Une journée à Paphos

Premier article d’une petite série pour découvrir Chypre… Je vous propose de commencer par la découverte de Paphos.

avec tous mes remerciements à MC Lefevre pour ses photos…

Pourquoi aller à Paphos ?

Mosaique dite du Labyrinthe dans la maison de Thesee

Paphos, fondée au 4e s avant notre ère devint capitale de Chypre à l’époque Ptolémaique en raison de sa proximité avec Alexandrie. Elle succédait ainsi à Palaipaphos dont les vestiges remontent à l’âge du bronze (12e s avant notre ère). La ville connut son apogée à l’époque romaine avant d’être ravagée par des tremblements de terre. Elle se dégrada peu à peu jusqu’à l’arrivée des britanniques en 1878. Appréciant le climat, ils assainirent la région et la redynamisèrent pour en faire une station balnéaire florissante.

Qu’y a-t-il à voir?

  • Les merveilles gréco-romaines de Néa-Paphos, avec notamment les fantastiques mosaïques des villas du 2e (villa de Dionysos) et 4e siècles de notre ère (villa de Thesée, certainement résidence officielle du proconsul romain).
  • Je vous recommande d’ailleurs les sites très bien faits mis en place par le gouvernement chypriote dans le cadre de la politique européenne (programme Eden).
  • https://www.visitcyprus.com/index.php/fr/discovercyprus/culture-religion/sites-monuments/item/239-parc-archeologique-de-kato-pafos
  • L’étonnante nécropole, d’époque ptolémaique. Chaque tombeau dit royal, en raison de sa taille, s’ouvre par un dromos sur un atrium avec un puit pour la purification des morts et des loculi pour les sacorphages.
  • L’immense basilique Paléochrétienne Chrysopolitissa avec le pilier contre lequel fut flagellé Saint Paul. Une seconde basilique plus petite fut reconstruite puis une petite église byzantine après les raids arabes des 7e, 8e et 9e siècles
  • Le site antique de Palaipaphos, méconnu et isolé, remonte au 12es avant JC. Les quelques rares vestiges romains y montrent la continuité du culte d’Aphrodite. Le lieu fut abandonné au 4es avec la christiannisation de l’ile et réutilisé par les Lusignan. Cette famille franque régnante à Chypre du 12e au 15e siècles en fit un centre sucrier. Le manoir montre des vestiges de cette longue présence humaine.
  • Le musée des Icônes de Yeroskipou, tout neuf et totalement inconnu, montre une belle collection d’icones, parmi lesquels la plus vieille image sainte de Chypre « Ayia Marina » et un curieux St Jean l’Egyptien à l’oreille percée
La basilique Chrysopolitissa

Combien de temps prévoir ?

  • Il faut compter 2 bonnes heures pour apprécier pleinement les mosaïques des villas du Parc archéologique, davantage pour découvrir l’ensemble du site, les restes d’Odéon, l’Asklepion…
  • Et 1 bonne heure pour chacun des autres sites.

Musée d’Art Islamique de Doha

Pour clore ma trilogie sur l’art Islamique, voici maintenant le Musée d’Art Islamique de Doha. J’ai conscience ici de passer sous silence sous silence la merveilleuse et intelligente rénovation de la galerie du MET à New York. Un manque que je finirai par combler.

Le MIA émerveille  par son contenu et son son contenant. Le grand Ioh Ming Pei, architecte de la pyramide du Lovre, l’a conçu sur la scénique Corniche de Doha. Ce bâtiment admirable sert d’écrin à des collections exceptionnelles de par leur diversité et leur richesse. Le propos est didactique et propose une double approche : chronologique et thématique.

Des origines de l’art islamique aux Mongols

Les collections très complètes se répartissent sur deux étages. Le RDC de l’édifice, lui, accueille des expositions temporaires d’une grande qualité et une très belle boutique. Le toisième  étage correspond à un restaurant et des expositions plus petites.

