Kanchipuram

Située à une bonne heure de route de Chennai, Kanchipuram offre une belle idée de visite pour la journée.

Cette ancienne capitale des Palavas a vécu son heure de gloire du VIe au VIIIe siècle, Riche en temples, c‘est une ville sacrée et une des 7 villes saintes d’Inde. Pourtant certains temples sont plus tardifs et datent de l’Empire Chola (comme celui de Thanjavur) ou celui des Vijayanagar.

Aujourd’hui, cette ville poussiéreuse et bruyante a perdu de sa superbe et il faut fouiller dans le chaos pour y trouver du charme et y repérer les temples les plus importants. Si la ville en a conservé énormément, peut-être pas les 1000 vantés par les guides touristiques. En outre, tous ne valent pas la visite. Dans leur majorité, les prêtres locaux sont traditionnalistes, peu sympathiques et réfractaires à la présence d’étrangers. Il vaut donc mieux ne pas tenter d’enfreindre leurs ordres.

Quelques temples incontournables

Des agences proposent des matinées de folie à Kanchipuram en faisant visiter dix temples. Ce qui implique un lever aux aurores, car les édifices religieux ferment entre 12.30 et 16h. Néanmoins, tous ne sont pas incontournables et pour éviter la saturation, voici une petite sélection maison.

Perumal Temple reservoir, Kanchipuram

Kailasanatha Temple,

 On peut commencer par Kailasanathar, temple du VIIe s dédié à Shiva. C’est donc l’un des premiers à avoir été bâti avec une base en granit supportant sa structure imposante. C’est surtout l’un des plus anciens de Kanchipuram. Il apparait comme un modèle d’architecture dravidienne. Il contient des préaux aux beaux piliers sculptés. Un vimana surmonte le sanctuaire central entouré de 9 sanctuaires. Tout autour de la cour carrée se trouvent 28 cellules avec des fresques particulièrement anciennes.  Le temple est aussi connu pour ses nombreuses et très précoces inscriptions.

Varadharaja Perumal Temple,

À l’est de Kanchipuram. On le repère de loin en raison de sa taille et surtout de la hauteur de la gopuram d’accès. Ce temple est particulièrement réputé pour son mandapam aux somptueuses sculptures du 8eme siècle. Considéré comme un musée, on accède à ce hall aux 100 colonnes moyennant un paiement. En revanche, après avoir payé, admiré, photographié ce mandapam et les gopurams d’entrée, le clergé local, particulièrement radical, refuse farouchement l’accès des non hindous aux sanctuaires.

L’immanquable

Ekambaranathar

C’est l’un des temples les plus célèbres et l’un des plus grands du Tamil Nadu. Il est dédié à Shiva sous sa forme Ekambareswara, terrestre. On a un peu l’impression de rentrer dans un immense enclos en jachère, d’où surgissent des sanctuaires plus ou moins entretenus.

Nandi, Temple Ekambaranathar Kanchipuram

Ainsi, en partant sur la gauche, un réservoir vide précède un mandapa aux magnifiques sculptures. L’’état général des lieux et les odeurs attestent d’une fréquentation limitée.

piliers sculptés du mandapam Kanchipuram

En revanche, si l’on part tout droit après la première gopuram, on rentre dans le saint des saints. Les marchands du temple vous attendent et se succèdent jusqu’au mandapam vibrant d’animation. Là, on peut vous accoster pour vous proposer de pénétrer dans le sanctuaire. Sous l’œil goguenard et bienveillant du prêtre ravi d’assister à un échange de billets qui lui profiteront, l’étranger mécréant est admis. Il peut alors longer librement l’immense corridor bordé de lingams. De petits autels et des chariots et statues processionnels rangés mènent jusqu’à une courette dans laquelle survit un manguier soi-disant tri centenaire. L’on contourne ainsi le sanctuaire sans véritablement y entrer mais en attrapant une idée de l’atmosphère sacrée et de l’immensité du lieu.

Bien qu’initialement érigé sous l’Empire des Pallavas, il fut entièrement détruit et reconstruit à la fin de l’ère des Cholas. Au fil des siècles, la structure du temple a été améliorée, notamment par les rois Vijayanagar au 15ème s).

Au-delà des temples, la ville

le berceau, Kanchi Kudil, Kanchipuram

Pour les amateurs d’ethnologie, Kanchi Kudil, est une belle maison transformée en musée. On peut visiter moyennant une petite obole. Les pièces de vie d’une famille au sens large vivant sous le même toit sont bien préservées. De belles explications concernent justement la cohabitation dans le Tamil Nadu agricole. On y comprend mieux les stratégies de préservation des terres au sein d’une même famille. On y voit aussi les toits caractéristiques de la région à 7 épaisseurs de tuiles.

Le musée ethnographique de Kanchipuram

Kanchipuram est aussi connu pour sa soie de murier. Cinq mille familles travaillent a la fabrication de saree traditionnels. Malheureusement, les ateliers souvent petits ont migré hors de la ville et les invitations a voir le travail du tissage vous mènent immanquablement dans de grandes boutiques. Pour le reste pas mal d’animation dans la ville.

Kanchi Kudil, maison musée de Kanchipuram

Pour des raisons pratiques, il vaut mieux partir a la journée avec un chauffeur ou un ato. cf article transports et circulation-Les distances peuvent être longues, la touffeur insupportable. Il est parfois difficile de s’orienter dans cette ville poussiéreuse et un chauffeur voire un guide peut donner du sens à cette découverte.

Mahabalipuram

Mahabalipuram ou Mamallapuram est l’un des grands sites du Tamil Nadu, voire le plus connu. Il est d’ailleurs classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Ce fut, entre le Vème et le VIIIème siècle, la grande ville portuaire des Pallavas. Cette dynastie avait établi sa Capitale à Kanchipuram. La ville tire d’ailleurs son nom du Roi Pallava, Narasimha Varnam 1er, surnommé « Mamalla » (le grand guerrier).

Outre le fameux bas-relief de 27m sur 9m, la Descente du Gange, de nombreux temples ont été taillés directement dans les falaises de granit entre les 7eme et 8emes siècles.

Mamallapuram est un site compliqué si on l’aborde sans préparation. Alors, pour mieux le comprendre, voici les 5 zones à ne pas manquer.

On peut acheter un ticket global a la première entrée (notamment aux temples du rivage) qu’il faut composter à chaque guichet.

La motte de beurre et autour

 On peut commencer, ou finir, par Le butterball ou motte de beurre, rocher qui se tient en équilibre depuis plus de 1200 ans. Cette boule de granit de 6,5m pèse 250t et ne bouge pas. Plusieurs théories farfelues expliquent ce prodige. Certains ont invoqué des extra-terrestres. La légende raconte que le fils de Krishna aurait volé du beurre, l’aurait envoyé dans le ciel puis fait tomber sur terre.

Cependant, une explication plus scientifique considère que La friction entre la base et le rocher le maintient en place. De plus, c’est la seule roche non sculptée par les Pallavas.

