La Santeria

Le terme de Santeria regroupe un système religieux d’origine africaine très caractéristique de Cuba.

https://www.cubania.com/blog/cubania-2/post/sinitier-a-la-santeria-a-cuba-647

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Présence de la Santeria à la Havane

La Santeria est visible à Cuba et à la Havane. Dans les rues, les gens habillés en blanc  ont toute chance d’êtres des Santos. A moins qu’il ne s’agisse d’infirmières, vous pouvez voir nombre de novices. En apprentissage, ils suivent une année d’initiation et de purification vestimentaire alimentaire. Pour comprendre la phénomène, je vous conseille les magasins qui vendent des objets de culte afro-cubain. Vous les trouverez sur Aguila entre S Rafael et San Jose ou encore entre Belgica e Villargas dans Habana Vieja.

Yemaya et offrandes à Trinidad

On peut aussi se rendre dans la commune de Regla ou celle de Guanabacao où furent regroupés les Indiens au XVIe s avant de devenir centre de commerce des esclaves. Un musée de la Santeria y évoque la forte communauté noire de la ville et ses attaches religieuses.

http://visitesfabienne.org/wordpress/la-havane-lafricaine/

Enfin le Callejon de Hamel est une étonnante impasse peinte par l’artiste Salvador.  Le dimanche, la foule se presse pour assister à la rumba de midi. Salvador Escalonas, artiste autodidacte et Santo originaire de Camaguey, a peint ce petit boyau situé entre les rues Aramburo et Hospital. Ce muraliste très connu à Cuba a transformé en dix ans les murs lépreux en une galerie d’art doublée d’un lieu de culte à ciel ouvert. Il se définit lui-même comme celui qui peint les murs et qui envoie des messages à l’âme humaine.

Callejon de Hamel

La Casa Africa, coeur de la Santeria

Le plus simple est encore de visiter la Casa de Africa, à l’angle de Mercaderes et Obra Pia dans la vieille Havane.

Voulue par Fernando Ortiz à l’ origine de la collection, cette casa a été inaugurée par Eusebio Leal Sprenger, historien de la ville, le 6 Janvier 1986,. Elle propose une collection de pièces conservées jusqu’alors dans les réserves de la casa Obra Pia. Il s’agit de donations faites par des Etats africains par le biais de ministres, d’ambassadeurs. D’où des lacunes ou au contraire des pièces redondantes comme les défenses d’éléphants données par l’Angola.

La date d’inauguration est symbolique puisque dans la vie des esclaves, rares étaient les jours chômés. Le 6 Janvier, jour des rois mages était une des seules occasions où les esclaves pouvaient se retrouver en famille. C’était un jour de fête et de liberté pour eux. Ceux-ci étaient en effet séparés lors de leur arrivée sur l’ile et de leur vente. Ce jour de fête et d’extériorisation se caractérisait par des danses et de la musique et des cadeaux remis aux meilleurs.

Une présentation du commerce triangulaire

L’esclavage remonte à cette période où l’Afrique était dévorée par des guerres intestines. Le territoire africain a vu à cette époque la montée de grands empires : Ghana, Benin, Congo. Les ethnies battues voyaient leurs habitants vendus. Ils perdaient ainsi leur liberté. Ils arrivaient dans les caraïbes ou sur le continent américain où on les séparait pour les vendre. Les planteurs les achetaient selon leurs qualités physiques, leur force, leurs capacités.

Babalu Aye à la Casa Africa

La casa de Africa a deux objectifs :

  • Etude de l’histoire de l’Afrique subsaharienne (en complément à la casa de los Arabes qui s’intéresse à l’Afrique du nord)
  • Offrir un projet socio-culturel pour célébrer l’indépendance de chacun des pays africains.

Ce double projet éducatif passe par l’accueil des élèves du quartier dans le cadre de la restauration du tissu urbain de la vieille ville. Il s’agit d’un projet très intéressant pour familiariser les enfants aux musées. Ce qui implique également la tenue d’expositions et ateliers, notamment autour de la date anniversaire du 6 janvier.

La casa comporte une grosse collection permanente composée de 6000 pièces plus ethnographiques qu’archéologiques ou anthropologiques. Il s’agit plus d’artisanat que d’œuvres d’art. Le musée s’intéresse essentiellement aux divers modes de vie. L’Afrique n’est en effet pas monolithique ce qui explique la grande richesse culturelle ainsi que celle de Cuba qui reçoit ces différentes influences.

