Les Huguenots à Londres

 L’une des vagues migratoires importantes pour la capitale britannique remonte au 16/17e. Elle correspond effectivement à l’arrivée des Huguenots chassés du royaume de France. https://visitesfabienne.org/la-presence-francaise-a-londres/

Bible à la bibliothèque de l’église protestante

 Les Huguenots à Londres

 Persécutés dès 1534, les protestants français fuirent l’hexagone. Cet exode s’amplifia avec les guerres de religion au milieu du 16eme siècle.  Les réformés français, dits Huguenots, et les Hollandais se réfugièrent à Londres profitant de la liberté de culte offerte aux protestants étrangers par la charte de 1550. https://fr.wikipedia.org/wiki/Huguenot

Edouard VI leur accorda  en effet l’utilisation de la chapelle des Augustins dans la Cité, renommée Strangers Church. Avec la croissance de la communauté, les Huguenots fondèrent une nouvelle église, de référence, Saint Antoine à l’emplacement de l’actuelle Bourse. Bientôt, une autre ouvrit près du Strand. Elle se conformait à la liturgie de l’Eglise d’Angleterre en langue française.

Les réfugiés qui arrivaient en Angleterre devaient commencer par se faire reconnaître auprès d´une église et attester de l’authenticité de leur adhésion à la Réforme. Grande était en effet la peur de trahison d’espions catholiques.

 Avec la révocation de l’Edit de Nantes en 1685, la répression et la discrimination contre les Protestants poussèrent les familles à fuir la France en nombre. L’église de la cité se révélant trop petite, ils en construisirent une nouvelle près de Spitalfields. Hormis sous Marie Stuart et pendant la Guerre civile, le flot de Huguenot ne tarit pas. L’Angleterre apparaissait alors comme le « grand refuge ». On compta plus de trente églises hors de Londres et plus d’une vingtaine dans la capitale. 1/3 des 25000 réfugiés se concentrait en effet à Londres. Ils se répartirent principalement dans deux quartiers : Spitalfields et Soho.

Les Huguenots de Spitalfields

Ces calvinistes industrieux croyaient en la valeur du travail et étaient qualifiés . Ils se fixèrent en tant que instituteurs, médecins, marchands, soyeux et même aristocrates. Ils furent globalement bien accueillis voire soutenus matériellement par leurs communautés. Les Huguenots installés autour de l’ancien hôpital de l’Est londonien étaient souvent des tisserands spécialisés et éduqués. Beaucoup se sont enrichis et ont construits de grandes maisons bourgeoises avec des verrières pour éclairer les métiers à tisser. De nombreuses rues rappellent d’ailleurs la présence française : Fournier, Fleur de Lis.

Les Huguenots urbanisèrent Spitalfields, Shoreditch et Bethnal. Des 9 églises autour de Spitalfields, 3 existent encore : celle de l’Artillerie devenue synagogue en 1840 sur Sandys. La Patente sur Hanbury Street, construite en 1719 est devenue centre d’art. Enfin, l’Eglise neuve à l’angle de Fournier Street et Brick Lane, est devenue chapelle Wesleyenne puis synagogue à la fin du XIXe et mosquée dans les années 1980.

Pour évoquer ces Huguenots et les vagues migratoires ultérieures, on peut visiter le petit musée de l’Immigration, ouvert uniquement pour les groupes au 19 Princelet street. Il se situe à l’emplacement d’une ancienne synagogue et d’une maison occupée par des protestants puis des familles juives pauvres. https://www.19princeletstreet.org.uk/

Hanbury Hall, ancienne église réformée

Un étonnant musée au 18 rue Foldsgate, évoque la vie matérielle d’une famille de Huguenots : la maison de Dennis Sever https://dennissevershouse.co.uk/

Maison Dennis Sever

Cette incroyable maison invente le destin d’une famille de soyeux huguenots, les Jervis. Sur quatre étages, on parcourt en silence, l’ascension et l’appauvrissement de cette famille au milieu des odeurs, des objets chinés par un excentrique artiste américain installé à Londres entre 1948 et 99.

à Soho, des Huguenots bien installés.

A Soho, les réfugiés protestants occupèrent les maisons vides d’un projet immobilier qui avait fait faillite. Ils y travaillèrent principalement en tant qu’ artisans d’art, orfèvres, horlogers, bijoutiers, ébénistes voire imprimeurs. En général hautement qualifiés, ils arrivaient avec un métier ou une profession qui facilita leur assimilation. Ils apportèrent beaucoup à la société anglaise. Les noms de John Houblon, premier gouverneur de la Banque d’Angleterre, de Romilly, avocat de la réforme de la Criminal Law, de Minet dans les assurance illustrent l’intégration de cette communauté au XVIIIeme siècle.

façade église protestante française

A la fin du 19e siècle, Soho concentrait la plus grande population française et s’imposa donc comme le lieu naturel de construction d’une nouvelle église.  Il y en eut 14 dans le quartier ! https://www.egliseprotestantelondres.org.uk/ L’indemnité offerte à St Martin le Grand détruite pour agrandir la Poste, permit l’achat du site et la construction du temple protestant inauguré en 1893. Cette magnifique église est l’œuvre de Aston Webb, grand architecte qui travailla notamment à Buckingham Palace et au Musée Victoria et Albert.

L’église fit également construire une école française à quelques pas de Soho Square, offrant un enseignement en anglais et en français aux enfants de l’église et du quartier (cette école ferma après la seconde guerre mondiale). Elle devint l’un des centres de la France Libre pendant la seconde guerre mondiale.

Portail église protestante française

Bien que vidé de sa population française le quartier en a conservé quelques souvenirs à travers les pâtisseries et restaurants : Maison Bertaux, Patisserie Richoux. https://visitesfabienne.org/soho/

L’église protestante française vaut vraiment la visite. Les Français de Londres la connaissent puisqu’elle accueille des conférences et réunions. https://www.londresaccueil.org.uk/v4/Conferences

Architectes

Architctures londoniennes

On oppose souvent l’homogénéité urbanistique parisienne à la profusion des architectures londoniennes Constituée d’un agrégat de petites communes devenues grandes, la capitale britannique offre en effet une multitude de visages. Néanmoins, même si elle n’a pas connu de volonté planificatrice et centralisatrice, Londres a fait l’objet d’initiatives architecturales fascinantes. Quoique plus limitées, en général circonscrites à un quartier voire une rue, ces tentatives émanent en général d’architectes et non d’urbanistes. En voici 4 et non des moindres

Ferronnerie, rue Adam

1/ Inigo Jones, et la première des architectectures londoniennes

Au début du 16e siècle, Londres est une ville Tudor. Ce qui signifie que les bâtiments importants en briques, côtoient les maisons de torchis et constructions à colombage.

Banqueting House by night

Un décorateur de talent, Inigo Jones, de retour du nord de l’Italie chargé des manuels du génial Andrea Palladio, va révolutionner l’esthétique de la ville. Au travers de quatre constructions et de plans il apporte un vent de renaissance dans la capitale médiévale. https://visitesfabienne.org/palladio-a-londres/

Régularité de la façade de l’architecte Inigo Jones

 C’est d’abord la Queen’s House à Greenwich, puis la Banqueting House sur Whitehall. Suivent deux chapelles toutes simples aux formes classiques. Queens chapel et St Paul à Covent Garden achèvent en effet de donner le ton. Les façades simples, à colonnades et tympan, l’usage de la pierre et du stuc, donnent un air nouveau à l’architecture anglaise. Jones les complète avec la plazza à l’italienne qu’est Covent garden et la grande place carrée de Lincoln Field où il ne réalisera qu’une construction. Malheureusement, Inigo Jones est l’architecte préféré de Charles I. Avec la Révolution et la mise à mort du Roi, son artiste officiel se trouve en mauvaise posture. Il faudra attendre la restauration et le grand incendie pour que le nouveau style apporté par Inigo Jones s’impose définitivement à la cité médiévale.