 En contrebas, des reliefs ornent des roches monolithes. Puis, en remontant derrière le temple de Ganesh, deux temples en hauteur dédiés à Shiva.

Une fois monté vers la Grotte de Trimurthi, on voit des sculptures de Brahma, Vishnu et Mahaeschwara. De là, On rejoint le phare, qui offre une belle vue sur la plage.

L’impressionnant relief de Mahabalipuram, la pénitence d’Arjuna

En sortant côté motte de beurre et en longeant sur la droite, on accède au Krishna mandapa. Il s’agit d un pronaos excavé avec des sculptures impressionnantes. Des reliefs illustrent la traite de la vache sacrée et Krishna élevant la fille de Govarghana.

Juste avant d’y accéder, se déroule l’exceptionnel relief de 27x10m, taillé dans un énorme roc de granit. Ce chef d’œuvre de l’Art Antique indien date du VIIème siècle. Les spécialistes le considèrent comme le plus grand relief du monde. Selon l’interprétation, on l’appelle Pénitance d’Arjuna ou descente du Gange. Ce bas-relief représente une multitude de scènes de la mythologie hindoue ainsi que des scènes de la vie quotidienne.

Au centre de l’œuvre, des naga (serpents mythiques capables de prendre une forme humaine) s’insinuent dans une crevasse, dans laquelle coulait autrefois de l’eau. Elle symbolise le fleuve sacré, le Gange. Ce relief illustrerait en fait un passage du Mahâbharatha.

Sur la gauche, on repère aisément un homme qui se mortifie, debout sur une jambe, les deux bras en l’air. Et là, deux interprétations s’opposent :

  • Pour les uns, il s’agirait d’Arjuna, le héros de la fameuse épopée du Mahâbhârata. Celui-ci ferait pénitence afin d’obtenir du Dieu Shiva (debout à sa droite) le Pasupatha Astra, l’arme la plus puissante de Shiva. Elle permet de tuer les Dieux. Dans l’épopée, Arjuna la désire pour vaincre ses cousins les Kauraves.
  • D’autres défendent l’idée que l’homme faisant pénitence, serait le Sage Bhagîratha. Celui-ci souhaite obtenir du Dieu Shiva, qu’Il fasse couler l’eau du Gange sur la Terre.

Les 5 Rathas

 Plus loin, en continuant la route jusqu’au bout de Mahabalipuram, on atteint un autre enclos avec Les 5 rathas, référence aux 5 frères pandavas ou 5 panchas (5 en sanskrit). Il s’agit d’un ensemble de petits temples creusés directement dans la roche, du haut vers le bas. Le Roi Pallava Narsimha Varman I (630-668 après J.-C.), a construit ces édifices monolithiques aux VIIème et VIIIème siècles. Plus exactement il les a fait excaver.

Les Cinq Rathas portent les noms des légendaires Pandavas, les frères qui se battent contre leurs cousins Kauraves dans le Mahâbhâratha: Yudhistara, Arjuna, Bheema (grand chariot rectangulaire), Nakula & Sahadeva et de leur épouse commune Draupadi (à l’entrée). Ces édifices incomplets n’ont pas été consacrés. En revanche, ils ont été creusés comme des modèles, et n’étaient pas utilisés pour le culte.

Les statues d’un éléphant (le véhicule d’Indra), du lion (le véhicule de Durga) et du taureau Nandi (le véhicule de Shiva) jouxtent les rathas.

Le clou de Mahabalipuram, les temples du rivage

 De l’autre côté de la route et près de la plage, se dressent Les temples du rivage. Ce sont 2 fantastiques temples pyramidaux dédies à Vishnou et Shiva. Une magnifique allée de taureaux Nandi (monture de Shiva) y mène.

Ce sont les plus anciens temples construits du Tamil Nadu. Ils s’opposent en cela aux temples précédents taillés directement dans la roche ou creusés.

 La construction de ceux-ci daterait de 700-728 ap JC, à l’époque où Mahabalipuram était une importante ville portuaire, sous le règne des Pallavas. Ce processus témoigne de la cohabitation des deux courants principaux de l’hindouisme. 

 Deux sanctuaires sont dédiés au Seigneur Shiva. Le plus grand se dresse a 18m avec son lingam symbole de Shiva et haut relief de Somaskanda (le trio Shiva, son épouse Parvati et leur fils, Skanda). Le second est consacré est consacré à Vishnu, représenté dans sa posture couchée, sur le serpent Sesha. Le troisième est arrasé. Le dernier grand tsunami a mis a jour les vestiges d’autres temples aujourd’hui recouverts par la mer et le sable.

Les sculptures qui ornent les tours sont nombreuses et délicates.  Un lion se dresse au milieu de l’ensemble, Vahana, monture de la déesse Durga.

Les deux temples encore debout, très bien conservés sont certainement le lieu le plus célèbre du Tamil Nadu. L’affluence des Week-ends et jours fériés peut donc dérouter.

Brixton

Brixton n’est plus le quartier jamaïcain synonyme de révoltes des années 1980. La commune s’est regénérée ces dernières années. Néanmoins, de nombreux lieux rappellent son passé plus populaire.

 Brixton, capitale de la musique et berceau de David Bowie

On peut arriver à Brixton à pied depuis Vauxhall et Little Portugal après avoir goûté des pastel de nata. Mais le moyen le plus simple reste le métro ou le train. Tout autour des deux gares, le quartier se gentrifie très vite. Le dimanche, les bars à la mode affichent complet.

Le long de la grande artère, Brixton Road, le premier department store du pays, ouvert en 1877« le bon marché », propose aujourd’hui des brunchs au prosecco. Il attire les jeunes gens huppés de la capitale. Car les quartiers sud ne font plus peur !

Cet ancien grand magasin faisait l’angle de la rue Ferndale et était relié au bâtiment de l’autre coté de la rue par un tunnel. En effet, c’est dans ce dernier que logeaient les employés.

Plus loin, à l’angle de Brixton road et rue Tunstall, une énorme fresque de Jimmy C rend hommage à l’enfant chéri de Brixton, David Bowie. Le grand musicien est en effet né et a passé son enfance au 40 Stansfield Rd.

De l’autre coté de la route, les murs soutenant les rails sont ornés de peintures colorées. Un marché s’y tient le dimanche. En revanche, Electric road en accueille un tous les autres jours de la semaine. Cette rue, la première d’Angleterre illuminée par l’électricité, en 1888 a conservé  une animation née des vagues migratoires. On y trouve, sous les canopés victoriens, de magnifiques étals de fruits et produits exotiques mais de plus en plus rarement jamaïcains.

Dans Brixton market, les boutiques offrent des denrées de pratiquement tous les coins du globe. Les marchés et arcades du quartier valent vraiment la balade et l’arrêt gastronomique. Un autre enfant du quartier (sur cold Harbour rd)a lui un lien avec le monde politique : John Major fils d’un Monsieur Loyal devenu comptable.

