Silent Hobo

Je vais parler aujourd’hui de Silent Hobo. Pour ceux qui arpentent les rues de Bristol, vous avez certainement déjà repéré ses renards tristes, ses couleurs vibrantes et son style manga. Il est le peintre d’une ville colorée peuplée de skateurs à casquette, d’animaux des bois et de maisonnettes multicolores.

maisons colorées par Silent Hobo

http://silenthobo.co.uk/

Silent Hobo, roi du Street Manga

Difficile de trouver des informations sur Silent Hobo. Par bribes, on apprend qu’il est asiatique, qu’il s’appelle Wei Hong. On découvre qu’il est le fils d’une infirmière, qu’il a commencé à peindre sur les murs à 17 ans avec des amis. Il a appris à dessiner en copiant les magazines et comics de ses grand frères. De fait, il s’inspire de l’univers de la Bande dessinée.

stade de cricket, Bristol

Son graphisme emprunte aux comics américains et britanniques type Judge Dread, Garfield, Calvin et Hobbes ou encore les tortues Ninja. Mais il aime aussi les mangas japonais du genre Akira. Inspiré par Katsuhiro Otomo ou Jamie Hewlett, il peint d’une manière facile à reconnaitre. Il peuple ses fresques des gens et lieux qu’il connait.

Où et comment travaille-t-il ?

Silent Hobo a commencé à peindre à Bristol où il habite encore et a fondé une petite famille. Sa renommée l’appelle néanmoins aujourd’hui vers d’autres murs. Il a ainsi travaillé à Belfast, Norfolk, Dublin, voire Barcelone. Des marques s’emparent d’ailleurs de son univers particulier, telles Coca Cola, Mobile (à Barcelone justement), Hotwheels, Levis et les JO de 2012.


Pour autant, il reste fidèle à Bristol dont il apprécie le dynamisme et l’ambiance. Selon lui, la ville est très ouverte au Street art. En outre, elle offre de nombreux lieux à peindre. Il y bénéficie d’ailleurs de commandes publiques et privées. Il se dit heureux d’égayer les murs tristes et le ciel gris de sa palette vive.

sur Le port de Bristol

Amoureux des comics colorés, il apprécie le travail rapide. Pour les commandes, il prend cependant plus son temps et soigne davantage les détails. Il n’hésite pas à explorer des techniques nouvelles comme le photoréalisme. Pour autant, son style issu de la bande dessinée, se reconnait facilement. Il peint des jeunes, surfeurs ou ados sur leurs BMX (ses passions) habillés de tee shirts bariolés. Ils hantent une ville aux nœuds routiers compliqués. Si l’on identifie facilement Bristol avec son pont, ses petites maisons de toutes les couleurs, la nature n’est jamais loin. Dans ses forêts vert vif, se croisent des animaux presque venus de Disney. Souvent, un petit renard au regard doux agit comme une signature.

 Ici une vidéo pour le découvrir peindre : http://www.youtube.com/watch?v=5u1ulIqOHUg

Où admirer Silent Hobo à Bristol

les docks par Silent Hobo, Bristol

A Bristol, on peut l’admirer à la gare de Montpelier. La commande municipale a consisté à lui faire décorer la petite gare locale en compagnie des élèves de l’école du quartier. https://www.youtube.com/watch?v=2s-v_dAEElI

Gare de Montpelier, Bristol

Il a également repeint le stade de Gloucestershire Cricket‘s County Ground à Ashley Down en juillet 2019 puis en 2020. Durant sa première intervention, il a imaginé des moments historiques de cricket local. Il y a également représenté des symboles de la ville comme le Pont suspendu ou le Concorde. Au Printemps 2020, il s’est attelé au hangar à vélo. Il l’a paré des couleurs vives d’une nature luxuriante parcourue d’animaux sauvages et des fameuses maisons colorées de Bristol.

Stade de Cricket, Bristol

On peut le découvrir également au hasard de la Hotwell Road, sur les barrières de Travaux d’Assembly Rooms lane. Son renard nous attend en haut de l’escalier qui mène de Frogmore Street à College Green, au Children’s Hospital. Ou ailleurs…

Montpelier Station, Bristol

Weston super Mare

Que fait-on ce week-end ? Si on allait à Weston Super Mare ?

Ecrite comme cela la proposition peut faire sourire. En effet, si Weston a été une station de bord de mer à la mode à la fin du XIXème siècle, le moins que l’on puisse dire est qu’elle est un peu désuète aujourd’hui….

Et pourtant…

Une plage magnifique

Weston Super Mare, ce sont des kilomètres d’une plage magnifique, paradis des kite surfeurs et autres véliplanchistes. Evidemment, il faut supporter l’eau froide et aimer le sable terreux. Néanmoins la plage est grande et dégagée. On peut aussi bien aimer le monde et rester proche du centre-ville et des baraques à fish and chips ou préférer l’extrémité plus sauvage.

