Quartier chinois de la Havane

Si le quartier chinois parait réduit de prime abord, cette petite visite vous permettra de découvrir une communauté discrète et étonnante. Cependant, ell s’est énormément affaiblie depuis l’exode massif à la fin des années 1960. Certes il ne faut pas s’attendre à l’effervescence commerciale et l’inventivité des chinatowns traditionnels. Pour autant, le quartier mérite d’être connu.

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A l’origine du quartier chinois

Les premiers asiatiques, des Philippins, arrivèrent au tout début du XIXe s. Les 600 premiers Chinois,  majoritairement de Canton débarquèrent eux en Juin 1847 . Ils devaient servir de main d’œuvre agricole bon marché pour remplacer les esclaves africains.

La communauté s’accrut en 1869 avec les Chinois de Californie. Les Etats-Unis de la Guerre de Sécession et de l’industrialisation n’étaient pas les moins racistes….

Après avoir pris part aux guerres d’indépendance et avoir été libérés de leurs obligations agricoles, les Coolies s’installèrent sur la Calzada de Zanja.  On évalue leur nombre à 150 000 entre 1847 et 74. Ils élirent domicile le long de la conduite d’eau du centre-ville près de la gare de trains pour Marianao.

C’était un lieu pratique où les petits commerces de restauration, blanchisseries, boutiques de nourriture purent prospérer. Dès 1879, ils purent (voire durent) s’inscrire dans des sociétés les regroupant par nom, provenance, voire filiation politique. Nommés casinos, ces lieux servaient essentiellement pour les réunions et l’organisation de la communauté.

Une communauté aujourd’hui décimée

Il ne reste aujourd’hui que 13 de ces sociétés sur 36 dans les années 1950. A cette époque, on évaluait la communauté à 200 000 Chinois sur Cuba dont la moitié dans ce quartier. On la considérait comme la seconde des Amériques après celle de San-Francisco. Elle rayonna sur une dizaine de pâtés de maisons autour des Rues Galiano et Reina avec ses commerces, théâtres, banques, écoles, sa bourse de commerce…

Un cimetière fut même ouvert dans le nouveau Vedado sur la rue 26. Aujourd’hui la communauté de 150 descendants de chinois grossit mais n’habite plus forcément le quartier. Elle peine à conserver sa langue et ses traditions. En effet, les chinois arrivés à Cuba étaient à 90% des hommes et se sont donc mariés et dilués dans la population locale ….

Lieux de réunion et de piété sino-cubains

On peut partir de l’arche chinoise à l’angle des rues Amistad et Dragones offerte par la République populaire de Chine en 1999. Tout près, dans la rue Amistad, se trouve la société Chung Woh créée en 1893. Comme dans  la majorité des sociétés, à l’étage se trouve la grande salle de réunion, les bibliothèques et salles de classe. On y apprend effectivement le mandarin. Dans le patio, se donnent conférences et consultations de médecine chinoise. Une petite chapelle confucéenne  montre que le syncrétisme a aussi touché le confucianisme . En effet, le travail agricole mettait en commun des ouvriers d’origine africaine ou asiatique. Confucius tout rouge, ici est assimilé à la Ste Barbara catholique et au Chango de la Santeria. Des baguettes et pierres attestent aussi de la pratique de la divination. Car les Chinois débarqués à Regla sont rentrés en contact dès leur arrivée à Cuba avec la vierge de Regla assimilée à Yemaya. Le phénomène de transculturation s’est donc opéré d’emblée.

On reprend alors la rue Dragones très populaire et populeuse.

Le coeur de Chinatown cubain

On accède alorsau Cuchillo de Zanja, ruelle occupée par les restaurants. C’est le cœur de ce Chinatown,. Au bout de la rue, se dresse  l’Institut Confucius, ancien Edificio Pacifico. Jadis restaurant très connu, il est devenu institut universitaire et dispense des cours de langue.

