Léonard de Vinci et la France

Né près de Florence en 1452, Léonard de Vinci est reconnu de son vivant comme l’un des artistes et savants les plus accomplis. Formé en tant qu’artiste à Florence, il part travailler comme ingénieur à Milan et sera appelé à la fin de sa vie en France, où il mourra, par le roi François 1er.  Il y laisse un héritage exceptionnel tant dans les collections que dans les esprits. Il est en effet considéré comme le père de la Renaissance française mais aussi comme l’incarnation de la Renaissance, voire comme un génie universel.

1/ Un savant exceptionnel et universel

L’observation au service d’une curiosité insatiable

L’œuvre créatrice de Léonard de Vinci part d’une observation attentive du monde environnant et des éléments qui le composent. Il s’agit de comprendre des fonctionnements, des phénomènes avant de chercher à les décrire tout en les perfectionnant.

Ses domaines de recherches sont très divers : anatomie, biologie, géologie, astronomie, mais aussi l’optique, la météorologie ingénierie, physique, mathématiques. Il accompagne ses observations de schémas d’une précision inégalée. L’aboutissement de cette recherche scientifique se retrouve ensuite dans son application artistique.

Ses constructions en France témoignent de son incroyable maîtrise technique

Chateau de chambord

Il considère la technologie comme un accomplissement majeur de l’homme. Il met au point toute sorte d’appareils dans tous les domaines. Il porte une attention particulière aux instruments de mesure (horloges, hygromètres, compas…). Il part de modèles existants qu’il s’efforce de perfectionner notamment pour mesurer le temps, maitriser les airs et l’eau. Pour chaque domaine, il s’appuie sur une parfaite maîtrise de la physique et des mathématiques et élabore des machines ingénieuses et novatrices.

II/ Un artiste sans égal

Cette connaissance scientifique n’est jamais une fin en soi et doit servir à une application artistique qu’il veut parfaite.

La peinture

Lorsqu’il entre dans l’atelier de son maître Verrochio vers 1467, il reçoit une formation centrée sur les arts de la peinture, de la sculpture et de la décoration. Il aborde tous les genres au cours de sa carrière. Cependant, on ne peut attribuer avec certitude qu’une quinzaine d’ouvrages à cet artiste car beaucoup ont été perdus, détruits ou sont restés inachevés. Le petit nombre d’œuvres sûres qui lui ont été attribuées suffisent tout de même à construire sa réputation de génie de la peinture.

Plus que la maîtrise de la composition géométrique, de l’affinement du contour, cette réputation se bâtit sur deux innovations qui marquent ses contemporains. La première concerne la manière de peindre les visages où Léonard de Vinci parvient de manière surprenante à traduire le sentiment, l’émotion et à faire percevoir l’indicible. L’autre innovation concerne l’arrière plan : il passe du dessin appuyé à ce que l’on nomme le sfumato (évanescent ou enfumé en italien) qui noie les contours de la scène dans la vapeur de l’air. Cette manière de peindre se retrouve particulièrement dans son œuvre maîtresse, Portrait de Mona Lisa (La Joconde), peinte en 1503-1505 et exposée au Louvre.

2. et le dessin…

Le dessin constitue l’apport le plus riche et le plus convaincant de l’artiste. Contrairement à la peinture, l’œuvre en dessins est d’une grande diversité : représentations d’instruments et de mécanismes, croquis spontanés et commentés, dessins appuyant des démonstrations mathématiques, esquisses préparatoires aux tableaux… Tous traduisent l’intérêt esthétique de l’artiste. Ses carnets par leur diversité témoignent d’un souci de l’esthétisme mais aussi d’une technicité exceptionnelle, ainsi que de fantaisie et d’originalité

3. Architecture et sculpture

D’ambitieux projets sont menés par Léonard de Vinci dans ce domaine. Il maitrise aussi bien l’architecture civile que militaire. Il projette et supervise des chantiers très variés : châteaux, travaux hydrauliques, canaux, aménagements portuaires, forteresses. Ce jusqu’à prévoir une cité idéale.

III/ Léonard, Homme de cour

La réputation de Léonard de Vinci mais aussi sa capacité à organiser et mettre en scène des fêtes somptueuses et son charisme personnel lui permettent de fréquenter les plus grands souverains qui l’accueillent à leur cour et lui offrent protection.

