Le Bleu

Cet été je vous propose un nouveau feuilleton, celui du bleu. L’année dernière je vous avais gratifiés du roman des thés. 2024 sera donc une année bleue. En effet, cette couleur est paradoxale en Inde. Le pays a donné naissance à une teinte, l’indigo. Pour autant, il est peu porté en Inde et surtout dans le sud. A contrario, c’est une couleur que nous adorons en France.

J’ai donc repris avec délices les écrits de Michel Pastoureau et vous propose ma petite version qui me permettra de justifier un grand écart entre Toulouse et Chennai.

Le bleu, couleur de l’occident

Michel Pastoureau, médiéviste et spécialiste des couleurs, nous a gratifié de pages lumineuses, c’est le cas de le dire, sur l’histoire et l’évolution des couleurs. Celle du bleu m’intéresse particulièrement car elle établit un lien des plus significatifs entre l’occident et l’orient. Et plus précisément entre la région de Toulouse et l’Inde.

bleu du Choundra Palace Udaipur

Une couleur peu apprécié dans l’Antiquité

Michel Pastoureau explique en effet que le bleu a été ignoré pendant une grande partie de l’Antiquité.

 Assimilé aux barbares par les Grecs et les Romains il ne bénéficiait même pas d’une terminologie propre. Pourtant il était connu bien sûr. Les Egyptiens l’utilisaient abondamment pour leurs objets de fritte émaillée. Néanmoins, le bleu antique venait essentiellement de métaux précieux. Il était donc couteux. Qu’il provienne de la turquoise ou du lapis lazuli, il représentait un véritable luxe.

hippoptame en fritte bleu, égyptien, Le Louvre AD

En revanche, les Celtes utilisaient un bleu végétal à la faible tenue. Celui dont ils badigeonnaient leur corps avant les batailles provenait d’une plante locale, la guède. Entre les yeux clairs et les peintures guerrières on ne s’étonne guère que les Romains aient eu une peur bleue de cette couleur

Le Moyen Age réhabilite le bleu

ceramiques ottomanes, Louvre AD

Au Moyen Age, le bleu veut gagner ses lettres de noblesse. Le bleu minéral des couteux lapis lazuli et Turquoise transite vers Venise par le biais des caravanes. De là, il va s’arracher pour représenter non seulement le bleu du ciel mais celui du manteau de la Vierge, à commencer par les sublimes madones de Bellini. On le voit rapidement apparaitre sur les vitraux des cathédrales gothique d’Europe septentrionale.

vitraux cathédrale Canterbury
Bellini, la vierge au bleu manteau

 La montée en puissance du culte marial promue notamment par les franciscains, va en faire la couleur divine par excellence. Giotto devient le maitre du bleu.

le bleu de Giotto, bailique st Francois d'Assise, Ombrie

D’autant plus que les maitres de la première Renaissance remplacent les fonds dorés de l’iconographie byzantine. Les rois ne s’y trompent pas qui l’utilisent dans leurs armoiries. Le bleu va même s’étendre à la mode. Mais cette fois un bleu plus léger, celui du pastel ou guède. Cette plante se cultive dans presque toute l’Europe, autour de Erfurt en Allemagne, dans le Lincolnshire en Angleterre, en Picardie ou encore dans le Lauragais.  Verte, elle est cultivée pour donner davantage de….. bleu. Les feuilles une fois macérées changent en effet de couleur.

D’un bleu à l’autre

Malheureusement ce bleu ne tient guère. Les productions indiennes d’indigo vont de plus en plus intéresser artistes et teinturiers. Moins chères à produire, désormais plus faciles à importer, elles vont peu à peu remplacer le pastel toulousain.

Avec la colonisation de l’Amérique, l’indigotier originaire d’Inde va être adapté aux immenses espaces libres. La main d’œuvre gratuite que représentent les esclaves y permet une culture extensive et peu coûteuse. Les premières grandes plantations américaines se consacrent non au coton ou au sucre, comme on le croit trop souvent, mais à ce bleu intense et tenace,

C’est la guerre d’indépendance américaine qui va changer la destinée des plantations mais aussi de la couleur. En effet, les Anglais ne pouvant plus s’approvisionner à bon prix se détournent de leurs champs américains pour forcer les petits paysans du nord de l’Inde à abandonner leurs cultures vivrières au profit de ce bleu profond. Le bleu devient dès lors couleur de l’oppression coloniale en Inde.

Cezanne, la femme (en bleu) à la cafetiere, musée d'orsay

Mais, l’indigo indien se verra rapidement concurrencé après la découverte de bleus chimiques en Allemagne.

Pour en savoir plus, lisez le chapitre bleu dans mon livre et suivez-moi la semaine prochaine dans la région toulousaine puis les semaines suivantes en Inde et plus précisément à Jodhpur.

Jaipur insolite

Pour faire suite aux autres articles sur Jaipur, voici de quoi faire une visite plus insolite.

Sans avoir la prétention de réinventer la roue, j’ai particulièrement apprécié quelques lieux moins connus et pour autant bien passionnants

Un Jaipur plus insolite près du centre

Albert Museum

Cet extraordinaire bâtiment vaut déjà d’être admiré de l’extérieur.

 Car l’édifice lui-même est un morceau de bravoure indo-sarracénique juste en dehors de la muraille de la ville ancienne. Mêlant les influences mogholes et anglaises, il se veut musée victorien typique. Avec des collections balayant l’histoire universelle, de l’Egypte, au monde romain, aux productions plus locales. En fait, il copie, en version indienne, le Victoria and Albert Museum. La célèbre institution londonienne. A l’origine, ce devait être un point central de la culture victorienne. Ainsi, ce musée ambitionne une sorte d’érudition générale. Ses collections éclectiques se répartissent en diverses galeries refaites récemment. Celles-ci échappent donc à la poussière habituelle aux lieux d’expositions indiens.

Le cinéma Raj Mandir

 Construit en 1976 avec une façade genre gâteau rose et une salle incroyable avec balcons mousseux surplombant la fosse. L’ambiance mérite d’être vécue au moins une fois. Lors des projections de films locaux, l’apparition de stars est saluée par des hurlements ahurissants.

Les Haveli

Attention le mot Haveli est générique d’un certain type d’habitation, de grandes maisons. Il n’engage en rien la qualité de l’établissement. En fonction du prix, vous pourrez aussi bien atterrir dans un véritable palace ou un bouiboui. Ne croyez donc pas faire l’affaire du siècle parce que vous avez réservé un Haveli très bon marché. Regardez attentivement les photos et les commentaires. En revanche vous pouvez tomber sur un bijou absolu, en général un peu onéreux.

