Vauxhall

Pour faire suite à la dernière promenade autour de Waterloo station, Southwark et Lambeth, voici une extension du côté de Vauxhall.

Vers Battersea Park

On peut commencer cette promenade dans le quartier de Vauxhall vers Nine elms.

 C’est au milieu des immeubles modernes qu’a été construite la nouvelle et moderniste Ambassade des Etats-Unis. Ce déménagement de Grosvenor Place à ce quartier tout neuf a suscité la controverse notamment après le refus fallacieux de Donald Trump de venir l’inaugurer.

Ce quartier en pleine refonte recèle encore quelques jolies pépites comme la maison géorgienne qui lui a légué son nom « folks hall » devenu Vauxhall. C’est dans ce quartier que se niche une merveille, la ravissante enclave de Bonnington avec un café associatif adorable et un jardin communautaire délicieux.

Bonnington Garden, un oasis au coeur de Vauxhall

En continuant le long de la Tamise on va alors rejoindre le parc de .Battersea avec sa belle pagode dorée.

On peut également s’enfoncer davantage dans Vauxhall et rejoindre le jardin du même nom connu à l’époque géorgienne comme jardin des plaisirs. Ce lieu apparait d’ailleurs dans la peinture mais aussi dans une reconstitution du musée de Londres.  Non loin, se tient une ferme avec des poules, ânes et lamas.  Ce petit air de campagne en plein Londres attire de nombreux amateurs en fin de semaine.

mon ami le lama décoiffé à la ferme de Vauxhall

Vers le Musée de la guerre et le musée du cinéma

En partant de la station de métro Lamberth North, on atteint un champ de lavande minuscule autant qu’inattendu au croisement de Wesminster Bridge et George rd. Puis on pourra s’arrêter au Musée de la Guerre. Derrière ce nom peu prometteur, se dissimule une présentation passionnante de Londres au XXe s. On y découvre l’énorme effort consenti par les britanniques pendant les deux guerres mais pas seulement. Y sont évoqués de larges tableaux des guerres actuelles et de leurs ravages mais aussi un remarquable panorama de l’Empire britannique à la fin de l’ère victorienne. Finalement, ce musée est assez mal nommé et devrait plutôt s’appeler musée « pour la paix », ce qui rendrait sa visite tout de suite plus attirante. D’autant qu’il se situe dans un jardin bien plaisant.

On peut d’ailleurs pousser la promenade verte jusqu’à Lambeth Walk, un fort agréable jardin communautaire qui débouche sur Kennington road. Quasiment en face, s’embranche Wincott Street puis Gilbert rd.

Lambeth walk

On emprunte alors la rue Renfrew, le célèbre préhistorien. On y trouve un charmant centre bouddhiste, et, juste derrière, le musée du cinéma. Il occupe une des rares workhouse encore debout dans Londres.

Centre bouddhique

 C’est dans cet asile pour pauvres que Charlie Chaplin passa une partie de sa jeunesse misérable. Dans ses films, il décrit d’ailleurs la pauvreté vécue durant son enfance passée non loin de là, à Kennington. Ce quartier de grande misère est en pleine réhabilitation. S’y construisent des ilots entiers sans beaucoup de charme. Il faut donc y profiter de chaque joli vestige comme le château d’eau aménagé en logement haut de gamme qui domine fièrement le pâté de maison.

Musée du Cinéma

Du côté de Elephant and Castle

On va alors rejoindre la place très bruyante de Elephant and castle. Le quartier a été fort remanié dans les années 19670, ce parfois de manière brutaliste. Témoin l’horrible immeuble commis par Ërno Goldfinger que nous avons déjà rencontré à Hampstead. Ce personnage mérite vraiment de devenir héros de roman. Ian Fleming l’a fait avant moi malheureusement (ou heureusement). Ulcéré par les horreurs construites par cet architecte brutaliste, il en a fait le vilain de James Bond. Un brin d’antisémitisme peut-être, mais une vraie vision patrimoniale chez Fleming !

Le petit panneau de l’Elephant se niche juste à côté de la gare et non de la station de métro.  Ce nom amusant proviendrait de la déformation linguistique de l’ « infante de Castille » Eleonore. Un historien a récemment prouvé que cette légende relevait du mythe et que l’éléphant et son château désignaient en fait un pub. Cette tradition de noms de lieux liés à un établissement de boisson est en effet très courante à Londres.

 Sur la place même, une curieuse boite argentée fait figure de mémorial à Faraday qui habitait le quartier. Sa cage le poursuit jusque dans l’éternité…

cage mémorial de Faraday, sur Elephant and Castle

Autour de Waterloo Station

Je continue mes idées promenades autour des gares, aujourd’hui autour de Waterloo Station.

Jardin d’amour par William Blake

 Waterloo Station ne vise pas seulement à agacer les Français. Même si les premiers TGV reliaient la gare du Nord parisienne à cette gare. En effet, le lieu reprend le nom du pont de Waterloo et non celui de la bataille.  D’ailleurs les trains en provenance de France débarquent maintenant à St Pancras.

Le quartier a récemments bénéficié d’une rénovation et peut présenter un bon départ d’exploration. Alors RV comme tous les amoureux devant la grande horloge des départs.

En direction de Borough Market

En descendant du grand escalier de l’entrée principale, on passe devant la statue hommage aux soldats de la première guerre mondiale. De là, on rejoint une place occupée par l’odéon. Un grand hôpital de briques rouges appartient aujourd’hui à l’université. En face, une petite maison qui semble coupée par les voies de chemin de fer. Et la belle église st Georges avec son jardinet. Juste derrière la rue Roupel a conservé son aspect victorien avec ses petites maisons alignées.

Roupel Street

Un peu plus loin, on atteint le Old Vic, grand théâtre aux bonnes programmations, dont le nom remonte à une visite de la Reine Victoria.

 Du petit jardinet, on se rend vers Southwark par the cut. Les constructions modernes effacent peu à peu les petites maisons. Des rues bordées de lotissements mènent à l’emplacement du shakespearien théâtre the Rose aujourd’hui seulement marqué par un panonceau. 

Le quartier de Southwark tient sa renommée à l’église mais aussi au marché alimentaire, très à la mode pour des en cas de world food. Sur le chemin, on remarquera quelques belles fresques. Sur la rue Redcross, une grille couverte de chiffons attire l’œil. Elle marque l’emplacement d’un cimetière non consacré. Ici, à Crossbones, atterrissaient les ossements des prostituées et autres miséreuses. L’église récupérait eurs maigres richesses matérielles, mais pas leurs âmes…

cottages sur Redcross alley

 Pratiquement en face, se dresse une ragschool, une de ces écoles que la pitié victorienne accordait aux nécessiteux. C’est aussi ici que se niche un charmant petit ensemble de cottages ouvriers. Enfin, en levant le nez en direction de la Tamise, on verra l’un des plus beaux « ghost signs » de la capitale. Ces publicités peintes du siècle passé sont aujourd’hui très prisées. Elles vantent essentiellement la bière (ici « Take courage ») ou des produits du type Bovril (une sorte de viandox local).

En longeant la Tamise

On peut également rejoindre Borough Market en longeant la Tamise.

Southwark par Jimmy C

 cette balade fort agréable en semaine est bondée le week end. Elle longe des marchés alimentaires. Les kiosques proposent arepas, curry indiens, nouilles chinoises, voire crêpes. De quoi effectuer un tour du monde gastronomique sans se déplacer bien loin.

Borough Market

Le long de la Tamise, on rejoint alors  la Tate Gallery modern. L’ancienne usine abrite aujourd’hui les collections d’art moderne. L’énorme bâtiment industriel se trouve aujourd’hui doublé d’une aile moderniste. Le tout est relié à la cathédrale Saint Paul et à la rive nord de la Tamise par une spectaculaire passerelle piétonnière construite pour l’an 2000.