A côté, se trouve la seule imprimerie survivante Kwong-Wah-Po. De retour sur Zanja, au 163, on entrevoit une pharmacie traditionnelle chinoise. Peu après, on tourne à gauche sur Manrique pour découvrir une école d’art martiaux installée dans l’enceinte d’un cinéma désaffecté. Dans la cour, un café, en face une maison de retraite. Dans la maison d’à côté un foyer où les anciens jouent au Mah Jong.

Un quartier délabré mais bien vivant

A l’angle de Dragones, jouxtant la boulangerie neuve qui s’annonce chinoise, mais ne vend que des pâtisseries cubaines, se trouve encore un foyer pour personnes âgées.  Il y a dans cette rue une série de clubs . Se succèdent ainsi la Sociedad China ,La Unión de la Familia, la Sociedad China Lung-Kwn-Sol et enfin la Fonda Sue-Yuen-Tong .

En reprenant Manrique, on parvient à la très belle église de la Charité dont la chapelle au fond à droite recèle une icône précieuse. Il s’agit d’une image d’une Vierge chinoise apportée en ces terres lointaines par un frère franciscain d’origine chinoise. Elle est assimilée à la Vierge du cuivre Sainte patronne de Cuba. C’est elle qui marque l’épicentre de cette communauté, regroupée dans l’église presbytérienne, sur Salud, où les premiers pasteurs chinois commencèrent à enseigner la langue en 1904.

En continuant toujours sur Salud, on tombe sur le restaurant Fleur de Lotus, véritable institution locale . Juste à côté, le centre culturel chinois, occupe une belle maison coloniale, isolée loin du centre historique de la Havane. Calle Salud, No. 243, entre Gervasio y Escobar. On revient alors sur Zanja en longeant le jardin Confucius  avec sa jolie statue entourée de bambous. On parvient enfin Rayo 108 entre Zanja y Dragones à la galerie d’art continu  (Galleriacontinua) aménagée dans un ancien cinéma chinois. Elle accueille des expositions d’art contemporain. https://www.galleriacontinua.com/about/habana/history

On peut compléter ce tour à pied avec une incursion au cimetière chinois dans le nouveau Vedado, juste derrière la Nécropole de Colón.

Parque Central

Le Parque Central fait office de carrefour au milieu du Paseo de Marti. Il se trouvait à l’origine juste à l’extérieur de la muraille. Celle-ci date du début du XVIIIe. Elle visait à protéger la ville d’attaques de pirates et de corsaires.

http://visitesfabienne.org/wordpress/muraille-de-la-havane/

Sur ce terrain, s’élevait une ferme. Puis ouvrit l’atelier de Jose Albazzi sculpteur de granit. L’artiste était si connu qu’il se présenta à l’Exposition Universelle de 1887 à Paris comme représentant des provinces d’outremer (cf catalogue de l’Expo de 1867, section espagnole).

Un espace libéré par la destruction de la muraille

A la destruction de la muraille (1863), le glacis fut ouvert en zone de promenade et en un espace ouvert et arboré. Destiné aussi à accueillir une circulation croissante,  le chemin de campagne initial se transforma en une grande avenue de parade pour les carrosses. Il portait alors le nom   de Alameda de Isabel II. Il se composait de trois sections de la fontaine de l’indienne au Malecon.

Inspirée du Prado de Madrid, la promenade fut bientôt bordée de grandes demeures et d’édifices sociaux, avec une allée centrale piétonne, pavée de marbre, des arbres, des bancs de pierre. A la fin de la période coloniale, elle prit le nom de “Paseo de Martí” en hommage au héros de l’independance, même si elle restait communément connue comme “Paseo del Prado”.  L’actuel Parque Central  remplaça les trois petits jardins en 1877 avec un équipement moderne de luminaires, bancs… Une fois achevé, il devint lieu de rencontre à la place de l’Alameda de Paula et de la place d’Armes. En son centre, fut érigée la première statue de Jose Marti en 1905, en remplacement de celle d’Isabelle II (1850).