Et pour ceux qui veulent juste se promener, il s’agit d’une vraie ville avec des boutiques et des petits restaurants, pas haut de gamme, mais de quoi passer une demi-journée bien plaisante. Pour les amateurs de jeux, des arcades et la jetée victorienne en fer forgé offrent de quoi s’occuper.

JPS, fils de Weston super Mare

Et puis pour les amateurs de Street Art, Weston est la ville de JPS et on le voit partout. On le suit aussi bien au centre de la ville que le long de la plage. La mairie a même mis au point un plan que l’on peut suivre comme une chasse au trésor pour découvrir les personnages d’animés au détour d’une rue. https://www.visit-westonsupermare.com/dbimgs/x171550-BID-Art-Trail-Nov-2017.pdf

Beaucoup des fresques ayant été dégradées, le graphiste, amateur de pochoirs, est revenu en Aout 2020 pour décorer les murs de sa ville natale de 35 nouvelles œuvres.

Jamie Scanlon, a changé de vie brutalement selon ses dires en 2009 après avoir découvert Banksy. L’ancien alcoolique et drogué s’est converti à la peinture illégale et distille aujourd’hui ses images tirées de marvels assorties de messages parfois politiques, souvent humoristiques. Il les signe des initiales JPS. https://www.facebook.com/JPSstreetart/

Le Nord du Pays de Galles

Cette semaine je vous propose un itinéraire pour découvrir le Nord du Pays de Galles. On l’aborde à partir de Liverpool, Chester ou Birmingham. Des trains relient l’Angleterre aux villes aux noms imprononçables du Nord du Pays de Galles.

Snowdonia, la montagne du Nord du Pays de Galles

En remontant vers le Nord du Pays de Galles depuis la péninsule de Saint David’s, la ravissante ville de Abeyswyth développe ses façades colorées le long d’une baie. Les villages deviennent plus jolis que dans le sud avec des maisons de pierre grise locale. Une grande partie de la zone est occupée par le parc régional de Snowdonia dans lequel sont aménagés nombre de chemins de randonnée au milieu des fougères et de la bruyère. https://www.snowdonia.gov.wales/

La mignonne petite ville de Dolgellau peut servir de base d’exploration. On y trouve de quoi se ravitailler, des restaurants et cafés mais aussi stations essence et parking. Le massif de Snowdonia est la belle région naturelle du Nord du Pays de Galles et offre une multitude de belles marches. https://www.visitwales.com/en-us/things-do/adventure-and-activities/walking/long-distance-walking-trails-wales

Portmeirion, le Disneyland gallois

Encore plus à l’Ouest et au Nord une curiosité attire les visiteurs : le village entièrement fabriqué de Portmeirrion. Bric à brac d’antiquités chinées et de créations bon marché en tôle ondulée, ce village dégage néanmoins un charme italianisant incomparable. Le site est déjà très agréable et les petits cottages colorés, tous louables confèrent une atmosphère de vacances. Tout autour de la plaza centrale se dressent un faux Panthéon à la coupole en tôle ondulée, un clocher d’allure bavaroise ainsi qu’un fac-similé hôtel de ville gothique. Pour construire l’ensemble, l’architecte des lieux, Sir Clough Williams-Ellis, a consacré sa vie et sa fortune et n’a pas hésité à racheter des demeures historiques abandonnées ou vouées à la destruction. Sa fille consacra le lieu en ouvrant un atelier de céramique devenu très connu. La vaisselle de Portmeirion est en effet aujourd’hui pratiquement plus célèbre que le village dont elle est originaire. https://portmeirion.wales/

Encore plus au Nord, se situe le château de Caernarfon, impressionnant symbole du pouvoir Anglais sur le Pays de Galles. https://cadw.gov.wales/visit/places-to-visit/caernarfon-castle

Le Centre du Pays de Galles est une terre agricole verte et riche en moutons et gibier. Perdrix et oiseaux de toutes sortes voisinent sur la route. Non loin de la frontière anglaise, se situe le château de Powis, impressionnante structure médiévale de briques rouges : https://www.nationaltrust.org.uk/powis-castle-and-garden

Le Pays de Galles abonde en effet en bâtisses médiévales souvent abandonnées après la coquète anglaise. Pour autant ces deux châteaux sont particulièrement importants le premier par sa symbolique et sa taille et le second pour ses somptueux jardins.

Le Sud du Pays de Galles

A l’Ouest du pays, le Nord et le Sud du Pays de Galles tendent à se comporter de manière différente du reste du Royaume-Uni.

