Disséminées dans le paysage urbain, les enceintes de Paris sont encore bien présentes. La capitale a en effet compté 7 enceintes au cours de son histoire bi-millénaire. Elles expliquent l’expansion concentrique de pat et d’autre de l’Ile de la Cité, berceau fortifié de la ville.
Les 7 enceintes de Paris
Pour faire face aux invasions, Paris s’est très tôt dotée d’enceintes. Mais à mesure que la ville grossissait, elle s’est retrouvée à l’étroit. Les murs se sont ainsi déplacés pour entourer la ville en expansion ainsi que ses nouveaux centres.
- La première muraille date du Bas -Empire romain (3e/4e siècles). Face à la poussée barbare, Lutèce, prospère sur la rive gauche, se replie sur le Castrum de l’Ile de la cité. Il faut descendre à la crypte archéologique pour découvrir le petit pan de mur évoqué également rue de la Colombe.
- Le 10e siècle emmure pour la première fois la rive droite. Alors que la rive gauche peine à se remettre des invasions normandes, la rive droite se développe en effet. Cette fortification complètement perdue réapparait depuis une petite vingtaine d’années grâce aux efforts des archéologues de l’INRAP appelés en renfort sur des chantiers de construction.
- Avant son départ en croisade en 1190, Philippe-Auguste, premier roi véritablement Parisien, dote sa capitale d’une forteresse le Louvre, et d’une muraille destinée à la protéger des dangereux envahisseurs de l’ouest. Cette dernière est la mieux conservée et connue, la plus visible, des enceintes de Paris.
- En pleine Guerre de 100 ans, Charles V décide de protéger la rive droite qui déborde largement de la muraille de Philippe Auguste. Des pans de cette nouvelle fortification du 14eme siècle sont réapparus lors de la construction du Grand Louvre.
- Les Guerres de Religion ont largement détruit Paris et les Bourbons qui accèdent au pouvoir avec Henri IV n’ont de cesse d’embellir puis de protéger la ville. Mais les progrès de l’armement ont rendu les fortifications médiévales inopérantes et la construction de nouveaux remparts doublant la muraille de Charles V s’étale sur plus d’un siècle (16e/fin du 17e). Lorsque Louis XIV monte sur le trône, traumatisé par le souvenir de la Fronde et auréolé de ses conquêtes, emmurer Paris n’a plus de sens. Désormais la protection se fait aux frontières et la ville en pleine expansion s’ouvre. Les remparts sont détruits pour laisser la place à de larges avenues de promenade : les boulevards.
De la ville close à la ville ouverte
- La ville ouverte de Louis XIV est une nouvelle fois entourée d’un mur cette fois à vocation purement économique. L’enceinte des Fermiers Généraux est une barrière destinée à taxer tout bien rentrant dans la capitale au 18eme siècle. A ce titre, une cinquantaine de pavillons d’octroi pour recouvrer l’impôt la percent. La Révolution s’est empressée de détruire cette barrière, chef d’œuvre du grand architecte Claude-Nicolas Ledoux. Beaumarchais l’avait épinglé grâce au célèbre alexandrin « le mur murant paris rend Paris murmurant ».
- La dernière fortification visant à défendre paris suit l’épisode napoléonien. Votée dès le milieu du 19eme siècle, l’enceinte de Thiers n’arrêtera pas l’invasion Prussienne. Annoncé dès 1919, son démantèlement se poursuivra jusque dans les années 1930. Dans l’immense zone ainsi libérée, la ville de Paris agrandie de près de 25% construira des stades, cimetières, lycées, parcs, mais aussi toute la ceinture de HBM (habitations bon marché).
- Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, la ville de Paris connait une ultime ceinture cette fois destinée à faciliter les communications et transports : le périphérique. Aujourd’hui considéré comme entrave à la croissance de la ville, celui-ci constitue une muraille entre la ville intra-muros et la banlieue.
La triple empreinte des enceintes de Paris
Des enceintes de Paris, il reste trois types de vestiges
1 / d’une part des vestiges formels. Il n’est pas rare de découvrir au détour d’une rue pans de murs ou reliquats de tours. La muraille de Philippe Auguste reste la plus visible notamment rue des fossés Saint Paul ou rue Clovis. Les fouilles de sauvetage, menées par l’INRAP ont mis à jour des fossés ou pierres oubliées et permis de réévaluer notre connaissance des enceintes de Paris. Les fouilles des 20 dernières années ont ainsi permis de préciser le tracé de la muraille du Xe siècle jusque là plus imaginé que véritablement connu. En effet l’Institut National de Recherche archéologique préventive effectue un travail admirable de prospection, analyse et met à disposition de manière très compréhensible les fruits de son travail. https://www.inrap.fr/
2/ Outre les vestiges monumentaux, la topographie nous fournit un précieux indicateur. En effet la trace des enceintes de Paris se lit dans la forme des rues. L’enceinte de Philippe Auguste explique le tracé de la rue Jean Jacques Rousseau. Les boulevards des Maréchaux suivent les fortifications de Thiers. Les lignes 2 et 6 du métro (dans la partie aérienne) quant à elles reprennent le tracé de l’enceinte des Fermiers généraux.
3/ Enfin la toponymie nous aide à imaginer les enceintes de Paris disparues. On l’oublie souvent mais la place de la Contrescarpe rappelle la présence du fossé entourant la ville. Les rues des Fossés saint Bernard, Saint-Victor, entre autres, évoquent les douves protégeant les murailles médiévales.
La ville de paris a accompli un travail de signalétique qui nous permet de retrouver ces enceintes. Si certains vestiges apparaissent au détour d’une rue, d’autres se cachents dans des lieux insoupçonnés. Et il faut parfois aussi ruser pour rentrer dans les cours fermées par des digicodes.