Brixton, ville jamaïcaine

La place principale de Brixton s’articule autour de constructions de la fin du 19e et des modernes archives noires https://blackculturalarchives.org/  (1981). Son nom Windrush square se réfère au bateau HMS Windrush qui, en 1948, amena  dès après le Nationality act la première génération de Jamaicains pour aider à la reconstruction du pays. Cette vague migratoire s’arrêta en 1971 avec l’Immigration Act. La lumière s’est braquée sur cette communauté avec les émeutes de 1981. Plus récemment, le scandale de 2018 a mis en cause la légitimité de ces jamaïcains venus légalement .https://www.youtube.com/watch?v=Q4SIP7EZze4

Un magnifique roman de 2004 illustre la tragédie des Jamaïcains venus aider la mère patrie : Small Island par Andrea Levi , https://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/05/09/couleur-peau-andrea-levy/

Sur la place, la statue de Henry Tate rappelle que l’inventeur du sucre en morceau a aussi été généreux. Il a offert sa collection de tableaux à la nation, la fameuse Tate Gallery. Brixton lui doit l’une des premières bibliothèques publique et gratuite.

A coté de ce bâtiment, le Ritzy fut le premier cinéma construit en tant que tel. A l’origine, un théâtre faisait face à l’hôtel de ville qui a conservé son haut beffroi. Des institutions musicales l’entourent : la Brixton Academy et Electric Brixton. https://www.electricbrixton.uk.com/. De nombreux grands groupes y sont passés.

Brixton champêtre

Outre les marchés et rues commerçantes, il existe un Brixton vert. Pour le trouver, il suffit de rejoindre Matthew’s Church, également appelée Waterloo Church. Cette église commémorative est devenue bar. Brixton Hill devient plus champêtre avec des petites maisons et de la verdure. On rejoint alors Blenheim Gardens où se trouve une jolie poste victorienne, toujours en activité depuis 1891. Le jardin au bout de la rue nous plonge dans la campagne avec son moulin qui a fonctionné de 1846 à 1934 . https://www.brixtonwindmill.org/visit/

 Juste derrière les bâtiments pénitenciers rappellent la triste réputation de Brixton.

On peut alors marcher vers le parc de Brockwell en rebroussant chemin le long de Brixton Hill et en empruntant la jolie Brixton Water lane. https://beta.lambeth.gov.uk/parks/brockwell-park

 Ce parc très plaisant permet de passer un bel après midi dominical entre serres, jardins communautaires, café et Lido. Cette très belle piscine en plein air a gardé des éléments art déco. De là, on peut finir l’après midi au Herne Hill Market et y prendre le train.

Ecrivains londoniens

Voilà de quoi découvrir les grands écrivains londoniens et se régaler de littérature.

 Je n’évoquerai ici que quelques écrivains anglais connus en France qui ont vécu à Londres. De fait, je vous propose de retrouver les plus célèbres de ces écrivains anglais dans leurs parcours londoniens.

Un détour par la Bibliothèque nationale s’impose si vous voulez découvrir des manuscrits authentiques. https://www.bl.uk/ Des expositions saisonnières dévoilent de véritables chefs d’œuvre.

Des écrivains londoniens

Virginia Woolf 1882-1941

On suit l’auteur de Mrs Dalloway à la trace dans le quartier de Bloomsbury. Elle a pratiquement habité toutes les places du quartier où s’est formé le groupe des quatre. Ce Bloomsbury group rassembla artistes et intellectuels  au tout début du XXe. Il se composait de Thoby Stephen et ses amis de Oxford, Lytton Stachey, Leonard Woolf et Clive Belle qu’il présenta à ses deux sœurs Virginia et Vanessa.

On retrouve les panneaux bleus indiquant la présence de Virginia au 46 Gordon sq, au 29 Fitzroy Squre et au 52 Tavistock square, ainsi qu’une très vilaine statue dans le  jardin au centre de la place. https://visitesfabienne.org/bloomsbury/

Pour les inconditionnels de Virginia Woolf, la visite de son cottage  Monk’s House, dans le Sussex vaut également le coup  https://www.nationaltrust.org.uk/monks-house

Dickens 1812-1879

On peut suivre Dickens à travers Londres. L’immense écrivain arpentait en effet les rues sans se lasser. Il aurait par exemple évoqué la old Curiosity shop dans le livre du même nom. Ce, batiment du 16es, probablement le plus ancien magasin de la ville,  a miraculeusement survécu au grand incendie de 1666 et aux bombardements. Situé à l’angle de Lincoln’s Inn Field,la vieille maison à colombage et pans de bois fait aujourd’hui partie de LCI.

 Non loin de Coram Fields se situe l’une des demeures de Dickens transformée en Musée. Celui-ci nous offre une jolie plongée dans un intérieur bourgeois du 19e siècle mais aussi et surtout dans l’œuvre littéraire et engagée du grand romancier. https://dickensmuseum.com/

Des écrivains qui rencontrèrent le succès à Londres

Beaucoup de grands noms de la littérature anglaise ne sont pas nés à Londres mais y ont fait carrière. Retrouvons les plus connus des lecteurs français.

 Shakespeare

Bien sûr on ne peut parler des écrivains anglais sans évoquer le monument national. Il hante chaque recoin de sa charmante cité natale , Stratford upon Avon. Les jolies rues et ravissantes maisons sont devenues un véritable Shakespeareland. https://visitesfabienne.org/stratford-upon-avon/

Si la foule et le folklore vous rebutent, ne boudez pas votre plaisir néanmoins au Globe. Ce théâtre reconstitué par les soins d’un américain passionné, Sam Wanamaker, vaut vraiment la visite. Celle-ci est assurée par des comédiens exceptionnel et le tout se révèle passionnant. Encore mieux, il faut assister à une pièce l’été, debout dans les conditions de l’époque. https://www.shakespearesglobe.com/visit/

Pour se faire une idée du personnage, son portrait se trouve à la National Portrait Gallery, un musée tout à fait passionnant en plein cœur de Londres.

Sir Arthur Conan Doyle 1859-1930

Bien qu’il n’ait pas beaucoup vécu à Londres, le célèbre médecin et écrivain Sir Arthur Conan Doyle, ou plus précisément son encore plus célèbre héros, Sherlock Holmes, s’y voit gratifié d’un musée. Protagoniste de plus de 50 nouvelles,  le détective , doublé de son ombre Watson est en effet au centre de reconstitutions très touristiques au 221 B Baker Street. https://www.sherlock-holmes.co.uk/

Sur plusieurs niveaux, on retrouve l’univers familier de Sherlock Holmes : pipe, chapeau de chasse (le fameux « Deerstalker »), jamais décrit par l’auteur mais rendu célèbre dans les premières illustrations  mais aussi violon, matériel de chimie.

On retrouvera également l’ambiance des romans policiers au pub Sherlock Holmes, à Charing Cross. Le décor y restitue le bureau du célèbre détective..