Organisation du Musée

Rdc : art des pays du Sahara occidental. Une carte de l’Afrique montre les différents systèmes religieux des peuples arrivés à Cuba. Des objets relatifs à l’esclavage expliquent la vie des esclaves : cuves de cuisson de la canne à sucre, chaines, menottes fouets utilisés contre les esclaves.

1er étage : manifestations artistiques et religieuses

Cet étage s’intéresse aux célébrations, rites et cultes et montre des objets utilisés pour la divination. Des chaudrons, miroirs, coquillages, des costumes reprennent ceux des rois et reines des royaumes déchus.

La Santeria apparait comme un système religieux d’origine africaine lié à la présence sur le sol cubain d’esclaves lucumis (Noirs Yorubas). Cette religion ou plutôt ces religions reposent sur un fond animiste, elles se transmettent par la tradition orale.

Religions de la vie et du foyer elles sont devenues un refuge et connaissent un renouveau même s’il n’existe pas de statistiques en la matière. Elles sont liées aux animaux aux plantes et adoptent une perspective symbolique et figurative. Comme en Afrique, le sacerdote (Santo) est à la fois philosophe, sage, botaniste, sorcier. ces religions sont dynamiques et vivantes et ne se réduisent pas à du folklore. Elles ne présentent pas de hiérarchie, pas de centralisation de pouvoir chaque groupe est autonome. Les babalaos (les sages) sont plus vieux et ont plus d’autorité.

D’une manière générale, on retrouve des idoles hiérarchisées assimilées aux saints chrétiens. Il semblerait que le clergé en place ait accepté ce syncrétisme. En effet, il permettait de laisser les esclaves à leur place tout en conservant aux vrais chrétiens une place de choix dans la société. Une autre interprétation repose sur l’idée que les esclaves eux-mêmes auraient assimilé leurs idoles au christianisme.

Coexistence Eglise et Santeria

Eglise et Santeria coexistent en effet. Il faut d’ailleurs être chrétien pour entrer en Santeria. Les esclaves cubains étaient considérés comme mieux traités que dans les autres colonies, il y eut d’ailleurs plus de mélanges et ce dès l’origine. Car les Espagnols arrivaient sans femmes. D’emblée la société cubaine a été mulâtre et a connu rapidement des affranchissements. Pour autant, les blancs ne sortaient pas la nuit de peur d’être agressés par des membres de ces sociétés qui en profitaient pour faire régner une sorte de terreur. La religion permettait ainsi de faire pression.

Les règles de Santeria

On considère qu’il y a 3 branches de cette santeria à Cuba à l’origine de l’identité créole cubaine. Chaque maison a sa tradition et ses règles.

  • 1- La règle de Ocha (orishas) est la plus étendue d’origine Yoruba- Nigeria.

Elle regroupe de nombreux Saints chacun associé à un costume, un type d’aliment.

– Oshun =virgen de Cobre jaune 1re femme à travailler le bronze= l’argent sensualité exaltation féminité, sucre associée au jaune, au sucré)

– Shango (rouge et blanc virilité coq et hache).

– Elegua (guerre, chemise noire).

-Virgen de Regla, Yemaya (la mer) jupes comme de vagues.

– St Lazare ou Babalu Aye . On reconnait ses adeptes, les enfants pauvres, vêtus de jute, couleur violette. Ainsi , lors de la St Lazare dans la nuit du 16 au 17 Décembre on mange des gateaux violets, on s’habille en violet.

  • 2- La règle de Palo Monte. Elle vient des esclaves Banu= Congo Angola Namibie Cameroun . C’étaient les esclaves de l’Afrique orientale. Cette règle est dédiée à la végétation
  • 3- La société secrète Abakua. Il s’agit plutôt de groupes séparés. C’est la première forme de Santeria installée à Cuba à l’époque coloniale espagnole où seule une société secrète pouvait survivre. Cette société secrète est surtout présente à la Havane et Matanzas. Elle n’existe qu’à Cuba, est uniquement masculine. Elle est ce qui se rapproche le plus de la sorcellerie. Il y a d’ abord initiation, investigation puis, à visage couvert, sous capuchons, danses chants, colliers verts jaunes. Elle a été très persécutée en 1881 avec l’interdiction des cultes criminels. Autour de cette société secrète s’est construit le stéréotype de groupes retardés de l’époque coloniale.