En Italie, la recherche d’un prince mécène et protecteur

Désireux de créer en toute liberté, Léonard recherche la protection des puissants. Après un séjour à Milan de 1482 à 1489 auprès du duc Ludovic Sforza, avant de retourner à Florence et devenir architecte militaire de César Borgia en 1502. A Rome il travaille pour Julien de Médicis, frère du pape Léon X.  A partir de 1506, il partage son temps entre Milan, où il est cette fois au service des Français. Partout, il fascine par son savoir, mais aussi son charme et par l’originalité de sa pensée.

Le protégé du Roi de France

Pendant les guerres d’Italie, François Ier est séduit par l’art italien et invite en 1517 son plus éminent représentant, Léonard de Vinci, auquel il offre tous les moyens matériels et le titre de « premier peintre, ingénieur et architecte du roi ». Il lui offre le manoir de Cloux. Face au château royal d’Amboise, qu’il transforme. Pour Léonard de Vinci, c’est l’occasion d’achever sereinement sa vie, « libre de penser, rêver et travailler ». Il devient un interlocuteur privilégié et admiré du roi et de la cour. Il y meurt en 1520 avec les honneurs dignes d’un souverain. Sa légende de génie universel, née de son vivant, se diffuse à travers la Renaissance avec un culte tout particulier en France où il rentre dès sa mort dans les collections royales.

https://www.louvre.fr/expositions/leonard-de-vinci

Léonard de Vinci est donc l’un des plus grands génies de tous les temps. À la fois artiste (dessin, architecture, littérature) et notamment peintre (La Cène, La Joconde…), scientifique (géologie, botanique, anatomie…), inventeur (projets de machines comme l’hélicoptère ou le sous-marin), il aborda tous les domaines de la connaissance et marqua son époque. Homme influent qui côtoya les puissants (parmi eux, François 1er), il est marqué par la philosophie humaniste. Tous ces aspects ont fait de lui l’Homme de la Renaissance. La France lui voue un culte tout particulier .

Street Art de la contestation à la gentrification

Le Street Art est à la mode… Mais qu’est-ce que le Street Art ?

Des murs de Pompéi à Kilroy…

Les sites internet en français peinent à traduire l’histoire à la fois ancienne et très récente des graffitis et du Street art. Si la contestation sur les murs remonte à l’organisation même des cités, le passage de cette forme d’expression publique à un art remonte selon les sources anglo-saxonnes à la seconde guerre mondiale et au « Kilroy was here », une esquisse en forme de Shadock attestant du passage des G.I. C’est surtout l’invention de la peinture à la bombe, dans les années 1950, qui explique la mutation du graffiti le plus souvent contestataire, simple signature (tag) , ou message plus complexe aux décorations du métro new yorkais dans les années 1970, à un art de rue plus sophistiqué. Comme souvent, le progrès technique est à l’origine de nouvelles formes d’art.

https://www.waymarking.com/waymarks/WM4F0R_Kilroy_Was_Here_World_War_II_Memorial_Washington_DC

En effet, dans les années 80, les tags géants laissent la place à des créations conceptuelles telles celles de Keith Haring ou Jean-Michel Basquiat.  D’emblée, les Street artists (puisque le terme français d’artiste de rue ne signifie pas du tout la même chose, je suis obligée de rester sur la dénomination anglophone) affirment leur opposition à l’institution muséale, reprenant en cela la volonté meurtrière (musicide ?) des futuristes italiens des années 1910. L’idée étant d’ouvrir l’art à tous, il faut bannir ce qui les isole.

Pour mieux comprendre l’histoire du Street art, je vous propose ce Ted Talk

https://ed.ted.com/lessons/a-brief-history-of-graffiti-kelly-wall

Contestataire, rapide, éphémère…. l’impermanence du Street art

Aujourd’hui, le Street art s’est affirmé comme un art à part entière mais caractérisé par un message souvent protestataire politiquement ou socialement. S’il exprime le plus souvent les tensions du moment, il a gagné dans sa dimension esthétique mais aussi technique puisqu’il recourt aussi bien au pochoir, qu’au dessin à main levé, aux installations, aux collages, à la mosaïque Toutes techniques qui, préparées, peuvent être déployées rapidement pour surprendre mais pas forcément  durer. Choquante, interdite, illégale, la protestation ne tient pas toujours longtemps.  Jalousée, critiquée, dénoncée, elle peut être effacée, recouverte du jour au lendemain.  Cette notion même de fragilité offre paradoxaleme aux œuvres leur éphémère notoriété

 Mais déployé dans un espace public, le Street Art pose des problématiques nouvelles sur le statut de l’artiste et de son art, comme celle de la propriété des murs, de l’œuvre elle-même, des droits mais aussi sur la commercialisation de l’œuvre et sa pérennité, sa protection. Inscrites dans un espace libre et non protégées, ces créations sont en effet sans cesse menacées de destruction.