Derrière le Amber palace

Juste derrière le Amber Palace, une route mène au magnifique réservoir à degrés et passe juste devant le petit musée Anokhi.

Ce Musée Anokhi est un charmant petit musée très peu fréquenté. Il s’agrémente pourtant d’une jolie cafeteria. Pour ceux qui habitent l’Inde, Anokhi est une boutique connue pour ses imprimés batik. En fait l’initiative est partie de Jaipur. L’idée était de relancer les savoirs textiles traditionnels. Le petit musée occupe un Haveli restauré avec intelligence. Il est donc très agréable de découvrir les magnifiques créations des artisans locaux. Une petite boutique et un ravissant salon de thé complètent la visite.

Devant la porte d’Amber, la route décrit une épingle à cheveu et mène vers le réservoir du XVIème siècle.  Panna Meena Ka Kund est extraordinairement photogénique avec ses volumes géométriques et parfaitement symétriques. Comme dans tous les réservoirs, il est interdit d’y descendre.  Il permettait de conserver précieusement l’eau dans ce territoire désertique.

Au-delà d’Amber Fort, un Jaipur plus insolite

Amber Fort faisait partie d’un dispositif de fortifications de la chaine des Aravelli.

 Au-dessus du Palais, le fort de Jaigarh monte la garde depuis le sommet de la colline.  Il offre de beaux points de vue. Il est relié au Palais par un système de tunnels.

 Le fort de Jaigarh (au Nord) est relié à celui de Nahargarh (au Sud) par un vaste réseau de murs et d’ouvrages fortifiés Nahargarh est aussi appelé demeure des tigres. Il se situe le long des collines d’Aravalli et surplombe un lac. Le fort abrite aujourd’hui le musée de cire de Jaipur et le palais de verre.

Mais il se peut que vous n’ayez pas le temps, ou l’envie, de vous rendre dans ces forts relativement éloignés du centre de la ville. Si vous souhaitez néanmoins prendre de la hauteur pour jouir du panorama pourquoi ne pas escalader l’élégante tour Swargasuli du XVIIIème siècle ?

Jaipur bis

Je continue ainsi ma série d’articles sur Jaipur en évoquant ici les lieux bis indiqués par des guides papier, les blogs ou les accompagnateurs de voyage. Ces lieux sont souvent recommandés mais pas toujours indispensables selon moi. Plus encore que d’habitude, cet article m’est très personnel.

Je me base ici sur les lectures suivies lors de ma découverte de Jaipur mais aussi sur une visite guidée organisée en amont il y a quelques années. Pour faire simple, je vous indique ce que je n’ai pas forcément adoré.

Pour commencer, je ne vous recommande pas le tuk tuk. La ville est trop poussiéreuse pour cela. Et encore moins le rickshaw humain. Dans la vieille ville, vous pouvez vraiment marcher pour mieux découvrir. 

Le City Palace

 Je le sais je fais ici ma mauvaise tête. Je ne suis absolument pas d’accord avec les sites qui recommandent la visite du City Palace. La cherté du billet n’est, selon moi, absolument pas à la hauteur de l’intérêt de la visite.

 Pour tout dire, moi que ne suis pas une grande « magasineuse », la partie que j’ai préférée est l’atelier, autrement dit la boutique, magnifique il est vrai. Pour être honnête, on voit quand même dans le Palais un impressionnant durbar. Cette salle du trône est décorée des portraits hilarants des maharajas. Ces tableaux ne sont pas sans évoquer ceux des Qajars de la Perse voisine à la même époque. Il s’agit de portraits sur le modèle européen. Les dignitaires y posent de profil ou de face avec tous leurs atours. Mais l’originalité repose sur le mélange de photographie et de peinture.

Dans la même veine, le Diwan-i-Khas, zone d’audiences privées des maharajas accueille deux immenses jarres d’argent de 345kg chacune. Elles servaient à transporter l’eau sacrée du Gange, la seule ingérée par les monarques. Ces Gangajelies accompagnèrent le Maharaja jusqu’en Angleterre en 1902 pour l’intronisation du roi Edward VII en 1902. Chaque jarre pourrait contenir 4 100 litres d’eau.

Enfin, un pavillon au centre de la seconde cour expose des textiles magnifiques.

Construit sous l’impulsion du Maharaja Jai Singh II, fondateur de la cité, le complexe de palais est superbement ornementé, avec des piliers ouvragés. En fait, il s’agit de deux palais, Chandra Mahal et Mubarak Mahal. Le palais est encore habité par la famille royale. Le Maharaja de Jaipur est toujours le chef du clan Rajputs Kachwaha . Ses appartements sont visitables moyennant un billet onéreux même pour un porte-monnaie européen (4000rp).

Mais il y a tellement d’autres choses à voir à Jaipur que le City Palace ne me parait vraiment pas la visite à prioriser lors d’une première découverte de la ville.

Des bazars

Autre déception, bien personnelle, le Bapu Bazar. Si vous aimez l’ambiance souk et les odeurs, vous pouvez vous perdre dans les galeries. Sinon les kilomètres de bracelets ou de kurtas sont à peu près les mêmes que dans toute autre ville indienne. Avec peut être un bon point sur la passementerie assez remarquable je l’avoue.  Parmi les autres bazars à découvrir se trouvent Johari Bazaar, Tripolia Bazaar ou Chandpol. A vous de voir s’ils vous inspirent.

Jal Mahal palais du lac

Construit sur le lac Mansagar, ce palais combine les architectures moghole et rajpute. Jal (eau) Mahal (Palais) donne l‘illusion de flotter sur l’eau au milieu du lac Man Sagar. Il fut édifié par le Maharaja Madho Singh I comme pavillon d’été pour les chasseurs de canards. On ne peut y accéder et on se contente de l’admirer de loin ou de caboter autour. Pour les amateurs de photos, il vaut mieux s’y rendre en tout début ou toute fin de journée pour éviter qu’il ne soit écrasé de soleil. En revanche, ne vous attendez pas à visiter les lieux.

Le temple des singes

à 10 km de Jaipur, le temple de Galtaji est un lieu de  pèlerinage. Il se constitue de plusieurs temples édifiés dans une crevasse des collines de Jaipur. Une source y jaillit, remplissant une demi-douzaine de kunds ou réservoirs sacrés.

L’abondance des singes a donné le surnom de « temple des singes » à ce sanctuaire dédié sans surprise à…Hanuman. Il faut gravir la colline pour s’y rendre mais la vue sur Jaipur se mérite. Et le chemin est très beau dans la campagne et parsemé de templounets peints et décorés.

