Mysore bis

Et pourquoi pas un Mysore bis ? Après avoir vanté les Palais de Mysore, je pensais parler des environs. Mais, je reste sous le charme de cette ville et vous propose de vous y promener encore un peu dans ce « Mysore bis ». Aujourd’hui, je voudrais m’attarder sur quelques haut lieux et monuments de la ville..

un mouton dans les rues de Mysore
Jolie recontre dans les rues de Mysore

La colline Chamundi

Gopuram du temple Chamundi, à Mysore
Temple de Chamundi

Située à une dizaine de km de la rivière Kauveri, Mysore a été construite au pied d’une colline surmontée par le temple Chamundi. Très vivant, il fait l’objet d’un véritable chemin de pèlerinage pour les fidèles qui montent à pied. Vous pouvez tout à fait vous y faire déposer si la montée abrupte vous rebute.

La vue d’en haut y est spectaculaire. Néanmoins, je vous conseille d’emprunter à l’aller ou au retour le chemin. Le temple, consacré à la Déesse Durga est bondé les fins de semaine. Les Gopurams sculptées sont monochromes contrairement à celles du Tamil Nadu. En outre, elles ne comportent en général que la divinité honorée dans les lieux. Leur couleur jaune évoque l’or dont certaines pouvaient se parer. Des piliers et murs sculptés soulignent son importance pour les fidèles.

Statue géante du taureau Nandi, sur la colline Chamundi à Mysore
Taureau Nandi

A mi-chemin, une énorme statue du taureau Nandi. Depuis la terrasse, se dessine les pelouses du palais royal. Au pied de la colline, si vous aimez marcher sur les grandes routes, vous pouvez regagner le palais ou prendre un véhicule pour vous y mener.

marche colorée par les pélerins sur la colline Chamundi Mysore
Marches marquées par les pélerins sur la colline de Chamundi

Marché et autres édifices religieux de Mysore

Autour du Palais, se concentre en fait l’essentiel de l’activité de la ville. On y découvre en effet le marché Devajara, le terminal de bus, l’hôtel de ville et les commerces.

Poudres multicolores au marché de Mysore
Couleurs du marché de Mysore

Le marché, très vivant comme toujours en Inde, se cache derrière les façades des rues principales, comme Sayyaji Rao rd.  Ce dédale de ruelles couvertes explose de mille couleurs. On voit le sens esthétique et chromatique typiquement indien dans la disposition des étals, des légumes et fruits. Un régal pour les yeux et les photographes. Les épices et surtout le santal ont également assis la notoriété de la ville.

D’ailleurs, c’est à l’entrée de ce marché que se trouvent les innombrables vendeurs de la sucrerie dont raffolent les Indiens du Sud, le Mysore pak. Déjà un peu lourd et très sucré en temps ordinaire, il se déguste chaud dans la boutique Guru. Cependant, attention ce peut être un peu compliqué pour nos estomacs européens.

couleurs de sfruits du marché de Mysore
Marché de Mysore

Au-delà de ce quartier central, s’étendent parcs et quartiers d’habitations. Ainsi, la cathédrale Sainte Philomène, fait penser à une sorte de réplique de Westminster abbaye. Plus que les clochers néo gothiques peints en gris pour ressembler a du granit , c’est la perspective qui rappelle l’abbaye anglaise. L’intérieur de la cathédrale, blanchi à la chaux, recèle cette chaleur joyeuse propre aux églises indiennes.

Cathédrale ste Philomène Mysore
Cathédrale Sainte Philomène, Mysore

Toujours, dans la perspective, une très jolie mosquée fait face à une roseraie et annonce le souk musulman. Au milieu des moutons, la grosse communauté musulmane (près de 1/5e de la population de la ville) rend cette zone très active. Ici la population, les étals, les restaurants rappellent le moyen orient.

Mosquée à Mysore
`Mosquée à Mysore

La nature dans la ville

Pour ceux qui ne voudraient pas commencer trop loin leur exploration de la luxuriante région du Karnataka , le Karanji lake offre une halte de choix. Construit par un des rois de Mysore au pied de la colline Chamundi, il constitue aujourd’hui une réserve aviaire. Ce beau lac jouxte également le zoo  Chamarajendra, très réputé pour ses guépards fugueurs…

Il est également tout proche du Lalita Palace, déjà évoqué dans mon article précédent.

un singe
Singe à Mysore

Mysore offre un peu le meilleur des mondes. Un vrai dépaysement, une grande variété, dans une ville au climat plus sec que la côte du Tamil Nadu. D’ailleurs, on y marche sur les trottoirs à l’ombre des arbres. Je m’emballe. On n’est pas non plus en Europe mais quelle douceur de vivre par rapport à la majorité des villes du sud. Et vous pouvez tout simplement vous régaler des affiches et de la délicieuse écriture locale au Karnataka, le Kannada,

écriteau en kannada, l'ecriture du Karnataka
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affichage en Kannada



Mysore

La ville des Palais

Mysore, ville des palais, allie le charme des villes du sud de l’Inde et l’histoire et le raffinement des villes du Nord marquées par la période Moghole. Elle mérite de s’y arrêter pour profiter de la cité elle-même mais aussi de ses environs. Du coup, je vous propose un premier article sur la ville et un second sur ses environs.

Le Palais de Mysore

Splendeur du Palais de Mysore

L’un des charmes de Mysore réside en effet dans ses palais. L’histoire des maharadjas et de toute la mythologie occidentale qui y est liée s’apprécie ici. Pourtant, la plupart de ces palais sont récents. L’occupant britannique dans sa mansuétude a reconnu les potentats locaux en leur accordant des demeures mirifiques comme pour mieux se jouer de leur pouvoir réel. Quoiqu’il en soit Mysore compte au moins 3 palais dignes de ce nom et de nombreuses maisons palatiales.

Entrée du Palais Royal de Mysore

Le plus connu, le Palais de Mysore est une énorme pâtisserie kitsch. Il s’illumine de mille ampoules les soirs de la semaine le temps d’un son et lumières très sonore. Le dimanche à 19h30, toutes les lumières se mettent à briller. Dans la journée, les salles officielles se visitent pieds nus, ainsi que différents temples à l’intérieur de cet énorme complexe fréquenté par des hordes de touristes.

Le Palais de Mysore illuminé

Sur les hauteurs de la colline Chamundi, la villa Rajendra, palais réservé aux visiteurs du roi de Mysore, Krishnaraja Wodeyar IV, abrite aujourd’hui un hôtel. Son architecture s’inspirerait de la cathédrale St. Paul’s de Londres. Construit en 1921, il appartenait au vice-roi des Indes.