Queen’s House Greenwich

2/ Christopher Wren et la scénographie baroque

Le grand désastre mais également la grande opportunité de reconstruction pour Londres intervient en 1666 avec le grand incendie. Le feu ravage la cité pendant trois jours. Les braises à peine refroidies, trois architectes s’empressent de proposer des plans de reconstruction au roi Charles II. Malheureusement, à ces plans régulateurs s’oppose la volonté des marchands. Ceux-ci font pression sur le Monarque pour limiter les couts et accélérer le processus de reconstruction. Du coup, n’est acceptée qu’une reconstruction a minima. De nouvelles maisons « en dur » remplacent les masures de bois ou torchis. Mais elles suivent le tracé des rues préexistantes.

Saint Paul, chef d’oeuvre de Sir christopher Wren

Le feu ne sera donc pas à l’origine d’une restructuration en profondeur de la ville. Christopher Wren, mathématicien astronome de génie, ne verra pas son plan d’urbanisme appliqué. En revanche lui échoit la tâche de diriger les travaux au mieux. Il s’acquittera notamment de la reconstruction de= 52 églises, parmi lesquelles la prestigieuse Cathédrale Saint Paul. Inspiré par le classicisme italien et la scénographie baroque, Wren ne parviendra pas à faire de Londres la nouvelle Rome ou un Paris bis. En revanche, ses nombreuses églises et bâtiments transformeront durablement le paysage de la capitale. St Paul et le royal Hospital de Chelsea conçu sur le modèle des Invalides constituent aujourd’hui encore des bâtiments emblématiques de Londres. https://en.wikipedia.org/wiki/Royal_Hospital_Chelsea

Temple Bar, Christopher Wren, aujourd’hui derrière Saint-Paul

3/ les frères Adam, le triomphe du néoclassicisme

Adam à son apogée : la bibliothèque de Kenwood House

Avec le 18e s et la découverte de Pompéi (Winckelmann 1748) c’est un nouveau pan d’architecture qui s’ouvre. L’arrivée dans la capitale de la famille écossaise Adam correspond à l’avènement du néo-classicisme à l’anglaise.  Outre leur intervention à Kenwood House

façade de Kenwood House

(https://visitesfabienne.org/hampstead/ et Syon House, les quatre frères Adam ont introduit le néoclassicisme à Londres. La fratrie apporta beaucoup d’unité à l’architecture britannique. L’idée reposait en effet sur des maisons conçues dans leur globalité, extérieur, intérieur et même meubles. Si les façades conservent des caractéristiques palladiennes, les salons eux proposent des variations sur l’antiquité.

façade d’un des survivants de l’Adelphi

A Londres, leur création la plus célèbre demeure l’Adelphi, (frères en grec). Cet ensemble construit entre le Strand et la Tamise est en grande partie détruit aujourd’hui. Il se constituait d’entrepôts, magasins et appartements d’habitation. Des 24 bâtiments initiaux de 1768/72 restent quelques façades de brique noire et stucs blancs. En revanche, le nom reste accolé à celui d’un music-hall. Les rues Adam, John Adam et Robert derrière l’hôtel Savoye rappellent l’activité de deux des quatre frères. Robert a d’ailleurs laissé une empreinte plus importante en tant qu’architecte et théoricien. https://www.strandlines.london/2020/10/01/adelphi-robert-adam/

https://www.bl.uk/collection-items/the-works-in-architecture-of-robert-and-james-adam

Détails par les frères Adam

4/ John Nash et ses terrasses

Regent’s Park crescent

Au 19ème siècle, alors que le roi Georges IV sombre dans la folie de sa maladie (1820), son fils, le Régent s’éprend d’architecture. Lui vient l’idée de relier le Palais royal aux fermes au Nord de la capitale. C’est ainsi que le Palais st James va être relié à la zone seigneuriale et boisée de Marylebone. https://en.wikipedia.org/wiki/Marylebone

 L’idée est alors de créer une allée d’honneur. Celle-ci vise à cumuler la fonction commerciale à des logements rentables le long d’un axe clôt par deux parcs. Une série de bâtiments unifiés par une même façade relie ainsi le Parc Saint-James au Parc du Régent. Ce type de façade continue a été inventé un siècle auparavant par John Wood à Bath et s’est peu à peu diffusé  à travers le pays. Derrière la colonnade homogène s’ouvrent une série de maisons individuelles ou de logements locatifs. Ces constructions qualifiées en anglais de « terrasses » affectent des formes particulières. John Wood le premier s’est inspiré de la galaxie pour concevoir ses terrasses en lune qu’il nomme « croissants » ou en cercles inspirés du soleil, les « circus ».  John Nash reprend pour le compte du Régent, le croissant au niveau du parc et crée une longe allée uniquement ponctuée par une église (All Souls) et un arrondi avant de s’ouvrir sur Picadilly circus et rejoindre Carlton Terraces. Du dessin initial ne subsiste que l’église, petit temple arrondi d’inspiration grecque surmonté d’une flèche néogothique. Les autres bâtiments ont été reconstruits au début du 20e mais en respectant le bâti initial.

Regent’s Street

On pourrait ajouter à ces architectes aux velléité urbanistiques des essais contemporains comme celui du Barbican, de la city moderne ou du quartier des Docks. J’y penserai dans de prochains posts.

Londres victorien

Le 19e s symbolise l’apogée de l’Empire britannique et du Londres victorien. Il se confond en effet pratiquement avec Le long règne de la reine Victoria (1837-1901).  C’est une période de grands changements économiques et sociaux avec l’entrée dans un monde dominé par l’industrie et le capitalisme. Dans Londres, la période correspond à l’âge d’or du West End mais aussi à l’explosion de la misère à l’est de la Ville.

Je vous propose de nous intéresser cette semaine aux splendeurs du West end et de reporter à une semaine prochaine les misères de l’East end.

On l’oublie souvent, mais le Londres que nous connaissons aujourd’hui est en grande partie victorien d’abord pour la taille mais aussi l’image. Y naissent en effet aménagements de la Tamise, mobilier urbain, voies de circulations et surtout de nouveaux quartiers. Les grands propriétaires bâtissent peu à peu le West End. Mayfair, Kensington sortent de terre autour des grandes constructions royales.

Nouveaux lieux de pouvoir :

Buckingham Palace, symbole du Londres victorien

– La construction de l’immense palais de Buckingham au centre de Londres dure plus d’un siècle.  Plusieurs rois y ont contribué : George IV, William IV. Cependant, Victoria sera la première à l’habiter. Initié par William Chambers, amplifié par John Nash, l’immense palais sera remanié par différents architectes. Aston Webb déjà rencontré au Victoria & Albert et à l’église protestante y œuvra.  Du fait de ces agrandissements successifs, le bâtiment, massif, est un peu indigeste

statue de la Reine Victoria

-Le Palais Saint James, laissé de côté en tant qu’habitation reste un lieu officiel alors que de nouveaux palais accueillent la famille royale. Ainsi en est-il de Kensington construit par Guillaume et Marie à leur arrivée de Hollande.

– Barry et Pugin reconstruisent le vieux Palais du Parlement, incendié en 1834 dans le style néogothique alors en vogue. Ils y adjoignent une tour destinée à abriter l’horloge : Big Ben.

