Aujourd’hui, je vous propose quelques éléments de compréhension du Street Art. La semaine prochaine je vous emmènerai en balade dans l’East End.
A la base du Street art, la contestation
Pour commencer, quelques rappels pour ceux qui n’auraient pas vu mes promenades Street art dans le sud-ouest anglais : https://visitesfabienne.org/destinations/royaume-uni/street-art-de-la-contestation-a-la-gentrification-2/
Le terme de street art est un générique regroupant plusieurs types d’art. Il englobe de fait œuvres picturales, sculptures, happenings, concerts etc…
En matière picturale le street art se déploie sur les murs, volets, stores et parois de la ville et les transforme en galeries d’art à ciel ouvert. Les maisons abandonnées, vouées à la démolition offrent des parois idéales à peindre et repeindre. Par ailleurs, les quartiers en déshérence sont particulièrement adaptés et réceptifs au contenu social et politique inhérent au Street Art.
En effet, né de la pauvreté et dans les quartiers délaissés, le Street art est porteur de message. Politique ou social celui-ci est relayé de différentes manières : par la violence, l’humour, le non-dit ou l’accusation brutale. Il s’oppose en général au gouvernement en place, aux forces de l’ordre.
Pourtant, à la génération des « hors la loi » qui œuvraient de nuit, à la sauvette, ont succédé des artistes recherchés, payés par les commerçants, les collectifs de quartier pour attirer le public. Dans la plupart des cas, aujourd’hui, les artistes opèrent sans poursuite ou conséquence sur les murs abandonnés, des zones vouées à la destruction ou sous le regard semi consentant des propriétaires.
Vers de nouvelles expressions
Le mouvement s’est amplifié et compliqué ces dernières années avec une recherche d’originalité et de créativité. Car le Street art se heurte à quatre types d’écueils en contradiction avec son essence
1/ Un relatif embourgeoisement
Le street art est maintenant à la mode. Nombreux traquent les dernières créations. Les peintres se transforment eux-mêmes en guides et animateurs de leurs réalisations ou de celles de leurs confrères.
Ce nouveau type d’activité revitalise l’East End londonien, les banlieues, les abords des gares. Des spots apparaissent ainsi près de Waterloo Station, sur Leake tunnel ou Southbank Centre ou encore à Brixton, Hackney Wix ou Camden. Les quartiers où s’installent les artistes deviennent à la mode et sortent de leur marginalité ce qui pousse les artistes à toujours plus d’audace et de non-conformisme pour survivre.
2/ Financer sans se compromettre
En effet la composante anti sociale est fondamentale. Or en sortant de l’illégalité, le street art se voit menacé dans son essence. De même, en sortant de l’anonymat, les artistes perdent de leur force contestataire. Néanmoins comment vivre et payer les couleurs ? Car les artistes ne sont pas toujours jeunes, célibataires ou sans domicile. Certains sont même très installés, vendent sur le net ou dans leurs boutiques, comme Thierry Noir devenu célèbre à Berlin. https://thierrynoir.com/
Certains sont même exposés. http://www.vam.ac.uk/content/articles/s/street-art/.
D’autres battent des records en salles des ventes https://www.youtube.com/watch?v=eXKE0nAMmg4
Des galeries scrutent l’apparition de nouvelles œuvres et les ajoutent à leurs tours ou catalogues : https://streetartlondon.co.uk/tours/gallery/
Enfin, la publicité et quelques grandes sociétés ont compris comment utiliser le Street art pour faire résonner leur image, telles Gucci ou Botega Veneta.
3/ Péreniser l’éphémère
Dans tous les cas, le Street art reste marqué par son caractère éphémère. L’œuvre une fois apparue peut rester 2 heures ou des années selon le support, le voisinage, la notoriété de l’auteur. D’où l’importance de la mise en scène. Qui dit Street art aujourd’hui implique photographie et post sur les réseaux sociaux. L’existence même de l’œuvre se fait via instagram, Twitter, Snapchat ou Youtube. La pérennité dépend du succès en ligne. En effet, les murs eux, changent en permanence. Impossible dès lors de proposer un itinéraire fixe.
4/ Se renouveler constamment
Quelques-uns se spécialisent dans l’hommage ou le portrait posthume. Ceux- là ont une chance de rester.
D’autres mélangent les cultures
Au risque de répéter des schémas, certains se citent eux-mêmes en se référant les uns aux autres. Ainsi lorsque Georgie fait un paste up de la soupe Tories, , il s’agit en fait d’un clin d’œil à la soupe Tesco de Banksy, elle-même allusion au pape de la culture pop Andy Warhol et ses soupes Campbell.
Certains s’inspirent de peintres célèbres, tel Jimmy C dont les drippings rappellent les néo impressionnistes. https://www.facebook.com/Jimmyc.artwork.
D’autres n’hésitent pas à assoir leur notoriété sur un motif, tel Adrien Boswell et ses brocolis https://www.instagram.com/adrianboswell/.
Nous retrouverons ces artistes non en leurs murs mais sur les murs dès la semaine prochaine.