Un tout petit peu plus loin, se dresse le théâtre Globe merveilleusement recréé. Ce haut lieu shakespearien mérite une visite. La reconstruction et les spectacles sont en effet d’une qualité remarquable. Je reparlerai de ce haut lieu de culture anglaise très prochainement.

Vers Lambeth

Si maintenant on contourne Waterloo Station, on rejoint Lower marsh qui nous rappelle la présence de marais en ces lieux. A mi-chemin, s’embranche le tunnel Leak, célèbre chez les graffeurs. C’est en effet un haut lieu du Street art et le panorama visuel y change d’une semaine à l’autre avec de vraies merveilles.

Au bout de la rue, on parvient au métro Lamberth North. Ici on peut s’arrêter devant la gare qui menait à Brookwood, ancienne nécropole victorienne desservie par un train qui en partait. C’est donc d’une certaine manière une “nécrogare” puisqu’en partaient des convois de cercueils visant à désengorger les cimetières paroissiaux du centre-ville ou à emmener les endeuillés accompagnant leurs proches vers leur dernier voyage.

la gare désaffectée du cimetière de Brookwood

La flèche de la chapelle Lincoln décorée des bandes et étoiles de la bannière américaine domine la rue. Non loin de cette église commémorative s’embranche un tunnel décoré de mosaïques rappelant l’œuvre du grand artiste William Blake, habitant du quartier.

On rejoint alors l’hôpital St Thomas où l’on peut, ou non, visiter le musée consacré à Florence Nightingale.

L’immense mur commémorant les trop nombreuses victimes du Covid

Le long de la tamise on longera le mur du Covid pour rejoindre le palais de Lambeth, résidence officielle à Londres de l’Archevêque de Canterbury.

 Le nom de Lambeth évoque le rivage ou l’on amenait les moutons. Le musée du Jardinage a élu domicile tout près.

On rejoint alors la galerie Newsport. Damian Hirst a transformé des entrepôts en un musée épatant.

Entre jardins et baraquements, la rue mène jusqu’à une étonnant bâtiment, autrefois siège de la fabrique de céramique Royal Doulton.

Royal Doulton

Celui-ci est décoré de reliefs de terre-cuite spécialité de l’enseigne. Le tunnel dans la même rue du Prince noir, montre d’ailleurs, au moyen de médaillons, l’inventivité et la technicité de cette manufacture.

Juifs de Londres

Les Juifs de Londres se sont installés par vagues. D’abord cantonnés à la City, ils habitent aujourd’hui plutôt dans les faubourgs.

Néanmoins la City a gardé quelques traces des bombardements du Blitz. Le musée de Camden rappelle l’histoire des Juifs de Londres .

 Une communauté qui remonte au Moyen Age

Apparition des Juifs de Londres (11e)

-Les premiers Juifs de Londres arrivent au Royaume-Uni avec Guillaume le Conquérant, au 11e siècle. Banquiers ou serfs personnels, ils fuient les pogroms de Rouen et jouent les rôles de financiers ou usuriers auprès du conquérant. Ils s’épanouissent aussi dans l’artisanat et les commerces non régis par des guildes. Médecins, orfèvres, joaillers, s’installent ainsi dans l’ancienne juiverie près de Guildhall. Cette communauté riche migre ensuite vers le marché de Westcheap, près de Gresham Street, Milk Street, Wood Street, Old Jewry. Ce nom date d’ailleurs de l’abandon du quartier au 14e siècle. Comme à Rouen, la juiverie s’articule autour du Guildhall (palais de justice).  Gresham Street constitue l’axe central du qaurtier qui compte  au moins cinq synagogues. Le quartier s’agrandit ensuite, avec un cimetière,  un hôpital, un mikveh, un abattoir redecouverts au Barbican sous les bombardements de la guerre.

Boutique de Amelie Gold, modiste juive de Spitalfiel

Une juiverie pauvre se développe vraisemblablement près de la Tour de Londres (Aldgate, Jewry Street). La communauté s’épanouit sous les règnes d’Etienne 1135/54 et d’Henri II 1154/89

Persécutions et expulsion des Juifs de Londres (12/13è)

-Avec la mort d’Henri II et les croisades, commence une période de persécutions (12e s) pour les Juifs de Londres. Le cocktail de dettes contractées pour le départ et de ferveur chrétienne pour la reprise de terre sainte se révèle fatale pour la communauté juive.  La propagande, la haine dégénèrent rapidement en persécutions  pogroms. La violence s’exerce surtout contre les juif pauvres.

La chèvre de Spitalfield Market, symbole du bouc émissaire émigré

-Les persécutions s’accélèrent avec Jean sans terre 13siècle. En banqueroute financière, le royaume dénonce, profane, taxe, convertit, pourchasse, confisque. Oppressés, un grand nombre de ces Juifs se réfugient dans la Tour de Londres. Beaucoup sont accusés d’être faussaires, emprisonnés, voire exécutés. Ils sont finalement expulsés du Royaume en 1290.

Le retour progressif après Cromwell

Des communautés sépharades profitent de la liberté de commerce au 17ème siècle.

De petites communautés illégales fuient l’Espagne reconquise après 1492. Ephémères, elles sont pourchassées sous Elisabeth 1ère. . Ces Sépharades se regroupent autour de Saint Olaf et Hart Street. Et du côté de Fenchurch Street Railway Station.. La synagogue de Creechurch Lane est alors un secret de polichinelle.

Des négociations avec Cromwell en 1655 marquent le point de depart de la reconnaissance officielle des juifs à Londres. Charles II l’officialise d’ailleurs en dépit des marchands.. Les contacts des Séfarades avec les colonies espagnoles et les ports du levant favorisent en effet le commerce. Les courtiers juifs s’imposent à la toute nouvelle Bourse à la fin du 17ème siècle. La communauté se réorganise alors. Des institutions caritatives, synagogues, écoles, hôpitaux ou orphelinats se multiplient. La communauté s’enrichit de nouveaux arrivants.

Synagogue espagnole

.Avec l’accession au pouvoir de Guillaume et Marie d’Orange, débarquent alors des juifs hispaniques de Hollande. Au 18e siècle, cette communauté dynamique et croissante s’était beaucoup enrichie, commerçant avec les Indes orientale et occidentales.

Maison de M Stren sur Miles End

La concurrence des Ashkénazes

-Cependant, l’immigration Ashkenaze (d’Europe centrale) concurrence bientôt les communautés antérieures, sépharades. Des 1690, ils transitaient par Amsterdam et construisirent leur centre à Duke Place. Ces arrivées, plus tardives, se transformèrent en flot au 19e. Des disputes éclatèrent entre les communautés, jusqu’à la formation de la Synagogue Unie en 1870 représentant les intérêts collectifs. Au cours du 19esiècle ,les ashkénazes l’avaient emporté en effet de par leur nombre et influence sur les sépharades. Mais ils étaient souvent pauvres. Des structures s’intéressèrent à ces pauvres et créèrent écoles et institutions.

rare rescapée dans le quartier de Spitalfield

-Conversions : La communauté sépharade, elle, se trouvait bloquée dans la rigidité. Certains de ses membres la désertèrent jusqu’à faire baptiser leur descendance. C’est le cas de Benjamin Disraeli, devenu Premier Ministre britannique. D’autres, très riches et intégrés baptisèrent leurs enfants pour les marier à l’aristocratie. Par ailleurs ces familles très éduquées tendaient à se distancier de la foi de leurs ancêtres. La communauté sépharade perdait ainsi de sa vigueur alors que les ashkénazes devenaient plus nombreux à Londres.