Sir Winston Churchill (1874-1965)

Héritier d’une immense famille, l’homme reste lié à sa demeure ancestrale : https://www.blenheimpalace.com/visitus/sir-winston-churchill/

Pour autant, l’écrivain a essentiellement écrit dans sa demeure de Chartwell https://www.nationaltrust.org.uk/chartwell

Enfin,  on suit l’ homme politique et orateur de talent à maints endroit de Londres. Sa statue fait face aux Houses of Parliament. Mais il a aussi beaucoup marqué les war rooms. https://www.iwm.org.uk/visits/churchill-war-rooms

Je n’ai évoqué ici que quelques noms célèbres et vous propose de nous retrouver la semaine prochaine pour d’autres idées de parcours littéraires.

Quartiers littéraires

On peut commencer cette évocation des quartiers littéraires dans quelques-unes des très belles librairies londoniennes : https://www.hatchards.co.uk/page/our-history

Ou encore : https://dauntbooks.co.uk/

La grande chaine Waterstones allie rayonnages de livres et cafés. Certaines de ses librairies sont particulièrement achalandées.

De nombreux écrivains anglais, de passage à Londres, y sont rappelés par les célèbres plaques bleues. .

Bloomsbury

Bien sûr la zone qui s’étend autour du British Museum, jusqu’à l’actuelle British Library a  constitué l’un des quartiers littéraires majeurs à Londres. Ce, particulièrement au début du XXe avec le célèbre groupe de Bloomsbury. J’ai déjà évoqué ce groupe autour de la personnalité de Virginia Woolf.

 Leicester Square et Agatha Christie

La grande dame du policier anglais est toujours restée attachée à sa ville de naissance, Torquay.

 Néanmoins, elle a passé quelques années dans la capitale.

Outre ses romans policiers, Agatha Christie s’est illustrée dans l’écriture théâtrale. D’ailleurs, au St Martin’s Theatre se joue la pièce au plus grand nombre de représentations consécutives au monde, The Mouse trap. Non loin de là, à l’angle de Great Newport Street et Cranbourn se tient le mémorial de l’auteur de Dix petits nègres.

Celle-ci a notamment habité un extraordinaire immeuble moderniste et ruche d’intellectuels de Hampstead. Ce bâtiment est particulièrement intéressant pour les amateurs du Bauhaus. Il renseigne amplement sur la vie de la célèbre romancière.

Immeuble Isokon

Hampstead, le roi des quartiers littéraires

l’auteur du Livre de la jungle, Rudyard Kipling, est né et a passé son enfance à Bombay . Il a ensuite suivi le reste de sa scolarité en Angleterre. Ecrivain prolifique, il a écrit romans , poèmes, nouvelles, chroniques de gazettes et journaux.. Sa maison de cœur se trouvait dans l’East Sussex . Pour autant, Kipling vécut aussi à Hampstead, dans un joli cottage de Paradise Valley. Surtout il fréquenta Burgh House,où habitait sa fille. La maison abrite aujourd’hui un charmant petit musée.

Comme dit plus haut, Agatha Christie a aussi logé à Hampstead.

Tout comme John Keats, dont la maison reconstitue un intérieur Régence. Non loin de Keats Grove,  sur Willow Drive, Ian Fleming s’est opposé aux constructions brutalistes de son ennemi Goldfinger. Leur conflit de voisinage est à l’origine de l’une des descriptions de méchant les plus réjouissantes de la littérature d’espionnage.

Plus glamoureuse, Daphne du Maurier a habité la somptueuse demeure familiale sur les hauteurs de Hampstead. Elle se dresse non loin de la maison (sur Vernon Mount) où Robert Louis Stevenson a trouvé une «  délicieuse source d’inspiration ».

Maison de Stevenson

Enid Blyton,  également résidente de Dulwich et Chelsea,  y a écrit quelques opus de sa très copieuse production enfantine. Que serions-nous en effet devenus sans « club des 5 » « Oui oui » ou  « Le clan des 7 » ?

Lytton Strachey, Lord Byron, TS Eliot, DH Lawrence, ont  également trouvé de quoi écrire de grandes pages dans ce quartier huppé et arboré

Mieux que tout ce que je pourrai dire, voici un autotour sur les traces des écrivains qui ont vécu à Hampstead.

Islington

Le charme bucolique d’Islington a également inspiré quelques auteurs.

Sur Canonbury Square, on voit les plaques bleues indiquant la résidence de George Orwell et Evelyn Waugh qui ont aussi habité un temps Hampstead. John Betjeman, lui aussi résident de Hampstead et ardent défenseur du patrimoine, a écrit de jolis poèmes sur le quartier de ses parents.

Mary Shelley, connue pour sa créature Frankenstein y passa une partie de sa vie ainsi que sa mère. La célèbre féministe Mary Wollstonecraft y a même une statue, sur Newington Green.

Chelsea

Il faudrait encore tout un article pour parler des célèbres écrivains de Chelsea, tels Thomas Carlyle mais l’idée ici était de se cantonner aux auteurs connus de tous.

Ainsi, vous pourrez y suivre les aventures de Ian Fleming et son célèbre héros James Bond.

Le charme de Chelsea a aussi attiré de grands auteurs tels Oscar Wilde ou Samuel Beckett.

Pour mieux savoir qui a habité où, voire qui était qui, je vous recommande ce tour gratuit dans les pas des écrivains qui ont marqué le quartier.

St Pancras

Enfin, je ne résiste pas à l’idée de vous rappeler la présence de Thomas Hardy à la vieille église St Pancras. Pourtant, l’auteur de drames romantiques n’était pas londonien. Il n’aimait pas la ville et y a peu vécu. Il s’est néanmoins marié à Kensington et y a laissé une trace… peu littéraire mais étonnante…

 En effet, l’auteur de « Tess d’Uberville » , a travaillé en tant qu’architecte à l’église st Pancras. Il s’est ainsi vu confier la tâche de regrouper les tombes déplacées de l’ancien cimetière pour faire place à la construction du chemin de fer de l’Ouest. En regroupant une certain nombre de stèles au pied d’un arbre épargné par la fièvre constructive, il a donné naissance à un arbre du plus grand romantisme.

Misère victorienne

Le XIXème correspond à l’apogée de l’Empire britannique mais aussi à l’explosion de la misère victorienne.

Mosaique sur les quais de la Tamise

 Londres passe de 1 à 7 Millions entre 1800 et1900. La ville s’étend vers l’est, l’ouest, le sud, le nord et devient un centre d’immigration . Elle attire aussi bien les Irlandais chassés de leur ile par la famine que les pauvres fuyant l’Europe de l’Est. Elle devient également le centre d’un Empire énorme et agit comme un aimant.  

la misère victorienne : l’espérance de vie dans l’East End, musée de la guerre

 Si la ville se modernise et s’agrandit énormément, Les zones se déterminent. A l’ouest, les quartiers huppés, aérés, profitent des collines et grands parcs, Ils bénéficient de leur éloignement des usines polluantes. Les vastes résidences bordent de grandes avenues arborées. La différence se creuse avec les autres quartiers, défavorisés.