Lieu de rencontre de la ville et point de liaison entre la vieille ville et la ville cubaine, le parc est entouré de 28 palmiers symbolisant la date anniversaire de Jose Marti le 28 Janvier.

Avec la croissance de la ville dans la moitié du 19e siècle, le Prado s’urbanisa encore.  D’élégantes demeures et immeubles, clubs et théatres le bordèrent alors.

Le Parque, haut lieu théatral.

De nombreux édifices importants apparurent comme en 1870 le “Teatro Albisu”. Il devint en 1918 “Centro Asturiano”. Cet édifice abrite aujourd’hui la section internationale du Musée des Beaux-Arts.

http://visitesfabienne.org/wordpress/musee-des-beaux-arts-la-havane/

www.bellasartes.cult.cu

En 1877  le Teatro Payret ouvrit mais un cyclone le détruisit  en 1882. Puis ce fut le tour du Teatro Tacon (dès 1838) et le centre Galicien ensuite englobés en 1907 dans le Grand Théatre une fantastique bâtisse éclectique.

Carrefour central de la capitale d’un Cuba indépendant

Le Parque Central, devenu carrefour de la ville au XIXe siècle vit aussi fleurir des Hôtels. Après les théatres il fallut héberger. Ce fut d’abord l’ “Hotel Telégrafo”. Ouvert dès 1835 sur les rues Reina y Rafael , il bougea dans le quartier à la mode en 1888. C’était alors l’ un des hôtels les plus élégants de l’époque avec ses toilettes…

A coté, le “Café y Salón Escauriza”, rebaptisé “Le Louvre”, en 1838 donna son nom à tout le trottoir. Il  précéda l’Hotel Inglaterra ouvert en 1856 avec ses salons mauresques. C’était le point de ralliement des libéraux. Il subsiste un charme fâné de ces batiments symboles d’une splendeur passée. Fin du 19e de la familia Pedroso  converti un de ses immeubles d’habitation. L’édifice accueillit alors les bureaux du “Diario de la Marina”. En 1909 l’ “Hotel Plaza” engloba l’ensemble…

Enfin le dernier Hôtel de la placevient d’ouvrir à l’emplacement de la Manzana de Gomes. Cette manzana, ou bloc de bâtiments, se convertit en la première galerie commerciale. Elle s’ispirait  des passages couverts typiques des capitales européennes à la fin du XIXeme siècle. De style néoclassique elle occupe tout un pâté de maison construit au dessus des vestiges de la muraille. Elle abritait des boutiques et deux théatres.

Le Parque Central, lieu de réunion et loisirs

Au début du XXe siècle, avec la République et l’indépendance, les lieux de réunion et de loisirs se multiplièrent : cafés, clubs, billards. A l’époque, on ne dénombrait pas moins de 188 billards chiffre qui avait explosé dans le courant du siecle. Ainsi le café Central ouvert en 1914 changea ensuite de fonction et de propriétaires, devenant bar, cafeteria, tabac, presse, glacier, patisserie. Avec le temps, l’édifice manquant d’entretien et de soin tomba complètement en ruine. En 1999 l’Hotel Parque Central le remplaça. Il conserve quelques éléments anciens dans sa façade. Il offre d’ailleurs la jolie surprise d’une des plus belles vues sur la capitale. On peut ainsi monter au dernier étage, terrasse restaurant panoramique. Mais on peut aussi aller voir au sous sol, des vestiges de la muraille démantelée.

