Martam

Lorsque le prestataire (excellent au demeurant, très à l’écoute et réactif) m’a proposé de passer quatre jours à Martam, cela m’a semblé un peu hors de propos. Mais, une fois n’est pas coutume, nous passions par une agence et nous avons accepté, tout en réduisant à deux jours ce séjour.

Et pourtant quel plaisir que ce tout petit village proche de Gangtok et du Bengale entièrement tourné autour de ses écoles

Un village école dans un cadre magnifique

Car si Martam compte moins de 800 familles recensées, l’activité tourne autour de son école publique et sa grosse école privée, annexe d’une institution prestigieuse dans la région. Historiquement, les colons mettaient leurs enfants en pensionnat dans des zones tempérées. Pas étonnant dès lors que les « hill stations »(villages d’altitude) aient vu se multiplier le nombre d’écoles privées huppées pour les enfants de la bourgeoisie de Calcutta, capitale du Raj, puis pour l’ensemble du pays.

Autour de l’école, les habitants proposent des chambres, aux touristes mais surtout aux petits écoliers, qui jouissent ainsi d’une sorte « d’internat externé » sur le modèle britannique.

A Martam, les enfants de l’école locale croisent ainsi ceux qui fréquentent l’école conventuelle renommée. On voit ainsi ces enfants majoritairement de familles hindoues, souvent ethniquement népalais, en uniforme anglais se rendre dans un bâtiment d’aspect bouddhiste tenu par des religieuses chrétiennes. Une forme de syncrétisme à l’indienne.

De magnifiques rencontres

Les habitants du village sont ainsi accoutumés à héberger des étrangers. Comme souvent au Sikkim, Certains homestay sont très basiques, d’autres plutôt haut de gamme. On trouve également des « retreat » en fait hôtels plus haut de gamme et des eco resort, villages vacances assez rustiques et très bruyants. On m’avait conseillé un B&B et pour une fois je vais ici en faire la promotion (sans aucun lien d’affiliation, juste parce que je partage un coup de cœur).

 Le Martam village homestay offre le des chambres spacieuses et impeccables. Surtout, la propriétaire promet une rencontre fascinante. Ancienne journaliste reconvertie dans l’hôtellerie après le covid, Yishey Doma a écrit de nombreux ouvrages sur le peuple et la terre de ses ancêtres. La rencontre avec cette dame passionnée et passionnante s’avère une vraie chance pour comprendre un peu mieux les traditions et les enjeux du peuple Lepcha.Yishey a écrit de magnifiques livres sur la terre de ses ancêtres, les légendes populaires.

Elle connait parfaitement la région et peut conseiller des balades, vers la rivière ou dans les villages environnants. C’est l’occasion de découvrir les magnifiques paysages de rizières, et de cultures en terrasses. Les villageois se montrent fiers de leurs cultures organique (le Sikkim se revendique 1er état à s’être entièrement converti au bio). C’est l’occasion de jolies rencontres mais aussi de repas chez l’habitant. Même moi qui me montre en général très sceptique face à l’authenticité, je suis restée épatée par l’expérience et les rencontres.

 Rumtek, terre d’exil du Dalai Lama

Martam permet également de découvrir la résidence du chef religieux de l’école Karmapa en exil en Inde. A quelques kilomètres du village, ce monastère du XVe siècle a été reconstruit en 1964. C’est le monastère le plus important de l’Himalaya oriental, et principal centre de formation des moines de la lignée Kagyu. Parmi les près de 200 bonzes, on voit de nombreux enfants destinés au monachisme.

Son importance stratégique explique la présence militaire. Celle-ci empêche de photographier une bonne partie des bâtiments. Néanmoins, on peut suivre des célébrations religieuses, très impressionnantes. On peut également monter voir le grand stupa doré, bien indiqué derrière le temple. Les festivités pour le nouvel an tibétain, Losar, y sont particulièrement réputées.

Lettres tamoules

Cela faisait un petit moment que je préparais mes lettres tamoules et les voici enfin.

Une naissance très attendue

C’est donc avec fierté que je vous annonce la naissance de mon second ….livre ! Celui-ci est le fruit d’un travail d’équipe. En effet, de gentilles fées traductrices et relectrices se sont penchées sur le berceau du bébé déjà comblé par deux (+1) marraines illustratrices. Merci Melanie, Catherine D et Catherine B ! Un parrain, metteur en page de talent a joué le conseiller technique spécialisé. Merci Bertrand !

De quoi traitent ces lettres tamoules

Il s’agit d’un abécédaire basé sur le magnifique syllabaire tamoul. Pour chaque lettre choisie, un mot transparent, lisible en anglais français et tamoul permet d’explorer quelques spécificités de la culture de l’Inde du sud. Il y est question notamment de nourriture, d’architecture, d’histoires et d’Histoire locale, de vêtements mais aussi de villes et de monuments.

Présentation officielle des Lettres tamoules

La présentation de cette petite merveille aura lieu à l’Alliance française durant la semaine de la francophonie en anglais et en français. Celle-ci s’accompagnera d’une exposition d’une semaine des oeuvres picturales illustrant mes écrits.