Musée de la guerre

Des quartiers marqués par la misère victorienne

La misère victorienne à l’Est

Les quartiers insalubres, reçoivent les déjections charriées par la Tamise et subissent les fumées des usines. La pollution industrielle atteint son apogée à l’époque victorienne créant le fameux fog  décrit dans les romans. La Tamise elle-même n’échappe pas à cette intense pollution qui mènera à l’épisode de la grande puanteur en 1858. Pour pallier ce type de pollution et les épidémies, s’organise le système d’égout et l’endiguement du fleuve.

Joseph Bazalgette, Musée des Docks

La Tamise continuera néanmoins à déverser des immondices vers l’est de la ville, dans les quartiers marqués par la misère victorienne.

Bricklane et Whitechapel illustrent encore le Londres pauvre de l’époque victorienne. Petites maisonnettes partagées, constructions sordides et boutiques jouxtent toujours des entrepôts en piteux état, boutiques désaffectées ou usines.

– encore plus à l’est et le long de la Tamise,

Les Docks attiraient une foule hétéroclite et misérable de journaliers, dockers et ouvriers.

Le musée des Docks donne une bonne idée de la zone à l’époque victorienne et des conditions de vie.

Une rue de l’East End victorien, Musée des Docks

-De l’autre côté de la Tamise, Bermondsey puis Roserhithe abondent en témoignages du 19e, siècle : entrepôts, usines désaffectées, écoles caritatives donnent une idée précise de la vie des plus pauvres.

Les gares

Elles correspondent également aux quartiers pauvres du 19ème siècle. Effectivement, il était plus facile de déloger des pauvres pour construire les rails. En outre, les terrains à bâtir coutaient moins cher que dans le centre. Une seule gare se trouve d’ailleurs au centre de Londres, Charing Cross.

– au sud de Londres, les quartiers de Southwark, Lambeth, Kennington rappellent le sort des plus pauvres. Les films de Charlie Chaplin, recréent son enfance miséreuse à Kennington. Ils illustrent aussi les conditions d’existence abjectes des pauvres de l’époque victorienne. Sa mère se produisait dans les cafés et a été internée avec ses enfants dans ces abominables asiles, terreur des pauvres d’alors. Ces « workhouses » sous prétexte de venir en aide aux plus nécessiteux, les condamnaient à un quasi-enfermement dont il était difficile de se sortir. Le musée du cinéma se situe dans les bâtiments del’un de ces rares asiles encore en place.

Musée du cinéma

Des Conditions de vie et de travail épouvantable

Des vies difficiles

Les quartiers pauvres étaient très densément urbanisés. Outre la promiscuité, la petite taille des réduits, il faut imaginer le bruit incessant et assourdissant d’une ville travaillant jour et nuit, les cris, , les sabots des chevaux sur le pavé. Les indigents s’entassaient dans des petits gourbis sans eau. Souvent contraints de manger à l’extérieur par manque d’eau, ou de chauffage, ils profitèrent de l’essor des pubs. On y mangeait en effet chaud et on pouvait s’y réchauffer. Des salons réservés permettaient d’y séparer les clients selon leurs catégories sociales.

Des conditions de travail très éprouvantes 

2/3 des pauvres n’avait pas de travail fixe. Ils étaient contraints de travailler à la journée. Les horaires interminables et les conditions épouvantables en faisaient les artisans et victimes de l’opulence victorienne.

Photographie de la misère victorienne quotidienne, Musée des Docks

le musée des Docks et le musée de la guerre évoquent en filigrane le phénomène.

Les plus pauvres, fragiles, les enfants, étaient soumis à un véritable esclavagisme difficilement compréhensible en France où la 3e République s’est voulue garante de l’école obligatoire. Cette loi fondamentale a été l’une des armes le plus spectaculaires contre le travail des enfants et pour la promotion sociale. Or, a contrario, l’école ne devint obligatoire pour les moins de 10 ans qu’en 1918 au Royaume Uni, qu’en 2015 pour les moins de 18 ans.

-A Southwark, un curieux enclos à la grille ornée de rubans multicolores honore les prostituées. On leur refusait toute sépulture alors que le commerce de ces pauvres femmes bénéficiait à l’église.

Misères victoriennes et philanthropie 

Rapidement, de riches victoriens se sont émus des conditions de vie de plus pauvres. Ils ont alors multiplié les structures caritatives pour les loger, les instruire, prendre en charge les enfants. On voit ainsi se multiplier les lotissements ouvriers et écoles caritatives. Ces initiatives privées font écho aux aides de l’église ou de l’Etat dont la France a été généreuse.

En matière d’éducation, les ragged  et les charity schools visaient à éduquer et prendre en charge les enfants indigents. A Bermondsey, Lambeth, Southwark ou Spitalfield, de petites sculptures d’enfants attestent de ces initiatives.

Working cottage, Southwark
Almshouses Spitalfield

Pour le logement, les Almshouses , abris pour les plus démunis furent bientôt détrônés par les lmmeubles Peabody. Voulus par un riche philanthrope américain, ces logements bon marché restent nombreux dans la capitale.

Peabody Bg

Réactions politiques

Face à cette misère épouvantable dont il était quasi impossible de se sortir, l’époque victorienne a aussi inventé des réactions.

  • Ce sont d’abord des récits plus ou moins critiques : ceux de Dickens notamment.
  • la presse à sensation joue un rôle important, principalement lors de l’affaire Jack l’éventreur. Ces meurtres attirèrent l’intérêt sur l’East End miséreux .
  • Puis la Contestation devient politique. Ainsi, dès 1811, des ouvriers, les luddites, s’en prennent aux machines qui remettent leur travail en cause. Une vingtaine d’années plus tard, en 1838, le mouvement chartiste tente de promouvoir le suffrage pour tous, en vain.
  • Dans les années 1880, le Fabianisme marque une nouvelle étape de la contestation sociale. . Celle-ci trouvera un écho chez les réfugiés politiques. En effet Londres s’affirme alors comme une terre d’exil. Deux émigrés refugiés dans les quartiers de Clerkenwell vont notamment y échanger : Karl Marx et Vladimir Lénine. Marx , vivant de la générosité de Friedrich Engels va un peu tourner dans Londres.
Bibliothèque Marx

Syndicalisme

Le syndicalisme construit peu à peu un mouvement de masse, avec la fondation dans les années 1860, des Trade Union Congress (TUC, congrès des syndicats), et, dans les années 1880, l’extension du syndicalisme au-delà des seuls ouvriers qualifiés. Les grandes grèves des dockers, des travailleurs du gaz, et des filles qui fabriquaient des allumettes défrayent la chronique. Mais, la crise de 1890 marque le recul du mouvement ouvrier avec le recours à des briseurs de grèves, des lock-out et procès pour saisir les fonds syndicaux. A la mort de Victoria, en 1901, les grands mouvements de protestation sont surtout portés par les femmes, les Suffragettes.

