Il faut se rendre en Occitanie et surtout dans « l’Aude Cathare » pour découvrir les soi-disant châteaux cathares et le Pays cathare. https://visitesfabienne.org/les-cathares/ et https://visitesfabienne.org/chateaux-cathares/
En effet ces forteresses n’ont pas vraiment à voir avec les Cathares. Majoritairement construites après la croisade contre les Albigeois, au début du XIIIe, elles visaient en fait à protéger le royaume de France contre celui d’Aragon. Voulues par la couronne et non par les Seigneurs locaux, elles jalonnent la frontière dans les actuels départements de l’Aude, des Pyrénées orientales et de l’Ariège.
Invention d’un concept historique
Bien que répartis sur 3 départements, seule l’Aude s’est emparée du terme de Cathare dans les années 1990 pour en faire sa marque.
En effet, en exhumant le terme de cathare, l’Aude réactive une mythologie régionale bien réelle. Car bien que remise en question en tant qu’organisation homogène, la dissidence a effectivement secoué la région entre les XIIe et XIIIe siècles. Plus que le contenu théologique, c’est la mémoire de la répression qui a marqué le territoire. Car, outre la durée de son implantation et l’enracinement dans cette Occitanie en butte aux barons du nord, c’est surtout la violence de la croisade contre des Chrétiens et de l’Inquisition qui ont marqué les esprits.
Dès lors, lorsque les romantiques occitans du 19e s ont redécouvert leur histoire, ils ont fondé sur cette dissidence le mythe d’une nation égalitaire, cultivée, opposée au pouvoir central en place. Ils ont alors exhumé des écrits médiévaux consacrés à une dissidences allemande médiévale le nom « cathare » (purs en grec). Bien que jamais utilisé par les bonhommes ou leurs détracteurs, les hérétiques qualifiés d’albigeois ou de bons chrétiens par leurs contemporains sont ainsi ressortis de l’anonymat de l’histoire.
Naissance d’un concept marketing, Aude Cathare
Ecrivains et romantiques s’emparent alors du destin tragique de ces chrétiens dissidents criminalisés par l’église et l’Inquisition pour les associer aux ruines des châteaux de la région. Que ces châteaux aient été bâtis après la croisade et pour défendre la frontière aragonaise n’arrête pas l’association. La machine est en route et crée « le château cathare », une invention si fascinante que romanciers, scénaristes s’en emparent. Le château cathare devient alors le lieu des fantasmes les plus ésotériques.
Pourtant, les historiens, depuis les années 1960, essayent de réajuster le chaos historique en insufflant des données réelles, ainsi qu’en publiant des documents. Qu’importe, le public redemande du mystère. Profitant de cette notoriété, le département de l’Aude utilise alors intelligemment la terminologie à des fins marketing. Ne pouvant pas sérieusement associer les mots de châteaux et cathares, elle crée le concept marketing de « Pays cathare » en 1990.
Un exemple de communication maitrisée
Et de fait, la communication est un exemple du genre. Les sites sont organisés pour la visite et jouissent d’une identité visuelle de qualité. Dans Chacun des fils de Carcassonne, cette ceinture de forts édifiés par la couronne royale pour protéger la frontière, un petit fascicule présente l’histoire, les caractéristiques du lieu. Des anecdotes et plans agrémentent la description, par ailleurs bien documentée. Le tout est relayé solidement dans les réseaux sociaux. En effet le site « pays cathares » et les liens vers chacun des châteaux donnent toutes les informations imaginables. Une app de grande qualité existe même https://www.payscathare.org/les-applis
Elle permet des visites en autonomie. Pour s’adapter au public jeune, un jeu « Castrum » se télécharge gratuitement en trois langues. Tout est ainsi fait pour faciliter l’expérience auprès des publics en état de monter à l’assaut des forteresses. S’ils ne bénéficient pas tous de la même notoriété, les boutiques et ouvertures des châteaux s’adaptent. L’accès est facilité autant que possible, même s’il reste ardu dans certaines de ces « citadelles du vertige ».
Situées au sommet d’éperons rocheux impressionnants, ces sites ne s’atteignent en effet pas sans effort.
A l’ouest et à l’est rien de semblable.
Il en va tout autrement dans l’Ariège voisine. Pourtant riche de nombreux châteaux et autres vestiges, le département ne cesse de surprendre par son inadaptabilité au tourisme. A Montségur, lieu le plus emblématique et connu du catharisme, en deça des heures d’ouverture officielle, personne ne tient la billetterie à mi-hauteur du site, on peut contourner l’entrée sans encombre.
Le petit musée a joliment été refait. Néanmoins le paiement par carte bancaire s’y révèle impossible. Impossible également d’obtenir un reçu. Quant à un fascicule de visite que nenni. Le caissier semble débordé dès que plus de deux visiteurs apparaissent. Il se montre au moins gracieux ce qui n’est pas le cas du château de Foix.
Bien que doté d’un tout nouveau tout beau musée, le château se montre favorable aux enfants mais semble dédaigner les touristes. C’est dommage car le château, bien mis en valeur, pourrait jouer un merveilleux rôle d’aimant pour la petite ville.
Quant aux Pyrénées orientales, si certains maires ont parfaitement compris l’enjeu touristique, les perpignanais eux rivalisent d’agressivité à l’égard du pauvre visiteur.
Il ne faut donc pas bouder son plaisir au château de Termes qui grâce à un édile à l’énergie remarquable est devenu une sorte de Guédelon local. Détruit selon la volonté de Richelieu en 1654, il ressuscite à chaque campagne de fouilles grâce au travail inlassable des archéologues et bénévoles de tout âge. Un formidable site internet https://www.chateau-termes.com/ rend compte du projet et de la renaissance du lieu. Le village de Termes est lui-même un lieu adorable. Dommage que l’aubergiste local soit si désagréable. Soyez prévenus, Termes s’impose mais avec un pique-nique !