Les Inns of Court

Les Hôtels de cours ou Inns of Court offrent une balade bien plaisante et presque campagnarde dans le quartier le plus animé de la capitale. Ils visaient à loger les avocats dans la capitale. L’idée était de former, entrainer et réguler cette corporation apparue au Moyen Age au même titre que d’autres guildes.

Ces « Hôtelleries » s’articulent autour de Fleet Street. Néanmoins, on y accède par des portails discrets et ouverts uniquement dans la journée en semaine.

Accès à Lincoln’s Inn

De quoi s’agit-il ?

Au Moyen Age, ces « hôtelleries » apparaissent à la limite de Westminster et de la City, à la lisière du pouvoir royal et du pouvoir économique. Elles se répartissent d’ailleurs de part et d’autre de Fleet Street, face à Temple Bar. La porte majestueuse dessinée par Christopher Wren a changé d’emplacement. On la trouve aujourd’hui à côté de Saint Paul. Elle marquait le passage de la cité royale à la city. Un socle surmonté d’un dragon marque aujourd’hui le passage toujours respecté par le souverain régnant.

L’émergence des Inns of Court correspond à la volonté de remettre le pouvoir judiciaire entre des mains laïques. Pour éviter toute dépendance à l’égard du pouvoir religieux ou royal, elles constituent de petits microcosmes accueillant élèves, stagiaires et professionnels. Si les avocats ne logent plus sur place, ils disposent toujours des commodités leur permettant d’exercer au mieux. Bibliothèques, chapelles, lieux de réunion et de cérémonies, restaurants assurent une vie en cercle quasi fermé. Les bâtiments s’organisent autour de cours et jardins clos et admirablement entretenus.

Lincoln’s Inn

De la dizaine d’hôtelleries initiales, il n’en subsiste que 4 : Middle et Inner Temple, Gray et Lincoln’s Inn. A chacune correspond un blason animalier.

Bien que fort touchées par le Grand incendie de 1666 et par le Blitz, puis reconstruites, les Inns of Court ont conservé un charme médiéval et une atmosphère presque bucolique tout à fait surprenante en plein cœur de Londres.

Inner et Middle Temple 

 Ces deux Inns of court occupent les terres des Templiers. L’Ordre fondé en 1119 pour protéger les lieux saints et les routes de pèlerinage s’enrichit en prêtant de l’argent aux croisés. Installé à la lisière de la cité londonienne en 1185, il y construisit son église sur le modèle du Saint Sépulcre de Jérusalem.

Leur pouvoir finit par faire de l’ombre aux souverains et papes. Jugés entre1307 et 1314, les templiers périrent sur le bûcher et leurs possessions passèrent entre les mains des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem. Ceux-ci agrandirent l’église ronde en lui adjoignant une nef gothique aux fines colonnes de marbre. Ils louèrent les terres  aux laïcs chargés de rendre la justice. A la dissolution des congrégations religieuses sous Henri VIII, la zone resta entre les mains de ces laïcs. Ne subsiste que le double vocable de Inner temple et Middle. Il ne reste qu’un passage de Outer Temple qui se trouvait à l’extérieur de la city.

Portail temple Church

Middle temple s’articule autour de la belle place de la fontaine sur laquelle donnent la chapelle et le New Hall entouré d’un magnifique jardin qui s’étend jusqu’à la Tamise. On y accède par l’harmonieuse New court, œuvre de Christopher Wren.

New Hall, Middle Temple

Inner Temple

On passe facilement de Middle à Inner temple (dans la cité). Chacun étant signalé par le blason animalier : agneau de dieu pour Middle temple, Pégase pour Inner temple. Ce dernier est remarquable pour ses superbes jardins mais aussi sa fantastique église

Temple Church

Devant le temple rond, construit sur le modèle du Saint Sépulcre de Jérusalem juchés sur une colonne, la statue de deux templiers sur un seul cheval souligne l’austérité de l’Ordre. L’église, célèbre pour ses gisants, sa forme ronde, ses belles arches néo gothiques et son portail roman quasi intact avec son intrados sculpté a acquis la célébrité grâce au film tiré du « Da Vinci Code ».

Ye Olde Cork Tavern

On sort de Inner Temple par une très belle porte de bois incluse dans un bâtiment Tudor d’excellente facture surnommé chambre du prince Henri. Tout à côté ,un autre joli témoin médiéval la Ye olde Cock tavern. Toujours sur le même trottoir en direction cette fois de St Clement Dane, église construite par Christopher Wren. Les impacts de balles de 1940 y restent très visibles. En face, se trouve la belle échoppe de thé de Twinings

Prince Henry’s room

Gray et Lincoln’s Inns

Au Nord de Fleet Street, s’étend l’immense bâtiment néo gothique des Cours de justice. On peut y entrer et circuler dans les couloirs sans fin. Des visites guidées ont lieu et on peut également assister à des audiences.

Chancery Lane rappelle les Inns of Chancery, des hôtelleries secondaires ou préparatoires qui doublaient les Inns of Court. Il n’en subsiste que deux souvenirs : une grille de Clifford Inn, aujourd’hui intégrée à King’s College et la merveilleuse façade Tudor de Stapple Inn.

Stapple Inn

Dans Carey Street, s’amorce la petite Star Yard . On y trouve l’un de plus anciens tailleurs de Londres Ed and Ravensburg. S’y vendent tenues et perruques des avocats et avoués.

 Pratiquement en face, un curieux édicule vert en fer forgé est l’un des rares urinoirs survivants de l’époque victorienne.

pissotières victoriennes

Le long de Carey Street, juste derrière les cours de justice, de jolis magasins et pubs anciens se succèdent. On voit même une borne marquant la limite de paroisse. Et surtout l’une des portes menant à Lincoln’s Inn. Cette grande hôtellerie très reconstruite a conservé une magnifique chapelle. On peut respirer l’atmosphère de ces lieux chargés d’histoire dans le très joli restaurant situé sous les ogives de l’ancienne cuisine.

Lincoln’s Inns Field et Soane Museum

Façade supposée de Iningo Jones sur Lincoln’s Inn Field

Une grandiose porte néogothique s’ouvre sur Lincoln’s Field, le plus grand square londonien, dessiné par Inigo Jones. La maison 59/60 lui doit ses harmonieuses proportions. Cette place abrite deux des musées les plus étonnants de Londres. Au Sud le Hunterian Museum (fermé jusqu’en 2023) héberge la collection scientifique et un peu macabre de John Hunter.

Musée John Soane

C’est au nord du ravissant jardin que se dressent les trois maisons constituant le Soane Museum. Dans 19 petites pièces, le célèbre architecte de la Banque d’Angleterre mort en 1837 a compulsivement emmagasiné une collection de copies et fragments antiques, tableaux et objets hétéroclites. Dans ce capharnaüm étonnant, on s’arrêtera sur l’extraordinaire collection d’œuvres de Hogarth (2 séries complètes et quelles séries ! ) de très beaux Canaletto. Au chapitre des antiquités, le clou est assurément le sarcophage de Sethi 1er, père du fameux Ramses II.  Son arrivée a fait l’objet d’une célébration typique de l’époque victorienne. Evidemment, il ne fait pas être claustrophobe ni craindre les escaliers un peu pentus

Hogarth, le vote
Sarcophage de Séthi Ier

Vauxhall

Pour faire suite à la dernière promenade autour de Waterloo station, Southwark et Lambeth, voici une extension du côté de Vauxhall.

