les entrepôts énormes de la East India Company transplantée depuis les docks (importation de soie) . Cette rue lie Middlesex street à Liverpool Station devant laquelle se dresse l’émouvante sculpture consacrée aux enfants juifs accueillis en Grande Bretagne pendant la deuxième Guerre mondiale

– sur Wenworth street, un arc de briques rouges date de 1886. Il marque l’entrée des logements modèles de Charlotte de Rotschild pour loger décemment les pauvres juifs .  En face, les réformistes se réunissaient à Toynbee Hall . De là, partaient nombre d’aide aux pauvres. Sur Dean Walk se concentraient les plus indigents dans l’ ancien rookery ( documentée comme la pire rue de la ville au 19e ) C’est dans ce quartier miséreux que frappa à trois reprises Jack l’éventreur.

Une carte de mémoire, document sur l’histoire et les vestiges des juifs de l’East End émane de la collaboration d’éminents spécialistes.

Whitechapel , Bethnal, synagogues disparues et cimetières cachés

Whitechapel High Street

La rue aujourd’hui orientale fait néanmoins remonter des souvenirs de la présence Juive.

Le jardin Altab Ali Park avec sa fontaine victorienne rappelle les vagues migratoires qui se sont succédées dans le quartier . En face, au 88, un petit blason juif :rappelle la Poste établie jusqu’en 1930 . Les nombreux restaurants kosher se sont transformés en établissements hallal. Un peu plus loin, La fonderie de cloche qui a fourni celle de big ben fonctionnait encore il y a peu . Juste derrière, sur Fieldgate street la synagogue a fermé, remplacée par une mosquée.

Miles End et ses cimetières

Alors que la rue prend le nom de Mile’s End dans Stepney on va passer devant d’impressionnants vestiges cachés. Peu ou pas du tout signalés, trois cimetières sépharades se déteriorent sous les nouvelles vagues migratoires. Car la communauté juive y était plus ancienne et hispanique que celle de Spitalfields.

Sur la petite rue Brady un cimetière désaffecté. Abandonné derrière ses hautes grilles, il sert de décharge aux passants.

Sur Alderney Road, on parvient à une petite courée dont l’extrémité murée se heurte à un autre cimetière invisible. De hauts murs et une porte résolument fermée bloquent tout accès.  Encore un peu plus loin, en remontant Bancroft Road, se trouve encore un cimetière désaffecté.

Encore plus au Nord sur Grove Road, on accède au cimetière juif de Hackney

Si on reprend Miles End on découvre une merveille peu connue. On accède en effet à l’université Queen Mary. Dans le dédale des bâtiments universitaires, se cache l’extraordinaire cimetière novo, lui aussi soustrait à la vue du grand public et à la signalétique.

Les Cathares

Les châteaux cathares n’existent pas mais les Cathares eux ont bien existé. Pour le moins, la mémoire collective occitane atteste de leur implantation dans le Sud-ouest de la France. Ils passionnent d’ailleurs depuis longtemps mais que sait-on vraiment d’eux ? Mal connue et biaisée leur histoire témoigne d’abord de la vision des vainqueurs. https://www.cathares.org/

le pog de Montsegur

Que connaissons nous des Cathares ?

L’historiographie du catharisme est particulièrement importante pour bien comprendre la diversité des points de vue. S’est d’abord imposée la vision des vainqueurs par les écrits de l’Inquisition puis est venu le temps des légendes. https://www.herodote.net/Les_Cathares-synthese-97.php

La vision des vainqueurs

Dès le XIIIe s, les persécutions et croisades vont diffuser une image négative des Cathares. L’Inquisition, instituée en 1233, au lendemain de la double Croisade contre les Albigeois (1209/29), pérennise cette image sectaire. Ainsi, à l’issue de la prise de Montségur. on les réduisait en général à des manichéens qui avaient péri en ce lieu emblématique. La vision d’une secte dualiste, voire manichéenne reste largement répandue même si les historiens actuels la dénient.

 Vision romantique et vulgarisation,  de 1870 à 1960.  

– Dans les années 1850, les premières études (Charles Schmidt) parlent d’une secte avant que la vision ne devienne romantique avec Napoléon Peyrat. Celui-ci confère un rôle clé à Montségur, et « invente » Esclarmonde, fille du comte de Foix. Il interprète les ossements de la nécropole préhistorique de Lombrives comme restes des derniers faydits. Quelques années plus tard, Joséphin Péladan intègre le catharisme à l’occultisme. Il mélange catharisme, légende du Graal et Lohengrin. On associe alors catharisme et ésotérisme. Romans et mythes fleurissent sur les Cathares durant l’entre deux guerres.