Le périmètre du Parque Central fut consacré centre de la ville nouvelle avec l’inauguration en 1929 du Capitole. Ce bâtiment s’ inspire de l’architecture des capitoles provinciaux des Etats-Unis. Au delà, il s’inspire de l’architecture républicaine romaine. La coupole s’inspire du Panthéon. C’est ce symbole républicain et politique et non la Basilique St Pierre de Rome (elle aussi inspirée par le Panthéon…) qui sert de modèle à la chambre des représentants et au Sénat Cubains. Ceux-ci se trouvaient jusqu’alors dans la Vieille Ville. Après 1960, le Capitole abrita le ministère des Sciences et Technologies et de l’environnement.  Il vient de réouvrir et je vous en conseille la visite !

https://web.archive.org/web/20100826111737/http://www.capitolio.cu/historia.htm

Le Malecon

photo-malecon-2La ville de la Havane se construisit dans un premier temps le long de la baie.  Un système de fortification sophistiqué fortifia rapidement ce site exceptionnel en pays indigène. Il s’agissait de petits chateaux bastionnés intra muros (Fuerza Real) . Des forts le complétaient  sur la muraille (San Carlos de la Punta) mais aussi sur les promontoires alentours (Cabana, el Morrro, Sta Clara, St Nazaire etc…)

La conquête du bord de mer

La conquête de la mer ne commenca que tardivement. A la fin du XIXeme siècle, la ville sortit des murs historiques, le long du Paseo jusqu’au Capitole. De nouveaux quartiers s’ouvrirent dont le Vedado, autrefois lieu de chasse.

http://visitesfabienne.org/wordpress/muraille-de-la-havane/

Une voie reliait alors le centre historique à cette zone en expansion : San Lazaro. Ce n’était pas le lieu le plus couru de la ville puisqu’il accueillait l’hopital des Lépreux, un asile d’aliénés et un cimetière…. Comme de nombreuses cités, la Havane tournait alors complètement le dos à la mer. Il est vrai que la mer se déchaine le long des récifs et que la côte rocheuse et infestée de requins est particulièrement inhospitalière.

Au dela des murailles un long espace tampon protégeait les habitants de la furie des vagues. Le long de la mer des criques pouvaient etre utilisées par temps calme, comme lieu de baignade voire de villégiature. Face à l’actuel centre culturel panaméricain, les gens pouvaient se baigner dans une petite crique rocheuse. La crique face à l’actuel parc Maceo permettait quant à elle de rafraichir les chevaux…. Dans ce cadre, la construction du Malecon a été un projet au long terme, de conquète de territoire. A mesure que progressait la voie de bord de mer, la zone de Miramar se convertissait en zone balnéaire.

Le Malecon ou jetée en espagnol, se construisit en trois étapes sur 7 km de l’entrée de la Baie au Rio Almendar (tunnel de Miramar). Le projet a mis plus de 55 ans pour arriver à son terme.

la Tribune anti imérialiste sur le Malecon

La 1ere étape

La première étape commença en 1898 . Elle se poursuivit sur 1 500 m du Fort San Salvador de la Punta au Torreon de San Lazaro (parc Maceo). Il s’agit de ce que l’on dénomme aujourd’hui le Malecon historique. Ce tronçon est en cours (plutôt en attente) de restauration officielle sous l’égide de la oficina de l’historiador de la Ciudad. Les sections suivantes du Malecon sont gérés par le gouvernement municipal. De cette première partie on conservera essentiellement les façades. Celles-ci rongées par les intempéries, ne tiennent que par miracle. Néanmoins elles offrent une belle continuité urbanistique du fait de la colonnade . Elle unit les maisons et permettait de se promener à l’abri du vent, des vagues et des pluies…

La construction de ce premier tronçon de Malecon a commencé le 6 mai 1901 au lendemain de l’indépendance de Cuba. Elle témoigne de la présence croissante des américains. Il s’est d’abord agi de travaux de soutènement et d’endiguement (mur plus route). Est venue ensuite la phase de construction avec la promenade, la route et enfin avec un recul de 4m, les maisons. La promenade prévue se voulait large avec un terre-plein central. En fait, les arbres ne survécurent pas au premier cyclone, pas plus que le mobilier urbain.

