Islington

Ce joli quartier se développe autour d’une antique voie romaine. Les champs et fermes d’origine ont donné naissance à trois grands domaines : Barnbury, Canonbury et Highbury. Amplement lotis au XIXème siècle, ils ont conservé de grands espaces végétaux qui rappellent le passé champêtre de cette zone et son rôle pour approvisionner la capitale en laitages.

Islington, Autour de Canonbury

Le centre de Canonbury s’articule aujourd’hui autour de la plaisante place du même nom, Canonbury square. Son charme quasi provincial attira de nombreux auteurs au début du XXe siècle parmi lesquels Evelyn Waugh et George Orwell. Le côté sud a été construit sur une terrasse pour compenser le dénivelé de cette place construite à flanc de colline. Si l’on ne distingue plus vraiment aujourd’hui le relief dans Londres, il existait en effet encore aux 18 et 19e.

Du domaine de Canonbury, ne subsiste que la tour du manoir et une petite impasse. Au 13ème siècle, les terres dépendaient du Prieuré de St Bartholomé. A la dissolution des monastères au moment de la Réforme, au 16e siècle, les terres passèrent entre des mains privées. Seule la tour subsiste du manoir alors érigé. https://visitesfabienne.org/clerkenwell/

 S’y nichent aujourd’hui une école d’allure victorienne, une jolie demeure avec un jardin ahurissant au cœur d’une grande métropole, une grange. Le tout se situe au sommet d’une colline qui devait dominer les champs au-delà de la limite de la ville. De ces bâtiments témoins de l’ancien domaine, partent des rues en pentes qui rejoignent un étonnant et charmant cour d’eau.

Connu sous le nom de « New river », ce serpent d’eau correspond en fait à un canal ouvert en 1613 par Hugh  Myddleton pour approvisionner la capitale en eau. Bien qu’artificiel et aujourd’hui réaménagé uniquement en promenade, ce canal menait jusqu’aux réservoirs que l’on voit encore sur Petonville street.

En partant vers Newingston, les plaisantes maisons cèdent la place à des constructions plus modestes. Caché derrière la rue Northampton Park le jardin st Paul, nommé St Paul Shrubbery est tout ce qui reste des énormes vergers qui alimentaient la capitale.

Islington, Du côté de Highbury

La rue st Paul mène à Newington green. C’est le long de ce parc que se trouve l’une des rangée de maisons les plus anciennes de Londres du 17e,. Quoique remaniées (la maison du milieu a été rehaussée), assez maladroites, elles constituent la plus ancienne « terrace » de la capitale.

 Le jardin lui-même honore au moyen d’une curieuse sculpture Mary Wollstonecraft, la première féministe anglaise qui dès 1792 réclamait l’égalité des Sexes. Contemporaine d’Olympe de Gouges, elle fut aussi la mère de Mary Shelley auteur de Frankenstein.

Newington, où se trouve une fantastique mosquée turque aménagée dans un ancien cinéma à la façade aux carreaux ottomans, jouxte Highbury. https://aziziye.org.uk/

Highbury Field marque l’épicentre de ce qu’était autrefois ce grand domaine. L’immense parc engazonné et entouré de maisons géorgiennes est désormais un lieu de promenade. Les petits collectifs et maisonnettes alentours ne sont pas les plus prisées d’Islington. En revanche il vaut le coup de pousser jusqu’à la communauté quasi fermée de Aberdeen Park. Cette rue circulaire donne accès à une série de jolies maisons victoriennes et Arts and Crafts. Au centre, l’église st saviour donne un caractère champêtre. Le poète John Betjeman lui a consacré un poème. Il y évoque l’église dans laquelle se sont mariés ses parents et le calme de ce quartier à l’époque déshérité. Effectivement le quartier connut une véritable désaffection après 1860, époque où les premiers transports publics rendaient les campagnes proches de la capitale plus attractives. Néanmoins, depuis les années 1960, on assiste à une nette gentrification. https://www.poetrynook.com/poem/st-saviours-aberdeen-park-highbury-london-n

Plus au nord encore du parc, le grand stade d’Arsenal draine des foules de supporters vers le nord d’Islington

Vers Barnbury

Du sud du quartier émane une atmosphère en revanche bien différente. Le carrefour Angel marque le passage de la ville ancienne aux faubourgs. Les lieux de mauvaise vie se sont peu à peu transformés en théâtres, pubs et cafés soignés et animés. Pour autant, le marché sur Chapel Market a gardé son caractère populaire. On se trouve ici face à une première fourche qui mène vers Liverpool rd à l’ouest de laquelle le quartier s’embourgeoise complètement. C’est d’ailleurs entre Barnard Park et le ravissant jardin de Thornhill qu’habitent aujourd’hui quelques uns des membres les plus importants du gouvernement ou des précédents. C’est aussi au milieu de ces rues calmes arborées et ponctuées de nombreux espaces verts que se trouve l’une des rues les plus étonnantes de Londres, Richmond Street,. Loties par un amateur d’Egypte, chaque maison se voit annoncer par deux petits sphinxes. (https://visitesfabienne.org/legyptomanie-londonienne/

La grande artère se dédouble une nouvelle fois  en Upper street qui mène vers Highbury et Essex Rod le long de Canonbury. Un petit bâtiment à la jonction de Essex road et de la ravissante petite rue piétonnière rappelle que l’on changeait d’équipage avant d’entrer dans Londre. Transformé en supermarché, il tend à se fondre dans l’ensemble des petites échoppes colorées et bondées de High street Islington. Cette ravissante ruelle attire de nombreux français. De là, on peut regagner la new river déjà évoquée.

On peut également remonter vers le carrefour d’Islington, très animé, devant la statue de Hugh Myddleton et se diriger vers l’église Ste Mary. Tout autour un joli jardin mène à un charmant théâtre de marionnettes. Upper Street, bordée de jolis magasins, mène ensuite directement jusqu’à Highbury Fields.

Verdure londonienne

La verdure londonienne nous permet de célébrer le printemps en beauté. C’est en effet l’une des gloires de la capitale. Avec 17% de son territoire occupé par parcs et espaces verts, la capitale britannique s’enorgueillit en effet d’être une ville verte. A juste titre. Suivez-moi dans cette balade verdoyante et printanière.

