Pour changer un peu des sempiternels tours de la vieille ville, j’ai mis sur pied un certain nombres de visites insolites.
Celles-ci sont en fait de deux types. Il s’agit d’une part de visites des lieux incontournables mais avec un regard différent. Mais, je propose aussi des visites de lieux méconnus ou oubliés.
Un autre regard
Dans cette rubrique je cherche à revisiter d’une manière personnelle les lieux connus de la Havane. En effet, les touristes lorqu’ils viennent veulent voir les essentiels, et c’est bien naturel. J’avais donc réfléchi à la manière de faire et refaire ces visites sans se lasser.
Vous trouverez dans cette section des itinéraires originaux mais dans des quartiers centraux comme la balade Art deco ou le Petit Wall Street.
Vous pourrez retrouver d’autres visites insolites dans mes balades du centre ville : sur les traces de Jésuites ou sur celles de Saint Francois.
Néanmoins, celle dont je suis peut être la plus fière est le Wall street de la Havane. C’est en effet en me baladant rue Obispo avec un groupe que m’en est venue l’idée. Je commençais alors un peu à me lasser de toujours montrer les mêmes bâtiments coloniaux . Je me suis alors rendue compte de l’architecture particulière d’une petite portion de cette rue.
Des façades colossales néo-classiques rappelaient les idéaux professés dans l’architecture publique et commerciale des Etats Unis. On retrouvait entre la rue Cuba et le Capitole de grands pilastres et frontons si typiques des bibliothèques, universités et banques américaines. Ils différaient totalement de l’architecture coloniale ou des autres constructions cubaines. Ne trouvant aucune explication dans la littérature cubaine, j’ai recherché dans de vieux guides et sur des sites anglo-saxons. Et j’en ai extirpé le terme de Wall Street havanais. De là, est née cette promenade qui a connu un vrai succès.
Des lieux insolites
Une deuxième partie s’intéresse à des lieux peu connus sur lesquels je suis parfois tombée par hasard. Ainsi en est-il des anciennes carrières aménagées en immeubles improbables. Dans le même registre, cette extraordinaire mosaique du patriarche orthodoxe recevant les clés de son église des mains de Fidel. L’église Russe, ou le petit baptistère de l’église Grecque cachée en plein centre ville sont autant de trouvailles incongrues au coeur de la vieille ville.
J’ai aussi eu la chance de faire partie d’un groupe de visites très actifs animés notamment par le bureau de l’historien de la ville. http://www.habananuestra.cu/ C’est grâce à ce groupe que j’ai pu découvrir le Chinatown cubain, les jardins de la Tropical ou encore Fusterlandia. https://visitesfabienne.org/fursterlandia/
Enfin des lectures personnelles m’ont permis de mettre sur pied des itinéraires comme la balade Art déco de rancho boyero, l’excursion à Regla, la balade pour mieux comprendre la Santeria. https://visitesfabienne.org/la-havane-africaine/
Que vous veniez pour la première fois ou la dixième fois, que vous séjourniez brièvement ou résidiez à la Havane, j’espère que ces idées de visites insolites vous combleront.
Sur les traces de Saint François à la Havane ? Voilà un itinéraire surprenant allez-vous me dire….
Mais non Saint Francois n’est pas venu à la Havane. En revanche ses petits frères pauvres si! Et ils s’y sont promené, et ils y sont restés…Alors suivez-moi sur leurs traces. Vous pouvez aussi lire cet article http://www.psychologies.com/Culture/Maitres-de-vie/Francois-d-Assise
Et surtout le formidable livre de Jacques le Goff.
L’Eglise Saint-François d’Assise comme jalon
Nous commençons à l’Eglise st Francois d’Assise sur la place homonyme. Cette église du début du XVIIIe fut détruite en grande partie par un ouragan . On la ferma ensuite . Puis, l’officine de l’historien de la ville entreprit de la reconstruire et de la réouvrir en 1994 comme salle de concert. Son chevet plat suivait autrefois la ligne de côte. Il part en diagonale et se compense à l’intérieur grâce à un trompe l’œil architectural du meilleur effet. Il reste deux des trois cloitres d’origine, aménagés en musée d’art sacré. Du clocher, l’on jouit d’une des plus belles vues sur la vieille Havane.
L’église se situe sur une place autrefois nœud commercial de la cité en raison de sa situation portuaire. Elle abrite d’ailleurs les bâtiments de la douane et la Bourse du Commerce tous deux des années 1910. La Bourse imite un palais florentin renaissance. Une statue de Mercure, parfaite réplique de celle de Gian da Bologna à Florence la couronne.
De Saint Augustin à Saint François
Nous prenons la rue Amargura jusqu’à l’angle avec Cuba pour rencontrer la très belle église des Augustins. Elle date de 1607 et sa restructuration remonte à 1860 au départ de la confrérie. Alors quel est son rapport avec notre Saint-François à la Havane? C’est en 1920 qu’arrivèrent les franciscains. De fait, ils avaient perdu leur domiciliation première. On les logea alors chez les Augustins…
Dans cette église, le prêtre italien parle de baroque mexicain même s’il s’agit plutôt d’un éclectisme néo renaissant bien réussi au demeurant. On y retrouve une iconographie franciscaine sur la mosaïque du sol, les stucs des colonnes et pilastres ou encore les fresques. Les nervures des ogives quant à elles, reprennent le thème de la cordelette à nœuds fermant le manteau de bure des frères.
L’église fut fermée en 1965 et réouverte au culte 10 ans plus tard. Elle a fait l’objet d’une magnifique restauration . Aujourd’hui, on l’a considère comme l’une des plus belles églises de Cuba. Quelques œuvres amusantes comme le Saint Francois au-dessus du portail latéral peint en si grand que le peintre faute de toile utilisa une voile. On reconnait également de belles images de la Vierge. En effet le culte marial a pris beaucoup d’importance dans l’iconographie franciscaine.