Palais Musée Jahangar

La famille royale, a fait don à la ville d’autres palais. Ainsi, le Palais Jahangar, à l’architecture sobre abrite des collections artistiques. Les amateurs d’art à l’occidental peuvent passer leur chemin. Pour ceux qui tiendraient vraiment à visiter les lieux cependant,  il ne faut pas manquer la guitoune à l’entrée. Elle fait office de billetterie. On accède aux galeries par la verrière au fond du jardin à droite.

le dernier Maharadja de Mysore

Le premier grand salon expose des œuvres horlogères. Quant à la grande collection de portraits, elle révèle combien dès la fin du XVIIIe l’européanisation s’exerçait autant dans les mœurs, l’économie que dans les arts. Des portraits de dignitaires locaux posant à la manière anglaise côtoient des profils moghols agrandis. Des portraits de groupe juxtaposent maladroitement des jambes et torses sur lesquels ont été posés des visages, visiblement par des artistes différents. Les perspectives sommaires, attestent de l’intérêt porté à l’art européen par des artistes locaux.

De jolies fresques ornent néanmoins les murs du second étage.

Le Palais Lalita

Le Lalita Palace, Mysore, des allures de Capitole

Plus au sud de la ville, le Palais Lalita reste impressionnant. Son architecture n’est pas sans rappeler le capitole de Washington ou tout autre grand bâtiment néo colonial anglais. Les salons ont gardé un charme désuet. Dommage néanmoins que l’hôtel vive sur son précieux passé et ne songe guère à se moderniser. La tasse de thé et le biscuit digestif offert en contrepartie de 100 roupies pour compléter le tour d’horizon pourraient gagner en classe. On se voit bien profiter d’un véritable et « so british » afternoon tea dans un lieu pareil.  

Salon du Lalita Palace

Outre ces Palais, de très belles maisons se découvrent au hasard des avenues plantées. On peut citer le Green Hotel une jolie demeure coloniale entourée d’un vaste jardin dans le quartier de l’université. Au fond du hall de cet hôtel vieillot au charme colonial, se niche une ravissante pâtisserie.

Jolie halte à la pâtisserie du Green Hotel

Mysore, une ville pensée

En dehors du marché, très animé et typique des villes indiennes, Mysore jouit d’un urbanisme incomparable dans le sud. Car elle n’a pas poussé au gré des exodes, comme bon nombre d’autres villes. Au contraire les larges avenues aérées, les rond points et les perspectives attestent d’une véritable pensée urbanistique. En d’autres termes Mysore a été dessinée avant d’exister.

On sent certes la patte anglaise, dans le plan et les nombreux espaces verts, les édifices blancs et symétriques. Mais la présence moghole compte certainement beaucoup dans la création de cette véritable cité jardin. Le plan s’est d’ailleurs d’autant plus imposé ici qu’il a fallu tenir compte de la géographie des lieux. En l’occurrence de nombreux lacs et collines parsèment cette ravissante cite verte.

Mysore, cité jardin

Car si les grandes avenues donnent un aspect aéré rarissime en Inde, la profusion des jardins, parcs et arbres rajoutent au dépaysement. Alors Mysore ville jardin, ou ville Palais ?

Première salle du Palais Royale de mysore

Madurai Bis

Pour ce Madurai bis, je vous convie à visiter en profondeur deux icônes du Sud de l’Inde. Le Temple Meenakshi de Madurai est certainement le temple vivant le plus connu et le plus fréquenté du Sud de l’Inde. Véritable icône du Tamil Nadu, il rend la visite de la ville incontournable.

Fondée au 3e millénaire avant JC, la richesse de Madurai la rendit précieuse. Convoitée, Madurai est en effet envahie par le sultan de Dehli au 14ème siècle. Elle connait alors une parenthèse musulmane, rare dans l’Inde du sud. Puis, elle est reconquise par la dynastie hindoue Nayak. De ces époques, datent deux des très beaux monuments de la ville, le temple et le Palais. Puis, en 1801, elle passe sous la tutelle anglaise de l’East India Company.

Le temple Meenakshi de Madurai

Le grand temple Menaakshi de Madurai se trouve au centre de la ville. C’est l’édifice le plus célèbre de Madurai et l’un des plus beaux et importants d’Inde. Pour le Sud il représente ce que le Taj Mahal est au Nord. Construit entre les 7ème et 9èmes siècles, il a été reconstruit à plusieurs reprises. Ce labyrinthe coloré et très fréquenté par les fidèle s’apparente à une ruche.

Le temple Meenakshi de Madurai

 C’est un double temple, énorme, consacré à Shiva et Parvati., sous son nom Meenakshi. Pour y entrer, il faut déposer quasi toutes ses possessions. Bien sûr, chaussures chaussettes, mais aussi téléphone et sacs, appareil photo puisque les photos y sont interdites. Une tenue correcte s’impose (les jambes et épaules doivent être couverts). Une fois démuni, vous pouvez visiter l’énorme complexe en essayant de ressortir par la porte par laquelle vous êtes rentrés. Car Il y a 12 gopurams et 4 entrées principales, assez éloignées les unes des autres pour qui claudique pied nu dans la fange des villes indiennes….

L’ensemble est impressionnant de vie, de couleurs et de profusion sculpturale notamment dans l’extraordinaire salle des mille piliers, transformée en musée et donc payante. Ce dernier ferme de midi à 16h. Il vaut mieux visiter le matin (5h30/12h30), à moins que la foule et le chaos qui l’accompagne ne vous tente vraiment.

Pilier du mandapa du Temple Meenakshi de Madurai

https://maps.app.goo.gl/r5rdMFg7vXhTEf9G7

En sortant, on contourne le temple. Sur la vaste esplanade, les terrasses de certains commerces permettent d’avoir une vue magnifique sur l’ensemble du temple. Il vaut aussi le coup de contourner complètement le mandapam extérieur pour découvrir le taureau Nandi. De là, on accède facilement au très beau marché. Mais aussi à tout le centre commercant avec ses rues et galeries spécialisées.

Le Palais

Non loin, se trouve le palais ou plus exactement ce qui reste du palais, à savoir une cour et les appartements de la reine.

