Le Egmore Museum ou musée de Chennai, occupe une dizaine de bâtiments éparpillés dans un grand espace arboré du quartier de Egmore. Les édifices les plus anciens, de style indo-sarracénique, ont été complétés par des constructions plus récentes.
Histoire de Egmore Museum
L’idée d’un musée de Chennai date de 1846 et émane de la société Littéraire de Madras. Dans un premier temps on logea sur le campus st George les 1100 spécimens géologiques.
Les collections s’accrurent régulièrement. Face à la détérioration des lieux et à l’exiguité, le musée déménagea de College Rd à Pantheon Rd dans les Assembly Rooms dans lesquelles l’élite de la ville se retrouvait pour des banquets, bals, conférences à la fin du XVIIIe s.
Dès 1853, une bibliothèque publique s’organisa dans les locaux du Musée. En 1862, commencèrent les travaux de construction d’une salle de lecture. Ouverte en 1896, elle prit le nom des ancêtres du gouverneur de Madras, Lord Connemara. Construite sur les plans de l’architecte Irvin, elle s’enorgueillissait de beaux rayonnages de tek et d’une imposante tour (la plus haute de Madras alors) détruite en 1897 car elle s’écroulait.
Après le centenaire du musée en 1951, un nouveau bâtiment fut construit pour héberger l’exceptionnelle collection de bronzes, ainsi qu’un autre dédié à la conservation. 1963 vit aussi l’ouverture de la galerie des oiseaux. En 1984 la galerie d’art contemporain s’ajouta aux édifices et en 1988 le musée des enfants.
Aujourd’hui, Egmore Museum s’organise en 7 édifices distincts avec des collections disparates.
7 bâtiments pour des collections disparates
- Le premier, une sorte de délicieuse pâtisserie, abrite la billetterie. Tout à côté, un grand panneau donne le code QR d’une remarquable visite guidée enregistrée par Story trail.
- Vers la droite de la billetterie, La bibliothèque Connemara occupe un bâtiment plus moderne aux lignes vaguement art déco. Elle accueille les chercheurs et les étudiants. Il s’agit d’une adjonction au bel édifice ancien vanté par les guides mais caché derrière le théatre.
- Un magnifique bâtiment rond sert de théâtre. Sa restauration vient de s’achever. Bati sur le modèle du Royal Albert Hall de Londres, c’est une petite merveille architecturale mêlant les influences anglaises à des accents indo-sarracéniques.
- En contournant le théâtre, on accède à un bâtiment de style flamand. Avec pignons de briques rouges. Ce style est emblématique de l’architecture de Kensington, le quartier de Londres bâti à lé poque victorienne dans le but de créer une enclave culturelle, l’Abertopolis. Cet édifice abrite la collection archéologique. Le rdc expose des collections de marionnettes de toute l’Inde, mais aussi des vases de terre néolithiques. Au premier étage, le palier orné d’un beau plafond victorien, distribue vers la section anthropologique et vers les salles consacrées à la civilisation harappéenne.
-Plus loin encore, se dresse le bâtiment consacré à la monnaie. Les collections numismatiques font en Inde l’objet de soins considérables
– derrière cette magnifique construction de brique rouge, un triste parallélépipède de béton annoncé par un dinosaure en plâtre abrite l’amusant musée des enfants. Des vitrines y regroupent de petites poupées évoquant les autres pays du monde selon une vision indienne.
– enfin le dernier bâtiment, lui aussi moderne et sans grâce, abrite la collection de peintures. Des croutes poussiéreuses égrènent les gouverneurs qui ont marqué la présence coloniale.
La statuaire de pierre
En contournant le théâtre, on parvient au bâtiment principal abritant les sculptures de pierre puis au pavillon abritant les bronzes cholas. Le bâtiment principal du musée d’Egmore présente au rdc une belle rétrospective des statues des périodes historiques le plus emblématiques du sud de l’Inde. On y admire des statues datant des Pallavas, des Cholas puis des Vijayanagars.
A l’étage, une section est consacrée à l’épigraphie. Elle présente dans une petite salle les premières formes d’écriture consignées sur la pierre mais aussi sur des tablettes de cuivre ou des feuilles de palmier. Un couloir mène aux vestiges les plus impressionnants, comme les sculptures bouddhiques d’Amaravati. De là, on accède au fouillis typique des musées victoriens avec des salles consacrées à la faune et à la flore locales. Des vitrines sur la soie alternent avec des animaux empaillés au siècle dernier ou des fossiles. Des salles de paléontologie suivent en enfilade celles représentant l’habitat des bestioles du cru. La muséographie n’a pas changé depuis le départ des Anglais et le ménage doit remonter à peu près à la même époque.
Juste derrière le jardin de sculptures se dresse le pavillon des bronzes cholas.
Les Bronzes cholas, stars du musée de Chennai
La collection des bronze cholas a été refaite récemment, c’est-à-dire il y a moins de 50 ans. Elle jouit de lumière et d’air conditionné. La salle plongée dans le noir met en scène dans des vitrines éclairées (je le souligne car ce luxe électrique est unique dans les musées de Chennai) les plus belles pièces du musée. Il s’agit de statues de bronze de petite taille représentant les dieux hindous. Elles remontent à l’âge d’or des Cholas entre les XIII et XIVème siècles.
Cette dynastie brilla alors sur le sud de l’Inde depuis sa capitale Tanjore. Les Cholas sont restés célèbres dans l’histoire de l’art pour leur maitrise du bronze à la cire perdue. Il s’agit ici de la plus belle collection au monde. Certains de ces chefs d’œuvres viennent de rejoindre la magnifique salle de la galerie nationale, le plus beau bâtiment du musée de Chennai. De style indo-sarracénique, voire Gujarati, celui-ci évoque les splendeurs des palais de maharadjas.
Comme vous l’aurez compris tout n’est pas incontournable dans ce musée poussiéreux et il n’est pas forcément facile de s’y orienter. Néanmoins certaines sections valent la visite, notamment la galerie des sculptures et celle consacrée aux bronzes cholas.