Je continue mon itinéraire occitan avec cette fois un arrêt quasi obligatoire dans l’extraordinaire ville de Carcassonne. Ici, j’utilise à dessein le mot de ville et non de cité car ce dernier y revêt un sens tout particulier. Pour tout savoir ou presque, je vous conseille un très bon site : http://mescladis.free.fr/accueil.htm
Carcassonne, Un site stratégique
Si les premières traces humaines remontent au néolithique sur les éperons rocheux alentour, la cité se fixe à l’époque celtique. Les Volques construisent en effet un oppidum sur ce promontoire stratégique dominant l’Aude. Ce carrefour entre les routes de la Méditerranée à l’Atlantique et vers la péninsule ibérique n’échappera pas aux Romains. Ceux-ci fondent en -118 Narbonne. Leur première cité en Gaule se situe sur la nouvelle route Domitia qui relie l’Italie à l’Espagne actuelles. La colonie de Julia Carcasso constitue une étape logique.
Malmenée par les envahisseurs barbares, la prospère cité romaine se dote dès la fin du IIIe siècle de murailles scandées par des tours. On reconnait encore aisément ces éléments gallo romains au niveau des basses lices de la cité, et notamment autour de la porte de Rodez. Les tours en fer à cheval coiffées de tuiles et la muraille en opus mixtum (appareillage constitué de petites pierres et briques) sont caractéristiques de la construction antique.
La cité passe devient alors wisigothique. Les Wisigoths, depuis Tolède et surtout Toulouse, occupent le Nord de l’Espagne et le Sud- Ouest de la France. Elle passe ensuite aux Francs. Les Omeyades s’en emparent alors depuis l’Andalousie et ne seront arrêtés qu’à Poitiers. Les Carolingiens la reconquièrent et divisent leur pouvoir entre les mains des Comtes, héritiers des conseillers. Ces Comes romains deviendront Comtes, rendant leur charge héréditaire..
La cité de Carcassonne, témoin des soubresauts du moyen Age
S’ensuit une période de conflits comtaux. L’occident médiéval miné par les conflits seigneuriaux est une terre de violence. La dynastie Trencavel profite des conflits entre les comtes de Toulouse et Barcelone, ses suzerains pour instaurer une Vicomté qui englobe Béziers, Carcassonne et remonte vers Albi. A Carcassonne, les Trencavel construisent un Palais en deux corps de logis encore visible bien qu’agrandi et modifié par la couronne royale. Le donjon et ses peintures évoquent encore le luxe de cette cour.
En effet, la croisade contre les Albigeois va précipiter la chute de la cité. Malgré une résistance héroïque du 1 au 15 Aout 1209, la cité tombe entre les mains des barons du Nord et devient le fief d’un des leurs, Simon de Montfort. https://visitesfabienne.org/les-cathares/
Une ville royale
A la mort de celui-ci, la cité est remise au roi qui y installe une Sénéchaussée Modernisée elle sera sur tout fortifiée après 1240, lorsque le fils Trencavel l’assiège et tente de reprendre le pouvoir perdu de son père. Cet épisode précipite la fuite de ses habitants et le doublement de la muraille. Le Palais devient château fortifié et la double rangée de murailles dotée d’une cinquantaine de tours. Devenue inexpugnable elle ne sera plus attaquée et constituera le centre d’un dispositif de défense face à la couronne aragonaise.
Rendue obsolète par le recul vers le sud de la frontière avec l’Espagne au Traité des Pyrénées de 1659, la cité est peu à peu abandonnée et tombe en ruine.
De la désaffection à la restauration
Il faut attendre le XIXème siècle pour que l’action conjuguée des romantiques et la politique de conservation de la IIIeme république ne s’émeuvent de l’état d’abandon de la cité. Le comité mené par Prosper Mérimée nomme Viollet le duc, sauveur de ND de Paris, du Mont Saint Michel, de Pierrefonds, pour redonner à la cité son lustre. Encore ce dernier choisit il de restaurer la citadelle dans l’état de son apogée supposée du XIIIe siècle, lors de sa reconstruction par la couronne royale selon des critères architecturaux franciliens.
Carcassonne, une ville double
Lorsque la couronne royale affermit son pouvoir sur le Languedoc, elle chasse les habitants de la Cité qui devient un centre administratif et religieux.
La Bastide
La Bastide Saint Louis, construite de l’autre côté de l’Aude va devenir le centre économique et démographique. Bâtie sur un plan orthogonal, elle s’articule autour de la place aux herbes, rebaptisée en l’honneur du Président Sadi Carnot. De belles demeures subsistent de la période classique. Des fossés et promenades ont remplacé les murs dont seule reste la très belle porte des Jacobins. Le bastion du calvaire est devenu jardin. Celui de Montmorency qui rappelle combien les guerres de Religions ont déchainé leur violence entre les deux rives de l’Aude constitue aujourd’hui le jardin d’ une maison de retraite.
La bastide St Louis construite sur le modèle urbanistique en vogue au XIIIe et XIVe siècle dans le Sud-Ouest de la France obéit à un plan normé encore très visible aujourd’hui dans le centre de la ville dite basse. Elle a connu son heure de gloire entre le XVIe et le XVIII è siècle grâce à l’industrie drapière. Les beaux logis appartenaient d’ailleurs à de riches fabricants et commerçants. Cette industrie a périclité et malgré le détournement tardif du canal du Midi (1810) destiné à la redynamiser, la ville basse a perdu de sa superbe.
Restauration et tourisme de masse
La redécouverte, la restauration de la Cité au cours du XIXe siècle, la venue du tourisme de masse, amplifiée par le classement à l’Unesco, a permis à la ville de retrouver de son lustre ; la ville haute transformée en musée à ciel ouvert est désormais devenue le poumon économique de la ville basse. Les quelques « citadins » permettent aux nombreux carcassonnais de faire vivre leur ville. La ville basse rebute souvent. Néanmoins, on peut y admirer quelques jolies maisons comme celle du Sénéchal ou découvrir l’étonnant poète surréaliste Joe Bousquet à la Maison des Mémoires.
Pour plus d’informations, ce magnifique site : https://www.payscathare.org/les-sites/chateau-et-remparts-de-la-cite-de-carcassonne