Cour d’honneur du Palais de Madurai

 Construit en 7 ans autour de 1636 pour le roi Thirumalai Nayak, le palais de Madurai s’organise autour de sa cour. Si on lit des influences arabes dans les arcs outrepassés, ce palais porte également une marque européenne. L’architecte italien Roberto de Nobili, jésuite converti à l’hindouisme, y travailla en effet vers 1610. Le palais était alors peint en jaune et noir. Le blanc d’œufs et les coquillages constituant le plâtre jaune isolaient de l’humidité et des insectes. Néanmoins, le tout a été refait en bête plâtre en 1850 par les Anglais.

Perspective du Palais de Madurai

Bien qu’Italien, le missionnaire architecte s’est plié aux préceptes architecturaux particuliers du Vastu shastra.

moulures du Palais de Madurai

Je vous laisse méditer ces principes et haruspices, encore en vigueur dans les constructions indiennes. Mon neurone cartésien ayant été pris de fou rire au moment de l’explication du très sérieux guide, je ne suis pas en mesure de vous livrer une lecture satisfaisante, et encore moins rationnelle.

Pour autant, la majesté de l’ensemble est indéniable et on décèle malgré les lourdes restaurations britanniques des influences dravidiennes et islamiques.

Le long de la majestueuse cour, un musée lapidaire occupe aujourd’hui l’ancienne salle de bal. On y voit des statues de divinités en pierre remontant au 10ème siècle et notamment une belle sculpture jain.

Musée lapidaire, Palais de Madurai

On peut visiter le Palais illuminé tous les soir lors du spectacle sons et lumières, toujours très son pour les Indiens qui adorent le bruit fort

Madurai

L’arrivée à l’aéroport de Madurai et les chemins de traverse pour y mener annoncent une petite ville provinciale. Pourtant, une fois dans le centre de Madurai, le décor et l’atmosphère changent du tout au tout. D’ailleurs, les distances imposent de se déplacer en véhicule.

dans le Temple

Pour loger, Madurai offre un panel complet du luxueux Taj ou Heritage Hôtel au dortoir en guesthouse. Cependant un large choix d’Hotels meilleur marché et très correct existe aussi., Dormir et manger à Madurai coûte de toutes façons sensiblement moins cher qu’à Chennai.

Le temple Meenakshi et le Palais assurent la notoriété de la ville. Un article sur la question paraitra la semaine prochaine.

Bâtiments civils de Madurai

Madurai fut une grande capitale des Palavas. Marco Polo y évoque d’ailleurs sa présence sur le chemin du Kerala, avant d’embarquer à Goa vers l’Arabie. Contrairement à de nombreuses cités tamoules, Madurai a cependant perduré après son apogée.

Près de la rivière, le Montapum, petit pavillon bâti en 1638, parait perdu dans un grand bassin souvent comblé. Celui-ci est alimenté par les crues de la rivière.

Ce réservoir a été creusé pour la fabrication de briques destinées au palais. Il se remplit naturellement pendant les moussons. Cette partie de la ville est construite sur les fossés.

Marchés de Madurai

La ville très vivante, abonde en marchés. Assez loin du centre, le marché aux fleurs est assez impressionnant. Comme partout en Inde, les fleurs vendues le sont sans tiges. Elles servent d’offrandes dans les temples et s’enroulent en collier. Trouver un bouquet relève de l’impossible en Inde malgré la profusion de fleurs.

En revanche, d’autres marchés se trouvent dans le centre. Notamment les 2 extraordinaires allées occupées par les marchands de bananes. Grossistes, ils reçoivent les bananes vertes, plus facilement transportables. Ils les font murir dans des fours puis les vendent aux petits marchands.

Ceux-ci tiennent de petits étals colorés un peu partout dans la ville. La diversité chromatique est effectivement spectaculaire à Madurai. Les arrangements de ces petits marchés de rues permettent aux photographes de se régaler. Les Indiens se montrent en général très coopératifs et adorent selfies et photos. Il suffit de leur demander gentiment et éventuellement de leur montrer voire de leur donner un exemplaire de la photo prise s’ils acceptent.

Le Musée Gandhi

De l’autre côté de la rivière, on rejoint le Gandhi Museum. Le bâtiment blanc est un palais historique d’une reine de la dynastie Nayak, construit vers 1670. En 1955, le gouvernement de l’État du Tamil Nadu a cédé le palais à l’Inde pour y loger le très didactique Gandhi Memorial Museum. Premier musée consacré au Mahatma dans la ville où celui-ci a troqué le costume européen pour le dhoti traditionnel.

 L’exposition n’a certainement jamais été réaménagée depuis son ouverture. Tout y est vieillot, des photos, au dernier dhoti de l’assassinat maculé de sang. Les panneaux, écrits en tout petit narrent l’histoire de l’indépendance des prémices de la colonisation a l’assassinat de Gandhi.

Fermé entre midi et 14h, son entrée est gratuite sauf pour les appareils photos, mais je ne suis pas sûre que les collections incitent à la photo.

Thirumayyal temple

Eloigné du centre-ville, le Temple de Murugal vaut la balade en taxi, bus ou ato. C’est un fantastique temple dravidien à flanc de montagne. Coloré plein de vie, en partie excavé, il est l’une des 6 demeures de Murugan très honoré dans le Tamil Nadu. L’ambiance y est incroyable. Des marchands de bibeloterie dans le hall incitent à se demander si on est vraiment dans un temple. Et puis, on peut rentrer dans le sanctuaire darshan, avec la bénédiction d’un clergé et de fidèles adorables et amusés.

Derrière le réservoir, on peut escalader les nombreuses marches menant à un petit temple infesté de singes très entreprenants. Le sanctuaire tout simple ne peut pas faire oublier la superbe vue sur la ville et ses nombreux lacs et espaces verts. On redescend par un chemin plus sportif ou par le même escalier qui mène à l’écoparc, un grand parc public très cher pour ce qu’il propose. Aux dernières nouvelles, la police interdisait la montée aux étrangers.

On peut parachever la découverte de Madurai en se rendant à la colline Samanar. Au-delà du petit étang couvert de lotus (et de détritus), du temple kitsch et de la colline aux formes étonnantes, on accède à une grotte temple jain dont la région abonde. Les gravures à même la roche rappellent la présence de communautés isolées autour de Madurai à l’époque où les moines d’Europe s’enfermaient dans des monastères.

Pondichéry

Derrière l’image idyllique de jolie ville coloniale française, Pondichéry a beaucoup à offrir.

Pondichéry et ses surprises

Première surprise. Connue dès l’antiquité, la côte attirait déjà les Romains dès avant notre ère. Outre le site d’Arikamedu, on découvre des vestiges romains au musée local. Perdues au milieu des terres cuites Pallavas, (4e au 10eme siècle,) et des rares vestiges cholas (10e et 13e), elles font l’objet de maigres cartels. Les gardiennes du musée, plus empressées à causer entre elles qu’à vous renseigner, vous vilipendent violemment si vous tentez subrepticement la moindre photo.

