Bronzes cholas

L’exceptionnelle collection de 1500 bronzes cholas assure la renommée du musée de Chennai.

Ceux-ci jouissent d’ailleurs d’un pavillon privé construit pour eux. Plongé dans le noir et équipé de vitrines sécurisées éclairées et de climatisation.

Certains des chefs d’œuvres viennent de rejoindre la magnifique salle de la galerie nationale, le plus beau bâtiment du musée. De style indo-sarracénique, voire Gujarati, celui-ci évoque les splendeurs des palais de maharadjas

Qui sont les Cholas,

La dynastie chola apparait à plusieurs reprises dans l’histoire du sud de l’Inde. Néanmoins elle a connu son âge d’or entre les 10 et 13e siècle. Venue du delta du Cauvery, elle s’implante à Tanjore (lien). De là elle lancera un empire au-delà des mers vers la Malaisie, les Maldives et le Cambodge.

Le livre Ponnyan Selvan, paru dans les années 1960, les a remis au goût du jour. L’auteur, Kalki, glorifiait cette dynastie locale et conquérante au lendemain de l’indépendance nationale. Le film inspiré de l’épopée a permis au Tamil Nadu d’affirmer son originalité et son brio. C’est notamment en matière de construction de temples et de sculptures que la dynastie chola a brillé. Pourtant plus que dans la pierre, les Cholas se sont illustrés par leur travail du bronze.

Leur art original s’appuie sur celui des Pallavas (IVe au IXe siècles). Mais les Cholas ont affirmé un art plus raffiné et complexe lors de leur Renaissance entre les IX et XIIIe siècles. Grands bâtisseurs et mécènes, ils ont soutenu la construction de temples, le moulage en bronze et la sculpture.  Ils ont encouragé un art religieux spécifique qui n’a pas survécu au déclin de la dynastie.

Les bronzes cholas

Ces statues de bronze de petite taille représentent les dieux hindous.

Le travail du bronze est d’autant plus intéressant chez les Cholas qu’il met à l’honneur un matériau introuvable au Tamil Nadu. Il implique donc des échanges, Or les archéologues ont découvert récemment des gisements de cuivre au Sri Lanka. Ce qui expliquerait l’importance accordée à l’expansionnisme vers l’ile voisine à l’époque.

Le bronze d’alors se constitue d’un alliage un peu particulier. Au cuivre et à la cire traditionnels sont ajoutés un peu de zinc, de plomb et d’argent .

Mais le plus original dans les bronzes cholas est la technique. Il s’agit d’un travail à la cire perdue Pourtant, contrairement aux exemples gréco romains, le centre du modèle est plein. Ce qui explique la petite taille de la statuaire tamoule. Les statues sont lourdes en effet.

Elles se trouvaient dans les temples et étaient promenées lors des processions. Le disque au revers de la tête permettait de fixer les couronnes de fleurs. C’étaient en effet des objets rituels et non des œuvres d’art. On en trouvait dans tous les temples même les plus petits. En effet les temples représentaient le centre des activités religieuses, culturelles et artistiques.

Lors des raids et invasions étrangères beaucoup de ces statues ont été coulées ou enterrées. D’ou leur état, pleines de terre ou passablement oxydées.

Iconographie des Bronzes cholas

Les sculptures en bronze Chola représentaient principalement des divinités hindoues du sud. Shiva et ses diverses formes étant les sujets les plus populaires. C’est sous les cholas shivates que le culte de Shiva se développe en effet largement dans le tamil Nadu.  Le dieu apparait sous différentes formes. La plus spectaculaire est certainement le Nataraja ou Shiva dansant dans un cercle.

 Le narada Chaque posture, assis, debout, dansant, incarne un aspect spécifique du caractère et du rôle de la divinité dans l’ordre cosmique.

Les artisans de Chola ont démontré une compétence exceptionnelle dans l’ornementation complexe de la tenue et des accessoires. Les détail concernent notamment les visages expressifs, les yeux, sourire . Fluidité, sensualité et naturalisme caractérisent ces chefs d’œuvre.

Fils de Shiva, Ganesh, dieu de la sagesse et de la connaissance est souvent représentée avec un ventre proéminent, symbole de prospérité et de contentement. Sa défense cassée représente le sacrifice pour la poursuite de la connaissance. Parfois il tient un modak, son aliment favori.

Le mouvement Bhakti, insistant sur un lien personnel et émotionnel avec le divin a beaucoup influencé la sculpture chola. D’où la représentation des divinités sous des formes plus humaines et plus accessibles. La statuaire chola affecte ainsi des postures gracieuses et des expressions faciales subtiles, du mouvement et de l’émotion.

 Les sculptures portaient souvent des bijoux élaborés et des éléments ornementaux, renforçant leur aura divine. Les sculpteurs témoignaient d’une grande compréhension de l’anatomie et des proportions.

 La création de ces sculptures a impliqué une expertise technique et un lien spirituel profond avec le sujet, faisant de chaque pièce une véritable œuvre d’art.

Tanjore

Tanjore, aujourd’hui Tanjavur a été la capitale de la brillante dynastie des Cholas.

