Chateaux cathares

Le terme de châteaux cathares désigne aujourd’hui un ensemble de forteresses en ruine perchées sur des pitons pyrénéens. Pour autant, les spécialistes s’accordent pour dire que ces spectaculaires châteaux ne sont pas cathares. Alors pourquoi parler de châteaux cathares ?

chateau de Queribus

Il n’y a pas de châteaux cathares

Nommés improprement châteaux cathares, les châteaux de la région n’ont jamais accueilli de Cathares. En effet, les Cathares professaient le refus des attaches matérielles, des richesses et de la propriété. Ils se déplaçaient pour prêcher ou vivaient dans des villages, au sein de populations civiles. En atteste le site de Montségur, plus citadelle que château. De la même manière, les Cathares ne construisirent pas d’églises, ni ne développèrent d’imagerie. Ils professaient « le cœur de l’homme qui est la vraie église de Dieu ». Ils n’utilisèrent les châteaux existants que comme refuges lors des assauts.

Une forteresse inexpugnable

De plus, la croisade contre les Albigeois a pratiquement tout détruit sur son passage. Devenus inutiles après la reconquête royale et le recul de la frontière avec l’Espagne,suite au Traité des Pyrénées en 1659, les forteresses antérieures à la croisade se sont appauvries. Spoliées à la Révolution française, elles ont été vendues comme carrière de pierres. S’il y avait eu des châteaux de l’époque cathare, il n’en reste de toutes évidences plus.

Des châteaux cathares détruits 

En effet, pour contrer l’hérésie, le pape Innoncent III appela à la croisade, la seule en terre occidentale, tournée vers des chrétiens. Cette croisade contre les Albigeois se fit en deux temps.

Pourquoi la croisade

-La lutte contre l’hérésie.

 Après quatre croisades en Terre Sainte,  de moins en moins suivies et de plus en plus détournées ,la chrétienté est affaiblie.  Le pape invente alors l’unique croisade en terre chrétienne. L’idée alors consistait à contrer La forte pénétration hérétique dans la bourgeoisie languedocienne. La première croisade des Barons (1209/16) affaiblit le Comté.

-La volonté royale de rattacher des terres et de lutter contre la puissance du midi

 Le Comté de Toulouse, puissant et indépendant de la couronne et de la papauté, se montrait en effet tolérant socialement et religieusement. La deuxième croisade (1226/1229) permit à la couronne d’accaparer des terres et d’affaiblir définitivement le Comté. Les interventions directes des rois de France achevèrent le rattachement du Comté de Toulouse  à la France.

Prédication, persécutions, inquisition

A la suite de rapports alarmants, l’Église dépêcha sur les terres méridionales des prédicateurs talentueux pour tenter de faire revenir au bercail les « brebis égarées du troupeau du Seigneur », parmi lesquels St Dominique.

Saint Dominique à Toulouse

Les dissidences s’oppoaisent à la hiérarchie, à la richesse et aux abus de l’Eglise romaine. Plus implantés que les autres hérésies, et dans une région puissante et indépendante, les Cathares devinrent l’objetd’une lutte permanente. La guerre dura vingt ans (1209-1229). La lutte armée se poursuivit dans le Midi et ailleurs dans l’Occident chrétien tout au long du XIIIe siècle. Elle fut relayée plus tard par l’institution de l’Inquisition, créée en 1233 pour traquer la « dépravation hérétique »

Des châteaux reconstruits

Encore visibles, mais improprement qualifié de châteaux cathares, ils constituent l’une des premières constructions en série inspirées du modèle de fortifications promu par Philippe Auguste. Ce Roi défenseur fut aussi l’auteur du mur de Paris et de la forteresse du Louvre. En Languedoc, la ligne de défense fortifiée constitue une véritable prouesse d’architecture menée à bien par son petit fils, Philippe le Hardi.

l’impressionnant chateau cathare de Queribus

En effet, ce réseau de forteresses était destiné à défendre la frontière franco-aragonaise, alors toute proche,. Ils visaient également à asseoir le pouvoir royal sur un territoire nouvellement conquis à l’issue de la croisade contre les albigeois et décourager toute tentative de rébellion. Ces forteresses défendent en effet et surveillent la nouvelle frontière issue du traité de Corbeil signé en 1258. Édifiées en quelques décennies sur les sommets des piémonts pyrénéens et de la Montagne Noire, les citadelles du vertige témoignent ainsi de la diffusion rapide du modèle d’architecture philippienne. Celle-ci se caractérise par une véritable révolution des techniques de défense, et sa remarquable adaptation au relief accidenté. Gérée depuis Carcassonne, au centre politique et militaire du dispositif, la construction de ce chapelet de forteresses est emblématique de la planification d’un système défensif frontalier caractéristique des débuts de l’État centralisé en France.

Le château en pays cathare, une outil marketing

Si les châteaux cathares n’existent que dans l’imaginaire, pourquoi utiliser le vocable ? Le terme émane d’une volonté récente et marketing. Celle du département languedocien de l’Aude .