Vers Battersea Park

On peut commencer cette promenade dans le quartier de Vauxhall vers Nine elms.

 C’est au milieu des immeubles modernes qu’a été construite la nouvelle et moderniste Ambassade des Etats-Unis. Ce déménagement de Grosvenor Place à ce quartier tout neuf a suscité la controverse notamment après le refus fallacieux de Donald Trump de venir l’inaugurer.

Ce quartier en pleine refonte recèle encore quelques jolies pépites comme la maison géorgienne qui lui a légué son nom « folks hall » devenu Vauxhall. C’est dans ce quartier que se niche une merveille, la ravissante enclave de Bonnington avec un café associatif adorable et un jardin communautaire délicieux.

Bonnington Garden, un oasis au coeur de Vauxhall

En continuant le long de la Tamise on va alors rejoindre le parc de .Battersea avec sa belle pagode dorée.

On peut également s’enfoncer davantage dans Vauxhall et rejoindre le jardin du même nom connu à l’époque géorgienne comme jardin des plaisirs. Ce lieu apparait d’ailleurs dans la peinture mais aussi dans une reconstitution du musée de Londres.  Non loin, se tient une ferme avec des poules, ânes et lamas.  Ce petit air de campagne en plein Londres attire de nombreux amateurs en fin de semaine.

mon ami le lama décoiffé à la ferme de Vauxhall

Vers le Musée de la guerre et le musée du cinéma

En partant de la station de métro Lamberth North, on atteint un champ de lavande minuscule autant qu’inattendu au croisement de Wesminster Bridge et George rd. Puis on pourra s’arrêter au Musée de la Guerre. Derrière ce nom peu prometteur, se dissimule une présentation passionnante de Londres au XXe s. On y découvre l’énorme effort consenti par les britanniques pendant les deux guerres mais pas seulement. Y sont évoqués de larges tableaux des guerres actuelles et de leurs ravages mais aussi un remarquable panorama de l’Empire britannique à la fin de l’ère victorienne. Finalement, ce musée est assez mal nommé et devrait plutôt s’appeler musée « pour la paix », ce qui rendrait sa visite tout de suite plus attirante. D’autant qu’il se situe dans un jardin bien plaisant.

On peut d’ailleurs pousser la promenade verte jusqu’à Lambeth Walk, un fort agréable jardin communautaire qui débouche sur Kennington road. Quasiment en face, s’embranche Wincott Street puis Gilbert rd.

Lambeth walk

On emprunte alors la rue Renfrew, le célèbre préhistorien. On y trouve un charmant centre bouddhiste, et, juste derrière, le musée du cinéma. Il occupe une des rares workhouse encore debout dans Londres.

Centre bouddhique

 C’est dans cet asile pour pauvres que Charlie Chaplin passa une partie de sa jeunesse misérable. Dans ses films, il décrit d’ailleurs la pauvreté vécue durant son enfance passée non loin de là, à Kennington. Ce quartier de grande misère est en pleine réhabilitation. S’y construisent des ilots entiers sans beaucoup de charme. Il faut donc y profiter de chaque joli vestige comme le château d’eau aménagé en logement haut de gamme qui domine fièrement le pâté de maison.

Musée du Cinéma

Du côté de Elephant and Castle

On va alors rejoindre la place très bruyante de Elephant and castle. Le quartier a été fort remanié dans les années 19670, ce parfois de manière brutaliste. Témoin l’horrible immeuble commis par Ërno Goldfinger que nous avons déjà rencontré à Hampstead. Ce personnage mérite vraiment de devenir héros de roman. Ian Fleming l’a fait avant moi malheureusement (ou heureusement). Ulcéré par les horreurs construites par cet architecte brutaliste, il en a fait le vilain de James Bond. Un brin d’antisémitisme peut-être, mais une vraie vision patrimoniale chez Fleming !

Le petit panneau de l’Elephant se niche juste à côté de la gare et non de la station de métro.  Ce nom amusant proviendrait de la déformation linguistique de l’ « infante de Castille » Eleonore. Un historien a récemment prouvé que cette légende relevait du mythe et que l’éléphant et son château désignaient en fait un pub. Cette tradition de noms de lieux liés à un établissement de boisson est en effet très courante à Londres.

 Sur la place même, une curieuse boite argentée fait figure de mémorial à Faraday qui habitait le quartier. Sa cage le poursuit jusque dans l’éternité…

cage mémorial de Faraday, sur Elephant and Castle

Waterloo Station

Je continue mes idées promenades autour des gares, aujourd’hui autour de Waterloo Station.

Jardin d’amour par William Blake

 Waterloo Station ne vise pas seulement à agacer les Français. Même si les premiers TGV reliaient la gare du Nord parisienne à cette gare. En effet, le lieu reprend le nom du pont de Waterloo et non celui de la bataille.  D’ailleurs les trains en provenance de France débarquent maintenant à St Pancras.

Le quartier a récemments bénéficié d’une rénovation et peut présenter un bon départ d’exploration. Alors RV comme tous les amoureux devant la grande horloge des départs.

En direction de Borough Market

En descendant du grand escalier de l’entrée principale, on passe devant la statue hommage aux soldats de la première guerre mondiale. De là, on rejoint une place occupée par l’odéon. Un grand hôpital de briques rouges appartient aujourd’hui à l’université. En face, une petite maison qui semble coupée par les voies de chemin de fer. Et la belle église st Georges avec son jardinet. Juste derrière la rue Roupel a conservé son aspect victorien avec ses petites maisons alignées.

Roupel Street

Un peu plus loin, on atteint le Old Vic, grand théâtre aux bonnes programmations, dont le nom remonte à une visite de la Reine Victoria.

 Du petit jardinet, on se rend vers Southwark par the cut. Les constructions modernes effacent peu à peu les petites maisons. Des rues bordées de lotissements mènent à l’emplacement du shakespearien théâtre the Rose aujourd’hui seulement marqué par un panonceau. 

Le quartier de Southwark tient sa renommée à l’église mais aussi au marché alimentaire, très à la mode pour des en cas de world food. Sur le chemin, on remarquera quelques belles fresques. Sur la rue Redcross, une grille couverte de chiffons attire l’œil. Elle marque l’emplacement d’un cimetière non consacré. Ici, à Crossbones, atterrissaient les ossements des prostituées et autres miséreuses. L’église récupérait eurs maigres richesses matérielles, mais pas leurs âmes…

cottages sur Redcross alley

 Pratiquement en face, se dresse une ragschool, une de ces écoles que la pitié victorienne accordait aux nécessiteux. C’est aussi ici que se niche un charmant petit ensemble de cottages ouvriers. Enfin, en levant le nez en direction de la Tamise, on verra l’un des plus beaux « ghost signs » de la capitale. Ces publicités peintes du siècle passé sont aujourd’hui très prisées. Elles vantent essentiellement la bière (ici « Take courage ») ou des produits du type Bovril (une sorte de viandox local).