18 et 19e siècle, l’âge d’or de l’East End ashkénaze

– lLa majorité des juifs se concentraient sur un espace restreint, le triangle défini par St Mary’s Axe, Bevis Marks, Duke Street and Leadenhall Street. De petites communautés pauvres se pressaient le long de Houndsditch à l’est de la ville. Les plus riches de la communauté avaient des résidences d’été à la campagne et dans les villages près de Londres voire dans le West end. La communauté connut le mouvement d’émancipation. Ce mouvement encouragea aussi la sortie des juifs de leurs quartiers traditionnels.

-vers Une communauté plus éparpillée. 

D’autres membres de la communauté s’imposaient. Certains devinrent Parlementaires, banquiers voire sheriff. Ainsi, D Salomons devint-il maire de Londres mau milieu du19eme siècle. Beaucoup migrèrent aussi hors de la city vers  le Nord ou l’Ouest.  A la même période, le mouvement de réforme des synagogues précipita un nouveau schisme. Une partie de la communauté s’intégrait professionnellement et socialement alors que l’autre, plus pauvre, restait plus traditionnelle et fidèle à l’East end et aux métiers du textile : frippiers, tailleurs, courtiers, grossistes, diamantaires ou cordonniers, vendeurs de parapluies, oranges, pipes, cartes.

Soupe populaire juive, Spitalfield


-Vers 1880 de nouvelles vagues d’Europe centrale

Ces nouveaux arrivants fuient les pogroms et déferlent sur Londres.

Cet afflux  massif de 100 000 personnes changea le paysage social et la géographie de la Londres juive. L’antagonisme entre populations anglo-juives intégrées et arrivants souvent pauvres et exploités s’accentua. La majorité des nouveaux-venus s’installa dans l’East end, vers Whitechapel , Aldagate et Spitalfields. Ces quartiers traditionnels restèrent centraux à la communauté juive jusqu’à la seconde guerre mondiale. Avec le temps, ils bougèrent de plus en plus vers l’est de la ville.

Monument aux enfants juifs, Liverpool Station

Mais la city devint peu à peu un lieu d’affaires et non d’habitation. Ce qui s’accentua avec les bombardements. Les juifs migrèrent alors vers la périphérie. Les pauvres s’installèrent plutôt à l’Est (Stepney, Totenham), les riches à l’Ouest à Maida Vale, Bayswater  voire Hampstead. Le mouvement s’est amplifié avec l’amélioration des transports publics.

Synagogue de Great Portland Street

Vestiges juifs à Londres

Il reste très peu de Vestiges juifs à Londres. Les bombardements violents de 1941 ont en effet saccagé les lieux et rayé une communauté très vivante à la fin du 19ème siècle.. Dans les années 1950, celle-ci avait d’ailleurs quasi disparu. Les cinémas, théâtres, clubs, magasins juifs fermaient les uns après les autres repris par les migrants du Pakistan et du Bengladesh. Les synagogues devinrent alors ateliers textiles, les boutiques kosher, curry houses. L’East End londonien se transformait une nouvelle fois.


Autour de Spitalfields

Au sud de Spitalfields

Ici, travaillait et habitait la communauté juive. Ainsi, au 42 Brushfield Street, la boutique de la modiste Amélie Gold a conservé son enseigne. En passant par Fort street , on rejoint l’allée Sandy’s row où se trouve l’une des quatre synagogues survivantes des cent qui existaient autrefois. A la base, c’était une chapelle huguenote. Quelques jolies maisons géorgiennes attestent de la paupérisation de ce quartier autrefois cossu. Ces maisons furent divisées au cours du temps en minuscules logements pour les migrants.

Tout près, sur Bell Lane, l’école publique juive a disparu. En revanche, au 17/19 Brune Street, le bâtiment « Soup kitchen » ouvert en 1902 a conservé sa façade. Il a remplacé la première soupe populaire ouverte sur Bricklane au 18e pour les Huguenots.

Sur Commercial street,

On longe le marché maure, aujourd’hui transformé en école de mode. Il atteste encore de la présence sépharade. Fashion Street était la rue des frippiers juifs,. On rejoint Brick Lane. Aujourd’hui Banglatown, elle n’a conservé qu’un magasin juif, au 92 la boutique de papier Katz. Les curry houses ont remplacé les boutiques juives. Cependant, les deux beigelhouses (au 155), plus haut dans la rue, restent témoin de cet héritage qui s’estompe.

Devant Christ church school,  fondée au 18e et reconstruite au 19e  pour les enfants pauvres, se trouve un petit médaillon au sol. A l’angle de Fournier Street, l’ancienne église huguenote construite en 1743 devenue méthodiste au 19e puis transformée en synagogue en 1897 . Depuis 1976, c’est une mosquée. Elle appartient maintenant à la communauté Bengladaise. Elle peut accueillir 4000 fidèles. L’inscription latine « Umbra Sumus » (nous sommes des ombres) se lit encore en haut du mur, côté Fournier Street.

Cette évolution, unique au Royaume-Uni, reflète les vagues migratoires . En face, au 86 Brick Lane se trouvait les bains russes fermés en 1940. Ces derniers temps, Les boutiques juives ont laissé place au curry houses et l’héritage se meurt silencieusement.

Ecole sur Bricklane

A l’Est de Spitalfield

Dans Fournier  Street justement perdure une Vieille boutique juive, Schwartz au 33.

Plus impressionnant, le 19 Princelet street  était un théâtre yiddish. En 1869, des juifs polonais y construisirent une synagogue, la plus vieille ashkenaze de Londres.. Pratiquement impossible à visiter, cette maison regorge d’histoires terribles dont celle de David rodinsky relatée par Ian Sinclair dans Rodinsky’s room. Le musée, aménagé dans cette maison, tente péniblement de survivre et ne s’ouvre que sporadiquement et sur RV pour des visites de groupe. 

Le grapheur Stik prône la tolérance religieuse sur Princelet

La légendaire Petticoat Lane

Petticoat Lane

Le nom de Petticoat Lane se rapporte en fait au commerce de fripperie monopolisé par les juifs pauvres d’Europe centrale. Car un marché textile se tient sur Middlesex street depuis le Moyen Age. Devenu axe central de la communauté ashkénaze au 19e s, la rue accueillait outre les frippiers, des organisations pour les pauvres : soupes populaire, armée du salut. Un marché s’y tient toujours le dimanche matin.

Néanmoins, la communauté, encore très florissante et étoffée par la dernière vague migratoire des années 1920 disparut après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Le quartier s’apparentait à un quartier juif distinct depuis les années 1880. Près de 10 000 nouveaux arrivants s’étaient effectivement installés à Londres fuyant les pogroms et persécutions en Russie. Au début du 20e siècle , 95% de la population de Petticoat lane était juive immigrée. Les noms des rues étaient alors écrits en yiddish. La zone comptait plus de 100 synagogues et de shtiebls (petites salles de prières) . Un réseau bien organisé d’institutions religieuses donnait vie à ce quartier de petites échoppes, et ateliers. La vie culturelle y battait également son plein avec quatre théatres yiddish, des journaux et magazines, groupes littéraires, cinemas, dancings et groupes politiques. Anarchistes, communistes, sionistes se réunissaient. Ils firent front avec les activistes de gauche le 4 octobre 1936 lors de la marche des chemises noires menées par le chef du syndicat fasciste britanique Oswald Mosley. Ils s’affrontèrent lors de la celebre bataille de Cable street.