– Downing Street qu’avait inauguré le premier premier ministre Robert Walpole devient emblématique de la Monarchie Parlementaire. Cette maison de style géorgien est agrandie au cours des mandats suivants jusqu’à occuper l’entière rue.

Nouvelles formes architecturales du Londres victorien

Autour de ces grands chantiers royaux, les riches familles aristocratiques se mettent à bâtir, profitant de l’explosion démographique. Une fièvre spéculatrice s’empare de zones restées campagnardes. C’est que contrairement à Paris par exemple, l’ouest londonien n’est pas limité. Aucune muraille ne vient entraver l’expansion de la ville. Les grands propriétaires fonciers peuvent s’en donner à cœur joie et de grandes sections se lotissent de manière ordonnée voire répétitive.

Terrasses, croissants et cirques

Suivant le modèle que John Wood a lancé à Bath, des crescents (croissants) s’ajoutent bientôt aux terrasses typiquement anglaises.

Les terrasses sont des alignement de maisons aux façades identiques, les croissants eux suivent une courbe. L’idée est d’affecter la forme du croissant de lune. La place dénommée circus s’inspire, elle, de la forme circulaire du soleil. Ces deux inventions adoptent une façade continue comme pour offrir aux locataires l’impression de vivre dans un palais.

Alignements et verticalité

Tous ces quartiers sont constitués de maisons individuelles de 2 ou 3 étages avec cour ou jardinet.

Les alignements de façades s’articulent ainsi autour de parcs ou squares. Dans les rues moins huppées, les maisons conservent les 2, 3 voire 4 étages mais occupent beaucoup moins de surface au sol. D’où l’impression de maisons verticales dans lesquelles chaque étage correspond à 1 voire 2 petites pièces.

Pour accueillir la domesticité, ces maisons conquièrent le sous-sol plus ou moins aveugle. En effet alors que Paris loge les serviteurs dans les combles, Londres les héberge dans les caves.

Nouveaux quartiers du Londres victorien

Ce modèle urbanistique est alors déployé au travers de nouveaux secteurs de la capitale.

Nouveaux secteurs

Bloomsbury puis bientôt tous les quartiers ouest se parent de cet urbanisme novateur. Entre Regent Street et Buckingham Palace apparait le West-End. Mayfair en constitue un fleuron. Mais bientôt les villages de Kensington, Belgravia se transforment en quartiers huppés. Plus au Nord, le quartier de Marylebone ou celui de Fitzrovia rivalisent avec Bloomsbury.

Royal Albert Hall, la quintessence du Londres victorien

Les grosses maisons de pierre y côtoient les maisons de briques noires. Jardins, squares, allées se multiplient pour aérer la vie de cette élite. Les nombreuses mews (étables, aujourd’hui maisonnettes très prisées) attestent des carrosses utilisés pour le transport de ces familles. Elles témoignent des encombrements de la capitale à la fin du 19e s. Les grosses familles s’enrichissent considérablement et donnent aux rues nouvellement crées les noms de leurs nombreuses familles. Les rues de Bloomsbury évoquent ainsi le duc de Bedford, aussi Marquis de Tavistock et baron Russel. On retrouve ses différents titres au travers des artères du quartier.

Jardins et parcs

Si les maisons sont éloignées de la rue par un jardinet ou un retrait, elles comportent également un petit espace de verdure à l’arrière. C’est que La ville victorienne s’aère considérablement. Des jardins publics ou privés mais communs s’ouvrent. D’immenses parcs sont créés.

Ceux-ci s’ouvrent principalement à l’Ouest de la capitale, pour le bienfait des classes aisées : Hyde park, Holland, Green St James, Holland Kensington. On en trouve également de plus en plus à l’extérieur de la ville dans les nouvelles zones conquises sur la campagne : Richmond, Greenwich, Highgate.

Chemins cathares

Un itinéraire de randonnée et une route départementale empruntent les chemins cathares.Pour faire suite à mon article de la semaine dernière sur les châteaux, je vous propose en effet une promenade en cette belle région occitane. Pour profiter de ces 36 cités et citadelles en toute quiétude, il faut se hâter car la zone a déposé une demande de certification UNESCO. Une fois labélisés, il y a fort à parier que les chemins attirent une foule de visiteurs.

On peut cheminer en voiture le long de la route panoramique D117 de Foix à Perpignan… ou, pour les plus courageux, à pied …

Un itinéraire occitan 

Je vous propose de nous intéresser au contexte politique social et religieux du catharisme. Il est intrinsèquement lié à l’Occitanie. Au XIIe siècle en effet, des raisons religieuses et politiques expliquent la flambée hérétique dans la région. Que l’on utilise l’ancien terme de Languedoc, ou celui plus actuel d’Occitanie, on se réfère à une langue et une culture bien particulières : celle de la langue d’Oc.

Pourquoi les cathares : La dissidence religieuse apparaît dans la Chrétienté occidentale

L’an mil voit se manifester de nombreuses hérésies. Elles prennent de l’ampleur dans les 3 siècles suivants. Bogomiles (Bulgares au 10es) Pauvres de Lyon, Vaudois du Jura, béguins, patarins du centre de l’Italie, tisserands, Albigeois, Cathares sont les différentes faces de la dissidence religieuse médiévale

Ces communautés prêchent un retour au modèle d’Eglise des premiers temps du christianisme et d’opposition à la reforme grégorienne. Ils seront systématiquement persécutés. le Nord de la France, l’Italie du Nord et du centre n’échappent pas à cette condamnation de l’Eglise romaine et sa hiérarchie au prétexte qu’ils ne respectent pas les idéaux du Christ.  Mais le mouvement s’implante surtout en  Languedoc.  Pourquoi ?

Le Contexte politique et social occitan

Au 11es, le riche et puissant Comté de Toulouse concurrence le Royaume de France et affirme son indépendance face à la couronne mais aussi à la puissance de l’Eglise. Le cadre juridique, politique et religieux y est en effet relativement libertaire.

Les principautés féodales méridionales et essentiellement celle de la famille Trencavel, seigneur et maître de presque tous les territoires concernés par l’hérésie cathare sont particulièrement poreuses. La société y diffère des contrées du nord. Egalitaire et cultivée, elle parle occitan. Elle est marquée par des questionnements sur l’engagement religieux. Le clan familial, le matriarcat, l’importance et la reconnaissance de la femme y sont nets. la croisade va exacerber un régionalisme fort marqué par la haine de l’envahisseur nordique.

Pourtant, Les nombreuses dissensions entre les seigneurs locaux favoriseront l’effondrement du Languedoc.

Chateau de Montségur

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Randonnée le long du chemin des bonshommes

De multiples agences proposent des randonnées à travers la région pour découvrir ces « citadelles du ciel » selon l’expression de Michel Rocquebert reprise pour la labélisation de la région.

Néanmoins, il est possible d’organiser soi-même la découverte en logeant dans de petites auberges. Les guides, cartes IGN RandoPyrénées.com  (Sentier cathare carte 9, GR 10 et 11) et sites donnent suffisamment d’informations pour s’en sortir seul.