Ces sociétés secrètes viennent d’Afrique où elles constituent un ferment social : on y a apprend à cuisiner, on y enseigne les symboles attributs… En général, les rituels ont des objectifs positifs : soigner et trouver l’amour.

2 étage sud-est du continent (tabourets, objets)

La Vierge de Regla en Yemaya

Fête des morts au Mexique

Pour se sentir un peu dans la peau de Coco, excellent animé de Pixar, et admirer la Fête des Morts au Mexique, il est facile de s’envoler quelques jours depuis la Havane.

Que vous partiez vers Ciudad de Mexico ou Cancun, vous pouvez facilement passer par Interjet ou Aeromexico. Les deux compagnies offrent des rotations régulières déjà évoquées dans des articles précédents.

https://www.pixar.com/feature-films/coco/

www.interjet.com/vuelos/México

http://visitesfabienne.org/wordpress/escapade-a-cd-mexico/

Commémorations familiales

Les 28,29, 30, 31 Octobre et 1er et 2 Novembre, les villes et villages mexicains se parent de fleurs orange et d’autels aux morts ornés de têtes de mort, les calaveras.  On commémore en famille le premier jour les morts accidentelles et violentes. Le second jour, on honore les noyés, les personnes seules et oubliées,. Puis le 31, on passe aux enfants morts-nés ou à ceux qui n’ont pas reçu le baptême. Enfin, le 1er vient le tour des enfants et enfin le 2 les adultes.

Il y en a donc pour tous, des autels pour les ancêtres, les parents, même les chiens ou les associations professionnelles ou les organisations diverses et variées. Des squelettes de femmes, les Catrinas reprennent la célèbre représentation par Diego Rivera au musée des fresques….

Débauche de couleurs et décorations

Tout est l’occasion d’une débauche de couleurs et de décorations. Chaque foyer s’orne en effet d’autels fleuris rendant hommage aux disparus. Des photos, des plats et objets affectionnés de leur vivant en rappellent le souvenir. Les offrandes sont autant de petits plaisirs présentés aux ex-vivants morts. Les Mexicains profitent de ces jours fériés pour rendre visite aux sépultures familiales.

Il s’agit là de véritables retrouvailles et non d’un hommage silencieux et frileux comme chez nous. Les familles débarquent avec fleurs, victuailles, boissons et…mariachis pour prouver aux morts que même partis ils sont toujours présents. Pour montrer leur communion avec le monde des morts, les gens se maquillent, se costument en squelette, en monstres dans les rues. Les festivités culminent avec des défilés dans les villes. Il vaut mieux privilégier une ville plus modeste que Ciudad de Mexico pour assister à l’un de ces défilés en raison de la foule et des risques de débordements.

Des défilés récents

Curieusement, ce défilé qui reprend une tradition ancienne, est lui une invention récente et surtout une extraordinaire preuve de l’agilité et du dynamisme des mexicains. En Novembre 2015, nombreux furent les touristes à acourir dans la capitale pour assister au défilé visible au début du film Spectre. A la recherche de James Bond, ils assistèrent aux festivités magnifiques, se déguisèrent, mais de défilé point.

Qu’à cela ne tienne, en 2016, la ville de Mexico leur organisait un défilé magnifique devenu en trois ans une institution…C’est l’occasion de découvrir le centre historique et d’admirer des chars, déguisements, troupes folkloriques mais aussi les fantasmagoriques alebrijes. L’artiste Pedro Linares a inventé ces figures animalières  de bois, carton ou papier mâché plus ou moins extraordinaires et aux couleurs vibrantes et caractéristiques du Mexique.

Le jour des morts ne se limite pas au Mexique à la date choisie par le calendrier de l’église du 2 Novembre pour rendre hommage aux âmes des défunts. Il s’agit ici de renouer avec des traditions et un mysticisme préhispanique. Celles-ci sont fort éloignées de la terreur face à la mort et à l’enfer propagée par les conquérants. Chez les Aztèques, un mois complet était consacré à la mémoire des disparus.

Hommages

L’autel lui-même est construit en plusieurs étapes, et sur plusieurs niveaux. On commence par une fleur, le pain symbole de consécration, la bougie dont la flamme guide le mort, l’eau source de vie, le maïs, le sel, symbole de purification, le papier découpé et coloré représentant la pureté et le deuil, puis viennent les bouquets, les fruits, puis les aliments sucrés et en fin le 2 Novembre les plats consistants, maïs, viande en sauce, le tout accompagné par des fumées de copal. Les vivants accompagnent quant à eux ces festivités de pain des morts, une sorte de délicieuse brioche, et de chocolat chaud aztèque.