Bermondsey

Aujourd’hui, je vous propose un itinéraire que j’adore dans le quartier de Bermondsey. Il nous mène de London Bridge à Rotherhithe. Le long du chemin, nombre de bâtiments modernes alternent avec de vieilles bâtisses chargées d’histoire, rappelant souvent la tradition caritative de ce quartier populaire.

Autour du Shard

J’aime bien commencer cette promenade à la station London Bridge. On débarque ainsi au pied du Shard, la grande tour moderniste de Renzo Piano.

the Shard

 La gare elle-même abrite un centre commercial. Au sortir de celle-ci, s’ouvre l’immense hôpital Guy où alternent modernité et vestiges, comme cette alcôve de pierre dans la cour qui provient du vieux pont de Londres. Une autre se trouve dans victoria Park de l’autre côté de la Tamise.

Autour de l’hôpital quelques rues ont gardé un caractère du passé mais l’ensemble se noie peu à peu dans les reconstructions modernes.

En cheminant le long de Bermondsey Street

On rejoint alors Bermondsey street très animée le week-end. Les ravissantes petites boutiques ont conservé un charme provincial. Le musée du textile et de la mode, œuvre de l’architecte mexicain Legorreta, affiche de formidables couleurs rose et orange. Il égaye cette rue très agréableavec de petits bistrots bien sympathiquesLes collections textiles ne sont pas forcément enthousiasmantes par rapport au tarif d’entrée.

Un peu plus loin, le White cube est réputé pour ses expositions. Il s’agit d’une annexe ouverte en 2011 de la célèbre galerie d’art contemporain de Hoxton.

Les façades, poulies, enseignes, entrepôts et dénominations, tout rappelle le passé industriel du quartier.  Le Tanner Garden évoque par exemple les activités liées au cuir.

Au-delà de la maison consacrée aux pauvres, nous rejoignons le cimetière lié à l’église Marie Madeleine. Sa petite casemate, aujourd’hui transformée en café, rappelle une tradition bien sordide de la fin du 19e. A l’époque il était en effet plus lucratif de déterrer les corps que de travailler. Les cadavres fraichement enterrés étaient revendus à bon prix à l’hôpital voisin pour les dissections. Les cimetières se dotèrent donc de petit édicule d’observation visant à surveiller le repos des morts à la nuit tombée.

Vers Bermondsey

A l’angle de Tower bridge rd et de Grange Street, devant une mosaïque étonnante nous changeons de direction et nous dirigeons vers Abbey road. Cette œuvre se compose de photographies d’activités et de gens du quartier.

Une fois les petits cottages de Abbey Rd dépassés, la zone devient lugubre, reconstruite sans âme dans les années d’après guerre. L’idée est de rejoindre Maltby Street Market. Le long de la voie ferrée, des petits kiosques de nourriture des 4 coins du monde ont élu domicile offrant une halte gastronomique colorée comme Londres en a le secret.

On reprend Abbey Street pour emprunter l’étonnant tunnel sous la voie de chemin de fer. Ses colonnes doriques métalliques détonnent un peu ici. Un ingénieur royal l’a construit à la fin du 18e siècle. Il permet de rejoindre la rue George qui va nous ramener près de la Tamise. C’est ici que furent réhabilités les premiers entrepôts de Londres. Ces quartiers de docks se gentrifient peu à peu.

En longeant la Tamise

A partir de là, nous longeons la Tamise jusqu’au Manoir de Henri VIII. Il n’en reste qu’un vague soubassement sur Bermondsey Wall. Quasiment en face, se tient un groupe sculpté bien intéressant. Le couple, la petite fille et le chat évoquent les époux Salter, de grands bienfaiteurs de ce quartier défavorisé.

Ava Salter

Le long de Rotherhithe street, on passe alors devant le Mayflower pub. La légende raconte que les premiers à partir vers le Nouveau Monde y dégustèrent une dernière pinte d’encouragement. Quasi en face, le Brunel museum est consacré à Marc Brunel. Cet ingénieur d’origine française, s’illustra en construisant le fameux tunnel sous la Tamise. Il fut aussi le père du célèbre Isambard Kingdom Brunel.

le Pub Mayflower

La jolie Eglise de Ste Mary de Rotherhithe est doublée d’une de ces écoles caritatives signalées par les statues d’enfants que l’on retrouve dans ce type de quartiers pauvres de la période victorienne. On passe alors devant une nouvelle watchhouse, transformée en café pour rejoindre le métro. Non loin de là, les églises norvégiennes et finlandaises rappellent la proximité du Quai de la Baltique auquel abordaient les navires en provenance de Scandinavie.

Ecole caritative
mon itinéraire Bermondsey

Aude Cathare

Il faut se rendre en Occitanie et surtout dans « l’Aude Cathare » pour découvrir les soi-disant châteaux cathares et le Pays cathare.  https://visitesfabienne.org/les-cathares/ et https://visitesfabienne.org/chateaux-cathares/

En effet ces forteresses n’ont pas vraiment à voir avec les Cathares.  Majoritairement construites après la croisade contre les Albigeois, au début du XIIIe, elles visaient en fait à protéger le royaume de France contre celui d’Aragon. Voulues par la couronne et non par les Seigneurs locaux, elles jalonnent la frontière dans les actuels départements de l’Aude, des Pyrénées orientales et de l’Ariège.

Invention d’un concept historique

Bien que répartis sur 3 départements, seule l’Aude s’est emparée du terme de Cathare dans les années 1990 pour en faire sa marque.

 En effet, en exhumant le terme de cathare, l’Aude réactive une mythologie régionale bien réelle. Car bien que remise en question en tant qu’organisation homogène, la dissidence a effectivement secoué la région entre les XIIe et XIIIe siècles. Plus que le contenu théologique, c’est la mémoire de la répression qui a marqué le territoire. Car, outre la durée de son implantation et l’enracinement dans cette Occitanie en butte aux barons du nord, c’est surtout la violence de la croisade contre des Chrétiens et  de l’Inquisition qui ont marqué les esprits.

 Dès lors, lorsque les romantiques occitans du 19e s ont redécouvert leur histoire, ils ont fondé sur cette dissidence le mythe d’une nation égalitaire, cultivée, opposée au pouvoir central en place. Ils ont alors exhumé des écrits médiévaux consacrés à une dissidences allemande médiévale le nom « cathare » (purs en grec). Bien que jamais utilisé par les bonhommes ou leurs détracteurs, les hérétiques qualifiés d’albigeois ou de bons chrétiens par leurs contemporains sont ainsi ressortis de l’anonymat de l’histoire.

Naissance d’un concept marketing, Aude Cathare

Ecrivains et romantiques s’emparent alors du destin tragique de ces chrétiens dissidents criminalisés par l’église et l’Inquisition pour les associer aux ruines des châteaux de la région. Que ces châteaux aient été bâtis après la croisade et pour défendre la frontière aragonaise n’arrête pas l’association. La machine est en route et crée « le château cathare », une invention si fascinante que romanciers, scénaristes s’en emparent. Le château cathare devient alors le lieu des fantasmes les plus ésotériques.