On peut commencer cette boucle par le Sud du Pays de Galles, en venant de Bristol. Malgré l’annexion de la région au XIIIème siècle, elle reste fidèle à son histoire, ses traditions et sa langue celtique. Au point que toute l’administration est maintenant bilingue.

Je peux ici vous proposer deux circuits à combiner le cas échéant : nous commencerons cette semaine par le sud, puis la semaine prochaine le Nord.

 Du Sud, on arrive par Newport et on peut s’arrêter à Carleon, un des grands camps romains avec York et Chester. Ont survécu des baraquements militaires assez uniques, des latrines, mais aussi un amphithéâtre et des thermes. http://www.caerleon.net/intro/index.htm. Non loin, se dresse le château de Treddegar. Et les vestiges du château médiéval de Caerphilly.

Peu avant Cardiff, on accède au massif montagneux de Brecon Beacon pour de longues promenades. La petite ville de Brecon peut servir de base pour promeneurs mais on peut s’arrêter tout le long de la magnifique route qui y mène puis Cardiff entre Merthyr Tydfil et Libanus sur la A 470. De nombreux parkings permettent de laisser la voiture pour partir à l’assaut de ces grosses collines et notamment de la plus haute le Pen y Fan. Depuis le parking de Storey Arms, de nombreux chemins très balisés parcourent ces montagnettes couvertes de bruyère entre lacs et moutons. Les marcheurs tendent à se concentrer sur les mêmes sentiers. Aussi ne faut-il pas hésiter à aller au-delà des chemins les plus connus pour découvrir le charme de monticules encore sauvages. https://www.nationaltrust.org.uk/brecon-beacons/trails/pen-y-fan-and-corn-du-circular-walk

La capitale Cardiff, au Sud du Pays de Galles

 On peut aussi préférer les villes, auquel cas Cardiff offre une belle journée de visite avec son château aux intérieurs victoriens spectaculaires. https://www.cardiffcastle.com/

 La vieille ville autour offre une jolie animation avec ses nombreux passages couverts. On peut pousser jusqu’au quartier de l’université et au musée des beaux-arts à moins que le quartier du Port ne soit plus à votre goût avec le très moderne Parlement et la jolie petite église norvégienne où fut baptisé le plus britannique des auteurs scandinaves, Roald Dahl. https://senedd.wales/en/visiting/senedd/Pages/sen-visiting.aspx

https://www.visitwales.com/en-us/things-do/culture/cultural-attractions/roald-dahl-and-little-norwegian-church

Les beautés de la côte du Sud du Pays de Galles

En suivant la côte sud, on peut s’arrêter sur la péninsule de Gower pour profiter des plages.  De jolis villages se succèdent, tels Port-Eynon et Rhossili. On peut y marcher sur la longue plage, paradis pour les surfeurs non frileux ou préférer tenter la balade jusqu’à l’ilot isolé par les flots à marée haute. https://www.nationaltrust.org.uk/lists/top-10-legendary-walks-in-wales

Le petit village de Rhossili, très fréquenté le week-end, est bien équipé en parkings et petits restaurants.

Il faut surtout se rendre jusqu’à la magnifique péninsule de Pembroke. Au sud on découvre de jolis villages tels Tenby au lacis de ruelles médiévales juchées sur des falaises qui dominent la plage. Il convient également de s’arrêter à Pembroke pour en admirer les murailles et le château bâti au 12e s et symbole du pouvoir anglais. H VII y est d’ailleurs né. Puis il faut prévoir du temps dans la partie nord de la péninsule à St David’s. La cathédrale construite en hommage au saint patron local y est imposante et les ruines du palais épiscopal sont un des clous du voyage. La ville, ravissante, pousse à la promenade et on peut aller jusqu’à la petite chapelle de st Non, en ruine mais dans un site côtier magnifique. Un beau sentier douanier permet de profiter de points de vue sur la mer. https://www.historic-uk.com/HistoryMagazine/DestinationsUK/St-Davids-Wales/

Second Itinéraire Street Art à Bristol

Au départ de Cabot circus ou du terminal d’autobus l’idée est de rejoindre Stoke Crofts pour un second itinéraire Street Art à Bristol. https://visitesfabienne.org/destinations/royaume-uni/bristol-figure-de-proue-du-street-art-2/

Stoke Crofts

Toute la rue York est peinte mais les œuvres les plus connues se situent à the Canteen un centre communautaire avec un Jésus faisant des étirements. Il a été badigeonné de bleu. Juste en face, l’une des oeuvres les plus connues de Banksy « Mild Mild West » de 1999, déjà commentée dans mon article sur l’artiste.

On traverse Stoke crofts vers Ashley road.