En longeant la Tamise

On peut également rejoindre Borough Market en longeant la Tamise.

Southwark par Jimmy C

 cette balade fort agréable en semaine est bondée le week end. Elle longe des marchés alimentaires. Les kiosques proposent arepas, curry indiens, nouilles chinoises, voire crêpes. De quoi effectuer un tour du monde gastronomique sans se déplacer bien loin.

Borough Market

Le long de la Tamise, on rejoint alors  la Tate Gallery modern. L’ancienne usine abrite aujourd’hui les collections d’art moderne. L’énorme bâtiment industriel se trouve aujourd’hui doublé d’une aile moderniste. Le tout est relié à la cathédrale Saint Paul et à la rive nord de la Tamise par une spectaculaire passerelle piétonnière construite pour l’an 2000.

Un tout petit peu plus loin, se dresse le théâtre Globe merveilleusement recréé. Ce haut lieu shakespearien mérite une visite. La reconstruction et les spectacles sont en effet d’une qualité remarquable. Je reparlerai de ce haut lieu de culture anglaise très prochainement.

Vers Lambeth

Si maintenant on contourne Waterloo Station, on rejoint Lower marsh qui nous rappelle la présence de marais en ces lieux. A mi-chemin, s’embranche le tunnel Leak, célèbre chez les graffeurs. C’est en effet un haut lieu du Street art et le panorama visuel y change d’une semaine à l’autre avec de vraies merveilles.

Au bout de la rue, on parvient au métro Lamberth North. Ici on peut s’arrêter devant la gare qui menait à Brookwood, ancienne nécropole victorienne desservie par un train qui en partait. C’est donc d’une certaine manière une « nécrogare » puisqu’en partaient des convois de cercueils visant à désengorger les cimetières paroissiaux du centre-ville ou à emmener les endeuillés accompagnant leurs proches vers leur dernier voyage.

la gare désaffectée du cimetière de Brookwood

La flèche de la chapelle Lincoln décorée des bandes et étoiles de la bannière américaine domine la rue. Non loin de cette église commémorative s’embranche un tunnel décoré de mosaïques rappelant l’œuvre du grand artiste William Blake, habitant du quartier.

On rejoint alors l’hôpital St Thomas où l’on peut, ou non, visiter le musée consacré à Florence Nightingale.

L’immense mur commémorant les trop nombreuses victimes du Covid

Le long de la tamise on longera le mur du Covid pour rejoindre le palais de Lambeth, résidence officielle à Londres de l’Archevêque de Canterbury.

 Le nom de Lambeth évoque le rivage ou l’on amenait les moutons. Le musée du Jardinage a élu domicile tout près.

On rejoint alors la galerie Newsport. Damian Hirst a transformé des entrepôts en un musée épatant.

Entre jardins et baraquements, la rue mène jusqu’à une étonnant bâtiment, autrefois siège de la fabrique de céramique Royal Doulton.

Royal Doulton

Celui-ci est décoré de reliefs de terre-cuite spécialité de l’enseigne. Le tunnel dans la même rue du Prince noir, montre d’ailleurs, au moyen de médaillons, l’inventivité et la technicité de cette manufacture.

Londres juive

Peu de vestiges évoquent la Londres juive. Les bombardements violents de 1941 ont en effet saccagé les lieux et rayé une communauté très vivante à la fin du 19ème siècle.. Dans les années 1950, celle-ci avait d’ailleurs quasi disparu. Les cinémas, théâtres, clubs, magasins juifs fermaient les uns après les autres repris par les migrants du Pakistan et du Bengladesh. Les synagogues devinrent alors ateliers textiles, les boutiques kosher, curry houses. L’East End londonien se transformait une nouvelle fois.


Autour de Spitalfields

Au sud de Spitalfields

Ici, travaillait et habitait la communauté juive. Ainsi, au 42 Brushfield Street, la boutique de la modiste Amélie Gold a conservé son enseigne. En passant par Fort street , on rejoint l’allée Sandy’s row où se trouve l’une des quatre synagogues survivantes des cent qui existaient autrefois. A la base, c’était une chapelle huguenote. Quelques jolies maisons géorgiennes attestent de la paupérisation de ce quartier autrefois cossu. Ces maisons furent divisées au cours du temps en minuscules logements pour les migrants.

Tout près, sur Bell Lane, l’école publique juive a disparu. En revanche, au 17/19 Brune Street, le bâtiment « Soup kitchen » ouvert en 1902 a conservé sa façade. Il a remplacé la première soupe populaire ouverte sur Bricklane au 18e pour les Huguenots.

Sur Commercial street,

On longe le marché maure, aujourd’hui transformé en école de mode. Il atteste encore de la présence sépharade. Fashion Street était la rue des frippiers juifs,. On rejoint Brick Lane. Aujourd’hui Banglatown, elle n’a conservé qu’un magasin juif, au 92 la boutique de papier Katz. Les curry houses ont remplacé les boutiques juives. Cependant, les deux beigelhouses (au 155), plus haut dans la rue, restent témoin de cet héritage qui s’estompe.

Devant Christ church school,  fondée au 18e et reconstruite au 19e  pour les enfants pauvres, se trouve un petit médaillon au sol. A l’angle de Fournier Street, l’ancienne église huguenote construite en 1743 devenue méthodiste au 19e puis transformée en synagogue en 1897 . Depuis 1976, c’est une mosquée. Elle appartient maintenant à la communauté Bengladaise. Elle peut accueillir 4000 fidèles. L’inscription latine « Umbra Sumus » (nous sommes des ombres) se lit encore en haut du mur, côté Fournier Street.

Cette évolution, unique au Royaume-Uni, reflète les vagues migratoires . En face, au 86 Brick Lane se trouvait les bains russes fermés en 1940. Ces derniers temps, Les boutiques juives ont laissé place au curry houses et l’héritage se meurt silencieusement.

Ecole sur Bricklane

A l’Est de Spitalfield

Dans Fournier  Street justement perdure une Vieille boutique juive, Schwartz au 33.

Plus impressionnant, le 19 Princelet street  était un théâtre yiddish. En 1869, des juifs polonais y construisirent une synagogue, la plus vieille ashkenaze de Londres.. Pratiquement impossible à visiter, cette maison regorge d’histoires terribles dont celle de David rodinsky relatée par Ian Sinclair dans Rodinsky’s room. Le musée, aménagé dans cette maison, tente péniblement de survivre et ne s’ouvre que sporadiquement et sur RV pour des visites de groupe. 