Le Sentier Cathare suit en continu chemins et de pistes sur près de 200 km sur les GR®367 et 367a. On peut relier à pied, en douze étapes, la Méditerranée (Port la Nouvelle) à Foix, en passant de château en château. Le sentier longe  les 7 citadelles dites du vertige. Il s’agit d’Aguilar, Padern, Quéribus, Peyrepertuse, Puilaurens, Puivert, Montségur, et la citadelle de Carcassonne.

carte des chateaux cathares

Des paysages impressionnants

-Un chapelet de forteresses défensives

Des Corbières au piémont des montagnes d’Ariège en passant par la vallée de l’Aude et le plateau de Sault, il offre une grande variété de paysages : lagunes littorales, coteaux viticoles, garrigues, forêts, gorges et sommets pyrénéens, nids d’aigles construits sur d’impressionnants promontoires rocheux. Aguilar, Lastours, Montségur, Peyrepertuse, Puilaurens, Quéribus et Termes forment autour de Carcassonne un ensemble défensif longtemps réputé imprenable. Restructurés dans la seconde moitié du XIIIe siècle sur des sites occupés au préalable par des constructions féodales, la Cité de Carcassonne et ses châteaux sentinelles de montagne constituent l’une des premières constructions en série inspirées du modèle de fortification promu par le roi Philippe Auguste et perpétué par ses successeurs capétiens.

Château de Puilaurens

– Des Ruines romantiques

Au centre de cet arsenal défensif, se situe la Cité de Carcassonne avec ses 52 tours, deux enceintes, 3 km de remparts. Occupé depuis le VIème siècle avant JC, le site vit s’édifier un château comtal au XIIème siècle. Puis, Philippe III le Hardi et Philippe IV le Bel, modernisèrent ses fortifications. C’est au 19e s que Viollet-le-Duc, se vit confier une restauration d’envergure en 1853.

Après le Traité des Pyrénées en 1659, cette ceinture défensive entre la France et l’Espagne, s’est disloquée. Ces citadelles contrairement aux châteaux des seigneurs locaux, représentent des places isolées et difficiles d’accès abritant uniquement des garnisons. Abandonnées, leurs murs éventrés et leurs ruines ont attisé la mythologie romantique voire ésotérique de la fin du 19e siècle. https://citadellesduvertige.aude.fr/decouvrir-les-citadelles/

13 autres châteaux complètent le panorama:Châteaux de Durfort, Niort, Pieusse, Roquefixade, Usson, Hautpoul, Miramont, Padern, Puivert, Saissac, Miglos et Villerouge-Thermenès

Chateaux cathares

Le terme de châteaux cathares désigne aujourd’hui un ensemble de forteresses en ruine perchées sur des pitons pyrénéens. Pour autant, les spécialistes s’accordent pour dire que ces spectaculaires châteaux ne sont pas cathares. Alors pourquoi parler de châteaux cathares ?

chateau de Queribus

Il n’y a pas de châteaux cathares

Nommés improprement châteaux cathares, les châteaux de la région n’ont jamais accueilli de Cathares. En effet, les Cathares professaient le refus des attaches matérielles, des richesses et de la propriété. Ils se déplaçaient pour prêcher ou vivaient dans des villages, au sein de populations civiles. En atteste le site de Montségur, plus citadelle que château. De la même manière, les Cathares ne construisirent pas d’églises, ni ne développèrent d’imagerie. Ils professaient « le cœur de l’homme qui est la vraie église de Dieu ». Ils n’utilisèrent les châteaux existants que comme refuges lors des assauts.

Une forteresse inexpugnable

De plus, la croisade contre les Albigeois a pratiquement tout détruit sur son passage. Devenus inutiles après la reconquête royale et le recul de la frontière avec l’Espagne,suite au Traité des Pyrénées en 1659, les forteresses antérieures à la croisade se sont appauvries. Spoliées à la Révolution française, elles ont été vendues comme carrière de pierres. S’il y avait eu des châteaux de l’époque cathare, il n’en reste de toutes évidences plus.

Des châteaux cathares détruits 

En effet, pour contrer l’hérésie, le pape Innoncent III appela à la croisade, la seule en terre occidentale, tournée vers des chrétiens. Cette croisade contre les Albigeois se fit en deux temps.

Pourquoi la croisade

-La lutte contre l’hérésie.

 Après quatre croisades en Terre Sainte,  de moins en moins suivies et de plus en plus détournées ,la chrétienté est affaiblie.  Le pape invente alors l’unique croisade en terre chrétienne. L’idée alors consistait à contrer La forte pénétration hérétique dans la bourgeoisie languedocienne. La première croisade des Barons (1209/16) affaiblit le Comté.

-La volonté royale de rattacher des terres et de lutter contre la puissance du midi

 Le Comté de Toulouse, puissant et indépendant de la couronne et de la papauté, se montrait en effet tolérant socialement et religieusement. La deuxième croisade (1226/1229) permit à la couronne d’accaparer des terres et d’affaiblir définitivement le Comté. Les interventions directes des rois de France achevèrent le rattachement du Comté de Toulouse  à la France.

Prédication, persécutions, inquisition

A la suite de rapports alarmants, l’Église dépêcha sur les terres méridionales des prédicateurs talentueux pour tenter de faire revenir au bercail les « brebis égarées du troupeau du Seigneur », parmi lesquels St Dominique.

Saint Dominique à Toulouse

Les dissidences s’oppoaisent à la hiérarchie, à la richesse et aux abus de l’Eglise romaine. Plus implantés que les autres hérésies, et dans une région puissante et indépendante, les Cathares devinrent l’objetd’une lutte permanente. La guerre dura vingt ans (1209-1229). La lutte armée se poursuivit dans le Midi et ailleurs dans l’Occident chrétien tout au long du XIIIe siècle. Elle fut relayée plus tard par l’institution de l’Inquisition, créée en 1233 pour traquer la « dépravation hérétique »

Des châteaux reconstruits

Encore visibles, mais improprement qualifié de châteaux cathares, ils constituent l’une des premières constructions en série inspirées du modèle de fortifications promu par Philippe Auguste. Ce Roi défenseur fut aussi l’auteur du mur de Paris et de la forteresse du Louvre. En Languedoc, la ligne de défense fortifiée constitue une véritable prouesse d’architecture menée à bien par son petit fils, Philippe le Hardi.

l’impressionnant chateau cathare de Queribus

En effet, ce réseau de forteresses était destiné à défendre la frontière franco-aragonaise, alors toute proche,. Ils visaient également à asseoir le pouvoir royal sur un territoire nouvellement conquis à l’issue de la croisade contre les albigeois et décourager toute tentative de rébellion. Ces forteresses défendent en effet et surveillent la nouvelle frontière issue du traité de Corbeil signé en 1258. Édifiées en quelques décennies sur les sommets des piémonts pyrénéens et de la Montagne Noire, les citadelles du vertige témoignent ainsi de la diffusion rapide du modèle d’architecture philippienne. Celle-ci se caractérise par une véritable révolution des techniques de défense, et sa remarquable adaptation au relief accidenté. Gérée depuis Carcassonne, au centre politique et militaire du dispositif, la construction de ce chapelet de forteresses est emblématique de la planification d’un système défensif frontalier caractéristique des débuts de l’État centralisé en France.

Le château en pays cathare, une outil marketing

Si les châteaux cathares n’existent que dans l’imaginaire, pourquoi utiliser le vocable ? Le terme émane d’une volonté récente et marketing. Celle du département languedocien de l’Aude .

Le pays cathare une marque déposée

Le Département de l’Aude a construit et déposé la marque territoriale « Aude, Pays cathare » dans les années 1990. Celle-ci a permis de structurer et surtout considérablement augmenter le niveau de qualité touristique du département. Les drames historiques servent ainsi de base à une expérience singulière, exemple de développement territorial réussi.