On commence généralement les visites au 2e étage. On y aborde de manière chronologique l’art islamique. A commencer par  la naissance de l’Islam dans la région du Hijaz (VI-VIIe) et la diffusion de la parole sainte grâce à l’écriture. Des vitrines exposent des pages de Coran ainsi que des céramiques. Ces dernières constituèrent un support privilégié d’écriture dès les débuts de l’Islam.

Une deuxième salle en enfilade présente la dynastie Omeyyade. On la voit d’abord dans sa branche syrienne. Puis apparaissent ses apports espagnols (Xe) avec des chapiteaux venus du magnifique palais de Mdinet al Zahra, non loin de Cordoue.

Les Abbassides vainqueurs de la dynastie damasquine firent de Bagdad le centre du monde islamique dès le IXe. Ils apparaissent dans le travail du verre. Alors que les fatimides vont s’illustrer dans la joaillerie. La grande salle suivante s’intéresse à l’Iran seldjoukides et à ses merveilles d’orfèvrerie (candélabres) mais aussi aux très beaux carreaux de céramique. Elle annonce l’arrivée des Mongols avec notamment un magnifique kaftan complété de gants et coiffe (XIIIe).

Des Mamlouks aux grands Empires

On découvre alors l’Egypte de Saladin grâce à des manuscrits scientifiques et des fontaines. On passe ensuite à l’Egypte des mamlouk (XVe)s. De belles lampes de mosquées en verre, de prestigieuses albarelles, pots a pharmacie, illustrent cette période. On peut y rattacher des chefs d’œuvre de bois comme des grilles de moucharabieh et des portes sculptées cairotes.

L’époque timuride quant à elle, apparait au travers d’échiquiers, de céramiques et d’un très étonnant tapis de jeu. On rentre alors dans l’âge d’or des grands Empires (XVI-XIXe). L’Iran tout d’abord avec les œuvres Safavides : de magnifiques tapis ainsi que d’étonnants portraits repris ensuite à l’époque Qajar et des manuscrits de toute beauté comme les pages du fameux Shanameh. Vient ensuite l’empire Moghol qui dura en Inde jusqu’à la colonisation anglaise. Il créa des merveilles de bijoux, poignards et manuscrits notamment.

Enfin, l’Empire ottoman célèbre pour ses céramiques florales s’expose ici dans une spectaculaire armure.

Le premier étage propose une vision plus thématique de l’art Islamique. Une salle aborde  l’écriture et ses supports (bois, pierre, textile, parchemin, céramique, orfèvrerie entre autres). Une autre s’intéresse aux motifs iconographiques qu’ils soient floraux, géométriques ou calligraphiques. Il faut absolument prendre le temps de voir la fantastique collection d’astrolabes et une rarissime tente Moghole (XIIIe) quasi complète. On attaque cet étage à partir du grand salon central qui expose les œuvres majeures du musée. Une synthèse magistrale pour le visiteur pressé.

http://www.mia.org.qa/en/

La Galerie d’art islamique du Louvre

Voici une petite visite parisienne, dans le 8eme département la Galerie d’Art islamique du Louvre.

https://www.louvre.fr/departments/arts-de-lislam

Elle fait suite à mes articles sur le Musée de l’Aga Kahn, http://visitesfabienne.org/wordpress/musee-de-laga-kahn-toronto/, et le musée de Doha http://visitesfabienne.org/wordpress/musee-dart-islamique-de-doha/

Une des plus importantes collections au monde

Le Louvre abrite l’une des collections les plus importantes au monde. Elle est exposée sur deux niveaux, dans des bâtiments ouverts en 2012.

Il s’agit de la dernière extension du château du Louvre fondé par Philippe Auguste au XIIe siècle fortifié puis aménagé par Charles V, Francois Ier.

Jusqu’à Louis XIV, les rois relièrent les deux édifices l’un à l’autre par un passage direct : la grande galerie d’Henri IV. Le prolongement sous Louis XIII de l’aile ouest de la Cour Carrée marque le point de départ d’un projet ambitieux mené à son terme par Louis XIV puis Louis XV. Le monument prend alors son aspect actuel.

