Comptoir portugais dès le XVIe siècle, puis ville hollandaise avant d’être anglaise, Cochin vit depuis des siècles dans le parfum des épices. Plus grande ville du Kerala avec son demi million d’habitants, Cochin offre des quartiers très différents. Monde ancien et moderne s’y côtoient. Dès l’aéroport alimenté à l’énergie solaire, la modernité de Cochin s’affiche. La ville est en effet la capitale économique de cet Etat étonnamment riche pour l’Inde.
Fort Cochin, le quartier historique
Fort Cochin constitue le quartier ancien. Quasi piétonnier, il offre une parenthèse par rapport au reste de l’Inde. Car le centre historique de Cochin est très touristique. Mais ici, les touristes sont occidentaux au contraire du reste du pays. Du coup l’ambiance y diffère considérablement. Les jolies boutiques et les maisons coloniales recèlent un charme indéniable.
Si la tradition chrétienne est restée particulièrement forte, Cochin s’enorgueillit de sa petite communauté juive, réfugiée ici probablement lors de la destruction du temple en 70. La plus vieille synagogue d’Inde est une petite merveille. A côté, le Palais hollandais, en fait construit par les Portugais pour la famille royale de Cochin, abrite le plus bel ensemble de fresques du Kerala, évoquant l’épopée du Ramayana et la vie du dieu Krishna.
Le Palais de Mattancherry, ou Palais hollandais
Bati par les Portugais en 1557, il fut rénové par les Hollandais en 1663. Cette élégante construction enorgueillit de fantastiques fresques . Malheureusement, il est interdit de prendre des photos.
Le palais se compose de deux étages. Dans les premières pièces, de fantastiques fresques mettent en scène des thèmes inspirés des épopées indiennes Ramayana et Mahabharata . Elles représentent aussi les images des dieux hindous. Puis, une succession de salles évoque la vie des dynasties locales. Étonnement pour l’Inde, le Palais offre un bel exemple de muséographie.
A la fin du périple, d’autres peintures murales illustrent le poème épique Kumarasambhavam de Kalidasa. Un petit temple dédié à la divinité Palayannur Bhagwati se situe dans la cour centrale du palais. En outre, deux autres sanctuaires dédiés au Seigneur Krishna et Shiva se visitent. De plus, des vêtements de cérémonie utilisés par la royauté, des turbans, des armes de l’époque, des pièces de monnaie, des timbres et des dessins donnent un aperçu du mode de vie des familles royales.
Tous les jours de la semaine de 10 h 00 à 17 h 00, excepté le vendredi. 5 rp, photos interdites
Jew Town
Le quartier juif de Cochin correspond essentiellement à une jolie rue commerçante, parallèle au Palais. Au fond de celle-ci, close par la tour de l’Horloge, se trouve la synagogue Pardesi . Sur la gauche, on y accède par une courette. Édifiée en 1568 et agrandie en 1760, elle expose des objets rares de la période portugaise et du Maharajah de Cochin. http://www.antiquemuseumkochi.com/
Paradesi signifie « étranger » dans de nombreuses langues indiennes. Le terme fait allusion aux Juifs blancs, les premiers colons de Cochin, un mélange de Juifs de Cranganore, du Moyen-Orient et d’Europe. En 1524, ils trouvèrent un bienfaiteur en la personne du Raja de Cochin . Celui-ci leur donna en effet la terre sur laquelle ils bâtirent ce lieu de culte en 1568. Il leur fournit même le bois de construction. Cette synagogue contribua fortement à asseoir la présence juive au Kerala.
L’entrée de la synagogue s’effectue par un vestibule. Il donne sur une salle consacrée à l’histoire de la communauté et de sa synagogue. On accède alors à une courette sur laquelle s’ouvre le temple. On y entre pieds nus, Inde oblige. La salle de prière est remarquable pour ses énormes lustres belges du XXe siècle mais surtout pour son extraordinaire pavement. Les centaines de carreaux chinois de faïence bleue, rapportés au XVIIIe s sont tous uniques et peints à la main.
On peut aussi noter la chaire, l’arche renfermant les rouleaux de la Torah, deux couronnes d’or présentées à la communauté juive et les plaques de cuivre du IVe siècle. Enfin, une charte gravée en mayalam décrit les privilèges octroyés à la communauté juive. Le texte est écrit en kannadiyezhuthu, écriture spéculaire ou en miroir.
tous les jours, de 10/12h, et de 15 à 17 heures, sauf les vendredis, samedis et jours de fêtes juives. se déchausser, se couvrir les jambes et les épaules.
Le bord de mer à Fort-Cochin
Fort-Cochin (Fort-Kochi) est situé au bout d’une presqu’île. Il y a donc une belle balade à faire le long du rivage. On s’y amuse du spectacle des carrelets chinois de grands filets de pêche suspendus à des perches. Introduite par les commerçants de la cour du souverain chinois Kubilai Khan, cette méthode insolite repose sur un système de poulies actionnées depuis le rivage. Les filets Installés sur des piquets en teck et en bambou, sont immergés quelques minutes puis remontés.
La plage abonde malheureusement en détritus. En revanche, la promenade le long de la mer est agréable. Le chemin bétonné, longe les plages, entre marchands de poissons, promeneurs et vendeurs de rue divers.
Loafer’s Corner, populairement connue sous le nom de Princess Street, est un endroit idyllique. S’y mélangent l’ancien et le nouveau. C’est l’une des rues les plus anciennes de Fort Cochin. Ses maisons de style européen donnent une impression de vieux monde et restent témoin de la grandeur de l’époque coloniale. De chaque côté de la rue, se dressent des constructions inspirées des modèles britanniques, néerlandais, portugais et français.
Ici, boutiques d’artisanat, de vêtements et de bijoux, de bibelots côtoient innombrables cafés, restaurants spa et les centres traditionnels ayurvédiques.
Tout près, s’élève l’Eglise Saint-François, où se trouvait un temps Vasco de Gama, découvreur de la route des Indes en 1497 et mort à Cochin en 1524. Son corps fut ensuite rapatrié au Portugal. La jolie façade et les pierres tombales ont beaucoup de charme. Non loin de là, la Cathédrale Santa Cruz présente elle aussi une façade blanche.
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