The Rose trap, un Bansky protégé par une vitre mais attaqué par la moisissure..

Vers la gentrification

Pourtant, alors que le Street art est de plus en plus reconnu, les artistes de plus en plus célèbres il trahit ses origines et ses objectifs. Contestataire à l’origine, considéré comme un acte de délinquance, le Street art est en passe de gentrification et est de plus en plus apprécié et respecté à défaut d’être approuvé par le législateur.

Take the money de Bansky, recouvert puis nettoyé

Ce qui pose d’autres questions sur l’œuvre et son créateur : l’artiste se dévoie-t-il de sa mission contestataire initiale s’il se met à vendre ? Le Street art est-il une atteinte à la propriété d’autrui ou permet-il de donner une meilleure visibilité ? En effet il permet d’améliorer certains quartiers, bâtiments, ce qui le rend acceptable voire souhaitable au titre d’embellissement de l’espace public.

Captain Jamaica à la rescousse du quartier en péril de Saint-Paul, Bristol

On est passé du vandalisme à la reconnaissance, et le même public autrefois choqué, suit maintenant à la trace les dernières « œuvres ». Les artistes deviennent les guides de ce qu’on leur reprochait comme acte de délinquance. Et leur reconnaissance tient paradoxalement à leur marginalité. Tel Bansky dont l’invisibilité tient lieu de visibilité. Son anonymat aiguise la polémique.

Pour mieux appréhender le phénomène, comprendre comment travaillent les Street artists, mais aussi voir combien ils se jouent du marché de l’art, je vous conseille l’excellent (faux) documentaire

 Exit through the gift shop http://www.banksyfilm.com/

Place de la Vieille Ville

La Havane présente quelques originalités urbanistiques. L’une de plus notables consiste en sa multipolarité. Du coup, la Place de la vieille-Ville fait partie d’un dispositif de cinq places qui se partagent les fonctions administratives, commerciales et politiques et religieuses.

http://visitesfabienne.org/wordpress/cuba/la-havane-2/les-4-places-principales-de-la-vieille-havane/

Une Place Neuve pour la Vieille Ville

 En effet, La Havane diffère d’autres villes coloniales, régies par les ordonnances de Philippe II de 1573. Car le quartier historique ne s’organise pas autour d’une seule place centrale mais de cinq places qui se répartissent les pouvoirs.

De fait, ces ordonnances émises au moment de la colonisation, encadraient la fondation des villes du Nouveau Monde. Elles en précisaient le tracé en damier, la dimension des pâtés de maison. Mais aussi la largeur des rues, l’emplacement des édifices religieux et civils. Ainsi, on planifia la place Neuve dès 1559 dans un but résidentiel uniquement. On n’y voit donc ni église, ni bâtiment administratif. Ceci aussi était exceptionnel. L’idée était de désengorger la place d’Armes désormais occupée par la construction de la Forteresse Royale. Ce nouvel espace devait abriter l’aristocratie créole. Pour ce faire, on lui donna une forme quasi rectangulaire, avec la possibilité d’édifier quatre immeubles sur chaque coté.

Une place civile et commerciale

Au XVIIe siècle, on la réaménagea pour lutter contre les inondations. Apparurent alors quatre maisons de deux étages, à façade baroque sur colonnades. Le rythme de construction s’accéléra au siècle suivant alors que la vocation de la place devenait commerciale et récréative. Les neuf maisons nouvellement construites suivaient le prototype de la maison noble havanaise avec vaste portail d’entrée, patio et galerie intérieure, colonnade extérieure, plafonds à la mudéjare. Au centre de la place, se succédaient cérémonies, fêtes et marché. En effet, les franciscains jugeant inadéquate la tenue de ventes devant leur église avaient demandé à ce qu’une autre place soit affectée au grand marché de la Havane.

https://www.facebook.com/Vitrina-de-Valonia-1591386391098088/

Au XIXème siècle, la place du Christ, plus récente, accueillant un marché, la Place Neuve fut renommée (Royale, grande, du Marché, Ferdinand VII, de la Constitution avant de devenir « Vieille »). On y construisit de nouvelles habitations, de style éclectique voire Art Nouveau.

Rénovation de la Vieille place

La place souffrit au cours du XXe siècle. La municipalité la transforma même en parking au milieu du siècle. Puis l’ONU et l’Union européenne subventionnèrent sa restauration dans les années 1990. Elle était alors devenue insalubre. Les immeubles étaient occupés par des taudis avec sanitaires communautaires.

