Le papier mâché

Le papier mâché est un petit morceau de patrimoine artisanal en voie d’extinction…

Une tradition locale

La tradition  du papier mâché est ancienne, d’origine francaise semblerait-il de par son nom. Elle a connu de grands noms comme Antonia Eiriz. On voit quelques oeuvres de cette artiste au Musée des beaux Arts. Pourtant,  Le papier mâché qui représentait une grande partie des productions touristiques est moribond.

Il y a 15 ans les petits marchés artisanaux regorgeaient de créations locales et colorées. Aujourd’hui il est très difficile de trouver la moindre pièce et aucune n’est produite dans la région de la Havane.

Seules les provinces orientales fournissent et encore semble-t-il que la production se meurt faute de créateurs. Il semblerait que le travail soit trop dur, pas assez réunumérateur.

….Quasi disparue..

Du coup, l’on ne trouve plus qu’abondance de peintures répetitives, objets en cuir, en bois ou autres horreurs chinoise. A moins qu’il ne s’agisse de petits bricolages locaux, petites voitures en canettes de biere, bijoux faits à partir de l’argenterie familiale.

Quel dommage que ce trésor d’inventivité, de joie et de couleurs sombre dans l’oubli ! Bien sûr, il ne s’agissait pas d’œuvres d’art à proprement parler mais de petits objets typiques de la joie de vivre locale. Et surtout, le petit prix et la grande valeur décorative de ces objets en faisaient des ornementations idéales pour les chambres d’enfants. Il reste pourtant quelques artisans près de Santiago prêts à fabriquer des chevaux, des meubles solides et colorés.

Surtout il semble que le papier mâché, d’artisanat se mue peu à peu en une forme d’art liée à la sculpture et représentée au cours de manifestation avec des concours nationaux. Les artistes se préoccupent d’exprimer des idées davantage que du caractère décoratif. Les historiens de l’art considèrent que le papier maché cubain se trouve à une étape nouvelle de son développement comme en atteste la dernière Biennale. Pour autant, dans le reste du monde le papier mâché resort toujours du folklore, voire de la thérapeuthie. Il est d’ailleurs notamment utilisé en art thérapie.

Beaux-Arts Cubains

Edouard Laplante, vue de la Havane

Pour les Beaux Arts cubains, on initia un musée en 1913 et on construisit en 1954 un bâtiment de style rationaliste. La collection s’enrichit à la Révolution.  Ce musée abrite des collections universelles ( dans l’Ancien Centre Asturien en restauration) et les collections des Beaux-Arts cubains de l’époque de la colonie à nos jours.

http://www.lahabana.com/guide/museo-nacional-de-bellas-artes-the-cuban-collection-edificio-de-arte-cubano/

Museo Nacional de Bellas Artes – Edificio de Arte Cubano

En entrant, se retourner pour voir la mosaïque puis se diriger vers le guichet. Les photos et les sacs sont interdits. On commence la visite par le 3e étage (rampe au fond du patio.) Commencer par les salles d’art colonial (dont l’intérêt est essentiellement documentaire) sur la gauche.

Les débuts de la peinture cubaine

Dès l’origine de la colonie, les beaux-Arts cubains sont sous influence européenne. Au XVIIIe, l’esthétique baroque s’affirme tant dans l’architecture (façade de la cathédrale) que dans la peinture. On peut aisi admirer le portrait de Don Luis Ignacio Caballero maire de la Havane, 1802 par Juan del Rio.

Au XIXe, Cuba se transforme en une colonie de plantation avec une nouvelle classe dirigeante aux cotés des puissants propriétaires terriens : la bourgeoisie créole représentée par Vicente Escobar lui-même métisse.

Le néo-classicisme d’origine française s’impose à Cuba avec la première école d’art créée en 1818 par JB Vermay (et non pas Horace Vernet…..mais élève de David). Le dessin devient plus précis et sobre, le fond neutre.