Je vous concède qu’il faut avoir envie de marcher sous la chaleur et de se frotter aux singes, trop souvent agressifs mais aussi aux locaux aux pratiques touristiques un tantinet agressives elles aussi.

Jaipur

Les Incontournables de la ville rose

Jaipur, la capitale du Rajahsatn, compte 4,4 M. Surnommée la ville rose, elle n’a rien à voir avec Toulouse. En effet, son rose tient à la peinture appliquée lors de la visite du Prince de Galles en 1876. Bien que fondée assez tardivement, en 1727, c’est une ville magnifique à découvrir et redécouvrir sans cesse. On peut y survivre sans guide. Et on peut circuler aisément dans le centre historique à pied.

Dans ce premier article, je vous propose de découvrir les incontournables d’une visite. A savoir le Palais des Vents ou Hawa Mahal, et le curieux observatoire astronomique, Yantra Mandir. Mais aussi le Fort Amber, situé à une dizaine de km du centre historique.

Amber Fort

 Un peu à l’extérieur de la ville, ce site est immanquable. Il s’agit d’un immense fort posé sur les contreforts montagneux de la chaine des Aravelli . Plus haut, le fort de Jaipur le surveille. Il domine la colline dite de l’Aigle. Celui-ci est plus une forteresse alors que Amber ou Amer ressemble dans les faits à une résidence royale. Avec ses riches cours et loggias, il apparait tel un morceau de paradis dans un environnement plutôt hostile.

Certains effectuent la petite montée à dos d’éléphant mais cette pratique est aujourd’hui montrée du doigt. Mais je vous recommande de visiter Amber tôt le matin. Cela permet de profiter de la lumière, éviter les grosses chaleurs et la foule (ouverture à 8h). On rentre par la porte de Ganesh. Elle mène à une immense cour au débouché de laquelle se tient la billetterie. De là, une pente mène à une cour entourée de pièces superbement décorées. Y logeaient les membres de la famille royale. Des escaliers et rampes annoncés par une porte magnifiquement peinte mènent au Palais des miroirs ou Jai Mandir. Les plafonds et murs y sont incrustés de panneaux de verre et de miroirs pour réfléchir les lumières des chandelles.

Comme tous les palais musulmans, il se dédouble. Coexistent ainsi une zone officielle et masculine et un zenana, mot local pour le harem. Un véritable labyrinthe de couloirs permet de gagner ce dernier. Il faut compter 2 bonnes heures pour grimper à l’assaut de ce formidable lieu. Mais aussi pour se régaler des vues et explorer les recoins.

Jantar Mantar, l’observatoire de Jaipur

Cet Observatoire astronomique est exceptionnel. Même une béotienne comme je le suis ne peut s’empêcher d’être impressionnée par la taille…astronomique du lieu. On parle ici d’une vingtaine d’instruments en pierre. Ils sont utilisés pour calculer l’heure, les mouvements des planètes, les distances et les positions des objets célestes. Ces instruments furent d’abord réalisés en métal ou en bois pour ajuster les mesures. Ils furent ensuite agrandis, perfectionnés et construits en pierre. Des cinq observatoires de ce type en Inde, celui-ci est considéré comme le plus important. Bien que tardif (18eme siècle) il doit sa taille à l’utilisation de ces mesures dans la religion musulmane.  Avant l’introduction de la montre par les Britanniques, l’immense cadran solaire Samrat Yantra permettaitainsi de calculer l’heure des prières.

Hawa Mahal, le symbole de Jaipur

Le palais des vents, avec sa façade de grès rouge et rose ourlée de blanc, est incontournable à Jaipur. Mais j’avais le souvenir lors d’une visite précédente de Jaipur que seule la façade de cinq étages comptait. Et l’on ne m’avait pas forcément conseillé de visiter le Palais lui-même. Certes, l’ascension n’est pas très aisée. Les escaliers sont relativement pentus et étroits pris d’assaut le week-end par une foule en goguette. Néanmoins, le jeu en vaut la chandelle. Précisément car la foule qui découvre les multiples recoins de ce palais façade est un vrai spectacle. Les salles sont petites et vides. Cependant, les points de vue multiples prédisposent à des photographies fantastiques. On y jouit ainsi d’une vue remarquable sur l’observatoire.

La géométrie des espaces, l’aspect labyrinthique donnent vraiment l’impression de se perdre dans un palais des 10001 nuits. Outre cette empreinte moghole, la forme générale de l’édifice tient davantage de l’architecture Rajpoute. Elle est en couronne de Krishna et contient une multitude de tourelles et ouvertures,.

Pour visiter, il suffit de suivre la pancarte à droite de la fantastique façade. Il faut alors contourner complètement le pâté de maison et rentrer par l’arrière. Le palais est constitué d’une multitude de cours et coursives. Une petite cafeteria dans la 1ere cour propose une halte plaisante.

C’était un palais pour les femmes. Contrairement à l’idée reçue, les jalis et balcons ne permettaient pas à ces femmes de regarder la rue. En revanche, les milliers de jharokha les autorisaient à respirer. Le palais, construit en 1799, 10 ans après notre révolution française, tire ainsi son nom des parois et fenêtres. Celles-ci permettaient des courants d’air (Hawa) parfaits pour rafraîchir l’édifice et ses recluses pendant les étés torrides de la région.

Rajasthan

Le Rajasthan constitue le plus grand état indien . Avec 342 239 km2, il dépasse en taille l’Italie. Situé au nord-ouest du pays, il a pour capitale Jaipur.

Triangle d’or

C’est d’ailleurs en général par la ville rose que l’on aborde cet Etat, qualifié de « Terre des Rois ». La grande majorité des voyageurs venant d’Europe se cantonnent en effet au triangle d’or. Partis de New Delhi, ils se rendent au célébrissime Taj Mahal, à Agra. Ils complètent cette boucle haute en couleur, et en population à Jaipur. Ils traversent au passage trois Etats, celui de Delhi, puis l’Uttar Pradesh, le plus peuplé et l’un des plus pauvre à Agra pour enfin chatouiller le Rajasthan à Jaipur (4M d’hab). C’est dommage car l’Etat a tellement plus à offrir. Le désert du Thar s’étend à l’Ouest avec ses magnifiques forteresses, dont Jaisalmer. Mais il offre aussi des villes princières comme Udaipur ou Jodhpur et d’extraordinaires temples.

