Pour aborder l’art colonial cubain, il suffit d’arpenter la vieille ville.
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Palais des Capitaines généraux
On peut commencer par la place d’Armes avec un petit café à l’hôtel Santa Isabel puis une visite du Palais des Capitaines Généraux en restauration pur une période indéterminée.
Le Zaguan (rez-de-chaussée) présente des voitures du XIXe. La pierre tombale sur le mur de droite et la crypte, les salles en bas à gauche rappellent l’emplacement de la première église de la Havane. Cette église disparut au XVIIIe au profit de la cathédrale actuelle.
Articulé autour d’un vaste et beau patio, ce Palais restitue l’ambiance de l’époque coloniale. On reconnaît au centre de la cour une statue de Christophe Colomb . Le navigateur aborda l’ile dès son premier voyage.
L’entresol abrite une pinacothèque. Celle-ci expose quelques peintres du Musée des Beaux-Arts mais aussi quelques salles consacrées au premier cimetière de la ville (1802-71). Msgr Espana, le premier évêque de la ville consacra ce cimetière et lui donna son nom.
Ce dernier se trouvait juste à l’extérieur de la muraille et s’ étendait jusqu’à l’actuel monument aux 8 élèves de l’école de Médecine. Accusés d’avoir assassiné un Espagnol, ces jeunes gens furent fusillés contre le mur du cimetière. Ils symbolisent aujourd’hui l’oppression et l’impérialisme.
Le reste du Palais comprend de belles pièces d’époque. Se succèdent ainsi le salon de musique, puis le salon des miroirs. Ces salles donnent sur la Place d’armes. On y voit aussi des collections (uniformes et armes de l’armée espagnole).
En sortant du Palais, on rejoint la Place de la Cathédrale. L’actuelle place de la cathédrale est un des ensembles urbanistiques les plus anciens et homogènes de Cuba. C’est une place de type fermé, aménagée au cours des XVI et XVIIe siècles. Un ensemble de constructions coloniales du XVIIIe la bordent. La petite église de bois initiale fut transformée par les Jésuites avant leur expulsion en1767 puis consacrée en tant que cathédrale.
Le Musée d’Art Colonial
Au même moment,les riches familles édifièrent les palais de la place, comme la maison du Conde de Casa Bayonna (1726) aujourd’hui Musée d’Art Colonial.
Malgré son nom, la maison eut pour premier propriétaire Don Luis Chacon Lieuenant Colonel et gouverneur militaire de l’Ile de Cuba au début du XVIIIes. A sa mort, elle passa entre diverses mains et devint même siège d’un journal puis d’un magasin et d’une fabrique de liqueurs. La construction est typique de l’époque : patio central entouré de galeries à arcades, plafonds de bois précieux d influence maure, façade simple mais d’inspiration baroque et vitraux sous la charpente.….Rénovée en 1931, déclarée monument national en 1963 elle a été restaurée et transformée en musée avec 8 salles d’exposition un peu désuètes :
1- La salle des éléments architecturaux : l’architecture des 17 e 18e siècles montre une forte influence espagnole, puis du baroque européen. Au 19es, l’économie insulaire se développe grâce au libre-échange autorisé par l’Espagne. Puis la canne à sucre, le tabac et le café florissent. La bourgeoisie créole s’enrichit. De nouvelles influences culturelles pénètrent l’ile. Le mouvement néo-classique apparait ainsi.
Les toits à deux pans jusqu’alors deviennent plats, la maison est construite sur un podium, le fer s’impose qu’il soit forgé ou fondu. La salle montre ici des exemples de réverbères, grilles, clés, serrures des 17 au 19es.
2- Salle des carosses et voitures : avec des dessins et gravures, des lampes, des carrosses…
3- petite salle avec une jolie collection d’éventails et de boites.
4- Salle du mobilier : au 1er étage cette salle montre le developpement chronologique du mobilier cubain . Les collections proviennent ici du couvent de Sta Clara. On suit l’évolution du XVIIe aux meubles empire cubain du début du 19e s puis les meubles medaillon de la fin du 19e
5- Salle des vitraux cubains. Elle montre des mediopunto et lucetas, mamparas-paravents typiquement cubains.
Des salles d’époque donnent une idée de la vie coloniale
– 6 Salles d’époque : les salles les plus importantes, salon, cabinet et salle à manger du 19es face à la cathédrale, résument le caractère bourgeois de la maison . Dans le salon, on admire un mobilier à médaillon typique du 19e avec des motifs nauralistes finement taillés. Se trouve également une commode de sacristie, des armoires ainsi qu’une collection d’objets de porcelaine et de cristallerie de Baccarat et un ensemble d’opalines. Le cabinet était une petite pièce où se réunissait la famille après les repas avec un ensemble de meubles de style empire cubain. On pouvait notamment y fumer. Enfin, dans la salle à manger outre les meubles, on admire une collection de vaisselle de différentes familles cubaines. Les parois recèlent également des tableaux du peintre romantique cubain Eseban Charrand.
On rejoint ensuite par la calle S Ignazio, Obipo puis Mercaderes la rue Obrapia. La casa Obrapia est une ravissante demeure avec ses salons, chambre, salle à manger officielle et intime. Elle offre un bon aperçu de l’art colonial cubain.
Le RDC est occupé par des collections amusantes : vêtements de dandy cubain, machines à coudre. Quelques pièces honorent le grand écrivain franco-cubain Alejo Carpentier. Si vous ne l’avez encore lu, je vous recommande de vous plonger avec délices dans ses oeuvres.
Le troisième étage, occupé par les baracones, ou logements des esclaves, ici sur les toits, se visitera un jour.
Pour parachever cette visite, on trouve une multitude de belles maisons organisées autour de ravissants patios dans les rues Mercaderes et Oficios : casa de los Arabes, casa de Asia, maquette de la ville. Bien que les gardiennes de ces maisons vous pourchassent dans l’espoir d’une obole, ces haltes sont souvent bien agréables et intéressantes.