Ce tronçon de 500 m prit plus de temps que prévu car les plans tiraient droit alors que la baie s’incurve clairement. A cette époque, on délaissait la vieille ville. Le Paseo de Prado était à la mode, aet le Malecon en devint un débouché naturel. A l’entrée du Malecon, à l’extrémité du Paseo, on construisit une gloriette. Devant, on disposait de chaises et fauteuils face à l’hotel Miramar. C’était une référence à la plage espagnole. Aujourd’hui ce lieu correspond au nouvel Hôtel moderne Prado y Malecon). Venait ensuite l’Union club, aujourd hui centre culturel Hispanoaméricain (qui propose des spectacles). Puis se succédaient les maisons de baignade. Un pont de fer reliait Miramar. Devant l’actuel hopital, face à l’hotel San Lazaro aujourd’hui disparu, un portique ouvrait sur le parc. Il n’en reste que des piliers, une statue d’Antonio Macéo et une fontaine.

La deuxième et la troisième étapes.

Le deuxième tronçon intervint en 1920 entre le Torreon bati en 1665 pour surveiller les attaques de pirates et la galeria du Paseo . Ce nouveau tronçon engloba en 1925 l’escarpement sur lequel se trouvait le fort de Santa Clara, (promontoire rocheux) et à l’emplacement duquel fut construit l’Hotel Nacional.

A l’époque seul le tracé géométrique des grandes artères existait : Rampa, Linea…. Cet urbanisme qui laisse la part belle aux grandes avenues, aux parcs, aux circulations, émane d’un Français visionnaire et trop méconnu, héritier de Haussmann, Jean Claude Nicolas Forestier. Une fois connu en France mais aussi à Seville, Barcelone, Lisbonne, il travailla au plan directeur de Buenos Aires . Il fut appelé à la Havane pour travailler sur le plan directeur de la cité entre 1926 et 1929.

http://archiwebture.citechaillot.fr/fonds/FRAPN02_FORJE

Au niveau du Paseo, le long des récifs, se trouvait le centre de Conventions, transféré en 1957, puis des maisons entourées de grands jardins de la fin 19e. On les vendit très cher à des investisseurs pour y construire des immeubles.

dav

La 3 e étape mène de l’avenue du Paseo au tunnel de Miramar ouvert en 1957. Au début était prévu un Malecon interieur avec des aménagements récréationnels en bord de mer. Cette dernière partie menait jusqu’à un pont levant reliant Miramar, nouveau quartier apparu au début du XXes. Ce pont fut remplacé par un tunnel également construit en 1957. Un grand projet prévoyait même un pont immense reliant la Puntilla au Fort à l’extrémité du Malecon. De cette époque datent de nombreuses constructions dont l’Hotel Riviera, de grands ensembles comme l’edificio Focsa.

Quelques adresses :

si vous voulez retrouver cet itinéraire avec une carte et des adresses, escapad.io

Fusterlandia

Fusterlandia ou comment un quartier entier renaît grâce à un artiste.

Le quartier de Jaimanitas, ancien quartier délaissé de pêcheurs, est en passe  de devenir l’un des hauts lieux de l’art à la Havane. Ce, depuis que Jose Rodriguez Fuster, l’un de ses habitants, artiste céramiste, s’est mis en tete de le redécorer.

Un homme redonne vie à tout un quartier

Depuis 25 ans, sur ses propres deniers, cet homme de 7o ans, tout d’abord seul, tapisse les maisons et rues de son quartier de fragments de carreaux de faience souvent ramenés de l’étranger.

Le projet Fusterlandia englobe aujourd’hui près de 150 maisons. Il étonne d’autant plus qu’il a été initié pendant « la période spéciale en temps de paix », ce joli euphémisme pour qualifier les années 1990 où Cuba a traversé une crise économique sans précedent.

Ainsi, ce projet, artistique et décoratif du à la perséverance, au talent et à la générosité de son auteur visionnaire, est devenu un véritable projet économique créateur d’emplois. Directement puisqu’il attire des admirateurs. Et indirectement par la vente de souvenirs. Mais c’est aussi un projet social. En effet, il intègre la population locale, la forme et lui fournit emplois et lieux de vie et de partage.