Vers une vision plus scientifique au XX e

Livre d’Anne Brenon

Le sujet s’ouvre au grand public dans les années 1950. A la même époque, les recherches scientifiques progressent également avec l’exhumation et la publication de textes cathares. Des spécialistes tels Jean Duvernoy, Michel Roquebert, Anne Brenon, Emmanuel Leroy Ladurie démystifient la tradition de communauté recluse aux doctrines occultes.

-Aujourd’hui, les fouilles archéologiques éclairent les modes de vie, le quotidien médiéval, Certaines découvertes confortent les textes de l’époque, d’autres remettent en cause une vision parfois trop linéaire des événements. Seuls deux traités et trois rituels constituent les sources directes qui nous permettent de comprendre le catharisme et ses particularités.

Les Cathares ont-ils vraiment existé ?  

Toulouse, capitale de l’Occitanie

L’origine des Cathares reste disputée. En revanche ils apparaissent clairement comme une dissidence chrétienne parmi d’autres au lendemain de l’an mil. L’église romaine est alors en pleine réforme. Cette réforme grégorienne attire des oppositions à travers l’Europe : Bogomiles en Bulgarie au Xe, Vaudois dans le Jura et les Alpes, Patarins en Italie, Cathares dans le Nord et le Sud Ouest de la France. D’une certaine manière plus l’église romaine se durcit, plus les hérésies pullulent. En revanche, se pose la question de leur nombre réel et de leur organisation.

Un christianisme médiéval dissident

Les historiens actuels peignent des individus pieux et charitables, engagés dans la vie de la cité. Face à « l’Eglise qui possède et qui écorche », les Cathares  affirment en effet incarner « l’Eglise qui fuit et qui pardonne », la seule fidèle à l’héritage des apôtres. Ils se caractérisent à la fois par la virulence de leur anticléricalisme (de leur opposition à l’église romaine et ses rites) et par leur évangélisme. Ils cherchent en effet à revenir à une lecture littérale des Evangiles.

Caractéristiques de cette dissidence

Pour Rome, les Cathares sont pires que les infidèles juifs et musulmans, car, ils interprètent le christianisme différemment. Ils contestent l’organisation de l’Eglise romaine mais aussi les sept sacrements. Ils n’acceptent que le baptême adulte, appelé « consolatum ».

Leur modèle de vie, les rites et les sacrements sont ceux des premières communautés chrétiennes. Ainsi, ils rejettent la médiation des saints, le culte des reliques et des morts, les prières (en dehors du Notre père) et toutes les pratiques instaurées par l’Eglise romaine tout au long du Haut Moyen Age. Ils s’opposent à la vie matérielle et charnelle.

Les Cathares poussent à l’extrême le sens du message des Écritures qui formule la croyance dans l’existence de deux mondes, l’un bon et l’autre mauvais.

Cependant ce ne sont pas des révolutionnaires. Ils ne souhaitent  en effet pas améliorer le monde.

Chateau de Foix

Les Cathares ont-ils seulement existé ?

 Les Cathares eux-mêmes ne se dénommaient que bons chrétiens ou bonshommes, apôtres, chrétiens ou chrétiennes.  Ceux qui avaient reçu le Consolamentum, sorte d’ordination, dénommés les Parfaits prêchaient. L’ensemble était coordonné par un évêque à la charge était géographiquement délimitée. A l’aube de la Croisade, on comptait alors six évêchés. L’Église catholique, l’Inquisition les qualifient d’hérétiques.

Dans des maisons ouvertes à la fois de couvents et écoles religieuses, séparées en communautés, d’hommes et de femmes, ils suivaient une règle de vie austère. Continents, abstinents, végétaliens, non-violents, individuellement pauvres, entraînés à la parole publique, à la prédication, instruits des textes sacrés, les Cathares parcourent les routes et enseignent. La vie exemplaire qu’ils mènent est un des outils les plus puissants de leur succès.

Si ces communautés hérétiques sont attestées dans l’histoire, le nom de Cathares apparait plus tardivement. Au XIIème siècle, le moine Eckbert Schönau, le premier ,l’utilise pour les hérétiques rhénans. Le terme surgit en France eulement au 19eme siècle. Dune certaine manière, le romantisme a en effet inventé le catharisme. Le régionalisme naissant va s’en emparer.