Jardin italien de Hyde Park

A l’origine, chasses royales et jardins monastiques

Londres a grandi tout d’abord le long d’un axe reliant les deux pôles urbains historiques : la cité de fondation romaine et la cité de Westminster, normande.

Rencontre bucolique dans une ferme londonienne (Vauxhall)

 Autour du domaine de la couronne, les réserves de chasse se sont transformées en jardins royaux. Si la noblesse a peu à peu loti ses terres, elle a pour autant conservé arbres et jardins.

St James Square

Vers l’Est, la cité se développait dans l’enceinte alors que les monastères prospéraient tout autour. Le mur et les monastères se sont peu à peu dissous dans le paysage urbain. En revanche beaucoup des carrés d’herbes et autres potagers monastiques sont devenus jardins. Ainsi, la folle croissance de la ville a respecté en grande partie des espaces naturels. Cependant, la Révolution industrielle a considérablement réduit l’empreinte naturelle à l’est de la ville alors que les quartiers aisés préservaient leur oxygène.

Jardin de Little Britain

Il reste néanmoins à l’ouest de nombreux espaces verts privés. Ainsi Kensington ou Chelsea abondent en jardins fermés par des grilles et loquets.  Ces jardins privés restent une specificité des quartiers huppés londoniens. Autour de Buckingham, les propriétés royales ont conservé des jardins de taille conséquente.

Enfin le bâti de la capitale laisse la part belle aux maisons individuelles avec jardinet. On est loin ici de la densité de Paris. Les grands projets modernes incluent eux-mêmes la nature et chaque nouveau quartier se pare de projets : grands parcs comme le Parc Elisabeth II dans le quartier olympique, ou petits jardins communautaires tel le ravissant jardin Bonnington.

Bonnington garden

La naissance des parcs publics

La notion de parc public  nait au 19e en Angleterre. L’arboretum de Derby et le parc de Birkenhead  (près de Manchester) se disputent la primauté du premier parc public dans les années 1845. En fait, l’idée avait déjà germé de mettre à disposition du grand public des espaces verts existants, comme les réserves de chasse. S’inspirant des initiatives des villes industrielles du Nord du pays, Londres s’empara de l’idée d’offrir un peu d’oxygène aux classes laborieuses de l’époque victorienne. Se multiplièrent  alors les parcs. Hyde park devint le poumon vert de la capitale. Kensington Garden puis Holland Park l’agrandirent bien vite alors qu’une multitude de squares ponctuaient les rues nouvelles. Nés alors que la mode mettait à l’honneur les jardins paysagers, dits « à l’anglaise », ces parcs accordèrent d’emblée beaucoup d’importance à l’aspect naturel.

Waterloo Park

D’autres aménagements paysagers apparurent au cours du XIXe, tels Regent’s Park au nord de la ville ou Victoria Park à l’Est. A Vauxhall plus à l’ouest se trouvait le jardin des plaisirs. On allait y profiter de jeux, feux d’artifices, salons de thé.. Cet amour des jardins lié à une solide conviction en leurs bienfaits perdure.  Napoléon III, lors de son exil dans la capitale britannique s’enthousiasma pour l’idée de verdir sa capitale.

De retour en France et plein d’idées pour Paris, il fit appel à Haussmann et Alphand pour modeler des parcs sur le modèle anglais. Les Bois de Boulogne et Vincennes, les parcs Monceaux, Montsouris entre autres étaient nés.

Cimetières et couronne verte

Si le modèle anglais a été fondamental pour la création des parcs parisiens, l’influence a pu s’effectuer dans le sens inverse.

Hyde Park

 Ainsi, c’est l’exemple d’un des trois cimetières paysagers parisiens qui donna l’idée des Magnificent Seven. Un décret de 1804 fonda en effet à Paris les cimetières du Nord (Montmartre) du Sud (Montparnasse et de l’Est (Le Père Lachaise, sur les terres du monastère jésuite du Père de la Chaise). Y répondit l’acte de 1832 visant à désengorger les petits cimetières paroissiaux de la capitale britannique.

Cimetière de Highgate

Des spéculateurs prêts à vendre l’arpent d’éternité très cher s’emparèrent de l’idée. Les 7 cimetières paysagers entourant la capitale sont aujourd’hui des lieux de promenades privilégiés. Le plus connu, Highgate, reste un espace de promenade très apprécié. La végétation enchevêtrée au-dessus des tombes y abrite d’ailleurs une faune inattendue en plein Londres. On y croise ainsi renards et lapins.

Cette première couronne verte se doubla dans les années d’après-guerre d’une seconde ceinture. Les villes nouvelles satellites programmées dès 1946 pour désengorger la capitale britannique se trouvent en effet toutes situées au-delà d’un cordon paysager constitué d’immenses parcs arborés et de forêts.

de la verdure partour

Londres royale

Une promenade très classique pour terminer la trilogie des incontournables. Après Westminster et Whitehall  où nous découvrions les hauts lieux du pouvoir britannique, nous abordons cette fois la Londres royale.

Elizabeth 1 Andy Warhol

Autour de Saint James Palace

 On peut accoler cette promenade à celle consacrée à Mayfair et commencer sur Picadilly, à l’angle du prestigieux hôtel Ritz.

 Juste avant le Ritz nous empruntons la très élégante St James Street où se succèdent clubs privés et fournisseurs de sa Majesté. De petites cours rappellent l’atmosphère de la Londres médiévale. Ainsi Pickering court avec ses colombages se niche derrière une jolie boutique ancienne.

Pickering Place

 La place St James est dominée par le Palais du même nom. De la Résidence royale construite au XVIe s par Henri VIII ont résisté la structure et une grande partie des constructions de briques rouges. Les souverains y résidèrent le plus souvent après l’incendie de Whitehall et ce jusqu’au règne de Guillaume IV. La reine Victoria lui préféra Buckingham Palace, devenu depuis Résidence du monarque. Depuis, le Palais de Saint James accueille réceptions et protocoles.

St James Palace

Au cœur de la construction médiévale en briques, une construction renaissance tranche avec tours et créneaux. La chapelle de la Reine est un chef d’œuvre d’Inigo Jones et pierre angulaire de l’architecture britannique. https://visitesfabienne.org/palladio-a-londres/

Queen’s chapel

Face à cette façade classique, la cour des Frères avec son architecture de brique typique du règne de Henri VIII est un lieu important de la Royauté. C’est ici que se rassemble la garde de sa Majesté. C’est aussi du balcon que sont annoncées les morts et naissances des souverains.