Pour les curieux et les amateurs, vous pouvez commander votre exemplaire via mon site ou mon adresse mail. Vous pouvez également réserver des cartes postales ou des planches illustrées par les artistes Mélanie Bass ou Catherine Delmas Lett. https://catherine-delmaslett.com/. A leur importante et superbe contribution, je peux ajouter les quelques magnifiques dessins sur le yoga de mon amie Catherine Brousset https://www.atelierartmotion.com/galerie4.

Higginbothams,

La librairie incontournable de Chennai

Vous aimez lire et vous habitez ou visitez Chennai ? Alors, pas d’hésitation, foncez chez Higginbothams.

En effet, Higginbothams est la librairie incontournable de Chennai.

Cette librairie, la plus vieille du pays, vieille de plus de 1,5 siècles est une véritable institution dans le sud de l’Inde. Alors en route pour connaitre son histoire.

Abel Joshua Higginbotham s’est embarqué pour l‘Inde pour une raison inconnue en 1844. Délaissant l’Angleterre, il est néanmoins resté fidèle à sa profession et a initié une librairie sur Mount Rd à son arrivée à Madras. Plus précisément il a acheté la boutique en déclin de missionnaires protestants qui vendaient des Bibles.

Des missionnaires vendeurs de Bible à la Librairie Higginbotham

Sous l’impulsion de Higginbotham, L’entreprise, peu rentable, est devenue florissante au cours du 19e alors que l’offre de livres s’étoffait.

La liquidation de la Compagnie des Indes Orientales en 1858 fit l’objet d’une proclamation royale, lue à Fort George puis imprimée et diffusée en Tamoul et anglais par la libraire. Dès lors Higginbotham devint incontournable dans la ville coloniale. Elle s’affirma comme la librairie la mieux achalandée, ce dans tous les domaines. Des sciences à la littérature, Higginbotham proposait alors un vaste choix, que ce soit en rayon ou sur catalogue.

Avec l’ouverture du Canal de Suez et l’introduction de bateaux à vapeur, la distance de la métropole aux colonies indiennes se réduisit et dans les années 1870, l’offre de livres s’accrut encore. Avec les visites royales, la librairie devint même fournisseur officiel de la couronne puis du gouvernement et des institutions coloniales.

les rayonnages bien remplis de la librairie Higginbothams

De Higginbotham à Higginbothams

 Plus encore, dans les années 1890 Abel Joshua Higginbotham devint shérif de Madras et seul fournisseur de la bibliothèque Connemara. Il associa alors son fils dans sa société devenue Higginbothams and co.

Avec la publication de livres de cuisine indiens, Higginbothams affirma en outre sa position d’imprimeur et éditeur local.  Au début du XXème siècle, et sous l’impulsion du fils, l’enseigne commença à s’étendre à toute l’Inde du Sud. On retrouvait ainsi des succursales Higginbothams à Bengalore mais aussi dans les villages des collines dans lesquels les riches colons passaient les mois d’été. L’héritier de la librairie étendit en outre le commerce aux kiosques situés dans les gares qui accompagnaient le développement ferroviaire.

A Madras, le nouveau bâtiment toujours siège de la librairie sur Mount Road, afficha fièrement sa belle façade coloniale blanche. Très spacieux, il évitait les fenêtres pour ne pas nuire aux ouvrages présentés. Sa symétrie et ses baies palladiennes attestent aujourd’hui encore des gouts architecturaux du Raj. Il devint rapidement le lieu à la mode.

Higgibothams, survivante de l’ère de gloire du Livre

Dans les années 1920, Associated Printers, aux mains du groupe Robinson, absorba le journal Madras Mail puis la librairie.

Pendant la seconde guerre mondiale, Higginbothams connut un nouvel essor en devenant le plus gros pourvoyeur de livres de poche vendant tous types de livres même les plus controversés. Le site explique que les royalties étaient alors versées à la Croix Rouges pour les vétérans de l’armée anglaise. Quoi qu’il en soit, on y trouve encore aujourd’hui des publications sujettes à caution.

Avec l’Indépendance néanmoins, la librairie passa sous le contrôle du groupe Amalgamations.

Aujourd’hui la librairie est juste une activité annexe mais le groupe tient à sa survie.

Elle a malheureusement beaucoup souffert du Covid et de la concurrence des ventes en ligne. La majorité des boutiques de gares ont fermé pendant la période de confinement et ne réouvriront pas.

 Il ne reste aujourd’hui que 15 librairies des 70 que le groupe avait dans les années 1990 dans les grandes villes du Sud de l’Inde. Plus que jamais, le beau bâtiment colonial de Mount Road reste le témoin d’un âge d’or de la lecture et de la vente en direct de livres. Le plaisir de flâner entre les rayons y reste intact. Que vous cherchiez la dernière publication anglaise ou un classique de la littérature locale ou anglo-saxonne, que vous vous intéressiez aux auteurs indiens ou à la littérature mondiale, Higginbothams a de quoi vous satisfaire. Si vous lisez en anglais (voire en Tamoul), que vous recherchez de la papeterie, des livres pour enfants ou des ouvrages d’art, Higginbothams reste un lieu magique de Chennai.

des rayonnages vidés à la gare centrale