Après la Révolution, en 1793, le Museum central ouvre au public dans la Grande Galerie et le Salon Carré. Le musée s’étend désormais. Les appartements d’été d’Anne d’Autriche accueillent les sculptures antiques. Puis, naissent les salles du musée Charles X et l’aile rue de Rivoli sous Napoléon III. Les collections envahissent peu à peu l’édifice.

Lors de la Commune, en 1871, un incendie détruit les Tuileries qui seront démolies en 1882. La disparition de ce palais marque l’acte de naissance du Louvre moderne. A l’exception du Ministère des Finances, le pouvoir quitte en effet le Louvre qui peut se vouer essentiellement à la culture. Le projet « Grand Louvre », entraînant un remodelage complet du musée, est alors lancé.

Des arts musulman aux arts islamiques

C’est en 1893 qu’une section des « arts musulmans » est créée au musée du Louvre qui s’aggrandit. Il devient un département à part entière dans les salles actuelles réouvertes en 2012.

La collection d’art islamique se compose de métaux, de céramiques, d’ivoires, de tapis, de miniatures, d’orfèvrerie, des textiles. L’ensemble recouvre mille deux cents ans d’histoire sur trois continents. Ces 20 000 objets abondent en calligraphies, motifs géométriques et floraux.

Les collections s’exposent de manière chronologique. Les œuvres datant du VIIe au XIe siècle se trouvent au rez-de-cour tandis que l’on peut admirer les œuvres du XIIe à la fin du XVIIIe siècle et la prestigieuse collection de tapis  au sous-sol.

L’Art Islamique

Musée de l’Aga Khan, à Toronto

Ouvert en Septembre 2014, le Musée de l’Aga Kahn a été construit à Toronto par le grand architecte japonais Fumihiko Maki.  Vladimir Djurovic a conçu les jardins. Et l’architecte indien Charles Correa s’est chargé du centre ismaili  (avec salle de prière et centre culturel) . C’est le Premier Musée sur le continent américain à être entièrement consacré à l’art islamique. Et il est somptueux et passionnant!!!

La collection comprend plus de 1000 pièces superbes sur plus de 1000 ans d’histoire de la civilisation islamique de la péninsule ibérique à la Chine. L’exposition permanente se situe au RDC du bâtiment. Elle s’articule autour d’une cour. Une belle boutique, mène à la billetterie. On y trouve également un café très agréable. La salle Bellerive avec sa belle collection de céramiques complète ce RDC.  Au 1er  étage des expositions temporaires font vivre les lieux.

/http://www.agakhanmuseum.org/

L’exposition permanente :

L’expansion de l’Islam est évoquée par une projection concise et bien faite sur le mur d’accès aux salles d’expositions. On y voit une succession de cartes depuis la naissance de l’Islam au VIe/VIIe s, jusqu’ aux différentes dynasties et zones d’influence.

Une vitrine explique ensuite la naissance et la diffusion de l’écriture au moyen de Corans des VIIe et VIIIe siècle. Parmi ceux-ci, une page de l’exceptionnel Coran bleu de Kairouan (Xe). Des compilations illustrent l’extraordinaire apogée des sciences arabes. (comme le canon de Médecine, copie d’un feuillet de Ibn Sina- Avicenne)

Les dynasties syro-égyptiennes et iraniennes :

Seldjoukides et fatimides XIIe sont ensuite abordées par des objets, tiraz, candélabres, poutres…

Un recoin nous parle des Omeyyades de Syrie puis d’Espagne et de leurs particularités. Par exemple, le lien avec les religions avoisinantes, ou l’extraordinaire développement des sciences et des arts aux XII/XVe. On peut admirer astrolabes et muqarnas. Alors qu’une vitrine expose un magnifique et rarissime kaftan, témoin de l’invasion mongole.

La section suivante est consacrée à la Syrie et l’Iran après le 16e : céramiques manuscrites et importance du bois. Les albarelles (pots à pharmacie) sont typiques de la période. Les portes et plafonds de bois se retrouvent du Caire à la côte syro-palestinienne.