Vers Liverpool Station

-Sur Cutler street se dressent encore les entrepôts énormes de la East India Company transplantée depuis les docks (importation de soie) . Cette rue lie Middlesex street à Liverpool Station devant laquelle se dresse l’émouvante sculpture consacrée aux enfants juifs accueillis en Grande Bretagne pendant la deuxième Guerre mondiale

– sur Wenworth street, un arc de briques rouges date de 1886. Il marque l’entrée des logements modèles de Charlotte de Rotschild pour loger décemment les pauvres juifs .  En face, les réformistes se réunissaient à Toynbee Hall . De là, partaient nombre d’aide aux pauvres. Sur Dean Walk se concentraient les plus indigents dans l’ ancien rookery ( documentée comme la pire rue de la ville au 19e ) C’est dans ce quartier miséreux que frappa à trois reprises Jack l’éventreur.

Une carte de mémoire, document sur l’histoire et les vestiges des juifs de l’East End émane de la collaboration d’éminents spécialistes.

Whitechapel , Bethnal, synagogues disparues et cimetières cachés

Whitechapel High Street

La rue aujourd’hui orientale fait néanmoins remonter des souvenirs de la présence Juive.

Le jardin Altab Ali Park avec sa fontaine victorienne rappelle les vagues migratoires qui se sont succédées dans le quartier . En face, au 88, un petit blason juif :rappelle la Poste établie jusqu’en 1930 . Les nombreux restaurants kosher se sont transformés en établissements hallal. Un peu plus loin, La fonderie de cloche qui a fourni celle de big ben fonctionnait encore il y a peu . Juste derrière, sur Fieldgate street la synagogue a fermé, remplacée par une mosquée.

Miles End et ses cimetières

Alors que la rue prend le nom de Mile’s End dans Stepney on va passer devant d’impressionnants vestiges cachés. Peu ou pas du tout signalés, trois cimetières sépharades se déteriorent sous les nouvelles vagues migratoires. Car la communauté juive y était plus ancienne et hispanique que celle de Spitalfields.

Sur la petite rue Brady un cimetière désaffecté. Abandonné derrière ses hautes grilles, il sert de décharge aux passants.

Sur Alderney Road, on parvient à une petite courée dont l’extrémité murée se heurte à un autre cimetière invisible. De hauts murs et une porte résolument fermée bloquent tout accès.  Encore un peu plus loin, en remontant Bancroft Road, se trouve encore un cimetière désaffecté.

Encore plus au Nord sur Grove Road, on accède au cimetière juif de Hackney

Si on reprend Miles End on découvre une merveille peu connue. On accède en effet à l’université Queen Mary. Dans le dédale des bâtiments universitaires, se cache l’extraordinaire cimetière novo, lui aussi soustrait à la vue du grand public et à la signalétique.

Modernité victorienne

Ce second article sur le Londres victorien aborde la modernité victorienne et donc les transformations de la cité. https://visitesfabienne.org/londres-victorien/

sur Fleet Street

En effet, en 70 ans de règne de la Reine Victoria, la ville bousculée par la révolution industrielle, se modernise. Les structures et infrastructures de la cité changent radicalement et rapidement. Car le 19ème siècle est le siècle des inventions et des ingénieurs.

la Révolution industrielle au Musée des Sciences

Ville moderne et industrielle, Londres devient alors la capitale d’un immense empire. La ville se transforme et se modernise fondamentalement. Reconstruite après le grand incendie de 1666, agrandie à la période géorgienne, elle doit s’adapter à la Révolution industrielle et à l’accroissement démographique. Les constructions se multiplient dans cette ville qui est devenue la plus grande du monde avec 6 millions de maisons nouvelles en un siècle. Le chemin de fer, le métro, les égouts, des boutiques, et des infrastructures modernes apparaissent.

De nouvelles infrastructures

La modernité victorienne consacre les ingénieurs. Au premier rang desquels, s’illustrent deux véritables génies d’origine française : Brunel père et fils et Bazalgette.

La gloire des Brunel

Marc Brunel, le père originaire de France, creuse le premier tunnel sous la Tamise. Son fils Isambard se joint rapidement à lui. Il reprend ensuite le flambeau de son père pour s’attaquer à l’énorme chantier du chemin de fer. Bientôt les gares entourent Londres et permettent de relier le réseau de villes moyennes et de centres industriels. En dehors de Charing cross et de Victoria Station, toutes ces gares, éloges de la modernité, se trouvent en effet à la lisière de la ville d’alors. Elles permettront de raccorder des zones autrefois périphériques au centre de la capitale. Londres s’accroit effectivement énormément. Isambard s’illustrera également dans la construction de bateaux et du fameux pont suspendu de Clifton https://visitesfabienne.org/destinations/royaume-uni/bristol-la-ville-ou-il-fait-bon-vivre-2/

Bazalgette, le sauveur de Londres

A Joseph Bazalgette revient l’enorme chantier des égouts et de l’assainissement de la capitale ainsi que l’aménagement des quais  et des ponts. L’ingénieur conçoit l’idée d’endiguer la Tamise alors horriblement polluée pour accélérer le débit du fleuve et le doubler d’un système d’égout. Appelé en renfort après l’épisode de la grande Puanteur de 1858, il résout ainsi le souci d’hygiène et accélère la transformation de la ville.

Joseph Bazalgette, héros de la modernité victorienne

La période victorienne coïncide en outre avec la construction de ponts sur la Tamise. Autrefois difficilement franchissable, le fleuve est en effet réduit en largeur et voit les ponts se multiplier http://www.engineering-timelines.com/why/bridgesOfLondon/bridgesLondon_08.asp

Les équipements

La seconde moitié du 19ème siècle se caractérise par la modernisation de la ville entrée dans l’ère industrielle.

– Cette modernité apparait dans les rues avec le mobilier urbain le long des nouveaux axes de circulation. Surtout, la ville s’éclaire. Si le gaz est utilisé dès les premières années du siècle l’éclairage électrique apparait en 1878 le long des quais.

le Viaduc de Holborn

– le commerce évolue avec la création des premiers grands magasins. La BBC a publié un très bel article sur la question : https://www.bbc.com/culture/bespoke/story/20150326-a-history-of-the-department-store/index.html

Boutique victorienne

– l’une des grandes inventions londoniennes est le métro, dès 1890. La première ligne, Metropolitan, relie les gares dans la périphérie nord de la capitale.

Le métro, emblème de la modernité victorienne

– Enfin la modernité se lit à travers les nouvelles activités londoniennes. Typique de l’époque la presse prend un essor considérable. Les journaux de Fleet Street éditent deux éditions par jour. L’engouement pour la presse est tel que les pauvres peuvent louer le journal plus ou moins cher selon l’heure de location et encore moins cher le lendemain. Les illustrations permettent à tous d’avoir accès à une forme d’information. Le sensationnel nait d’ailleurs autour des meurtres de Jack the ripper.

Le Télégraph sur Fleet Street

L’exposition universelle et l’Albertopolis

Tout un quartier a vu le jour à l’époque victorienne et pris le nom du Prince Consort fraichement décédé. L’Albertopolis est en effet né en hommage à la modernité autour de l’exposition universelle de 1851. C’est à cette occasion que fut construit le célèbre Crystal palace. Malheureusement démonté, il ne reste que les magnifiques grilles d’accès.

les Grilles du crystal Palace, à Hyde Park

 En revanche le quartier et les fantastiques musées ouverts pour l’occasion sont encore là, témoins d’une vraie volonté culturelle. Outre les musées, le mausolée d’Albert, époux décédé de l’inconsolable reine Victoria et le Royal Albert Hall restent des hauts lieux de la vie londoniennes.

le mausolée du Prince Albert

Trois énormes musées de Kensington apparaissent aujourd’hui comme témoins de l’Exposition universelle et des grandes avancées du 19e siècle. J’en parlerai davantage dans mon prochain article.