Montpelier

On tourne immédiatement à gauche sur Picton Street et à gauche devant le joli pub Bristolian, Picton lane très couverte de  graffitis. Au débouché de cette ruelle, on traverse Armdale vers le Bath Building . Juste en face, Banksy encore a peint take the money and run, run. L’œuvre a été rafraichie récemment.  je vous conseille alors de vous rendre usqu’à la gare de Montpelier pour découvrir les fabuleuses créations de Silent Hobo. http://silenthobo.co.uk/

La promenade continue en redescendant York Streeet et reprenant Picton Street. Juste après la petite place (quasiment en face du take the money de Banksy) sur la droite un émouvant hommage post mortem et en se retournant et dessus de la boutique végétarienne un joli renard poétique. En face, la boutique d’Alex Lucas, auteure des jolis lapins qui glapissent sur les murs de Bristol.https://greatwhiteart.com/artist/alex-lucas/

On va alors rejoindre Wellington avenue et prendre à gauche à la boulangerie sur Woodmancote Rd. Un bel hommage de DeamGina pour Comfort orne le mur. On remonte alors la rue et  on prend à gauche Ashley road.  A l’angle de Morrisville road on découvre un hommage de Michele Curtis puis à l’angle de Albert Park un drôle de chameau. En continuant dans la même direction chaque rue sur la gauche recèle des surprises.

Puis on va rejoindre Lower Ashley Road pour découvrir une extraordinaire peinture montrant la Reine d’Angleterre en position de yogi. On peut alors jeter un coup d’œil au mur en contrebas du pont routier. Mais il est souvent repeint.

On retourne alors sur Ashley Rd jusqu’à l’hommage de Michele Curtis, auteur de sept portaits géants de personnalités du quartier Saint-Paul.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est michele-curtis-parc-st-agnes.jpg.

https://www.bristolpost.co.uk/news/bristol-news/seven-saints-appearing-st-pauls-2689092

Cette rue est d’ailleurs un véritable festival, on peut s’arrêter à chaque intersection pour se régaler des créations colorées par Inkie notamment. https://en.wikipedia.org/wiki/Inkie

Brighton Street décorée pendant le festival jamaïcain jusqu’à la Place Saint Paul vaut un petit crochet. Sinon, on peut directement remonter York et déboucher sur City Street puis Stoke Croft.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est bristol-cancan.jpg.

Itinéraire Street Art à Bristol

L’abondance des œuvres murales est telle à Bristol que l’on peut passer plusieurs jours à regarder les murs. Cependant, les œuvres sont par essence éphémère. C’est pourquoi, je n’indique cet itinéraire Street Art, qu’à titre indicatif. Pour plus de renseignements, vous pouvez me contacter directement.

Silent Hobo

Un itinéraire Street Art au départ de la cathédrale

Pour autant, vous pouvez toujours commencer juste en face de l’Hôtel de ville, sur College Green. Sur le petit pont, vous verrez une des œuvres les plus connues de Banksy : Well hung lover, déjà évoqué dans l’article :

Juste en dessous, le mur est utilisé par des personnalités qui profitent de la notoriété de Banksy. De l’autre côté de l’escalier, on voit un renard de Silent Hobo, un artiste local fantastique.

On descend l’escalier (Frogmore Street) et en arrivant face au pub Hatchett Inn, on se retourne face au « Big Deal » de JPS, un émule de Banksy sauvé de la marginalité par le mouvement Street Art. Cet artiste de Weston super Mare utilise lui aussi des pochoirs. Sur le mur de gauche se succèdent le gladiateur hommage à l’acteur du film Spartacus et le chat.

JPS “Big Deal”

Le Street Art dans le centre de Bristol

On prend sur la droite Denmark Street pour rejoindre l’esplanade du Centre. On remonte maintenant Clare Street qui va se transformer en Corn Street. Mais on tourne juste après la jolie librairie Stanford dans un petit boyau sur la gauche (Léonard Lane).  Les murs de cette ruelle malodorante sont recouverts en permanence par les artistes locaux.

Au sortir de ce boyau, à gauche on débouche sur small street et on s’engage dans Bell Street où en se retournant à mi parcours on va découvrir les créations du festival  See no Evil  de 2011 destiné à colorer la grise rue Nelson.

El Mac
http://Bristol, figure de proue du Street Art

à gauche sur le revers de façade, un duel non fini de l’Irlandais Conor Harrington. Un peu plus loin sur la gauche, la jeune femme au bébé de El Mac réalisée à l’aide de projections. On débouche alors sur Nelson Street. A droite, se détache le Disco dog de Ary, un énorme loup habillé et coloré.

Conor Harrington
Ary “Disco Dog”

 Puis l’énorme figure stylisée de Stik. Cet ancien sans abri est très connu pour ses stickmen et son style très épuré et simple.