On commença par démolir le parking et reconnecter la place au reste de la ville, on restaura la fontaine de 1709 en l’entourant d’une grille pour mettre fin aux baignades. Des cafés, restaurants et boutiques s’y installèrent alors, mais aussi des musées (celui des cartes à jouer, le planétarium, la photothèque et la Camara Oscura un ingénieux dispositif optique d’où l’on jouit de très belles vues du haut de la tour de 35m) le Centre Culturel belge mais aussi une école et le Palais Cueto, l’exemple le plus achevé d’Art Nouveau de la Havane. Elle est aujourd’hui un lieu de vie typique de la vieille Havane où se côtoient touristes et élèves en cours de sport.

http://cubacoop.org/spip.php?page=article&id_article=87&lang=fr

Chypre

Chypre, l’île d’Aphrodite a tout misé ou pratiquement sur le tourisme pour se redresser après l’invasion de 1974 puis la grosse crise financière de 2008. Pourtant, si elle promeut ses plages et son soleil, les merveilles archéologiques et byzantines, mais aussi gothiques et romaines sont bien souvent oubliées par les héliophiles venus en masse de Russie ou du Royaume-Uni.

L’ile à la croisée de trois continents a forgé son identité au gré des vagues migratoires successives. Elle offre donc des vestiges riches et divers.

http://www.kypros.org/Chypre/chypre_hist.htm

Une histoire tri-millénaire

  • Dès le dixième millénaire avant notre ère, des hommes se sont installés puis ont apportés vraisemblablement du croissant fertile la néolithisation.
  • Vers le cinquième millénaire se met en place la civilisation chalcolithique, fondée sur exploitation du cuivre qui donnera son nom à l’ile (Kyprum). On voit apparaître rites de fertilité et idoles. Les échanges s’accélèrent à l’âge du Bronze au troisième millénaire.
  • C’est au bronze tardif que se développe véritablement l’ile. Avec les colons minoens puis mycéniens, la culture grecque se diffuse tant dans les cultes religieux que dans l’écriture, la langue et l’art. Au tournant du premier millénaire, des cités royaumes se mettent en place qui survivront aux migrations des Assyriens, des Phéniciens, des Perses puis des macédoniens.

Des vagues d’invasion successives

  • Au 4e siècle avt JC, La dynastie des Ptolémées achève hellénisation alors que politiquement Rome puis Byzance (après le 4e siècle ap JC) dominent. C’est à cette période que Chypre devient chrétienne. Évangélisée très précocement, elle rentre dans la sphère de l’église d’Antioche et y restera jusqu’au 12e siècle lors de la conquête franque.
  • En pleine croisade, Chypre passe entre les mains d’une dynastie française qui régnera pendant trois siècles (1191-1489)
  • Venise domine un siècle (1489-1571) l’ile qui tombe entre les mains des Ottomans
  • Il faut attendre 1878 pour que l’étau turc se dessère et que les Anglais annexent l’île à laquelle ils n’accorderont l’indépendance qu’en 1960.

Depuis, Chypre a connu une partition traumatisante à la suite de l’invasion d’un tiers de son territoire par l’armée turque.

Elle a placée de grands espoirs en son adhésion à l’Europe en 2004 mais se sent aujourd’hui toujours menacée.

Lagoudera, la Chapelle Sixtine des Troodos

L’église de la Panayia Araka de Lagoudera est l’une des 10 églises chypriotes classées sur la liste de l’UNESCO.

Une église de campagne en forme de grange

Perdue dans la montagne, elle ressemble de l’extérieur à une grange avec son toit à double pente et une galerie à claire-voie.

une toiture double pour abriter des chutes de neige et de pluie mais aussi pour dissimuler le culte orthodoxe alors que l’île devient franque et latine

La petite église au plan cruciforme a été agrandie. Sa paroi ouest n’est pas décorée mais tout le reste du sanctuaire offre une remarquable homogénéité picturale.

En effet, les fresques du 12es présentent un des exemples les plus aboutis de l’époque des Comnènes. Une inscription au dessus de la porte Nord précise la date des peintures 1192 et le nom du donateur. L’artiste byzantin a donc peint ces fresques à un moment charnière de l’histoire chypriote, lorsque l’ile est passée entre les mains franques.