Red Lion Tavern, derrière St James

Le bâtiment classique qui jouxte le Palais sur le Mall porte le nom de Clarence House et héberge le prince de Galles. Le Mall relie Trafalgar Square et le Palais de Buckingham. Elle est le lieu des grands défilés protocolaires.

Buckingham Palace

Au-delà du Parc Saint-James et de Green Park, on atteint la Résidence de la reine.

George III acheta la maison de Buckingham en 1761. George IV chargea l’architecte John Nash de transformer la maison de la Reine en un palais au début du XIXe s. Il ne devint résidence royale que sous Victoria en 1837.

Cet immense édifice peut se visiter l’été lorsque la famille royale se retire à Balmoral.

Vermeer à la Queen’s Gallery

En revanche, on peut visiter toute l’année les Ecuries Royales. On peut également se régaler de peintures à la Queen’s Gallery. Cette pinacothèque offre de très belles expositions. La collection permanente tient en 3 grandes salles. On y admire quelques œuvres magnifiques, des vedutistes mais surtout un remarquable regroupement d’œuvres de Rembrandt, parmi lesquels deux autoportraits, à 34 et 65 ans ainsi que le portrait de l’armateur et de son épouse. Parmi les chefs d’œuvre, un autoportrait de Rubens révèle une facture exceptionnelle. Sa qualité picturale le fait ressortir dans une galerie de grande qualité. Outre les magnifiques Rubens et Rembrandt, on admire la jeune femme au Virginal de Vermeer, Jan Steen et tant d’autres.

autoportrait de Rembrandt

 (ceci étant à choisir entre la fabuleuse collection de la NG gratuite et celle-ci il n’y a pas hésitation.)

autoportrait de Rubens

Pour parachever notre découverte de la Londres royale Windsor.

Hampton Court , Tower of London et Victoria en ses quartiers que j’aborderai bientôt

Hogarth

William Hogarth est regardé comme l’un des plus grands peintres anglais. Cet artiste du XVIIIe siècle (1697-1764) fait l’objet de nombreuses expositions, la dernière en date à la Tate Britain.. https://www.tate.org.uk/whats-on/tate-britain/exhibition/hogarth-and-europe . Après avoir été adoré, il est néanmoins aujourd’hui dénoncé pour ses contenus « pouvant choquer certaines sensibilités ». Qu’en est-il réellement ?

Mary Hogarth

Loin des grandes envolées picturales de Turner ou des portraits de la bonne société chers à Gainsborough, Reynolds ou Lawrence, Hogarth s’est davantage illustré dans la peinture dite de genre que dans la « grande peinture ».

Un peintre de genre, critique social de son époque

Ses quelques œuvres historiques (notamment à l’Hôpital Saint Bartholomée) https://spitalfieldslife.com/2010/10/20/hogarth-at-st-bartholomews-hospital/

 ne lui rapportant que peu de gloire, Hogarth s’est vite consacré aux portraits de ses proches ou de la bourgeoisie. Il ne connait pas le succès d’un Gainsborough en la matière. Du coup, il se fait un nom dans le portrait de groupe. En revanche, son mordant et son sens du détail font mouche.

Petit chien dans un mariage à la mode

Ainsi, graveur et peintre «de genre », il a connu du succès avec ses séries illustrées et moralisatrices. La plus connue est certainement « le mariage à la mode » de la National Gallery de Londres. https://www.nationalgallery.org.uk/

 Au travers de 6 scénettes, on voit l’évolution d’un mariage arrangé entre le dernier rejeton débauché d’une famille aristocratique et la fille d’un riche bourgeois. Derrière le ridicule, se lit la désapprobation du peintre. Les détails s’accumulent pour enrichir son propos : cicatrices de maladies vénériennes sur le visage du comte, petits chiens mimant la fidélité, accumulations archéologiques à peine dépoussiérées, enfants désœuvrés. Car Hogarth adore les petits, animaux et humains, et se plait à les mettre en scène.

Petit garçon détail dans un mariage à la mode

Une exposition consacrée à Hogarth et l’Europe, à la Tate Britain

La Tate Britain conserve nombre de ses tableaux de genre et portraits. L’exposition qui s’y tient jusqu’au 20 Mars 2022 restitue le peintre dans le contexte européen. https://www.tate.org.uk/visit/tate-britain

Affiche de l’Exposition de la Tate

Malheureusement, à trop insister sur le hiatus entre sa peinture et la pensée « woke » propre à notre siècle, cette exposition me semble manquer l’essentiel. Si l’idéologie de Hogarth n’est pas conforme à celle d’aujourd’hui, il n’en reste pas moins un extraordinaire chroniqueur de son époque. Son œuvre, outre l’intérêt pictural, se veut mordante et caustique. Elle dénonce avec humour les travers de son époque marquée par l’ascension décomplexée de la bourgeoisie d’affaire et la décomposition morale et financière de l’aristocratie.

“After” fait le pendant de “Before”….

L’exposition, en présentant Hogarth auprès de ses contemporains européens réduit encore l’impact du peintre. En effet, elle le place en parallèle de peintres tels le vénitien Longhi ou le français Chardin. C’est ne lui accorder qu’un intérêt documentaire, celui de chroniqueur de son époque.

Un peintre de conviction, comique mais engagé

Or, Hogarth a beaucoup consacré de sa vie et de sa fortune pour aider les autres. Sa petite maison de campagne, à Chiswick, nous le montre en famille. https://hogarthshouse.org/

Tout le petit monde de Hogarth

Malheureusement encerclée par les échangeurs routiers, cette charmante maisonnette expose des reproductions de ses séries les plus célèbres mais aussi des évocations de ses proches. Epris de sa femme, attentionné avec ses proches, il s’intéresse à toute sa famille, aux domestiques qu’il peint, aux chiens qu’il s’amuse à montrer dans ses tableaux. Sans descendance, il vient en aide aux enfants abandonnés et donne de son temps et de ses œuvres au Foundling Museum. Il offre ainsi au bienfaiteur Thomas Coram son portrait et à l’institution deux œuvres. https://visitesfabienne.org/les-enfants-abandonnes/

critique social de son siècle

Ami fidèle, Hogarth offrit également son portrait à Thomas Twinnings son portrait pour le remercier de lui offrir du thé. Conformément à la volonté du peintre, on peut encore admirer l’original accroché dans la boutique originelle sur le Strand. https://twinings.co.uk/pages/twinings-flagship-store-216-strand

Paddington

Paddington, est notre nouvelle étape de ma série sur les gares.

