Les enceintes de Paris

Disséminées dans le paysage urbain, les enceintes de Paris sont encore bien présentes. La capitale a en effet compté 7 enceintes au cours de son histoire bi-millénaire. Elles expliquent l’expansion concentrique de pat et d’autre de l’Ile de la Cité, berceau fortifié de la ville.

Les 7 enceintes de Paris

Pour faire face aux invasions, Paris s’est très tôt dotée d’enceintes. Mais à mesure que la ville grossissait, elle s’est retrouvée à l’étroit. Les murs se sont ainsi déplacés pour entourer la ville en expansion ainsi que ses nouveaux centres.

Muraille de Philippe Auguste, rue des fossés Saint Paul
  • La première muraille date du Bas -Empire romain (3e/4e siècles). Face à la poussée barbare, Lutèce, prospère sur la rive gauche, se replie sur le Castrum de l’Ile de la cité. Il faut descendre à la crypte archéologique pour découvrir le petit pan de mur évoqué également rue de la Colombe.
  • Le 10e siècle emmure pour la première fois la rive droite. Alors que la rive gauche peine à se remettre des invasions normandes, la rive droite se développe en effet. Cette fortification complètement perdue réapparait depuis une petite vingtaine d’années grâce aux efforts des archéologues de l’INRAP appelés en renfort sur des chantiers de construction.
  • Avant son départ en croisade en 1190, Philippe-Auguste, premier roi véritablement Parisien, dote sa capitale d’une forteresse le Louvre, et d’une muraille destinée à la protéger des dangereux envahisseurs de l’ouest. Cette dernière est la mieux conservée et connue, la plus visible, des enceintes de Paris.
pan de la muraille de Philippe Auguste rue Clovis
  • En pleine Guerre de 100 ans, Charles V décide de protéger la rive droite qui déborde largement de la muraille de Philippe Auguste. Des pans de cette nouvelle fortification du 14eme siècle sont réapparus lors de la construction du Grand Louvre.
Pan de la muraille de Charles V sous le carrousel du Louvre
  • Les Guerres de Religion ont largement détruit Paris et les Bourbons qui accèdent au pouvoir avec Henri IV n’ont de cesse d’embellir puis de protéger la ville. Mais les progrès de l’armement ont rendu les fortifications médiévales inopérantes et la construction de nouveaux remparts doublant la muraille de Charles V s’étale sur plus d’un siècle (16e/fin du 17e). Lorsque Louis XIV monte sur le trône, traumatisé par le souvenir de la Fronde et auréolé de ses conquêtes, emmurer Paris n’a plus de sens. Désormais la protection se fait aux frontières et la ville en pleine expansion s’ouvre. Les remparts sont détruits pour laisser la place à de larges avenues de promenade : les boulevards.

De la ville close à la ville ouverte

  • La ville ouverte de Louis XIV est une nouvelle fois entourée d’un mur cette fois à vocation purement économique. L’enceinte des Fermiers Généraux est une barrière destinée à taxer tout bien rentrant dans la capitale au 18eme siècle. A ce titre, une cinquantaine de pavillons d’octroi pour recouvrer l’impôt la percent. La Révolution s’est empressée de détruire cette barrière, chef d’œuvre du grand architecte Claude-Nicolas Ledoux. Beaumarchais l’avait épinglé grâce au célèbre alexandrin « le mur murant paris rend Paris murmurant ».
Pavillon d’octroi de la barrière d’Enfer, Place Denfert-Rochereau
  • La dernière fortification visant à défendre paris suit l’épisode napoléonien. Votée dès le milieu du 19eme siècle, l’enceinte de Thiers n’arrêtera pas l’invasion Prussienne. Annoncé dès 1919, son démantèlement se poursuivra jusque dans les années 1930. Dans l’immense zone ainsi libérée, la ville de Paris agrandie de près de 25% construira des stades, cimetières, lycées, parcs, mais aussi toute la ceinture de HBM (habitations bon marché).
  • Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, la ville de Paris connait une ultime ceinture cette fois destinée à faciliter les communications et transports : le périphérique. Aujourd’hui considéré comme entrave à la croissance de la ville, celui-ci constitue une muraille entre la ville intra-muros et la banlieue.