Cerise sur le gâteau, une fois éloigné des gros centres de Delhi et Agra, les villes sont à taille humaine, les paysages deviennent plus doux et surtout la population locale est adorable.

Certes les sites sont éloignés les uns des autres et il n’est pas forcément facile d’en voir beaucoup lorsque l’on vient de l’autre bout de la planète. Cependant, si vous n’adorez pas la foule et que vous recherchez le dépaysement, la question de vite fuir New Delhi pour passer plus de temps à découvrir cet état peut se poser.

Province d’histoire

Le Rajasthan résulte d’un regroupement des États princiers Rajputs. Ceux-ci connurent leur apogée entre les VIII et XIIèmes siècles.

 Dans l’histoire, cette terre a vu passer les grands Empires et Royaumes mais aussi nombre d’envahisseurs des Huns aux Moghols puis aux Britanniques. Malgré les vagues migratoires, la population reste marquée par la tradition. Ainsi les femmes portent toujours des voiles colorés sur le visage, les festivals ont gardé leurs couleurs. Les villages apportent un véritable dépaysement et sont particulièrement photogéniques avec leur population aux vêtements très vifs abrité du violent soleil de ces contrées quasi désertiques.

C’est aussi la terre des Maharajas et donc de merveilleuses demeures construites à l’époque moghole. Pour résumer le Rajasthan correspond à l’image rêvée d’une Inde fantasmée. Outre les palais, la région regorge de temples animés et de villes ravissantes et à l’identité forte. Jaipur, rose et caractérisée par ses nombreux palais, n’a rien à voir avec la blanche Udaipur construite autour de 5 lacs artificiels. Quant à Jodhpur, dominée par sa puissante forteresse perchée sur un piton, elle est un modèle de conservation patrimoniale et d’organisation touristique.

Rajasthan pratique

Le Rajasthan est un état en grande partie désertique. Il y fait donc très chaud et sec. Il se compose de deux parties très distinctes :

  • au nord-ouest, s’étend le désert du Thar bordé par la frontière du Pakistan.
  • au sud-est, la fertile vallée de la Chambal, beaucoup plus peuplée, séparée du désert par la chaîne des Ârâvalli, qui borde la ville de Jodhpur. C’est dans cette chaine que se forment les quelques rivières alimentées par la mousson estivale.

Se loger

Le Rajasthan déjà remarqué par l’Unesco à de nombreuses reprises est un modèle de développement touristique.

Dès lors il est facile et souvent bon marché de trouver de beaux hébergements, aussi bien dans des palais que des maisons traditionnelles, les Haveli. Vue la qualité de certaines de ces demeures, je ne vous conseillerais pas les hôtels de chaine.

Venir et se déplacer au Rajasthan 

Le train ne relie pas toutes les villes. Le bus peut être pratique mais un peu folklorique. L’avion dessert plusieurs villes. A Udaipur, l’aéroport est petit et se trouve à 1 bonne heure du centre-ville. En revanche, il est proche du centre de Jodhpur et pratique. Quant à celui de Jaipur il est plus grand avec de jolies boutiques (rien à voir avec le somptueux terminal de Hyderabad néanmoins) et dessert relativement bien le pays. Une voiture avec chauffeur permet de s’arrêter dans les villages et temples mais l’état des routes implique de longues heures de voyage. Vos arrêts dicteront en fait votre moyen de locomotion. Il s’agira d’arbitrer entre votre volonté de visiter plusieurs villes ou de découvrir la campagne et les sites.

La route du garum

La route du garum sera notre aventure de la semaine. Ou plutôt la route du commerce romain jusque vers le sous-continent indien. Cela constituera une diversion à l’automnale route du rhum qui se déroule tous les 4 ans.

Les Romains sur la route du garum

Alexandre le Grand a abordé l’Inde en arrivant par le nord. Ses troupes ont franchi l’Hindus et par extrapolation ont donné au pays qu’ils atteignaient le nom d’Inde. Puis, épuisée, l’armée du grand Général s’est arrêtée et a rebroussé chemin.

Mais qu’en est-il des Romains allez vous me dire ?

Les Romains aimaient les épices et notamment le poivre dont ils parsemaient allègrement leurs plats. Ils consommaient beaucoup d’encens dont ils embaumaient leurs dieux. Ils recherchaient aussi textiles et perles. Tout cela transitait en Inde vraisemblablement depuis l’Afghanistan ou la Malaisie.

Les anciens raffolaient également du garum ce mélange de petits poissons en saumure, semblables à ceux que l’on trouve fréquemment sur les étals des marchés indiens. Ils maitrisaient également les vents. De ce fait il n’est guère étonnant de retrouver leur présence sur les côtes orientales et occidentales du sud de l’Inde. ils allaient y chercher leur précieux et odorant condiment.

Les Romains sur la cote de Malabar

C’est tout d’abord sur la cote ouest, dite côte du Malabar que l’on retrouve la présence romaine dans le sud de l’inde. Ils auraient laissé des temples dont aucun vestige ná été retrouvé. En revanche la documentation existe. Le papyrus de Muziris est le premier document en grec renseignant sur un commerce égyptien et romain sur le sol indien, il date du 2e s et est conservé au musée archéologique de Cochin.

 La table de Peutinger, cet itinerarium latin de la fin de l’Empire portait mention des routes empruntées par l’armée et les marchands. Recopiée au 13e s par un moine elle est aujourd’hui conservée à Vienne. Une copie se trouve au musée archéologique de Cochin et atteste de l’existence d’un temple augustéen dans la localité de Muziris. Cependant, le site n’a jamais été retrouvé. Les archéologues l’imaginent situé un peu au nord de l’actuel Fort Cochin, du côté d’Ernaculum. Des amphores et panneaux évoquent aussi les incursions romaines.

Les Romains sur la côte de Coromandel

La présence romaine ne se limite pas à la cote ouest. Il semble que nos légionnaires aient traversé les ghats, ou contourné le sub continent en longeant les plages du sud pour gagner la cote de Coromandel au sud du golfe du Bengale. A défaut de soldats, des marchands s’y sont rendus. Les accompagnaient certainement quelques protochrétiens au rang desquels se trouvait le fameux st Thomas. On retrouve leur trace aux embouchures des fleuves . Par exemple, non loin de Pondichéry, sur le site d’Arikamedu où l’institut français a exhumé des amphores au 19e s. D’autres proviennent de Adichanallur-Tuticorin et remontent au IVe siècle avant notre ère. Quelques vestiges sont exposés dans deux mini vitrines de la minuscule section indienne du Musée Guimet à Paris. Mais aussi dans la première salle peu reluisante du musée de Pondichéry.