Pour des détails historiques, vous pouvez lire : http://visitesfabienne.org/wordpress/chypre-lile-daphrodite/

Un ensemble de fresques exceptionnel

Quelques scènes sont d’une qualité exceptionnelle. Ainsi, le Pantocrator de la coupole domine de manière majestueuse le petit sanctuaire. Sur le tambour se détache une hétimasie (trône vide dans l’attente du retour du Christ) ainsi que les apôtres. Sur le mur Sud, on voit la Vierge Arakas « du pois » qui a donné son nom à l’église. Vêtue de rouge, elle se tient debout devant le trône vide. Des anges l’entourent et portent les instruments de la passion.

La Vierge du Pois

Sur l’intrados du chœur, l’archange Gabriel de l’Annonciation est d’une légèreté et d’une élégance remarquables. Au dessus de la Vierge d’Arakas, une Dormition, classique représentation de l’Assomption de la Vierge, montre le Christ tenant dans ses bras l’âme maternelle figurée par un bébé.

L’Ange Gabriel, l’une des merveilles du style des Comnène

Sur la même paroi, la nativité conjugue sur la même scène la naissance du Christ, l’arrivée des rois mages . Au premier plan, Joseph se tient pensif et Salomé lave le nouveau-né.

Sur le mur Nord, l’Anastasie correspond à la descente aux enfers, le Christ rompt les serrures et emmène avec lui Adam et Eve. La scène très impressionnante est typique de l’iconographie byzantine ; tout comme l’est le baptème du Christ qui le montre totalement nu et immergé dans l’eau du Jourdain. La dernière représentation typique de la manière byzantine s’inspire des Evangiles Apocryphes, et plus précisément du Proto-évangile de Jacques et illustre la présentation de Marie au Temple. Marie, petite fille, est suivie par trois jeunes filles juives richement parées. Leurs vêtements et bijoux montrent l’influence  de la capitale des Comnène sur la peinture chypriote du 12e siècle.

l’Anastasie, version byzantine de la descente aux enfers

Comment s’y rendre ?

Depuis Limassol compter 1h30 de route, sur le chemin il est possible de s’arrêter à Pelendri pour y visiter l’église principale du village, la Katoliki connue pour ses icones ainsi que l’église de la Sainte Croix au remarquables fresques du 14es (époque des Paléologues) avec un cycle marial quasi complet.

Une journée à Paphos

Premier article d’une petite série pour découvrir Chypre… Je vous propose de commencer par la découverte de Paphos.

avec tous mes remerciements à MC Lefevre pour ses photos…

Pourquoi aller à Paphos ?

Mosaique dite du Labyrinthe dans la maison de Thesee

Paphos, fondée au 4e s avant notre ère devint capitale de Chypre à l’époque Ptolémaique en raison de sa proximité avec Alexandrie. Elle succédait ainsi à Palaipaphos dont les vestiges remontent à l’âge du bronze (12e s avant notre ère). La ville connut son apogée à l’époque romaine avant d’être ravagée par des tremblements de terre. Elle se dégrada peu à peu jusqu’à l’arrivée des britanniques en 1878. Appréciant le climat, ils assainirent la région et la redynamisèrent pour en faire une station balnéaire florissante.

Qu’y a-t-il à voir?

  • Les merveilles gréco-romaines de Néa-Paphos, avec notamment les fantastiques mosaïques des villas du 2e (villa de Dionysos) et 4e siècles de notre ère (villa de Thesée, certainement résidence officielle du proconsul romain).
  • Je vous recommande d’ailleurs les sites très bien faits mis en place par le gouvernement chypriote dans le cadre de la politique européenne (programme Eden).
  • https://www.visitcyprus.com/index.php/fr/discovercyprus/culture-religion/sites-monuments/item/239-parc-archeologique-de-kato-pafos
  • L’étonnante nécropole, d’époque ptolémaique. Chaque tombeau dit royal, en raison de sa taille, s’ouvre par un dromos sur un atrium avec un puit pour la purification des morts et des loculi pour les sacorphages.
  • L’immense basilique Paléochrétienne Chrysopolitissa avec le pilier contre lequel fut flagellé Saint Paul. Une seconde basilique plus petite fut reconstruite puis une petite église byzantine après les raids arabes des 7e, 8e et 9e siècles
  • Le site antique de Palaipaphos, méconnu et isolé, remonte au 12es avant JC. Les quelques rares vestiges romains y montrent la continuité du culte d’Aphrodite. Le lieu fut abandonné au 4es avec la christiannisation de l’ile et réutilisé par les Lusignan. Cette famille franque régnante à Chypre du 12e au 15e siècles en fit un centre sucrier. Le manoir montre des vestiges de cette longue présence humaine.
  • Le musée des Icônes de Yeroskipou, tout neuf et totalement inconnu, montre une belle collection d’icones, parmi lesquels la plus vieille image sainte de Chypre « Ayia Marina » et un curieux St Jean l’Egyptien à l’oreille percée
La basilique Chrysopolitissa

Combien de temps prévoir ?