La triple empreinte des enceintes de Paris

Des enceintes de Paris, il reste trois types de vestiges

1 / d’une part des vestiges formels. Il n’est pas rare de découvrir au détour d’une rue pans de murs ou reliquats de tours. La muraille de Philippe Auguste reste la plus visible notamment rue des fossés Saint Paul ou rue Clovis. Les fouilles de sauvetage, menées par l’INRAP ont mis à jour des fossés ou pierres oubliées et permis de réévaluer notre connaissance des enceintes de Paris. Les fouilles des 20 dernières années ont ainsi permis de préciser le tracé de la muraille du Xe siècle jusque là plus imaginé que véritablement connu. En effet l’Institut National de Recherche archéologique préventive effectue un travail admirable de prospection, analyse et met à disposition de manière très compréhensible les fruits de son travail.  https://www.inrap.fr/

Mur de Philippe Auguste, caserne de la rue Cardinal Lemoine

2/ Outre les vestiges monumentaux, la topographie nous fournit un précieux indicateur. En effet la trace des enceintes de Paris se lit dans la forme des rues. L’enceinte de Philippe Auguste explique le tracé de la rue Jean Jacques Rousseau. Les boulevards des Maréchaux suivent les fortifications de Thiers. Les lignes 2 et 6 du métro (dans la partie aérienne) quant à elles reprennent le tracé de l’enceinte des Fermiers généraux.

l’impasse des peintres à l’emplacement vacant de la muraille de Philippe Auguste

3/ Enfin la toponymie nous aide à imaginer les enceintes de Paris disparues. On l’oublie souvent mais la place de la Contrescarpe rappelle la présence du fossé entourant la ville. Les rues des Fossés saint Bernard, Saint-Victor, entre autres, évoquent les douves protégeant les murailles médiévales.

La ville de paris a accompli un travail de signalétique qui nous permet de retrouver ces enceintes. Si certains vestiges apparaissent au détour d’une rue, d’autres se cachents dans des lieux insoupçonnés. Et il faut parfois aussi ruser pour rentrer dans les cours fermées par des digicodes.

Petit panneau en hauteur indiquant la présence de l’enceinte, rue Saint Denis
Portion du mur de Philippe Auguste au fond d’un parking souterrain, rue Dauphine
Une tour de la muraille de philippe Auguste dans le salon de thé Un dimanche à Paris

Royaumes wisigothiques de Toulouse et Tolède

Pour clôre ma trilogie sur les Royaumes wisigothiques, cet article nous mènera de Toulouse à Tolède. https://visitesfabienne.org/wisigoths/

Le Royaume de Toulouse : 418 /507

En 418 après JC, les Wisigoths prospèrent dans le bassin de la Garonne, “de Toulouse à l’océan”. Ce territoire correspond aux provinces romaines d’Aquitaine Première et seconde et de Narbonnaise.

L’Europe des Barbares en 481

Le territoire administré par les Wisigoths s’agrandit à la fin du Ve siècle. À son apogée, leur Royaume est le plus grand royaume barbare d’Occident. Il comprend l’Aquitaine, la Septimanie, la Provence ainsi que la majorité de la péninsule Ibérique, à l’exception du nord-ouest.(Asturies).

Royaume Wisigothique à son apogée au début du VIe siècle

 Les structures de ces régions restent inchangées par rapport à l’époque Romaine et villes et campagnes s’enrichissent. Les rares vestiges wisigothiques attestent de l’intégration des populations. On a ainsi retrouvé des accessoires féminins d’inspiration germanique mélangés à des objets romains. Les Wisigoths constituent une population essentiellement rurale. Ils font fructifier le système de latifundia romain, transformant même certains édifices publics en lieux agricoles.

Les Wisigoths semblent regroupés sur l’ensemble du territoire. Ils sont certainement restés proches des principaux centres de pouvoir ainsi que des régions les plus riches du point de vue économique. Certains règnes attestent du pouvoir et du raffinement de rois wisigothiques tel Théodoric II (453-466) prince avisé dont la culture est tout aussi romaine que gothique. Son royaume s’étend de la Loire à Narbonne et l’Espagne.

Finesse des torques wisigothiques, Musée Saint Raymond, Toulouse

La fin du royaume de Toulouse

Mais d’autres Barbares progressent dans les provinces de l’Empire romain d’Occident. Ainsi, les Francs se sont implantés à l’ouest du Rhin aux IVe et Ve siècles. À son avènement en 481, Clovis rêve de réunifier la Gaule. Après plusieurs campagnes victorieuses, il franchit la Loire en 507 et tue le roi wisigoth Alaric II lors de la bataille de Vouillé, près de Poitiers.