Le grapheur Stik prône la tolérance religieuse sur Princelet

La légendaire Petticoat Lane

Petticoat Lane

Le nom de Petticoat Lane se rapporte en fait au commerce de fripperie monopolisé par les juifs pauvres d’Europe centrale. Car un marché textile se tient sur Middlesex street depuis le Moyen Age. Devenu axe central de la communauté ashkénaze au 19e s, la rue accueillait outre les frippiers, des organisations pour les pauvres : soupes populaire, armée du salut. Un marché s’y tient toujours le dimanche matin.

Néanmoins, la communauté, encore très florissante et étoffée par la dernière vague migratoire des années 1920 disparut après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Le quartier s’apparentait à un quartier juif distinct depuis les années 1880. Près de 10 000 nouveaux arrivants s’étaient effectivement installés à Londres fuyant les pogroms et persécutions en Russie.

Au début du 20e siècle , 95% de la population de Petticoat lane était juive immigrée. Les noms des rues étaient alors écrits en yiddish. La zone comptait plus de 100 synagogues et de shtiebls (petites salles de prières) . Un réseau bien organisé d’institutions religieuses donnait vie à ce quartier de petites échoppes, et ateliers. La vie culturelle y battait également son plein avec quatre théatres yiddish, des journaux et magazines, groupes littéraires, cinemas, dancings et groupes politiques. Anarchistes, communistes, sionistes se réunissaient. Ils firent front avec les activistes de gauche le 4 octobre 1936 lors de la marche des chemises noires menées par le chef du syndicat fasciste britanique Oswald Mosley. Ils s’affrontèrent lors de la celebre bataille de Cable street.

Vers Liverpool Station

-Sur Cutler street se dressent encore les entrepôts énormes de la East India Company transplantée depuis les docks (importation de soie) . Cette rue lie Middlesex street à Liverpool Station devant laquelle se dresse l’émouvante sculpture consacrée aux enfants juifs accueillis en Grande Bretagne pendant la deuxième Guerre mondiale

– sur Wenworth street, un arc de briques rouges date de 1886. Il marque l’entrée des logements modèles de Charlotte de Rotschild pour loger décemment les pauvres juifs .  En face, les réformistes se réunissaient à Toynbee Hall . De là, partaient nombre d’aide aux pauvres. Sur Dean Walk se concentraient les plus indigents dans l’ ancien rookery ( documentée comme la pire rue de la ville au 19e ) C’est dans ce quartier miséreux que frappa à trois reprises Jack l’éventreur.

Une carte de mémoire, document sur l’histoire et les vestiges des juifs de l’East End émane de la collaboration d’éminents spécialistes.

Whitechapel , Bethnal, synagogues disparues et cimetières cachés

Whitechapel High Street

La rue aujourd’hui orientale fait néanmoins remonter des souvenirs de la présence Juive.

Le jardin Altab Ali Park avec sa fontaine victorienne rappelle les vagues migratoires qui se sont succédées dans le quartier . En face, au 88, un petit blason juif :rappelle la Poste établie jusqu’en 1930 . Les nombreux restaurants kosher se sont transformés en établissements hallal. Un peu plus loin, La fonderie de cloche qui a fourni celle de big ben fonctionnait encore il y a peu . Juste derrière, sur Fieldgate street la synagogue a fermé, remplacée par une mosquée.

Miles End et ses cimetières

Alors que la rue prend le nom de Mile’s End dans Stepney on va passer devant d’impressionnants vestiges cachés. Peu ou pas du tout signalés, trois cimetières sépharades se déteriorent sous les nouvelles vagues migratoires. Car la communauté juive y était plus ancienne et hispanique que celle de Spitalfields.

Sur la petite rue Brady un cimetière désaffecté. Abandonné derrière ses hautes grilles, il sert de décharge aux passants.

Sur Alderney Road, on parvient à une petite courée dont l’extrémité murée se heurte à un autre cimetière invisible. De hauts murs et une porte résolument fermée bloquent tout accès.  Encore un peu plus loin, en remontant Bancroft Road, se trouve encore un cimetière désaffecté.

Encore plus au Nord sur Grove Road, on accède au cimetière juif de Hackney

Si on reprend Miles End on découvre une merveille peu connue. On accède en effet à l’université Queen Mary. Dans le dédale des bâtiments universitaires, se cache l’extraordinaire cimetière novo, lui aussi soustrait à la vue du grand public et à la signalétique.

Les Huguenots à Londres

 L’une des vagues migratoires importantes pour la capitale britannique remonte au 16/17e. Elle correspond effectivement à l’arrivée des Huguenots chassés du royaume de France. https://visitesfabienne.org/la-presence-francaise-a-londres/

Bible à la bibliothèque de l’église protestante

 Les Huguenots à Londres

 Persécutés dès 1534, les protestants français fuirent l’hexagone. Cet exode s’amplifia avec les guerres de religion au milieu du 16eme siècle.  Les réformés français, dits Huguenots, et les Hollandais se réfugièrent à Londres profitant de la liberté de culte offerte aux protestants étrangers par la charte de 1550. https://fr.wikipedia.org/wiki/Huguenot

Edouard VI leur accorda  en effet l’utilisation de la chapelle des Augustins dans la Cité, renommée Strangers Church. Avec la croissance de la communauté, les Huguenots fondèrent une nouvelle église, de référence, Saint Antoine à l’emplacement de l’actuelle Bourse. Bientôt, une autre ouvrit près du Strand. Elle se conformait à la liturgie de l’Eglise d’Angleterre en langue française.

Les réfugiés qui arrivaient en Angleterre devaient commencer par se faire reconnaître auprès d´une église et attester de l’authenticité de leur adhésion à la Réforme. Grande était en effet la peur de trahison d’espions catholiques.

 Avec la révocation de l’Edit de Nantes en 1685, la répression et la discrimination contre les Protestants poussèrent les familles à fuir la France en nombre. L’église de la cité se révélant trop petite, ils en construisirent une nouvelle près de Spitalfields. Hormis sous Marie Stuart et pendant la Guerre civile, le flot de Huguenot ne tarit pas. L’Angleterre apparaissait alors comme le « grand refuge ». On compta plus de trente églises hors de Londres et plus d’une vingtaine dans la capitale. 1/3 des 25000 réfugiés se concentrait en effet à Londres. Ils se répartirent principalement dans deux quartiers : Spitalfields et Soho.

Les Huguenots de Spitalfields

Ces calvinistes industrieux croyaient en la valeur du travail et étaient qualifiés . Ils se fixèrent en tant que instituteurs, médecins, marchands, soyeux et même aristocrates. Ils furent globalement bien accueillis voire soutenus matériellement par leurs communautés. Les Huguenots installés autour de l’ancien hôpital de l’Est londonien étaient souvent des tisserands spécialisés et éduqués. Beaucoup se sont enrichis et ont construits de grandes maisons bourgeoises avec des verrières pour éclairer les métiers à tisser. De nombreuses rues rappellent d’ailleurs la présence française : Fournier, Fleur de Lis.