Puilaurens dans la brume

Pourtant, les historiens, depuis les années 1960, essayent de réajuster le chaos historique en insufflant des données réelles, ainsi qu’en publiant des documents. Qu’importe, le public redemande du mystère. Profitant de cette notoriété, le département de l’Aude utilise alors intelligemment  la terminologie à des fins marketing. Ne pouvant pas sérieusement associer les mots de châteaux et cathares, elle crée le concept marketing de « Pays cathare » en 1990.

Un exemple de communication maitrisée

Et de fait, la communication est un exemple du genre. Les sites sont organisés pour la visite et jouissent d’une identité visuelle de qualité. Dans Chacun des fils de Carcassonne, cette ceinture de forts édifiés par la couronne royale pour protéger la frontière, un petit fascicule présente l’histoire, les caractéristiques du lieu. Des anecdotes et plans agrémentent la description, par ailleurs bien documentée. Le tout est relayé solidement dans les réseaux sociaux. En effet le site « pays cathares » et les liens vers chacun des châteaux donnent toutes les informations imaginables. Une app de grande qualité existe même https://www.payscathare.org/les-applis 

Puilaurens dans l’Aude Cathare

Elle permet des visites en autonomie. Pour s’adapter au public jeune, un jeu « Castrum » se télécharge gratuitement en trois langues. Tout est ainsi fait pour faciliter l’expérience auprès des publics en état de monter à l’assaut des forteresses. S’ils ne bénéficient pas tous de la même notoriété, les boutiques et ouvertures des châteaux s’adaptent. L’accès est facilité autant que possible, même s’il reste ardu dans certaines de ces « citadelles du vertige ».

Chateau de Queribus

Situées au sommet d’éperons rocheux impressionnants, ces sites ne s’atteignent en effet pas sans effort.

A l’ouest et à l’est rien de semblable.

Il en va tout autrement dans l’Ariège voisine. Pourtant riche de nombreux châteaux et autres vestiges, le département ne cesse de surprendre par son inadaptabilité au tourisme. A Montségur, lieu le plus emblématique et connu du catharisme, en deça des heures d’ouverture officielle, personne ne tient la billetterie à mi-hauteur du site, on peut contourner l’entrée sans encombre.

Le petit musée a joliment été refait. Néanmoins le paiement par carte bancaire s’y révèle impossible. Impossible également d’obtenir un reçu. Quant à un fascicule de visite que nenni. Le caissier semble débordé dès que plus de deux visiteurs apparaissent. Il se montre au moins gracieux ce qui n’est pas le cas du château de Foix.

 Bien que doté d’un tout nouveau tout beau musée, le château se montre favorable aux enfants mais semble dédaigner les touristes. C’est dommage car le château, bien mis en valeur, pourrait jouer un merveilleux rôle d’aimant pour la petite ville.

Quant aux Pyrénées orientales, si certains maires ont parfaitement compris l’enjeu touristique, les perpignanais eux rivalisent d’agressivité à l’égard du pauvre visiteur.

 Il ne faut donc pas bouder son plaisir au château de Termes qui grâce à un édile à l’énergie remarquable est devenu une sorte de Guédelon local. Détruit selon la volonté de Richelieu en 1654, il ressuscite à chaque campagne de fouilles grâce au travail inlassable des archéologues et bénévoles de tout âge. Un formidable site internet https://www.chateau-termes.com/ rend compte du projet et de la renaissance du lieu. Le village de Termes est lui-même un lieu adorable. Dommage que l’aubergiste local soit si désagréable. Soyez prévenus, Termes s’impose mais avec un pique-nique !

Village de Termes, dans l’Aude Cathare
chateau de Termes

Vauxhall

Pour faire suite à la dernière promenade autour de Waterloo station, Southwark et Lambeth, voici une extension du côté de Vauxhall.

Vers Battersea Park

On peut commencer cette promenade dans le quartier de Vauxhall vers Nine elms.

 C’est au milieu des immeubles modernes qu’a été construite la nouvelle et moderniste Ambassade des Etats-Unis. Ce déménagement de Grosvenor Place à ce quartier tout neuf a suscité la controverse notamment après le refus fallacieux de Donald Trump de venir l’inaugurer.

Ce quartier en pleine refonte recèle encore quelques jolies pépites comme la maison géorgienne qui lui a légué son nom « folks hall » devenu Vauxhall. C’est dans ce quartier que se niche une merveille, la ravissante enclave de Bonnington avec un café associatif adorable et un jardin communautaire délicieux.

Bonnington Garden, un oasis au coeur de Vauxhall

En continuant le long de la Tamise on va alors rejoindre le parc de .Battersea avec sa belle pagode dorée.

On peut également s’enfoncer davantage dans Vauxhall et rejoindre le jardin du même nom connu à l’époque géorgienne comme jardin des plaisirs. Ce lieu apparait d’ailleurs dans la peinture mais aussi dans une reconstitution du musée de Londres.  Non loin, se tient une ferme avec des poules, ânes et lamas.  Ce petit air de campagne en plein Londres attire de nombreux amateurs en fin de semaine.

mon ami le lama décoiffé à la ferme de Vauxhall

Vers le Musée de la guerre et le musée du cinéma

En partant de la station de métro Lamberth North, on atteint un champ de lavande minuscule autant qu’inattendu au croisement de Wesminster Bridge et George rd. Puis on pourra s’arrêter au Musée de la Guerre. Derrière ce nom peu prometteur, se dissimule une présentation passionnante de Londres au XXe s. On y découvre l’énorme effort consenti par les britanniques pendant les deux guerres mais pas seulement. Y sont évoqués de larges tableaux des guerres actuelles et de leurs ravages mais aussi un remarquable panorama de l’Empire britannique à la fin de l’ère victorienne. Finalement, ce musée est assez mal nommé et devrait plutôt s’appeler musée « pour la paix », ce qui rendrait sa visite tout de suite plus attirante. D’autant qu’il se situe dans un jardin bien plaisant.

On peut d’ailleurs pousser la promenade verte jusqu’à Lambeth Walk, un fort agréable jardin communautaire qui débouche sur Kennington road. Quasiment en face, s’embranche Wincott Street puis Gilbert rd.

Lambeth walk

On emprunte alors la rue Renfrew, le célèbre préhistorien. On y trouve un charmant centre bouddhiste, et, juste derrière, le musée du cinéma. Il occupe une des rares workhouse encore debout dans Londres.

Centre bouddhique

 C’est dans cet asile pour pauvres que Charlie Chaplin passa une partie de sa jeunesse misérable. Dans ses films, il décrit d’ailleurs la pauvreté vécue durant son enfance passée non loin de là, à Kennington. Ce quartier de grande misère est en pleine réhabilitation. S’y construisent des ilots entiers sans beaucoup de charme. Il faut donc y profiter de chaque joli vestige comme le château d’eau aménagé en logement haut de gamme qui domine fièrement le pâté de maison.