On voit aussi se développer le paysage Hippolyte Guarneray (vue du Paseo) ou Edouard Laplante et son beau panorama de la Havane. Apparait alors le costumbrisme, œuvre de bons dessinateurs, connaisseurs de la couleur et de la technique et observateurs sagaces comme Joaquin Cuadras.

La peinture du XXe siècle

Au XXe, la Havane devient une ville cosmopolite, ouverte (les murailles sont abattues) dotée de nouveaux bâtiments, hôtels, avenues….Les jeunes créateurs s’orientent vers le romantisme et le symbolisme. Les sujets historiques et mythologiques remplacent les tableaux religieux. Portrait et paysage restent importants. Dans la salle Menocal-Romanach,  on découvre deux artistes décisifs : l’Embarquement de Colomb de Menocal et portraits de Romanach.

Avec le XXes, on aborde l’art moderne local ou avant-garde cubaine (porte de droite sur le palier). Cette avant-garde suit les courants européens et new yorkais avec un léger décalage. Les thèmes restent académiques, mais avec des réferences cubaines (paysages, colonisation…)

La Gitane tropicale

Victor Manuel  Garcia  peint le tableau le plus célèbre de la peinture cubaine la Gitane tropicale ou Joconde cubaine. En 1932 il revient alors  de Paris et s’inspire manifestement de Modigliani et l’École de Paris. Les Guajiros de Eduard Abela Villareal en 1911, proposent une vision très romantique, folklorique voire humoristique des paysans. Antonio Gattorno lui tire son influence de Cezanne et de Gauguin pour créer une identité créole loin des modèles coloniaux espagnols. Faute d’éléments indigènes, les peintres cherchent à créer des racines nouvelles. 2 tableaux de Marcello Pogolotti remontent à 1937 et montrent l’influence cubiste, et surtout futuriste. Ils témoignent d’une préoccupation sociale, existentielle dans une période de modernisation et d’industrialisation de l’ile.

La période révolutionnaire

Un petit couloir mène à une salle où sont exposés les Guajiros Expressionistes de Carlos Enrique. En, 1938 il donne une vision d’horreur des conditions de vie. Sur le mur opposé, on découvre une des premières femmes peintres de Cuba Amelia Pelaez, post impressionniste aux influences mêlées adepte de la couleur et des aliments architecturaux locaux. (vitraux).Il y a là une créolisation de la peinture.

On passe alors dans la salle consacrée à Wilfredo Lam, le grand peintre cubiste cubain proche de Picasso mais aussi des surréalistes francais dont la peinture intègre de nombreux éléments liés aux cultes afro-cubains. Puis on rejoint les galeries extérieures avec Portocarrero, autodidacte aux multiples influences (de Schiele à Dubuffet…).La visite de cet étage se clôt sur un tableau de Mario Careno qui dans la naissance des nations américaines, reprend les 3 Grâces de Rubens à la sauce créole.

Le 2e étage aborde la peinture de la période de la révolution marquée par les tensions avec les Etats Unis puis les changements socio-économiques et politiques. Elle rend le désespoir, la violence puis la libération des moeurs. Les artistes s’inspirent des mouvements nord americains comme Raoul Martinez très pop art. Les années 1990 avec la crise economique voient s’affirmer un art pauvre créatif, (Alexis Leva Machado). Les dernières salles offrent une intéressante vision de l’appropriation par les artistes des évenements et de la lecture de l’histoire

http://visitesfabienne.org/wordpress/tomas-sanchez-peintre-dans-les-nuages-specialiste-des-iles-flottantes/