Les Huguenots urbanisèrent Spitalfields, Shoreditch et Bethnal. Des 9 églises autour de Spitalfields, 3 existent encore : celle de l’Artillerie devenue synagogue en 1840 sur Sandys. La Patente sur Hanbury Street, construite en 1719 est devenue centre d’art. Enfin, l’Eglise neuve à l’angle de Fournier Street et Brick Lane, est devenue chapelle Wesleyenne puis synagogue à la fin du XIXe et mosquée dans les années 1980.

Pour évoquer ces Huguenots et les vagues migratoires ultérieures, on peut visiter le petit musée de l’Immigration, ouvert uniquement pour les groupes au 19 Princelet street. Il se situe à l’emplacement d’une ancienne synagogue et d’une maison occupée par des protestants puis des familles juives pauvres. https://www.19princeletstreet.org.uk/

Hanbury Hall, ancienne église réformée

Un étonnant musée au 18 rue Foldsgate, évoque la vie matérielle d’une famille de Huguenots : la maison de Dennis Sever https://dennissevershouse.co.uk/

Maison Dennis Sever

Cette incroyable maison invente le destin d’une famille de soyeux huguenots, les Jervis. Sur quatre étages, on parcourt en silence, l’ascension et l’appauvrissement de cette famille au milieu des odeurs, des objets chinés par un excentrique artiste américain installé à Londres entre 1948 et 99.

à Soho, des Huguenots bien installés.

A Soho, les réfugiés protestants occupèrent les maisons vides d’un projet immobilier qui avait fait faillite. Ils y travaillèrent principalement en tant qu’ artisans d’art, orfèvres, horlogers, bijoutiers, ébénistes voire imprimeurs. En général hautement qualifiés, ils arrivaient avec un métier ou une profession qui facilita leur assimilation. Ils apportèrent beaucoup à la société anglaise. Les noms de John Houblon, premier gouverneur de la Banque d’Angleterre, de Romilly, avocat de la réforme de la Criminal Law, de Minet dans les assurance illustrent l’intégration de cette communauté au XVIIIeme siècle.

façade église protestante française

A la fin du 19e siècle, Soho concentrait la plus grande population française et s’imposa donc comme le lieu naturel de construction d’une nouvelle église.  Il y en eut 14 dans le quartier ! https://www.egliseprotestantelondres.org.uk/ L’indemnité offerte à St Martin le Grand détruite pour agrandir la Poste, permit l’achat du site et la construction du temple protestant inauguré en 1893. Cette magnifique église est l’œuvre de Aston Webb, grand architecte qui travailla notamment à Buckingham Palace et au Musée Victoria et Albert.

L’église fit également construire une école française à quelques pas de Soho Square, offrant un enseignement en anglais et en français aux enfants de l’église et du quartier (cette école ferma après la seconde guerre mondiale). Elle devint l’un des centres de la France Libre pendant la seconde guerre mondiale.

Portail église protestante française

Bien que vidé de sa population française le quartier en a conservé quelques souvenirs à travers les pâtisseries et restaurants : Maison Bertaux, Patisserie Richoux. https://visitesfabienne.org/soho/

L’église protestante française vaut vraiment la visite. Les Français de Londres la connaissent puisqu’elle accueille des conférences et réunions. https://www.londresaccueil.org.uk/v4/Conferences

Londres victorien

Le 19e s symbolise l’apogée de l’Empire britannique et du Londres victorien. Il se confond en effet pratiquement avec Le long règne de la reine Victoria (1837-1901).  C’est une période de grands changements économiques et sociaux avec l’entrée dans un monde dominé par l’industrie et le capitalisme. Dans Londres, la période correspond à l’âge d’or du West End mais aussi à l’explosion de la misère à l’est de la Ville.

Je vous propose de nous intéresser cette semaine aux splendeurs du West end et de reporter à une semaine prochaine les misères de l’East end.

On l’oublie souvent, mais le Londres que nous connaissons aujourd’hui est en grande partie victorien d’abord pour la taille mais aussi l’image. Y naissent en effet aménagements de la Tamise, mobilier urbain, voies de circulations et surtout de nouveaux quartiers. Les grands propriétaires bâtissent peu à peu le West End. Mayfair, Kensington sortent de terre autour des grandes constructions royales.

Nouveaux lieux de pouvoir :

Buckingham Palace, symbole du Londres victorien

– La construction de l’immense palais de Buckingham au centre de Londres dure plus d’un siècle.  Plusieurs rois y ont contribué : George IV, William IV. Cependant, Victoria sera la première à l’habiter. Initié par William Chambers, amplifié par John Nash, l’immense palais sera remanié par différents architectes. Aston Webb déjà rencontré au Victoria & Albert et à l’église protestante y œuvra.  Du fait de ces agrandissements successifs, le bâtiment, massif, est un peu indigeste

statue de la Reine Victoria

-Le Palais Saint James, laissé de côté en tant qu’habitation reste un lieu officiel alors que de nouveaux palais accueillent la famille royale. Ainsi en est-il de Kensington construit par Guillaume et Marie à leur arrivée de Hollande.

– Barry et Pugin reconstruisent le vieux Palais du Parlement, incendié en 1834 dans le style néogothique alors en vogue. Ils y adjoignent une tour destinée à abriter l’horloge : Big Ben.

– Downing Street qu’avait inauguré le premier premier ministre Robert Walpole devient emblématique de la Monarchie Parlementaire. Cette maison de style géorgien est agrandie au cours des mandats suivants jusqu’à occuper l’entière rue.

Nouvelles formes architecturales du Londres victorien

Autour de ces grands chantiers royaux, les riches familles aristocratiques se mettent à bâtir, profitant de l’explosion démographique. Une fièvre spéculatrice s’empare de zones restées campagnardes. C’est que contrairement à Paris par exemple, l’ouest londonien n’est pas limité. Aucune muraille ne vient entraver l’expansion de la ville. Les grands propriétaires fonciers peuvent s’en donner à cœur joie et de grandes sections se lotissent de manière ordonnée voire répétitive.

Terrasses, croissants et cirques

Suivant le modèle que John Wood a lancé à Bath, des crescents (croissants) s’ajoutent bientôt aux terrasses typiquement anglaises.

Les terrasses sont des alignement de maisons aux façades identiques, les croissants eux suivent une courbe. L’idée est d’affecter la forme du croissant de lune. La place dénommée circus s’inspire, elle, de la forme circulaire du soleil. Ces deux inventions adoptent une façade continue comme pour offrir aux locataires l’impression de vivre dans un palais.

Alignements et verticalité

Tous ces quartiers sont constitués de maisons individuelles de 2 ou 3 étages avec cour ou jardinet.

Les alignements de façades s’articulent ainsi autour de parcs ou squares. Dans les rues moins huppées, les maisons conservent les 2, 3 voire 4 étages mais occupent beaucoup moins de surface au sol. D’où l’impression de maisons verticales dans lesquelles chaque étage correspond à 1 voire 2 petites pièces.

Pour accueillir la domesticité, ces maisons conquièrent le sous-sol plus ou moins aveugle. En effet alors que Paris loge les serviteurs dans les combles, Londres les héberge dans les caves.

