Architctures londoniennes
On oppose souvent l’homogénéité urbanistique parisienne à la profusion des architectures londoniennes Constituée d’un agrégat de petites communes devenues grandes, la capitale britannique offre en effet une multitude de visages. Néanmoins, même si elle n’a pas connu de volonté planificatrice et centralisatrice, Londres a fait l’objet d’initiatives architecturales fascinantes. Quoique plus limitées, en général circonscrites à un quartier voire une rue, ces tentatives émanent en général d’architectes et non d’urbanistes. En voici 4 et non des moindres
1/ Inigo Jones, et la première des architectectures londoniennes
Au début du 16e siècle, Londres est une ville Tudor. Ce qui signifie que les bâtiments importants en briques, côtoient les maisons de torchis et constructions à colombage.
Un décorateur de talent, Inigo Jones, de retour du nord de l’Italie chargé des manuels du génial Andrea Palladio, va révolutionner l’esthétique de la ville. Au travers de quatre constructions et de plans il apporte un vent de renaissance dans la capitale médiévale. https://visitesfabienne.org/palladio-a-londres/
C’est d’abord la Queen’s House à Greenwich, puis la Banqueting House sur Whitehall. Suivent deux chapelles toutes simples aux formes classiques. Queens chapel et St Paul à Covent Garden achèvent en effet de donner le ton. Les façades simples, à colonnades et tympan, l’usage de la pierre et du stuc, donnent un air nouveau à l’architecture anglaise. Jones les complète avec la plazza à l’italienne qu’est Covent garden et la grande place carrée de Lincoln Field où il ne réalisera qu’une construction. Malheureusement, Inigo Jones est l’architecte préféré de Charles I. Avec la Révolution et la mise à mort du Roi, son artiste officiel se trouve en mauvaise posture. Il faudra attendre la restauration et le grand incendie pour que le nouveau style apporté par Inigo Jones s’impose définitivement à la cité médiévale.
2/ Christopher Wren et la scénographie baroque
Le grand désastre mais également la grande opportunité de reconstruction pour Londres intervient en 1666 avec le grand incendie. Le feu ravage la cité pendant trois jours. Les braises à peine refroidies, trois architectes s’empressent de proposer des plans de reconstruction au roi Charles II. Malheureusement, à ces plans régulateurs s’oppose la volonté des marchands. Ceux-ci font pression sur le Monarque pour limiter les couts et accélérer le processus de reconstruction. Du coup, n’est acceptée qu’une reconstruction a minima. De nouvelles maisons « en dur » remplacent les masures de bois ou torchis. Mais elles suivent le tracé des rues préexistantes.
Le feu ne sera donc pas à l’origine d’une restructuration en profondeur de la ville. Christopher Wren, mathématicien astronome de génie, ne verra pas son plan d’urbanisme appliqué. En revanche lui échoit la tâche de diriger les travaux au mieux. Il s’acquittera notamment de la reconstruction de= 52 églises, parmi lesquelles la prestigieuse Cathédrale Saint Paul. Inspiré par le classicisme italien et la scénographie baroque, Wren ne parviendra pas à faire de Londres la nouvelle Rome ou un Paris bis. En revanche, ses nombreuses églises et bâtiments transformeront durablement le paysage de la capitale. St Paul et le royal Hospital de Chelsea conçu sur le modèle des Invalides constituent aujourd’hui encore des bâtiments emblématiques de Londres. https://en.wikipedia.org/wiki/Royal_Hospital_Chelsea
3/ les frères Adam, le triomphe du néoclassicisme
Avec le 18e s et la découverte de Pompéi (Winckelmann 1748) c’est un nouveau pan d’architecture qui s’ouvre. L’arrivée dans la capitale de la famille écossaise Adam correspond à l’avènement du néo-classicisme à l’anglaise. Outre leur intervention à Kenwood House
(https://visitesfabienne.org/hampstead/ et Syon House, les quatre frères Adam ont introduit le néoclassicisme à Londres. La fratrie apporta beaucoup d’unité à l’architecture britannique. L’idée reposait en effet sur des maisons conçues dans leur globalité, extérieur, intérieur et même meubles. Si les façades conservent des caractéristiques palladiennes, les salons eux proposent des variations sur l’antiquité.
A Londres, leur création la plus célèbre demeure l’Adelphi, (frères en grec). Cet ensemble construit entre le Strand et la Tamise est en grande partie détruit aujourd’hui. Il se constituait d’entrepôts, magasins et appartements d’habitation. Des 24 bâtiments initiaux de 1768/72 restent quelques façades de brique noire et stucs blancs. En revanche, le nom reste accolé à celui d’un music-hall. Les rues Adam, John Adam et Robert derrière l’hôtel Savoye rappellent l’activité de deux des quatre frères. Robert a d’ailleurs laissé une empreinte plus importante en tant qu’architecte et théoricien. https://www.strandlines.london/2020/10/01/adelphi-robert-adam/
https://www.bl.uk/collection-items/the-works-in-architecture-of-robert-and-james-adam
4/ John Nash et ses terrasses
Au 19ème siècle, alors que le roi Georges IV sombre dans la folie de sa maladie (1820), son fils, le Régent s’éprend d’architecture. Lui vient l’idée de relier le Palais royal aux fermes au Nord de la capitale. C’est ainsi que le Palais st James va être relié à la zone seigneuriale et boisée de Marylebone. https://en.wikipedia.org/wiki/Marylebone
L’idée est alors de créer une allée d’honneur. Celle-ci vise à cumuler la fonction commerciale à des logements rentables le long d’un axe clôt par deux parcs. Une série de bâtiments unifiés par une même façade relie ainsi le Parc Saint-James au Parc du Régent. Ce type de façade continue a été inventé un siècle auparavant par John Wood à Bath et s’est peu à peu diffusé à travers le pays. Derrière la colonnade homogène s’ouvrent une série de maisons individuelles ou de logements locatifs. Ces constructions qualifiées en anglais de « terrasses » affectent des formes particulières. John Wood le premier s’est inspiré de la galaxie pour concevoir ses terrasses en lune qu’il nomme « croissants » ou en cercles inspirés du soleil, les « circus ». John Nash reprend pour le compte du Régent, le croissant au niveau du parc et crée une longe allée uniquement ponctuée par une église (All Souls) et un arrondi avant de s’ouvrir sur Picadilly circus et rejoindre Carlton Terraces. Du dessin initial ne subsiste que l’église, petit temple arrondi d’inspiration grecque surmonté d’une flèche néogothique. Les autres bâtiments ont été reconstruits au début du 20e mais en respectant le bâti initial.
On pourrait ajouter à ces architectes aux velléité urbanistiques des essais contemporains comme celui du Barbican, de la city moderne ou du quartier des Docks. J’y penserai dans de prochains posts.
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