La Turquie ottomane

Celle-ci accorde une grande place à la céramique aux  XVI- XIXe siècl. C’est ce qu’illustre une très belle tuile  vernissée représentant la Kaaba, ainsi que des plats.

Les tapis et les somptueux manuscrits caractérisent  le raffinement de la période Safavide dans l’Iran du XVIIIe siècle. On en a un exemple avec  le Shanameh du Shah Tahmasp (exemplaire fastueux du Livre des Rois dont les pages ont été dispersées à travers le monde) remontant au XVIIIe. Mais aussi des pages de calligraphie, un Kashkul (récipient pour recueillir les aumônes).

Des portraits princiers et cadeaux diplomatiques illustrent La période suivante (la dynastie Qajar XIXe). L’Hindoustan  apparait en revanche au travers de miniatures et objets de luxe, dont une  magnifique aquarelle de 1628 représentant Shah Abbas et 3 de ses fils.

La Céramique

La céramique est considérée comme un art majeur à Cuba. représentatif de la seconde moitié du XXe siècle. Le Musée de la Céramique, dans la Vieille Havane, permet d’en apprécier la diversité d’expression.

Casa Aguilera Mercaderes 27 angle Amargura, La Habana Vieja  (+53 7) 861-6130 mail  http://www.ohch.cu/museo-ceramica-contemporanea/

Un joli musée dans une jolie maison coloniale

Construite au XVIIIe siècle, la maison Aguilera est une jolie construction coloniale de style mudejar. Cette maison s’articule autour d’un patio central et couverte d’une toiture plate. Elle a été très bien restaurée et montre de beaux exemples de fresques a secco, de charpentes, grilles, volets intérieurs et balcons de bois.

Cette maison abrite le Musée de la Céramique fondé en 1990 au château de la Force Royale (sur la place d’armes) puis transféré en 2005 en ce lieu. Le musée regroupe les créations céramiques des années 1950 à nos jours. Avant cette date, la céramique et les carreaux étaient essentiellement d’inspiration hollandaise ou espagnole. Faites d’une argile cubaine dont les meilleures qualités se trouvent dans les régions de Camaguey et Pinard el Rio, ces créations sont devenues de plus en plus originales avec le temps. Certaines sont en vente au rdc.

Des collections de céramique très variées

La visite commence à l’étage noble avec un panorama de la céramique artistique cubaine de 1950 à nos jours. Le musée comprend une dizaine de salles. La première s’attache aux pionniers et aux débuts de la manufacture de céramique cubaine. Celle-ci remonte aux  années 1950 dans l’atelier de Santiago de las Vegas.Juan Miguel Rodríguez de la Cruz y invita des artistes reconnus.

Ainsi, les premières années voient surtout le travail de peintres qui s’expriment sur céramique. Ont ainsi travaillé Wifredo Lam, René Portocarrero et Mariano Rodríguez.

La céramique pariétale va ensuite se développer. Le premier mur de céramique dans la ville remonte d’ailleurs à 1953 sur la paroi exterieure du ministère de l’exterieur sur la place de la Révolution par Amelia Pelaez. Proche de l’avant-garde europeenne, cette artiste fonda son propre atelier.

Dans la salle suivante, apparaissent les premiers objets : des plats signés des grands noms de la peinture comme Lam et portant sur des thématiques picturales (paysages, animaux, symboles de Santeria). Les œuvres exposées tournent mais selon la même chronologie. Le triomphe de la Révolution apparaît dans les créations sculputurales de l’atelier Cubanacan fondé peu après la révolution et développements ultérieurs.

Avec le temps,  la création devient en effet de plus en plus sculpturale, abstraite voire expressioniste. Outre le musée, on trouve de belles créations céramiques à travers la ville.