Nouveaux quartiers du Londres victorien

Ce modèle urbanistique est alors déployé au travers de nouveaux secteurs de la capitale.

Nouveaux secteurs

Bloomsbury puis bientôt tous les quartiers ouest se parent de cet urbanisme novateur. Entre Regent Street et Buckingham Palace apparait le West-End. Mayfair en constitue un fleuron. Mais bientôt les villages de Kensington, Belgravia se transforment en quartiers huppés. Plus au Nord, le quartier de Marylebone ou celui de Fitzrovia rivalisent avec Bloomsbury.

Royal Albert Hall, la quintessence du Londres victorien

Les grosses maisons de pierre y côtoient les maisons de briques noires. Jardins, squares, allées se multiplient pour aérer la vie de cette élite. Les nombreuses mews (étables, aujourd’hui maisonnettes très prisées) attestent des carrosses utilisés pour le transport de ces familles. Elles témoignent des encombrements de la capitale à la fin du 19e s. Les grosses familles s’enrichissent considérablement et donnent aux rues nouvellement crées les noms de leurs nombreuses familles. Les rues de Bloomsbury évoquent ainsi le duc de Bedford, aussi Marquis de Tavistock et baron Russel. On retrouve ses différents titres au travers des artères du quartier.

Jardins et parcs

Si les maisons sont éloignées de la rue par un jardinet ou un retrait, elles comportent également un petit espace de verdure à l’arrière. C’est que La ville victorienne s’aère considérablement. Des jardins publics ou privés mais communs s’ouvrent. D’immenses parcs sont créés.

Ceux-ci s’ouvrent principalement à l’Ouest de la capitale, pour le bienfait des classes aisées : Hyde park, Holland, Green St James, Holland Kensington. On en trouve également de plus en plus à l’extérieur de la ville dans les nouvelles zones conquises sur la campagne : Richmond, Greenwich, Highgate.

Islington

Ce joli quartier se développe autour d’une antique voie romaine. Les champs et fermes d’origine ont donné naissance à trois grands domaines : Barnbury, Canonbury et Highbury. Amplement lotis au XIXème siècle, ils ont conservé de grands espaces végétaux qui rappellent le passé champêtre de cette zone et son rôle pour approvisionner la capitale en laitages.

Islington, Autour de Canonbury

Le centre de Canonbury s’articule aujourd’hui autour de la plaisante place du même nom, Canonbury square. Son charme quasi provincial attira de nombreux auteurs au début du XXe siècle parmi lesquels Evelyn Waugh et George Orwell. Le côté sud a été construit sur une terrasse pour compenser le dénivelé de cette place construite à flanc de colline. Si l’on ne distingue plus vraiment aujourd’hui le relief dans Londres, il existait en effet encore aux 18 et 19e.

Du domaine de Canonbury, ne subsiste que la tour du manoir et une petite impasse. Au 13ème siècle, les terres dépendaient du Prieuré de St Bartholomé. A la dissolution des monastères au moment de la Réforme, au 16e siècle, les terres passèrent entre des mains privées. Seule la tour subsiste du manoir alors érigé. https://visitesfabienne.org/clerkenwell/

 S’y nichent aujourd’hui une école d’allure victorienne, une jolie demeure avec un jardin ahurissant au cœur d’une grande métropole, une grange. Le tout se situe au sommet d’une colline qui devait dominer les champs au-delà de la limite de la ville. De ces bâtiments témoins de l’ancien domaine, partent des rues en pentes qui rejoignent un étonnant et charmant cour d’eau.

Connu sous le nom de « New river », ce serpent d’eau correspond en fait à un canal ouvert en 1613 par Hugh  Myddleton pour approvisionner la capitale en eau. Bien qu’artificiel et aujourd’hui réaménagé uniquement en promenade, ce canal menait jusqu’aux réservoirs que l’on voit encore sur Petonville street.

En partant vers Newingston, les plaisantes maisons cèdent la place à des constructions plus modestes. Caché derrière la rue Northampton Park le jardin st Paul, nommé St Paul Shrubbery est tout ce qui reste des énormes vergers qui alimentaient la capitale.

Islington, Du côté de Highbury

La rue st Paul mène à Newington green. C’est le long de ce parc que se trouve l’une des rangée de maisons les plus anciennes de Londres du 17e,. Quoique remaniées (la maison du milieu a été rehaussée), assez maladroites, elles constituent la plus ancienne « terrace » de la capitale.

 Le jardin lui-même honore au moyen d’une curieuse sculpture Mary Wollstonecraft, la première féministe anglaise qui dès 1792 réclamait l’égalité des Sexes. Contemporaine d’Olympe de Gouges, elle fut aussi la mère de Mary Shelley auteur de Frankenstein.

Newington, où se trouve une fantastique mosquée turque aménagée dans un ancien cinéma à la façade aux carreaux ottomans, jouxte Highbury. https://aziziye.org.uk/

Highbury Field marque l’épicentre de ce qu’était autrefois ce grand domaine. L’immense parc engazonné et entouré de maisons géorgiennes est désormais un lieu de promenade. Les petits collectifs et maisonnettes alentours ne sont pas les plus prisées d’Islington. En revanche il vaut le coup de pousser jusqu’à la communauté quasi fermée de Aberdeen Park. Cette rue circulaire donne accès à une série de jolies maisons victoriennes et Arts and Crafts. Au centre, l’église st saviour donne un caractère champêtre. Le poète John Betjeman lui a consacré un poème. Il y évoque l’église dans laquelle se sont mariés ses parents et le calme de ce quartier à l’époque déshérité. Effectivement le quartier connut une véritable désaffection après 1860, époque où les premiers transports publics rendaient les campagnes proches de la capitale plus attractives. Néanmoins, depuis les années 1960, on assiste à une nette gentrification. https://www.poetrynook.com/poem/st-saviours-aberdeen-park-highbury-london-n

Plus au nord encore du parc, le grand stade d’Arsenal draine des foules de supporters vers le nord d’Islington

Vers Barnbury

Du sud du quartier émane une atmosphère en revanche bien différente. Le carrefour Angel marque le passage de la ville ancienne aux faubourgs. Les lieux de mauvaise vie se sont peu à peu transformés en théâtres, pubs et cafés soignés et animés. Pour autant, le marché sur Chapel Market a gardé son caractère populaire. On se trouve ici face à une première fourche qui mène vers Liverpool rd à l’ouest de laquelle le quartier s’embourgeoise complètement. C’est d’ailleurs entre Barnard Park et le ravissant jardin de Thornhill qu’habitent aujourd’hui quelques uns des membres les plus importants du gouvernement ou des précédents. C’est aussi au milieu de ces rues calmes arborées et ponctuées de nombreux espaces verts que se trouve l’une des rues les plus étonnantes de Londres, Richmond Street,. Loties par un amateur d’Egypte, chaque maison se voit annoncer par deux petits sphinxes. (https://visitesfabienne.org/legyptomanie-londonienne/

La grande artère se dédouble une nouvelle fois  en Upper street qui mène vers Highbury et Essex Rod le long de Canonbury. Un petit bâtiment à la jonction de Essex road et de la ravissante petite rue piétonnière rappelle que l’on changeait d’équipage avant d’entrer dans Londre. Transformé en supermarché, il tend à se fondre dans l’ensemble des petites échoppes colorées et bondées de High street Islington. Cette ravissante ruelle attire de nombreux français. De là, on peut regagner la new river déjà évoquée.