Dans la coupole, des fresques représentent les 4 piliers de l’ordre charité, obéissance, pauvreté et chasteté. Une jolie chaire de bois stuqué, complète la décoration. Dans l’ancien couvent en restauration, un musée consacre ses galeries aux sciences et notamment au découvreur de la fièvre jaune le célèbre médecin cubain Carlos Finlay.
Sainte Claire et les Pauvres
Nous continuons maintenant la rue Cuba dans le quartier Saint Isidore en direction de l’Eglise du St Esprit. Au passage nous longeons (angle Luz et Sol) le Couvent des Clarisses, magnifique édifice néoclassique construit des 1644 et abandonné en 1922 . Sa restauration n’avance malheureusement pas du tout.
A l’angle de Compostella, on arrive devant la très belle église du Saint Esprit. Il s’agit de la plus ancienne église de la ville encore debout. Elle servait de paroisse aux noirs affranchis dans un quartier où se réunissaient les pauvres et les esclaves. Elle date de 1620 et est construite dans cette pierre conchifère si caractéristique de la ville. La nef unique nous plonge dans les origines de la Havane avec ses lignes très simples et une belle croisée d’ogives très pure au niveau du chœur. L’orgue, offert par la Suisse se distingue pour son acoustique. D’ailleurs il est le lieu d’étude des organistes du conservatoire. C’est la seule église de la Havane avec une crypte pour enterrer les morts. Dans la sacrisitie, se trouve un meuble étonnant, une commode construite dans un même tronc d’acajou immense. Derrière cette pièce voutée, s’ouvre le patio avec les bâtiments consacrés aux pauvres.
Nous terminons notre périple à l’église de la Pitié (la Merced) fondée au 19e siècle à l’angle Damas et Cuba animée aujourd’hui par les Lazaristes. Cette magnifique église à la façade blanche illumine la jolie place complètement en ruine de sa décoration en forme de conque et s’orne de belles fresques.
Les Pharmacies cubaines, une véritable institution
A la Havane, les pharmacies remontent à 1598 quand Sébastian Milanes et Lopez Alfar fondèrent deux établissements. Le premier dans la rue royale (aujourd’hui la calle Murallas) et ensuite près de l’actuel callejon del Chorro (près de la cathédrale).
En 1670, la ville comptait une douzaine de pharmacies. Elles profitèrent de l’augmentation de la production de canne à sucre de laquelle on tirait une eau de vie utilisée dans les recettes pharmaceutiques.
C’est surtout le 19e siècle qui fut à l’origine du développement de ces pharmacies dans l’ile quand les officines se séparèrent de la pratique médicale. Avec leurs comptoirs de marbre, leurs vitrines emplies de bocaux de porcelaine et de verre issus des progrès de l’industrie de la céramique, les pharmacies devenaient des lieux décoratifs à part entière. Ce caractère élégant et luxueux fut renforcé par les étagères d’acajou. Elles remplacèrent les planches de pin rustique à l’époque du Dr Guillerm Lobe dont les reformes contribuèrent au développement commercial. Le Dr Lobe avait pour objectif de vendre dans son officine de Obrapia, entre St Ignazio et Cuba, les nouveaux produits pharmaceutiques issus des drogueries de France, d’Angleterre et des Etats Unis..
les Pharmacies de la rue Obispo
Tachequel, une des Pharmacies cubaines anciennes
Rue Obispo, le pharmacien Fransisco Taquechel fonda un établissement en 1898. Celui-ci gagna en notoriété à l’époque pour la qualité de ses produits et ses prix raisonnables. La boutique exhibe des pots français typiques du 19e siècle et quelques exemplaires du 18e. . Elle présente aussi des livres de prescriptions et des instruments de l’époque. Elle vend encore des médicaments naturels, de l’homéopathie et d’autres produits cubains (miel, produits dérivés de dents de requin).
Si c’est la plus récente des pharmacies de ce parcours, elle a en revanche été la première à avoir été transformée en musée, ce en 1966. Et c’est la seule à s’enorgueillir d’albarelles, flasques et pot originaux. Le squelette fait partie de la collection personnelle du premier historien de la ville et n’est pas un membre de la famille Tachequel ou un quelconque patient…
Dans la même rue, au 53, la pharmacie de Manuel Johnson a retrouvé sa splendeur du 19es avec ses albarelles, ses récipients de céramique. Elle vend aussi des médicaments et bocaux. Conçue d’abord juste à l’angle de la rue Cuba, elle s’est considérablement agrandie sous l’impulsion de se ses propriétaires Johnson et Johnson. Détruite par un incendie en 2006, elle a fait l’objet d’une restauration méticuleuse et expose le plus ancien livre de prescriptions.
La plus complète des Pharmacies cubaines, la Reunion
La plus belle rénovation reste cependant celle de la pharmacie la Réunion au 41 rue Teniente Rey y Compostela (derrière la plaza Vieja). Elle appartenait au catalan docteur Sarra, premier président du collège de pharmaciens de la Havane. Ouverte en 1853, elle devint la plus grande pharmacie de Cuba. C’était même une des plus importantes du monde. Elle commercialisait des recettes uniques comme la magnésie. Progressivement, elle a été agrandie par les successeurs pour gagner l’ensemble du paté de maison.
la pharmacie moderne
Elle a ensuite annexé l’autre coté de la rue avec une parfumerie (aujourd’hui la pharmacie moderne) et vers l’arrière (au niveau de la droguerie et de l’énorme coffre-fort). Puis, elle a ajouté un puits d’eau douce autrefois utilisé par les nonnes du couvent d’en face et par les gens du quartier. Ce puits d’eau permettait aux 6oo employés de ce véritable empire pharmaceutique de faire fonctionner les 3 étages de laboratoires et entrepôts.
