Darjeeling

Le nom de Darjeeling fait rêver. On imagine des champs et des tasses de thé, un train pittoresque, des paysages de sommets enneigés. Puis on commence à se documenter et l’on ressort perplexe. Car Darjeeling est aujourd’hui la base arrière de Calcutta. La foule et la saleté semblent s’y bousculer.

Les commentaires abondent sur l’incurie et les effroyables embouteillages. Cependant depuis 2022, la ville a changé vers le mieux ! Des arrêtés municipaux interdisent les ordures et le ramassage s’organise peu à peu. Reste le problème des encombrements difficiles à résoudre dans une ville qui qui s’étire sur une crête et le long d’une route  étroite et pentue. Pourtant, Darjeeling a gardé un charme anglais tout en restant résolument népalaise.

Capitale du thé anglais

Le petit hameau se transforma en une sorte de ville frontière dans les années 1840. Il accueillait alors des européens en rupture de ban, des indépendantistes tibétains. S’y trouvaient également des Chinois, des espions, et des Anglais prêts à y introduire des graines chinoises de thé. Le Docteur Campbell fut le premier à les planter dans son jardin. Depuis, près de 90 plantations se disputent l’appellation Darjeeling. Certaines se visitent avec plus ou moins d’intérêt. On peut également déguster les prestigieuses feuilles récoltées à différents stades de l’année dans les nombreux et ravissantes maisons de thé.

Autre témoignage colonial, les nombreux cottages et l’architecture religieuse, comme l’église st André. Des banques, bâtiments administratifs, horloge rappellent aussi la présence britannique. Tout comme les pâtisseries emblématiques Glennary and Kernegen. Le thé s’y sert dans de ravissantes théières en argent sans lait (réservé à l’Assam) et s’y accompagne de petits gâteaux et sandwichs.

Le joli jardin botannique Lloyds constitue  une autre délicieuse pause anglaise . La grande serre et les parterres ne sont pas sans rappeler Kew Garden en petit.

Encore un souvenir anglais bien plaisant et peu commun dans une ville indienne. Darjeeling est une ville où il fait bon marcher. Des trottoirs bordent les rues et une magnifique promenade depuis la place principale le Chowrasta et le plateau piétonnier autour de la rue Nehru offre des vues fantastiques sur le Kandchenzunga, troisième sommet du monde et plus haut sommet indien. Cela vaut le coup d’y aller tôt le matin (vers 6h) pour contempler les locaux en plein jogging, exercices physiques voire séance de zumba face aux cimes enneigées.

Darjeeling,Ville himalayenne

Malgré l’héritage anglais, Darjeeling reste à 80% népalaise. On y mange des momos le long des marchés animés qui bordent les rues en pente raide. Les magasins vendent bottes et gros pulls et les riverains arborent des bonnets tricotés. Bâtie le long de crêtes entre 1 800 et 2 800 mètres d’altitude, la ville est toute en étages. Ses ruelles se rejoignent par des escaliers abrupts. Dans la ville basse, non loin de la gare, le marché Chau est énorme mais calme, comparé aux autres villes indiennes.

La ville haute reste plus élégante. Elle était jadis réservée aux plus belles demeures britanniques. On y trouve les jolies promenades et les bons hôtels. Au sommet de la ville, le Mahakal temple présente un étonnant syncrétisme de traditions bouddhistes et hindoues avec ses drapeaux tibétains ornant le sanctuaire de Shiva.

Le centre de réfugiés tibétains, crée en 1959 permet à de nombreux Tibétains exilés de vivre dans le respect de leur culture. On y trouve aujourd’hui une école, un hôpital, un gompa. Un centre commercialise des objets d’artisanat. Pour compléter ce panorama tibétain, le musée se trouve derrière l’Horloge, dans le centre de la ville.

Une manière amusante de se rendre à Darjeeling ou d’en partir consiste à emprunter le petit train de l’Himalaya instauré en 1878 par les ingénieurs britanniques. Néanmoins il roule à 12km et il vous faudra plus de 7h pour relier Siliguri à 70km. Mieux vaut opter pour un petit trajet dans ce pittoresque train (Ghoom ou Kurseong) et en admirer les prouesses constructives.

Que voir quand on ne vient que quelques jours

Les touristes se rendent en procession au lever du soleil sur Tiger Hill. Les locaux eux profitent des vues du Chowrasta. Les tours opérateurs et taxis offrent des boucles avec plusieurs arrêts. Celle proposant le magnifique lever de soleil sur Tiger Hill (à 14km de Darjeeling et 2600m d’altitude) opère entre 3.30 et 6,30 du matin et vous permet de vous rendre au monastère de Ghoom où se situe également la fameuse boucle ferroviaire destinée à affronter un dénivelé impressionnant.

Si vous préférez échapper à ces circuits quasi obligatoires et à la foule et que marcher ne vous rebute pas, en dehors de Tiger Hill et Ghoom, tout peut se faire à pied. A commencer par le fantastique zoo et l’institut de l’Himalaya. Ce dernier retrace les différentes expéditions himalayennes au travers de coupures de presse, photos, échantillons et matériel utilisé au fil des années pour les ascensions, et notamment les expéditions vers l’Everest. Fondé en 1954, un an après la première ascension de l’Everest, il évoque les hommes et leurs aventures. Cours d’escalade, films et démonstrations complètent le parcours.

Le zoo lui vise à protéger et assurer la survie des espèces. On y voit donc uniquement des espèces himalayennes et elles sont particulièrement bien nourries et ont un pelage magnifique. Parmi les stars, le panda roux et l’ours de l’Himalaya mais aussi le tigre du Bengale.

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