Citation

Le Musée des Arts Décoratifs de la Havane

Le Musée présentant les Arts Décoratifs à la Havane est une belle demeure du Vedado. Située rue 17 (entre D et E), elle évoque la vie fastueuse de la riche bourgeoisie du début du XXe siècle. Construite entre 1924 et 27 sur le modèle français , elle tranche sur les maisons alentours par ses lignes classiques et les matériaux utilisés. Les Etats-Unis appellent ce style Beaux-Arts et que nous le qualifions de Napoléon III voire d’éclectisme. La maison parisienne Jansen assura quant à elle la décoration. En fait, elle associe la lourdeur barococo avec la surcharge ornementale orientale…

http://www.lettresdecuba.cult.cu/?q=articles/l%E2%80%99histoire-du-mus%C3%A9e-national-des-arts-d%C3%A9coratifs-de-la-havane.html

Une maison magnifique

La maison a appartenu à Maria Luisa Gomez, Comtesse de Revilla de Camargo, grande famille de propriétaires terriens et fonciers. Cette riche famille possédait également la Manzana de Gomez. Cette dernière est une galerie commerciale construite au débouché de la rue Obispo dans l’esprit des galeries commerciales de la fin du XIXes (Galleria Umberto à Naples, passages parisiens, Galeries Royales de Bruxelles…). La maison fut convertie en musée national en 1961. Cest donc davantage une maison dans le goût des riches familles cubaines des années 30 qu’un musée des Arts décoratifs au sens européen. Une sorte de Jacquemart André local. Dommage que la muséographie reste attachée à cette époque. On imagine bien une boutique et un café dans le jardin d’hiver. Les terrasses et jardins raffraichis de bassins et fontaines aujourd’hui muettes se prêteraient bien à la déténte…

Rue 17, devant les Arts Décoratifs à la Havane

Des salons qui montrent la richesse de la bourgeoisie locale

Dès l’entrée, l’œil est attiré par des objets décoratifs, meubles et tableaux ; en l’occurrence des commodes transition et deux panneaux décoratifs peints par Hubert Robert pas forcement au meilleur de son art. Le peintre a justement été à l’honneur à Paris, dans une exposition qui luia été consacrée au Louvre.

http://www.lemonde.fr/arts/article/2016/04/11/rever-les-ruines-pour-mieux-s-en-relever_4899769_1655012.html.

Sur le vestibule, s’ouvre un salon Louis XV par son mobilier et ses tableaux (beau portrait de Marie Leczinska et portait par Nicolas de Largilire). Les propriétaires envoyèrent même les panneaux de bois local en France pour y être travaillés. L’impressionnante salle à manger présente une vaisselle anglo francaise (Baccarat- Wedgwood sont à l’honneur) ainsi que des tapisseries d’Aubusson. Quant au salon de musique, il abrite une collection de laques chinoises et japonaises : meubles et paravents.

Vestibule du Musée des Arts Décoratifs de la Havane

Des collections confisquées

Le grand escalier mène à l’étage où l’on découvre le salon néoclassique avec des meubles Louis XVI. Le plus impressionnant est le secrétaire de Marie Antoinette œuvre de Riesener. Sur la gauche, une salle de bain très art déco de marbre. De l’autre côté, un petit boudoir dans les bleus chers au goût cubain nous entraine dans le mobilier Napoléon III avec ses incrustations de nacre. Le petit salon de Sèvres expose de belles porcelaines et des biscuits et mène au salon anglais. Meubles, peintures, porcelaines, montrent les lignes plus classiques et sobres de l’art anglais du XVIIIe s. En face un petit boudoir éclectique contient le seul meuble cubain de la collection, une console d’un gout très baroque et de petits paysages costumbristes.

Le salon oriental se trouve dans une ancienne chambre et expose une superbe collection de céramiques, ivoires, meubles asiatiques. Il est décoré de panneaux laques orientaux. Enfin le palier offre une magnifique collection de verreries art Nouveau : on y retrouve tous les grands créateurs Louis Comfort Tiffany, Galle, Lalique…

Pour en savoir davantage sur le quartier : http://visitesfabienne.org/wordpress/le-vedado/

Pour en découvrir davantage sur la période Art Déco à la Havane : http://visitesfabienne.org/wordpress/havane-art-deco/