Skyline londonien

Le skyline londonien se transforme rapidement. Une petite vidéo bien faite nous donne la mesure de cette croissance. https://www.openculture.com/2021/03/the-growth-of-london.html

skyline depuis le London Bridge

Contournant les quelques rares lois limitant la hauteur des constructions, la ville a accepté dès les lendemains de la seconde Guerre mondiale les projets architecturaux les plus hardis. Ceux-ci ont complètement changé la ligne d’horizon, en respectant les couloirs destinés à protéger la vue sur le dôme de la cathédrale st Paul. Quelques lois  dont celle de 1774 limite la taille et l’aspect des édifices. Elle standardise la qualité et la construction. En 1894, une nouvelle loi limite la hauteur des maisons à celle des échelles de pompiers.

Néanmoins, éventrée par les bombardements de la deuxième Guerre Mondiale, la ville ne cesse de se reconstruire. Voici d’ailleurs les nouveaux projets. : https://www.dezeen.com/tag/london/

Des quartiers reconstruits et transformés

 Le nouveau skyline de la city :

La city a été pratiquement détruite pendant la seconde guerre mondiale. Depuis, elle est devenue le théâtre d’expérimentations architecturales. Son skyline s’est totalement transformé.

Dès les années 1960 l’immense complexe Barbican en béton bouchardé propose une énorme cité jardin avec équipements culturel et  sportifs .  https://www.barbican.org.uk/

Barbican centre

Dans la city encore, en 1976 ,Richard Rogers inaugure le modernisme avec l’immeuble de la Lloyds terminé en 1986. Construit en béton, acier et verre, cette tour surnommée « cathédrale mécanique » prend le nom d’Edward Lloyd, fondateur dès 1688 d’une compagnie d’assurances maritimes. Elle adopte le style radical Bowelism (post modernisme hightech) style associé au nom de Richard Rogers . Les conduits, tuyaux sont rejetés en façade pour maximiser les espaces intérieurs.

L’immeuble de la Lloyds par Rodgers

 Depuis, la City s’est couverte de constructions hardies tel le Gherkin, cornichon de 180m construit par Forster et inauguré en 2004. Son style néofuturiste lui a valu lde nombreuses recompenses. Cette tour étonnante remplace la Millenium Tower, point haut du Baltic Exchange soufflé dans une attaque à la bombe perpetré par l’IRA.

Le Gherkin

Pratiquement en face le  122 Leadenhall Building culmine à 225m. Cet immeuble moderniste de bureau est connu pour sa forme en rape à fromage, qui dégage la vue sur St Paul.

Les derniers étages de l’immeuble de Fenchurch Street lui ont donné son nom. L’immense serre du Walkie Talkie terminé en 2014   offre l’une des vues panoramiques les plus impressionnantes de la ville.

La rive Nord de la Tamise,

Le quartier St Paul longtemps considéré comme intouchable et très bombardé fait lui aussi l’objet de réhabilitation. La dernière en date touche Cheapside. La pointe donnant sur la cathédrale devient un immense centre commercial signé par l’architecte français Jean Nouvel. Peu spectaculaire par rapport au reste de son œuvre cet aménagement s’articule autour de la vue sur la coupole de St Paul, longtemps considéré comme l’édifice le plus haut de la ville.

La BT Tower, devenue emblème de la modernité dans les années 1970 fait du quartier de Bloomsbury une zone également innovante.

Dans le quartier de Saint-Pancras, au nord de la gare, le Granary, ancien entrepôt à blé, abrite désormais la célèbre école de mode Central St Martins. Les entrepôts du port au charbon ont été réhabilités et forment une belle zone commerciale.

A l’ouest de la ville, dans Hyde Park, Les Galeries Serpentine font l’objet de concours d’architectes annuels pour un pavillon d’été  éphémère (6 mois de realization, 3 mois d’exposition). Les plus grands architects contemporains ont participé : Zaha Hadid, Daniel Libeskind, Anish Kapoor, Rem Koolhaas, Frank Gehry to name a few.

A l’est de la Tamise, un skyline visible de loin

Plus à l’est de la City, le quartier de Canary Wharf a subi unespectaculaire transformation . Le vieux quartier industriel, les Docklands, lié au commerce du fleuve, est devenu un majestueux ensemble d’immeubles, dominé par One Canada Square, mais aussi  Newfoundland, One Park Drive, South Quay Plaza One,…En sous-sol un immense et luxueux zone commercial répond à la modernité architecturale de la surface.

Plus au Nord, non loin de l’aéroport de Stratford, se trouve Le quartier olympique. Il date des olympiades de 2012. L’un de ses bâtiments symboliques en est la tour d’observation artistique de Anish Kapoor and Cecil Balmond. Des tubes rouges et tobogans constituent cette petite sœur de la Tour Eiffel rouge..

La Tour Mittal par Kapoor

Non loin de la tour, le parc de la Reine Elisabeth commence à prendre forme. https://www.queenelizabetholympicpark.co.uk/

Dans le parc, on distingue la forme ovoïde du vélodrome œuvre de Hopkins Architects Partners. Le toit  ressemble à une chips Pringle’s. On peut poursuivre la promenade bucolique et architecturale jusqu’au stade De West Ham et à la très belle piscine olympique. De belles promenades existent le long de la rivière Lea. https://www.queenelizabetholympicpark.co.uk/the-park/venues/parklands-and-playgrounds/waterways-and-rivers/lea-river-park

Nouveaux quartiers, Nouvelles architectures, nouveau skyline, Londres terrain d’expérimentation

Le sud de la Tamise, traditionnellement plus pauvre , plus industriel s’affirme comme l’un des chantiers actifs de la capitale.

Le quartier de Southwark

Ce quartier, longtemps hors la ville et à la mauvaise réputation, s’enorgueillit d’audacieuses constructions.

L’une des plus spectaculaires est la Tate Modern. Aménagée dans une ancienne usine électrique de la fin des années 40, la galerie d’art moderne offre un exemple de réhabilitation du patrimoine industriel. Le musée présente une très riche collection d’œuvres modernes. Celles-ci sont classées par thématiques et non par mouvement artistique ni par époque,. Ce choix  permet d’explorer des œuvres sous un angle original . On redécouvre ainsi Dali, Léger, Magritte, Brancusi, Warhol, Louise Bourgeois selon des thèmes.

La nouvelle aile Blavatnik de Herzog et de Meuron, inaugurée en juin 2016, s’inscrit dans la continuité du bâtiment ancien.. Construite en  briques,  béton et  bois brut, elle se fond dans le décor. En effet elle semble de l’ancien rénové. Cette drôle de pyramide décomposée, nommée la Switch House, reste toutefois reliée à l’ancien bâtiment par un pont aérien au quatrième niveau.

Quasiment en face, le City Hall, de Forster, en forme d’escargot abrite les bureaux de l’agglomération du grand Londres.  

London Bridge et au delà

Le Shard définit un nouveau skyline

Le quartier de London Bridge et de l’Hopital Guy se renouvelle complètement. The Shard, extraordinaire aiguille de verre, haute de plus de trois cents mètres est depuis 2013 le plus haut immeuble d’Europe. Ses 309m de haut lui assurent une incomparable vue sur Londres. Sa forme élancée néo futuriste due à l’architecte italien Renzo Piano le rend reconnaissable en tous points de Londres

Le Shard

Plus loin, le long de Bermondsey Road, Ricardo Legoreta a construit le Musée de la mode et du textile. https://fashiontextilemuseum.org/ Si les collections tournent et ne se révèlent pas toujours à la hauteur du prix d’entrée, le bâtiment lui rappelle le meilleur de l’architecture mexicaine. Ses couleurs vives et ses formes cubiques contrastent avec les petites maisons de cette rue vivante et bien agréable. Une pâtisserie française y vend de merveilleux croissants à la pistache.