Calcutta

Les préjugés collent à l’image du centre de Calcutta. La troisième plus grande cité d’Inde effraye à l’avance par sa misère crasse. Et pourtant c’est oublier que la « Belle en Guenilles » fut la capitale du Raj britannique. Elle conserve d’ailleurs de magnifiques monuments de sa période de gloire.  Comme souvent, je vous propose plusieurs articles. Dans le premier, voici une visite du centre de Calcutta. il vaut mieux y venir entre octobre et mars pour des raisons climatiques.

Autour de l’Esplanade

Ce que l’on appelle le centre de Calcutta correspond au quartier historique de la capitale du Raj Britannique. Desservi par le métro, ce quartier regorge d’hôtels et de petits restaurants.

On y trouve de jolies adresses comme l’Oberoi, le Grand hôtel de l’époque britannique avec son piano bar, ses petits salons. Dans les rues avoisinantes, une foule de petites pensions bon marché accueillent des routards. Les touristes attirent une foule miséreuse autour de ces rues très commerçantes. Car on trouve de tout à New Market . Entre petits stands et jolies boutiques anciennes, ce quartier est le paradis des acheteurs. Pour une petite boisson, le joli hôtel Fairlawn vaut le détour. Il offre une vision désuète et pleine de charme du Calcutta colonial. Ses vieux sofas poussiéreux et ses photos de célébrités d’antan invitent à une halte dans le passé.

Outre les bâtiments gouvernementaux, l’on trouve deux des monuments les plus importants de la ville et de nombreux espaces verts.

Le Maidan, poumon vert de Calcutta

Le Maidan est un immense poumon vert au centre de Calcutta articulé autour de Fort William. La forteresse remonte à 1696, une cinquantaine d’‘années après Fort Saintt Georges, à Madras. Ces Forts marquent les lieux de naissance de ces villes anglaises. Celui au centre de Calcutta se trouve toujours entre les mains de l’armée et ne se visite pas. On trouve de nombreuses statues dans le parc ainsi que des jardins aménagés. Ainsi Eliott park a été financé par la famille Tata.

S’y succèdent également des bâtiments emblématiques du centre de Calcutta. On y voit le planétarium Birla, de style classique, financé par la famille du même nom . Non loin de là, se dresse le mémorial à la Reine Victoria. Puis, la cathédrale st Paul, bâtie sur le modèle de Westminster Abbaye. Son architecture est une réplique fidèle de la grande abbaye londonienne.

Le Victoria Memorial

C’est un superbe édifice de marbre blanc plus palladien que moghol. Sa construction remonte au début du XXème siècle. Elle visait à célébrer la grandeur de l’Empire dont le centre était Calcutta. Entouré de jolis jardins bien entretenus, sa forme rappelle celle d’un capitole américain. Les petits lanternons autour de la coupole ne sont pas sans rappeller l’eglise de la Salute à Venise. C’est aujourd’hui l’un des plus beaux musées du centre de Calcutta. Le rez-de-chaussée expose des peintures et statues des Anglais qui ont marqué le Raj. En revanhe, le premier étage a été aménagé en musée des « combattants de la liberté ». Dans une muséographie moderne, inédite en Inde, on y suit l’évolution des idées et des hommes qui menèrent vers l’indépendance.

Le musée indien de Calcutta

Ce musée est l’un de plus anciens d’Asie et remonte à 1814. Conçu à l’anglaise, mais dans une palais bengali, il est resté pratiquement en l’état depuis le départ des colons. La muséographie n’a visiblement pas été retouchée. Les chemins y sont compliqués, comme la belle salle des textiles, cachée derrière la collection de poissons et d’oiseaux. La poussière date visiblement de la même époque, en tous cas dans les salles d’histoire naturelle. Néanmoins, la richesse des collections fait de ce grand palais, articulé autour d’une cour, l’une des attractions majeures du centre de Calcutta. Parmi les merveilles, les vestiges de la cité bouddhique d’Amaravati complètent ceux exposés à Chennai. La galerie de peintures mogholes au premier étage jouit néanmoins d’un réaménagement et les œuvres valent d’y passer un moment.

Maison de Mère Teresa

La maison de la grande figure chrétienne est devenue le lieu le plus visité de Calcutta. C’est une maison grise, entretenue par les missionnaires de la charité. On y voit notamment la tombe de la Sainte, cannonisée en 2016.

Au nord de Calcutta, le Pont Howrah et la Gare

Cette fois il s’agit de partir vers le nord de Calcutta. On va y découvrir deux bâtiments emblématiques de la ville. Ils se situent de part et d’autre de la rivière Hoogli, un des bras du delta du Gange. Il s’agit du pont et de la gare.

Le pont d’acier suspendu ne date que de 1943, mais il apparait sur de nombreuses représentations de la ville. Il domine l’impressionnant marché aux fleurs. Tout autour, on croise une foule de petits commerces de rue ahurissants,tels des raseurs publics ou nettoyeurs d’oreille.

De l’autre côté du fleuve, la gare Howrah st l’une de plus anciennes d’Inde avec celle de Royapuram à Chennai. C’est surtout la plus grande et la plus fréquentée du pays. Sa belle architecture est emblématique du style indo-sarracénique.

Hampi bis

Cet Hampi bis a pour but de compléter les premières visites de Hampi et les conseils pratiques . Mes lecteurs habituels le savent, j’aime les balades un peu insolites. En tous cas éloignées des foules et des sentiers battus.

Les historiens ont divisé le site en trois grandes zones. Il y a d’abord le centre religieux le long de la rivière. On y voit les temples les plus anciens antérieurs aux Vijayanagara entre les temples Virupaksha et Vittala. Plus loin, se trouve le centre royal avec 60 temples en ruine. Mais aussi des infrastructures type routes, aqueduc, réservoirs, marchés, portes, monastères. Le troisième noyau correspond à tout ce qui reste.

La semaine dernière je vous avais laissé tout près de l’enclos Zenana et des étables des éléphants.

Un autre Hampi derrière le Palais Royal

Pour les plus courageux, en continuant derrière les étables des éléphants on atteint un temple jain. Puis, on rejoint deux autres temples en ruine. Enfin, se dresse une des portes extérieures de la ville dans des murs cyclopéens. D’énormes blocs de granit protégaient la cité. Ils attestent de fréquents raids de populations étrangères. Des tours de garde les renforcent encore.