L’ourson Paddington

Vous n’avez pas beaucoup de temp, partez à la recherche de votre ourson préféré (statue sous l’horloge sous le quai 1). Tout ce qui le concerne s’achète à l’incroyable boutique de la gare. Un chemin parsemé de statues de l’ourson, inventé par Michael Bond, a accompagné la sortie du film de 2014. Les 2 opus sont d’ailleurs hilarants et offrent à de grands acteurs le loisir de s’illustrer de manière hilarante. Malheureusement les oursons ont disparu mais on en trouve la trace dans les articles suivants :

https://www.thisispaddington.com/article/the-pawprint-trail

https://londonist.com/london/film/where-to-find-paddington-bear-in-paddington-station-and-area

Au niveau du quai 8, vous pourrez saluer Isambard Kingdom Brunel, constructeur de cette gare en 1858 et de beaucoup d’autres gares et ouvrages d’art.

Isambart Kingdom Brunel

Vers le Bassin et le Canal

Si vous avez envie de vous dégourdir les jambes, vous pouvez remonter le long de l’hôpital st Mary (lieu de naissance de royaux). Vous longerez alors le bassin de Paddington. Puis vous rejoindrez le canal. Là vous croiserez un ourson Paddington tout bleu.

On croise ensuite les sculptures: Walking man & Standing man, par Sean Henry. Elles surveillent un réseau de voies d’eau construit pour le transport de minerai et de produits importés.

Standing man par Sean Henry

A la Jonction de Grand Union, construit en 1793, on se dirige vers Camden Town puis la Tamise via Regent’s Canal. En revanche, vers l’ouest, la branche Birmingham passe via Slough et Brentford par Warwick avenue. Le quartier, charmant, abrite des maisons victoriennes, une bouche de métro d’inspiration parisienne et un cabman shelter. De la cinquantaine de petites cabanes vertes, réservées aux chauffeurs de taxis, il n’en reste qu’une quinzaine.

De Little Venice à Camden Locks

 On rejoint alors le système de canaux. Ceux-ci ont décliné jusqu’à fermer au début des années 1970. Sur Warrington Crescent, un ancien pensionnat de filles devenu hôpital en 1886 a vu naitre le grand mathématicien Alan Turing. Une plaque bleue célèbre celui qui a su percer le mystère de la machine Enigma durant la seconde Guerre mondiale.

 Un réaménagement en 2017 a converti la zone en habitations, lieux de spectacle et jardins  https://canalcafetheatre.com/. Au croisement, un bassin avec de nombreuses péniches accueille des résidents connus (Lucian Freud, Richard Branson, Ruth Rendell entre autres). Ce lieu porte le nom de Little Venice. Un pavillon d’octroi ferme le bassin.

Commence ici Regent’s Canal, qui mène à Camden Town. Le chemin de halage (Bloomfield Rd) longeait le dernier canal actif du réseau britannique. Celui-ci a contribué à l’essor de la révolution industrielle. Il n’a été utilisé que quelques décennies avant l’arrivée du chemin de fer.

Amy Winehouse, une célèbre résidente de Camden croquée par Bambi

4km plus loin, commence l’ancien hameau de Camden Lock. Avec l’ouverture du canal puis le chemin de fer, les berges tranquilles se sont couvertes d’entrepôts et fabriques. Réhabilité en zone d’artisanat et en un immense marché, le quartier est aujourd’hui l’une de plus animés de la capitale.

Eltham Palace

Eltham Palace fut la résidence des Courtauld. Et quelle résidence ! On connait le couple de Stephen et Virginia pour leur fantastique collection de peinture aujourd’hui à Somerset House. Frère du célèbre industriel et fondateur de l’Institut d’art Samuel, Stephen et son épouse furent également de grands amateurs d’art.

Portrait du couple

Une vieille abbaye devenue temple art déco à l’extérieur de Londres

Il faut sortir de Londres, prendre le métro jusqu’à North Greenwich puis le bus 132, l’attendre longtemps et descendre dans le village de Eltham puis marcher. A l’extrémité d’une charmante allée, se dresse l’abbaye. Au sens anglais du terme, à savoir un bâtiment pas forcément religieux. En l’occurrence une énorme halle au plafond en carène de navire. Les volumes imposants ont abrité des banquets de Edouard IV.

https://www.english-heritage.org.uk/visit/places/eltham-palace-and-gardens

Les heures de gloire passées, les bâtiments ont perdu de leur superbe jusqu’à l’heure de leur rachat par le milliardaire britannique Stephen Courtauld et son épouse Virginia. Le couple glamour des années 1930 est passé à la postérité en raison de sa fabuleuse collection d’art. L’on admire celle-ci à Somerset House au centre de Londres au sein du prestigieux Institut d’art. https://courtauld.ac.uk/gallery/

Hôtes prodigues, le couple n’a jamais eu d’enfants mais considéra ses neveux comme tels. Ils  firent de leur maison de campagne un lieu d’hospitalité d’exception en le rénovant selon les modes des années 30 et 40. Celle-ci fut malheureusement très touchée par les bombardements de 1941. Ils l’abandonnèrent pour se réfugier en Ecosse puis en Rhodésie . Les intérieurs 1930 se détériorèrent alors.

L’ensemble est géré depuis 1995 par English Heritage et constitue aujourd’hui l’une des plus fantastiques galeries d’art déco de la capitale britannique.

Visiter Eltham Palace

Passant le petit pont, on accède à un magnifique parc où douves et terrasses sont aujourd’hui des jardins d’agrément.

La visite intérieure commence par la grande salle qui a accueilli les banquets royaux. La rénovation menée dans les années 1930 par les Courtauld a laissé quelques traces, comme un petit relief de mah jong le lémurien du couple, sur une clef de voute.