On peut également remonter vers le carrefour d’Islington, très animé, devant la statue de Hugh Myddleton et se diriger vers l’église Ste Mary. Tout autour un joli jardin mène à un charmant théâtre de marionnettes. Upper Street, bordée de jolis magasins, mène ensuite directement jusqu’à Highbury Fields.

Londres royale

Une promenade très classique pour terminer la trilogie des incontournables. Après Westminster et Whitehall  où nous découvrions les hauts lieux du pouvoir britannique, nous abordons cette fois la Londres royale.

Elizabeth 1 Andy Warhol

Autour de Saint James Palace

 On peut accoler cette promenade à celle consacrée à Mayfair et commencer sur Picadilly, à l’angle du prestigieux hôtel Ritz.

 Juste avant le Ritz nous empruntons la très élégante St James Street où se succèdent clubs privés et fournisseurs de sa Majesté. De petites cours rappellent l’atmosphère de la Londres médiévale. Ainsi Pickering court avec ses colombages se niche derrière une jolie boutique ancienne.

Pickering Place

 La place St James est dominée par le Palais du même nom. De la Résidence royale construite au XVIe s par Henri VIII ont résisté la structure et une grande partie des constructions de briques rouges. Les souverains y résidèrent le plus souvent après l’incendie de Whitehall et ce jusqu’au règne de Guillaume IV. La reine Victoria lui préféra Buckingham Palace, devenu depuis Résidence du monarque. Depuis, le Palais de Saint James accueille réceptions et protocoles.

St James Palace

Au cœur de la construction médiévale en briques, une construction renaissance tranche avec tours et créneaux. La chapelle de la Reine est un chef d’œuvre d’Inigo Jones et pierre angulaire de l’architecture britannique. https://visitesfabienne.org/palladio-a-londres/

Queen’s chapel

Face à cette façade classique, la cour des Frères avec son architecture de brique typique du règne de Henri VIII est un lieu important de la Royauté. C’est ici que se rassemble la garde de sa Majesté. C’est aussi du balcon que sont annoncées les morts et naissances des souverains.

Red Lion Tavern, derrière St James

Le bâtiment classique qui jouxte le Palais sur le Mall porte le nom de Clarence House et héberge le prince de Galles. Le Mall relie Trafalgar Square et le Palais de Buckingham. Elle est le lieu des grands défilés protocolaires.

Buckingham Palace

Au-delà du Parc Saint-James et de Green Park, on atteint la Résidence de la reine.

George III acheta la maison de Buckingham en 1761. George IV chargea l’architecte John Nash de transformer la maison de la Reine en un palais au début du XIXe s. Il ne devint résidence royale que sous Victoria en 1837.

Cet immense édifice peut se visiter l’été lorsque la famille royale se retire à Balmoral.

Vermeer à la Queen’s Gallery

En revanche, on peut visiter toute l’année les Ecuries Royales. On peut également se régaler de peintures à la Queen’s Gallery. Cette pinacothèque offre de très belles expositions. La collection permanente tient en 3 grandes salles. On y admire quelques œuvres magnifiques, des vedutistes mais surtout un remarquable regroupement d’œuvres de Rembrandt, parmi lesquels deux autoportraits, à 34 et 65 ans ainsi que le portrait de l’armateur et de son épouse. Parmi les chefs d’œuvre, un autoportrait de Rubens révèle une facture exceptionnelle. Sa qualité picturale le fait ressortir dans une galerie de grande qualité. Outre les magnifiques Rubens et Rembrandt, on admire la jeune femme au Virginal de Vermeer, Jan Steen et tant d’autres.

autoportrait de Rembrandt

 (ceci étant à choisir entre la fabuleuse collection de la NG gratuite et celle-ci il n’y a pas hésitation.)

autoportrait de Rubens

Pour parachever notre découverte de la Londres royale Windsor.

Hampton Court , Tower of London et Victoria en ses quartiers que j’aborderai bientôt

Whitehall

Pour faire suite à mon article sur Westminster, https://visitesfabienne.org/westminster/ je vous propose maintenant de remonter Whitehall. Cette rue « du Parlement » a beau être le lieu le plus fréquenté des touristes, on peut encore y découvrir des surprises. En quittant les quais de la Tamise et tournant le dos au Parlement mais aussi à la place du même nom, nous allons remonter Parliament Street, épicentre du gouvernement britannique.

Pourquoi Whitehall ?

Que la rue porte le nom de Parliament Street on le comprend aisément puisque les bâtiments publics de la monarchie britannique la bordent.

 En revanche le vocable de Whitehall nous rappelle qu’ici se trouvait l’énorme Palais de Henri VIII disparu dans l’incendie de 1698. Le roi avait réquisitionné la magnifique résidence du Cardinal Wolsey pour la faire sienne. Les façades de pierre contrastaient avec la brique des constructions de la capitale. https://www.hrp.org.uk/banqueting-house/history-and-stories/the-whitehall-fire-of-1698/#gs.cjxkz8

  Aujourd’hui, le terme de Whitehall désigne le Gouvernement britannique, au même titre que l’ « Elysée » désigne la présidence française.

Parliament Street est aussi surnommée le corridor parlementaire. En la remontant, on longe les ministères de la culture, puis des finances. La petite rue sur la gauche qui débouche sur St James Park mène au cabinet de guerre de Winston Churchill.Ceux-ci se visitent pour un prix extravaguant. https://www.iwm.org.uk/visits/churchill-war-rooms Un peu plus loin sur Parliament street, les grilles bondées annoncent Downing street, résidence au 10 du premier ministre (PM) et au 11 du chancelier de l’échiquier (ministre des Finances). Il est aujourd’hui quasi impossible de distinguer la fameuse maison de brique dont le premier locataire fut Robert Walpole.

En revanche, le cabinet du PM s’étend largement le long de Whitehall, faisant face au ministère de la Défense. Au centre de l’avenue, deux monuments aux morts rappellent le soldat inconnu (le cénotaphe) et le rôle des femmes durant la GM2.

On accède alors à Horse Guard, siège de la garde montée de sa majesté. Amateurs de chevaux, parades, guerres et autres uniformes, ici aussi un musée s’offre à vos yeux ébahis : https://householdcavalry.co.uk/museum/

La Banqueting House, seul vestige de Whitehall

Je vous conseille de traverser la rue pour admirer la fantastique façade de Banqueting House. Ce magnifique édifice est quadruplement important dans l’histoire de Londres. En effet, il fut le premier bâtiment de la Renaissance dans la capitale . Construit en 1626 par Inigo Jones il devait apparaitre comme révolutionnaire dans la ville de briques et colombages qu’était alors Londres. https://visitesfabienne.org/palladio-a-londres/

Banqueting House

 Il est d’ailleurs le seul survivant du magnifique palais « Whitehall » de Henri VIII. En outre c’est la seule maison royale de banquets qui nous soit parvenue du 17es.  En réalité, outre les banquets c’était surtout un lieu de réunions et de plaisirs.

