Que mettre ou ne pas mettre en Inde du Sud ?
Grande question quand on annonce son départ en Inde : tu vas t’acheter un sari ? suivie d’une question plus anxieuse, tu t’habilles comment ?
Car la vérité c’est que le sari n’est pas le seul vêtement indien et que sauf à assister à une cérémonie officielle, il n’est pas forcément bienvenu pour une européenne. Alors que mettre, et surtout que ne pas mettre ?
Voici un petit lexique pour vous mouvoir comme un poisson dans l’eau une fois lâché dans un magasin de vêtements indiens. Car il n’est pas toujours facile de s’y reconnaitre dans la profusion textile locale.
Le sari, roi des vêtements féminins
On retrouve des saris sur des sculptures dès le début de notre ère. Signe que la mode n’a jamais évolué en Inde ? Il s’agit d’un bête rectangle de 6 à 10m sur 1,20m très semblable à la toge romaine. La pudibonderie victorienne a drapé ce tissu autour d’un jupon assorti et d’un corsage serré. On le remonte sur le torse et on le passe par-dessus l’épaule. Du coup on peut utiliser le pan libre ou pallu contre le soleil, pour se cacher ou s’essuyer les babines post prandiales. Dans les faits, on enroule son sari selon des spécificités locales qui permettent à chacune de montrer sa provenance.
Le sari est essentiellement porté par les femmes mariées. Dans sa version bon marché en coton ou matières synthétiques teintes industriellement, pour les plus pauvres, en soie rebrodé de fils métalliques ouar les plus riches lors de cérémonies.
La sari peut suivre la mode. Pour cela je ne suis pas très bon juge. En revanche j’ai bien noté que la qualité du textile et des motifs, peinturlurés ou au contraire brodés, appliqués, sont de bons indicateurs de la classe socio-économique. Pour faire bref, inutile de s’acheter un sari en polyester pour un mariage ou pour briller en société. En fait, pour les occidentales en dehors des mariages, il vaut mieux s’habiller simplement en chemise longue et pantalon
Salwars et autres vêtements que le sari
Le Salwar est un pantalon bouffant, un peu l’équivalent du sarouel oriental. Il est très large et il vaut mieux ne pas perdre le petit cordon sous peine de ne pas pouvoir le tenir. En Inde il se porte avec la kamiz ou kurta, une chemise longue jusqu’aux hanches voire plus. Elle est munie de manches longues et fendue sur les côtés. Il vaut mieux éviter de la porter sans rien en dessous sous peine de se sentir déshabillée par des regards hostiles ou au moins inquisiteurs. Néanmoins, un caleçon long fait généralement l’affaire.On peut accessoiriserl’ensemble d’une duppata, large foulard en général de la couleur et du motif du pantalon. Il peut pourtant reprendre la chemise, tout dépend du tissu, du couturier, de l’humeur du capitaine.
Jupes, écharpes
La Ghaghra est une ample jupe plissée, reprise par les soixante-huitardes de Lozère et d’Ariège. Ici elle se porte à la cheville, elle-même garnie de bracelets à grelots et avec une Kurta, tunique courte. Pratique pour jouer les Esmeraldas, les spectacles de Bollywood mais pas idéale pour grimper dans les arbres. On en voit néanmoins assez peu dans les rues de Chennai où les jeunes filles arborent la panoplie kurta -caleçon alors que les femmes mariées s’enroulent dans leurs saris aux plis inversement décroissants à ceux de leur ventre.
On peut compléter l’ensemble avec un châle ou pashmina brodé ou non et jeté négligemment sur l’épaule. Autour de la tête on vous demandera immédiatement si vous êtes musulmane, sans comptez que vous risquez de mourir de chaud.
Pas de sari chez les Messieurs
- Chez les Messieurs, le plus pauvres et traditionnels sont vêtus de dhoti, pas très facile pour l’occidental en RV d’affaire. Non élucidé à ce jour en ce qui me concerne, ce que l’on porte ou non en dessous, visiblement pas grand-chose chez les plus pauvres. Le Khadi lui est le tissu de laine ou coton filé main et symbole de résistance non violente. Il a donné son nom au mouvement de résistance lancé par Gandhi en 1924. Pas idéalement pratique à porter dans le métro parisien sauf si vous avez un message à faire passer.
- Nehru lui a lancé une mode élégante, avec la version raccourcie du sherwani, le long manteau de l’aristocratie musulmane. Son Ashkan, veste col mao ou Nehru (CQFD) se boutonne sur le devant, près du corps sur le churidar. Je parle ici du caleçon coupé en biais épousant le mollet et tombant sur les chevilles. Le sadri, gilet sans manche à col Nehru, complète l’ensemble.
- Les locaux, (et les Aurovilliens) portent aussi des kurta (longue tunique à col ras et manches longues et paijama (vêtement de jambe) caleçon large flottant à la cheville. On le complète avec le Gamcha petite écharpe portée sur les épaules ou en turban et qui permet d’éponger le visage. Le Pagri ou turban en mousseline de coton lui, protège du soleil
Si vous partez à Chennai pour affaire, la tenue occidentale suffira néanmoins.
Ce que vous pouvez tout à fait éviter
Il est certainement tout aussi important de savoir que ne pas mettre lorsqu’on part en Inde et particulièrement dans un état aussi traditionnaliste que le Tamil Nadu, alors quelques conseils qui sentent le vécu.
- Première précaution, pas de Nightie. La robe tee shirt si confortable a beau être bien décente, on vous zieutera comme si vous veniez de tomber de votre lit.
- Surtout évitez les décolletés par en bas ou par en haut, ni short, ni dos nu, ni épaule à l’air, ni poitrail en devanture, rien qui attire le chaland. Des textiles légers larges et longs permettent en outre de s’aérer
- Attention aux motifs ils ont une signification et peuvent donc porter des messages pas si subliminaux. Mangue ou poisson symbolisent la fertilité, les perroquets, la passion. Portez les en connaissance de cause.
- Evitez les motifs trop vus, les Indiens adorent la nouveauté et changent autant que possible de tenue, question de prestige et de statut. Les guenilles à la mode en occident, jean troués, chemises trop grandes ne les impressionnent pas forcément dans le bon sens.
- Enfin attention aux couleurs. Le blanc est la couleur des veuves, le rouge celle des mariés, le rouge et noir celle du Parti au pouvoir dans le TN. Vous n’êtes donc pas obligés de vous vêtir en drapeau partisan, ou au moins sachez ce que vous faites. Le bleu chassant les insectes est utilisé par les agriculteurs et artisans, le vert est la couleur des fêtes.
Bref comme vous le voyez, il n’est pas si facile de s’habiller au royaume des textiles !