Une pharmacie à la pointe du progrès
La pharmacie se voulait à la pointe du progrès dans tous les domaines : produits, flacons, publicité, diffusion (au moyen d’une flotille de camions). Le nom Reunion, inscrit sur tous les sols évoque l’association familiale et la réunion de plusieurs formes de pharmacopée (allopathie, homéopathie, plantes).
Elle compte trois grandes salles de vente, chacune dans un style à la mode au 19es (une néo-gothique, une classique). Ses plafonds bleu pastel, ses vitraux et mamparas colorés, en faisaient l’un des plus beaux magasins de la ville. Outre les trois salles de la boutique, des laboratoires présentent une collection d’objets pharmaceutiques anciens. On y voit ainsi un pèse personne, des balances. En outre seringues, pots à onguents, alambics mais aussi pots et flasques excavés à travers la ville y sont exposés.
La pharmacie réunit des fonctions muséales et commerciales. En effet, on peut toujours y acheter des produits pharmacieutiques. La famille Sarra est partie dans les années 1960 en Floride. L’ensemble a alors été nationalisée et restaurée en 2004 pour etre transformée en musée et lieu de vente de produits naturels. Car il faut bien le dire en matière d’antibiotiques et autres produits courants chez nous, les pharmacies cubaines sont vides.
Le bâtiment bleu magnifique et énorme occupe tout un pâté de maison. Une grande salle permet de rejoindre le coffre-fort, la droguerie avec un escalier majestueux. Un must !!!!
Pour compléter ce que vous aurez pu voir dans les pharmacies, vous pouvez visiter le Musée des Sciences Naturelles. 3 cuc l’entrée sur la place d’Armes dans un bâtiment moderne. Franchement si vous avez des enfants c’est une heureuse surprise avec une jolie présentation d’animaux, de la terre, de Cuba.
Le Musée des Beaux-Arts de la Havane comprend un batiment des années 1950/60 consacré à l’art cubain http://visitesfabienne.org/wordpress/beaux-arts-cubains/ et le Palacio del Centro Asturiano, imposant immeuble de style néoclassique. Ce dernier construit pour la communauté asturienne est devenu un musée depuis 1927. Il regroupe les collections dites d’Art universel . http://www.bellasartes.co.cu/
Le Musée des Beaux-Arts de la Havane se dresse face au Parque Central et au Gran Teatro de La Habana. Les tableaux et oeuvres exposés révèlent les goûts (et les moyens) de la bonne bourgeoisie cubaine d’avant la Révolution.
Les écoles du Nord au Musée des Beaux-Arts de la Havane
Juste après le guichet (5 CUP/ CUC), Sur la droite, on peut voir les peintures du continent américain, riches en Madonnes du sud du continent. Ainsi qu’un très beau Childe Hassam, Vue du Paseo de Prado. Au fond de ces salles, l’ascenceur mène en haut du très beau batiment éclectique. On peut commencer la visite au 5e avec les écoles du Nord. L’école allemande possède un joli Cranach, et des élèves du maitre. Chez les Hollandais, on distingue quelques beaux portraits de Van Dyck. Chez les flamands un Jan Brueghel le Jeune malheureusement mal exposé, sur une petite paroi mobile et obscure.
Les salles ont été réaménagées. Cependant l’éclairage n’est pas toujours optimal et le nombre important d’œuvres et l’absence de cartels explicatifs nuisent à la visite.
Une étonnante collection d’Antiques
Les troisième et quatrième étages sont occupés par l’importante Collection Lagunilla. On y trouve une Amphore panathénaïque et de nombreuses céramiques grecques. La disposition étouffe quelque peu la vraie richesse de la collection. Par manque d’espace, statues archaiques, classiques se mélangent avec les bustes hellenistiques. Ainsi, une tête ionique jouxte un buste classique, lui-même quasi adossé à des statuettes de Tanagra.et à une belle tête d’Alexandre le Grand.
On descend un niveau de mezzanine pour accéder à une enfilade consacrée aux étrusques, aux Romains et aux Egyptiens …. Et là quelques merveilles apparaissent dans le corridor entourant l’atrium. A commencer par le Papyrus Hood ou Livre des Morts de Bakenwerel, (assez moisi) découvert à Louxor, acquis par le comte de Lagunillas en 1949. Plus loin, la Tête de la statue d’Amon, en basalte noir, dont le corps se trouve au musée du Louvre. Dans un recoin un sarcophage et surtout huit merveilleux portraits du Fayoum plongés dans le noir…. de nombreuses têtes et lampes romaines, une magnifique collection de verres, quelques mosaiques en tesselatum, une en opus vermicullatum. Malheureusement aucune trace de provenance.
Collection française et italienne
En face la peinture francaise. La peinture du XIXe s est à l’honneur. Outre les pompiers (Bouguereau, Meissonnier) et troubadours, on retrouve l’École de Barbizon. Les paysages de Millet, Daubigny, Corot, Troyon ont eu leur heure de gloire chez les riches cubains. On trouve également un magnifique Courbet. Il cohabite avec un tigre de Delacroix de jolie facture. Ingres nous gratifie d’un portrait disproportionné. Sur les murs bleus, ressortent également un Greuze, deux Vernet (le marseillais pas celui du templete). Malheureusement l’air conditionné est en panne depuis un temps indéterminé et les tableaux se craquelent et/ ou moisissent. On voit les champignons à l’œil nu !!!!!!!
La collection italienne, pour sa part, montre l’hôpital de Chelsea vu par Canaletto, coupé en deux par le peintre lui-même. Il a cherché à vendre les deux moitiés. Aujourd’hui, une moitié du tableau se trouve à Norfolk (UK), alors que l’autre est exposée au Musée des Beaux-Arts de La Havane.
L’Espagne est sans aucun doute la mieux représentée avec des œuvres de Joaquin Sorolla, mais aussi de l’École du Greco, de Zurbaran et de Murillo, Ribera.