Une licorne fontaine

Une notoriété croissante

Le quartier déshérité, replié sur lui même, s’ouvre de plus en plus. Il est en train de devenir un lieu très attractif de la capitale. On le devine en passant sur la 5e avenue. Là, des arrêts d’autobus colorés et aux formes enchevetrées rappellent un peu Gaudi, l’une des références.

Pour en savoir plus sur Fuster et son rêve : https://www.youtube.com/watch?v=URfcssOpEPU

On peut commencer la visite par la maison de l’artiste. Cette extraordinaire création colorée n’est aps sans rappeler Gaudi bien sûr mais aussi Nikki de Saint Phalle. L’artiste se réclame de l’héritage du célèbre catalan. Les couleurs et formes des animaux imaginaires évoquent quant à eux la compagne de Tinguely. Puis vous pouvez flâner au gré du quartier pour y découvrir l’exubérance colorée des mosaïques.

https://www.youtube.com/watch?v=nlotrtoyQeY

La maison de l’artiste se visite et vaut vraiment le coup d’oeil(tlj 9h30/16h30 sauf éventuellement l’heure du repas calle 226 y 3a.

Le Malecon

photo-malecon-2La ville de la Havane se construisit dans un premier temps le long de la baie.  Un système de fortification sophistiqué fortifia rapidement ce site exceptionnel en pays indigène. Il s’agissait de petits chateaux bastionnés intra muros (Fuerza Real) . Des forts le complétaient  sur la muraille (San Carlos de la Punta) mais aussi sur les promontoires alentours (Cabana, el Morrro, Sta Clara, St Nazaire etc…)

La conquête du bord de mer

La conquête de la mer ne commenca que tardivement. A la fin du XIXeme siècle, la ville sortit des murs historiques, le long du Paseo jusqu’au Capitole. De nouveaux quartiers s’ouvrirent dont le Vedado, autrefois lieu de chasse.

http://visitesfabienne.org/wordpress/muraille-de-la-havane/

Une voie reliait alors le centre historique à cette zone en expansion : San Lazaro. Ce n’était pas le lieu le plus couru de la ville puisqu’il accueillait l’hopital des Lépreux, un asile d’aliénés et un cimetière…. Comme de nombreuses cités, la Havane tournait alors complètement le dos à la mer. Il est vrai que la mer se déchaine le long des récifs et que la côte rocheuse et infestée de requins est particulièrement inhospitalière.

Au dela des murailles un long espace tampon protégeait les habitants de la furie des vagues. Le long de la mer des criques pouvaient etre utilisées par temps calme, comme lieu de baignade voire de villégiature. Face à l’actuel centre culturel panaméricain, les gens pouvaient se baigner dans une petite crique rocheuse. La crique face à l’actuel parc Maceo permettait quant à elle de rafraichir les chevaux…. Dans ce cadre, la construction du Malecon a été un projet au long terme, de conquète de territoire. A mesure que progressait la voie de bord de mer, la zone de Miramar se convertissait en zone balnéaire.

Le Malecon ou jetée en espagnol, se construisit en trois étapes sur 7 km de l’entrée de la Baie au Rio Almendar (tunnel de Miramar). Le projet a mis plus de 55 ans pour arriver à son terme.

la Tribune anti imérialiste sur le Malecon

La 1ere étape

La première étape commença en 1898 . Elle se poursuivit sur 1 500 m du Fort San Salvador de la Punta au Torreon de San Lazaro (parc Maceo). Il s’agit de ce que l’on dénomme aujourd’hui le Malecon historique. Ce tronçon est en cours (plutôt en attente) de restauration officielle sous l’égide de la oficina de l’historiador de la Ciudad. Les sections suivantes du Malecon sont gérés par le gouvernement municipal. De cette première partie on conservera essentiellement les façades. Celles-ci rongées par les intempéries, ne tiennent que par miracle. Néanmoins elles offrent une belle continuité urbanistique du fait de la colonnade . Elle unit les maisons et permettait de se promener à l’abri du vent, des vagues et des pluies…

La construction de ce premier tronçon de Malecon a commencé le 6 mai 1901 au lendemain de l’indépendance de Cuba. Elle témoigne de la présence croissante des américains. Il s’est d’abord agi de travaux de soutènement et d’endiguement (mur plus route). Est venue ensuite la phase de construction avec la promenade, la route et enfin avec un recul de 4m, les maisons. La promenade prévue se voulait large avec un terre-plein central. En fait, les arbres ne survécurent pas au premier cyclone, pas plus que le mobilier urbain.