Plaque-boucle de ceinture, musée Saint Raymond, Toulouse

Les Francs prennent rapidement le contrôle de l’Aquitaine. Symbole du pouvoir des Goths, Toulouse est occupée, pillée et peut-être brûlée. Elle ne retrouvera son essor urbain que deux siècles plus tard. C’en est fini du Royaume. En France, les Francs balayent la mémoire des Wisigoths et la suppriment de l’histoire nationale.

Le Royaume de Tolède : 507 / 720

Les Wisigoths se replient en Espagne, mais conservent la Septimanie (Languedoc-Roussillon) en Gaule. Ils établissent leur nouvelle capitale à Tolède.  Cette ville devient un centre politique et culturel, retracé au Musée-Eglise San Roman.

Eglise San Roman, Tolède

Cette église wisigothique, transformée en mosquée puis « rechristiannisée » lors de la reconquête (d’où de belles fresques du XIIIe) expose des éléments funéraires et lapidaires ainsi qu’une petite partie du trésor de Guarrazar, célèbre pour ses couronnes votives. Celui-ci se répartit entre Tolède, le MAN (Musée Archéologique National de Madrid) et le Musée de Cluny à Paris. http://guarrazar.com/el-yacimiento/guarrazar-y-su-tesoro/

Couronne votive de Guarrazar, Musée San Roman, Tolède

En Espagne, les Wisigoths unifient un pays constitué d’une mosaïque de peuples et initient les premières lois. Des personnalités religieuse, littéraires et nationales apparaissent tel Isodore de Séville . De ce fait, les Espagnols considèrent ces « Barbares » comme Les ancêtres de la nation.

Pilier wisigothique, San Salvador, Tolède. Les reliefs comme la resurrection de Lazare attestent de la fusion entre arts romain, paléochrétien, byzantin et germanique.

Au concile de 589 de Tolède, les Wisigoths se convertissent au catholicisme et intègrent l’aristocratie hispano-romaine. Ils lui apportent cohésion sociale et prospérité en faisant reposer l’essentiel de leur activité sur les campagnes. ils conquièrent le royaume des Suèves situé en Galice et le nord du Portugal.

Plusieurs rois vont se succéder jusqu’à la conquête arabe de la péninsule en 711. La poussée sarrasine entraîne la disparition des Wisigoths en tant que peuple indépendant sur la carte européenne.

Eglise San Roman, Tolède

Nos ancêtres les Wisigoths

A la suite de l’exposition de Toulouse, revenons sur nos ancêtres les Wisigoths. https://visitesfabienne.org/royaume-wisigothique-toulouse/

Exposition 3Royaume de Toulouse”, Musée Saint Raymond

Dans l’imaginaire collectif, les Goths sont associés à des pilleurs, des brutes qui ont détruit Rome. D’ailleurs le XIXème siècle invente l’adjectif gothique pour désigner l’art médiéval issu de la période obscure et opposé à la perfection de la Renaissance.

Couronne du trésor de Guarrazar. Chef d’oeuvre wisigothique réparti entre le Musée de Cluny, le Musée Archéologique de Madrid, San Roman à Tolède.

Qui sont les Wisigoths

L’archéologie corrobore la légende selon laquelle les Goths apparaissent au Nord de l’actuelle Pologne. Dès le 1er siècle de notre ère, s’y mêlent autochtones et Germains scandinaves.
Au début du IIIe siècle, les Goths se dirigent vers la mer Noire et s’allient à d’autres tribus pour attaquer les provinces romaines. Les Romains qualifient ces envahisseurs du Nord du Limes de barbares car ils ne parlent ni grec ni latin.

Colonne romaine, chapiteau wisigothique dans une mosquée devenue église, S Salvador, Tolède

Les documents évoquent alors deux branches : les Ostrogoths (“Goths de l’Est” ou “Goths brillants”) en Ukraine et les Wisigoths (“Goths de l’Ouest” ou “Goths sages”) en Roumanie et Moldavie.
Polythéistes, les Goths deviennent chrétiens et adoptent l’arianisme vers 240. Selon Arius, Le Christ n’est pas de même nature que Dieu. Après le Concile de Nicée en 325, l’Eglise romaine jugera cette doctrine hérétique.

Des influences germaniques pour les chapitaux d’églises, San Roman, Tolède

Des Barbares romanisés

 A la fin du IVe s, Les Goths fuient la poussée des Huns. Ils pénètrent alors dans l’Empire romain et promettent d’en protéger les frontières.