Le musée de Pondichéry expose avec le même manque d’intérêt pour l’histoire une chaise à porteur et un cabriolet en triste état. Malheureusement, l’activité commerciale des Portugais et des Hollandais n’y apparait pas. En revanche, la présence française depuis 1674 transparait dans les meubles horriblement vernis, un buste de Marianne caché dans le capharnaüm. Ces objets attestent à leur manière de l’enrichissement et de l’embellissement de la ville à l’époque française.

Pondichéry, la Française devenue indienne

Ce n’est qu’en 1954 que Pondichéry a voté son rattachement à l’Union Indienne. Le transfert ne se fit qu’en 1962. Mais le territoire reste indépendant du Tamil Nadu. Les lois y restent plus souples (notamment en matière de consommation d’alcool). Certains habitants ont choisi de rester français, ce qui ne va pas sans poser de lourds problèmes.

Cette histoire particulière explique la présence inhabituelle en Inde de nos concitoyens mais aussi l’empreinte culturelle (et gastronomique) prégnante dans la « ville blanche ».

L’ancien comptoir des Indes a en effet conservé son quartier français avec ses boulangeries, restaurants rues qui rappellent la présence coloniale entre le XVIIè et le milieu du XXè siècle. Le canal, aux allures d’égout à ciel ouvert sépare cette « ville blanche » en bord de mer, du quartier tamoul.

Le quartier français.

Derrière la longue promenade le long de la plage avec son monument à Gandhi, les jolies maisons coloniales aux murs jaunes à pilastres et corniches blanches cachent des patios arborés. Avec leurs persiennes en bois et leurs bougainvilliers, elles longent des rues perpendiculaires. Çà et là, émergent des souvenirs de la présence coloniale. On longe ainsi le Lycée, célèbre pour être le premier où se tiennent les épreuves du baccalauréat, de délicieuses boulangeries ou des enseignes en français. On suit le souvenir de Dupleix, station de métro mais aussi gouverneur de la province.

Malheureusement, le charme du quartier disparait peu à peu, grignoté par les maisons grises conquises par la communauté d’Auroville et de l’ashram de Sri Aurobindo. C’était le lieu de résidence du philosophe gourou et de la Mère, française à l’origine d’Auroville. On peut visiter leurs appartements et se recueillir devant leur tombeau. Les plus passionnés peuvent se rendre à Auroville et supporter le processus d’entrée. A vous néanmoins de vous renseigner et de juger si vous adhérez à l’initiative.

Verdures et Plages, le charme de Pondichéry

Il n’y a pas beaucoup de monuments. Cependant, le charme de la ville blanche, les jolis cafés, le calme et la relative propreté en font une pause unique en Inde. On peut néanmoins visiter l’église ND des Anges, passer du temps dans les jardins. Par exemple, le mémorial gréco-romain du parc Bharathi et les beaux bâtiments coloniaux.

Le temple d’Arulmigu Manakula Vinayagar , consacré à Ganesh, est très vivant et surtout, fait rare, les non hindous peuvent y entrer. Lakshmi, l’éléphante qui venait bénir dévots et curieux vers 18h00 est malheureusement décédée d’une crise cardiaque récemment.

« La Promenade », est une plage de gros rochers. Ils gênent l’accès à la mer. De toutes façons, la baignade y est interdite. En revanche, c’est un plaisir d’y marcher et d’y regarder l’animation. Le matin tôt, les locaux font leurs exercices et profitent de la relative fraicheur. En revanche, très peu de restaurants ou de cafés bordent la plage.

Le quartier tamul

Ce quartier offre une ambiance toute différente. On retrouve l’Inde bruyante avec sa circulation chaotique, ses cris, klaxons et les ordures. Cependant, y subsistent quelques vestiges français. Ainsi, l’étonnante église du Sacré cœur, néogothique, et la cathédrale de l’Assomption plutôt néo-baroque.

Si les rues demeurent perpendiculaires, l’architecture des maisons tamoules y diffère. Les maisons coloniales joliment entretenues et encerclées de hauts murs s’ouvrent sur des patios arborés. Au contaire, les maisons tamoules s’ouvrent vers l’extérieur par des vérandas sur rue (thalvaram) avec un toit en appentis sur des poteaux en bois. Souvent, on trouve aussi un thinnai, une plateforme surélevée adjacente à l’entrée principale de la maison. L’ensemble, plus délabré, manque de la verdure charmante de la « ville blanche ». Une maison musée poussiéreuse, Sri Ananga Mansion, se dresse en face de l’entrée du marché, mais ses horaires erratiques posent un vrai problème au visiteur.

L’inde commerçante du quartier tamoul.

La rue Nehru marque le centre de l’activité marchande. S’y cache le dédale du marché Goubert. Enorme et particulièrement vivant, il regorge de produits, de senteurs et de couleurs.

Malgré l’absence de trottoir et la circulation de ce quartier, il faut s’y promener. On peut pousser vers le Nord jusqu’au temple dravidien de Varadaraja Perumal dédié à Vishnu et point de départ de la ville ancienne. On peut aussi se rendre au jardin botannique ou à la tour de guet avec le petit marché.

Pour un jour ou deux jours, Pondichéry marque une étape adorable. L’on se plonge avec délices dans les rues calmes et arborées du quartier colonial et on s’arrête avec bonheur dans ses cafés au charme suranné.

Kanchipuram

Située à une bonne heure de route de Chennai, Kanchipuram offre une belle idée de visite pour la journée.

Cette ancienne capitale des Palavas a vécu son heure de gloire du VIe au VIIIe siècle, Riche en temples, c‘est une ville sacrée et une des 7 villes saintes d’Inde. Pourtant certains temples sont plus tardifs et datent de l’Empire Chola (comme celui de Thanjavur) ou celui des Vijayanagar.

Aujourd’hui, cette ville poussiéreuse et bruyante a perdu de sa superbe et il faut fouiller dans le chaos pour y trouver du charme et y repérer les temples les plus importants. Si la ville en a conservé énormément, peut-être pas les 1000 vantés par les guides touristiques. En outre, tous ne valent pas la visite. Dans leur majorité, les prêtres locaux sont traditionnalistes, peu sympathiques et réfractaires à la présence d’étrangers. Il vaut donc mieux ne pas tenter d’enfreindre leurs ordres.