Au-delà de cette immense salle de l’abbaye, on accède aux appartements restaurés dans le style art déco. Le couple de millionnaires en a fait un véritable temple des arts décoratifs.  S’y succèdent le bureau de monsieur, celui de Madame. L’influence des paquebots et le goût pour les voyages s’y font particulièrement sentir. Ainsi c’est dans la petite pièce aux murs couverts de cartes du monde que se décidaient les expéditions.

Le couloir débouche alors sur le hall d’honneur aux murs somptueusement marquetés. Sous la coupole, le mobilier impose sa sobriété. Une porte mène à une petite pièce destinée à préparer les fleurs ornementales. Dans le couloir se trouvent quelques éléments de modernité comme la cabine téléphonique réservée aux visiteurs et un couloir menant aux espaces ancillaires.

On accède alors à la salle à manger aux panneaux géométriques et au salon plus hétéroclite et d’inspiration espagnole. Dans le hall, les chambres et la salle à manger, les lignes épurées des années 1930 et le modernisme attestent de la sûreté de goût des époux. Chauffage central, sanitaires, tout témoigne de l’adoption des nouvelles technologies par ce couple hors norme.

Un somptueux escalier mène à l’étage et aux chambres des époux. Chacune est dotée d’une salle de bain très moderne. Celle de Madame, entièrement dorée, s’oppose à la sobriété de celle de Monsieur. Même le lémurien avait ses quartiers personnels. La garde-robe de Virginia a été en partie reconstituée.

Pour finir en beauté la visite, un charmant café se niche dans l’orangerie.

Chinatown

C’est le Nouvel an chinois ! Sans partir loin, à Chinatown ou ailleurs,si l’on se donnait un air d’Orient à Londres ?

 Evidemment, tout le monde ou presque connait la porte du Chinatown londonien. Mais aussi la magnifique façade de la compagnie de Thé Twinnings sur Fleet Street. Pour autant, l’on trouve aussi de charmants jardins japonais, voire des Pagodes, dans les quartiers les plus inattendus de Londres.

Chinatown, LE quartier chinois

Le plus connu des quartiers chinois londoniens se trouve derrière Leicester Square. La porte rouge sur Wardour Street marque l’épicentre du Chinatown qui s’est développé depuis les années 1950. Les premiers chinois venus travailler dans les docks se sont trouvés délogés après les bombardements de la seconde guerre mondiale. Cette première communauté s’est vite étoffé des Hong kongais . Dans les années 1970, ceux-ci ont transformé la zone sud de Soho autrefois marquée par la présence française. .https://visitesfabienne.org/soho

Dans ces quelques ruelles très fréquentées, on trouve une multitude d’épiceries, restaurants asiatiques. https://chinatown.co.uk/en/ Bien que dépaysant, ce quartier ne regroupe qu’une toute petite partie de la grosse communauté du Sud est asiatique et des bâtiments orientaux de la capitale britannique. Il se trouve comprimé entre les rues Gerrard, Wardour, Rupert et une partie de Shaftesbury Avenue, Newport Place, Court et Street.

Alors où se rendre pour trouver plus de pagodes et jardins asiatiques ?

Pagodes londoniennes

La Pagode de Kew : 

Oeuvre du grand architecte William Chambers en 1762, elle vient d’être rénovée. Commandée par la famille royale, elle devint rapidement un haut lieu de splendeur et d’émerveillement avec ses dragons vernissés. Influencée par la grande Pagode de porcelaine de Nanjing, elle faisait partie de 16 structures montrant l’architecture du reste du monde dans le jardin royal de Kew. Elle n’avait donc pas de but religieux mais visait à montrer le style chinois aux anglais. A l’époque elle représentait le bâtiment le plus haut du pays et l’un de plus colorés avec ses 80 dragons iridescents.

. https://www.hrp.org.uk/kew-palace/whats-on/the-great-pagoda/#gs.67mz0h

La Pagode de la Paix  de Battersea :

Cette stupa bouddhiste émane d’un mouvement pacifique Mondial. Lieu de méditation, elle consiste en un pavillon contenant des reliques et abritant quatre statues dorées de Bouddha. Elle y accueille des gens de tout origine avec le but d’unir et d’encourager la paix. C’est d’ailleurs l’objectif de chacun des 80 pavillons de la paix éparpillés dans le monde selon la volonté du moine japonais Nichidatsu Fujii’s (1885–1985) . le projet commença au Japon en 1947 à Hiroshima and Nagasaki. Puis, il se diffusa à travers le monde pour promouvoir la paix et l’harmonie. La Pagode de londrès date de 1984. Construite dans le parc de Batterea, elle domine la Tamise.

Pagode de Victoria park 

Cette Pagode provient de l’entrée du pavillon chinois de l’exposition universelle de 1842. A la fin de l’évènement, elle fut achetée et installée dans le parc de Victoria à l’est de Londres. Abimée par les bombardements de 1941, détruite en 1956, elle fut reconstruite en 2010  au moment des JO sur le bassin initial.

La Pagode de Regents park

Un restaurant chinois peu ordinaire, le Feng Shang Princess se situe sur le Bassin Cumberland près de Primrose Hill,. C’est un bateau-Pagode, rouge de trois étages avec des lanternes. http://www.fengshang.co.uk/

Jardins orientaux, des oasis de paix au cœur de la ville

  • Le Kyoto Garden, Holland Park, ouvert en 1992 dans le cadre du festival japonais, comme symbole de l’amitié Anglo japonaise. Il a réouvert en 2011, restauré par des jardiniers japonais dans le style `kaiyushiki’  ou jardin promenade avec  cascades, bassins, sentiers et bosquets traditionnels..https://secretldn.com/kyoto-garden-tranquil-japanese-london/

Construit en 2001 sur le toit de la Brunei Gallery au coin de  Russell Square, le jardin japonais offre un lieu de calme et de méditation surprenant et assez méconnu.

  • Jardin japonais de Regents park : une petite ile tranquille, à l’abri des regards se cache derrière la porte du Jubilée dans le jardin Ste Mary. Sa cascade, ses lanternes traditionnelles, pont et statues valent de s’y promener.
  • Jardin de la Paix du Parc de Hammersmith Il s’agit du plus ancien jardin japonais public de la capitale. Moins traditionnel que les précédents il vient d’être restauré par des paysagistes nippons et offre lui aussi un lieu de sérénité.