Vient ensuite Pixel Pancho, reconnaissable par la singularité de ses œuvres, des animaux machines. Cet artiste a travaillé “free hand”et très rapidement pour cet oiseau mécanique qui occupe un pan de mur entier.

De là, on peut rejoindre l’itinéraire 2 ou prendre un verre dans un des pubs ou salons de thé du quartier de Cabot Circus.

Banksy, enfant de Bristol

Un nouveau Banksy est apparu la semaine dernière à Bristol (13 Février) et a presque aussitôt été vandalisé.Banksy l’a très vite revendiqué. Du coup, il a créé un mouvement d’enthousiasme et une fièvre spéculatrice. Cet épisode met en lumière le rôle de l’art en posant nombre de questions . En effet, à qui appartient l’œuvre d’art. En outre, celle-ci est-elle faite pour durer ou au contraire se répéter ou être détruite? L’artiste joue-t-il un rôle social? Dans ce cas, lequel et de quelle manière? Ces questions se posent particulièrement à Bristol qui se veut capitale du Street Art. http://visitesfabienne.org/wordpress/bristol-figure-de-proue-du-street-art

La dernière oeuvre de Bansky à Bristol date de la semaine dernière
15 Février 2020 : A peine terminé, le dernier Bansky déjà vandalisé, et protégé avec les moyens du bord…

https://www.bristolpost.co.uk/news/bristol-news/banksy-art-new-barton-hill-3862643

Banksy vient de repasser …

Car Banksy entretient le mystère sur son identité et son calendrier. Pour autant, à Bristol, chacun a sa petite idée. Ainsi, il est né en 1973 dans les quartiers pauvres et a commencé son activité de graffeur. D’emblée, c’est aussi un activiste dans les années 1990. Il se montre en ce sens tout à fait dans l’esprit contestataire local.  Il a affirmé sa notoriété dans les années 2000 à Londres puis aux Etats-Unis, en Palestine et même à Paris. Enfin, dans les années 2010, il est passé à la réalisation de films, tels Exit Through the Gift Shop 

Cet anonymat entretenu permet de se focaliser sur son œuvre et non sa vie.Ce qui permet de suivre chacune de ses apparitions murales, comme un jeu de piste géant. A Bristol, on compte désormais 10 œuvres. de sa main

 Mon idée n’est pas de livrer une exégèse, ni un itinéraire. D’autres l’ont fait avant moi. https://wandereroftheworld.co.uk/banksy-walking-tours-bristol/ Mais, je cherche juste à situer chronologiquement ces témoignages dans leur ville. Ainsi, l’idée est de mieux suivre l’évolution technique, des dessins à main levée et graffitis aux œuvres mixtes incluant des pochoirs (à l’exécution plus rapide) de plus en plus sophistiqués .

 Les thèmes restent critiques à l’égard de la société et de la politique, voire de l’(in)humanité. Le traitement en est souvent humoristique, (im)pertinent avec des motifs récurrents de singes, soldats, enfants, personnes âgées et rats.

Il était déjà passé par ici…

Les premières œuvres datent des années 1990 et sont composées de dessins peints à main levée et de graffitis. On peut ainsi découvrir Take the money and run, en collaboration avec Inkie. Autre œuvre collaborative, de la même époque, Chat et Chiens.

Take the money and run, tout juste nettoyé.

– En 1997 “Mild Mild West“.C’est la première œuvre connue. Elle recouvre une publicité pour des avocats. Pour la première fois sont associés le dessin et le pochoir. L’ourson dessiné représente les gens du quartier de Stoke Croft. Le pochoir lui représente les forces armées. Cette oeuvre recourt également le graffiti de la signature et du slogan ironique.

Mild Mild West, la reconnaissance pour Bansky dans sa ville de Bristol

– dans les années 2000 Rose on a mousetrap, montre une rose coincée dans un piège à souris, elle aussi signée.

Dans une petite rue de Bristol, une oeuvre émouvante signée par Bansky

-En 2003 , le Gorille maqué malheureusement effacé en 2011 par le propriétaire du bâtiment (un centre culturel musulman) mais renettoyé (peu visible)

-2003 The grim reaper  .peint au pochoir sur le bateau Thekla, déposé par le Conseil Municipal puis repeint. (on peut le voir au M Shed)

the Grim Reaper, maintenant au Musée de Bristol M Shed

Mais aussi par là…

– En 2006 “Well hung lover” sur l’infidélité, pas seulement conjugale mais professionnelle. Ce serait une critique de son agent et de la ville. Au moment où Banksy travaillait sur son échafaudage, la mairie, de l’autre côté de la rue, était en train de statuer sur l’illégalité ou non de son œuvre. Plébiscitée par les citoyens elle est une de ses œuvres les plus emblématique et visible dans Bristol.

Bien en vue, dans le centre de Bristol, l’oeuvre de Bansky a néanmoins été vandalisée.