–        L’atelier de Beatriz Santacana

https://www.facebook.com/Beatriz-Sala-Santacana-

–        Les panneaux de céramiques dispersés à travers la cité, comme le mural du Habana Libre par Amelia Pelaez

–        Les créations de Fuster (sur le Malecon parque infantil et cité Fuster à Jamaitas)

Atelier et Maison Fuster

Le papier mâché

Le papier mâché est un petit morceau de patrimoine artisanal en voie d’extinction…

Une tradition locale

La tradition  du papier mâché est ancienne, d’origine francaise semblerait-il de par son nom. Elle a connu de grands noms comme Antonia Eiriz. On voit quelques oeuvres de cette artiste au Musée des beaux Arts. Pourtant,  Le papier mâché qui représentait une grande partie des productions touristiques est moribond.

Il y a 15 ans les petits marchés artisanaux regorgeaient de créations locales et colorées. Aujourd’hui il est très difficile de trouver la moindre pièce et aucune n’est produite dans la région de la Havane.

Seules les provinces orientales fournissent et encore semble-t-il que la production se meurt faute de créateurs. Il semblerait que le travail soit trop dur, pas assez réunumérateur.

….Quasi disparue..

Du coup, l’on ne trouve plus qu’abondance de peintures répetitives, objets en cuir, en bois ou autres horreurs chinoise. A moins qu’il ne s’agisse de petits bricolages locaux, petites voitures en canettes de biere, bijoux faits à partir de l’argenterie familiale.

Quel dommage que ce trésor d’inventivité, de joie et de couleurs sombre dans l’oubli ! Bien sûr, il ne s’agissait pas d’œuvres d’art à proprement parler mais de petits objets typiques de la joie de vivre locale. Et surtout, le petit prix et la grande valeur décorative de ces objets en faisaient des ornementations idéales pour les chambres d’enfants. Il reste pourtant quelques artisans près de Santiago prêts à fabriquer des chevaux, des meubles solides et colorés.

Surtout il semble que le papier mâché, d’artisanat se mue peu à peu en une forme d’art liée à la sculpture et représentée au cours de manifestation avec des concours nationaux. Les artistes se préoccupent d’exprimer des idées davantage que du caractère décoratif. Les historiens de l’art considèrent que le papier maché cubain se trouve à une étape nouvelle de son développement comme en atteste la dernière Biennale. Pour autant, dans le reste du monde le papier mâché resort toujours du folklore, voire de la thérapeuthie. Il est d’ailleurs notamment utilisé en art thérapie.

Beaux-Arts Cubains

Edouard Laplante, vue de la Havane

Pour les Beaux Arts cubains, on initia un musée en 1913 et on construisit en 1954 un bâtiment de style rationaliste. La collection s’enrichit à la Révolution.  Ce musée abrite des collections universelles ( dans l’Ancien Centre Asturien en restauration) et les collections des Beaux-Arts cubains de l’époque de la colonie à nos jours.

http://www.lahabana.com/guide/museo-nacional-de-bellas-artes-the-cuban-collection-edificio-de-arte-cubano/

Museo Nacional de Bellas Artes – Edificio de Arte Cubano

En entrant, se retourner pour voir la mosaïque puis se diriger vers le guichet. Les photos et les sacs sont interdits. On commence la visite par le 3e étage (rampe au fond du patio.) Commencer par les salles d’art colonial (dont l’intérêt est essentiellement documentaire) sur la gauche.

Les débuts de la peinture cubaine

Dès l’origine de la colonie, les beaux-Arts cubains sont sous influence européenne. Au XVIIIe, l’esthétique baroque s’affirme tant dans l’architecture (façade de la cathédrale) que dans la peinture. On peut aisi admirer le portrait de Don Luis Ignacio Caballero maire de la Havane, 1802 par Juan del Rio.

Au XIXe, Cuba se transforme en une colonie de plantation avec une nouvelle classe dirigeante aux cotés des puissants propriétaires terriens : la bourgeoisie créole représentée par Vicente Escobar lui-même métisse.