Le Jour des Morts au Mexique

Un peu de Mexique à la Casa Benito Juarez

Le Jour des Morts est une fête essentielle au Mexique.  Le 1er Novembre en effet, on célèbre les défunts selon la tradition préhispanique.

Une célébration d’origine préhispanique

Elle est largement répandue sur le continent mésoaméricain puis synchrétisée par les évangélisateurs espagnols.. A la base, il s’agissait de rituels ancestraux. Les crânes des ancêtres étaient exhibés comme des trophées dans des cérémonies symbolisant la mort et la Renaissance. Le festival des morts durait 1 mois, le 9e mois solaire du calendrier mexicain. Ce festival honorait les enfants et les ancêtres.  La déesse Mictecacíhuatl aujourd’hui assimilée à la Catrina  le présidait. On l’appelait  la « Dame de la Mort » et épouse de Mictlantecuhtli, Maitre de la Terre des morts . Ce personnage,  ou plutôt squelette, élegamment vétu apparut sous la plume de l’écrivain Jose Guadalupe Posada. Diego Rivera popularisa la Catrina.

https://culturacolectiva.com/historia/origen-e-historia-de-la-catrina/

On enterrait les morts préhispaniques avec deux types d’objets. D’abord ceux qu’ils avaient utilisés de leur vivant . Mais aussi ceux qui pourraient leur être utile dans leur passage dans l’au-delà, instruments de musique de terre cuite, statuettes de dieux, cranes, encensoirs, urnes voire offrandes alimentaires.

Des festivités encore très célébrées

A leur arrivée en Amérique, les Espagnols du 16e apportèrent leurs célébrations pour commémorer les morts le jour de Tous les saints. Avec la conversion des natifs, on assista alors à un synchrétisme mêlant les traditions et les célébrations. En l’occurrence la fête des saints et le festival des morts en un Jour des Morts (1er Novembre) suivi, le 2 du jour de tous les Saints..

Les autels du Jour des morts peuvent être publics ou privés. Après des prières et offrandes, on partage le chocolat chaud et le pain des morts. Peu à peu, et surtout dans le Nord du Mexique, le Halloween nord-américain tend à remplacer ces festivités traditionnelles. Mais même à Cuba, la communauté mexicaine recrée la tradition au centre Benito Juarez, dans la vieille ville. Après un concert de mariachis, des danses folkloriques, des discours,  les Mexicains de Cuba partagent le chocolat chaud et le pain des morts, un pain brioché et sucré.

Les Offrandes du Jour des Morts

Elles sont symboliques et mêlent traditions préhispanique et chrétienne :

  • Têtes de mort sucrées avec le nom du défunt
  • Calaverita rimes et vers satiriques,gravures illustrant des crânes décorés ou sucrés
  • Le pain des morts, représentation eucharistique apportée par les évangélisateurs espagnols, pain sucré avec des formes d’os notamment
  • Croix souvent ornées de fleurs
  • Boissons comme l’eau qui représente la pureté et la régénération, mezcal, tequila, atole ( boisson chaude traditionnelle à base de lait et de mais), cigarettes
  • Fleurs pour les tombes chaque fleur représentant une vie
  • Aliments préférés du défunt
  • Portraits des défunts entourés de bougies. Le portrait suggère l’âme du défunt. Ces images ornent la partie supérieure des autels, ils sont tournés à l’envers et face à un miroir pour que seul le défunt puisse voir le reflet de ses devoirs..
  • Image des ames du purgatoire
  • Courge, un des aliments de la tétralogie préhispanique avec le maïs le haricot rouge et le piment. On profite de tout, graine chair fruit fleur / on la prépare en sucrerie confite
  • Papiers découpés, artisanat mexicain avec du papier chinois décoré de figurines de squelettes cranes
  • Copal, encens purifie et sanctifie le lieu
  • Cierges par paire si possible violets

la Havane africaine

La Havane africaine revendique ses racines de par sa population, la musique et les rythmes mais aussi par ses pratiques religieuses.… http://visitesfabienne.org/wordpress/une-matinee-chez-natalia-bolivar/