Ce tronçon de 500 m prit plus de temps que prévu car les plans tiraient droit alors que la baie s’incurve clairement. A cette époque, on délaissait la vieille ville. Le Paseo de Prado était à la mode, aet le Malecon en devint un débouché naturel. A l’entrée du Malecon, à l’extrémité du Paseo, on construisit une gloriette. Devant, on disposait de chaises et fauteuils face à l’hotel Miramar. C’était une référence à la plage espagnole. Aujourd’hui ce lieu correspond au nouvel Hôtel moderne Prado y Malecon). Venait ensuite l’Union club, aujourd hui centre culturel Hispanoaméricain (qui propose des spectacles). Puis se succédaient les maisons de baignade. Un pont de fer reliait Miramar. Devant l’actuel hopital, face à l’hotel San Lazaro aujourd’hui disparu, un portique ouvrait sur le parc. Il n’en reste que des piliers, une statue d’Antonio Macéo et une fontaine.

La deuxième et la troisième étapes.

Le deuxième tronçon intervint en 1920 entre le Torreon bati en 1665 pour surveiller les attaques de pirates et la galeria du Paseo . Ce nouveau tronçon engloba en 1925 l’escarpement sur lequel se trouvait le fort de Santa Clara, (promontoire rocheux) et à l’emplacement duquel fut construit l’Hotel Nacional.

A l’époque seul le tracé géométrique des grandes artères existait : Rampa, Linea…. Cet urbanisme qui laisse la part belle aux grandes avenues, aux parcs, aux circulations, émane d’un Français visionnaire et trop méconnu, héritier de Haussmann, Jean Claude Nicolas Forestier. Une fois connu en France mais aussi à Seville, Barcelone, Lisbonne, il travailla au plan directeur de Buenos Aires . Il fut appelé à la Havane pour travailler sur le plan directeur de la cité entre 1926 et 1929.

http://archiwebture.citechaillot.fr/fonds/FRAPN02_FORJE

Au niveau du Paseo, le long des récifs, se trouvait le centre de Conventions, transféré en 1957, puis des maisons entourées de grands jardins de la fin 19e. On les vendit très cher à des investisseurs pour y construire des immeubles.

dav

La 3 e étape mène de l’avenue du Paseo au tunnel de Miramar ouvert en 1957. Au début était prévu un Malecon interieur avec des aménagements récréationnels en bord de mer. Cette dernière partie menait jusqu’à un pont levant reliant Miramar, nouveau quartier apparu au début du XXes. Ce pont fut remplacé par un tunnel également construit en 1957. Un grand projet prévoyait même un pont immense reliant la Puntilla au Fort à l’extrémité du Malecon. De cette époque datent de nombreuses constructions dont l’Hotel Riviera, de grands ensembles comme l’edificio Focsa.

Quelques adresses :

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Place de la Révolution

photo8La place de la Révolution, est un lieu hautement symbolique de la Havane contemporaine. Les projecteurs se sont braqués sur elle  entre le 25 et le 29 Novembre 2016 pour l’hommage posthume à Fidel Castro . Elle e aussi accueilli les Papes et toutes les grandes réunions populaires depuis la Révolution. Pourtant, sa réalisation remonte à la fin du XIXe siècle.