La vague de Courbet, au Musée des Beaux-Arts de la Havane
Le bruyant quartier du Vedado http://visitesfabienne.org/wordpress/la-havane/le-vedado/ offre de vraies merveilles et de véritables surprises, comme le Musée Napoléon de la Havane. Il s’agit peut être du plus exotique des musées de la Havane. Car on peut se demander ce que fait Napoléon à la Havane.
Le grand salon du musée Napoléon de la Havane
La Dolce Dimora
Fondé en Décembre 1961, Le Musée Napoléon est le seul du genre en Amérique latine tant par le nombre et la diversité des collections que par leur valeur. La Dolce Dimora l’accueille. C’était la demeure de l’homme politique italo-cubain Orestes Ferrara Marino. Il la construisit entre 1926 et 1929 dans un style évoquant la Renaissance florentine.
Cette demeure magnifique héberge un fond thématique sur Napoléon 1er constitué en grande partie par la collection de Julio Lobo Olavarria. Ce dernier fit fortune dans le sucre. Il possédait 14 raffineries et était surnommé le tsar du sucre. Sa collection de peintures se trouve aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts. Exilé aux US en 1962, l’industriel y mourut.
La disposition des galeries suit la chronologie de la période révolutionnaire, Directoire et Consulat (au rdc) à l’Empire (1er), aux défaites, à l’exil et à la mort (2nd ).
Dans le hall d’accès, le portrait du propriétaire des lieux Oreste Ferrara Marino nous accueille. Il se passionna par les luttes pour l’indépendance dans les Caraïbes. Avocat, écrivain, il participa au Gouvernement Machado puis Battista. Il devint alors diplomate en Europe d’où l’éclectisme de la maison. Ses voyages inspirèrent ce palais florentin aux plafonds coloniaux, avec des vitraux quasi médiévaux. A la révolution, Ferrara était ambassadeur aux Etats-Unis et y resta. Sa maison fut alors convertie en musée en 1971 et on y exposa les collections napoléoniennes de Julio Lobo qui habitait esq 11 y 4 .
Du Consulat à l’Empire
L’escalier d’accès expose des gravures concernant la fin de la monarchie, notamment un émouvant billet d’adieu de Marie-Antoinette à ses enfants.
Le grand salon, éclairé par d’immenses vitraux retrace l’évolution de la période du Directoire, au Consulat, à l’Empire. Ce salon concentrait la vie sociale du propriétaire célibataire et diplomate. Le long de la paroi d’accès, deux belles chaises Directoire signées Jacob ont été récemment restaurées et retapissées à l’identique. Juste au dessus on peut noter le tableau d’Edouard Detaille, La conquête d’Egypte. Cette toile annonce l’orientalisme. Une gravure du sphinx, évoque également la campagne d’Egypte.
Sur le mur de droite, se détache un buste du 1er Consul par Canova. Au dessus d’une console de Thomire (bronzier) et Jacob (ébéniste), se trouve une belle horloge à mécanisme apparent. Au-dessus, un portrait à l’huile du Consul par Gros. Entre les deux vitraux, encore une belle commode Empire avec des éléments antiques, colonnettes, figures ailées. Ces figures féminines et animalières (comme les cygnes qu’elle introduisit à la Malmaison) témoignent de l’influence de Joséphine de Beauharnais.
Une collection de soldats de plomb polychromes évoque un siège. Juste à côté de cette bataille modélisée, se trouve un très beau guéridon de bois et émaux au pied orné de trois aigles. Le plateau représente les maréchaux d’Empire. Un siège curule montre combien le style empire emprunte au classicisme antique. Sièges de campagne pour les empereurs romains, ce type de tabouret, ici en bronze et tapisserie, fut aussi utilisé par les papes puis réactualisé par Napoléon et utilisé lors des cérémonies officielles par les Maréchaux…
De l’Empire à Sainte-Hélène
La petite salle en enfilade expose des armes blanches et armes à feu. Des sabres et pistolets voisinnent avec des uniformes et des accessoires parmi lesquels un des 16 fameux bicornes de l’Empereur. Dans une petite vitrine, on voit la longue vue utilisée sur l’ile de Ste Hélène. Cette collection montre les progrès de l’armement mais aussi du textile et de la passementerie.
Au 1er , l’étage noble s’intéresse à la formation de l’Empire et la division des territoires conquis entre les membres de la famille. On peut aussi admirer le luxe du Palazzetto. Au débouché de l’escalier, un tableau unique de Jean-Georges VibertLa répétition du sacre. On y voit le futur Empereur assis en compagnie de Joséphine et de prélats. Napoléon installe des miniatures représentant les participants au sacre sur le plan de Notre Dame de Paris et en supprime d’autres…
Au fond de la petite galerie, un grand vase de la manufacture de Sèvres, signé Després illustre le sacre mais aussi les symboles napoléoniens. Il porte le monogramme, l’aigle,. Au mur, des portraits de la famille, Jérôme, Joaquim Murat par Gros.
Des souvenirs étonnants
La galerie puis le petit salon proposent des toiles et sculptures évoquant la famille de l’Empereur. Des meubles de salon de la Villa de Prangin recréent la résidence de Jérôme en Suisse. Un lustre de Percier et Fontaine offert par Napoléon à Joséphine au retour de la campagne d’Italie éclaire la pièce.. Elle donne sur une salle à manger fabriquée par des ébénistes cubains selon l’opulence de la société française du XIXe siècle avec une belle vitrine de porcelaine de Sèvres.
