Le train est omniprésent à Chennai, terrestre ou souterrain. La ville abonde en effet en gares. Une quarantaine d’entre elles attestent du développement privé du chemin de fer d’origine. Elles permettaient de relier la multitude de petites communes qui composent la ville d’aujourd’hui. Les premières lignes appartenaient en effet aux grandes familles et facilitaient leurs déplacements. Ainsi la Compagnie carnatique permettait au Nawab de se rendre de leur capitale Arcot à Royapuram. Je vous propose ici une double promenade pour découvrir le train à Chennai
Une ôde au train à Chennai, le musée du chemin de fer
Le bien amusant musée du chemin de fer. Ouvert en 2002 puis agrandi, il a pour but de valoriser le patrimoine et l’image du train en Inde. La billetterie se trouve dans un wagon. Elle donne accès au parc récréatif, aux collections et à un verre de thé. Il est particulièrement attractif pour les enfants avec ses locomotives anciennes. On peut y grimper et profiter des jeux répartis dans un grand parc. Et bien sûr on peut faire le tour du parc en petit train. On peut même déjeuner dans un wagon restaurant. Cinq galeries exposent des modèles, photographies, maquettes de trains ainsi que des œuvres d’art liées à la thématique.
Des cartels y font remonter la création du train à la Grèce. Cela me parait un peu osé, mais l’argument ne manque pas de sel. Le musée voit l’ancêtre du train dans les wagonnets traversant l’isthme de Corinthe, aujourd’hui percé par un canal, sur des rondins de bois. En place de locomotive des esclaves se chargeaient de haler les voitures. Ils évitaient ainsi le long contournement maritime du Péloponnèse.
Puis le musée évoque rapidement les locomotives tirées par des chevaux. Et il s’intéresse ensuite à la révolution industrielle et à James Watt et à l’invention de la machine à vapeur. Des explications alternent avec des reproductions et maquettes. Viennent alors les premières locomotives électriques. Suit une chronologie des chemins de fer. Elle commence en France avant de se diffuser à l’Angleterre et à l’Europe mais aussi aux colonies dont l’Inde.
Des trains de luxe
Un bâtiment du musée est consacré au métro . En revanche, une grande section présente une autre façon de profiter du train en Inde. Elle présente en effet les trains fastueux, recréant ceux des cours princières et restaurés pour des touristes avides d’expériences originales. Le « palace on wheels » réhabilité en 1982 recrée ainsi les splendeurs des maharajas. Et permet de découvrir le Rajahstan à des prix.. royaux. Le « Golden Chariot », lui, parcourt le Karnataka et s’enorgueillit d’une décoration empruntée au site archéologique d’Hampi.
Toujours dans le Nord et l’Est du pays, autour de Dehli ou Mumbai, le « Deccan Odyssey ». Lui aussi propose des voyages de luxe.
La majorité de ces palais roulant offrent malheureusement des expériences longues (8 jours) et onéreuses. Alors pourquoi ne pas vous contenter d’un voyage plus court et à Chennai même?
Une balade en train et des arrêts en gare
Pour retracer l’histoire du train à Chennai on peut effectivement faire le tour des gares. L’expérience prend tout son sel en chemin de fer. Bruyant et sale, il offre néanmoins un moyen amusant et original de découvrir la ville. On peut en profiter pour s’arrêter dans les stations les plus belles.
– C’est à Royapuram que se trouve la plus ancienne gare d’Inde,
Edifiée en 1853, elle dispute son ancienneté avec la grande gare Howrah de Calcutta. Construite en lisière de l’implantation britannique, elle desservait l’ensemble des petites lignes d’alors. Bien que contemporaine lors de sa construction de Bori Bunder à Mumbai, seule Royapuram reste encore debout. En effet, la première gare de Mumbai a laissé place vingt ans plus tard au terminal Victoria, aujourd’hui Chhatrapati Shivaji Terminus.
Royapuram affecte un style classique avec son grand porche et ses colonnes de briques rouges. Avec l’édification de Central station en 1873, la circulation des trains se déplaça. La gare de Royapuram ne fut plus affectée qu’au déchargement des cargos. Très endommagée, il est question de lui redonner de sa splendeur passée. Mais rien n’est encore véritablement décidé à ce jour. Et il faut traverser un véritable no man’s land aujourd’hui pour découvrir ce joyau de temps révolu. Certes repeinte à l’extérieur, mais abandonnée.
– La Gare centrale de Chennai
Lors de son inauguration., Madras Central Railways Station s’affirma comme un équivalent des grandes gares londoniennes. Avec ses énormes halles bordés de kiosques et boutiques, ses grandes verrières abritant les quais, elle utilisait les matériaux modernes. Elle visait à concurrencer les plus belles constructions anglaises. Si elle est globalement de style néo roman, sa grande tour néogothique est néanmoins devenue emblématique de la ville. Influencée par les modèles britanniques, elle imprime une marque très anglaise à Chennai. Son horloge et son style victorien rappellent Saint Pancras . Elle marque la porte d’entrée dans les régions du Sud pour les voyageurs du Nord ou de l’est du pays.
– La ravissante Egmore station date de 1907.
La gare d’Egmore avait pour vocation de décongestion Central station en desservant le sud du pays. Les nouveaux matériaux, fer forgé et verre, et la claire distribution des espaces attestent de la volonté de modernité. En contraste, Sa façade indo-sarracénique donne une version locale amusante de l’art nouveau. Ses dômes reposent sur des colonnes ouvragées d’inspiration dravidienne. Ses motifs animaliers, dont un joli éléphant lui donnent du pittoresque. Son aspect extérieur éclectique ne fait pourtant pas l’unanimité chez les architectes.
Je ne connaissais pas la gare de Chennai, très belle architecture.