Quelques temples incontournables

Des agences proposent des matinées de folie à Kanchipuram en faisant visiter dix temples. Ce qui implique un lever aux aurores, car les édifices religieux ferment entre 12.30 et 16h. Néanmoins, tous ne sont pas incontournables et pour éviter la saturation, voici une petite sélection maison.

Perumal Temple reservoir, Kanchipuram

Kailasanatha Temple,

 On peut commencer par Kailasanathar, temple du VIIe s dédié à Shiva. C’est donc l’un des premiers à avoir été bâti avec une base en granit supportant sa structure imposante. C’est surtout l’un des plus anciens de Kanchipuram. Il apparait comme un modèle d’architecture dravidienne. Il contient des préaux aux beaux piliers sculptés. Un vimana surmonte le sanctuaire central entouré de 9 sanctuaires. Tout autour de la cour carrée se trouvent 28 cellules avec des fresques particulièrement anciennes.  Le temple est aussi connu pour ses nombreuses et très précoces inscriptions.

Varadharaja Perumal Temple,

À l’est de Kanchipuram. On le repère de loin en raison de sa taille et surtout de la hauteur de la gopuram d’accès. Ce temple est particulièrement réputé pour son mandapam aux somptueuses sculptures du 8eme siècle. Considéré comme un musée, on accède à ce hall aux 100 colonnes moyennant un paiement. En revanche, après avoir payé, admiré, photographié ce mandapam et les gopurams d’entrée, le clergé local, particulièrement radical, refuse farouchement l’accès des non hindous aux sanctuaires.

L’immanquable

Ekambaranathar

C’est l’un des temples les plus célèbres et l’un des plus grands du Tamil Nadu. Il est dédié à Shiva sous sa forme Ekambareswara, terrestre. On a un peu l’impression de rentrer dans un immense enclos en jachère, d’où surgissent des sanctuaires plus ou moins entretenus.

Nandi, Temple Ekambaranathar Kanchipuram

Ainsi, en partant sur la gauche, un réservoir vide précède un mandapa aux magnifiques sculptures. L’’état général des lieux et les odeurs attestent d’une fréquentation limitée.

piliers sculptés du mandapam Kanchipuram

En revanche, si l’on part tout droit après la première gopuram, on rentre dans le saint des saints. Les marchands du temple vous attendent et se succèdent jusqu’au mandapam vibrant d’animation. Là, on peut vous accoster pour vous proposer de pénétrer dans le sanctuaire. Sous l’œil goguenard et bienveillant du prêtre ravi d’assister à un échange de billets qui lui profiteront, l’étranger mécréant est admis. Il peut alors longer librement l’immense corridor bordé de lingams. De petits autels et des chariots et statues processionnels rangés mènent jusqu’à une courette dans laquelle survit un manguier soi-disant tri centenaire. L’on contourne ainsi le sanctuaire sans véritablement y entrer mais en attrapant une idée de l’atmosphère sacrée et de l’immensité du lieu.

Bien qu’initialement érigé sous l’Empire des Pallavas, il fut entièrement détruit et reconstruit à la fin de l’ère des Cholas. Au fil des siècles, la structure du temple a été améliorée, notamment par les rois Vijayanagar au 15ème s).

Au-delà des temples, la ville

le berceau, Kanchi Kudil, Kanchipuram

Pour les amateurs d’ethnologie, Kanchi Kudil, est une belle maison transformée en musée. On peut visiter moyennant une petite obole. Les pièces de vie d’une famille au sens large vivant sous le même toit sont bien préservées. De belles explications concernent justement la cohabitation dans le Tamil Nadu agricole. On y comprend mieux les stratégies de préservation des terres au sein d’une même famille. On y voit aussi les toits caractéristiques de la région à 7 épaisseurs de tuiles.

Le musée ethnographique de Kanchipuram

Kanchipuram est aussi connu pour sa soie de murier. Cinq mille familles travaillent a la fabrication de saree traditionnels. Malheureusement, les ateliers souvent petits ont migré hors de la ville et les invitations a voir le travail du tissage vous mènent immanquablement dans de grandes boutiques. Pour le reste pas mal d’animation dans la ville.

Kanchi Kudil, maison musée de Kanchipuram

Pour des raisons pratiques, il vaut mieux partir a la journée avec un chauffeur ou un ato. cf article transports et circulation-Les distances peuvent être longues, la touffeur insupportable. Il est parfois difficile de s’orienter dans cette ville poussiéreuse et un chauffeur voire un guide peut donner du sens à cette découverte.

Mahabalipuram

Mahabalipuram ou Mamallapuram est l’un des grands sites du Tamil Nadu, voire le plus connu. Il est d’ailleurs classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Ce fut, entre le Vème et le VIIIème siècle, la grande ville portuaire des Pallavas. Cette dynastie avait établi sa Capitale à Kanchipuram. La ville tire d’ailleurs son nom du Roi Pallava, Narasimha Varnam 1er, surnommé « Mamalla » (le grand guerrier).

Outre le fameux bas-relief de 27m sur 9m, la Descente du Gange, de nombreux temples ont été taillés directement dans les falaises de granit entre les 7eme et 8emes siècles.

C’est un site compliqué si on l’aborde sans préparation. Alors, pour mieux le comprendre, voici les 5 zones à ne pas manquer.

On peut acheter un ticket global a la première entrée (notamment aux temples du rivage) qui sera composté à chaque guichet.

La motte de beurre et autour

 On peut commencer, ou finir, par Le butterball ou motte de beurre, rocher qui se tient en équilibre depuis plus de 1200 ans. Cette boule de granit de 6,5m pèse 250t et ne bouge pas. Plusieurs théories farfelues expliquent ce prodige. Certains ont invoqué des extra-terrestres. La légende raconte que le fils de Krishna aurait volé du beurre, l’aurait envoyé dans le ciel puis fait tomber sur terre.

Cependant, une explication plus scientifique considère que La friction entre la base et le rocher le maintient en place. De plus, c’est la seule roche non sculptée par les Pallavas.

 En contrebas, des reliefs ornent des roches monolithes. Puis, en remontant derrière le temple de Ganesh, deux temples en hauteur dédiés à Shiva.

Une fois monté vers la Grotte de Trimurthi, on voit des sculptures de Brahma, Vishnu et Mahaeschwara. De là, On rejoint le phare, qui offre une belle vue sur la plage.