Casa Africa

On peut évoquer la vie dans les plantations à la Casa Africa. Cette maison musée  regroupe en effet la collection de Fernando Ortiz, célèbre père de l’anthropologie cubaine. http://www.berose.fr/article1699.html?lang=fr

La casa se situe à l’angle de Mercaderes et Obra Pia dans la vieille Havane. https://www.ecured.cu/Casa_de_%C3%81frica

On y voit effectivement des dons faits par des Etats africains par le biais de ministres, d’ambassadeurs. D’où des lacunes ou au contraire des pièces redondantes. Cette casa s’intéresse à l’Afrique subsaharienne en complément à la casa de los Arabes consacrée à l’Afrique du nord. Elle s’organise sur trois étages. Le rdc  accueille de nombreuses manifestations musicales. Il permet d’aborder la vie difficile des esclaves. Dans l’escalier, une grande carte de l’Afrique montre les différentes zones de provenance de ces esclaves. Alors que le 1er étage s’intéresse davantage au phénomène de transculturation et au syncrétisme religieux si particulier à Cuba. Des objets rituels illustrent le culte des Orishas, ou Santeria. Il s’agit d’un mélange d’animisme nigérian apporté par les esclaves. Il  se mâtine des leçons données par les prêtres catholiques.

Le reste du musée expose des objets africains récents pour la plupart. Différents pays amis d’Afrique, en particulier l’Angola les ont offerts au pouvoir actuel.  On peut parachever cette visite en se plongeant dans les transes dominicales du Callejon de Hamel. http://visitesfabienne.org/wordpress/cuba/la-havane-2/la-santeria/

Les banlieues africaines de Regla et Guanabaco

On peut aussi se rendre à Regla http://visitesfabienne.org/wordpress/cuba/autour-de-havane/balade-a-regla/ ou à Guanabacoa. On accède dans ce qui ressemble aujourd’hui à une bourgade provinciale soit depuis Regla, soit depuis la via Blanca. Des maisons en ruine attestent d’un passé plus glorieux. Cette bourgade a été le lieu de regroupement des derniers Indiens Tainos avant de devenir un marché aux esclaves. D’où une forte influence des cultes d’origine africaine. On relève aussi l’existence dans la ville de 14 temples de la société secrète Abakua. Les deux autres règles celle des Congas ou de Palo Monte et celle des Orishas dite Santeria, se pratiquent uniquement chez soi.

Près de l’église, sur le parc Jose Marti, une jolie maison coloniale abrite un  des musées les mieux aménagés sur le sujet . On y voit de vrais objets rituels, costumes, soupières, objets de divination. Ceux-ci sont joliment exposés et les gardiennes, ravies de recevoir des visiteurs,  sont prêtes à les diriger.

La Casa Yoruba

Plus central, le quartier de la Havane situé entre le Théâtre Marti et la place du Christ Voyageur abonde en boutiques spécialisées dans les cultes et costumes.  La casa Yoruba, juste en face du parc de la Fraternité en donne une lecture. Dans une ambiance tenant de la forêt primaire en plastique et de la caverne, on y voit les Orishas principaux. Ces divinités de la nature du panthéon Lucumi apparaissent sous forme de poupées grandeur nature avec leurs attributs et caractéristiques. Le musée est aussi un lieu d’offrandes, de musique et de danses. On y découvre donc les  grandes figures. Yemaya est associée à la vierge de Regla, Sainte patronne de la Havane. Oshun lui est assimilé à ND de la Charité Sainte patronne de Cuba. Très puissant, Chango  emprunte à la Sainte Barbe chrétienne son pouvoir sur le feu. Il se revêt de rouge pour incarner la force la violence et la virilité. On apprend aussi les rituels familiers, qu’il s’agisse de dépôt d’offrandes, de bâtons ou autres objets de culte. Le bâtiment offre également une boutique  ainsi qu’une petite librairie qui propose des manuels de rites.

Quartier chinois de la Havane

Si le quartier chinois parait réduit de prime abord, cette petite visite vous permettra de découvrir une communauté discrète et étonnante. Cependant, ell s’est énormément affaiblie depuis l’exode massif à la fin des années 1960. Certes il ne faut pas s’attendre à l’effervescence commerciale et l’inventivité des chinatowns traditionnels. Pour autant, le quartier mérite d’être connu.

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A l’origine du quartier chinois

Les premiers asiatiques, des Philippins, arrivèrent au tout début du XIXe s. Les 600 premiers Chinois,  majoritairement de Canton débarquèrent eux en Juin 1847 . Ils devaient servir de main d’œuvre agricole bon marché pour remplacer les esclaves africains.