Musée de la mode et du textile

L’exploration architecturale continue autour de North Greenwich où l’immense toile du Dome O2 tendue pour l’exposition de 2000, abrite désormais un centre de spectacle et un énorme centre commercial. Tout autour, les quartiers neufs s’étendent le long de la Tamise. Des promenades longent d’ailleurs le fleuve permettant de remonter jusqu’à la barrière de régulation des crues. Du Dôme, on peut même prendre les téléphériques au-dessus de la Tamise pour rejoindre la rive nord. https://tfl.gov.uk/modes/emirates-air-line/

Euston Station

Je continue mon exploration des gares londoniennes avec cette fois des idées pour ceux dont le train est retardé à Euston Station, Marylebone ou Baker Street. Si les chemins de fer et lignes téléphoniques ont révolutionné l’espace-temps au début du 19e siècle, le 21e lui apparait marqué par les retards…

Euston Station

Autour de Euston Station

Le nord de la gare est actuellement peu accessible en raison de travaux sur la ligne HS2 (train à grande de Londres à Birmingham puis Glasgow). Les rares terrains laissés libres par les chantiers abritent aujourd’hui des protestations contre la construction de cette ligne grande vitesse. Néanmoins via la grosse artère de Hampstead Road on peut rejoindre le métro Mornington Crescent. En revenant vers le square Harrington on parvient devant l’incroyable façade de l’usine de cigarettes Carreras dont je parle dans mon article sur l’égyptomanie. https://visitesfabienne.org/legyptomanie-londonienne/

Vers le Sud, L’on passe devant le chat Trim dont je parle dans mon article sur les chats https://visitesfabienne.org/trim-hodge-bastet-chats-de-londres/

Trim le chat de euston Station

  puis, on traverse la route pour rejoindre st Pancras New Church et juste derrière la charmante Woburn Walk. De là, si l’on dispose de plus de temps, on regagne Bloomsbury https://visitesfabienne.org/bloomsbury/

Woburn Walk

Autour de Baker Street

Quand vous devez attendre autour de Baker Street, plusieurs options en fonction du temps et des envies :

Si vous ne disposez que de 5mn sortez au moins regarder la statue de Sherlock Holmes et les curieux pigeons. On peut rejoindre Baker Street et se passionner pour l’œuvre de Sir Arthur Conan Doyle https://www.sherlock-holmes.co.uk/. Da là, on peut rejoindre Oxford Street et le quartier commerçant de Mayfair

Si vous avez le temps de faire la queue le Musée Tussauds, pour les amateurs de célébrités en cire https://www.madametussauds.com/london/

Vous préférez les jolies boutiques ? Marylebone HIgh Street en regorge.

Vous avez envie de vous promener dans la verdure ? Alors dirigez-vous vers Regent’s Park, l’un de plus grands parcs de la capitale. On peut y découvrir le jardin japonais et à Primrose Hill.

Autour de Marylebone

Si vous débarquez à Marylebone et préférez plonger dans un quartier londonien moins connu, dirigez-vous vers l’église St Mary. Pour rejoindre Paddington, on emprunte Crawfrod Street. Pour les fans de John Lennon, un petit détour sue Bryanston Square s’impose.

 Un peu plus loin, Cato Street a été le lieu d’une insurrection et témoin des remous politiques du début du XIXe siècle.https://www.nationalarchives.gov.uk/pathways/blackhistory/rights/cato.htm

Coade Stone et Cato Street

 Sur la  parallèle Brendon Street, les façades présentent des mascarons en pierre de Coade. Cette pierre artificielle, inventée par une femme remarquable, Eleanor Coade, à la fin du 18eme siècle, a permis de décorer de nombreuses façades londoniennes. https://www.nationaltrust.org.uk/features/what-is-coade-stone. De là, en passant devant une maison pour les pauvres, on peut rejoindre Edgware Road. On y retrouve une ambiance moyen orientale. Plus au Nord, on peut remonter voir les antiquaires de Church Street. https://churchstreetnw8.london/

Les Huguenots à Londres

 L’une des vagues migratoires importantes pour la capitale britannique remonte au 16/17e. Elle correspond effectivement à l’arrivée des Huguenots chassés du royaume de France. https://visitesfabienne.org/la-presence-francaise-a-londres/

Bible à la bibliothèque de l’église protestante

 Les Huguenots à Londres

 Persécutés dès 1534, les protestants français fuirent l’hexagone. Cet exode s’amplifia avec les guerres de religion au milieu du 16eme siècle.  Les réformés français, dits Huguenots, et les Hollandais se réfugièrent à Londres profitant de la liberté de culte offerte aux protestants étrangers par la charte de 1550. https://fr.wikipedia.org/wiki/Huguenot

Edouard VI leur accorda  en effet l’utilisation de la chapelle des Augustins dans la Cité, renommée Strangers Church. Avec la croissance de la communauté, les Huguenots fondèrent une nouvelle église, de référence, Saint Antoine à l’emplacement de l’actuelle Bourse. Bientôt, une autre ouvrit près du Strand. Elle se conformait à la liturgie de l’Eglise d’Angleterre en langue française.

Les réfugiés qui arrivaient en Angleterre devaient commencer par se faire reconnaître auprès d´une église et attester de l’authenticité de leur adhésion à la Réforme. Grande était en effet la peur de trahison d’espions catholiques.

 Avec la révocation de l’Edit de Nantes en 1685, la répression et la discrimination contre les Protestants poussèrent les familles à fuir la France en nombre. L’église de la cité se révélant trop petite, ils en construisirent une nouvelle près de Spitalfields. Hormis sous Marie Stuart et pendant la Guerre civile, le flot de Huguenot ne tarit pas. L’Angleterre apparaissait alors comme le « grand refuge ». On compta plus de trente églises hors de Londres et plus d’une vingtaine dans la capitale. 1/3 des 25000 réfugiés se concentrait en effet à Londres. Ils se répartirent principalement dans deux quartiers : Spitalfields et Soho.

Les Huguenots de Spitalfields

Ces calvinistes industrieux croyaient en la valeur du travail et étaient qualifiés . Ils se fixèrent en tant que instituteurs, médecins, marchands, soyeux et même aristocrates. Ils furent globalement bien accueillis voire soutenus matériellement par leurs communautés. Les Huguenots installés autour de l’ancien hôpital de l’Est londonien étaient souvent des tisserands spécialisés et éduqués. Beaucoup se sont enrichis et ont construits de grandes maisons bourgeoises avec des verrières pour éclairer les métiers à tisser. De nombreuses rues rappellent d’ailleurs la présence française : Fournier, Fleur de Lis.

Les Huguenots urbanisèrent Spitalfields, Shoreditch et Bethnal. Des 9 églises autour de Spitalfields, 3 existent encore : celle de l’Artillerie devenue synagogue en 1840 sur Sandys. La Patente sur Hanbury Street, construite en 1719 est devenue centre d’art. Enfin, l’Eglise neuve à l’angle de Fournier Street et Brick Lane, est devenue chapelle Wesleyenne puis synagogue à la fin du XIXe et mosquée dans les années 1980.