L’impressionnant relief de Mahabalipuram, la pénitence d’Arjuna

En sortant côté motte de beurre et en longeant sur la droite, on accède au Krishna mandapa. Il s’agit d un pronaos excavé avec des sculptures impressionnantes. Des reliefs illustrent la traite de la vache sacrée et Krishna élevant la fille de Govarghana.

Juste avant d’y accéder, se déroule l’exceptionnel relief de 27x10m, taillé dans un énorme roc de granit. Ce chef d’œuvre de l’Art Antique indien date du VIIème siècle. Les spécialistes le considèrent comme le plus grand relief du monde. Selon l’interprétation, on l’appelle Pénitance d’Arjuna ou descente du Gange. Ce bas-relief représente une multitude de scènes de la mythologie hindoue ainsi que des scènes de la vie quotidienne.

Au centre de l’œuvre, des naga (serpents mythiques capables de prendre une forme humaine) s’insinuent dans une crevasse, dans laquelle coulait autrefois de l’eau. Elle symbolise le fleuve sacré, le Gange. Ce relief illustrerait en fait un passage du Mahâbharatha.

Sur la gauche, on repère aisément un homme qui se mortifie, debout sur une jambe, les deux bras en l’air. Et là, deux interprétations s’opposent :

  • Pour les uns, il s’agirait d’Arjuna, le héros de la fameuse épopée du Mahâbhârata. Celui-ci ferait pénitence afin d’obtenir du Dieu Shiva (debout à sa droite) le Pasupatha Astra, l’arme la plus puissante de Shiva. Elle permet de tuer les Dieux. Dans l’épopée, Arjuna la désire pour vaincre ses cousins les Kauraves.
  • D’autres défendent l’idée que l’homme faisant pénitence, serait le Sage Bhagîratha. Celui-ci souhaite obtenir du Dieu Shiva, qu’Il fasse couler l’eau du Gange sur la Terre.

Les 5 Rathas

 Plus loin, en continuant la route jusqu’au bout de Mahabalipuram, on atteint un autre enclos avec Les 5 rathas, référence aux 5 frères pandavas ou 5 panchas (5 en sanskrit). Il s’agit d’un ensemble de petits temples creusés directement dans la roche, du haut vers le bas. Le Roi Pallava Narsimha Varman I (630-668 après J.-C.), a construit ces édifices monolithiques aux VIIème et VIIIème siècles. Plus exactement il les a fait excaver.

Les Cinq Rathas portent les noms des légendaires Pandavas, les frères qui se battent contre leurs cousins Kauraves dans le Mahâbhâratha: Yudhistara, Arjuna, Bheema (grand chariot rectangulaire), Nakula & Sahadeva et de leur épouse commune Draupadi (à l’entrée). Ces édifices incomplets n’ont pas été consacrés. En revanche, ils ont été creusés comme des modèles, et n’étaient pas utilisés pour le culte.

Les statues d’un éléphant (le véhicule d’Indra), du lion (le véhicule de Durga) et du taureau Nandi (le véhicule de Shiva) jouxtent les rathas.

Le clou de Mahabalipuram, les temples du rivage

 De l’autre côté de la route et près de la plage, se dressent Les temples du rivage. Ce sont 2 fantastiques temples pyramidaux dédies à Vishnou et Shiva. Une magnifique allée de taureaux Nandi (monture de Shiva) y mène.

Ce sont les plus anciens temples construits du Tamil Nadu. Ils s’opposent en cela aux temples précédents taillés directement dans la roche ou creusés.

 La construction de ceux-ci daterait de 700-728 ap JC, à l’époque où Mahabalipuram était une importante ville portuaire, sous le règne des Pallavas. Ce processus témoigne de la cohabitation des deux courants principaux de l’hindouisme. 

 Deux sanctuaires sont dédiés au Seigneur Shiva. Le plus grand se dresse a 18m avec son lingam symbole de Shiva et haut relief de Somaskanda (le trio Shiva, son épouse Parvati et leur fils, Skanda). Le second est consacré est consacré à Vishnu, représenté dans sa posture couchée, sur le serpent Sesha. Le troisième est arrasé. Le dernier grand tsunami a mis a jour les vestiges d’autres temples aujourd’hui recouverts par la mer et le sable.

Les sculptures qui ornent les tours sont nombreuses et délicates.  Un lion se dresse au milieu de l’ensemble, Vahana, monture de la déesse Durga.

Les deux temples encore debout, très bien conservés sont certainement le lieu le plus célèbre du Tamil Nadu. L’affluence des Week-ends et jours fériés peut donc dérouter.

Brixton

Brixton n’est plus le quartier jamaïcain synonyme de révoltes des années 1980. La commune s’est regénérée ces dernières années. Néanmoins, de nombreux lieux rappellent son passé plus populaire.

 Brixton, capitale de la musique et berceau de David Bowie

On peut arriver à Brixton à pied depuis Vauxhall et Little Portugal après avoir goûté des pastel de nata. Mais le moyen le plus simple reste le métro ou le train. Tout autour des deux gares, le quartier se gentrifie très vite. Le dimanche, les bars à la mode affichent complet.

Le long de la grande artère, Brixton Road, le premier department store du pays, ouvert en 1877« le bon marché », propose aujourd’hui des brunchs au prosecco. Il attire les jeunes gens huppés de la capitale. Car les quartiers sud ne font plus peur !

Cet ancien grand magasin faisait l’angle de la rue Ferndale et était relié au bâtiment de l’autre coté de la rue par un tunnel. En effet, c’est dans ce dernier que logeaient les employés.

Plus loin, à l’angle de Brixton road et rue Tunstall, une énorme fresque de Jimmy C rend hommage à l’enfant chéri de Brixton, David Bowie. Le grand musicien est en effet né et a passé son enfance au 40 Stansfield Rd.

De l’autre coté de la route, les murs soutenant les rails sont ornés de peintures colorées. Un marché s’y tient le dimanche. En revanche, Electric road en accueille un tous les autres jours de la semaine. Cette rue, la première d’Angleterre illuminée par l’électricité, en 1888 a conservé  une animation née des vagues migratoires. On y trouve, sous les canopés victoriens, de magnifiques étals de fruits et produits exotiques mais de plus en plus rarement jamaïcains.

Dans Brixton market, les boutiques offrent des denrées de pratiquement tous les coins du globe. Les marchés et arcades du quartier valent vraiment la balade et l’arrêt gastronomique. Un autre enfant du quartier (sur cold Harbour rd)a lui un lien avec le monde politique : John Major fils d’un Monsieur Loyal devenu comptable.

