La verdure londonienne nous permet de célébrer le printemps en beauté. C’est en effet l’une des gloires de la capitale. Avec 17% de son territoire occupé par parcs et espaces verts, la capitale britannique s’enorgueillit en effet d’être une ville verte. A juste titre. Suivez-moi dans cette balade verdoyante et printanière.
A l’origine, chasses royales et jardins monastiques
Londres a grandi tout d’abord le long d’un axe reliant les deux pôles urbains historiques : la cité de fondation romaine et la cité de Westminster, normande.
Autour du domaine de la couronne, les réserves de chasse se sont transformées en jardins royaux. Si la noblesse a peu à peu loti ses terres, elle a pour autant conservé arbres et jardins.
Vers l’Est, la cité se développait dans l’enceinte alors que les monastères prospéraient tout autour. Le mur et les monastères se sont peu à peu dissous dans le paysage urbain. En revanche beaucoup des carrés d’herbes et autres potagers monastiques sont devenus jardins. Ainsi, la folle croissance de la ville a respecté en grande partie des espaces naturels. Cependant, la Révolution industrielle a considérablement réduit l’empreinte naturelle à l’est de la ville alors que les quartiers aisés préservaient leur oxygène.
Il reste néanmoins à l’ouest de nombreux espaces verts privés. Ainsi Kensington ou Chelsea abondent en jardins fermés par des grilles et loquets. Ces jardins privés restent une specificité des quartiers huppés londoniens. Autour de Buckingham, les propriétés royales ont conservé des jardins de taille conséquente.
Enfin le bâti de la capitale laisse la part belle aux maisons individuelles avec jardinet. On est loin ici de la densité de Paris. Les grands projets modernes incluent eux-mêmes la nature et chaque nouveau quartier se pare de projets : grands parcs comme le Parc Elisabeth II dans le quartier olympique, ou petits jardins communautaires tel le ravissant jardin Bonnington.
La naissance des parcs publics
La notion de parc public nait au 19e en Angleterre. L’arboretum de Derby et le parc de Birkenhead (près de Manchester) se disputent la primauté du premier parc public dans les années 1845. En fait, l’idée avait déjà germé de mettre à disposition du grand public des espaces verts existants, comme les réserves de chasse. S’inspirant des initiatives des villes industrielles du Nord du pays, Londres s’empara de l’idée d’offrir un peu d’oxygène aux classes laborieuses de l’époque victorienne. Se multiplièrent alors les parcs. Hyde park devint le poumon vert de la capitale. Kensington Garden puis Holland Park l’agrandirent bien vite alors qu’une multitude de squares ponctuaient les rues nouvelles. Nés alors que la mode mettait à l’honneur les jardins paysagers, dits « à l’anglaise », ces parcs accordèrent d’emblée beaucoup d’importance à l’aspect naturel.
D’autres aménagements paysagers apparurent au cours du XIXe, tels Regent’s Park au nord de la ville ou Victoria Park à l’Est. A Vauxhall plus à l’ouest se trouvait le jardin des plaisirs. On allait y profiter de jeux, feux d’artifices, salons de thé.. Cet amour des jardins lié à une solide conviction en leurs bienfaits perdure. Napoléon III, lors de son exil dans la capitale britannique s’enthousiasma pour l’idée de verdir sa capitale.
De retour en France et plein d’idées pour Paris, il fit appel à Haussmann et Alphand pour modeler des parcs sur le modèle anglais. Les Bois de Boulogne et Vincennes, les parcs Monceaux, Montsouris entre autres étaient nés.
Cimetières et couronne verte
Si le modèle anglais a été fondamental pour la création des parcs parisiens, l’influence a pu s’effectuer dans le sens inverse.
Ainsi, c’est l’exemple d’un des trois cimetières paysagers parisiens qui donna l’idée des Magnificent Seven. Un décret de 1804 fonda en effet à Paris les cimetières du Nord (Montmartre) du Sud (Montparnasse et de l’Est (Le Père Lachaise, sur les terres du monastère jésuite du Père de la Chaise). Y répondit l’acte de 1832 visant à désengorger les petits cimetières paroissiaux de la capitale britannique.
Des spéculateurs prêts à vendre l’arpent d’éternité très cher s’emparèrent de l’idée. Les 7 cimetières paysagers entourant la capitale sont aujourd’hui des lieux de promenades privilégiés. Le plus connu, Highgate, reste un espace de promenade très apprécié. La végétation enchevêtrée au-dessus des tombes y abrite d’ailleurs une faune inattendue en plein Londres. On y croise ainsi renards et lapins.
Cette première couronne verte se doubla dans les années d’après-guerre d’une seconde ceinture. Les villes nouvelles satellites programmées dès 1946 pour désengorger la capitale britannique se trouvent en effet toutes situées au-delà d’un cordon paysager constitué d’immenses parcs arborés et de forêts.
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