Influences Londres-Paris

Une histoire d’influences Londres-Paris

Les destructions et (re)constructions croisées permettent de souligner les influences Londres-Paris mais aussi les grandes directions prises. Les deux capitales monde se sont longtemps disputé la place dominante. Si Londres semble avoir gagné la bataille, il n’en a pas toujours été ainsi.

Deux villes de construction romaine

Bien que de fondation celtique, les deux villes ne sont devenues cités que grâce à l’effort urbanistique romain. Toutes les deux nées le long du fleuve, près d’un gué, elles se sont développées ensuite sur les deux rives du cours d’eau.

De leur fondation romaine, elles conservent l’une et l’autre le plan hippodaméen de la colonie. Les cardo et decumanus se lisent d’ailleurs encore à Paris (rue St Jacques et rue Soufflot) autour du forum. Les thermes de Cluny restent en outre s très visibles. Cependant, il faut aller chercher les vestiges du Bas-empire sous la crypte archéologique devant Notre-Dame de Paris.

En revanche, Londres, qui avait presque tout gommé de son passé romain le redécouvre peu à peu, à la faveur des destructions et (re)constructions. C’est par exemple après les bombardements qu’est réapparu le Mitraeum. https://visitesfabienne.org/londinium-londres-romain/

Une forte influence française à Londres

Avec le Moyen-Age et la conquête normande (1066), l’influence française devient prééminente. Bien à l’ouest de la cité romaine de Londinium, le conquérant renforce la muraille antique d’un fort, la Tour de Londres, et fonde un noyau royal autour de Westminster. https://visitesfabienne.org/westminster/

La chapelle romane dans la Tour de Londres montre les influences Londres-Paris

De l’époque romane et de l’influence française, subsistent quelques vestiges quoique parfois lourdement remaniés. L’Abbaye de Westminster a subi de nombreuses transformations. Néanmoins on lit aisément le roman d’origine normande (norman style) dans la chapelle royale de la Tour de Londres, à la Tour des Bijoux ou la chapelle Savoie.

Les périodes d’épidémies et de guerres qui frappent nos deux pays ne favorisent pas précisément un échange d’idées ou d’influences. Pourtant, des deux côtés de la Manche, les deux capitales se fortifient. Le mur de Londres est rehaussé. Quant à Paris, Philippe-Auguste qui y établit définitivement son siège, choisit de la protéger depuis l’ouest avec la construction du Louvre, qui clôt l’enceinte de la ville contre une éventuelle incursion angloise.

Villes ouvertes, villes planifiées ?

Les deux capitales croissent très vite à l’ère « moderne ». Au 17e siècle, les murailles tombent. Pourtant Paris en garde la trace avec ses boulevards et ses portes. Londres efface quant à elle toute empreinte du passé. Le pouvoir royal cherche à planifier en France dès le 16e siècle avec les places royales. Ainsi, Henri IV prévoit-il trois places, une carrée (Vosges), une triangulaire (Dauphine), et une semi-circulaire, (la Place de France) jamais construite. En revanche, loin de toute scénographie, Londres croit en fonction des besoins des marchands et des aristocrates, le long des voies de communication entre la City et Westminster, le long de la Tamise ou près des routes reliant la province.

Le Grand Incendie, peinture anonyme, Musée de la Ville de Londres

Avec le grand incendie de 1666, la City disparait sous les flammes. Dès lors, l’opportunité s’offre de la rebâtir totalement. Les trois plans d’urbanisme proposés seront rejetés par les hommes d’affaire. Ceux-ci presseront le roi pour reconstruire au plus vite le long des rues existantes. Bien que la ville change de visage avec des constructions plus homogènes, en pierre ou brique, aucune place ou espace ne sera perdu en décorum couteux et superfétatoire. https://www.historic-uk.com/HistoryUK/HistoryofEngland/The-Great-Fire-of-London/

Christopher Wren, artisan d’une des (re)constructions de Londres après le Grand incendie
Assurance contre le feu

(Re)constrcutions du 19e

Le Pont de Hammersmith, chef d’oeuvre de Bazalgette

Avec la Révolution industrielle, tout change. Londres affirme sa domination. Sans murailles, la ville s’étend de plus en plus. A l’Est, les quartiers ouvriers s’opposent à l’élégance du West-End. Londres détrône même sa rivale sur le marquage du temps. Ainsi, l’observatoire de Greenwich devient-il maître de l’horloge mondiale, reléguant l’observatoire de Paris et son méridien au passé. Des ingénieurs d’origine française déploient leur science au service de l’Angleterre. Ainsi la dynastie Brunel construit ponts et tunnels, gares et usines. C’est à Joseph Bazalgette que l’on doit le système d’égout, l’assainissement et la modernisation d’une ville autrefois insalubre. https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Bazalgette

Isambart Brunel

Bien qu’enfermée dans de nouvelles murailles, Paris elle se réinvente grâce à la vision de deux hommes, Napoléon III et le Préfet Haussmann. Cette reconstruction totale, à coup d’expropriations, de démolitions et de nouveaux bâtiments montre la volonté urbanistique des Rois et empereurs.

Paris, ville du prince, Londres ville des marchands

 A Paris, le fait du Prince perdure. Lorsque les présidents laissent leur empreinte sur la ville au 20e ou 21e siècle à travers un opéra, un musée, ils illustrent que les constructions de Paris obéissent à la volonté planificatrice et édificatrice de sa tête. La beauté et l’homogénéité restent de mise dans une ville dont les murs et limitations freinent la croissance.

Barbican, une des (re)constructions de quartier londonien dévasté par le Blitz

 En revanche, la croissance de Londres est le fait des puissants. Celle qui, entièrement détruite à deux reprises par le Grand Incendie et le Blitz, a eu maintes fois l’occasion de se reconstruire. Systématiquement, à un plan général s’oppose la volonté des élites. Aujourd’hui ouverte, dominante, triomphante, Londres peut regarder avec amusement Paris enserrée dans son périphérique mais fière de son harmonie urbanistique.

Egyptomanie victorienne

Je me suis déjà fendue d’un article sur les lieux où admirer des vestiges égyptiens à Londres (https://visitesfabienne.org/legyptomanie-londonienne/). je voudrais maintenant pour accompagner la conférence du 18 Janvier 2022 m’arrêter davantage sur l’Egyptomanie victorienne. Celle-ci a entrainé en effet de nombreuses contrefaçons mais aussi des situations rocambolesques souvent animées par des personnages hauts en couleur.