L’art wisigothique reste germanique d’inspiration, Aigle exposé à Toulouse

Mais, maltraités par les Romains, ils se révoltent, tuent l’Empereur Valens et battent ses troupes à la bataille d’Andrinople en 378. Pendant une trentaine d’années, ils essaient de négocier un territoire auprès de Rome. De guerre lasse, menés par Alaric, ils attaquent Rome. En 408, la ville éternelle s’en tire en payant une énorme rançon mais est pillée en 410. Cet épisode est connu dans l’histoire sous le nom de sac de Rome.

Il faudra une dizaine d’année aux Wisigoths pour obtenir de Rome un territoire où s’installer. Après leurs victoires contre les Alains, Vandales et Suèves, dans les provinces d’Hispanie, l’Empereur Honorius leur accorde en 418 un Royaume, de la Narbonnaise à l’Océan. Cet accord permet enfin une installation durable et Théodoric Ier choisit Toulouse comme résidence royale. Il agrandit son territoire après des victoires en Espagne et contre l’Empire. C’est l’âge d’or du Royaume de Toulouse (418/507).

Colonne, Eglise de la Daurade, Toulouse

Où les voir :

Musée Saint Raymond Toulouse : https://www.saintraymond.toulouse.fr/

Thermes et Musée de Cluny, Paris : https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/couronne-votive-guarrazar.html

Musée Archéologique, Madrid : http://www.man.es/man/coleccion/catalogos-tematicos/tesoros-del-man/hispania-visigoda.html

Eglise San Roman, Tolède : https://cultura.castillalamancha.es/museos/nuestros-museos/museo-de-los-concilios

Le Royaume de Toulouse

Le Royaume de Toulouse a disparu il y 1600 ans. Le Musée Saint-Raymond lui consace jusqu’au 27 Décembre une superbe exposition.

https://saintraymond.toulouse.fr/Wisigoths-Rois-de-Toulouse_a1193.html

Exposition sur le Royaume de Toulouse, Musée Saint-Raymond

Le parcours présente 220 objets et évoque le peuple, puis le passé wisigothique de la ville rose. Il se clôt sur les dernières découvertes archéologiques,. On découvre notamment Seysses, nécropole fouillée en 2018 à une vingtaine de km au Sud-Ouest de Toulouse.

crânes déformés, nécropole de Seysses

Un ton décalé pour une exposition sérieuse

 La présentation, et surtout l’audiophone, peuvent déconcerter par leur familiarité et leur caractère humoristique.

Pourtant, le propos est clair et précis. Il s’agit de présenter ce peuple germanique originaire du Nord de l’Europe et repoussé vers le Sud, à partir du IIIe siècle. Panneaux et objets attestent des conquêtes wisigothiques. De nombreux commentaires permettent d’en savoir plus sur ce peuple méconnu en France, car défait par les Francs.

https://saintraymond.toulouse.fr/Pour-en-savoir-plus-sur-l-exposition-Wisigoths-Rois-de-Toulouse_a1203.html

Après le sac de Rome en 410, le roi Althaulf épouse Galla Placidia sœur de l’empereur Honorius. Celle-ci nous est connue pour son merveilleux mausolée, à Ravenne : https://www.ravennamosaici.it/ Il accepte alors de s’installer dans le Sud-Ouest de la Gaule et fait de Toulouse sa capitale.

Royaume wisigothique de Toulouse
Châsse de Saint Saturnin, Toulouse

 Le Royaume de Toulouse va prospérer entre 419 et 507.

Mais, en 507, Clovis remporte la bataille de Vouillé et les Francs repoussent les Wisigoths hors de Gaule. Ils occupent, pillent et détruisent Toulouse. Les Wisigoths se réfugient alors en Espagne et font de Tolède leur nouvelle capitale. Ils en seront chassés par la poussée arabe en 711.

Le Royaume wisigothique de Toulouse

La Toulouse wisigothique hérite de la Tolosa antique, elle en conserve le plan, la voirie, le rempart, les équipements publics, les quartiers d’habitation, tout ce qui a survécu aux bouleversements politiques et économiques antérieurs.

Fibules

Au Nord-ouest de la ville entre Garonne et rempart, les Wisigoths aménagent au Ve siècle un complexe monumental possible siège du gouvernement. Avec les églises Saint Pierre des Cuisines, Saint Sernin et la Daurade (nom dû aux mosaïques dorées) se dessine un quartier wisigothique. Les nouveaux occupants s’approprient la cité antique. Les archéologues ont identifié un possible palais non loin de la très remaniée Saint Pierre aux Cuisines.

https://www.ut-capitole.fr/universite/presentation/histoire/histoire-de-saint-pierre-des-cuisines-94404.kjsp

Dans les faits, on a donc peu de vestiges wisigothiques. Subsistent quelques nécropoles essentiellement fouillées depuis une vingtaine d’années. Elles recèlent des peignes, fibules et plaques-boucles typiques des populations germaniques. Ce dont attestent les coutumes dans les nécropoles fouillées, comme les crânes déformés ou les sarcophages en tronc évidés.