Le néo-classicisme d’origine française s’impose à Cuba avec la première école d’art créée en 1818 par JB Vermay (et non pas Horace Vernet…..mais élève de David). Le dessin devient plus précis et sobre, le fond neutre.

On voit aussi se développer le paysage Hippolyte Guarneray (vue du Paseo) ou Edouard Laplante et son beau panorama de la Havane. Apparait alors le costumbrisme, œuvre de bons dessinateurs, connaisseurs de la couleur et de la technique et observateurs sagaces comme Joaquin Cuadras.

La peinture du XXe siècle

Au XXe, la Havane devient une ville cosmopolite, ouverte (les murailles sont abattues) dotée de nouveaux bâtiments, hôtels, avenues….Les jeunes créateurs s’orientent vers le romantisme et le symbolisme. Les sujets historiques et mythologiques remplacent les tableaux religieux. Portrait et paysage restent importants. Dans la salle Menocal-Romanach,  on découvre deux artistes décisifs : l’Embarquement de Colomb de Menocal et portraits de Romanach.

Avec le XXes, on aborde l’art moderne local ou avant-garde cubaine (porte de droite sur le palier). Cette avant-garde suit les courants européens et new yorkais avec un léger décalage. Les thèmes restent académiques, mais avec des réferences cubaines (paysages, colonisation…)

La Gitane tropicale

Victor Manuel  Garcia  peint le tableau le plus célèbre de la peinture cubaine la Gitane tropicale ou Joconde cubaine. En 1932 il revient alors  de Paris et s’inspire manifestement de Modigliani et l’École de Paris. Les Guajiros de Eduard Abela Villareal en 1911, proposent une vision très romantique, folklorique voire humoristique des paysans. Antonio Gattorno lui tire son influence de Cezanne et de Gauguin pour créer une identité créole loin des modèles coloniaux espagnols. Faute d’éléments indigènes, les peintres cherchent à créer des racines nouvelles. 2 tableaux de Marcello Pogolotti remontent à 1937 et montrent l’influence cubiste, et surtout futuriste. Ils témoignent d’une préoccupation sociale, existentielle dans une période de modernisation et d’industrialisation de l’ile.

La période révolutionnaire

Un petit couloir mène à une salle où sont exposés les Guajiros Expressionistes de Carlos Enrique. En, 1938 il donne une vision d’horreur des conditions de vie. Sur le mur opposé, on découvre une des premières femmes peintres de Cuba Amelia Pelaez, post impressionniste aux influences mêlées adepte de la couleur et des aliments architecturaux locaux. (vitraux).Il y a là une créolisation de la peinture.

On passe alors dans la salle consacrée à Wilfredo Lam, le grand peintre cubiste cubain proche de Picasso mais aussi des surréalistes francais dont la peinture intègre de nombreux éléments liés aux cultes afro-cubains. Puis on rejoint les galeries extérieures avec Portocarrero, autodidacte aux multiples influences (de Schiele à Dubuffet…).La visite de cet étage se clôt sur un tableau de Mario Careno qui dans la naissance des nations américaines, reprend les 3 Grâces de Rubens à la sauce créole.

Le 2e étage aborde la peinture de la période de la révolution marquée par les tensions avec les Etats Unis puis les changements socio-économiques et politiques. Elle rend le désespoir, la violence puis la libération des moeurs. Les artistes s’inspirent des mouvements nord americains comme Raoul Martinez très pop art. Les années 1990 avec la crise economique voient s’affirmer un art pauvre créatif, (Alexis Leva Machado). Les dernières salles offrent une intéressante vision de l’appropriation par les artistes des évenements et de la lecture de l’histoire

http://visitesfabienne.org/wordpress/tomas-sanchez-peintre-dans-les-nuages-specialiste-des-iles-flottantes/