Bastet à l’usine de cigarettes

L’Egypte, Une source d’inspiration artistique et de mise en scène

En effet, l’Europe s’est passionnée pour l’Egypte dès l’expédition napoléonienne de 1798.

Une passion européenne

Embarquant dans son équipée de nombreux scientifiques et artistes, les Français sont revenus politiquement bredouille mais riches de connaissances. Les écrits de Vivant Denon entre autres, les gravures et observations ont créé une vogue de longue durée.  Les Français l’ont développée dans les arts, l’ébénisterie notamment, et dans une moindre mesure l’architecture. Les Anglais, eux, se sont emparés de motifs égyptiens à tout va. Bijouterie, peinture, littérature, peinture, rares sont les domaines artistiques à en avoir réchappé.

Ainsi le V&A offre une somptueuse collection de colliers, boucle d’oreille. Dans cette galerie exceptionnelle, ressortent quelques pièces du XIXème qui font la part belle aux sources égyptiennes. Ces somptueuses parures se composaient d’amulettes ou, à défaut, les copiaient.

Collier, V&A

Fascination et ésotérisme

Se pavaner couvertes de bijoux égyptiens n’a bientôt plus suffit et la fascination pour l’Egypte s’est alors tournée vers des domaines plus ésotériques. Les Anglais se sont emparés bien vite des rites mortuaires nilotiques, si visibles et fascinants. Il faut dire que les victoriens vouaient à la mort une fascination toute particulière. Ils ont ainsi construit un énorme cimetière dans l’ouest londonien dans lequel on ne pouvait accéder que par une gare spécialisée aujourd’hui désaffectée. Bientôt les nécropoles se sont mises à ressembler à des sites antiques, c’est le cas à Highgate.

Cette véritable Egyptomanie victorienne a d’ailleurs poussé à des mises en scène d’un gout douteux telles les cérémonies de désenroulage de momies.

Comme si cela ne suffisait pas, des marchands peu scrupuleux se sont mis à vendre outre les amulettes et trésors pillés dans les tombes, des bandelettes et objets pour les revendre ou les réduire en poudre. Ils obtenaient ainsi un brun dont les peintres préraphaélites se sont montrés très friands. C’est de cette époque passionnée d’ésotérisme que sont nées les malédictions des pyramides.

Egyptologie et petites histoires de découvertes

1/ L’Egyptologie, une science en formation

Outre les débordements de cette Egyptomanie victorienne , les Anglais du 19e siècle ont commencé à s’intéresser au sujet de manière plus sérieuse. Bien que venus plus tardivement dans la course au savoir, ils se considèrent en effet derrière Flinders Petrie, comme les inventeurs de l’égyptologie. On découvre cet extraordinaire personnage au musée de l’Université UCL. La collection foisonnante offre des trésors rares mais disposés pour les étudiants et spécialistes et donc peu lisibles pour le grand public. https://www.ucl.ac.uk/culture/petrie-museum

Pétrie Museum

D’autres personnalités ont collectionné avec passion des pièces rares, tel John Soane, propriétaire du sarcophage de Sethi 1er.https://www.soane.org/features/discovering-setis-sarcophagus-200-years L’arrivée de cette pièce unique à Londres fit d’ailleurs l’objet d’une célébration inégalée. Il en fut de même lors du transfert de l’obélisque dit de Cléopâtre sur les quais.

obélisque de Cléopatre

2/ Concurrence commerciale et culturelle

Le célèbre Hall égyptien du non moins célèbre grand magasin Harrods est une création récente. Dans ce temple de la consommation ouvert en 1834, il a fallu en effet attendre 1990 pour que le propriétaire égyptien, Mohammed Al Fayed, fasse redécorer l’escalier en hommage à son pays de naissance.

Hall égyptien Harrods

Quant à la pierre de Rosette, découverte par les Français lors de l’équipée napoléonienne, elle fait partie des trésors de guerre remportés par les Britanniques lors de leur victoire sur les troupes françaises. Son étude et sa traduction ont fait l’objet d’une impressionnante course au savoir opposant les grandes nations européennes dans une lutte culturelle. S’il revient au Français Champollion, le déchiffrement des hiéroglyphes est en effet pour nos amis britanniques en grande partie l’œuvre de Thomas Young.

Pierre de Rosette au British Museum

3/ Quand la Petite histoire forge la grande

L’une des plus extraordinaires histoires sur l’Egyptologie est liée au château de Highclere, lieu culte de la série Downton Abbey. Au début du XXe l’héritier des terres, le 5e lord Carnavon, passionné de voiture faillit périr dans un accident. Pour se remettre il dû prendre du soleil et chercha à occuper son temps en Egypte en faisant faire des fouilles par un obscur archéologue Howard Carter. Les deux hommes passèrent à la postérité un beau jour de 1922 lorsque l’archéologue désencombra les quelques marches menant à la tombe d’un obscur roitelet de la 18e dynastie : Toutankhamon.

Le Mur de Londres

J’ai déjà abordé le mur de Londres en évoquant la ville romaine. https://visitesfabienne.org/londinium-londres-romain/ Aujourd’hui en voici l’itinéraire https://londonmymind.com/london-wall-walk/

Un mur médiéval de fondation romaine 

Certains historiens définissent la ville ancienne par ses remparts, la ville moderne par sa régularité. La ville contemporaine elle se définit par le nombre de ses habitant et la qualité de ses infrastructures. Londres, de par sa taille et son organisation correspond donc bien à une grande ville au sens moderne. Ses murs nous renseignent également sur son existence en tant que ville ancienne.

De fait, Londres consiste en d’un agrégat de communes. La ville antique et emmurée fondée près du gué, le pont de Londres, décline à la période saxonne pour voir la ville saxonne Lundwig se former autour de Aldwych. Guillaume le conquérant installera son fief normand du côté de Westminster. Pendant ce temps, la cité romaine décline et ses murailles ne seront restaurées qu’entre les 13e et 15e siècles.