Dans l’escalier, un tableau de Luca Padillo causa un faux espoir lors de son nettoyage. Passé aux rayons X, il laissa apparaitre la signature de Goya…Malheureusement, il s’agit d’une toile récupérée au grand maitre, recyclée en scène de bataille…
Le 2e étage offre un ensemble de bureau et chambre ainsi que des objets liés à la mort de l’Empereur. La vitrine du corridor exhibe des souvenirs étonnants comme une pierre de Sainte-Hélène. On découvre avec incrédulité la brosse à dent, une molaire de l’Empereur. Julio LObo avait même acquis le fac similé d’une lettre d’amour à Joséphine. Dans la chambre, ’un redoutable tableau sur la mort de l’Empereur surmonte le lit. Une petite vitrine exhibe la montre de poche (offert par les descendants du médecin à Raul Castro lors de son mariage). Le couvre lit et le masque mortuaire ramené à Cuba parproviennent de Antonmarchi, le médecin de Napoléon, venu mourir à Cuba. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Antommarchi
Le 3e étage du Musée Napoléon est occupé par la bibliothèque riche de 4000 ouvrages. Son style n’a rien à voir avec le reste du musée.
Le quartier de Vedado aujourd’hui centre commercial névralgique de la Havane s’articule autour de la calle 23.
Après la Vieille ville et le quartier de Centro, Vedado fut en effet le troisième territoire ouvert au développement urbain à la charnière des 19 et 20 èmes siècles.
Une des belles demeures de l’avenue du Paseo, aujourd’hui maison de l’Amitié
L’edificio Focsa depuis le Malecon et le stade Jose Marti
Le Vedado, les charmes d’un quartier aéré
De nos jours, Il est aussi peuplé que le quartier de Centro, pour une superficie double. Il est donc plus aéré et moins densément peuplé. En 1870, on n’y comptait que vingt maisons.
Le développement du quartier n’a réellement débuté qu’à la fin du XIXe siècle. Et il a atteint son apogée dans la première moitié du XXe siècle (1920/50) avec la flambée du prix du sucre.
Le Vedado désigne ses rues par des lettres. Le mot espagnol de Vedado signifie réserve, chasse gardée, ce qu’était l’actuel quartier à l’époque coloniale. Sa partie Est se situe sur des collines calcaires. On y extrayait de quoi construire la ville. A la base, cette colline boisée entourée de grandes exploitations agricoles permettait de surveiller l’arrivée de pirates ou d’ennemis. Cette zone avait été bâtie jusqu’au Paseo (les rues portant des numéros pairs) sous le nom de quartier du Carmel.
devant l’Université L et 23
Un exemple de planification
En fait, dans les années 1870, l’urbanisation de ce quartier a représenté l’une des premières tentatives de planification urbaine répondant à des exigences rationnelles.
L’urbaniste Luiz Yboleon Bosque est à l’origine d’un plan en 1859 pour lotir la zone délimitée par le Rio Almendares, le Malecon, le cimetière de Colon et la Calle Infanta. Cette dernière prend le nom de l’Infante Isabel qui régna sous le nom d’Isabel II entre 1843 et 68. Le quartier continue jusqu’au San Lazaro, la rue la plus proche du bord de mer avant la construction du Malecon. Elle accueillait les institutions hospitalières. Plutôt inhospitalières en fait : asile, orphelinat, hospice pour lépreux, cimetière Espada (1804/78). Des piscines étaient aussi aménagées le long du littoral.
Le quartier s’organise autour de deux larges avenues sur le modèle parisien : G ou Président et Paseo. La Linea traverse perpendiculairement ces deux artères plus larges et entièrement arborées. Les lignes de transport à cheval puis en tramway donnèrent son nom à l’avenue « Linea ».
Le plan, d’ailleurs respecté, prévoyait des quadrilatères, d’une centaine de mètres de chaque côté. Les seules exceptions se trouvent entre les rues C et D (de 80m de large) et entre D et E (de 120m de large). Douze parcelles, les 4 plus grandes aux coins, les 8 moins grandes au centre occupaient chaque carré. Chaque parcelle devait comporter 5 mètres de jardinet devant la maison et 4 mètres de portique. Ces normes donnèrent une vraie homogénéité adoucie par la végétation.
Maison du Vedado
Considéré comme un modèle de développement urbain, le quartier se caractérise par la combinaison harmonieuse de maisons de styles variés. Celles-ci s’alignent le long de rues arborées, disposées en damier et identifiées par des lettres et des chiffres depuis l’avenue Paseo.
puis l’Université. Un grand escalier surmonté par la figure maternelle de Alma Mater mène ,au bâtiment du Rectorat puis des Sciences. Face à l’escalier monumental se trouve la Bibliothèque. Les moines dominicains fondèrent cette Université dans la vieille ville en 1728. Sécularisée en 1842, elle déménagea après 1902 sur cette colline. L’ensemble constitue un complexe néoclassique avec des accents parfois art-déco construit entre 1906 et 1940.
En contrebas, devant l’escalier, place avec monument à Juan Antonio Mella leader estudiantin et créateur du Parti Communiste sous Machado exilé et assassiné au Mexique en 1929.
Puis la rue San Lazaro mène à la rue Infanta, limite du Vedado et du Centro avec l’église ND du Carmel construite en 1872 dont le clocher de 60m ne fut terminé qu’en 1908 en raison de fissures dans le mur.
On peut reprendre la calle L depuis l’Université vers l’Hotel Habana Libre, ex Hilton, construit 10 mois avant la Révolution. Il s’inspire ouvertement du breakers Hotel de Plam Beach en Floride. Admirer la mosaïque d’Amelia Pelaez. Cet hôtel servit de premier lieu de commandement de Fidel Castro depuis le 24e étage.
L’angle de L et 23 est l’un des hauts lieux de la Havane, c’est l’amorce de la Rampa (partie de la 23 en déclivité, où se regroupent cinémas, boites, bar). A l’angle face à face, se trouvent le cinéma Yara et le glacier Coppelia. Le bâtiment en béton armé date de 1966. En forme d’araignée il peut accueillir 1000 gourmands très patients ou amateurs de queue. On peut se contenter de la caravane sur le côté, mêmes glaces en devises, sans attente. Ceci dit, Les glaces étant ce qu’elles sont on peut s’en passer….