Le chateau de Puivert

Néanmoins, de la Méditerranée aux Pyrénées, le territoire des châteaux ne s’arrête pas à la frontière départementale. Témoins les magnifiques forts de Montségur ou Roquefixade peu vendus par l’Ariège voisine. Pour autant, les Corbières, le Minervois, la montagne noire défendent au mieux ce patrimoine typiquement occitan. https://www.audetourisme.com/fr/a-voir-a-faire/visiter/sites-historiques-et-chateaux/

Une inscription à la liste de l’UNESCO

L’Aude communique donc abondamment sur ses imposantes forteresses dressées sur le sommet des collines des Corbières (surnommées « citadelles du vertige » par l’historien M Rocquebert), et a lancé depuis 2015 une démarche pour figurer au patrimoine mondial de l’humanité. https://citadellesduvertige.aude.fr/

Puylaurens

L’idée est de bénéficier de retombées touristiques importantes et de profiter de l’engouement récent pour les cathares et la vulgarisation ésotérique qui les entoure. A ce sujet, mon article précédent : https://visitesfabienne.org/les-cathares/

Les Cathares

Les châteaux cathares n’existent pas mais les Cathares eux ont bien existé. Pour le moins, la mémoire collective occitane atteste de leur implantation dans le Sud-ouest de la France. Ils passionnent d’ailleurs depuis longtemps mais que sait-on vraiment d’eux ? Mal connue et biaisée leur histoire témoigne d’abord de la vision des vainqueurs. https://www.cathares.org/

le pog de Montsegur

Que connaissons nous des Cathares ?

L’historiographie du catharisme est particulièrement importante pour bien comprendre la diversité des points de vue. S’est d’abord imposée la vision des vainqueurs par les écrits de l’Inquisition puis est venu le temps des légendes. https://www.herodote.net/Les_Cathares-synthese-97.php

La vision des vainqueurs

Dès le XIIIe s, les persécutions et croisades vont diffuser une image négative des Cathares. L’Inquisition, instituée en 1233, au lendemain de la double Croisade contre les Albigeois (1209/29), pérennise cette image sectaire. Ainsi, à l’issue de la prise de Montségur. on les réduisait en général à des manichéens qui avaient péri en ce lieu emblématique. La vision d’une secte dualiste, voire manichéenne reste largement répandue même si les historiens actuels la dénient.

 Vision romantique et vulgarisation,  de 1870 à 1960.  

– Dans les années 1850, les premières études (Charles Schmidt) parlent d’une secte avant que la vision ne devienne romantique avec Napoléon Peyrat. Celui-ci confère un rôle clé à Montségur, et « invente » Esclarmonde, fille du comte de Foix. Il interprète les ossements de la nécropole préhistorique de Lombrives comme restes des derniers faydits. Quelques années plus tard, Joséphin Péladan intègre le catharisme à l’occultisme. Il mélange catharisme, légende du Graal et Lohengrin. On associe alors catharisme et ésotérisme. Romans et mythes fleurissent sur les Cathares durant l’entre deux guerres.

Vers une vision plus scientifique au XX e

Livre d’Anne Brenon

Le sujet s’ouvre au grand public dans les années 1950. A la même époque, les recherches scientifiques progressent également avec l’exhumation et la publication de textes cathares. Des spécialistes tels Jean Duvernoy, Michel Roquebert, Anne Brenon, Emmanuel Leroy Ladurie démystifient la tradition de communauté recluse aux doctrines occultes.

-Aujourd’hui, les fouilles archéologiques éclairent les modes de vie, le quotidien médiéval, Certaines découvertes confortent les textes de l’époque, d’autres remettent en cause une vision parfois trop linéaire des événements. Seuls deux traités et trois rituels constituent les sources directes qui nous permettent de comprendre le catharisme et ses particularités.

Les Cathares ont-ils vraiment existé ?  

Toulouse, capitale de l’Occitanie

L’origine des Cathares reste disputée. En revanche ils apparaissent clairement comme une dissidence chrétienne parmi d’autres au lendemain de l’an mil. L’église romaine est alors en pleine réforme. Cette réforme grégorienne attire des oppositions à travers l’Europe : Bogomiles en Bulgarie au Xe, Vaudois dans le Jura et les Alpes, Patarins en Italie, Cathares dans le Nord et le Sud Ouest de la France. D’une certaine manière plus l’église romaine se durcit, plus les hérésies pullulent. En revanche, se pose la question de leur nombre réel et de leur organisation.

Un christianisme médiéval dissident

Les historiens actuels peignent des individus pieux et charitables, engagés dans la vie de la cité. Face à « l’Eglise qui possède et qui écorche », les Cathares  affirment en effet incarner « l’Eglise qui fuit et qui pardonne », la seule fidèle à l’héritage des apôtres. Ils se caractérisent à la fois par la virulence de leur anticléricalisme (de leur opposition à l’église romaine et ses rites) et par leur évangélisme. Ils cherchent en effet à revenir à une lecture littérale des Evangiles.

Caractéristiques de cette dissidence

Pour Rome, les Cathares sont pires que les infidèles juifs et musulmans, car, ils interprètent le christianisme différemment. Ils contestent l’organisation de l’Eglise romaine mais aussi les sept sacrements. Ils n’acceptent que le baptême adulte, appelé « consolatum ».

Leur modèle de vie, les rites et les sacrements sont ceux des premières communautés chrétiennes. Ainsi, ils rejettent la médiation des saints, le culte des reliques et des morts, les prières (en dehors du Notre père) et toutes les pratiques instaurées par l’Eglise romaine tout au long du Haut Moyen Age. Ils s’opposent à la vie matérielle et charnelle.

Les Cathares poussent à l’extrême le sens du message des Écritures qui formule la croyance dans l’existence de deux mondes, l’un bon et l’autre mauvais.

Cependant ce ne sont pas des révolutionnaires. Ils ne souhaitent  en effet pas améliorer le monde.

Chateau de Foix

Les Cathares ont-ils seulement existé ?

 Les Cathares eux-mêmes ne se dénommaient que bons chrétiens ou bonshommes, apôtres, chrétiens ou chrétiennes.  Ceux qui avaient reçu le Consolamentum, sorte d’ordination, dénommés les Parfaits prêchaient. L’ensemble était coordonné par un évêque à la charge était géographiquement délimitée. A l’aube de la Croisade, on comptait alors six évêchés. L’Église catholique, l’Inquisition les qualifient d’hérétiques.

Dans des maisons ouvertes à la fois de couvents et écoles religieuses, séparées en communautés, d’hommes et de femmes, ils suivaient une règle de vie austère. Continents, abstinents, végétaliens, non-violents, individuellement pauvres, entraînés à la parole publique, à la prédication, instruits des textes sacrés, les Cathares parcourent les routes et enseignent. La vie exemplaire qu’ils mènent est un des outils les plus puissants de leur succès.

Si ces communautés hérétiques sont attestées dans l’histoire, le nom de Cathares apparait plus tardivement. Au XIIème siècle, le moine Eckbert Schönau, le premier ,l’utilise pour les hérétiques rhénans. Le terme surgit en France eulement au 19eme siècle. Dune certaine manière, le romantisme a en effet inventé le catharisme. Le régionalisme naissant va s’en emparer.

Noël à Londres

C’est bientôt Noël.

Aujourd’hui que serait la saison festive sans les « Christmas parties » ? de même les illuminations nous paraissent indissociables de cette période. Pourtant elles n’apparurent qu’après la deuxième guerre mondiale autour de Oxford Street. Si Selfridges décora les premières vitrines de Noel en 1909, il fallut attendre 1953 pour que la tradition prenne dans le West End. Les rues les plus illuminées se trouvent désormais autour d’oxford Street, Picadilly, Regent Street, Covent Garden, Carnaby.

Les célébrations contemporaine d’une fête chrétienne doivent néanmoins beaucoup à la période victorienne.