De l’autre cote de Zenana, le temple Hazara Rama est consacré à Rama. Il jouait le rôle de temple cérémoniel de la famille royale. Des reliefs extérieurs montrent des cavaliers, des soldats, des danseurs et musiciens et procession. A l’intérieur, des frises racontent le Ramayana.

 Derrière le temple, s’étendent les ruines du Palais royal. On trouvera également celles d’une mosquée et une très jolie tour de garde.

La ville était pluriethnique. Outre les monuments hindous, on trouve des vestiges musulmans et Jains principalement près des portes de la ville.

Derrière le temple Ashyurathaya

Si vous êtes un adepte de la marche, vous pouvez grimper sur la colline Mathanga. Attention néanmoins. Sur les 3 chemins indiqués, un seul est praticable et déconseillé si vous n’avez pas le pied sûr et leste. La montée est glissante et vertigineuse. Evitez d’y aller à la nuit tombée malgré les conseils pour assister aux lever et coucher du soleil.

Le temple Ashyurathaya lui-même est une merveille. Il s’étend largement dans un site grandiose de palmeraies et collines de granit rose. En empruntant la rue des courtisanes bordée de colonnades vers la rivière on atteint un petit temple blanchi à la chaux. En contrebas, se déroule une grève. Ici des bateliers proposent des excursions en coracle, ces petits bateaux ronds et traditionnels. A faire si vous avez des enfants ou appréciez les promenades très lentes et contemplatives.

Près du village Kamalapur

On peut reprendre un transport pour rejoindre le village de Kamalapur. On y visite le musée archéologique qui recèle quelques statues et bronzes trouvés in situ. S’y lisent des inscriptions et les nombreuses stèles, un modèle permet de mieux comprendre le site dans son ensemble. Le musée s’articule autour d’une cour dans laquelle a été aménagé le plan relief du site. Celui-ci est plus facile à comprendre avec cette vue d’ensemble. Il peut donc être intéressant de commencer ou clôturer la visite de Hampi par ce modèle. L’entrée au musée est comprise dans le billet groupé Vittala/ Zenana.

Plus au sud de la ville se dresse le grand complexe du temple Pattabhirama ou Varadevi Ammana Pattana. Il date du 16ème siècle et est consacré à Rama, avatar de Vishnou. Ce temple énorme contenait, comme beaucoup de temples de Hampi, un vaste réfectoire.

Pour y accéder depuis Vittala temple, on passe par une très belle porte à étage. Celle-ci marque l’entrée dans l’enceinte aujourd’hui en partie écroulée.

Un peu plus loin entre Hospet et Hampi

D’autres structures surgissent çà et là dans les rizières et champs de canne à sucre. Si vous disposez de temps et êtes véhiculés, n’hésitez pas à vous arrêter et vous y attarder. On distingue par exemple le bain octogonal de Saraswati, déesse du savoir et de la musique. D’autres temples pour Vishnu et Shiva parsèment le paysage, dont le temple souterrain, absolument pas indispensable. En revanche, non loin de ce Shiva souterrain, la mosquée et la tour musulmane, sont superbes. Elles se situent juste derrière le temple de Ram.

Il vaut aussi la peine de de s’aventurer jusqu’ à la porte de Bhima. On peut y contempler les reliefs de lutteurs. Elle se trouve non loin du temple de Shiva souterrain. Elle suit un plan en chicane avec trois changements de direction pour qui pénétrait dans la cité.  Là encore rien d’exceptionnel si l’on se réfère aux constructions contemporaines du reste du monde. En revanche, le lieu quasi abandonné et désert change des foules. Notamment celles rencontrées devant le chariot du temple Vittala ou devant le lotus Mahal. Le nom de Bhima tient au relief sculpté dans la roche aux abords de la porte.

L’autre rive

Derrière le temple Virupaksha se trouve un petit embarcadère. Au pied de celui-ci, des familles se lavent, font leur lessive et leur vaisselle du matin. C’est aussi ici que l’éléphant du temple prend son bain officiellement vers 8h du matin. Cependant, le bain dure longtemps car son maitre ne lui épargne le savonnage d’aucun pli.

A travers les ordures, on rejoint le point de départ aléatoire du ferry. Celui-ci permet de traverser en 5mn vers l’autre rive. Là, des loueurs de moto et tuk-tuk vous attendent. Ils proposent de vous mener vers les différents lieux importants de la rive gauche. On peut d’ailleurs faire une boucle jusqu’au second ferry. Dans ce cas, prenez un tuk-tuk pour la demi-journée ou apprêtez-vous à une jolie marche.

Durant celle-ci, on peut admirer le pont aqueduc. Il fait partie des nombreuses trouvailles d’aqueduc, ponts et puit trouvés à Hampi. L’irrigation permettait une prospérité agricole et une abondance de fontaines et de bains dans la ville. Plus loin, le temple d’Hanumam, Sri Anjaneya Janmasthala, perché en haut d’une colline jouit d’une vue magnifique sur la région. On accède à l’impressionnante terrasse panoramique au bout d’un long escalier de plus de 500 marches. Très populaire, son accès attire toutes sortes de petits vendeurs.

Non loin de là, un autre temple, Pampasarovara, pas fascinant, donne sur un petit réservoir. En revanche, l’abondance de singes accrédite la légende selon laquelle Hanuman serait né en ces lieux.

Vers le village d’Anegundi

Encore plus loin sur la route, s’élève le temple de Durga. Une statue colorée de la déesse vengeresse annonce les bâtiments religieux, juchés sur la colline. Celle-ci surplombe un magnifique paysage de rizières et bananeraies. Le temple lui-même n’est qu’un ensemble de bâtiments monastiques sans intérêt architectural. En revanche, dans l’enclos on rejoint en grimpant encore le château fort d Anegundi. Puis on atteint la grotte ou temple rupestre. L’ensemble vaut surtout par l’incroyable ferveur religieuse.

Puis on rejoint le village, assez grand, d’Anegundi. Quelques jolis bâtiments comme le temple jain et la bibliothèque municipale de style indo-sarracénique n’ôtent rien à l’impression de ville de fin du monde. Pas un café en vue dans cette bourgade poussiéreuse comme sortie d’un autre âge. Le terminal de ferry se réduit à une marre boueuse. N’attendez pas non plus le restaurant panoramique. Il vaut mieux emmener avec vous boissons et en cas . Sans quoi, vous risquez de mourir d’inanition au cours de ce périple sur la rive d’un autre Hampi.