Enfin c’est devant ces fenêtres que le seul roi assassiné de l’histoire d’Angleterre. Charles Ier (dont on voit le buste au-dessus de la porte) y perdit la tète en 1649. Ce roi, amateur d’art éclairé, commissionna d’ailleurs les fresques du plafond à Rubens. Si vous adorez Rubens, vous pouvez vous offrir la visite : https://www.hrp.org.uk/banqueting-house/#gs.cm7a49

De Banqueting House, le regard se porte désormais sur Trafalgar Square, annoncée par la colonne de Nelson. D’ici on peut alors remonter vers la place en passant juste devant la bizarre statue équestre de Charles Ier revenue après la guerre civile et la restauration et érigée à l’emplacement d’une croix (la fameuse Charing cross qui a donné son nom à la gare voisine) .

Banqueting House, seul vestige de Whitehalll


Au contraire, on peut retraverser et passer sous le bâtiment de la garde montée, traverser la champ d’entrainement le long du ministère du commerce extérieur, contourner le bunker face au monument aux soldats de la GM1 dans st James Park. On contourne alors ce blockhaus recouvert de vigne vierge pour rejoindre l’arche de l’Amirauté, a priori bientôt transformée en Hôtel de luxe.

Horse Guards Field

Trafalgar Square

Cette arche, dont l’arcade centrale ne peut laisser passer que des membres de la famille royale, s’ouvre néanmoins aux coureurs du Marathon de Londres. Elle débouche sur Trafalgar Square dont la colonne surmontée par l’amiral Nelson sert de point de départ à toutes les grandes manifestations. C’est également sur cette place que se trouve le point zéro des routes anglaises. De grandes institutions la bordent, comme l’église Saint Martin des Champs ou la National Gallery où je vous convierai bientôt.

colonne Nelson sur Trafalgar square

Petit clin d’oeil, on y voit également le plus petit commissariat du pays, caché dans une guitoune :

Commissariat de Police sur Trafalgar Square

Rarement en manque d’humour, la mairie confie d’ailleurs à des artsites contemporains le soin d’orner le socle laissé libre face à la statue de Georges IV.

The End, sur la place Trafalgar

Saint-Pancras

En carafe à Saint-Pancras, je vous propose quelques idées de balades. Plus précisemment j’inaugure ici une petite série sur les quartiers de gares. Aujourd’hui donc commençons à l’arrivée de l’Eurostar, à la gare Saint-Pancras, du nom d’un martyr chrétien.

Saint Pancras Station

Car les métros et trains prennent parfois du retard à Londres. C’est même le moins que l’on puisse dire. Et les trains ne sont pas toujours à l’heure. Ce malgré leur numérotage amusant. Au Royaume-Uni en effet, les trains ne sont pas désignés par un numéro ou un petit nom mais par leur horaire présumé de départ. C’est ainsi que le 10.02, s’il accumule du retard, peut partir bien après le 11.15.

Train et métro même combat.

On est donc parfois obligé de passer plus de temps que prévu aux abords des gares.

Le voyageur de Saint Pancras

Or les gares situées en périphéries de la ville victorienne lors de leur construction sont reliées entre elles. Ainsi, la Metropolitan line, creusée en 1863, relie les gares du Nord. Elle dessert notamment Euston, Saint-Pancras, Kings cross, Farringdon et Liverpool Street. C’est aussi la première ligne de métro de la capitale, et du monde,

 L’idée consistait ensuite à relier cette ligne à une ligne circulaire (la Circle line) pour rallier facilement les autres gares. Le Musée des Transports propose à ce sujet de belles explications.https://www.ltmuseum.co.uk/collections/stories/transport/metropolitan-line

Tendres retrouvailles à Saint-Pancras

Que vous disposiez d’une demi-heure ou de 2 heures, il y a forcément de quoi explorer autour des nœuds ferroviaires, avec en prime la possibilité de profiter des très chères consignes !

Autour de Saint-Pancras et King’s Cross

Là c’est facile, les deux gares se jouxtent et partagent une belle esplanade où écouter de petites formations musicales. On peut aussi grignoter un sandwich, se laisser envahir par la rumeur de la ville.

Harry Potter à King’s Cross

Si vous n’avez que 5mn et que vous adorez Harry Potter, ne manquez pas la pancarte platform 9 ¾. C’est le point de départ du Hogwarts Express juste à côté de la boutique. Les scènes d’extérieur ont en revanche été tournées devant le bel hôtel victorien Saint Pancras.

Pour les férus d’archéologie, une légende raconte que la tombe de la fameuse Reine Boudica se trouverait sous le quai 13. https://londonist.com/2016/08/is-boudica-buried-in-london

Si vous appréciez l’architecture et ne disposez que peu de temps, profitez-en pour admirer l’hôtel st Pancras, merveille victorienne. Vous pouvez également vous amuser des sculptures de la gare. Amoureux d’architecture encore, le toit réticulé de John Mc Aslan à King’s Cross redessine la gare depuis 2012 et vaut le détour.

Le magnifique toit de King’s cross

Vous disposez de plus de temps

Si vous disposez d’au moins 30/45mn, vous pouvez remonter derrière le Gymnasium, ancien lycée allemand reconverti en bar à bière. De ce point, entre les deux gares, on rejoint le canal. Tout autour,s’est monté ces dernières années un magnifique centre commercial aéré avec petit marché gourmand. Pas la peine donc de rester enfermé dans la gare pour un sandwich insipide.

Le canal derrière Saint Pancras

Si vous avez vraiment un moment à tuer entre deux correspondances, direction la ravissante vieille église de St Pancras en redescendant le long du bassin sur St Pancras Road. A ne pas confondre avec la New Church plus près de Euston. cette jolie église de campagne reconstruite à la période victorienne a conservé des vestiges romans ainsi que son charmant cimetière. Y est enterré John Soane le grand architecte et collectionneur. Ce mausolée un peu pompeux serait à l’origine du dessin des fameuses cabines téléphoniques rouges.

Eglise Saint Pancras

Un peu plus loin, des tombes s’entrelacent autour d’un arbre, rassemblées lors de la réfection de l’ensemble par le célèbre romancier, architecte de formation, Thomas Hardy, au moment de la construction des gares.https://stpancrasoldchurch.posp.co.uk/history/church-history/

Non loin, se trouve également la Bibliothèque Nationale, avec de belles expositions. La galerie permanante offre à la vue de magnifiques manuscrits et un rare exemplaire des quatre originaux de la Magna Carta.

Bibliothèque Nationale

Si vous disposez d’une demi-journée, libre à vous de continuer votre balade le long du canal pour rejoindre l’animation de Camden Town.

Le canal derrière Saint-Pancras