Pour évoquer ces Huguenots et les vagues migratoires ultérieures, on peut visiter le petit musée de l’Immigration, ouvert uniquement pour les groupes au 19 Princelet street. Il se situe à l’emplacement d’une ancienne synagogue et d’une maison occupée par des protestants puis des familles juives pauvres. https://www.19princeletstreet.org.uk/

Hanbury Hall, ancienne église réformée

Un étonnant musée au 18 rue Foldsgate, évoque la vie matérielle d’une famille de Huguenots : la maison de Dennis Sever https://dennissevershouse.co.uk/

Maison Dennis Sever

Cette incroyable maison invente le destin d’une famille de soyeux huguenots, les Jervis. Sur quatre étages, on parcourt en silence, l’ascension et l’appauvrissement de cette famille au milieu des odeurs, des objets chinés par un excentrique artiste américain installé à Londres entre 1948 et 99.

à Soho, des Huguenots bien installés.

A Soho, les réfugiés protestants occupèrent les maisons vides d’un projet immobilier qui avait fait faillite. Ils y travaillèrent principalement en tant qu’ artisans d’art, orfèvres, horlogers, bijoutiers, ébénistes voire imprimeurs. En général hautement qualifiés, ils arrivaient avec un métier ou une profession qui facilita leur assimilation. Ils apportèrent beaucoup à la société anglaise. Les noms de John Houblon, premier gouverneur de la Banque d’Angleterre, de Romilly, avocat de la réforme de la Criminal Law, de Minet dans les assurance illustrent l’intégration de cette communauté au XVIIIeme siècle.

façade église protestante française

A la fin du 19e siècle, Soho concentrait la plus grande population française et s’imposa donc comme le lieu naturel de construction d’une nouvelle église.  Il y en eut 14 dans le quartier ! https://www.egliseprotestantelondres.org.uk/ L’indemnité offerte à St Martin le Grand détruite pour agrandir la Poste, permit l’achat du site et la construction du temple protestant inauguré en 1893. Cette magnifique église est l’œuvre de Aston Webb, grand architecte qui travailla notamment à Buckingham Palace et au Musée Victoria et Albert.

L’église fit également construire une école française à quelques pas de Soho Square, offrant un enseignement en anglais et en français aux enfants de l’église et du quartier (cette école ferma après la seconde guerre mondiale). Elle devint l’un des centres de la France Libre pendant la seconde guerre mondiale.

Portail église protestante française

Bien que vidé de sa population française le quartier en a conservé quelques souvenirs à travers les pâtisseries et restaurants : Maison Bertaux, Patisserie Richoux. https://visitesfabienne.org/soho/

L’église protestante française vaut vraiment la visite. Les Français de Londres la connaissent puisqu’elle accueille des conférences et réunions. https://www.londresaccueil.org.uk/v4/Conferences

Architectures londoniennes

On oppose souvent l’homogénéité urbanistique parisienne à la profusion des architectures londoniennes Constituée d’un agrégat de petites communes devenues grandes, la capitale britannique offre en effet une multitude de visages. Néanmoins, même si elle n’a pas connu de volonté planificatrice et centralisatrice, Londres a fait l’objet d’initiatives architecturales fascinantes. Quoique plus limitées, en général circonscrites à un quartier voire une rue, ces tentatives émanent en général d’architectes et non d’urbanistes. En voici 4 et non des moindres

Ferronnerie, rue Adam

1/ Inigo Jones, et la première des architectectures londoniennes

Au début du 16e siècle, Londres est une ville Tudor. Ce qui signifie que les bâtiments importants en briques, côtoient les maisons de torchis et constructions à colombage.

Banqueting House by night

Un décorateur de talent, Inigo Jones, de retour du nord de l’Italie chargé des manuels du génial Andrea Palladio, va révolutionner l’esthétique de la ville. Au travers de quatre constructions et de plans il apporte un vent de renaissance dans la capitale médiévale. https://visitesfabienne.org/palladio-a-londres/

Régularité de la façade de l’architecte Inigo Jones

 C’est d’abord la Queen’s House à Greenwich, puis la Banqueting House sur Whitehall. Suivent deux chapelles toutes simples aux formes classiques. Queens chapel et St Paul à Covent Garden achèvent en effet de donner le ton. Les façades simples, à colonnades et tympan, l’usage de la pierre et du stuc, donnent un air nouveau à l’architecture anglaise. Jones les complète avec la plazza à l’italienne qu’est Covent garden et la grande place carrée de Lincoln Field où il ne réalisera qu’une construction. Malheureusement, Inigo Jones est l’architecte préféré de Charles I. Avec la Révolution et la mise à mort du Roi, son artiste officiel se trouve en mauvaise posture. Il faudra attendre la restauration et le grand incendie pour que le nouveau style apporté par Inigo Jones s’impose définitivement à la cité médiévale.

Queen’s House Greenwich

2/ Christopher Wren et la scénographie baroque

Le grand désastre mais également la grande opportunité de reconstruction pour Londres intervient en 1666 avec le grand incendie. Le feu ravage la cité pendant trois jours. Les braises à peine refroidies, trois architectes s’empressent de proposer des plans de reconstruction au roi Charles II. Malheureusement, à ces plans régulateurs s’oppose la volonté des marchands. Ceux-ci font pression sur le Monarque pour limiter les couts et accélérer le processus de reconstruction. Du coup, n’est acceptée qu’une reconstruction a minima. De nouvelles maisons « en dur » remplacent les masures de bois ou torchis. Mais elles suivent le tracé des rues préexistantes.

Saint Paul, chef d’oeuvre de Sir christopher Wren

Le feu ne sera donc pas à l’origine d’une restructuration en profondeur de la ville. Christopher Wren, mathématicien astronome de génie, ne verra pas son plan d’urbanisme appliqué. En revanche lui échoit la tâche de diriger les travaux au mieux. Il s’acquittera notamment de la reconstruction de= 52 églises, parmi lesquelles la prestigieuse Cathédrale Saint Paul. Inspiré par le classicisme italien et la scénographie baroque, Wren ne parviendra pas à faire de Londres la nouvelle Rome ou un Paris bis. En revanche, ses nombreuses églises et bâtiments transformeront durablement le paysage de la capitale. St Paul et le royal Hospital de Chelsea conçu sur le modèle des Invalides constituent aujourd’hui encore des bâtiments emblématiques de Londres. https://en.wikipedia.org/wiki/Royal_Hospital_Chelsea

Temple Bar, Christopher Wren, aujourd’hui derrière Saint-Paul

3/ les frères Adam, le triomphe du néoclassicisme

Adam à son apogée : la bibliothèque de Kenwood House

Avec le 18e s et la découverte de Pompéi (Winckelmann 1748) c’est un nouveau pan d’architecture qui s’ouvre. L’arrivée dans la capitale de la famille écossaise Adam correspond à l’avènement du néo-classicisme à l’anglaise.  Outre leur intervention à Kenwood House

façade de Kenwood House

(https://visitesfabienne.org/hampstead/ et Syon House, les quatre frères Adam ont introduit le néoclassicisme à Londres. La fratrie apporta beaucoup d’unité à l’architecture britannique. L’idée reposait en effet sur des maisons conçues dans leur globalité, extérieur, intérieur et même meubles. Si les façades conservent des caractéristiques palladiennes, les salons eux proposent des variations sur l’antiquité.

façade d’un des survivants de l’Adelphi

A Londres, leur création la plus célèbre demeure l’Adelphi, (frères en grec). Cet ensemble construit entre le Strand et la Tamise est en grande partie détruit aujourd’hui. Il se constituait d’entrepôts, magasins et appartements d’habitation. Des 24 bâtiments initiaux de 1768/72 restent quelques façades de brique noire et stucs blancs. En revanche, le nom reste accolé à celui d’un music-hall. Les rues Adam, John Adam et Robert derrière l’hôtel Savoye rappellent l’activité de deux des quatre frères. Robert a d’ailleurs laissé une empreinte plus importante en tant qu’architecte et théoricien. https://www.strandlines.london/2020/10/01/adelphi-robert-adam/

https://www.bl.uk/collection-items/the-works-in-architecture-of-robert-and-james-adam