1/ Avant Victoria, Noël est une fête peu célébrée

  • La fête chrétienne reprend des traditions païennes de la fête du solstice d’hiver. Elle s’appuie notamment sur des traditions celtiques parmi lesquelles le gui, plante symbolique de paix et quasi sacrée, cueillie par les druides. Le gui faisait de la maison un asile ou il était interdit de se battre
  • Elle recourt également au répertoire chrétien. St Nicolas, martyr d’Asie Mineure, saint patron des enfants, des pauvres. Religieuse également, L’abréviation devenue si populaire avec la publicité Xmas repose sur l’utilisation paléochrétienne du Chrisme pour symboliser le Christ (lettre Xie grecque)
  • Quelques traditions culinaires apparaissent à l’époque Tudor (Moyen Age tardif) : les mince-pies, petites tourtes à la viande évoquent la mangeoire dans laquelle dormit l’enfant Jésus à sa naissance. Traditionnellement il convenait de manger 1 mince pie chacun des 12 jours séparant Noël de l’Epiphanie « Twelfth Night ». Les mince-pies se consomment toujours, accompagnés de vin chaud. Mais une garniture sucrée à base de fruits confits a remplacé la viande. Les petits pâtés de Pézenas rapportés par un cuisinier anglais doivent avoir un goût assez proche des mince-pies originels.

La même nuit de l’Epiphanie, une tranche de cake accompagnait un verre de punch. Cette tradition existe toujours pour les acteurs au théâtre royal de Drury Lane. Il semble qu’on puisse faire remonter à la même époque le don de boites de nourritures, pour les pauvres.

  • Les hymnes religieux apparaissent sous forme de carols au 15e. s. même s’ils ont été remaniés aux 18 et 19e . Ces chansons reprennent des chants de marins visant à obtenir une boisson voire des cadeaux. A la même époque, des pièces de théâtre illustrant la légende de St Georges et le dragon recourent à un comique un peu lourd. Les masques, inversions de rôles et de sexe annoncent également les pantomimes à venir. Ces représentations s’enrichiront d’apports de la commedia dell’arte et du répertoire des auteurs classiques.

Avec les puritains au 17e presque toutes les célébrations et surtout les libations sont écartées. Au même moment, apparait la figure du Père Noël, un vieil homme sage rappelant les temps heureux antérieurs à Cromwell.

Noël à Covent Garden

2/ Noël, une invention victorienne ?

La période victorienne a redécouvert de nombreux éléments d’avant le puritanisme pour les transformer en constitutifs de la fête moderne. Cette période a transformé la célébration religieuse antique de partage et de paix en une fête familiale.

Les choux de Bruxelles, un mets privilégié sur les tables le 25 Décembre
  • Ce sont d’abord les écrivains de l’époque victorienne qui ont revisité et réhabilité les chants et l’imagerie. Dans Christmas Carol, en 1856, Charles Dickens donne une vision idéalisée de ses mémoires d’enfance plutôt qu’une description des festivités contemporaines. Pourtant, on le considère aujourd’hui comme le père du Noël moderne. https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_chant_de_No%C3%ABl
Noël sur Oxford Street

 Ainsi la tradition qu’il établit du Noël Blanc repose sur une période particulièrement froide alors qu’il était enfant. Depuis cette mini glaciation, peu de Noel ont vu la neige à Londres. Son œuvre peignant la misère des enfants a aussi développé la tradition caritative de la période.

A la même époque, Clément C Moore rappelle la légende de st Nicolas dans le célèbre poème –   T’was The Night Before Christmas, (la nuit avant noël) à l’origine de l’actuel Saint Nicolas. Et avant que la publicité de coca Cola ne rhabille le personnage. https://www.poetryfoundation.org/poems/43171/a-visit-from-st-nicholas et en français http://touslescontes.com/biblio/conte.php?iDconte=720

  • Le siècle de Victoria marque également la naissance de traditions aujourd’hui indissociables de Noël. C’est aussi au 19e que le repas de Noel commence à se codifier.
  • En 1843  John Calcott Horsley envoie la première carte de Noël imprimée à Henry Cole directeur du V&A. Celui-ci popularise la poste à 1 penny favorisant les envois de cartes de noël (penny post)
  • En 1848, le journal Illustrated Llondon news publie une image du couple royal devant un sapin. Albert a rapporté cette tradition de son pays de naissance, l’Allemagne tout comme l’avait fait la reine Charlotte en 1800. C’est l’image qui va lancer la vogue de l’arbre décoré de douceurs et bougies.
  • A la même époque Tom Smith s’inspire des traditions festives parisiennes pour offrir des sucreries dans de petits paquets que l’on fait craquer. La vogue des crakers est née.
  • En 1846, les collecteurs d’ordures travaillent pour des entreprises privées. Ils vont peu à peu s’organiser pour recevoir des pourboires pour les fêtes : la tradition des Etrennes est née.
  • Dans les années 1870 le terme de Boxing day apparait dans le dictionnaire et les deux jours fériés sont accordés aux domestiques. Malgré différentes explications il semblerait que le mot boxing se réfère à la tradition de remettre des boites aux domestiques pour qu’ils les offrent à leurs familles.
  • Les pantomimes se codifient et s’inspirent désormais de contes de fées. Elles incluent peu à peu des numéros chantés et dansés et deviennent une attraction Populaire de fin d’année. https://www.york.ac.uk/news-and-events/features/pantomime/
  • Le repas de noël, consommé en début d’après-midi le 25 voit son menu se codifier lui aussi autour de la dinde ou du jambon et de ses garnitures (navets, choux de Bruxelles et carottes) accompagnés de sauce à la canneberge et au pain. Le Royaume-Uni devient dès lors le plus gros consommateur de ces petits choux apparus au 16es dans les Flandres et en Belgique.et facilement récoltable l’hiver. Encore très populaires, leur goût évoque aux britanniques la saveur de Noël. Le dessert se compose de Christmas pudding avec une sauce au Brandy. Que dire encore des « cochons sous la couverture »(saucisses coktail au lard) et autres délices anglais?

Le thé à Londres

Le thé, boisson traditionnelle chinoise depuis 3000 ans, n’apparait qu’au XVIIe s en Grande Bretagne. Il se diffuse au XVIIIe pour devenir à la fin du XIXe la boisson anglaise par excellence. Pourquoi cette prééminence alors qu’il est apparu en même temps que le chocolat et le café ?

Enseigne de Twinings, maison de thé à Londres

A l’origine du thé à Londres, le café au XVIIes

Pasque Rose, domestique d’origine grecque et sicilienne ouvre en 1652 la première maison pour déguster une nouvelle boisson, le cave près de St Michael Cornhill. Il accompagne la dégustation de la lecture de journaux.

1ere maison de café dans la City

Vers 1666, on compte près de 80 « maison de café » dans la city. Monsieur Lloyd a même l’idée d’échanger nouvelles et affaires dans son café de Lombard Street. Son café deviendra marché d’assurances. Cette vogue souffre néanmoins d’une forte taxation et de difficultés de stockage.

C’est dans ces cafés qu’apparait pour la première fois en Septembre 1658 une boisson chinoise, apportée par les marins hollandais et portugais. Le journal Mercurius Politicus, annonce la vente de Tcha ou Tee. Le marchand Thomas Garway le propose solide ou liquide dans Exchange Alley.

Ce Tcha se popularise rapidement malgré son coût et les admonestations des médecins et moralistes. En 1700, 500 cafés en vendent. Du coup, la couronne impose des taxes importantes. Monopole de la East India Company  (comme les épices et autres soieries), il reste précieux et onéreux et sa consommation limitée à une élite. On le consomme à la manière chinoise, noir et dans des tasses de porcelaine (alors inconnue en Europe).