-. Juin 2009, l’Exposition Banksy vs Bristol Museum  au musée de Bristol avec plus de 100 œuvres dont des installations. Au musée, reste l’ange au pot de peinture et l’été dernier étaient exposés les membres du Parlement : des chimpanzés « singeant » les MP. Cette toile a été  vendue en 2019 pour une somme record de £9.9 million .

– 2011 Planning permissions renoue avec le graffiti

2014 The girl with the pierced eardrum. Il explore la peinture classique au moyen de pochoir adapté au support (la bouche d’aération en guise de perle). De la même année datent les amoureux au téléphone mobile vendu par un particulier pour lever des fonds. Cet épisode a lancé une controverse sur le droit de propriété de ses œuvres et le vandalisme ;

Vermeer repris par Bansky, sur les quais de Bristol

-2015 (Aout/Sept) parc d’attraction Dismaland à Weston Super mare

-2016 Girl with the stick (dans une école)dessin naïf et pochoir en remerciement pour avoir nommé un bâtiment de son nom.

Et oui c’est bien lui !

Enfin, le 13 Février dernier, pochoir representant une petite fille tirant à la catapulte sur des fleurs et feuilles rouges collées.

https://visitbristol.co.uk/things-to-do/banksy-walking-tour-p1354013

Cette dernière, vandalisée dès le lendemain a attiré  une nouvelle fois l’attention des médias sur la difficulté de protéger une œuvre créée dans l’espace mais aussi sur l’appartenance. Le propriétaire de la maison, ravi au matin de la découverte de se voir doter d’un cadeau de plussieurs millions de Livres, se montrait désemparé dès le lendemain devant l’inertie des pouvoirs publics. Dans un pays libéral et peu concerné par les notions patrimoniales, comment conserver, faire classer, protéger, aménager pour un simple citoyen d’un quartier défavorisé ? A l’heure qu’il est, de riches collectionneurs outre-atlantique se sont déjà manifesté pour résoudre ce dilemne…

Bristol, figure de proue du Street Art

Pour faire suite à mon dernier texte où je m’intéressai aux origines du Street Art, je voudrais revenir sur le cas de bristol. En effet, la ville devient une figure de proue de cet art des rues.

http://visitesfabienne.org/wordpress/street-art-de-la-contestation-a-la-gentrification/

Des graffitis pour dénoncer

Depuis l’époque du commerce triangulaire, la ville se divise en quartiers résidentiels, sur les hauteurs de Clifton. Mais aussi en zones plus déshéritées le long des quais et dans les quartiers bas et Est. Ces zones étaient traditionnellement industrielles et marquées par la contestation.

 En fait, les graffitis dénonçant les inégalités sur les murs se sont transmués en un art de rue de plus en plus reconnu. Ce, grâce à l’action conjuguée de deux phénomènes.

Des murs porteurs de message…

La ville des graffeurs

A la base de l’extraordinaire vitalité du Street Art Bristolien, on trouve un cocktail mêlant l’esprit rebelle de la ville,  une scène musicale underground particulièrement active. Mais aussi l’apparition des peintures en aérosol. Enfin, on peut mentionner la présence exceptionnelle de personnalités originales.

Au début des années 1980, Robert del Naja  marque les murs de son empreinte avant de se tourner vers la musique au sein de son groupe Massive Attack.

https://www.independent.co.uk/arts-entertainment/music/news/banksy-robert-del-naja-massive-attack-art-who-is-he-identity-real-name-graffiti-music-similarities

Apparait alors Bansky, dont certains prétendent qu’il est la même personne. Bansky puis Inkie apportent la notoriété à Bristol. Et avec eux, une foule de jeunes talents se révèle à elle-même.

https://www.bristolpost.co.uk/news/bristol-news/old-video-surfaces-banksy-painting-1944146

La prochaine fois je vous emmènerai à la découverte de quelques graffeurs locaux

Quelques étapes dans la créativité à Bristol

Quelques jalons nous permettent de comprendre l’importance prise par le Steet Art sur la scène de l’art mais aussi dans l’économie de la ville :

– D’abord en 1998, The Walls on Fire marque l’apparition médiatique de Banksy

– Puis en 2009, L’exposition Banksy Vs Bristol au Musée des Beaux-Arts, avec plus de 300,000 visiteurs payants montre l’intérêt du Street art et renforce le positionnement de Bristol.

– Surtout, en 2011 : Le Festival See no Evil, évènement d’une semaine organisé dans toute l’Angleterre à l’occasion des jeux Olympiques de Londres affirme la notoriété des graffeurs. Le nom renvoie aux singes qui ne voient, n’entendent ni ne parlent, référence explicite aux artistes de rue dénoncés auprès de la justice.