Sarcophage de la Dame de Seysses

Au final, loin de la légende des bandits sauvages, les Wisigothiques se sont insérées dans des régions riches de la Gaule romaine qu’ils ont contribué à faire prospérer.

Boucle de ceinture émaillée

Hôtels particuliers de Toulouse

Aux  XVIe, XVII et XVIIIe siècle, la  ville rose connut son apogée. Les Hôtels particuliers de Toulouse témoignent de cette période de splendeur.

Toulouse, ville des Marchands et Capitouls

Marchands enrichis par le commerce du pastel et Capitouls se firent construire les plus belles demeures.

Les magistrats et parlementaires ou Capitouls en occitan, travaillaient auprès du Capitole depuis l’instauration du Parlement des Etats du Languedoc en 1443 et ce jusqu’à la Révolution Française. Ils rivalisaient avec les marchands. Ceux-ci profitaient de la richesse du Pays de Cocagne, abondant en plantes tinctoriales.

Néanmoins, l’industrie du Pastel, florissante au Moyen-Age, disparut face à la concurrence de l’indigo. Plus durable, plus coloré et surtout moins onéreux car produit par des esclaves, l’indigo des Amériques supplanta rapidement le pastel qui avait assuré l’épanouissement de la ville.

De nouvelles cités, dont la fortune s’appuyait sur le commerce triangulaire apparurent alors. Bordeaux s’affirmait tandis que Toulouse périclitait.

Ce balancement entre les deux grandes villes du sud-ouest ne faisait que commencer mais il avait permis à Toulouse de s’orner de prestigieuses façades de briques et pierres que l’on admire encore aujourd’hui.

Vous pourrez découvrir ces magnifiques façades en suivant mon itinéraire plus précis et interactif « Toulouse, des marchands et Capitouls » http://www.escapad.io/

J’en avais déjà écrit une version plus rapide et au départ du tramway qui dessert l’aéroport : https://visitesfabienne.org/destinations/france/toulouse-du-palais-de-justice-au-capitole

Les belles façades du quartier marchand

Cette promenade vous mènera de la Place du Capitole, aux Jacobins. Sur cette belle place, on retrouve la présence de Saint Dominique venu à Toulouse fonder son ordre et éradiquer l’hérésie Cathare. En face, le célèbre Lycée Fermat occupe les locaux de l’Hôtel de Bernuy devenu collège Jésuite.

On continue la promenade en direction du cardo romain, la rue saint Rome. De belles maisons de bois nous rappellent le passé médiéval de cette artère.

Puis, nous reprenons le lacis de petites rues, rue Chalande, rue du May, rue Tripière, rue des Changes, rue Malcoussinet dont les noms évoquent les corporations présentes au MA. De là, et par la rue de l’écharpe, on rejoint le magnifique d’Assezat construit pour l’un des riches bourgeois enrichi dans le commerce du pastel. Ce superbe édifice accueille aujourd’hui la magnifique collection Bemberg.

Les Palais des Capitouls

On peut continuer cette promenade dans le quartier des Capitouls en prenant la rue des couteliers bordée de somptueux hôtels des XVIIe s et XVIIIe . On peut faire un petit détour par la place de la Trinité juste derrière Esquirol l’antique Forum romain pour profiter des cafés et reprendre la rue des Filatiers aux maisons à pan de bois.

Au 50 , se dresse la maison de Jean Calas, défendu par Voltaire. A l’angle de la rue Joutx Aigues, une maison compte un décor ravissant. Cette rue bordée de belles maisons correspond à l’ancien quartier juif même s’il n’y a jamais eu de ghetto dans la Toulouse médiévale.

On rejoint ensuite l’église de la Dalbade dont le nom évoque la chaux blanche qui la recouvrait (alba). Le tympan en est orné d’une céramique colorée. La jouxtent les hôtels les plus prestigieux de Toulouse sur la rue de la Fonderie. Notamment l’hôtel des chevaliers de Malte (aujourd’hui DRAC). En face, se tient l’étonnant Hôtel de Bagis, avec la seule façade de pierre de la ville de briques roses. Cet hôtel, surnommé Hôtel de pierre est certainement l’un de plus beaux de la ville.