Détails par les frères Adam

4/ John Nash et ses terrasses

Regent’s Park crescent

Au 19ème siècle, alors que le roi Georges IV sombre dans la folie de sa maladie (1820), son fils, le Régent s’éprend d’architecture. Lui vient l’idée de relier le Palais royal aux fermes au Nord de la capitale. C’est ainsi que le Palais st James va être relié à la zone seigneuriale et boisée de Marylebone. https://en.wikipedia.org/wiki/Marylebone

 L’idée est alors de créer une allée d’honneur. Celle-ci vise à cumuler la fonction commerciale à des logements rentables le long d’un axe clôt par deux parcs. Une série de bâtiments unifiés par une même façade relie ainsi le Parc Saint-James au Parc du Régent. Ce type de façade continue a été inventé un siècle auparavant par John Wood à Bath et s’est peu à peu diffusé  à travers le pays. Derrière la colonnade homogène s’ouvrent une série de maisons individuelles ou de logements locatifs. Ces constructions qualifiées en anglais de « terrasses » affectent des formes particulières. John Wood le premier s’est inspiré de la galaxie pour concevoir ses terrasses en lune qu’il nomme « croissants » ou en cercles inspirés du soleil, les « circus ».  John Nash reprend pour le compte du Régent, le croissant au niveau du parc et crée une longe allée uniquement ponctuée par une église (All Souls) et un arrondi avant de s’ouvrir sur Picadilly circus et rejoindre Carlton Terraces. Du dessin initial ne subsiste que l’église, petit temple arrondi d’inspiration grecque surmonté d’une flèche néogothique. Les autres bâtiments ont été reconstruits au début du 20e mais en respectant le bâti initial.

Regent’s Street

On pourrait ajouter à ces architectes aux velléité urbanistiques des essais contemporains comme celui du Barbican, de la city moderne ou du quartier des Docks. J’y penserai dans de prochains posts.

Londres victorien

Le 19e s symbolise l’apogée de l’Empire britannique et du Londres victorien. Il se confond en effet pratiquement avec Le long règne de la reine Victoria (1837-1901).  C’est une période de grands changements économiques et sociaux avec l’entrée dans un monde dominé par l’industrie et le capitalisme. Dans Londres, la période correspond à l’âge d’or du West End mais aussi à l’explosion de la misère à l’est de la Ville.

Je vous propose de nous intéresser cette semaine aux splendeurs du West end et de reporter à une semaine prochaine les misères de l’East end.

On l’oublie souvent, mais le Londres que nous connaissons aujourd’hui est en grande partie victorien d’abord pour la taille mais aussi l’image. Y naissent en effet aménagements de la Tamise, mobilier urbain, voies de circulations et surtout de nouveaux quartiers. Les grands propriétaires bâtissent peu à peu le West End. Mayfair, Kensington sortent de terre autour des grandes constructions royales.

Nouveaux lieux de pouvoir :

Buckingham Palace, symbole du Londres victorien

– La construction de l’immense palais de Buckingham au centre de Londres dure plus d’un siècle.  Plusieurs rois y ont contribué : George IV, William IV. Cependant, Victoria sera la première à l’habiter. Initié par William Chambers, amplifié par John Nash, l’immense palais sera remanié par différents architectes. Aston Webb déjà rencontré au Victoria & Albert et à l’église protestante y œuvra.  Du fait de ces agrandissements successifs, le bâtiment, massif, est un peu indigeste

statue de la Reine Victoria

-Le Palais Saint James, laissé de côté en tant qu’habitation reste un lieu officiel alors que de nouveaux palais accueillent la famille royale. Ainsi en est-il de Kensington construit par Guillaume et Marie à leur arrivée de Hollande.

– Barry et Pugin reconstruisent le vieux Palais du Parlement, incendié en 1834 dans le style néogothique alors en vogue. Ils y adjoignent une tour destinée à abriter l’horloge : Big Ben.

– Downing Street qu’avait inauguré le premier premier ministre Robert Walpole devient emblématique de la Monarchie Parlementaire. Cette maison de style géorgien est agrandie au cours des mandats suivants jusqu’à occuper l’entière rue.

Nouvelles formes architecturales du Londres victorien

Autour de ces grands chantiers royaux, les riches familles aristocratiques se mettent à bâtir, profitant de l’explosion démographique. Une fièvre spéculatrice s’empare de zones restées campagnardes. C’est que contrairement à Paris par exemple, l’ouest londonien n’est pas limité. Aucune muraille ne vient entraver l’expansion de la ville. Les grands propriétaires fonciers peuvent s’en donner à cœur joie et de grandes sections se lotissent de manière ordonnée voire répétitive.

Terrasses, croissants et cirques

Suivant le modèle que John Wood a lancé à Bath, des crescents (croissants) s’ajoutent bientôt aux terrasses typiquement anglaises.

Les terrasses sont des alignement de maisons aux façades identiques, les croissants eux suivent une courbe. L’idée est d’affecter la forme du croissant de lune. La place dénommée circus s’inspire, elle, de la forme circulaire du soleil. Ces deux inventions adoptent une façade continue comme pour offrir aux locataires l’impression de vivre dans un palais.

Alignements et verticalité

Tous ces quartiers sont constitués de maisons individuelles de 2 ou 3 étages avec cour ou jardinet.

Les alignements de façades s’articulent ainsi autour de parcs ou squares. Dans les rues moins huppées, les maisons conservent les 2, 3 voire 4 étages mais occupent beaucoup moins de surface au sol. D’où l’impression de maisons verticales dans lesquelles chaque étage correspond à 1 voire 2 petites pièces.

Pour accueillir la domesticité, ces maisons conquièrent le sous-sol plus ou moins aveugle. En effet alors que Paris loge les serviteurs dans les combles, Londres les héberge dans les caves.

Nouveaux quartiers du Londres victorien

Ce modèle urbanistique est alors déployé au travers de nouveaux secteurs de la capitale.

Nouveaux secteurs

Bloomsbury puis bientôt tous les quartiers ouest se parent de cet urbanisme novateur. Entre Regent Street et Buckingham Palace apparait le West-End. Mayfair en constitue un fleuron. Mais bientôt les villages de Kensington, Belgravia se transforment en quartiers huppés. Plus au Nord, le quartier de Marylebone ou celui de Fitzrovia rivalisent avec Bloomsbury.

Royal Albert Hall, la quintessence du Londres victorien

Les grosses maisons de pierre y côtoient les maisons de briques noires. Jardins, squares, allées se multiplient pour aérer la vie de cette élite. Les nombreuses mews (étables, aujourd’hui maisonnettes très prisées) attestent des carrosses utilisés pour le transport de ces familles. Elles témoignent des encombrements de la capitale à la fin du 19e s. Les grosses familles s’enrichissent considérablement et donnent aux rues nouvellement crées les noms de leurs nombreuses familles. Les rues de Bloomsbury évoquent ainsi le duc de Bedford, aussi Marquis de Tavistock et baron Russel. On retrouve ses différents titres au travers des artères du quartier.

Jardins et parcs

Si les maisons sont éloignées de la rue par un jardinet ou un retrait, elles comportent également un petit espace de verdure à l’arrière. C’est que La ville victorienne s’aère considérablement. Des jardins publics ou privés mais communs s’ouvrent. D’immenses parcs sont créés.

Ceux-ci s’ouvrent principalement à l’Ouest de la capitale, pour le bienfait des classes aisées : Hyde park, Holland, Green St James, Holland Kensington. On en trouve également de plus en plus à l’extérieur de la ville dans les nouvelles zones conquises sur la campagne : Richmond, Greenwich, Highgate.