La communauté s’accrut en 1869 avec les Chinois de Californie. Les Etats-Unis de la Guerre de Sécession et de l’industrialisation n’étaient pas les moins racistes….

Après avoir pris part aux guerres d’indépendance et avoir été libérés de leurs obligations agricoles, les Coolies s’installèrent sur la Calzada de Zanja.  On évalue leur nombre à 150 000 entre 1847 et 74. Ils élirent domicile le long de la conduite d’eau du centre-ville près de la gare de trains pour Marianao.

C’était un lieu pratique où les petits commerces de restauration, blanchisseries, boutiques de nourriture purent prospérer. Dès 1879, ils purent (voire durent) s’inscrire dans des sociétés les regroupant par nom, provenance, voire filiation politique. Nommés casinos, ces lieux servaient essentiellement pour les réunions et l’organisation de la communauté.

Une communauté aujourd’hui décimée

Il ne reste aujourd’hui que 13 de ces sociétés sur 36 dans les années 1950. A cette époque, on évaluait la communauté à 200 000 Chinois sur Cuba dont la moitié dans ce quartier. On la considérait comme la seconde des Amériques après celle de San-Francisco. Elle rayonna sur une dizaine de pâtés de maisons autour des Rues Galiano et Reina avec ses commerces, théâtres, banques, écoles, sa bourse de commerce…

Un cimetière fut même ouvert dans le nouveau Vedado sur la rue 26. Aujourd’hui la communauté de 150 descendants de chinois grossit mais n’habite plus forcément le quartier. Elle peine à conserver sa langue et ses traditions. En effet, les chinois arrivés à Cuba étaient à 90% des hommes et se sont donc mariés et dilués dans la population locale ….

Lieux de réunion et de piété sino-cubains

On peut partir de l’arche chinoise à l’angle des rues Amistad et Dragones offerte par la République populaire de Chine en 1999. Tout près, dans la rue Amistad, se trouve la société Chung Woh créée en 1893. Comme dans  la majorité des sociétés, à l’étage se trouve la grande salle de réunion, les bibliothèques et salles de classe. On y apprend effectivement le mandarin. Dans le patio, se donnent conférences et consultations de médecine chinoise. Une petite chapelle confucéenne  montre que le syncrétisme a aussi touché le confucianisme . En effet, le travail agricole mettait en commun des ouvriers d’origine africaine ou asiatique. Confucius tout rouge, ici est assimilé à la Ste Barbara catholique et au Chango de la Santeria. Des baguettes et pierres attestent aussi de la pratique de la divination. Car les Chinois débarqués à Regla sont rentrés en contact dès leur arrivée à Cuba avec la vierge de Regla assimilée à Yemaya. Le phénomène de transculturation s’est donc opéré d’emblée.

On reprend alors la rue Dragones très populaire et populeuse.

Le coeur de Chinatown cubain

On accède alorsau Cuchillo de Zanja, ruelle occupée par les restaurants. C’est le cœur de ce Chinatown,. Au bout de la rue, se dresse  l’Institut Confucius, ancien Edificio Pacifico. Jadis restaurant très connu, il est devenu institut universitaire et dispense des cours de langue.

A côté, se trouve la seule imprimerie survivante Kwong-Wah-Po. De retour sur Zanja, au 163, on entrevoit une pharmacie traditionnelle chinoise. Peu après, on tourne à gauche sur Manrique pour découvrir une école d’art martiaux installée dans l’enceinte d’un cinéma désaffecté. Dans la cour, un café, en face une maison de retraite. Dans la maison d’à côté un foyer où les anciens jouent au Mah Jong.

Un quartier délabré mais bien vivant

A l’angle de Dragones, jouxtant la boulangerie neuve qui s’annonce chinoise, mais ne vend que des pâtisseries cubaines, se trouve encore un foyer pour personnes âgées.  Il y a dans cette rue une série de clubs . Se succèdent ainsi la Sociedad China ,La Unión de la Familia, la Sociedad China Lung-Kwn-Sol et enfin la Fonda Sue-Yuen-Tong .