On passe maintenant devant l’ancien couvent des Clarisses aujourd’hui institut Catholique. Il a été construit sur les remparts Gallo-Romains. Nous rejoignons alors la place du Salin. Le nom évoque l’impôt et l’entrepôt où l’on stockait le sel durant l’Ancien Régime. De belles maisons à pans de bois marquent l’angle.

Le temple réformé a été aménagé dans l’ancien logis Royal puisque nous faisons maintenant face aux bâtiments du Parlement. Antique château Narbonnais il devint le plus ancien Parlement provincial de France.  Son personnel formait une noblesse de robe qui a largement contribué à bâtir les magnifiques Palais du quartier. Il consacrait l’importance des Etats du Languedoc au Moyen-Age.  Il abrite aujourd’hui le Palais de Justice.

Pour en savoir plus sur Toulouse, je vous recommande ce très bon site : http://www.toulouse-brique.com/hotels.html

La France

L’idée de cette page n’est certainement pas d’expliquer ou de résumer l’histoire de France . Je voudrais juste l’utiliser pour rappeler que conférencière depuis de nombreuses années, j’ai arpenté pas mal de pays. Pour autant j’ai commencé ma carrière à Paris et garde en stock un certain nombre de visites.

Des visites de Paris

De mes années parisiennes, j’ai conservé des archives musées et balades.

Travaillant pour le compte d’agences ou en Free lance, j’ai en effet monté beaucoup de visites de quartiers. Des longues comme les deux grands GR Nord Sud et Ouest Est. Des plus courtes, comme la Butte aux Cailles ou les Grands boulevards. Des thématiques comme “la Bièvre” ou les Passages parisiens. Des classiques, comme la traditionnelle balade dans le Marais ou la Nouvelle Athènes. Des plus originales comme le village de Saint-Blaise.

Pour les musées, j’ai principalement travaillé à la Bibliothèque Nationale et sur les grandes expositions du Grand Palais, de Jacquemart André.

Si vous souhaitez des itinéraires, voire des journées de guidage, n’hésitez pas à me contacter sur mon adresse : fabienne.visites@gmail.com.

Des balades occitanes

Bien que j’habite aujourd’hui en grande partie au Royaume-Uni, je garde un pied France, et plus précisemment en Occitanie.

Vous pouvez d’ailleurs guetter mes itinéraires sur http://www.escapad.io/ et surtout sur ce site.

Je travaille en ce moment sur des balades Toulousaines https://visitesfabienne.org/toulouse/. Mais ce n’est qu’un point de départ avant de m’étendre plus au sud de la région !

Toulouse, du Palais de Justice au Capitole

Pour changer de Cuba, ou de Toronto, un petit tour en France, à Toulouse, avec une promenade qui vous emmènera du Palais de Justice au Capitole.

Arriver dans le centre de Toulouse

Toulouse est une ville relativement petite mais très dense et admirablement desservie par les transports publics. Si vous etes en transit à la gare Matabiau ou à l’aéroport de Blagnac vous pouvez aisément profiter du réseau de tramway/ bus/ métro/ vélib pour la découvrir.

Ainsi au départ de l’aéroport, le tramway vous amène en 20mn au Palais de Justice. Les grandes allées Jules Guesdes sur lesquelles passe la ligne de tram mènent à une série de beaux jardins. Il s’agit des Jardin, Royal, Grand Rond, Jardin des Plantes. Y sont concentrés le Museum d’Histoire Naturelle mais aussi le Quai des Savoirs. De quoi se mettre au vert entre deux avions, au frais en plein été, ou se cultiver dans les galeries refaites à neuf.

http://www.toulouse.fr/web/projet-urbain/quai-des-savoirs

Autour du Palais de Justice

Pour les amateurs d’architecture, avant de vous lancer à l assaut de la ville rose, vous pouvez continuer un peu les allées à pied pour découvir la très belle église baroque St Exupère. Elle peut déconcerter dans cette région plus marquée par les églises romanes. Les trompe l’œil et l’autel nous transportent en Europe centrale, une très jolie surprise.

En tournant le dos à cette église, on contourne le massif Palais de Justice. Il est judicieusement aggrandi par un vaisseau de verre résolument contemporain. de là, on peut rejoindre le marché des Carmes. On emprunte alors la rue de la Dalbade. Elle longe quelques palais superbes dont le Palais de pierre, ainsi nommé pour l’utilisation de pierres de taille qui tranche avec la teinte rose des briques de construction toulousaines. Pratiquement en face, le Palais des Chevaliers de Malte. On peut y rentrer et admirer les écuries très restaurées et les salles basses. Celles-ci sont ornées de fantastiques plafonds voutés et décorés de peintures avec rinceaux et monogrammes d’un des grands prieurs.