Hampi

Cette semaine, je vous retrouve pour vous parler des visites immanquables de Hampi. La semaine passée, je m’étais penchée sur quelques aspects pratiques. Ici, vous trouverez trois grands ensembles, visitables au pas de course ou, si vous êtes véhiculés, en une grosse journée.

watchtower in Zenana enclosure

 Pour bien en profiter néanmoins, je vous conseille d’étaler sur deux jours la découverte des zones nord et sud. N’oubliez pas si vous avez un budget serré que les deux temples plus musée qui requièrent un billet (groupé 600rp) s’étendent sur les deux zones. Dans ce cas, gardez la visite des autres temples pour le jour suivant.

paysage de rochers

Temple Virupaksha

C’est ici que s’arrêtent le bus et en général les tuk-tuk.  Celui-ci n’est pas payant et il regorge d’animation. Fondé au VIIIème siècle, puis agrandi sous les Vijayanagar, ce serait le plus ancien temple de la ville.  C’est toujours un lieu de pèlerinage même depuis la destruction de la ville. Il regroupe de nombreux petits temples antérieurs. Un long portique y mène depuis le parking et correspond au marché ancien. On y entre par une grande Gopuram puis une grande cour rectangulaire. Une plus petite Gopuram de 1510 mène à une loggia hypostyle. Sur le côté une cuisine commune.

Une autre cour mène au mandapa de Shiva, origine du temple. Le plafond du mandapa central (salle à piler au milieu de la cour) est peint. Les piliers sont ornés de yalis, ces montures mythiques à tête de lion, caractéristiques de l’art Vijayanagara. La Gopuram Nord ouvre sur le réservoir et la rivière. Le temple reste très actif et fréquenté avec son éléphant.

Temple Virupaksha

La colline Hermakuta et ses deux Ganesh monolithiques

Au sortir du temple, on peut grimper sur les dalles de granit vers la colline Hermakuta. De nombreux petits sanctuaires plus anciens que les Viyajanagara s’y succèdent. Une jolie vue englobe les champs alentours. On y déniche deux énormes statues monolithes de Ganesh, dans de petits édicules. De l’autre côté de la colline s’étendent les portiques du marché de Krishna « Bazar ».

Il ne faut pas chercher ici de bazar moderne mais des colonnades qui abritaient autrefois les commerces. Au milieu du marché se trouvait un Pushkarani, réservoir d’eau.  En face de ces portiques, de l’autre côté de la route, se trouve le temple de Krishna assez abimé.  Au sud de ce temple, de petits sanctuaires abritent le lingam de Shiva (3m de haut) et le plus grand monolithe Yoga-Narasimha, avatar homme-lion de Vishnu Narasimha en position de yogi de près de 7m.  Ces deux derniers sont tout à fait impressionnants par leur taille et leur qualité sculpturale.

Autour du temple Achyutaraya

En longeant la rivière Tungabhadra et en reprenant le portique du marché devant le temple Virupaksha, on atteint un grand monolithe de Nandi au museau abimé. Puis en cheminant dans les rochers ou le long de la rivière, on atteint un peu au milieu de nulle part, le temple Achyutaraya (1534). Ce temple fait face au Nord et est dédié à Vishnu comme en attestent les reliefs sur les colonnes. C’était un des lieux importants de la ville. Depuis la Gopuram d’entrée, la rue bordée de colonnades, dite « des courtisanes » mène à la rivière.

Le chemin de droite continue à travers les petits édifices religieux jusqu’au temple Vittala en passant par une belle porte et la balance du roi. En contrebas, un mandapa facilite l’accès à la rivière tumultueuse entre les rochers.

Le temple Vitthala essentiel lors d’une visite des immanquables de Hampi

Pour visiter ce temple il faut prendre ses billets et se munir de patience car la foule se presse devant la billetterie, et les petites voitures de golf prête à éviter 10mn de marche.  C’est le temple le plus sophistiqué d’Hampi malheureusement il est très refait. Vitthala est une des formes de Krishna. Une Gopuram permet d’accéder à la grande cour avec ses mandapas à piliers magnifiquement sculptés et son fameux chariot, en fait sanctuaire à Garuda. Ce chariot figure d’ailleurs sur le recto des billets de 50rp.

Juste à l’extérieur de ce magnifique temple malheureusement souvent bondé, une autre allée bordée de portiques ramène à la route. Elle passe devant un temple à Shiva, un réservoir et un joli petit temple dont les yalis sont remplacés par des chevaux, ceux des marchands qui s’y arrêtaient.

Le palais royal

On atteint d’abord les bains de la Reine, ravissant pavillon à bassin, de style indo-islamique. Les petites coupoles du corridor qui entoure le bassin diffèrent toutes les unes des autres. Il s’agit certainement d’un des lieux les plus raffinés de l’antique cité de Hampi.

On accède alors au Palais royal dont il ne reste que peu. L’ensemble a subi d’importantes rénovations. Néanmoins on y voit la terrasse du roi, Mahanavami platform, certainement une grande salle d’audience dominant la ville. Le socle est décoré de reliefs illustrant la vie au 14e s ainsi que les activités royales. Plus loin, le souterrain pouvait servir de trésor. On découvre surtout l’aqueduc, qui alimente le réservoir à degrés, très photographié. Découvert en 1980, il a subi une véritable reconstruction. Juste derrière, s’ouvre l’énorme complexe de bains.

Le complexe Zenana, l’un des immanquables de Hampi

En continuant, on atteint l’enceinte des femmes Zenana, dernière partie des monuments payants. Il s’agit certainement de l’ensemble de monuments les plus immanquables de Hampi. A l’abri de murs cyclopéens, le grand enclos regroupe le très élégant bâtiment du lotus sur deux étages. Avec ses arcs polylobés et ses dômes, il apporte les raffinements indo-islamiques au complexe architectural. Si l’on ne connait pas sa fonction, ce mélange d’architectures hindoue dans la forme pyramidale et d’éléments islamiques est très réussi.

Dans le même enclos, la salle de garde ou trésor abrite une partie des collections du musée archéologique. Deux bâtiments en ruine et trois tours de guet indo-islamique se dressent non loin. Une porte mène à un second enclos où se dresse le grandiose étable des éléphants. Dans cette rangée de 11 pièces, tous les dômes diffèrent. A la perpendiculaire, le bâtiment des gardes, articulé autour d’une veranda, accueille lui aussi des collections lapidaires du musée. Pour ceux qui disposeraient de plus de temps, la visite de Hampi recèle d’autres jolies découvertes. Pour vous en parler je vous propose de nous retrouver la semaine prochaine.