Brixton, ville jamaïcaine

La place principale de Brixton s’articule autour de constructions de la fin du 19e et des modernes archives noires https://blackculturalarchives.org/  (1981). Son nom Windrush square se réfère au bateau HMS Windrush qui, en 1948, amena  dès après le Nationality act la première génération de Jamaicains pour aider à la reconstruction du pays. Cette vague migratoire s’arrêta en 1971 avec l’Immigration Act. La lumière s’est braquée sur cette communauté avec les émeutes de 1981. Plus récemment, le scandale de 2018 a mis en cause la légitimité de ces jamaïcains venus légalement .https://www.youtube.com/watch?v=Q4SIP7EZze4

Un magnifique roman de 2004 illustre la tragédie des Jamaïcains venus aider la mère patrie : Small Island par Andrea Levi , https://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/05/09/couleur-peau-andrea-levy/

Sur la place, la statue de Henry Tate rappelle que l’inventeur du sucre en morceau a aussi été généreux. Il a offert sa collection de tableaux à la nation, la fameuse Tate Gallery. Brixton lui doit l’une des premières bibliothèques publique et gratuite.

A coté de ce bâtiment, le Ritzy fut le premier cinéma construit en tant que tel. A l’origine, un théâtre faisait face à l’hôtel de ville qui a conservé son haut beffroi. Des institutions musicales l’entourent : la Brixton Academy et Electric Brixton. https://www.electricbrixton.uk.com/. De nombreux grands groupes y sont passés.

Brixton champêtre

Outre les marchés et rues commerçantes, il existe un Brixton vert. Pour le trouver, il suffit de rejoindre Matthew’s Church, également appelée Waterloo Church. Cette église commémorative est devenue bar. Brixton Hill devient plus champêtre avec des petites maisons et de la verdure. On rejoint alors Blenheim Gardens où se trouve une jolie poste victorienne, toujours en activité depuis 1891. Le jardin au bout de la rue nous plonge dans la campagne avec son moulin qui a fonctionné de 1846 à 1934 . https://www.brixtonwindmill.org/visit/

 Juste derrière les bâtiments pénitenciers rappellent la triste réputation de Brixton.

On peut alors marcher vers le parc de Brockwell en rebroussant chemin le long de Brixton Hill et en empruntant la jolie Brixton Water lane. https://beta.lambeth.gov.uk/parks/brockwell-park

 Ce parc très plaisant permet de passer un bel après midi dominical entre serres, jardins communautaires, café et Lido. Cette très belle piscine en plein air a gardé des éléments art déco. De là, on peut finir l’après midi au Herne Hill Market et y prendre le train.

Ecrivains londoniens

Voilà de quoi découvrir les grands écrivains londoniens et se régaler de littérature.

 Je n’évoquerai ici que quelques écrivains anglais connus en France qui ont vécu à Londres. De fait, je vous propose de retrouver les plus célèbres de ces écrivains anglais dans leurs parcours londoniens.

Un détour par la Bibliothèque nationale s’impose si vous voulez découvrir des manuscrits authentiques. https://www.bl.uk/ Des expositions saisonnières dévoilent de véritables chefs d’œuvre.

Des écrivains londoniens

Virginia Woolf 1882-1941

On suit l’auteur de Mrs Dalloway à la trace dans le quartier de Bloomsbury. Elle a pratiquement habité toutes les places du quartier où s’est formé le groupe des quatre. Ce Bloomsbury group rassembla artistes et intellectuels  au tout début du XXe. Il se composait de Thoby Stephen et ses amis de Oxford, Lytton Stachey, Leonard Woolf et Clive Belle qu’il présenta à ses deux sœurs Virginia et Vanessa.

On retrouve les panneaux bleus indiquant la présence de Virginia au 46 Gordon sq, au 29 Fitzroy Squre et au 52 Tavistock square, ainsi qu’une très vilaine statue dans le  jardin au centre de la place. https://visitesfabienne.org/bloomsbury/

Pour les inconditionnels de Virginia Woolf, la visite de son cottage  Monk’s House, dans le Sussex vaut également le coup  https://www.nationaltrust.org.uk/monks-house

Dickens 1812-1879

On peut suivre Dickens à travers Londres. L’immense écrivain arpentait en effet les rues sans se lasser. Il aurait par exemple évoqué la old Curiosity shop dans le livre du même nom. Ce, batiment du 16es, probablement le plus ancien magasin de la ville,  a miraculeusement survécu au grand incendie de 1666 et aux bombardements. Situé à l’angle de Lincoln’s Inn Field,la vieille maison à colombage et pans de bois fait aujourd’hui partie de LCI.

 Non loin de Coram Fields se situe l’une des demeures de Dickens transformée en Musée. Celui-ci nous offre une jolie plongée dans un intérieur bourgeois du 19e siècle mais aussi et surtout dans l’œuvre littéraire et engagée du grand romancier. https://dickensmuseum.com/

Des écrivains qui rencontrèrent le succès à Londres

Beaucoup de grands noms de la littérature anglaise ne sont pas nés à Londres mais y ont fait carrière. Retrouvons les plus connus des lecteurs français.

 Shakespeare

Bien sûr on ne peut parler des écrivains anglais sans évoquer le monument national. Il hante chaque recoin de sa charmante cité natale , Stratford upon Avon. Les jolies rues et ravissantes maisons sont devenues un véritable Shakespeareland. https://visitesfabienne.org/stratford-upon-avon/

Si la foule et le folklore vous rebutent, ne boudez pas votre plaisir néanmoins au Globe. Ce théâtre reconstitué par les soins d’un américain passionné, Sam Wanamaker, vaut vraiment la visite. Celle-ci est assurée par des comédiens exceptionnel et le tout se révèle passionnant. Encore mieux, il faut assister à une pièce l’été, debout dans les conditions de l’époque. https://www.shakespearesglobe.com/visit/

Pour se faire une idée du personnage, son portrait se trouve à la National Portrait Gallery, un musée tout à fait passionnant en plein cœur de Londres.

Sir Arthur Conan Doyle 1859-1930

Bien qu’il n’ait pas beaucoup vécu à Londres, le célèbre médecin et écrivain Sir Arthur Conan Doyle, ou plus précisément son encore plus célèbre héros, Sherlock Holmes, s’y voit gratifié d’un musée. Protagoniste de plus de 50 nouvelles,  le détective , doublé de son ombre Watson est en effet au centre de reconstitutions très touristiques au 221 B Baker Street. https://www.sherlock-holmes.co.uk/

Sur plusieurs niveaux, on retrouve l’univers familier de Sherlock Holmes : pipe, chapeau de chasse (le fameux « Deerstalker »), jamais décrit par l’auteur mais rendu célèbre dans les premières illustrations  mais aussi violon, matériel de chimie.