Université de la Havane
Les Hauts lieux de la Mafia dans le Vedado
On peut faire un détour par l’Hotel Nacional construit en 1930 pour la pègre par MCKim Mead. Dans le jardin, subsistent les canons et casemates de l’antique fort Santa Clara sur la falaise. Dans l’Hôtel, le casino faisait face à la Floride en pleine prohibition. Les architectes New Yorkais combinèrent les styles art déco/ néo-classique/ néo colonial avec des mosaïques mudéjares, du marbre local, de beaux plafonds de bois. https://www.hotelnacionaldecuba.com/
On peut remonter vers l’Hôtel Capri pour parachever cette visite des hôtels construits pour la Mafia. Il faudrait rajouter le Riviera, inchangé depuis 1957 avec une vue incroyable sur le Malecon depuis le bar. Je recommande les soirées jazz du bar Elégant les vendredis et samedis à partir de 22h. https://www.iberostar.com/en/hotels/la-habana/habana-riviera-by-iberostar/
On passe alors devant l’edificio Focsa. Cetimmense délire de béton armé de 1956 fait du Corbusier de la Cité Radieuse un petit joueur. Surtout, il laisse imaginer à quoi le quartier aurait pu ressembler si la ville était restée aux mains des américains. On peut pousser sur la Linea pour admirer le magnifique édifice Art déco Lopez Serrano.
Enfin, en continuant calle 17 on peut marcher jusqu’au musée desArts Décoratifs voire jusqu’à la casa Musica sur Paseo et au parc John Lennon . On revient alors sur l’avenue des Présidents vers l’hôtel Président (1927), le Musée de la danse et la Casa de las Americas, merveille Art-Déco.
Place d’Armes, Statue de Ferdinand VII et Fuerza Real
Pour une première approche, une balade à pied vous permettra de découvrir les Belles places de la Vieille Havane.
Les agences de tourisme nomment ce circuit le kilomètre d’or. Il permet de comprendre l’urbanisme original de la vieille ville. Contrairement aux autres villes coloniales, organisées autour de la Plaza mayor, la Havane est en effet une ville polycentrique. Ce qui signifie que au lieu de concentrer tous les pouvoirs coloniaux sur une même place, différents centres se sont formés au cours du temps. J’explique cet urbanisme particulier dans cet article : https://visitesfabienne/la-havane/la-havane-2/
Place d’armes, le pouvoir politique
Plaza de Armas, statue de CM de Cespedes
En débarquant du bateau, du taxi, ou du bus, on se rend Plaza de Armas. C’est ici que tout a commencé avec la construction du fort, la Real Fuerza fin XVIe. Il nous rappelle que les Espagnols ne sont pas venus en pacificateurs mais bien en conquérants. Ils ont ensuite endossé l’habit de missionnaires comme en atteste la petite croix à l’emplacement de la première église paroissiale dans la cour du Palais du Gouverneur. Le petit Templete, construit en 1828 aux formes néoclassiques commémore le lieu de naissance de la ville. La place est aujourd’hui un lieu agréable avec son petit jardin. Le Palais du Gouverneur ou Palais des capitaines Généraux est devenu un musée .https://es.wikipedia.org/wiki/Palacio_de_los_Capitanes_Generales_(Cuba)
Vous pouvez prendre un café au Santa Isabel, bel hôtel ancien au charme suranné en évitant le détour par les toilettes.
Place de la cathédrale : le pouvoir religieux
Pour continuer sur ces belles places, vous pouvez vous rendre Plaza de la Catedral. De là on peut faire un détour pour déguster les meilleures glaces de Cuba (c’est normal la patronne est francaise) chez Helado d’oro rue Aguiar 206 ( rue de droite juste après la célébrissime mais bondée Bodeguita del Medio).
Palais sur la Place de la Cathédrale
Revenir place de la cathédrale, dans le petit callejon del Chorro se trouve un paladar très connu Dona Eutemia (mais il faut réserver). En face de celui-ci; une petite patisserie Bianchini sympa mais populeuse…. En longeant le musée d’art Colonial par la rue Ignazio, on passe devant une petite boutique de déco café sympa à tous points de vue Piscolabis… On rejoint alors la rue Obispo en longeant sur la gauche (en direction de la place d’Armes) le bâtiment moderne de l’université. Il se tient à l’emplacement de l’ex-couvent des dominicains. On en voit encore le cloitre avec puits, portail et abside ainsi qu’une maquette (en contournant par le corridor intérieur). Sur la droite, les deux maisons les plus anciennes de la Havane (peintures murales et buzon – boite aux lettres)
Place Saint François : marché et couvent
Pl Saint François
On emprunte maintenant la rue Oficios qui mène à la Plaza s Francesco. On peut envisager une pause au café Mercurio dans la Lonja de Comercio belle construction du début du XXe . La terrasse sur la place est plaisante. Vous pouvez alors longer le couvent . Il abrite un musée d’art sacré. La montée au clocher permet de jouir d’une magnifique vue. En fin de semaine des formations locales jouent de la musique classique. L’église est pourvue d’un trompe l’œil en guise d’abside. Le chœur est plat et en diagonale, parti pris contestable du restaurateur. Il est vrai que nous sommes ici sur le port et que la ligne de rivage a dû changer. La vieille ville était enserrée entre les couvents des ordres mendiants, les franciscains ici, et les dominicains donc juste derrière le Palais des Capitaines Généraux sur la place d’Armes.
En quittant Saint Francois, on arrive devant le wagon Mambi. Il s’agit du wagon présidentiel de l’éphémère république cubaine, avec la chambre de Monsieur, la Chambre de Madame, le salon, la salle à manger le tout en acajou. Quasiment en face, se tient le bâtiment qui abrita le Parlement de 1906 à 1929, date de la construction du Capitole avant d’accueillir le musée de l’alphabétisation.