En reprenant Manrique, on parvient à la très belle église de la Charité dont la chapelle au fond à droite recèle une icône précieuse. Il s’agit d’une image d’une Vierge chinoise apportée en ces terres lointaines par un frère franciscain d’origine chinoise. Elle est assimilée à la Vierge du cuivre Sainte patronne de Cuba. C’est elle qui marque l’épicentre de cette communauté, regroupée dans l’église presbytérienne, sur Salud, où les premiers pasteurs chinois commencèrent à enseigner la langue en 1904.

En continuant toujours sur Salud, on tombe sur le restaurant Fleur de Lotus, véritable institution locale . Juste à côté, le centre culturel chinois, occupe une belle maison coloniale, isolée loin du centre historique de la Havane. Calle Salud, No. 243, entre Gervasio y Escobar. On revient alors sur Zanja en longeant le jardin Confucius  avec sa jolie statue entourée de bambous. On parvient enfin Rayo 108 entre Zanja y Dragones à la galerie d’art continu  (Galleriacontinua) aménagée dans un ancien cinéma chinois. Elle accueille des expositions d’art contemporain. https://www.galleriacontinua.com/about/habana/history

On peut compléter ce tour à pied avec une incursion au cimetière chinois dans le nouveau Vedado, juste derrière la Nécropole de Colón.

Les Premières Nations

bois peint Haida

Les premières nations est le nom accordé aux peuples autochtones au Canada. Au début, Ils entretenaient des relations commerciales avec les Français. Ils ont ensuite rapidement été chassés puis parqués par les colons britanniques (19es). Sans être massacrés comme aux Etats-Unis, ils ont subi des traitements que le Canada contemporain peine à assumer.

cuilers sculptées Haidas

sculpture

Les laissés pour compte de la croissance

Les colons britanniques ont lutté avec violence contre les autochtones qu’ils croisaient. Ils les ont en effet  maltraité, les ont expulsé de leurs terres ancestrales. Les Traités de 1876 ont en outre limité  toujours plus leurs territoires et leurs  droits. La couronne a ainsi interné de force les enfants  dans les écoles résidentielles. Des générations ont subi des châtiments et se sont vu refuser la pratique de leurs coutumes ancestrales. La dernière de ces horribles institutions ne fut d’ailleurs fermée qu’en 1996.

Privés de leurs racines, de leurs terres, de leurs familles, beaucoup ont sombré dans l’alcoolisme et la misère. Aujourd hui, avec la croissance migratoire du Canada, les Premières Nations ne représentent qu’un peu plus de 4% de la population, (à peine 1,5 Millions). Encore sont-ils souvent les plus oprimés. les laissés pour compte de la croissance.

Qui sont-ils. Au Canada, on estime qu’il y sept groupes majeurs aux styles de vie adaptés aux conditions. On compte ainsi les peuples des forêts , les chasseurs(est), les Iroquois sédentaires et fermiers. Mais aussi les peuples des plaines traditionnellement chasseurs de bisons, ceux des plateaux plus hiérarchisés. Et encore les autochtones de la côte ouest plus riches et ceux des territoires du Nord.

Les Premières Nations au musée

  • Où les rencontrer (chaque lieu dispose d’ un site internet)
    • Toronto :
      • Native Canadian Centre of Toronto 16 Spadina Road, c’est un lieu de réunion pour les autochtones d’Ontario
      • ROM, la Galerie des Premières Nations présente un panorama assez complet des tribus présentes sur le territoire national.
      • TD Galery. Cette petite Galerie gratuite au pied de la tour de la Banque TD offre une surprenante collection de petites sculptures inuits.
      • AGO présente des magnifiques  peintures de Morisseau, https://en.wikipedia.org/wiki/Norval_Morrisseau , des sculptures de grands artistes autochtones 
      • Bata shoe Museum
      • McMichael Gallery
    •  Vancouver : le fantastique musée d’Anthropologie consacre ses collections aux Haidas de la région;MOA,https://moa.ubc.ca/ . L’artiste local Billy Reid Gallery  dispose d’une galerie à son nom, Musée des Beaux Artsdessin
    • Ottawa. Le Musée des Beaux Arts de Ottawa et surtout le Musée des civilisations dispose d’une collection impressionante.https://www.youtube.com/watch?v=7X8eukLFk0k
    •  Montréal :  Le Musée des Beaux Arts dispose d’une belle collection. Le Musée Mc Cord se préoccupe des populations.
  • Des réserves ; aller voir les Pow wow (l’été) celui des Mississaugas de la Riviere Credit non loin de Stratford, Ontario, ceux de l’ile Manitoulin. Ils permettent de voir l’état des réserves et des populations et de les aider en parlant d’eux et en achetant leurs productions.