  • Il faut compter 2 bonnes heures pour apprécier pleinement les mosaïques des villas du Parc archéologique, davantage pour découvrir l’ensemble du site, les restes d’Odéon, l’Asklepion…
  • Et 1 bonne heure pour chacun des autres sites.

Miramar

Le quartier de Miramar a été planifiée et initiée en 1918 pour accueillir la migration de la classe aisée du centre de la Havane vers des zones plus aérées.

Un quartier planifié

Au début du XXe siècle, un immense projet d’urbanisation dépassait le pont levant à l’extrémité du Malecon. Il comprenait 4 avenues longitudinales et 19 rues transversales plantées d’arbres, jardins, parcs et fontaines.

foto-buste John F. Duncan se chargea du plan d’urbanisme entre 1921 et 1924. Cet architecte New Yorkais planifia le tracé et la dénomination des rues. C’est pourquoi une 5eme avenue s’étend du Rio Almendares jusqu’à la seconde rotonde et au-delà jusqu’au faubourg de Santa Fe. Elle devient  alors la route panaméricaine pour mener au port de Mariel. On peut encore voir l’influence de Manhattan se dans les patés de maisons rectangulaires comme des blocs. Depuis sa fondation en 1930 sous le nom d’avenue des Ameriques, la 5eme avenue est bordée des plus beaux exemples d’architecture de la Havane.

Un quartier aéré et résidentiel

Dès le débouché du pont levant, transformé en tunnel en 1959, on tombe face à deux symboles du Municipe de Playa : La Fontaine des Amériques et la Tour de l’Horloge. Le son de cette dernière reproduisait celui de Big Ben. Elle est aujourd’hui arrêtée. Une bande piétonnière arborée suit le centre de l’avenue. En effet, les constructeurs ont dès l’origine voulu garantir 40% d’espaces verts pour ce nouveau quartier. Car, l’idée était de garantir un lieu residentiel pour les familles aisées. On voulu aussi proposer des maisons avec des jardins et des plages privées. On chercha à créer des espaces de récréation : clubs, golf, yacht club. Le développement du quartier correspond à la periode dite danse des millionaires (1918). C’est la période où le prix du sucre était au plus haut du fait de la destruction des usines betteravières en Europe à cause de la guerre.

devenu quartier des étrangers

Dans ce contexte de prospérité cubaine, on construisit de somptueux maisons et palais inspirés de la renaissance italienne et française. Mais aussi de magnifiques exemples art-déco. Ces constructions émanaient d’architectes sortis de la toute nouvelle école d’architecture fondée en 1910. De grandes églises complétèrent le quartier dans les années 1940-50 : l’église du Jesus romano byzantine, Santa Rita de Casia (entre 5ta y 24) ainsi que le sanctuaire de Saint Antoine de Padoue.

Aujourd‘hui la 5eme Avenue est bordée de missions diplomatiques, ambassades, instituts culturels et représentations commerciales mais aussi de zones de loisirs (stades, coney Island Park, hotels et paladares). En revanche, les détritus ont envahi le bord de mer, jadis aménagé au moyen de grandes piscines naturelles et de clubs. De nombreuses constructions tombent en ruine. Des petits chantiers se multiplient néanmoins et les restaurations et ouvertures de cafés et restaurants branchés redonnent vie au quartier.

foto-maisonDes visites et des loisirs

En sortant du tunnel, la première maison visible, la maison aux tuiles vertes, inspirée par l’architecture allemandes, a été construite en 1921 pour Alberto de Armas. En 1943 Luisa Rodriguez d’une famille aisée de musiciens de Barcelone, reprit la maison lors de son mariage. A sa mort en 1999, l’Etat récupéra la maison complètement délabrée faute d’argent,  de soins et en raison de nombreuses innondations et vidée de ses meubles. Il la restaura et l’ouvrit au public en 2009. Prix de restauration national,  elle est aujourd’hui maison des architectes, des urbanistes et accueille expositions, artistes et rencontres dans ses salons du rdc.

https://www.facebook.com/casatejasverdes

Un fantastique musée, unique en son genre se trouve non loin de là :

De la Révolution à la Dénonciation

foto-carlomarEncore plus loin, juste avant la zone hôtelière, on peut s’arrêter à l’aquarium de la Havane.