Vimana, temple de Tanjavur

Cette dynastie s est particlièrement illustrée dans l’architecture, la peinture de fresques et la statuaire de bronze. ,Les mounments de Tanjore témoignent de ce Moyen-Age  fastueux (11e12e siècles). En effet, un remarquable temple, un palais maintes fois reconstruits, de rares vestiges de fresques et des bronzes exceptionnels attestent de la brillante dynastie Chola.

Les Cholas sont à juste titre connus pour leurs fresques

Plus éloignée des centres touristiques, Tanjore se révèle plus typiquement indienne. Peu d’hôtels dignes de ce nom, des restaurants très locaux, une population peu habituée aux occidentaux, bienvenue au cœur du Tamil Nadu !

 Le temple de Brihadishvara

le temple de Brihadishvara  s’élève fièrement au centre de la ville.

Fierté des pelerins au Temple de Tanjore

 Pour y parvenir, il convient de contourner la gare routière et un marché pour pélerins. On parvient alors à l’enceinte du monument. Celui-ci est caractéristique de l’architecture Chola, au même titre que Mahabalipuram. Devant l’enclos du temple se trouvent les lettres de la ville pour les fous de selfies. Une fois la première Gopuram dépassée, on peut déposer ses chaussures au stand dévolu à cet effet. On s’engage alors sous une Gopuram magnifiquement sculptée. On accède ensuite à un immense espace vert avec en son centre un Nandi géant tourné vers le temple. Une Vimana, sorte de tour, domine le sanctuaire. il s’agit de la.plus haute d’Inde. Un monolithe de 80 tonnes la couronne. Sur les murs, de petites effigies de Nandi, le véhicule de Shiva appellent à la grandeur du Dieu Shiva mais aussi de la dynastie Chola.

Nandi

 Monumentalité et magnificence se conjuguent ici dans le sanctuaire mais aussi dans l’enxemble de l’enclos religieux parsemé de mandapams et entouré d’un couloir abrité entièrement peint de fresques. Une excellente visite  existe en ligne, avec un plan du temple.

En pratique, vous pouvez venir et revenir admirer le temple à différentes heures, vous le découvrirez chaque fois sous un jour différent. Au lever du jour, à l’heure d’affluence des fidèles, il peut s’avérer impossible de rentrer dans le sanctuaire. Néanmoins la lumière naissante permet d’apprécier les peintures entourant le temple. A la nuit tombée, les peintures ne sont plus visibles mais la Vimana éclairée resplandit et la visite devient émouvante.

Lingam et fresques , temple de Tanjore

Le Palais de Tanjore

De l’autre côté de la vieille ville, l’enclos du Palais s’ouvre sur une première cour.

Ganesh, bronze Chola, Musée de Tanjore

Il date en fait de l’époque des Nayaks, dynastie régnante sur la région aux 17 et 19e siècles. On débouche sur la bibliothèque à la célèbre collection de livres rares. Parmi ceux-ci,deux vitrines exposent de précieuses feuilles de palmes, plus ancien témoignages dravidiens écrits.

Au-delà de cette cour, les salles du Palais royal de Tanjore encadrent une  deuxième cour.. Le musée ne vaut pas forcément le coup avec sa collection hétéroclyte d’objets du début du siècle ou de tessons plus anciens,. En revanche, la salle du trône  (Durbar Hall) en impose. Avec ses stucs colorés, Le labyrinthe de colonnes ne vaut pas celui de Madurai mais la décoration reste très belle.

Salle du trône, Durbar Hall, Tanjore

Néanmoins, il ne faut surtout pas manquer la seconde partie du palais, au-delà de la bibliothèque. Ici à l’ombre de la tour de l’horloge, se situe le musée de Tanjore célèbre pour sa collection de bronzes Cholas. Il s’agit de la deuxième plus belle collection après celle du musée de Chennai. Si la muséographie et la conservation font pitié, les pièces à la cire perdue sont d’une finesse remarquable. Le panthéon hindou y est figuré dans cette technique antique qui permet une fantastique subtilité créative. Les plus anciennes remontent au 9e siècle, tout comme la statuaire de pierre exposée dans la cour du musée.

Shiva dansant, Bronze Chola, Musée de Tanjore

Sur la route de Tanjore

un des nombreux temples de Darasuram

« Les grands temples vivants » correspondent à trois grands temples. Ces temples sont dits « vivants » car  bien que classes patrimoine de l’Unesco ils restent en activité. Outre Tanjore, le temple de Brihadisvara de Gangaikondacholisvaram reste à l’écart des chemins touristiques. Cependant les sculptures y sont exceptionnelles. Plus facilement accessible, car sur la route de Pondichery, le temple d’Airavatesvara de Darasuram propulse le visiteur dans le monde des Cholas. Sous le’œil bienveillant d’un clergé prêt à échanger accueil contre obole, ce superbe lieu dans une ville chargée d’histoire et de monuments religieux, permet de rentrer quasi dans le saint des saints. On y admire de merveilleuses sculptures au son des célébrations.

Mandapam, Temple Darasuram