Le Capitole de Chandigarh
A Chandigarh, Le complexe du capitole est classé patrimoine mondial de l’humanité. Plus précisément , « 17 bâtiments ou sites corbuséens sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, » dans le cadre de la série L’Œuvre architecturale de le Corbusier, une contribution exceptionnelle au Mouvement Moderne »
Qu’est-ce que le Capitole de Chandigarh

A Chandigarh, Corbusier envisagea un centre administratif grandiose. Il planifia 4 bâtiments, 6 monuments sur un même site et 3 places. Cette zone, qualifiée de secteur 1, se trouve au sommet (la tête) de la ville. Aujourd’hui vide, il la conçut pourtant comme le centre de la vie démocratique.

Seuls 3 des 4 bâtiments furent finalement réalisés. Il s’agit de la cour de justice, l’assemblée et le secrétariat. Suivant la volonté de l’architecte, les 3 piliers de la démocratie se font face. Corbusier les dessina pour représenter les fonctions majeures de cette fameuse démocratie. Cependant, le 4e édifice, le palais du gouverneur ne dépassa jamais le stade d’esquisse.

Pour visiter l’immense complexe, il suffit de se rendre à l’office du tourisme au minimum un quart d’heure avant la visite. En effet, l’inscription en ligne ne fonctionne pas. Les visites guidées, gratuites, sont obligatoires à 10h 12h ou 15h. Il s’avère impossible de visiter autrement depuis l’attentat de 1995. Celui-ci couta la vie au Chief Minister de l’époque Beant Singh.
Il faut compter 1h30 de visite avec des groupes de taille et d’intérêt aléatoires. On peut aussi tenter la visite architecturale.
La visite guidée nous emmène dans ce secteur sous haute surveillance. Elle commence avec la Cour de justice.

Les Bâtiments constitutifs du Capitole
La Haute cour de justice (1952)
La cour de justice fonctionne depuis 1956. En béton brut, elle est animée par 3 piliers géants vert, jaune et rouge. Cette entrée polychrome et démesurée mène à une rampe d’accès. Elle souligne l’’accès à l’entrée vers ce gigantesque bloc de béton brutaliste. Seuls, le tempèrent les bassins qui le réverbèrent lorsque la mousson les remplit.

Un double toit protège du soleil et de la chaleur. Des brise-soleils à la manière de persiennes de béton coupent également la luminosité intense. On ne peut visiter les bâtiments qu’en semaine pour y admirer les tapisseries
Le Parlement ou Assemblée Législative (1955)
Le Parlement ressemble à une énorme boite de béton brut. Sa façade répétitive ne s’anime que grâce à deux formes géométriques sur le toit. Un silo couronne l’assemblée. Une pyramide surmonte le Sénat. La forme de silo s’inspire des tours de refroidissement de la centrale près de Ahmedabad. Ces deux formes ont changé de destination avec la séparation de L’Haryana et du Punjab. Depuis 1966, elles correspondent chacune à l’un des 2 états. La représentation du Punjab (le silo) reste un peu supérieure (60%) conformément aux données démographiques.

Le portique latéral est illuminé par une porte cyclopéenne. Elle pivote sur un axe. Des peintures vives l’illustrent. On y voit la signature de Corbusier, un corbeau, jeu de mot avec ce nom de scène choisi par le célèbre architecte. L’autre partie de la façade est scandée d’énormes piliers de béton.
Le « Secretariat »
A la place du gratte-ciel de ses rêves, Corbusier dut se contenter d’un très long bâtiment de 254m de longueur et quand même 42m de haut. C’est le plus grand complexe du capitole. Il sert de siège pour les Gouvernements du Punjab et de l’Haryana. Construit en 1953, entièrement en béton brut, il incarne la notion de brutalisme. Même les pare soleil, rampes d’accès, parapets, brise soleil, acrotères sont en béton non peint. Avec son air de cité radieuse, c’est un monstrueux bâtiment brut sans grâce que même une admiration sans borne pour Corbusier ne peut sauver. Les fans absolus se concentrent sur le traitement de la lumière, la ventilation et l’efficacité.

4 Monuments du Capitole
Le monument de la main ouverte

Emblème de la cité, il symbolise paix et réconciliation. La main est ouverte pour donner, ouverte pour recevoir. Cette main tourne au gré du vent comme une girouette et surplombe une sorte de bassin avec une tribune en son centre. Celle-ci accueille d’ailleurs les consultations lorsque le gouvernement local se voit interpellé par les citoyens.

Ce bassin porte des noms divers « fossé de la considération » ou « puits de la contemplation ». Bien que petit et difficilement accessible par les citoyens lambdas, il marque néanmoins un effort pour considérer l’importance de la population en démocratie. L’architecte suisse marque ici son attachement à la démocratie dans sa version athénienne.
La tour des ombres
Ce curieux bâtiment creux et orné uniquement de brises soleil illustre une quête de Corbusier. Face à l’impitoyable climat indien, l’architecte se préoccupait d’une construction sans aucune prise face au soleil.

La colline géométrique
Ce tertre recouvert d’herbe s’apparente à une colline artificielle. Les débris générés par la construction de l’ensemble du Capitole ont permis son érection. Même si la base est en béton, le coté naturel attenue l’immensité de la place aujourd’hui déserte et vide.

A l’origine, le plan prévoyait des circulations. Celles-ci ont cessé complètement après l’assassinat du Chief Minister en 1995.
Le Mémorial aux martyrs
Ce mémorial aux martyrs du Punjab lors de la partition n’a a priori pas été conçu comme tel par Corbusier. Il correspond à un immense mur gravé des noms des victimes ainsi qu’un symbole de prospérité, géant, le long d’une rampe. De quoi faire tomber à la renverse tout européen qui a de près ou loin étudié la Seconde guerre mondiale.