Le thé l’emporte sur le café XVIIIes

La consommation de thé va augmenter par étape.

1/ Un mariage et une passion

 C’est d’abord En 1662 le mariage de Charles II avec la princesse portugaise Catherine de Braganza. Amatrice de thé, elle en fait la boisson à la mode à la cour puis dans la noblesse. La compagnie des Indes orientales s’enrichit. Mais, lourdement taxé, il reste une boisson très onéreuse destinée à l’élite. On le réutilise d’ailleurs de nombreuses fois, le dernier jus insipide étant laissé aux domestiques. On le conserve dans des coffres fermés à clé et sa consommation implique rapidement de nouveaux équipements, vaisselle, meubles, imités des Chinois. Dans les maisons riches le thé était servi cérémonieusement après le diner, pris tôt dans l’après-midi.

Tea time, au V&A

2/ Nouveaux lieux et équipements pour le thé

En 1717 by Thomas Twining ouvre une boutique de Thé pour les Dames. Son concept essaime très rapidement à travers le Royaume. D’autant plus que les salons de thé permettent aux femmes d’avoir une vie sociale sans chaperons et sans écorner leur réputation (après 1864). https://twinings.co.uk/pages/twinings-flagship-store-216-strand

Dans sa boutique, se presse l’élite londonienne. Parmi les personnalités, le peintre Hogarth. La légende raconte qu’il paya Thomas Twining d’un portrait, que l’on contemple toujours dans la boutique du Strand.

Dans la boutique Twining, le portrait du fondateur par Hogarth

Contrairement aux chinois les anglais utilisent des tasses avec anses et les manufactures de Wedgwood, Spode, ou Royal Doulton se développent. Les services se perfectionnent avec de petits pots pour le lait, le sucre.

3/Des lois pour favoriser la consommation de thé

 Pour contourner les taxes, le trafic illégal de thé frelaté augmente. A tel point qu’en 1784 William Pitt le jeune introduit  le Commutation Act. La taxe baisse  de 119% à 12.5%,.

Dès lors, le thé, plus simple à préparer que le café ou le chocolat, gagne toutes les couches de la société. Les Anglais le consommant avec du lait et du sucre, dont l’absorption augmente considérablement..

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Museum of London

Au XIXe Démocratisation du thé

Les lois Pitt rendant le thé accessible, les élites et le progrès technique achèvent de le démocratiser.

1/ le thé devient boisson à la mode

La légende raconte que Anna, 7e Duchesse de Bedford invente le Afternoon tea au début du XIXe. Trouvant le temps trop long entre diner et souper, souvent tardif dans les maisons élégantes, la duchesse a l’idée d’un thé accompagné de mets raffinés en fin d’après-midi. Elle invente donc la rencontre sociale autour du thé. Celui-ci se transforme en High tea dans les classes populaires où il devint le repas le plus substantiel de la journée. Tea shops et Tea garden deviennent à la mode dans la bonne société.

Tea shop, Museum of London

2/ multiplication des zones de production

Un nouvel essor est donné par la fin du monopole de la compagnie des Indes orientales sur le commerce asiatique en 1834. La compagnie envisage alors un repli sur l’Inde et y introduit la culture du thé jusque là uniquement chinoise. Lorsque les britanniques prennent le contrôle de l’Inde en 1858, la production de thé croit. Le thé indien remporta un vaste et rapide succès.

3/ Amélioration des circuits et techniques

La fin du monopole de la compagnie des Indes orientales en 1834 pousse en outre les compagnies à jouer la concurrence. Elles utilisent de fins navires à voile, les clippers, tel le Cutty Sark à Greenwich, pour acheminer au plus vite le thé d’Orient vers le Royaume Uni et faire les profits les plus importants. Cette concurrence mène à de véritables courses entre Américains et Anglais dont celle de 1860. Le gagnant devait être le 1er à accoster et décharger son thé sur les docks. https://www.rmg.co.uk/cutty-sark/history

Cette frénésie ne résiste pas à l’ouverture du Canal de Suez. Il laisse en effet passer de gros navires et réduit la longueur du voyage. Le coût d’un thé  produit maintenant  jusqu’au Sri Lanka diminue sensiblement. De ce fait la consommation augmente énormément. Le thé devient indissociable du mode de vie britannique. Les ventes connaissent un rebond dans les années 1970 avec l’introduction du sachet.

4/ Une boisson prisée par les gouvernements.

Le gouvernement tire au XVIIe et XVIIIe jusqu’à 10°/ de son revenu des précieuses feuilles. La cour au XVIIe puis la noblesse au XVIIIe se passionnent pour le thé mais  la vogue tient surtout au puritanisme. Le Considérant comme bonne antidote à l’alcool les élites victoriennes poussent sa consommation. Elles contribuent à la ritualiser. Tout fait alors l’objet de règles : Horaires, mets, qualité du thé mais aussi objets. https://www.tea.co.uk/history-of-tea

service et théières V&A

Dans les classes populaires, boire du thé représentait un marqueur social. Rapidement on considéra qu’il apportait réconfort et chaleur. Idée reprise pendant les deux guerres mondiales et toujours répandue aujourd’hui même si le thé est aujourd’hui sérieusement concurrencé par l’industrie de Flat White. (café au lait).

De l’importance du lait, céramique V&A

La Tour de Londres

Et pourquoi ne pas visiter la Tour de Londres ?

Vous me connaissez, je ne suis pas une grande fan des visites touristiques incontournables. C’est donc pour accompagner un de mes visiteurs qui avait très envie que j’ai accepté de dépenser 27 Livres pour visiter ce « must see ». Eh bien le croiriez-vous je n’ai pas regretté. Et même, je recommande chaudement cette visite aux néophytes, aux apprentis londoniens, aux amateurs de Moyen-Age, aux historiens en culotte courte, aux admirateurs de la monarchie et j’en passe. https://www.hrp.org.uk/tower-of-london/#gs.fndjfn

La tour de Londres, une visite haute en couleur et en verbe

Car la tour de Londres offre une belle demi-journée de découvertes en tous genres. Surtout lorsque l’on suit le tour guidé. Assuré par un Beefeater c’est une expérience haute en couleur. Ces officiers de carrière dévoués à la garde personnelle de sa Majesté mettent en scène l’histoire de la Tour et de la monarchie avec beaucoup de panache. Maniant avec brio Histoire et histoires ils donnent un aperçu coloré et très vivant de la chronologie depuis la fondation de la tour par Guillaume le Conquérant. C’est avec truculence que sont évoquées les heures sombres et sanguinaires des règnes de Henri VIII et de ses successeurs. A commencer par l’assassinat des femmes de l’impérieux souverain, notamment Anne Boleyn et Catherine Howard. La période révolutionnaire a, elle aussi, entaché l’histoire de la tour. Du complot des poudres avec l’exécution de Guy Fawles au Commonwealth, la tour de Londres a été un lieu de tortures, de prisons et d’exécutions.

Puis avec la restauration, les bâtiments ont été affectés à la monnaie et la vieille tour est devenue geôle. Aujourd’hui musée, elle accueille les visiteurs dans des bâtiments répartis dans un immense espace qui ressemble à un village, préservé de la grande capitale derrière ses murs séculaires.

Que voir à la tour de Londres

On va surtout à la  tour de Londres pour les joyaux de la couronne. C’est vrai qu’ils sont extraordinaires. Il est vrai aussi que les couronnes et sceptres du passé et du présent s’admirent depuis un tapis roulant pour éviter que les foules ne s’agglutinent trop longtemps devant les vitrines. Mais il y a beaucoup d’autres points d’intérêts dans la visite de la Tour.