Place de la vieille ville : le centre économique
Pl de la Vieille Ville, la Havane
On prend alors la rue Muralla en face pour remonter sur la Plaza Vieja, https://visitesfabienne/place-de-la-vieille-ville/ Cette place accueillait l’ ancien marché. Elle devint un lieu des réjouissances publiques puis un parking avant d’être restaurée dans les années 1990. Des photos insistent sur cette restauration. Elle a permis de remettre en état les belles demeures XVIIIe qui la longent au sud. En revanche, la partie nord remonte aux débuts du XXe. De là, on rejoint la place d’Armes par la calle Mercaderes. On peut s’arrêter au Museo du chocolate pour une délicieuse tasse de chocolat à la tazza chaude ou froide. Sur la Plaza Vieja, on trouve également une brasserie très sympa pour la bière. Le café Bohemia offre une très agréable halte dans son patio. On peut y louer des chambres. On peut préférer le café Escorial pour ses cafés.
Vous pouvez télécharger l’application suivante https://www.escapad.io/ pour retrouver cet itinéraire sur une carte interactive. (visites.fabienne/ Cuba)
Patrimoine mondial de l’UNESCO, le centre historique de la Havane reste une des cités coloniales espagnoles les mieux conservées de la zone Caraïbe. Rien n’a altéré son charme dans ce pays où le temps s’est arrêté. Mieux encore, le quartier a su profiter des subsides internationaux pour s’offir une cure de jouvence.https://whc.unesco.org/fr/list/204/
Mais en quoi consiste le charme particulier du centre historique de la Havane?
za Real depuis la Place de la Vieille Ville
Un urbanisme colonial typique mais original
La colonie espagnole typique s’organise autour d’une place centrale qui concentre les pouvoirs économiques, politiques, militaires et religieux.
Cependant, la capitale cubaine se distingue par une organisation polycentrique. Fondée en 1509, après les 7 autres villes coloniales de l’Ile , elle n’est devenue capitale de l’ile qu’en 1607. Ainsi, le lieu fondateur, la place d’Armes faisait office de traditionnelle plaza Mayor. Aux débuts de la colonie, cette esplanade a cumulé les fonctions militaires, politiques et même religieuse.
En effet, la forteresse Royale jouait un rôle politique et militaire. Le centre de la place était lui affecté aux manoeuvres. Lorsque la ville a grossi, au XVIIIème siècle, on a construit le Palais des Capitaines Généraux . Celui-ci ne séjournant que peu sur l’Ile, on lui a adjoint un gouverneur en second, logé dans le Palais du Vice Gouverneur ou Palais du Capitaine en second. Le centre de la place a alors été aménagé en un joli jardinet.
Cette place d’Armes, accueillit aussi la première messe comme en attestent les peintures de JB Vermay dans le Templete. La première église, elle, se trouvait dans l’actuel Palais des Capitaines Généraux. Elle s’est ensuite déplacée vers une nouvelle place, celle de la cathédrale.
Cathédrale de la Havane
Un déplacement progressif du centre de la Vieille Havane
La place de la Cathédrale forme donc le second volet de cette organisation polycentrique. Elle s’articule autour de l’immense édifice jésuite et des beaux palais XVIIIe qui l’entourent. Très scénographique cette place baroque est construite sur un marécage. Elle nous ferait presque oublier que les jésuites débarqués sur l’ile en 1566 et installés dans un petit oratoire furent chassés en 1767. L’église fut alors terminée puis consacrée en tant que cathédrale. Le collège de 1721 la jouxtant à l’arrière devint séminaire Saint Charles. La place, rénovée, avec le réaménagement du musée, d’une bibliothèque, d’un café littéraire est reliée à la troisième grande place.
La rue San Ignazio part du Collège Jésuite et mène à l’ancienne place Neuve, aujourd’hui devenue place vieille,. Cette rue est la seule à porter la trace de l’ancien oratoire et de la titulature de l’église de la Compagnie de Jesus.
Cette fois il s’agit d’une place sans vocation religieuse et organisée en tant que marché, ce qui explique l’immense foirail en son centre. Elle a permis de désengorger la place St Francois sur laquelle le bruit des commercants mettait en péril l’écoute de la messe….
C’est aussi de la place st Francois, quatrième des places de la Vieille Havane que partait le chemin de croix qui mène à la cinquième et dernière des places havanaises : la place du Christ voyageur. Son caractère presque campagnard l’a longtemps tenue à l’écart des circuits. Ce qui lui a permis d’arriver presque intouchée en ce début de XXIe siècle. Elle s’affirme aujourd’hui comme le centre « hype » de la capitale cubaine et abonde (à la manière locale : elle abonde modérement et pour l’observateur avisé…) en petits cafés et boutiques.
Les Jardins de la Tropical sont un petit coin isolé dans l’espace et le temps de la Havane. Ils nous replongent dans les racines arabes de l’art espagnol.
L’art Mudéjar
Pour découvrir la Havane mudéjare, il faudrait commencer par un café à l’hotel Sevilla. Après quoi, le Musée archéologique (Tacon 12) ou au 12 Oficios illustre bien le legs architectural arabe à Cuba.
L’architecture mudéjare (ou pseudo mudéjare dans le contexte cubain) est celle construite par les musulmans en terre espagnole après la reconquète. Au XVIIe à Cuba, il ne reste de cet héritage que l’organisation autour d’un patio central. Celui-ci sert à la fois d’espace de circulation, de puits de lumière. L’utilisation de techniques de maçonnerie, et de décors comme les arcs trilobés ou en demi-pointe hérite également des influences arabes.
On peut aussi longer les édifices plus tardifs de la calle Muralla y Egido. Plus insolite, on peut se rendre aux improbables Jardins de la Tropical, le long du rio Almendares.