Miramar n’est pas seulement un quartier de visites mais un lieu de promenade et une jolie zone d’habitation avec les 4 collèges internationaux : Ecole francaise, Ecole internationale, ecole espagnole, Ecole russe mais aussi nombre de petits restaurants et cafés.

On y trouve également des lieux de spectacle, comme le don Cangrejo, la casa de la Musica (que je ne recommande pas) et surtout l’extraordinaire Théatre Karl Marx où se donnent rendez-vous les comiques, chanteurs à la mode…

https://en.wikipedia.org/wiki/Karl_Marx_Theatre

Les Jésuites à la Havane

Ne cherchez pas les Jésuites à la Havane il n’y en a plus….

Vraiment ??? Pourtant il en reste quelques traces…

Feu le collège Jésuite

A commencer par la rue San Ignazio qui nous rappelle l’influence de l’ordre fondé par Ignace de Loyola dans la Rome du XVIes. Il est vrai qu’à l’époque coloniale, ces religieux zélés ont bonifié la zone marécageuse de la Cienaga pour y bâtir l’une des plus belles places de la Havane, leur église et leur couvent. Représentant une richesse et un pouvoir compromettants pour la couronne espagnole, ils furent chassés en 1767 d’Espagne et des colonies par la Loi Pragmatique de Carlos III. Ils n’avaient alors pas terminé les travaux. L’église est devenue cathédrale de la ville et le couvent, centre culturel dont on a tenté de gommer la paternité originelle. Il demeure néanmoins l’un des plus beaux bâtiments baroques de l’ile.

http://www.cervantesvirtual.com/portales/expulsion_jesuitas/expulsion_espana/

Belem, nouveau monastère des Jésuites à la Havane

Lorsque en 1852 l’interdiction faite aux Jésuites fut levée à Cuba, ils revinrent deux ans plus tard en un lieu nouveau, le couvent de Belem d’où ils furent une nouvelle fois expulsés en 1961 par un de leurs anciens élèves diplomé en 1945, Fidel Castro. Celui-ci avait suivi sa primaire chez les Jésuites à Santiago.

D’emblée, le Monastère accueillit l’observatoire. Ce dernier a été transformé en musée très récemment et joliment restauré. Une première petite salle expose des plans de l’Ile et rappelle l’histoire du bâtiment. L’Observatoire chargé de la surveillance des cyclones, des séismes est evoqué au 1er étage ainsi que les Pères Jésuites qui donnèrent son impulsion au centre. On y explique notamment que les ouragans portaient les noms des saints du jour où ils frappaient l’Ile. A partir de la seconde Guerre Mondiale, on leur donna le nom des épouses des pilotes. Pour éviter la discrimination, on alterne aujourd’hui les noms masculins féminins dans l’ordre alphabétique, chaque année recommençant à A. Une station métérologique fut fondée en 1902 et le couvent déménage dans le quartier populaire de Marianao.

Un escalier mène alors sur la terrasse d’où la vue sur la vieille Havane est très belle.

Le couvent de Belem est aujourd’hui en grande partie occupé par une maison pour les personnes âgées du quartier. Il ne reste comme seule paroisse de la congrégation, celle du Sacré-Cœur, rue Reina.

Le Mémorial de la Dénonciation

S’il est un lieu extraordinaire c’est le Mémorial de la Dénonciation, sis dans le quartier élégant de Miramar à l’angle de la Quinta et de la 8eme rue. Il fait pendant au célèbre mais poussiéreux Musée de la Révolution. Ce dernier est hébergé dans l’ex magnifique Palais présidentiel. Il présente une muséographie pour le moins datée pour évoquer les personnages, lieux et dates incontournables de la Révolution à grand renfort de vieilles photos en noir et blanc, coupures de journaux d’époque.

http://www.lettresdecuba.cult.cu/?q=articles/le-m%C3%A9morial-de-la-d%C3%A9nonciation-o%C3%B9-la-m%C3%A9moire-grandit-aujourdhui.html

Un musée tout neuf

En revanche, Le Mémorial de la Dénonciation, est flambant neuf. Il recourt aux écrans et autres medias modernes pour rappeler les luttes, attaques en tous genres subies par Cuba depuis 1959.

Un bel hôtel particulier remis à neuf pour l’occasion permet de découvrir la politique locale sous un angle particulier : celui de la propagande. Les moyens déployés dans ce projet pédagogiques sont particulièrement impressionnants dans un pays pauvre. Ils attestent de l’importance de la guerre psychologique qui sévit toujours contre le grand voisin américain. Les salles bien équipées donnent à voir des visuels interactifs sur les différentes campagnes et opérations militaires, mises en oeuvre par les Etats Unis pour interférer sur l’ile et les réponses aux tentatives de déstabilisation. Peu d’objets sinon cette balsa, type de radeau de fortune sur lequel tant de Cubains ont fui la misère de la période spéciale.