D’Esquirol au Capitole

Ce palais jouxte l’église gothique de la Dalbade, dont le portail est surmonté d’un motif en ceramique rare. Autour de l’église et surtout en remontant au niveau du Marché des Carmes, de charmants restaurants nous permettent de voyager au pays des saveurs.
A l’angle du marché, on prend alors la rue des Filatiers. Cette rue très animée et bordée de petits restaurants ethniques était déjà commercante avec ses nombreuses échoppes au Moyen Age. On devine d’ailleurs les volets de bois.En levant le nez, on voit à l angle de la rue des Joutx Aigues pour voir une Crucifixion, puis plus loin sur la droite au 50 decouvrir la maison Calas où débuta l’affaire dans laquelle Voltaire s’engagea si fortement. On débouche alors sur la jolie place de la Trinité. De là on peut toujours en ligne droite  traverser la place Esquirol Cette place très animée correspond à l ancien forum romain. On peut maintenant gagner le célèbre Capitole par la rue piétonnière des Changes qui devient Saint Rome. Les nombreuses boutiques empêchent souvent de lever le nez pour admirer les façades.

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Il est alors possible de remonter la rue de Metz pour rejoindre la Cathédrale st Etienne. Au contraire, on peut descendre quelques mètres cette même rue de Metz en direction de la Garonne. Au passage, on admirera le magnifique Hôtel d’Assezat. Et on consacrera quelques précieux moment à la visite de la superbe fondation Bemberg. Celle-ci abonde en peintres vénitiens, flamands, français, impressionistes et aux superbes salons XVIIIe…..

http://www.fondation-bemberg.fr/fr/assezat/index.html

Outre l’indispensable Guide vert, je vous conseille le magnifique Guide du promeneur de Toulouse aux éditions les beaux jours,
Si vous êtes sur Toulouse faites un détour par la bibliothèque du Patrimoine 1 rue du Périgord, ou par l’office du tourisme.

https://www.toulouse-tourisme.com/

Pour visualiser cette viste, retrouvez moi sur l’app Escapad.io

Et si vous voulez une visite guidée, vous pouvez me contacter : fabienne.visites@gmail.com

La Galerie d’art islamique du Louvre

Voici une petite visite parisienne, dans le 8eme département la Galerie d’Art islamique du Louvre.

https://www.louvre.fr/departments/arts-de-lislam

Elle fait suite à mes articles sur le Musée de l’Aga Kahn, http://visitesfabienne.org/wordpress/musee-de-laga-kahn-toronto/, et le musée de Doha http://visitesfabienne.org/wordpress/musee-dart-islamique-de-doha/

Une des plus importantes collections au monde

Le Louvre abrite l’une des collections les plus importantes au monde. Elle est exposée sur deux niveaux, dans des bâtiments ouverts en 2012.

Il s’agit de la dernière extension du château du Louvre fondé par Philippe Auguste au XIIe siècle fortifié puis aménagé par Charles V, Francois Ier.

Jusqu’à Louis XIV, les rois relièrent les deux édifices l’un à l’autre par un passage direct : la grande galerie d’Henri IV. Le prolongement sous Louis XIII de l’aile ouest de la Cour Carrée marque le point de départ d’un projet ambitieux mené à son terme par Louis XIV puis Louis XV. Le monument prend alors son aspect actuel.

Après la Révolution, en 1793, le Museum central ouvre au public dans la Grande Galerie et le Salon Carré. Le musée s’étend désormais. Les appartements d’été d’Anne d’Autriche accueillent les sculptures antiques. Puis, naissent les salles du musée Charles X et l’aile rue de Rivoli sous Napoléon III. Les collections envahissent peu à peu l’édifice.

Lors de la Commune, en 1871, un incendie détruit les Tuileries qui seront démolies en 1882. La disparition de ce palais marque l’acte de naissance du Louvre moderne. A l’exception du Ministère des Finances, le pouvoir quitte en effet le Louvre qui peut se vouer essentiellement à la culture. Le projet « Grand Louvre », entraînant un remodelage complet du musée, est alors lancé.

Des arts musulman aux arts islamiques

C’est en 1893 qu’une section des « arts musulmans » est créée au musée du Louvre qui s’aggrandit. Il devient un département à part entière dans les salles actuelles réouvertes en 2012.