Le pays cathare une marque déposée

Le Département de l’Aude a construit et déposé la marque territoriale « Aude, Pays cathare » dans les années 1990. Celle-ci a permis de structurer et surtout considérablement augmenter le niveau de qualité touristique du département. Les drames historiques servent ainsi de base à une expérience singulière, exemple de développement territorial réussi.

Le chateau de Puivert

Néanmoins, de la Méditerranée aux Pyrénées, le territoire des châteaux ne s’arrête pas à la frontière départementale. Témoins les magnifiques forts de Montségur ou Roquefixade peu vendus par l’Ariège voisine. Pour autant, les Corbières, le Minervois, la montagne noire défendent au mieux ce patrimoine typiquement occitan. https://www.audetourisme.com/fr/a-voir-a-faire/visiter/sites-historiques-et-chateaux/

Une inscription à la liste de l’UNESCO

L’Aude communique donc abondamment sur ses imposantes forteresses dressées sur le sommet des collines des Corbières (surnommées « citadelles du vertige » par l’historien M Rocquebert), et a lancé depuis 2015 une démarche pour figurer au patrimoine mondial de l’humanité. https://citadellesduvertige.aude.fr/

Puylaurens

L’idée est de bénéficier de retombées touristiques importantes et de profiter de l’engouement récent pour les cathares et la vulgarisation ésotérique qui les entoure. A ce sujet, mon article précédent : https://visitesfabienne.org/les-cathares/

Windsor et Eton

Côté face Windsor, côté pile Eton. Les deux localités de Windsor et Eton se situent de part et d’autre de la Tamise. L’une évoque la royauté, l’autre l’aristocratie. Pourtant en traversant la Tamise on passe d’un monde à l’autre.

Un chateau sous haute surveillance

Côté Windsor on se croirait presque à Disneyland tant l’image de la royauté apparait comme une marque publicitaire. Au contraire, Eton évoque la pérennité des institutions, le charme et le raffinement d’une civilisation ancienne et policée.

Eton college

Windsor la déception

Le donjon de Windsor

Connu pour son immense château toujours habité par sa majesté la Reine, Windsor en impose. L’immense forteresse médiévale domine la petite ville. Mais l’air de royauté est pollué par l’affluence touristique. Les boutiques de souvenirs bon marché succèdent aux enseignes de restauration rapide. Les constructions anarchiques et bon marché enlèvent toute grandeur au site. Pour couronner le tout, si l’on peut dire, la promenade tant vantée la « long walk » s’avère être une longue bande goudronnée sur laquelle des hordes de touristes déambulent presque sans but. On est loin ici de la splendeur de Versailles sur ce tarmac de 3 longs miles bordé d’une pelouse piétinée. Le seul intérêt réside dans la vue sur le château, malheureusement complètement reconstruit. En outre, les avions survolent le château à très basse altitude pour aller chercher la piste de Heathrow, à quelques kilomètres seulement. https://www.rct.uk/visit/windsor-castle

Windsor, Hôtel de ville
La maison penchée de Windsor

Pour se consoler, il reste quelques jolies découvertes dans la ville, comme le Guildhall, vraisemblablement œuvre du grand architecte Christopher Wren. Avant de passer à la postérité pour avoir reconstruit Londres après le grand incendie de 1666, le jeune Wren fit ses armes dans sa ville de naissance. Les petites rues anciennes alentours ne manquent pas de charme pour peu qu’elles ne soient envahies de hordes de visiteurs.

Gare de Windsor

La rénovation de la gare victorienne en centre commercial ajoute néanmoins une animation commerciale plutôt agréable. Pour autant, le quartier le plus agréable de Windsor se trouve sur les bords du fleuve et sur le pont.

La Tamise vue du Pont entre Windsor et Eton

De l’autre côté du Pont, Eton

Restaurant sur High Street Eton

Dès que l’on traverse la Tamise, l’ambiance change du tout au tout. Près du pont, des pubs et cafés fournissent de quoi se sustenter. La grande rue, High Street, mène au collège d’Eton, la Public School la plus prisée du Royaume Uni. Car Eton vit entièrement autour de l’Ecole qui a formé les élites du pays : princes, ministres, intellectuels. Ce type de pensionnat très haut de gamme, réservé aux jeunes garçons de 13 à 18 ans, reste typiquement britannique. L’expansion de l’établissement fondé au XVe s a bloqué la croissance de la ville. Celle-ci se réduit à des auberges, cafés, boutiques, tournés sur les élèves. Cet arrêt dans le temps confère son agrément au lieu.

Eton college depuis High Street

 Les bâtiments ont beau être très récents pour certains, le charme de la cité scolaire reste en effet intact. De jolies boutiques un brin désuètes vendent canotiers, chaussettes et costumes de cérémonies. Les constructions se perdent dans une verdure délicieuse qui curieusement ne semble pas beaucoup attirer les visiteurs.

Depuis le pont, la rue principale s’étire jusqu’à l’église Saint Jean puis vers les bâtiments scolaires avant de se perdre dans les différents terrains de sport et les parcs. L’occasion d’une promenade bucolique bien différente des attractions royales d’outre Tamise.