Citation

Le Musée des Arts Décoratifs de la Havane

Le Musée présentant les Arts Décoratifs à la Havane est une belle demeure du Vedado. Située rue 17 (entre D et E), elle évoque la vie fastueuse de la riche bourgeoisie du début du XXe siècle. Construite entre 1924 et 27 sur le modèle français , elle tranche sur les maisons alentours par ses lignes classiques et les matériaux utilisés. Les Etats-Unis appellent ce style Beaux-Arts et que nous le qualifions de Napoléon III voire d’éclectisme. La maison parisienne Jansen assura quant à elle la décoration. En fait, elle associe la lourdeur barococo avec la surcharge ornementale orientale…

http://www.lettresdecuba.cult.cu/?q=articles/l%E2%80%99histoire-du-mus%C3%A9e-national-des-arts-d%C3%A9coratifs-de-la-havane.html

Une maison magnifique

La maison a appartenu à Maria Luisa Gomez, Comtesse de Revilla de Camargo, grande famille de propriétaires terriens et fonciers. Cette riche famille possédait également la Manzana de Gomez. Cette dernière est une galerie commerciale construite au débouché de la rue Obispo dans l’esprit des galeries commerciales de la fin du XIXes (Galleria Umberto à Naples, passages parisiens, Galeries Royales de Bruxelles…). La maison fut convertie en musée national en 1961. Cest donc davantage une maison dans le goût des riches familles cubaines des années 30 qu’un musée des Arts décoratifs au sens européen. Une sorte de Jacquemart André local. Dommage que la muséographie reste attachée à cette époque. On imagine bien une boutique et un café dans le jardin d’hiver. Les terrasses et jardins raffraichis de bassins et fontaines aujourd’hui muettes se prêteraient bien à la déténte…

Rue 17, devant les Arts Décoratifs à la Havane

Des salons qui montrent la richesse de la bourgeoisie locale

Dès l’entrée, l’œil est attiré par des objets décoratifs, meubles et tableaux ; en l’occurrence des commodes transition et deux panneaux décoratifs peints par Hubert Robert pas forcement au meilleur de son art. Le peintre a justement été à l’honneur à Paris, dans une exposition qui luia été consacrée au Louvre.

http://www.lemonde.fr/arts/article/2016/04/11/rever-les-ruines-pour-mieux-s-en-relever_4899769_1655012.html.

Sur le vestibule, s’ouvre un salon Louis XV par son mobilier et ses tableaux (beau portrait de Marie Leczinska et portait par Nicolas de Largilire). Les propriétaires envoyèrent même les panneaux de bois local en France pour y être travaillés. L’impressionnante salle à manger présente une vaisselle anglo francaise (Baccarat- Wedgwood sont à l’honneur) ainsi que des tapisseries d’Aubusson. Quant au salon de musique, il abrite une collection de laques chinoises et japonaises : meubles et paravents.

Vestibule du Musée des Arts Décoratifs de la Havane

Des collections confisquées

Le grand escalier mène à l’étage où l’on découvre le salon néoclassique avec des meubles Louis XVI. Le plus impressionnant est le secrétaire de Marie Antoinette œuvre de Riesener. Sur la gauche, une salle de bain très art déco de marbre. De l’autre côté, un petit boudoir dans les bleus chers au goût cubain nous entraine dans le mobilier Napoléon III avec ses incrustations de nacre. Le petit salon de Sèvres expose de belles porcelaines et des biscuits et mène au salon anglais. Meubles, peintures, porcelaines, montrent les lignes plus classiques et sobres de l’art anglais du XVIIIe s. En face un petit boudoir éclectique contient le seul meuble cubain de la collection, une console d’un gout très baroque et de petits paysages costumbristes.

Le salon oriental se trouve dans une ancienne chambre et expose une superbe collection de céramiques, ivoires, meubles asiatiques. Il est décoré de panneaux laques orientaux. Enfin le palier offre une magnifique collection de verreries art Nouveau : on y retrouve tous les grands créateurs Louis Comfort Tiffany, Galle, Lalique…

Pour en savoir davantage sur le quartier : http://visitesfabienne.org/wordpress/le-vedado/

Pour en découvrir davantage sur la période Art Déco à la Havane : http://visitesfabienne.org/wordpress/havane-art-deco/