La collection d’art islamique se compose de métaux, de céramiques, d’ivoires, de tapis, de miniatures, d’orfèvrerie, des textiles. L’ensemble recouvre mille deux cents ans d’histoire sur trois continents. Ces 20 000 objets abondent en calligraphies, motifs géométriques et floraux.

Les collections s’exposent de manière chronologique. Les œuvres datant du VIIe au XIe siècle se trouvent au rez-de-cour tandis que l’on peut admirer les œuvres du XIIe à la fin du XVIIIe siècle et la prestigieuse collection de tapis  au sous-sol.

L’Art Islamique

Saintes, ville romaine

Pour changer de Cuba,  un petit tour du Sud Ouest nous a permis de nous arrêter à Saintes. L’amatrice d’Antiquité que je suis rêvait depuis longtemps de découvrir l’amphithéatre gallo romain, l’un des plus importants de France en dehors de la Provence. Pour autant, la ville offre beaucoup plus qu’un lieu de spectacle. Et, pour paraphraser un guide papier bien connu, elle mérite vraiment le détour….

Un fantastique amphithéatre

Le fantastique amphithéatre mixte, (moitié du 1er siècle) combine gradins adossés à la colline et structure porteuse. Il émerveille par sa taille mais aussi son état de conservation. Il témoigne d’une cité antique de taille respectable (15 000 hab) ce qui fait passer Lutèce pour un village. Si les gradins ont servi de matériaux de construction au fil du temps, la structure générale, les fosses et podium (podia plutôt : 1ers rangs des gradins) mais aussi les vomitoria, couloirs d’accès, sont admirablement conservés. Les Romains savaient construire pour durer…

Le petit plus est l’organisation du site. Bien pensée, elle préserve le caractère historique et champêtre. Les Arènes ressortent dans la vallée aménagée en un immense parc arboré. Des feuillets  bien faits sont distribués en plusieurs langues. On peut les redéposer  en divers endroits à l’issue de la visite. Des panneaux expliquent les lieux, et on peut profiter de visites guidées.

D’autres vestiges romains et médiévaux

De l’autre côté de la rivière, se dresse l’arc de Germanicus, point d’aboutissement de la voie romaine Lyon Atlantique. Un musée lapidaire, un rempart du IIIe s et des thermes attestent également du passé antique de la ville des Santons.arc

On peut également admirer le roman saintongeais dans cette halte sur la via Turonensis. Il s’agit de l’un des chemins de pèlerinage menant à Saint Jacques de Compostelle. Ainsi l’église Ste Eutrope, ancien monastère bénedictin comporte un double chœur superposé. L’église basse ou crypte, l’une des plus vastes d’Europe, (XIe) accueillait les pélerins. Ses extraordinaires chapitaux sculptés abritent un bestiaire et des personnages typiques de l’imaginaire fertile du Moyen-age. L’église haute, plus majestueuse permettait aux moines de se recueillir sans se laisser troubler par ces hordes de touristes médiévaux….

Cette église offre une lecon magistrale sur l’évolution de l’art roman puis gothique puisqu’elle ne fut achevée qu’au XVe. De la crypte au transept, elle nous donne une vraie chronologie de l’art médieval…

abbaye-aux-damesUne atmosphère plaisante

Des hauteurs de la ville, on peut passer devant la cathédrale St Pierre gothique puis traverser la Charente par une passerelle piétonne pour rejoindre la facade de l’Abbaye aux Dames sur laquelle s’ébat une fantastiques faune romane. Et vagabonder dans les batiments conventuels plus tardifs, salle capitulaire ou cellules des nonnes. En effet, il s’agissait d’un monastère féminin. Le bâtiment accueille aujourd’hui la cité musicale.

Pour autant, la ville séduit non seulement par la quantité et la qualité de ses vestiges romains mais aussi par sa jolie atmosphère. C’est d’abord un site fort plaisant, vallonné et vert aux bords de la Charente. C’est aussi une ville de province charmante, joyeuse et dynamique avec un air festif et une douceur de vivre. De grandes maisons entourées de jardins clos desquels s’échappent des roses trémières, laissent imaginer la douceur de vivre….Et puis l’office du tourisme est efficace et encourage à partir à la découverte de ses monuments que ce soit à pied, à vélo (prêté !), en petit train ou en bateau. L’offre tourisitique est en effet un modèle du genre. Elle laisse le visiteur libre de son type de découverte : visites guidées, itinéraires individueles, fascicules distribués gratuitement en diverses langues…saintes-1

Pour en savoir plus

http://www.ville-saintes.fr/culture-patrimoine/guide-culturel/