Nelson Street

https://www.telegraph.co.uk/culture/culturepicturegalleries/8711647/The-See-No-Evil-graffiti-project-in-Bristol-Britains-largest-street-art-project.html

Le soutien des autorités

Mais si Bristol est devenue une figure de proue du Street Art, c’est aussi grâce à l’engagement de la ville. La municipalité a en effet vite compris l’intérêt qu’elle pouvait tirer de ses oeuvres véhiculant des messages sociaux voire politiques.

Sur le modèle réussi de Melbourne, le conseil municipal aidé d’artistes locaux reconnus, tel Inkie, financé par des donations privées, et soutenu par les commerçants et propriétaires riverains lance un grand grand festival Street Art. L’idée est de redynamiser une rue sinistre, la rue Nelson en plein centre-ville.  Les bâtiments (jusqu’à 10 étages) sont peints par des artistes venus du monde entier et revitalisent cette zone désertée. La ville considéra ce projet comme un tremplin pour régénérer la rue et la transformer en attraction touristique…Pari tenu et réussi !

Nelson Street

Depuis 2013, Bristol accueille le plus grand Street Art festival, Upfest (Urban Paint Festival) dans le quartier de Bedminster avec 300 artistes du monde entier et 30,000 visiteurs. Hors une interruption en 2014, le festival grossit chaque année.

Upfest en ligne…

En 2020 il promet de nombreuses têtes d’affiche, des créations in situ dévoilées au cours du week-end (30 Mai/1 Juin). Le tout accompagné de musique live et bien sûr, Royaume-Uni oblige, de stands de nourriture et de boissons.

https://www.upfest.co.uk/page/upfest-festival

Street Art de la contestation à la gentrification

Le Street Art est à la mode… Mais qu’est-ce que le Street Art ?

Des murs de Pompéi à Kilroy…

Les sites internet en français peinent à traduire l’histoire à la fois ancienne et très récente des graffitis et du Street art. Si la contestation sur les murs remonte à l’organisation même des cités, le passage de cette forme d’expression publique à un art remonte selon les sources anglo-saxonnes à la seconde guerre mondiale et au « Kilroy was here », une esquisse en forme de Shadock attestant du passage des G.I. C’est surtout l’invention de la peinture à la bombe, dans les années 1950, qui explique la mutation du graffiti le plus souvent contestataire, simple signature (tag) , ou message plus complexe aux décorations du métro new yorkais dans les années 1970, à un art de rue plus sophistiqué. Comme souvent, le progrès technique est à l’origine de nouvelles formes d’art.

https://www.waymarking.com/waymarks/WM4F0R_Kilroy_Was_Here_World_War_II_Memorial_Washington_DC

En effet, dans les années 80, les tags géants laissent la place à des créations conceptuelles telles celles de Keith Haring ou Jean-Michel Basquiat.  D’emblée, les Street artists (puisque le terme français d’artiste de rue ne signifie pas du tout la même chose, je suis obligée de rester sur la dénomination anglophone) affirment leur opposition à l’institution muséale, reprenant en cela la volonté meurtrière (musicide ?) des futuristes italiens des années 1910. L’idée étant d’ouvrir l’art à tous, il faut bannir ce qui les isole.

Pour mieux comprendre l’histoire du Street art, je vous propose ce Ted Talk

https://ed.ted.com/lessons/a-brief-history-of-graffiti-kelly-wall

Contestataire, rapide, éphémère…. l’impermanence du Street art

Aujourd’hui, le Street art s’est affirmé comme un art à part entière mais caractérisé par un message souvent protestataire politiquement ou socialement. S’il exprime le plus souvent les tensions du moment, il a gagné dans sa dimension esthétique mais aussi technique puisqu’il recourt aussi bien au pochoir, qu’au dessin à main levé, aux installations, aux collages, à la mosaïque Toutes techniques qui, préparées, peuvent être déployées rapidement pour surprendre mais pas forcément  durer. Choquante, interdite, illégale, la protestation ne tient pas toujours longtemps.  Jalousée, critiquée, dénoncée, elle peut être effacée, recouverte du jour au lendemain.  Cette notion même de fragilité offre paradoxaleme aux œuvres leur éphémère notoriété

 Mais déployé dans un espace public, le Street Art pose des problématiques nouvelles sur le statut de l’artiste et de son art, comme celle de la propriété des murs, de l’œuvre elle-même, des droits mais aussi sur la commercialisation de l’œuvre et sa pérennité, sa protection. Inscrites dans un espace libre et non protégées, ces créations sont en effet sans cesse menacées de destruction.

The Rose trap, un Bansky protégé par une vitre mais attaqué par la moisissure..