A la fin de la période romaine, le mur, en pierres du Kent, visait à protéger Londres des envahisseurs et notamment des Pictes. Il était l’une des plus grosses constructions de la Britannia romaine. Un fossé extérieur assurait une meilleure protection. Il fut d’ailleurs reconstruit et agrandi à de nombreuses reprises. Il comprenait 20 bastions surtout à l’est et un fort au nord-ouest (près de St Alphange). Ce fort abritait la garde officielle du gouverneur de Britannia et 1000 hommes dans une série de baraquements, de bâtiments administratifs, et magasins. Des plateformes de bois complétaient le dispositif renforcé au Moyen-Age au moyen de créneaux, meurtrières. Plus tard encore, des bastions accueillirent des catapultes.

Tracé du Mur de Londres

Cette muraille simple remonte à 120 ap JC. C’est un mur massif de 2 miles autour de la cité romaine. A son apogée il pouvait mesurer 10m de hauteur. sa forme n’a pas changé durant 1700 ans. Disparue en grande partie à mesure de la croissance de Londres vers l’Ouest, la muraille a été souvent incorporée dans des bâtiments ultérieurs. Les tronçons non démolis sont réapparus lors des bombardements de la 2nde Guerre Mondiale particulièrement dans la zone du Barbican. Les fouilles des années 1960/70 ont permis de mettre à jour, nettoyer restaurer les portions aujourd’hui visibles.

Tour du mur à la hauteur du Barbican

On connait aussi le tracé de cette muraille grâce à son empreinte toponymique. Ainsi, Aldgate, Bishopsgate, Cripplegate, Ludgate, Newgate indiquent la présence de portes d’accès. Celles-ci ne datent pas toutes de la même période. Si Old(ald) et new peuvent être romaines, en revanche Bishop ( évêque) ou Cripple datent de la christianisation, Ludgate évoque la ville saxonne. Et Blackfriars les pénitents noirs de la colonie médiévale. Généralement, ces portes correspondaient à des carrefours stratégiques et ouvraient sur des voies de communication importantes.  Au Moyen Age, des exécutions y prenaient souvent place. à Tower et Bishopsgate notamment. Il ne reste rien de ces constructions défensives pourtant reconstruites de nombreuses fois jusqu’à devenir lieux d’habitation

Aujourd’hui, on peut suivre l’itinéraire du mur de la Tour de Londres à St Paul en traquant les vestiges dans les jardinets, les souterrains, les rues ou en les devinant grâce aux noms.

https://www.english-heritage.org.uk/visit/places/london-wall/History/

Un itinéraire facile à suivre

Le Mur de Londres, de la Tour de Londres au Barbican

  • L’itinéraire commence au pied de la tour de Londres devant la Poterne vraisemblablement reconstruite à l’époque médiévale, puis quasi disparue, avant les fouilles de 1979.
  • Dans le jardinet jouxtant la station de métro Tower Hill, derrière la statue de Trajan, se dresse un haut fragment du mur. Sur la base typiquement romaine (jusqu’à 4m de hauteur sur les 6 initiaux) s’appuient 6m de constructions médiévales.
Le Mur devant la Station Tower Hill, on distingue bien l’appareillage mixte romain dans la partie inférieure
  • Sur Cooper’s Row Walk, dans la cour de l’hôtel Leonardo, un passage caché débouche sur: un fragment du mur. La base romaine se déploie sur 4m complétée par un appareillage médiéval particulièrement soigné. Le rempart se traverse ici.
  • Sur Vine Street, le tout petit square expose 10m du mur romain dont la base d’une tour bastionnée (4e s) démolie au 13e.
  • La porte de Aldgate se trouvait sur la route romaine la plus importante vers Colchester. Elle est antérieure au mur. Reconstruite trois fois, puis détruite en 1716 pour favoriser la circulation, elle était habitée. Au 14e, s Geoffrey Chaucer, poète mais aussi douanier y habita.
  • Bishopsgate ouvrait sur la route de York. Une mitre sur Heron tower au-dessus de la pharmacie Boots rappelle l’emplacement de la porte. London Wall suit le bord  du fossé extérieur du mur romain. Pour agrandir la rue au 20es on a modifié son alignement. All Hallows on the Wall du 18e remplace l’église du 12e construite dans les fondations d’un bastion romain. Le mur du 18e reprend le mur médiéval.
  • A l’angle de Moorgate et de Londonwall, un immeuble de verre (en photo) mène à un parking. A la place 54, apparait une belle portion du mur. On rentre alors dans le quartier de Barbican, éventré par les bombardements. Durant la reconstruction, on a mis à jour et restauré des vestiges importants.
Entrée du Parking dur Moorgate et place 54

Le quartier du Barbican

  • St Alphage, cette section du mur remonte à +120 et faisait partie du Fort romain agrandi au Moyen Age et évoqué au 1er paragraphe. Après la période saxonne, au 11e une église fut construite dans les fondations du mur puis détruite au 16e. Ces fondations devinrent alors caves de nouveaux bâtiments. Exhumée après les bombardements, cette portion montre donc un soubassement romain et partie supérieure (1477) médiévale, décorée.
Le Mur de Londres à St Alphange
  • Cripplegate marque l’entrée nord de la muraille en déclin à la période saxonne La porte fut reconstruite et en activité en 1490 avec la résurgence de ce quartier suburbain proche de Islington. Elle se transforma ensuite en logements puis prison et fut démolie au 18e pour améliorer la circulation.
Vue du Musée de Londres
  • Près de l’Eglise st Gilles Gripplegate, apparait une section très bien conservée au nord de la muraille. La majorité des pierres et les tours datent pourtant du Moyen-Age. Ce mur protégeait au 17e un cimetière occupant le fossé médiéval comblé. Il correspond aujourd’hui au petit lac. La tour au NW du mur antique garde 2/3 de sa hauteur initiale.
  • Sous le Museum of London le long des jardins, une tour défensive du 13e s’est fondue dans les bâtiments du 16e dont le hall des barbiers, souvent abimé et reconstruit.
Tour et lac au Barbican
  • Sur Noble Street Wall une plateforme permet d’observer les vestiges du mur redécouvert après les bombardements. D’une tour de garde on accédait à la courtine SW. On distingue de nombreuses traces de reconstructions médiévales et surtout 19e.On peut alors suivre le tracé du mur sans vestiges apparents le long de Newgate, Ludgate puis Blackfriars.
Tour devant l’Eglise St Gilles Cripplegate