Par ailleurs, le Canada compte des auteurs autochtones de grande qualité, Michael Waganabe, Joseph Boyden entre autres.

Natalia Bolivar et la Santeria

Grâce au très actif groupe hispanophone  Donde y cuando, Natalia Bolivar âgée de 82 ans, nous reçoit dans son appartement de la Havane. Les murs débordent d’œuvres d’art.

Formation d’une spécialiste

Elève de Lydia Cabrera, fondatrice dans la foulée de Fernando Ortiz des sciences sociales cubaines, Natalia Bolivar est passeuse de formidables savoirs sur la Santeria. Cette religion afro-cubaine intéresse au delà de l’ile seulement depuis les années 1991.

Au sujet de la Santeria, vous pouvez lire mon article : http://visitesfabienne.org/wordpress/cuba/la-havane-2/la-santeria/

Cette grande dame est issue d’une grande famille aristocratique et cultivée, descendante de conquistadors. Elle s’est d’abord essayée à la peinture. Toute jeune, elle a même été l’élève de Norman Rockwell.  Puis elle s’est tournée vers les folklores cubains auxquels elle a été initiée dès son plus jeune âge. Elle a alors étudié le sujet au contact de Lydia Cabrera philosophe et ethnologue. Les deux dames ont travaillé ensemble à  la constitution du musée de Bellas Artes dans les années 1950.

Le développement de La Santeria à Cuba

Le mysticisme africain remonte à la traite des esclaves au 18e s. Ces derniers venaient du Grand Royaume ( Congo Angola Zaire et  Nigeria animiste- la zone Yoruba). Ils furent acheminés vers Santiago à l’est de Cuba pour exploiter les mines de cuivre et se charger des travaux difficiles. Les esclaves continuèrent à pratiquer l’animisme sous couvert du catholicisme des élites espagnoles. Unis aux Indigènes qui leur apprirent les vertus des plantes locales ils formèrent un syncrétisme (utilisant par ex la fumée du tabac).

Des 400 divinités Yorubas initiales, une bonne moitié arrivèrent à Cuba. Cette religion resta très secrète. De ce fait, elle échappa aux persécutions. Elle prit de l’ampleur à la fin du 19e  avec l’arrivée des esclaves venus cultiver la canne à sucre et le café pour les planteurs réfugiés de Haïti, (région de Trinidad notamment).

Cuba devint alors le premier producteur de sucre. Cette étape contribua à forger la Santeria cubaine à travers l’organisation de Cabildos où les affranchis pouvaient se réunir en dehors des villes sous la dédication à un saint patron selon l’accord du curé. Affranchis et esclaves se regroupaient  également en confréries, les cofradias. Enfin, les cimarrones, esclaves enfuis, se multiplièrent à cette époque. Ils établirent des Palenques (villages sur les hauteurs de l’Oriente). Ces regroupements furent à l’origine de la religiosité populaire et de ses nombreux mélanges ethniques, religieux, linguistiques…

La pratique de la Santeria

Ainsi, la Santeria est une création cubaine avec une liturgie et un système de divinités  parallèle aux saints catholiques. Elle repose sur un système divinatoire complexe connu et administré par les Santos (initiés consacrés). Il existe une hiérarchie du savoir de l’initié  (habillé en blanc) au babalao, santo jusqu au maitre de cérémonies (oriate) (sorte de grand sage). Chaque fin d’année se réunissent les santeros pour établir la letra de Ano qui prévoit la direction de l’année et la conduite face aux désastres, guerres, maladies et donne des recommandations, prophéties, divinités à vénérer, une sorte de plan annuel religieux et populaire. Il n y a pas de temple mais la maison du Santo qui fait office de religieux, de sage, de médecin, psychologue, devin.

Pour en savoir plus sur Natalia Bolivar

Une visite chez Natalia Bolivar et les Orishas de Cuba | America …america-latina.blog.lemonde.fr/…/une-visite-chez-nataliabolivar-et

Bolívar Aróstegui, Natalia – musée du quai Branlyserv-primo.quaibranly.fr:8991/…/search.do?

Lydia Cabrera, l’auteure du livre El Monte (Les forêts et les dieux, éd. Jean-Michel Place

Pour aller plus loin : L’ethnographie et l’anthropologie religieuses de Cuba : repères …

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