On retrouvera également l’ambiance des romans policiers au pub Sherlock Holmes, à Charing Cross. Le décor y restitue le bureau du célèbre détective..

Sir Winston Churchill (1874-1965)

Héritier d’une immense famille, l’homme reste lié à sa demeure ancestrale : https://www.blenheimpalace.com/visitus/sir-winston-churchill/

Pour autant, l’écrivain a essentiellement écrit dans sa demeure de Chartwell https://www.nationaltrust.org.uk/chartwell

Enfin,  on suit l’ homme politique et orateur de talent à maints endroit de Londres. Sa statue fait face aux Houses of Parliament. Mais il a aussi beaucoup marqué les war rooms. https://www.iwm.org.uk/visits/churchill-war-rooms

Je n’ai évoqué ici que quelques noms célèbres et vous propose de nous retrouver la semaine prochaine pour d’autres idées de parcours littéraires.

Quartiers littéraires

On peut commencer cette évocation des quartiers littéraires dans quelques-unes des très belles librairies londoniennes : https://www.hatchards.co.uk/page/our-history

Ou encore : https://dauntbooks.co.uk/

La grande chaine Waterstones allie rayonnages de livres et cafés. Certaines de ses librairies sont particulièrement achalandées.

De nombreux écrivains anglais, de passage à Londres, y sont rappelés par les célèbres plaques bleues. .

Bloomsbury

Bien sûr la zone qui s’étend autour du British Museum, jusqu’à l’actuelle British Library a  constitué l’un des quartiers littéraires majeurs à Londres. Ce, particulièrement au début du XXe avec le célèbre groupe de Bloomsbury. J’ai déjà évoqué ce groupe autour de la personnalité de Virginia Woolf.

 Leicester Square et Agatha Christie

La grande dame du policier anglais est toujours restée attachée à sa ville de naissance, Torquay.

 Néanmoins, elle a passé quelques années dans la capitale.

Outre ses romans policiers, Agatha Christie s’est illustrée dans l’écriture théâtrale. D’ailleurs, au St Martin’s Theatre se joue la pièce au plus grand nombre de représentations consécutives au monde, The Mouse trap. Non loin de là, à l’angle de Great Newport Street et Cranbourn se tient le mémorial de l’auteur de Dix petits nègres.

Celle-ci a notamment habité un extraordinaire immeuble moderniste et ruche d’intellectuels de Hampstead. Ce bâtiment est particulièrement intéressant pour les amateurs du Bauhaus. Il renseigne amplement sur la vie de la célèbre romancière.

Immeuble Isokon

Hampstead, le roi des quartiers littéraires

l’auteur du Livre de la jungle, Rudyard Kipling, est né et a passé son enfance à Bombay . Il a ensuite suivi le reste de sa scolarité en Angleterre. Ecrivain prolifique, il a écrit romans , poèmes, nouvelles, chroniques de gazettes et journaux.. Sa maison de cœur se trouvait dans l’East Sussex . Pour autant, Kipling vécut aussi à Hampstead, dans un joli cottage de Paradise Valley. Surtout il fréquenta Burgh House,où habitait sa fille. La maison abrite aujourd’hui un charmant petit musée.

Comme dit plus haut, Agatha Christie a aussi logé à Hampstead.

Tout comme John Keats, dont la maison reconstitue un intérieur Régence. Non loin de Keats Grove,  sur Willow Drive, Ian Fleming s’est opposé aux constructions brutalistes de son ennemi Goldfinger. Leur conflit de voisinage est à l’origine de l’une des descriptions de méchant les plus réjouissantes de la littérature d’espionnage.

Plus glamoureuse, Daphne du Maurier a habité la somptueuse demeure familiale sur les hauteurs de Hampstead. Elle se dresse non loin de la maison (sur Vernon Mount) où Robert Louis Stevenson a trouvé une «  délicieuse source d’inspiration ».

Maison de Stevenson

Enid Blyton,  également résidente de Dulwich et Chelsea,  y a écrit quelques opus de sa très copieuse production enfantine. Que serions-nous en effet devenus sans « club des 5 » « Oui oui » ou  « Le clan des 7 » ?

Lytton Strachey, Lord Byron, TS Eliot, DH Lawrence, ont  également trouvé de quoi écrire de grandes pages dans ce quartier huppé et arboré

Mieux que tout ce que je pourrai dire, voici un autotour sur les traces des écrivains qui ont vécu à Hampstead.

Islington

Le charme bucolique d’Islington a également inspiré quelques auteurs.

Sur Canonbury Square, on voit les plaques bleues indiquant la résidence de George Orwell et Evelyn Waugh qui ont aussi habité un temps Hampstead. John Betjeman, lui aussi résident de Hampstead et ardent défenseur du patrimoine, a écrit de jolis poèmes sur le quartier de ses parents.

Mary Shelley, connue pour sa créature Frankenstein y passa une partie de sa vie ainsi que sa mère. La célèbre féministe Mary Wollstonecraft y a même une statue, sur Newington Green.

Chelsea

Il faudrait encore tout un article pour parler des célèbres écrivains de Chelsea, tels Thomas Carlyle mais l’idée ici était de se cantonner aux auteurs connus de tous.

Ainsi, vous pourrez y suivre les aventures de Ian Fleming et son célèbre héros James Bond.

Le charme de Chelsea a aussi attiré de grands auteurs tels Oscar Wilde ou Samuel Beckett.

Pour mieux savoir qui a habité où, voire qui était qui, je vous recommande ce tour gratuit dans les pas des écrivains qui ont marqué le quartier.

St Pancras

Enfin, je ne résiste pas à l’idée de vous rappeler la présence de Thomas Hardy à la vieille église St Pancras. Pourtant, l’auteur de drames romantiques n’était pas londonien. Il n’aimait pas la ville et y a peu vécu. Il s’est néanmoins marié à Kensington et y a laissé une trace… peu littéraire mais étonnante…

 En effet, l’auteur de « Tess d’Uberville » , a travaillé en tant qu’architecte à l’église st Pancras. Il s’est ainsi vu confier la tâche de regrouper les tombes déplacées de l’ancien cimetière pour faire place à la construction du chemin de fer de l’Ouest. En regroupant une certain nombre de stèles au pied d’un arbre épargné par la fièvre constructive, il a donné naissance à un arbre du plus grand romantisme.