Vestige du Madras britannique
College road tient son nom à la mise en place d’un campus à l’anglaise à la fin du XIXème siècle, le Campus st George, embryon de l’université de Madras, anglophone. L’université anglaise s’est transformée au fil du temps, mais quelques bâtiments délabrés en gardent la trace.
Un campus à l’anglaise sur College Road
La société littéraire de Madras tout comme le directoire de l’instruction publique se trouvent sur College Road. Ils font partie d’un ensemble voulu par les Anglais aux abords de Fort St George. L’idée était de construire un vaste campus à l’anglaise au plus près des lieux de pouvoir.
L’endroit, sauvage, abondait en palmiers et arbres centenaires et les colons ont pensé que ce joli lieu entouré d’eau comme son nom tamil le précise (Nungabakum) permettrait une circulation aisée et une proximité avec la nature. Arbres, pierres, papillons et autres animaux en faisaient un lieu d’étude particulièrement bien choisi. C’est donc en ces lieux que furent initiés le zoo, appelé « living college », le musée nommé « dead college » et la bibliothèque.
Le terrain appartenait alors à des marchands arméniens qui le cédèrent sans problème aux britanniques à des fins éducatives.
Les premiers pas furent un peu laborieux en raison d’incompréhensions linguistiques. L’éducation était dispensée aux enfants britanniques. Les « métisses » en étaient exclus. Dans les cours comme dans l’architecture, les colons essayèrent de donner leur lecture de l’indianité. Ainsi en est-il du style indo sarracénique, mélange les influences mogholes et européennes bien qu’il se prétende local. L’archétype stylistique à Chennai en est le Fine Art college. Ce style se veut partout identique mais différent. Avec le même vocabulaire architectural on cherche en fait à construire des bâtiments originaux.
Les bâtiments
Construit au bord de la rivière Cooum près d’un pont, le campus disposait de son quai. Il ne reste que la porte d’honneur, en piètre état aujourd’hui et aménagée en Poste et local technique. De cette porte on enregistrait le passage des étudiants et des marchandises.
Une petite chapelle, reconstruite, regroupait les étudiants.
En face, le bâtiment blanc moderne et sans grâce se traverse pour amener à un de plus jolis édifices de style indo sarracénique en brique rouge et médaillons de stuc, aujourd’hui dévolu à l’administration. Juste derrière, se cache un petit temple. Ces bâtiments de brique rouge, parfois recouverts de plâtre blanc remontent aux premières années du XXe siècle.
La Madras Literary Society
Plus proche de College Road, le bâtiment de la Madras Library society emprunte à l’architecture du Rajahstan avec ses, jaruka, faux balcons typiques de l’influence islamique. Signe de patriarcat, ils permettaient aux femmes de voir sans être vues. Ils cachent les 3 niveaux de terrasse dont le but était de favoriser la circulation d’air et par conséquent de tempérer un peu les fortes chaleurs. Les fenêtres, doublées au ¾ à l’intérieur agissent dans le même sens et améliorent l’acoustique.
La bibliothèque s’est constituée sur le dépôt des ouvrages parus à l’université. Malheureusement il s’agit d’une fondation privée, la seule du campus, et elle manque cruellement de fonds.
Longtemps tenue uniquement par de hommes, cette bibliothèque compte aujourd’hui majoritairement des dames. Celles-ci recueillent les dons de livres en tamil et anglais et s’évertuent à créer des évènements pour faire vivre les lieux et redonner un peu de lustre au bâtiment en piteux état et aux livres souvent réduits en charpie. Seules en effet les cotisations et donations sont susceptibles de maintenir les lieux et surtout les manuscrits dont certains très anciens. On y découvre, un peu atterré par l’état, une traduction d’Aristote du 17eme siècle et des gravures des objets envoyés à l’exposition universelle au Crystal palace à Londres en 1851. Pour les locaux de l’étape, l’intérêt porte surtout sur la première édition du cultissime Ponyam Selvan récemment adapté au cinéma.
Les étagères de fonte et les chaises démontables remontent à la période de colonisation et sont dans un état déplorable. Tout crie misère.