Siège des Catalans

Au XIXe siècle, il y avait sur  la colline de Tadino des champs et fermes. En 1884, la communauté catalane cherchait un lieu escarpé pour rappeler la basilique catalane de Montserrat. Elle choisit cette colline pour y construire un ermitage dédié à la Vierge. L’ermitage  financé par la sociéte des catalans et les fonds de particuliers fut consacré en 1921 à l’emplacement de l’actuel monument à J Marti. Il  devint alors un lieu pour les indépendentistes catalans .

http://www.abadiamontserrat.com/

Projet de la République

Or dans les années 20 la prosperité de la Havane était telle qu’on envisagea d’amples plans d’aménagement (plans regulateurs) pour encadrer la croissance future. On voulait alors créer de nouveaux axes. Le Francais Forestier projetait en 1922   une nouvelle centralité avec une scénographie monumentale pour les célébrations.

dans cet article je parle déja du plan de Forestier : http://visitesfabienne.org/wordpress/le-malecon/

la Loma de los Catalanes ou Loma de  Montserrat  devint une place sur le modèle parisien. Elle prévoyait des avenues en étoile rayonnant vers les points cardinaux. A l’ouest vers le Rio Almendares, à l’Est vers le Parc de la Fraternité et au sud vers le Vedado. Des édifices devaient accroitre le prestige en accueillant les fonctions politiques et administratives de la République naissante.

Le projet prit d’ailleurs tant d’importance qu’on construisit un train pour relier l’ermitage au centre de la ville. La station Monistrol du nom du village proche de la Basilique catalane à 50km de Barcelone desservait la future place de la Révolution.

Le projet d’une grande place civique et d’un monument au héros de l’Indépendance Jose Marti resurgit en 1935 et initia deux décennies de concours, projets, levées de fonds et expropriations.

La construction

En 1951,  l’Ermitage  détruit, la construction du monument et de la bibliothèque put commencer. Les  catalans expulsés batirent une seconde église sur l’avenue Rancho Boyero en intégrant quelques éléments venus de la première église : vitraux, autel, marbres, Vierge.

photo3La construction de la place Civique et du monument à Jose Marti par Juan Jose Sicre débutèrent en 1953. Cette immense pyramide marque le point culminant de la Havane 113m + les drapeaux. A la base de la pyramide, se tient une sculpture (1958) du héros de l’indépendance en marbre blanc dans la pose du penseur.

Le monument comporte un musée qui doit pouvoir se visiter ainsi que le belvédère de la partie supérieure (567 marches) entouré de 6 piliers representant les 6 provinces de l’époque.

photo1Réalisation et Symbole de la Révolution

A partir de 1959 les révolutionnaires rebaptisent et réaménagent l’immense esplanade. Des bâtiments de béton aux volumes cubiques du style en vigueur dans les années 30/ 40 surgissent. Ainsi, face au Memorial  Marti, le visage en relief inspiré à Enrique Avila par la célèbre photo de Korda, photographe de la Révolution cubaine, et les paroles Hasta la victoria siempre décorent le Ministère de l’Intérieur. En 2009, le même artiste ajouta le portrait de Camillo Cienfuegos.

Au débouché du Paséo, le théatre national imaginé dès les années 1950 mais inauguré en 1979, propose de nombreux spectacles de qualité. (consultables et réservables en ligne 10 MN ou CUC- mais on peut tout à fait arriver au dernier moment pour les concerts du dimanche matin à 11h).

Théatre National : http://www.teatronacional.cu/site/section/1

Au sortir de la place, la Bibliothèque Nationale complète le dispositif culturel. Bibliothèque Nationale : http://www.bnjm.cu/

La Place civique devenue Place de la Révolution est ainsi triplement symbolique, par la présence des héros défunts du Cuba actuel (d’où la résonnance des funérailles), mais aussi du fait de ces trois batiments emblématiques de la culture (musée, théatre, Bibliothèque), enfin par sa fonction gouvernementale : ministères, Siège du Parti Communiste Cubain (derrière le monument) mais aussi et surtout  lieu des grands rassemblements nationaux, concerts, discours et défilés.