Lecture cubaine de la Révolution

On entre donc dans cette belle demeure avec à gauche une librairie vendant des Bandes dessinees cubano cubaines en monnaie nationale. Tout proche, un guichet dans lequel baille une guichetière. Précisons que le musée est gratuit alors que celui de la Révolution coûte 10 cuc pour les étrangers. Sur la droite, une salle retrace les différentes opérations menées pour faire tomber le gouvernement. Un escalier mène à l’étage sur fond de petites croix . Celles-ci évoquent un sanctuaire aux victimes de ce terrorisme sournois.

L’étage est consacré aux violences subies et aux victimes cubaines du terrorisme essentiellement nord-américain. Le décor se veut austère avec ses fils de fer barbelés. Une passerelle relie la demeure à une extension moderne. On y descend pour s’intéresser à l’immigration cubaine.

En bref, un point de vue très local pour aborder l’histoire de Cuba depuis la Révolution mais nécessaire pour vraiment comprendre le pays aujourd’hui.

Week-end à Merida

Une vraie alternative à la Riviera Maya

Là encore une destination facile et bon marché depuis la Havane grâce à la compagnie interjet. Les vols sont bi-hebdomadaires ce qui permet de profiter de 4 jours pleins à Merida. Et si les resorts ultra touristiques vous fatiguent une destination autrement plus authentique que Cancun.

www.interjet.com/vuelos/México

Où se loger

Pour avoir beaucoup échangé, les amis qui ont été logés à la périphérie de cette ville en croissance rapide ne l’ont pas appréciée. Loger en plein centre permet en revanche de profiter du charme de ses rues commerciales, de l’animation de son marché et d’une foule de petits restaurants. Une version plus élégante consiste à préférer le quartier du Paseo de Montejo où l’on trouve les belles demeures, magasins chics et restaurants et boutiques à la mode. Plus loin, à la sortie de la ville c’est encore une autre réalité avec les grands centres commerciaux américains, les enseignes internationales et les zones industrielles.

C’est également à la sortie de la ville que se trouve le grand et beau musée du monde maya. Attention il ne s’agit pas d’un musée archéologique, celui de Cancun répondant magnifiquement à cette mission, mais d’un musée anthropologique avec pour but la conservation du patrimoine culturel maya. Une présentation de la diversité de ce peuple encore bien vivant sur la péninsule du Yucatan mais aussi dans toute la zone de l’Amérique centrale.

Que voir dans le Yucatan

Surtout Merida est une base d’exploration exceptionnelle pour découvrir le Yucatan. Et il y en a pour tous els gouts et pour toutes les bourses :

  • Pour les amateurs d’archéologie, le fantastique site de Uxmal est à 1 bonne heure de route ainsi que la route Puuc qui permet d’admirer de nombreux vestiges mayas.

http://mundomaya.travel/es/arqueologia/top-10/item/uxmal.html

  • Pour les amateurs de merveilles naturelles, la mangrove et les flamands roses de Celestun s’imposent ou la région de Progresso/ Chelem, les salines et les sables colorés de las Coloradas valent de faire des km. Tout le long de cette cote, les plages n’ont rien à envier aux plages cubaines et sont nettement moins envahies par les constructions et les touristes que celles de la riviera Maya. Et surtout l’exploration des cenotes, ces cavités naturelles d’eau claire, est un délice. Il y en a partout, indiqués sur les cartes, il suffit de suivre les pancartes le long de pistes parfois sommaires.

  • Pour les amateurs de Mexique colonial, la cité d’Izamal est une petite merveille, en roulant plus Campeche offre une muraille unique. Les Haciendas offrent des visites, des chambres et des repas d’une autre époque. Tout autour de Merida, de nombreux couvents et petits villages.

  • Pour les amoureux d’ethnologie, le musée du monde Maya, aucunement redondant avec le merveilleux musée de Cancun celui- ci archéologique. Celui de Merida, magnifique construction ultra contemporaine offre une vision originale sur la région. Il accorde une grande place à la météorite tombée sur le Yucatan, s’intéresse à la géologie très particulière des lieux avant de présenter la population, le folklore, la langue, les coutumes des mayas en tant que peuple actuel et non en tant que civilisation passée.

https://www.granmuseodelmundomaya.com.mx/