Musée du Cinéma

Du côté de Elephant and Castle

On va alors rejoindre la place très bruyante de Elephant and castle. Le quartier a été fort remanié dans les années 19670, ce parfois de manière brutaliste. Témoin l’horrible immeuble commis par Ërno Goldfinger que nous avons déjà rencontré à Hampstead. Ce personnage mérite vraiment de devenir héros de roman. Ian Fleming l’a fait avant moi malheureusement (ou heureusement). Ulcéré par les horreurs construites par cet architecte brutaliste, il en a fait le vilain de James Bond. Un brin d’antisémitisme peut-être, mais une vraie vision patrimoniale chez Fleming !

Le petit panneau de l’Elephant se niche juste à côté de la gare et non de la station de métro.  Ce nom amusant proviendrait de la déformation linguistique de l’ « infante de Castille » Eleonore. Un historien a récemment prouvé que cette légende relevait du mythe et que l’éléphant et son château désignaient en fait un pub. Cette tradition de noms de lieux liés à un établissement de boisson est en effet très courante à Londres.

 Sur la place même, une curieuse boite argentée fait figure de mémorial à Faraday qui habitait le quartier. Sa cage le poursuit jusque dans l’éternité…

cage mémorial de Faraday, sur Elephant and Castle

Waterloo Station

Je continue mes idées promenades autour des gares, aujourd’hui autour de Waterloo Station.

Jardin d’amour par William Blake

 Waterloo Station ne vise pas seulement à agacer les Français. Même si les premiers TGV reliaient la gare du Nord parisienne à cette gare. En effet, le lieu reprend le nom du pont de Waterloo et non celui de la bataille.  D’ailleurs les trains en provenance de France débarquent maintenant à St Pancras.

Le quartier a récemments bénéficié d’une rénovation et peut présenter un bon départ d’exploration. Alors RV comme tous les amoureux devant la grande horloge des départs.

En direction de Borough Market

En descendant du grand escalier de l’entrée principale, on passe devant la statue hommage aux soldats de la première guerre mondiale. De là, on rejoint une place occupée par l’odéon. Un grand hôpital de briques rouges appartient aujourd’hui à l’université. En face, une petite maison qui semble coupée par les voies de chemin de fer. Et la belle église st Georges avec son jardinet. Juste derrière la rue Roupel a conservé son aspect victorien avec ses petites maisons alignées.

Roupel Street

Un peu plus loin, on atteint le Old Vic, grand théâtre aux bonnes programmations, dont le nom remonte à une visite de la Reine Victoria.

 Du petit jardinet, on se rend vers Southwark par the cut. Les constructions modernes effacent peu à peu les petites maisons. Des rues bordées de lotissements mènent à l’emplacement du shakespearien théâtre the Rose aujourd’hui seulement marqué par un panonceau. 

Le quartier de Southwark tient sa renommée à l’église mais aussi au marché alimentaire, très à la mode pour des en cas de world food. Sur le chemin, on remarquera quelques belles fresques. Sur la rue Redcross, une grille couverte de chiffons attire l’œil. Elle marque l’emplacement d’un cimetière non consacré. Ici, à Crossbones, atterrissaient les ossements des prostituées et autres miséreuses. L’église récupérait eurs maigres richesses matérielles, mais pas leurs âmes…

cottages sur Redcross alley

 Pratiquement en face, se dresse une ragschool, une de ces écoles que la pitié victorienne accordait aux nécessiteux. C’est aussi ici que se niche un charmant petit ensemble de cottages ouvriers. Enfin, en levant le nez en direction de la Tamise, on verra l’un des plus beaux « ghost signs » de la capitale. Ces publicités peintes du siècle passé sont aujourd’hui très prisées. Elles vantent essentiellement la bière (ici « Take courage ») ou des produits du type Bovril (une sorte de viandox local).

En longeant la Tamise

On peut également rejoindre Borough Market en longeant la Tamise.

Southwark par Jimmy C

 cette balade fort agréable en semaine est bondée le week end. Elle longe des marchés alimentaires. Les kiosques proposent arepas, curry indiens, nouilles chinoises, voire crêpes. De quoi effectuer un tour du monde gastronomique sans se déplacer bien loin.

Borough Market

Le long de la Tamise, on rejoint alors  la Tate Gallery modern. L’ancienne usine abrite aujourd’hui les collections d’art moderne. L’énorme bâtiment industriel se trouve aujourd’hui doublé d’une aile moderniste. Le tout est relié à la cathédrale Saint Paul et à la rive nord de la Tamise par une spectaculaire passerelle piétonnière construite pour l’an 2000.

Un tout petit peu plus loin, se dresse le théâtre Globe merveilleusement recréé. Ce haut lieu shakespearien mérite une visite. La reconstruction et les spectacles sont en effet d’une qualité remarquable. Je reparlerai de ce haut lieu de culture anglaise très prochainement.

Vers Lambeth

Si maintenant on contourne Waterloo Station, on rejoint Lower marsh qui nous rappelle la présence de marais en ces lieux. A mi-chemin, s’embranche le tunnel Leak, célèbre chez les graffeurs. C’est en effet un haut lieu du Street art et le panorama visuel y change d’une semaine à l’autre avec de vraies merveilles.

Au bout de la rue, on parvient au métro Lamberth North. Ici on peut s’arrêter devant la gare qui menait à Brookwood, ancienne nécropole victorienne desservie par un train qui en partait. C’est donc d’une certaine manière une « nécrogare » puisqu’en partaient des convois de cercueils visant à désengorger les cimetières paroissiaux du centre-ville ou à emmener les endeuillés accompagnant leurs proches vers leur dernier voyage.

la gare désaffectée du cimetière de Brookwood

La flèche de la chapelle Lincoln décorée des bandes et étoiles de la bannière américaine domine la rue. Non loin de cette église commémorative s’embranche un tunnel décoré de mosaïques rappelant l’œuvre du grand artiste William Blake, habitant du quartier.

On rejoint alors l’hôpital St Thomas où l’on peut, ou non, visiter le musée consacré à Florence Nightingale.

L’immense mur commémorant les trop nombreuses victimes du Covid

Le long de la tamise on longera le mur du Covid pour rejoindre le palais de Lambeth, résidence officielle à Londres de l’Archevêque de Canterbury.

 Le nom de Lambeth évoque le rivage ou l’on amenait les moutons. Le musée du Jardinage a élu domicile tout près.

On rejoint alors la galerie Newsport. Damian Hirst a transformé des entrepôts en un musée épatant.

Entre jardins et baraquements, la rue mène jusqu’à une étonnant bâtiment, autrefois siège de la fabrique de céramique Royal Doulton.

Royal Doulton

Celui-ci est décoré de reliefs de terre-cuite spécialité de l’enseigne. Le tunnel dans la même rue du Prince noir, montre d’ailleurs, au moyen de médaillons, l’inventivité et la technicité de cette manufacture.