Vers la gentrification

Pourtant, alors que le Street art est de plus en plus reconnu, les artistes de plus en plus célèbres il trahit ses origines et ses objectifs. Contestataire à l’origine, considéré comme un acte de délinquance, le Street art est en passe de gentrification et est de plus en plus apprécié et respecté à défaut d’être approuvé par le législateur.

Take the money de Bansky, recouvert puis nettoyé

Ce qui pose d’autres questions sur l’œuvre et son créateur : l’artiste se dévoie-t-il de sa mission contestataire initiale s’il se met à vendre ? Le Street art est-il une atteinte à la propriété d’autrui ou permet-il de donner une meilleure visibilité ? En effet il permet d’améliorer certains quartiers, bâtiments, ce qui le rend acceptable voire souhaitable au titre d’embellissement de l’espace public.

Captain Jamaica à la rescousse du quartier en péril de Saint-Paul, Bristol

On est passé du vandalisme à la reconnaissance, et le même public autrefois choqué, suit maintenant à la trace les dernières « œuvres ». Les artistes deviennent les guides de ce qu’on leur reprochait comme acte de délinquance. Et leur reconnaissance tient paradoxalement à leur marginalité. Tel Bansky dont l’invisibilité tient lieu de visibilité. Son anonymat aiguise la polémique.

Pour mieux appréhender le phénomène, comprendre comment travaillent les Street artists, mais aussi voir combien ils se jouent du marché de l’art, je vous conseille l’excellent (faux) documentaire

 Exit through the gift shop http://www.banksyfilm.com/

Bristol, la ville où il fait bon vivre…

Changement de destination, je reviens en Europe et plus précisément à Bristol, au Royaume-Uni.

Avec le Brexit, le Royaume-Uni est devenu le pays dont on parle sans arrêt. Alors pourquoi ne pas en profiter pour le visiter ? Et pas forcément les lieux les plus connus, déjà vus et revus. Pourquoi toujours se contenter de Londres, Edinburgh et Oxford ?? La campagne anglaise mérite qu’on s’y aventure et l’Ouest du pays abonde en adorables villes.

Une ville où il fait bon vivre…

Parmi celles-ci je vous propose aujourd’hui de découvrir Bristol, classée au premier rang des cités où il fait bon vivre chez nos voisins d’outre-Manche. A commencer par son climat. Certes vu de France la douceur anglaise ne fait pas rêver, mais il semblerait que les vents atlantiques repoussent suffisamment les nuages pour que les pluies ne s’y attardent pas trop….

 Quoiqu’il en soit, les habitants font tout pour montrer que la ville jouit d’un climat doux, il se baladent à demi-nus et s’attardent aux terrasses des nombreux cafés. Ils se prélassent dans les superbes parcs, autour de l’université, la 4eme du pays, près du spectaculaire Pont suspendu de Clifton, ou sur les immenses pelouses des Propriétés maintenues et entretenues aux abords de la ville, comme Ashton Court, Arno, Blaise Castle. Car Bristol est une ville qui se découvre à pied puisqu’on peut y marcher longuement le long du fleuve (le même Avon qui baigne Stratford la cité de Shakespeare), voire suivre les sentiers forestiers qui dévalent Paradise Bottom pour ne citer que le chemin le plus incitateur… .

Le relief omniprésent individualise les quartiers, entre la colline chic de Clifton, la plaine de Cabot circus, immense centre commercial ultramoderne, le port toujours industrieux et enrichi de petits cafés et boutiques tendance, la zone en chantier de Temple Meads, la gare victorienne qui rappelle la période industrielle ou encore le quartier populaire de Stoke Crofts.

La ville de Banksy

La popularité de ce dernier s’est envolée ces derniers temps grâce à un de ses enfants devenu mondialement célèbre : Banksy. Car une des grandes richesses artistiques de la ville se découvre aujourd’hui sur les murs des maisons abandonnées, dans les quartiers les plus défavorisés. Portraits plus grands que nature, manifestes incitant à la rébellion, images tout droit sorties des mangas, c’est tout un monde coloré, animé qui insuffle aux murs une énergie nouvelle.

La culture est ici populaire, ouverte à tous et à tous les vents, disponible mais aussi éphémère puisque le street art est soumis aux intempéries mais aussi aux dégradations humaines. On n’est ainsi jamais tout à fait sûr d’une sortie à l’autre des trouvailles que les murs nous réservent…

Pour couronner l’exploration, la ville n’a rien à envier au reste du pays pour ses pubs, ses cafés tous plus inventifs les uns que les autres, ses boutiques sans lesquelles une ville ne saurait être anglaise. Elle constitue un point de départ idéal pour explorer les jolies régions alentours : Mendips, Cornouailles, Pays de Galles…

Alors n’hésitez pas, avant d’être contraints au passeport ou au visa, venez profiter de nos voisins d’outre-manche !!!