Beautés d’Hyderabad

Cet article consacré aux beautés d’Hyderabad fait suite à mon article de la semaine dernière. Je m’y étonnais que les immanquables de Hyderabad ne soient mentionnés sur aucun guide mais surtout sur aucun site. Voici donc cette semaine ce qui vaut vraiment la visite et n’est pas toujours ni connu ni référencé et ce que vous pouvez décider d’éviter.

Des beautés d’Hyderhabad qui méritent vraiment le voyage

Golconda Fort

Golconda ou « colline des bergers » en Telougou est l’un des forts les plus célèbres d’Inde dans ce qui était la capitale du Royaume entre les XIV et XVIe siècles. A l’origine, il s’agissait d’un fort de boue, reconstruit par les trois premiers rois Qutub Shahi. Merveille architecturale que l’on date au XIIe siècle, la forteresse se dresse sur une colline, à une dizaine de kilomètres de centre de Hyderabad. Le site se compose en réalité de quatre forts distincts avec une muraille imposante entourant l’ensemble sur plus de dix kilomètres de long. Il est notamment renommé pour son acoustique et son système hydraulique particulièrement ingénieux.  9h/17.30 tlj

– Tombes Qutb Shahi

Contrairement aux dires de nombreux blogs, ce site ne se trouve pas juste à côté du fort. Aller de l’un à l’autre représente une longue marche modérément agréable pour laquelle un taxi est bienvenu. Ce vaste et magnifique lieu recèle des tombes des souverains de la dynastie locale Qutb Shashi. Il représente l‘une des grandes beautés d’Hyderabad.

  Dans un grand parc, on se promène entre ces 16 mausolées surmontés de dômes et 23 petites mosquées dont les minarets inspirées de l’empire ottoman ne dépareraient pas auprès du Taj Mahal. La décoration antérieure aux Moghols (et donc au Taj Mahal) ne comprend pas d’intarse mais de la dentelle de pierre. Des traces de polychromie permettent d’imaginer l’impact de ces dômes bleus devenus blancs. Un hammam bien conservé et un petit musée évoquant les restaurations par le trust Aga Kahn.

Chowmahalla Palace

Chowmahalla est resté longtemps le siège de la dynastie Asaf Jahi et la résidence officielle des Nizams d’Hyderabad lorsqu’ils gouvernaient la ville.

On entre dans ce beau palais du 18eme siècle par un jardin orné d’un miroir d’eau sur lequel se reflète la salle du trône ou Durbar, toute de marbre et verreries européennes. Les salles de gauche et droite exposent des photos de la vie des Nizams. A l’étage, des services de faïence et à l’arrière des armes. En contournant le Dubar, le long de la tour de l’horloge, on parvient à un second parterre bien entretenu qui mène à une troisième cour . Autour de celle-ci s’articulent quatre palais d’ ou le nom de Chow (4) mahallas (palais). Deux d’entre eux sont ouverts à la visite. L’un expose des vêtements de cour, l’autre des salons très fin du 19`eme siecle. Dans un dernier jardin, on découvre la collection de vieilles voitures des Nizams. 10h-17h sauf vendredi. La boutique du musée vaut le détour.

Ce qui mérite peut-être moins le détour

– la circulation démentielle

Il est quasi impossible de marcher à Hyderabad ce qui rend le taxi (uber ou surtout ola fonctionnent très bien) indispensable. La circulation démentielle et la pollution font que le métro peut ne pas être une mauvaise idée.

-Jung Museum

Réputé comme l’un des trois musées nationaux de l’Inde, il doit sa renommée à sa taille, son relatif bon état et sa collection d’œuvres européennes et asiatiques. Alors si vous défaillez de plaisir face à un Turner ou un Constable allez-y, tout en évitant la foule des fins de semaine.

-Birla Mandir

Ce temple hindou construit en 1976 en marbre blanc dans un style des plus éclectiques domine la ville. La vue sur le lac y est somptueuse. Encore faut-il accepter de vous démunir de vos chaussures et de vos possessions, portable en tête. L’accès à pied permet de traverser un sympathique marché .6/12h et 15/21h.

-L’archi modernité

Hyderabad présente deux faces contradictoires. D’un côté, la misère et la crasse. De l’autre,le luxe et la haute technologie. Ainsi, la ville est dotée d’un aéroport ultra moderne. Elle jouit d’une réputation de capitale de la High tech avec des quartiers portant le nom de Cyberabad, ou HiTec. Elle s’enorgueillit de galeries commerciales modernistes. Cette modernité fait de Hyderabad sinon la Mecque de la High Tech, une sorte de Kuala Lumpur indien.  

-Le Taj Falaknuma

Cet ancien palais des Nizams a été entièrement réhabilité par la luxueuse chaine hôtelière Taj. Pour visiter ses somptueux jardins et salons, il est obligatoire de prendre un tour avec afternoon tea. On peut aussi y loger ou y prendre un repas mais le tout avec réservation.

Les joyaux cachés, ces vraies beautés d’Hyderabad

Thé au safran

 Les guides évoquent certes le biryani, plat de riz spécialité de cette ville largement musulmane. Ils parlent également du Haleem qui dans les faits ne se mange que pendant le mois de Ramadan. En revanche, s’ils conseillent le thé iranien, ils ne mentionnent guère le fantastique té au safran. Lacté et sucré c’est un formidable reconstituant. A savourer sans limite chez Pista House.

Le Marché Mozamjahi

Rares sont les mentions du marché central. Construit en granit, la pierre locale, à l’époque britannique il s’enorgueillit d’un carillon à la Big Ben. Les locaux fréquentent les lieux le matin pour leurs emplettes, l’après-midi pour y déguster une délicieuse glace.

L’ancienne Résidence d’Angleterre

Peu documentée également, la Résidence d’Angleterre au sein de l’Université vaut le déplacement pour les amateurs de cinéma et d’architecture. C’est une grande demeure typiquement palladienne. Elle sert de lieu de tournage, plus encore que les célébrissimes studios de Ramoji transformés en parc de loisir. A l’heure de notre passage, l’illustre Prabhas venait de quitter les lieux.

– Les tombes Paigahs

Ce site est peut-être la plus absolue des beautés d’Hyderabad. Il justifie certainement de venir à Hyderabad. D’abord, parce que le trouver s’apparente à un véritable jeu de piste. Cela donne ce qu’il faut de frisson à l’aventurier qui est en chacun de nous. Surtout parce que la finesse architecturale y est merveilleuse. Il ne reste qu’à attendre que la Fondation Aga Kahn (encore une fois) ne fasse jouer sa magie restauratrice pour que ce lieu exceptionnel retrouve sa magie.