Les étonnants Jardins de la Tropical
Construite à la fin du 19e siècle par la famille Herrera, propriétaires de la brasserie la Tropical, ces jardins sont en phase de restauration lente. Cosme Blanco Herrera, président de l’usine, acheta La Tropical. Il s’agissait de l’ ancienne propriété de Andrés Fernández. Le nouveau propriétaire l’agrandit, la modernisa et l’ouvrit au public en 1897. Puis il acquit Havana Brewery, une grosse entreprise de bières cubaine qui employait beaucoup d’ouvriers.
La famille habitait alors une somptueuse demeure sur la Linea. Le brasseur avait une vision assez moderniste, quasi fourriériste, pour ses employés . En 1917, profitant du succès de ses boissons glacées, il ouvrit un centre de vie près de l’usine pour ses ouvriers. Le lieu comptait une école de société ainsi qu’un parc pour aérer les employés le dimanche.
L’immense parc ouvrait sur la terrasse supérieure. Un bâtiment d’allure mediévale se dressait doté d’une façade éclectique mais un intérieur mauresque. Construit en 1912, l’ensemble se composait de fontaines et jeux d’eaux et de salons décorés d’azulejos et de stucs. Le tout s’inspirait de l’Alhambra de Grenade.
Le salon du rez-de chaussée éblouissait par les couleurs chaudes de ses azulejos et la finesse des stucs des colonnades, sa coupole décorée de muqarnas, ses motifs floraux. La folie architecturale a en effet été poussée jusquà des inscriptions calligraphique a priori fantaisiste. Cette pièce servit de salon de jeu, de danse après les années 1920. Un escalier mène à un salon du même style. Néanmions, le niveau supérieur et la terrasse du sommet attendent d’être remis en état.
Une splendeur fânée
Il faut imaginer les lieux au temps de leur splendeur, lorsque les fontaines se déversaient en cascade jusqu’à la rivière. A l’époque, une fois le petit château dépassé, on s’engageait sur des allées qui menaient à de fausses ruines dans le ton des parcs publics contemporains en Europe. Un niveau intermédiaire abritait ainsi une grande salle couverte utilisée comme salle de bal pour 500 personnes. Dans la période d’oubli des années 1990, elle servit de lieu de vente pour des brocanteurs improvisés. Un grand espace couvert, de petits cabanons de béton imitant des petites constructions de bois, des petits cafés, kiosques, grottes labyrinthes, tourelles et terrasses panoramiques complétaient l’ensemble.
Au début du siècle, le parc devint vite un lieu très fréquenté par la haute société cubaine. Les meilleurs orchestres s’y produisaient. Dans les années 1920, la fabrique fut fermée. Pourtant le petit palais mauresque fut transformé en salon de jeu puis en restaurant (le Madrid) fermé et désaffecté dans les années 1960. La bâtisse tomba alors dans l’oubli et les batiments négligés tombèrent en ruine. Puis au début des années 2000 le projet de restauration commença et dura 10 ans pour transformer le lieu en centre cuturel pour des gens du quartier d’un milieu culturel defavorable. Toute la communauté alentour a contribué au projet pour former des travailleurs dans le quartier… L’esprit paternaliste et social du parc est resté mais il manque encore des financements notamment pour achever la restauration prise en main par le Parc Métropolitain de la Havane pour en faire une zone écologique.
Pour y acceder : Avenida 51, barrio de Marianao, près du Puentes Grandes. A ne pas confondre avec le Salón Rosado de La Tropical, ave 41, salón de danse
À lire : Yaneli Leal del Ojo de la Cruz : Los Jardines de la Tropical
On avait presque oublié la légende du Roi Arthur…Et puis on arrive à Glastonbury, une petite ville du Somerset connue pour son festival de musique et son abbaye.
Le meilleur des deux mondes
Glastonbury représente une juxtaposition pacifique de deux univers. Les barbus revenus de Woodstock fréquentent les galeries et boutiques New Age dans la rue principale.
En toile de fond, se détache l’abbaye, fantomatique. Une immense étendue verdoyante parsemée d’arches. Ce sont les timides reliquats de ce qui fut l’un des plus grands ensembles bénédictins d’Angleterre. Du somptueux lieu de pèlerinage ne reste en état qu’une cuisine, parfait pendant à Fontevraud.
Le reste des bâtiments a été anéanti par la fureur réformatrice d’Henry VIII le terrible roi aux 7 épouses. Au début du XVIe siècle, le monarque fit sécession d’avec Rome pour pouvoir divorcer librement de sa première épouse Catherine d’Aragon, tante du terrible Charles Quint..
Avalon
Sur la pelouse, à l’emplacement de ce qui fut le cloitre de l’énorme complexe abbatial, un petit écriteau rappelle Le Roi Arthur. Des archéologues auraient en effet exhumé sa tombe et celle de la reine Guenièvre en ces lieux. Le même panonceau évoque timidement l’ile d’Avallon en vous invitant à continuer votre promenade arthurienne dans la petite ville.
De fait, en montant vers la colline, on découvre un panorama brumeux fantasmagorique. Sur le chemin du Thor, cette colline qui domine la plaine, un petit jardin vous invite à découvrir le puit du St Graal, Et l’on se prend à imaginer en cette plaine marécageuse, les eaux qui jadis recouvraient les lieux. C’est cette éminence qui aurait accueilli le héros de la table ronde lors de son dernier voyage. http://expositions.bnf.fr/arthur/arret/03_3.htm
Et si la visite de cette jolie petite ville ne suffisait pas, on peut pousser jusqu’au vilage suivant, appelé de manière amusante Street. Il était entièrement occupé par les usines Clark au siècle dernier. Le célèbre chausseur a fermé usine en ses terres. Comme tant d’autres, il a délocalisé. Cependant, les locaux ont été réaménagés en un immense centre commercial centré autour du culte de la chaussure. https://clarksvillage.co.uk/
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