Fun Bath

Voici un Fun Bath pour faire suite à mon précédent article sur Bath et à la conférence du 15 Juin. Il s’agit plus exactement de quelques anecdotes sur la ville. Celle-ci a connu deux étapes historiques principales.

Fun Bath dans l’Antiquité et au Moyen Age

La légende de Bladud

Tout commence avec la légende du roi Bladud, narrée par Geoffroy de Monmouth au 12es.

On en trouve la trace en divers endroits de la ville. Ainsi une statue de ce roi trône au « bain du roi » dans le musée des Thermes. Une statue du roi porcher et d’un cochon se tient sur le jardin le long de l’Avon. On voit souvent des cochons colorés derrière l’abbaye. Enfin les toits du Circus aménagé par John Wood l’Ancien sont décorés d’acrotères en forme de glands. Ces glands auraient nourri les cochons soigneurs du roi.

Des Bains romains et des vols

Les Romains voient vite l’intérêt des sources chaudes et vont aménager un magnifique complexe thermal. Redécouvert à l’époque géorgienne, puis remis au goût du jour à la fin du 19e, il abrite aujourd’hui un fantastique musée. Les audioguides nous régalent d’informations et pour les plus aventureux vous pouvez même écouter la version Bill Bryson. L’écrivain américain, amoureux de l’Angleterre, et si drôle, a déjà été plus inspiré malheureusement.

Dans le parcours, un peu théâtralement reconstitué, on croise quelques vestiges extraordinaires. Je tairai la rencontre avec les autochtones déguisés en esclaves pour me consacrer aux extraordinaires tablettes votives. Ecrites dans une langue vernaculaire, elles invoquent la déesse locale, Sullis Minerva, et lui demandent vengeance face aux voleurs de vêtements. Pour ceux qui n’avaient pas les moyens de confier à un esclave leurs habits dans l’apodyterium (vestiaire), il arrivait en effet qu’ils ne retrouvent pas de quoi se vêtir à la sortir. D’où ces imprécations.

Fun Bath médiéval

Peu de vestiges attestent de la période médiévale à Bath. Il faut chercher pour trouver un pan de mur  sur Upper Borough Walls et Old Orchard Street, et une maison à colombages sur Slippery Lane .

A cette époque on n’aime pas l’eau, on construit sur les bains oubliés. La ville romaine disparait. Pour éviter les maladies, on boit de la bière. A ce propos savez-vous qu’il a fallu attendre 2016 pour que l’eau de Bath soit embouteillée et donc consommable à l’extérieur ? https://bathwater.co.uk/about-us/

Néanmoins, Reconstruite à plusieurs reprises, l’abbaye vaut d’y passer un bon moment pour admirer quelques détails exceptionnels.

Eventail et anges déchus de l’Abbaye

La magnifique voûte en éventail n’est pas unique à l’architecture britannique. Elle correspond en revanche à l’âge d’or du gothique anglais. Ce gothique tardif (début du 16e siècle) se distingue en effet des interprétations tardives françaises (gothique flamboyant) ou vénitiennes par exemple (gothique fleuri du Palais des Doges). Il est dit « perpendiculaire » et se distingue par ses nervures fines, les nombreuses verrières scandées de meneaux verticaux, et la délicatesse de ses formes.

Outre ce plafond admirable, l’abbaye de Bath est particulièrement lumineuse et claire du fait du nombre important de vitraux (52). Son pavement formé de dalles funéraires attire l’attention. Il vient d’ailleurs d’être surélevé de manière à équiper l’église d’un révolutionnaire système de chauffage hydrothermique au sol.

Enfin, cette abbaye présente une particularité sculpturale : la façade Ouest est en effet ornée de deux échelles de pierre qui illustrent le songe de Jacob. Des petits anges montent et descendent, certains précipitamment ces échelles.

La période géorgienne

La période qu’on appelle géorgienne correspond au règne des quatre rois George au 18e siècle, et à l’apogée de Bath.

La ville devient à la mode.  

Avec la Reine Anne et le changement dynastique, la ville change de statut. Les grands architectes y innovent et la bonne société londonienne y hiverne et y crée la notion de villégiature. C’est une société du plaisir où l’on ne songe qu’à danser, parader, paraitre, jouer.

Malgré quelques anachronismes la série Bridgerton donne un compte rendu assez pertinent de la vie à l’époque géorgienne. En effet, étiquette stricte et raffinement y côtoient une dégradation des mœurs et fin de règne sous un George III devenu fou.  

Des personnages qui vont magnifier la ville

L’un des personnages importants de Bath au 18e était très laid, cela n’aurait aucune importance s’il n’avait répondu au nom de Beau Nash. Cet arbitre du goût et de l’élégance compte parmi les noms de la ville avec Ralph Allen. Riche entrepreneur, spéculateur de génie, celui-ci occupa des fonctions municipales et fit construire nombre de bâtiments emblématiques. On lui doit, ainsi qu’au grand architecte Robert Adam, le Pulteney Bridge. Sa propriété au jardin dessiné par le grand Capability Brown s’enorgueillit également d’un des 4 ponts palladiens d’Angleterre (avec Stourhead, moins joli, Stowe et Wilton). Le trio d’hommes importants est complété par le duo John Wood l’ancien et le jeune, architectes révolutionnaires et créateurs du cirque et du croissant, deux inventions urbanistiques qui changeront l’architecture anglaise. Ce sont eux et non Jane Austen que l’on célèbre à tous les coins de le ville qui ont véritablement marqué la ville. https://janeausten.co.uk/blogs/authors-artists-vagrants/ralph-allen-and-john-woods-elder

L’invention du croissant

Effectivement, Wood père et fils, ont marqué Bath et l’architecture anglaise pour des siècles. En effet, au Circus ils s’inspirent à la fois du Colisée romain et de Stonehenge pour construire une place elliptique . Derrière la façade monumentale et uniforme, s’alignent des logements locatifs. L’idée est reprise sur le Crescent qui propose le premier alignement de logements loués à la saison, homogénéisés par une même façade aux allures palatiales. Ce coup de génie sera répété maintes fois dans les Crescent et Terraces anglais. http://royalcrescentbath.co.uk/History%20bath.htm

L’époque géorgienne redécouverte

 Du coup, le Crescent nous révèle des détails croquignolets sur la vie de la bonne société géorgienne. Il en va des produits de luxe comme le sucre, le thé ou l’ananas. Au number One Crescent, Des bénévoles expliquent les détails de la vie. Ils renseignent ainsi sur l’utilisation des perruques et des gratte poux, nombreux sous les perruques. Certains expliquent l’usage des robes jamais lavées et portées d’abord par les Dames, puis par les servantes et enfin par les prostituées. Dautres évoquent les spécialités culinaires, tel le bun, cette petite brioche, typique de Bath.

Pour retrouver tout cela dans de belles balades, une foule d’auto tours de qualité sont disponibles sur you tube:

https://www.gpsmycity.com/tours/bath-introduction-walking-tour-3588.html

https://visitbath.co.uk/things-to-do/tours-and-sightseeing/self-guided-tours