Mur romain devant la Tour Blanche

D’un point de vue historique, cet immense espace qualifié de tour en raison de son donjon central ou tour blanche présente un panorama quasi complet de l’histoire londonienne. Au pied de cette tour blanche qui date de l’arrivée des normands, un pan de mur romain correspond à l’emplacement de la muraille de londinium. La tour blanche occupe 3 étages. Au-dessus des somptueuses caves, se trouve l’étage des officiers et gardes, puis celui de la cour et enfin les appartements royaux. Les immenses surfaces évoquent la puissance des normands. La chapelle romane est un morceau de France particulièrement beau et bien rénové en plein cœur de l’Angleterre. La tour présente également des armures des rois d’Angleterre.

les armures dans la Tour Blanche
Chapelle normande, un joyau roman

Autour de la tour, s’ouvre le musée de l’armée. Sur la grande place haute, des maisons géorgiennes hébergent encore les officiels du lieu. La belle demeure Tudor était le logis de la Reine. De la même place, on accède à l’église st Pierre aux Liens, lieu de sépulture des grandes figures médiévales. Les tours mènent aux remparts desquels la vue sur la city et la Tamise sont incomparables. Elles ont « accueilli » nombre de prisonniers.

Accès à la tour depuis le quai

D’autres salles rappellent le palais royal avec sa salle du trône, mais aussi la ménagerie. Dans les bastions extérieurs, l’atelier de la monnaie rappelle le rôle essentiel d’un de ses directeurs, le célèbre Newton.

Porte des Traitres et logis du roi

Bref une visite très touristique mais à la hauteur des attentes pour célébrer le 5 Novembre en compagnie d’un prisonnier célèbre Guy Fawkes ou au moment des festivités de Noël. https://londresmag.com/2019/11/04/qui-est-guy-fawkes-la-star-de-la-bonfire-night/

Les enfants abandonnés

Dans cet article sur les enfants abandonnés je voudrais partager un lieu étonnant et émouvant. Son influence s’étend à tout le quartier.

Face à la multitude d’enfants abandonnés dans l’Angleterre du XIXe siècle, quelques belles personnes ont tenté d’organiser des secours. On trouve la trace à la fois des enfants abandonnés et des philanthropes au petit musée Foundling ou musée des enfants trouvés mais aussi dans le quartier environnant. https://foundlingmuseum.org.uk/

Un musée hommage aux enfants abandonnés

Du vaste hospice fondé en 1739, il ne reste que ce joli bâtiment reconstitué lors du déménagement de l’hospice dans la campagne. Cette décision prise dans les années 1920 permit de libérer des espaces dans le centre de Londres pour financer un nouveau complexe.

La visite, édifiante, se révèle également très émouvante. Le musée occupe les 3 étages de cette jolie maison du 18e s.

Le rdc s’intéresse à la fondation de l’institution et son fonctionnement . Il s’axe aussi sur le destin de certains de ses pensionnaires. On y voit des objets de leur quotidien (lit, uniformes assiettes) et surtout les tokens. Ces tokens sont les petits témoignages déposés avec les nourrissons au moment de leur abandon. Ils attestent de l’extrême dénuement des mamans au moment de cette séparation. Ils jouaient le rôle de témoin et preuve dans les rares cas où les enfants étaient réclamés par la suite.

 Après la chambre du comité, et sur les 2 étages supérieurs, le musée regroupe des dons laissés par de généreux contributeurs, parmi lesquels le grand peintre Hogarth et l’immense musicien Haendel.

 Ce dernier a tellement marqué la capitale britannique qu’un autre musée lui est d’ailleurs consacré. Il s’agit de sa maison, voisine de celle d’ un autre musicien 2 siècles plus tard, Jimi Hendrix https://handelhendrix.org/

Des bienfaiteurs de renom

Avant l’escalier, on voit aussi la marche des soldats vers Finchley, un fantastique tableau de Hogarth dépeignant des soldats avinés courtisant des femmes de tous âges. Comme toujours, Hogarth excelle dans la peinture des mœurs. Alors peu connu, le peintre de genre eut l’idée de donner ses œuvres pour faire de l’hospice la première galerie d’art publique du pays et ainsi attirer les donateurs. Une exposition sur ce peintre ouvre d’ailleurs dans quelques semaines à la Tate Gallery. https://www.tate.org.uk/whats-on/tate-britain/exhibition/hogarth-and-europe

Au premier étage, on appréciera dans la galerie de peinture qui recrée l’originale, les portraits de différents gouverneurs. On admire surtout le fondateur de l’Institution Josef Coram peint par Hogarth, bien sûr. Bien que star de la collection, le tableau se cache pratiquement entre deux portes sur le mur le moins visible de la salle.

De là, on accède au grand salon, la pièce maitresse de l’édifice. Il a conservé toute sa beauté et son lustre du XVIIIe. On le considère comme la plus belle pièce rococo de la ville. Les moulures encadrent des tableaux religieux qui illustrent le destin des enfants trouvés, de leur abandon jusqu’à leur entrée dans des pensionnats religieux ou des familles.

Ici encore, Hogarth a offert un tableau représentant Moise. Le peintre se montre néanmoins moins à l’aise dans la peinture d’histoire que dans la peinture de genre. De petits tondos scandent le rythme des murs. Ils représentent les différents hôpitaux et organisations caritatives de la Londres du 18e. Parmi ceux-ci on distinguera charter house, une œuvre de jeunesse de Gainsborough encore un peu maladroite.

On accède alors au 2e étage consacré au musicien Haendel. Très engagé pour soulager les enfants pauvres, il a beaucoup œuvré ici. Cette collection est la plus importante consacrée au musicien. On y voit des originaux comme son testament, des écrits et partitions, mais aussi sa signature (dans un tiroir). Il suffit de demander à un bénévole, très serviable, de vous expliquer ce qui est exposé au moment de votre visite.

Des jardins mémoriaux

statue de Coram

Outre le musée, les terrains alentours rappellent la destinée de l’hospice des enfants trouvés. Juste devant le bâtiment, une statue de Coram nous interpelle. Il s’agit de l’une des statues parlantes de Londres (un QR code permet d’ « entendre » le personnage nous raconter sa vie). Juste derrière, une curieuse et touchant œuvre pourrait passer inaperçue. Il s’agit d’une petite moufle accrochée à la grille. Elle évoque les fameux tokens ou la présence fragile de ces petits êtres oubliés.

Le musée se trouve dans un écrin de verdure. Derrière le bâtiment moderne, qui retrace également le destin de ces enfants, se trouve un ravissant jardin public. Celui-ci correspond à l’ancien cimetière de st Georges. Des tombes évoquent encore l’histoire du lieu.

Devant le musée, s’étend un parc fermé par de grandes grilles. On y distingue la colonnade qui servait de préau aux petits pensionnaires. Fidèle à sa vocation première, le jardin est consacré aux enfants et l’on ne peut y entrer qu’accompagné d’eux. Juste devant les grilles, une niche accueillait justement les enfants abandonnés. Ils furent plusieurs milliers par an dans les pires années du XIXe. La tradition du quartier se perpétue avec l’hôpital des enfants malades qui occupe une partie des installations médicales du quartier jusqu’ au joli Queen square garden.

Coram Field

Pour parachever cette visite et plonger encore davantage dans le destin terrible des enfants pauvres de l’Angleterre victorienne on peut rejoindre, dans une rue voisine le musée maison Dickens. https://dickensmuseum.com/